TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, M. BAN KI-MOON, AU SIÈGE DES NATIONS UNIES, LE 16 JUILLET 2007
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TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, M. BAN KI-MOON, AU SIÈGE DES NATIONS UNIES, LE 16 JUILLET 2007
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Bonjour Mesdames et Messieurs, j’ai grand plaisir à vous voir tous. Cela fait déjà un certain temps que je n’avais pas tenu une conférence de ce genre. Mon intention était de tenir des conférences de presse aussi souvent que possible, mais jusqu’à présent je n’ai pas pu le faire. Pendant le mois de juillet, comme vous le savez, j’ai beaucoup voyagé et je n’ai pas pu vous rencontrer.
Je rentre d’un voyage de deux semaines en Afghanistan et en Europe. Nous avons examiné une série de questions importantes: les migrations à Bruxelles, les Objectifs du Millénaire pour le développement et le changement climatique à Genève. Mes réunions à Londres ont été placées sous le signe des « Brown », puisque j’ai rencontré Gordon Brown ainsi que Mark Malloch Brown. Ce sont de grands hommes et je pense qu’ils feront de bons partenaires de travail. À Londres, j’ai reçu l’assurance de leur ferme engagement et soutien.
Avant de vous inviter à poser des questions, je vais parler brièvement de la question qui a été au cœur de nos discussions, à savoir la situation au Darfour. Où en sommes-nous et où allons-nous désormais? Je crois que nous avons fait beaucoup de progrès et il nous faut maintenant accélérer le rythme.
Comme vous le savez, le mois dernier, le Gouvernement soudanais a accepté sans condition le déploiement d’une opération de maintien de la paix Union africaine/Nations Unies, une opération hybride. Le Conseil de sécurité est saisi d’un projet de résolution autorisant le déploiement de cette force. J’espère très sincèrement que le Conseil de sécurité prendra les mesures nécessaires cette semaine, afin de permettre à plus de 20 000 personnels militaires et de police civile d’être déployés sur place. La résolution demande aux États Membres de finaliser leur contribution dans les 90 prochains jours. Ce qui, je crois, est rapide au regard des délais habituels à l’ONU. Mais je veux agir plus rapidement encore. La situation politique sur le terrain est beaucoup trop instable et la crise humanitaire trop profonde pour continuer de perdre un temps précieux.
En collaboration avec nombre de nos partenaires, et en premier lieu l’Union africaine, il faut préparer le terrain immédiatement pour nos soldats de la paix. Le Gouvernement chinois va bientôt envoyer un contingent d’ingénieurs militaires au Darfour, qui commenceront le travail essentiel de communication et de logistique qui doit précéder la mission. En fait, un groupe de reconnaissance préliminaire va partir au Soudan dès demain, 17 juillet. On m’a fait savoir que plusieurs centaines de membres du personnel international, voire plus, seront prêts à être déployés d’ici le mois d’octobre. Je vais insister pour que ce déploiement intervienne en septembre.
Les premières unités de ce que l’on appelle « l’appui fort » commenceront à être déployées cet automne. Je vais insister pour accélérer au maximum ce calendrier, dans la mesure où la sécurité et la logistique le permettront.
Je mettrai tout autant l’accent sur l’aspect politique. Ce matin, j’ai reçu des informations de la part de mon Envoyé spécial, M. Jan Eliasson, qui a coprésidé, hier et aujourd’hui à Tripoli en Libye, la première série de pourparlers. Notre intention est d’accélérer le rythme des négociations politiques rassemblant toutes les parties, les dirigeants rebelles, les chefs tribaux et les dirigeants gouvernementaux. L’objectif est de les rassembler autour d’une même table d’ici le début du moisdeseptembre.
J’ai été invité et j’ai l’intention de me rendre au Soudan, y compris au Darfour, le plus tôt possible. Cependant, le calendrier dépendra du moment où je pense que ma visite permettra de mieux renforcer nos relations. Il faut consolider les engagements de nos partenaires sur le terrain et sur le plan diplomatique.
Surtout, il ne faut pas oublier qu’une force de maintien de la paix n’est qu’un premier pas qui doit s’accompagner d’un accord durable sur le plan politique. Tout accord politique doit à son tour être suivi de programmes de développement qui vont au cœur du conflit. Sans cela, il ne peut y avoir de solution durable. Au fur et à mesure que nous irons de l’avant, nous n’oublierons pas les importantes ressources financières dont ont besoin nos activités humanitaires actuellement en cours.
J’ai d’autres communications à vous faire avant d’entendre vos questions.
Comme vous le savez, des inspecteurs de l’AIEA se sont rendus ce week-end en Corée du Nord pour vérifier si le Gouvernement nord-coréen avait fermé son réacteur de Yongbyon. On me dit que ces installations ont été fermées.
C’est là une bonne nouvelle. En tant que Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, et en tant qu’ancien Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, j’encourage la République populaire démocratique de Corée et les autres parties à continuer d’honorer leurs engagements afin d’assurer la dénucléarisation de la péninsule coréenne dès que possible.
Je me féliciterais de toute question que vous pourriez avoir sur ma visite en Afghanistan que, pour des raisons de sécurité, je ne pouvais révéler avant d’arriver à Kaboul. J’ai rencontré le Président Karzai et d’autres. Nous avons parlé des terribles pertes parmi les populations civiles et de la nécessité de travailler avec fermeté pour endiguer le problème endémique de la corruption à tous les niveaux du Gouvernement et de la société.
S’agissant du Pakistan, je suis préoccupé par la situation qui y règne et par la perte de vies humaines et les destructions de biens survenues durant la semaine écoulée. Je condamne les attaques terroristes perpétrées ce week-end qui ont coûté la vie à de nombreux membres des forces de sécurité et civils innocents. Le Président Musharraf a pris une position très ferme contre l’extrémisme. Tout en étant en faveur d’une telle position, je suis conscient que le Gouvernement doit trouver un équilibre très délicat pour assurer la sécurité de ses citoyens.
Enfin, je suis heureux de vous annoncer que la semaine prochaine, les 26 et 27 juillet, je me rendrai officiellement à San Francisco, lieu de naissance de l’ONU. J’espère pouvoir élargir mon dialogue avec le peuple américain sur le rôle critique des Nations Unies dans un monde globalisé. Ce déplacement se fera en coopération avec l’Association des États-Unis pour les Nations Unies.
San Francisco est un endroit qui m’est cher. J’y ai étudié il y a bien longtemps, en 1962. J’habitais du côté de Bay Bridge et j’avais des amis là-bas.
Et, bien sûr, la Californie est aussi célèbre pour autre chose, qui compte beaucoup pour moi en tant que Secrétaire général: elle est à l’avant-garde du travail mené sur le changement climatique.
J’ai l’intention de rencontrer le Gouverneur de la Californie, M. Schwarzenegger, pour discuter de mes grandes priorités à l’ONU. Ensemble, nous allons rencontrer des entreprises de la baie qui utilisent des technologies propres et j’espère voir de première main combien la Californie est à l’avant-garde dans ce domaine très important.
Aujourd’hui, j’ai surtout parlé de la question du Darfour, mais cela ne signifie pas que je n’accorde pas mon attention aux autres questions géopolitiques. Je m’occupe également de questions telles que celles du Moyen-Orient, du Kosovo, de la réforme de l’ONU et des Objectifs du Millénaire pour le développement. Merci, Mesdames et Messieurs.
(Le Secrétaire général poursuit en français)
Merci de votre présence. Je serai heureux de répondre à vos questions. Comme vous le savez bien, je continue à faire des efforts et des progrès en français. De plus en plus, je parle français avec mes amis, comme Alpha Konaré et, en particulier, ma Porte-parole, Mme Montas. Pendant cette conférence de presse, ce matin, je préfèrerais parler en anglais. Merci beaucoup.
Mme Montas (interprétation de l’anglais): Je vous souhaite la bienvenue. Cette conférence de presse durera 45 minutes. Je vous demanderai de ne poser qu’une seule question et, si nécessaire, une question de suivi, mais pas plus. La première question sera posée par le Président de l’Association des journalistes accrédités auprès de l’ONU.
Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, nous vous souhaitons la bienvenue au nom de l’Association des journalistes accrédités auprès de l’ONU. En Iraq, la situation ne fait que s’aggraver, avec des bombardements quotidiens qui font des centaines de victimes parmi les civils. Vous allez rencontrer le Président Bush demain. Quelle est votre position en tant que Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies sur la politique de la Maison Blanche en Iraq? Êtes-vous en faveur de ce que le Congrès démocrate américain demande, à savoir un retrait rapide des troupes américaines? Préférez-vous que les troupes américaines restent en place ou qu’elles se retirent dès que possible afin de permettre aux Iraquiens de diriger eux-mêmes leur pays? Et si les États-Unis décident de se retirer, quelles conséquences cela aura-t-il sur les programmes de l’ONU en Iraq?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): C’est une question très délicate, mais aussi très importante, je crois. Le peuple iraquien connaît actuellement beaucoup de souffrances, et c’est pourquoi la communauté internationale et l’ONU devraient aider le peuple et le Gouvernement iraquiens afin de leur permettre de surmonter ces difficultés dès que possible.
Pour ce qui est de vos questions spécifiques, à ce stade, il ne m’appartient pas de m’ingérer dans le débat qui a lieu en ce moment entre le peuple, le Gouvernement et le Congrès américains. Cependant, je dirais qu’il faut faire preuve de beaucoup de prudence, dans l’intérêt du peuple iraquien. La communauté internationale ne doit pas abandonner ce dernier. Tout retrait ou toute décision brutale pourrait entraîner une aggravation de la situation en Iraq. Bien sûr, c’est au Président Bush et au Gouvernement américain, en étroite collaboration avec le Congrès, de décider des mesures qu’il faut prendre. Mais en tant que Secrétaire général, l’ONU ayant été pleinement impliquée dans la situation iraquienne, notamment pour ce qui est de la facilitation politique et de l’assistance humanitaire, j’aimerais que des mesures harmonieuses et bien coordonnées soient prises.
Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, pour faire suite à ce que vous avez dit, pouvez-vous nous indiquer quelles sont les autres questions qui seront primordiales lorsque vous rencontrerez le Président Bush? Je parle des changements climatiques. Est-ce que vous pourriez nous donner une idée de ce que vous espérez obtenir au cours de la session spéciale que vous avez convoquée le 24 septembre: qui sera présent, et quel en sera le résultat?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Tout d’abord, demain, au cours de la réunion que j’aurai avec le Président Bush, vous pouvez être sûrs que le Président Bush et moi-même aborderons toute une série de questions concernant la géopolitique, les changements climatiques, la réforme de l’ONU ainsi que la contribution requise des États-Unis au financement des opérations de maintien de la paix. Évidemment, l’Iraq et la question du Moyen-Orient seront au centre des discussions.
En ce qui concerne les changements climatiques, je suis encouragé par le niveau très élevé des attentes et de la représentation de la réunion de haut niveau prévue pour le 24 septembre prochain. J’aimerais profiter de l’occasion pour mobiliser la volonté politique nécessaire afin d’obtenir de fortes répercussions politiques et l’élaboration de directives en vue de la réunion de Bali. J’en parlerai au Président Bush. J’espère que le Président Bush et l’administration américaine seront représentés au niveau le plus élevé possible au cours de cette réunion. La participation des États-Unis revêt une importance cruciale.
J’ai trouvé encourageante l’initiative prise par le Président Bush au sujet de la question du réchauffement planétaire, tout particulièrement au cours du sommet du G-8 tenu à Heiligendamm en juin dernier.
Question (interprétation de l’anglais): Le Premier Ministre israélien Ehoud Olmert a donné cette semaine une interview à Al-Arabiya, dans laquelle il a exprimé sa volonté de parler avec les Syriens sans condition préalable et sans médiation américaine. La partie syrienne a également indiqué qu’elle était disposée à discuter. L’ONU pourrait-elle, si on le lui demandait, servir de médiateur à ces pourparlers entre les deux parties compte tenu de l’importance de ces discussions sur le principe de la terre contre la paix, c’est-à-dire le plateau du Golan?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Il est encourageant de voir que le Premier Ministre israélien et le Président palestinien se sont de nouveau réunis. Il est également encourageant de voir qu’Israël a indiqué qu’il était disposé à discuter avec le Président syrien ainsi qu’avec les acteurs de la région. L’ONU appuyant ces initiatives, je serais très heureux de faciliter ces initiatives de paix.
Question (interprétation de l’anglais): Concernant votre déplacement à Washington au sujet du Darfour, pouvez-vous donner des précisions sur la vigueur de l’appel que vous adresserez au Président Bush pour que les États-Unis s’engagent fermement dans cette force hybride? Quelles sont les ressources technologiques ou autres que vous souhaitez obtenir? Sachant que vous êtes très pressé d’obtenir une résolution sur l’opération hybride, allez-vous demander aux États-Unis de modifier leur texte de manière à y ôter toute menace et autres mesures ou sanctions qui, selon certains membres du Conseil de sécurité, comme la Chine et l’Afrique du Sud, retarderont l’adoption?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je ne pense pas qu’il serait utile d’inclure une menace dans la résolution. Concernant la deuxième partie de votre question, les membres du Conseil de sécurité sont en train de mener des consultations et je demande instamment au Conseil de sécurité de prendre les dispositions voulues pour autoriser cette opération hybride le plus rapidement possible. Le Conseil de sécurité s’est rendu au Soudan le 17 juin, cela fait déjà presque un mois. Voilà donc près d’un mois que le Gouvernement soudanais a donné son accord sans condition à cette proposition conjointe. Par conséquent, il est temps que l’ONU prenne les dispositions nécessaires pour donner au Secrétaire général l’autorité de procéder au déploiement.
Concernant le Président Bush, je suis reconnaissant de l’appui vigoureux qu’il a offert à mon initiative visant à régler la situation au Darfour. Cette question restera l’une de mes priorités. Je souhaite un appui politique ferme. Je veux également voir comment nous pourrions accélérer le processus politique. La contribution des États-Unis revêt une énorme importance. Je travaille en étroite collaboration avec l’Envoyé spécial du Gouvernement des États-Unis sur la question.
Question (interprétation de l’anglais): Cela signifie-t-il que vous n’allez pas insister pour que l’Administration des États-Unis apporte une contribution militaire à cette force hybride?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Comme vous le savez très bien, cette opération hybride sera formée par l’Union africaine conformément à l’accord conclu entre l’ONU et le Gouvernement soudanais. S’il y a un domaine dans lequel l’Union africaine ne peut pas apporter suffisamment de forces, des pays non membres de l’Union africaine seront appelés à apporter une contribution autre que financière. C’est quelque chose dont il faudra s’occuper par la suite.
Question (interprétation de l’anglais): Pensez-vous accomplir des progrès dans le règlement des problèmes actuels, y compris la question de Chypre?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais):Il yaénormément de défis à relever dans le monde entier, parmi lesquels la situation de Chypre. En ma qualité de Secrétaire général, je me suis entretenu avec un grand nombre des dirigeants du monde entier, par téléphone ou en les rencontrant personnellement, trois ou quatre fois, voire cinq ou six fois. Je ne signale pas tous les contacts que j’ai au sujet des différents problèmes. Un journaliste a dit une fois que j’étais quelqu’un sans visage. Mais sachez que même en coulisse je suis très actif. Je me suis entretenu de la question de Chypre avec l’une des parties, M. Talat. C’était vendredi dernier, je crois. Je continue d’encourager les dirigeants des deux communautés à entamer un dialogue.
Question (interprétation de l’anglais): Il y a deux semaines, vous avez indiqué qu’au sujet du Kosovo, la situation allait se dégrader faute de mesures rapides. Depuis lors, les auteurs du projet de résolution ont fait des concessions mais la Fédération de Russie a qualifié le texte d’inacceptable dans sa forme actuelle et la Serbie a dit qu’elle n’accepterait jamais une résolution visant l’indépendance du Kosovo. Certains auteurs du projet de résolution ont déclaré qu’ils pourraient sortir du cadre de l’ONU pour régler le problème. Pensez-vous que la situation continue de se dégrader? Que diriez-vous à ceux qui s’opposent à l’action de l’ONU dans ce domaine?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Comme je l’ai dit à maintes reprises, je suis très préoccupé par l’absence de progrès. Il n’est pas souhaitable de retarder davantage le règlement de la question, non seulement pour les États des Balkans mais aussi pour l’ensemble des pays de l’Europe. J’espère que les membres du Conseil de sécurité pourront régler cette question sur la base des recommandations formulées par mon Envoyé spécial. J’ai moi-même participé à une rencontre avec les dirigeants de la plupart des États membres du Conseil de sécurité, y compris le Président russe, M. Poutine. La semaine dernière, à Bruxelles, j’ai rencontré le Président Sejdiu du Kosovo.
J’espère sincèrement que les parties intéressées sauront tenir compte de la réalité sur le terrain. La recommandation de M. Ahtisaari est très importante car elle présente tous les éléments nécessaires à une solution à la situation du Kosovo. Certaines initiatives ont été prises et témoigne de la souplesse dont ont fait preuve certains pays importants, et j’espère que les pays concernés examineront cette question avec le plus grand sérieux. Je voudrais vous demander que toute action unilatérale prématurée soit évitée par toute partie car cela pourrait compliquer la situation déjà très complexe.
Question(interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, au début de votre mandat, vous avez entamé une vérification des comptes de toutes les organisations pour éliminer la corruption et pour dissiper toute accusation de corruption, afin d’assurer la bonne marche des organisations. Je voudrais savoir ce que vous pensez de ce processus. Pourriez-vous nous dire ce que vous pensez de deux cas particuliers. Récemment, vous avez demandé qu’une équipe de contrôleurs aux comptes se rende en République démocratique du Congo pour examiner certaines des accusations frappant ce pays. Pour le PNUD, la Corée du Nord suscitait des préoccupations du fait que l’équipe de contrôleurs aux comptes avait été empêchée par le régime de visiter les sites. Comment pouvez-vous vous assurer que ces contrôles des comptes soient réalisés de manière adéquate, que ces actions soient menées à bonne fin, dans l’organisation et ailleurs.
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): J’ai pris des mesures très rapides vu que les rapports d’irrégularités avaient été publiés sur le travail de l’ONU par diverses organisations et étant donné que ces fautes avaient été portées à mon attention. Pour ce qui est des activités en Corée du Nord, le rapport du contrôleur aux comptes a été publié. La première phase des enquêtes a été achevée. J’ai demandé au CCQAB et au Conseil des contrôleurs aux comptes de poursuivre leurs enquêtes à cet égard car, quelles que fussent nos conclusions, peu de fonds avaient été détournés, mais il y avait des irrégularités dans les activités des opérations. J’ai également demandé au Conseil des contrôleurs de se rendre à Pyongyang pour pouvoir mener des enquêtes directes. J’ai également parlé avec le PNUD, avec son Administrateur M. Kemal Dervis et l’Administrateur adjoint M. Ad Melkert, ainsi que d’autres personnes ou membres importants du Conseil d’administration pour savoir quelle serait la meilleure façon d’examiner la question. À leur avis, s’ils ne sont pas pleinement satisfaits du travail des auditeurs, ils prendront des mesures.
Pour ce qui est de la République démocratique du Congo, j’ai donné des instructions au DOMP d’envoyer une équipe afin de mener une enquête, mais je crois qu’il faudra attendre que je sois saisi de son rapport pour réagir.
Question (interprétation de l’anglais): En ce qui concerne la République démocratique du Congo, vous l’avez visité en novembre dernier et vous nous avez fait part du fait que vous étiez très heureux du retour de la démocratie, mais nous avons vu qu’à Kinshasa le dirigeant de l’opposition est en exil et toutes les semaines nous voyons des signes de mauvaise conduite de la part des soldats de la paix. Que pensez-vous de la situation en RDC et ne pensez-vous pas qu’il faille secouer l’administration de ces missions qui font un grand travail pour l’ONU en Afrique.
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): En ce qui concerne la première partie de la question, la situation politique et sociale en RDC me préoccupe, notamment au nord. J’ai parlé la semaine dernière avec le Président Kabila pour tenter, dans la mesure du possible, d’éviter de prendre des mesures militaires, afin de régler toutes les questions par des moyens pacifiques et par un dialogue qui inclurait tous les dirigeants de l’opposition.
Pour ce qui est de la mauvaise gestion, je suis également très préoccupé. Dès la réception de ces rapports, nous avons pris des mesures très strictes pour mener l’enquête sur les personnes concernées. Le problème est que l’ONU et le Secrétaire général n’ont pas de pouvoir administratif réel pour prendre des mesures contre les personnes accusées de mauvaise conduite. Ce sont les pays qui ont envoyé ces contingents qui doivent s’en occuper. Nous avons demandé instamment aux pays concernés de traduire ces personnes en justice et je demande une fois de plus que les pays forment les contingents de manière adéquate et que lorsqu’ils trouvent que leurs propres contingents se sont conduits de façon indue, ils prennent les mesures administratives et judiciaires qui s’imposent. C’est ce que je vais continuer de discuter avec Mehta.
Pour ce qui est du système de la justice interne au sein de l’ONU, c’est un système déjà obsolète. Nous allons en parler à l’Assemblée générale pour que nous puissions introduire un nouveau système de justice interne.
Question (interprétation de l’anglais): Dans vos remarques liminaires vous avez parlé des points chauds dans le monde ainsi que du programme de vos réunions avec le Président à la Maison Blanche. Mais vous n’avez pas parlé de l’Iraq, sauf d’une manière générale, lorsque vous avez parlé du Moyen-Orient. Pourtant, le chaos en Iraq persiste. Un Iraquien sur sept a été obligé de quitter son foyer. Plus de deux millions vivent dans les pays limitrophes, et le pays est devenu un foyer de terrorisme international qui préoccupe tous les pays. Le Conseil de sécurité a le pouvoir d’arrêter cela ou de montrer la façon de traiter le problème. Dans la Charte de l’ONU, il est stipulé que toute menace à la paix et à la sécurité dans le monde relève du Conseil de sécurité. Pourquoi ne traite-t-il pas de cette question? Est-ce parce qu’il s’agit d’une question secondaire, négligeable? Votre prédécesseur avait dit que la guerre en Iraq était illégale. Partagez-vous cette définition de la situation en Iraq?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Nous sommes d’accord pour dire que la situation en Iraq est un problème qui intéresse le monde entier. C’est pour cela que nous avons des forces multinationales qui travaillent dans un contexte très dangereux. Il faut bien le comprendre. Pourtant, l’ONU, depuis le début de ce problème, a été impliquée sur le plan de l’aide humanitaire. On a essayé d’aider les parties à ouvrir un dialogue politique. Nous allons continuer sur cette voie. Dans le même temps, étant donné que nous sommes tous conscients de ce qui c’est passé au cours de ces quatre dernières années, des débats ont été organisés au Conseil de sécurité et à l’ONU dans son ensemble. Ce qu’il faut maintenant, c’est se tourner vers l’avenir plutôt que vers le passé. L’avenir du peuple iraquien est très important et il revêt des implications très importantes, non seulement pour la paix et la sécurité de la région, mais pour le monde entier. A cette heure, alors que l’on sait qu’il s’agit d’un processus très difficile, la communauté internationale, avec l’ONU, devrait faire tout ce qui est en son pouvoir pour aider ce peuple. L’ONU sous ma direction a adopté en mai un Pacte international et nous avons eu une réunion élargie avec les ministres des affaires étrangères. La semaine prochaine à New York, dans le cadre de ce Pacte, je vais donner suite à cet accord international.
Question (interprétation de l’anglais): Partagez-vous l’opinion de votre prédécesseur concernant le caractère illégal de la guerre en Iraq?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je crois que j’ai déjà répondu à plusieurs reprises à cette question.
Question (interprétation de l’anglais): Le Bureau du Conseiller spécial pour l’Afrique relève du mandat de l’Assemblée générale et ces derniers jours, cette dernière semaine, il semble avoir été redéployé dans un autre bureau, ce qui suscite la préoccupation parmi les Africains, à savoir que cela pourrait entraîner des troubles entre le Secrétariat et le Groupe des États africains ou avec le Groupe des 77. Pourquoi avez-vous décidé de ne pas nommer de Secrétaire général adjoint directement pour ce bureau, mais de le nommer dans le cadre d’un autre bureau?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je suis pleinement conscient de ce problème du Conseiller spécial pour l’Afrique, qui était jusqu’à présent M. Legwaila. Je suis en train de revoir tous ces postes, y compris ce poste précis. Si vous examinez toutes les questions d’organisation et de nominations pour l’Afrique, nous avons un certain nombre de représentants et d’envoyés spéciaux qui travaillent sur les questions africaines. Les questions et les défis africains sont prioritaires pour moi. Je l’ai dit dès le premier jour et c’est pour cela que j’ai désigné une femme africaine, Mme Migiro, une personnalité éminente, comme Vice-Secrétaire générale. Dans le cadre de cette reconfiguration de l’Organisation, je vais confier le travail relatif au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), qui était effectué jusqu’à présent par le Bureau du Conseiller spécial pour l’Afrique, à mon Haut Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement. Pour ce poste, j’ai récemment désigné un ressortissant du Mali qui sera chargé de toutes ces questions. Ainsi les préoccupations exprimées par les pays africains seront-elles prises en compte. Ce Haut Représentant sera le point focal au Siège des Nations Unies pour ce qui est des questions africaines. Parallèlement, je vais le désigner comme mon Représentant spécial auprès de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Le poste de Haut Représentant a d’ailleurs été créé, compte tenu des activités de la CNUCED. J’ai discuté de cette question avec M. Supachaï, le Secrétaire général de la CNUCED.
Ce que je fais donc, dans le cadre de cette reconfiguration, consiste à renforcer l’ONU et à mettre l’accent sur l’Afrique. Cette action rentre dans le cadre de l’intégration et de la consolidation des activités et des ressources de l’ONU pour mieux régler les questions liées à l’Afrique.
Question (interprétation de l’anglais): Vous avez tout mêlé et vous semblez avoir rétrogradé l’importance du Bureau du Conseiller spécial pour l’Afrique.
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Oui, c’est peut-être l’impression. Mais là encore, vous avez M. Gambari, personnalité africaine très éminente, qui a été nommé Conseiller spécial pour les questions politiques et qui s’occupe également de toutes les questions africaines et de toutes les autres questions politiques importantes. Si vous examinez comment ce Bureau a été géré au cours de ces dernières années, vous constaterez qu’il faut trouver un meilleur moyen d’utiliser des ressources limitées afin de pouvoir nous occuper de toutes les questions africaines.
Question (interprétation de l’anglais): J’ai une question sur le Darfour et sur les priorités qui ont été définies. Vous avez indiqué que le Darfour était une haute priorité pour vous. Du point de vue de la crédibilité de l’ONU, pensez-vous que le Darfour est votre priorité parce qu’il s’agit d’un bon exemple que l’ONU pourrait montrer en matière de diplomatie multilatérale et qu’il s’agit d’une bonne occasion, après l’échec de l’Iraq, de montrer au monde que l’ONU peut encore fonctionner?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je crois qu’il faut voir pourquoi la communauté internationale et l’ONU se sont concentrées sur la situation au Darfour. Des centaines de milliers de personnes sont mortes sous la violence et des centaines de milliers d’autres souffrent sur le plan humanitaire. L’ONU doit donc agir. Il ne s’agit pas de détourner l’attention des erreurs qui ont pu être commises concernant la situation iraquienne par certaines organisations ou certains pays. Nous abordons la question du Darfour dans un but bien précis qui s’impose à la communauté internationale. J’espère donc qu’il n’y aura aucun malentendu sur ce point.
Dès le premier jour de mon entrée en fonctions, j’ai dit que la situation au Darfour serait ma plus haute priorité. J’ai compris en effet que si l’on abordait cette question le plus rapidement possible, il y aurait des souffrances supplémentaires pour les habitants du Darfour et du Soudan. Ils ont déjà beaucoup trop souffert et il est grand temps aujourd’hui de mettre un terme à ce conflit.
Question (interprétation de l’anglais): Certaines personnes vont manifester à propos du soldat israélien qui a été kidnappé l’année dernière, enlèvement qui a été la cause de la guerre au Liban l’été dernier. Que pouvez-vous leur dire sur le sort de ce soldat? Allez-vous en parler davantage et demander sa libération? Il y a aussi d’autres questions relatives à des prisonniers qui sont liées au Moyen-Orient.
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Étant donné le caractère délicat du retour, dans des conditions de sécurité, du soldat israélien, je ne me suis pas beaucoup exprimé sur cette question. Je n’ai pas parlé de ce que j’ai fait, car moins on en dit publiquement, mieux cela vaudra pour le règlement de cette question. En fait, j’ai beaucoup fait par le biais de mon facilitateur pour obtenir la libération des deux soldats israéliens capturés par le Hezbollah et j’ai également parlé à plusieurs reprises aux dirigeants palestiniens de la libération du caporal Shalit. Je vais poursuivre cet effort.
Question (interprétation de l’anglais): Je reviens à la question du Kosovo. M. Ahtisaari a un projet accordant l’indépendance au Kosovo. Les autorités serbes s’y opposent. En Géorgie, en ex-Union soviétique, les autorités s’opposent à l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud et en Azerbaïdjan, les autorités s’opposent à l’indépendance du Haut-Karabakh. La même chose vaut à Moldova, avec la Transnistrie. Ne pensez-vous pas qu’accorder l’indépendance au Kosovo constituerait un mauvais précédent et encouragerait les séparatistes partout dans le monde?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): J’aimerais préciser que la question du Kosovo est une question sui generis, cela ne crée pas de précédent pour ce qui est des problèmes potentiels que vous avez évoqués. Si vous étudiez l’histoire et la participation de l’ONU et de la communauté internationale, vous verrez tout de suite la différence qui existe entre la question du Kosovo et les autres questions et problèmes potentiels. Donc, il est clair, et cela a été dit très clairement à plusieurs reprises, que la question du Kosovo et la solution envisagée ne créeraient pas de précédent pour d’autres questions.
Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, vous avez peut-être déjà abordé ma question lorsque vous avez dit que certains journalistes trouvent que vous n’avez pas vraiment de visage. Jeudi dernier, deux journaux anglais vous ont très fermement critiqué, notamment votre façon de gérer les choses, en disant que certains styles ne sont pas édifiants, et que vous êtes trop proche de certains fonctionnaires de l’Administration américaine. Pensez-vous que la critique est injuste et inéquitable? Pensez-vous qu’ils ne comprennent pas votre culture? Comment répondez-vous à ces critiques?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): En tant que personnage public, je sais que je serai analysé, qu’on va décortiquer mon comportement, ma vie – mais lorsqu’il s’agit de ces journalistes en particulier, de leurs critiques, je voudrais dire que cela n’est pas juste. Certaines accusations sont fausses.
On dit ainsi qu’il y a beaucoup trop de Coréens qui dirigent cette Organisation. Comme tous les Secrétaires généraux avant moi, j’ai apporté avec moi quelques fonctionnaires de ma nationalité. Il n’y a qu’un seul Coréen comme conseiller politique, c’est M. Kim Won-soo. J’ai une secrétaire.
Je ne pense pas que cette Organisation puisse être dirigée par une ou deux personne(s), même si cette personne est vraiment très compétente, y compris moi-même. Je suis ouvert à toute critique ou suggestion constructive qui pourrait être présentée par des journalistes, des États Membres ou le Secrétariat. Mais je crois qu’on devrait bien me comprendre, et je demanderai que les États Membres fassent preuve de compréhension. Donc, il ne faudrait pas insulter tous les membres du Secrétariat qui travaillent ici. Si vous pensez que cette Organisation est dirigée par un ou deux Coréen(s), je crois que cela n’est pas juste. Je vous appelle donc à faire montre d’une attitude bienveillante.
Il y a eu beaucoup de critiques quant à ma façon de gérer les choses. Je suis très proche de beaucoup de personnes. Je me suis fait des amis parmi vous. Je suis peut-être proche des Américains, ou du Royaume-Uni, ou de la France, ou d’un pays africain. Je me considère comme un intermédiaire. J’ai essayé d’avoir des relations harmonieuses, amicales avec tout le monde, pas simplement en Corée, mais pour traiter des questions internationales. Je me suis fait beaucoup d’amis au niveau des dirigeants, des ministres des affaires étrangères, et je me suis fait beaucoup d’amis parmi les journalistes. Donc, j’accepterai vos critiques. Mais si vous voulez mieux me connaître, j’espère que vous ferez des recherches sur mon passé, sur ma personnalité et après cela, oui, vous pourrez me critiquer. Mais entendre des remarques faites au hasard, dans les couloirs, ça, ce n’est pas juste.
Mme Montas (interprétation de l’anglais): Nous n’avons plus de temps. Je ne sais pas si le Secrétaire général veut accepter de répondre encore à deux ou trois questions.
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Oui, d’accord.
Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, pour le Soudan, la résolution du Conseil suit l’esquisse de votre rapport. Quand vous parlez d’accélérer (…). Sur le même sujet, avez-vous une date pour nommer un nouveau chef de la MINUS ainsi que du maintien de la paix?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Pour la MINUS, il est vrai que ce poste est vacant depuis plusieurs mois après que M. Pronk nous a quittés. Je vais nommer bientôt une personne de grande valeur pour se charger de cette mission. Je vais l’annoncer très bientôt.
Question (interprétation de l’anglais): Merci d’avoir organisé cette conférence de presse. M. le Secrétaire général, vous n’avez pas répondu pour la résolution. Pouvez-vous nous dire exactement ce que cette résolution du Conseil de sécurité va dire sur le Soudan? Est-ce que vous pensez que certaines parties vont être omises?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Cela dépend des membres du Conseil de sécurité. J’espère simplement qu’ils prendront des mesures le plus rapidement possible.
Question (interprétation de l’anglais): Merci, Monsieur le Secrétaire général. Sur la question de l’Iran: le pays est encore en violation de la résolution du Conseil de sécurité qui lui impose de ne pas mener d’activités d’enrichissement de l’uranium. Que pensez-vous que le Conseil de sécurité doit faire? Est-ce que les sanctions doivent être renforcées? Le Conseil doit-il prendre des mesures plus énergiques sur l’Iran?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): En tant que Secrétaire général, j’espère que les Iraniens continueront les négociations avec l’Union européenne et le P-5. Pour ce qui est des mesures à prendre à l’avenir pour le Conseil de sécurité, bien entendu, cela relève de sa compétence, mais je suis encouragé par la décision récente du Gouvernement iranien d’avoir une réunion (en Iran) et de permettre aux inspecteurs de l’AIEA de s’occuper du cadre politique de la question.
Question (interprétation de l’anglais): Merci, Monsieur le Secrétaire général. Votre initiative de visiter l’Afghanistan a été très bien vue, quoiqu’elle nous ait surpris, mais ce qui nous a surpris également, c’est votre décision de ne pas vous rendre au Pakistan et en Iran au cours de ce même voyage, car vous savez que sans leur coopération, il ne peut y avoir de solution durable au problème afghan.
Deuxièmement, vous avez rencontré un commandant de l’OTAN. Avez-vous parlé des mesures visant à limiter les pertes civiles au cours des opérations offensives de l’OTAN?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): L’une des importantes questions dont je me suis occupé concerne justement le bilan civil de plus en plus lourd en Afghanistan. J’en ai parlé avec le commandant général et le Secrétaire général de l’OTAN à Kaboul et à Rome. Ils m’ont assuré qu’ils prendraient les mesures de précaution requises pour éviter toute victime civile. Je sais que cela est difficile car les insurgés et les Taliban tentent de se cacher parmi la population. Il est très difficile dans les opérations militaires de faire la distinction entre les innocents citoyens et les insurgés. Mais j’ai mis l’accent, à titre public et privé, sur la nécessité de prendre les mesures requises.
Concernant mes visites en Iran, au Pakistan et ailleurs, j’ai été invité par un grand nombre d’États Membres mais je dois jongler avec mon emploi du temps ici et les engagements pris ailleurs. Je pense pouvoir m’y rendre dans un avenir assez proche.
Question (interprétation de l’anglais): Au début de la conférence, vous avez déclaré que la Corée du Nord avait fermé le réacteur nucléaire, comme indiqué par l’AIEA. Recommanderiez-vous maintenant au Conseil de sécurité de lever toutes les sanctions imposées contre la Corée du Nord, qui est en fait un pays appauvri et détruit?
Deuxièmement, s’agissant des récentes nominations, il a été dit que la plupart des activités touchant l’Afrique sont administrées par les grands pays. La plupart des personnes que vous avez choisies sont des ressortissants des plus grandes puissances. Les petits pays sont assez gênés par cette situation.
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Concernant la Corée du Nord, le Gouvernement nord-coréen a pris une mesure initiale, conformément à la déclaration conjointe des six pays. La fermeture devra être suivie d’autres mesures visant à démanteler et détruire toutes les armes nucléaires et tous les programmes afférents, en échange de quoi le pays obtiendra une assistance économique et la possibilité d’élargir son horizon diplomatique. Il ne s’agit que d’un premier pas. Je crois que c’est un pas important et, quoiqu’il en soit, encourageant. Les membres du Conseil de sécurité devront certainement examiner la question de la suite à donner aux sanctions.
S’agissant des nominations, j’ai reçu un grand nombre de requêtes de la part des 192 États Membres mais le nombre des postes étant limité, il est très difficile de concilier les souhaits et les impératifs de la réalité. J’ai fait de mon mieux en m’intéressant tout d’abord à la compétence des candidats puis à la parité hommes-femmes et à la répartition géographique. Je sais que je n’ai pu satisfaire tout le monde, notamment l’Afrique. J’ai essayé de nommer le plus grand nombre d’Africains possible, à commencer par la Vice-Secrétaire générale. Vous verrez un grand nombre de Secrétaires généraux adjoints, de représentants spéciaux et d’envoyés spéciaux africains travaillant en Afrique et ailleurs.
Mme Montas (interprétation de l’anglais): Avant de passer à la dernière question, je voudrais demander à Frank s’il a bien été répondu à sa question. Oui, très bien.
Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, vous voulez-bien que je vous pose une question en français et que vous y répondiez en anglais?
(poursuit en français)
Pensez-vous qu’il y a un vrai danger que les États-Unis reconnaissent unilatéralement l’indépendance du Kosovo. Est-ce que c’est une question que vous allez évoquer avec le Président Bush demain?
Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Il y a toujours un risque d’action unilatérale de la part du Kosovo ou de tout autre membre. Tout d’abord, j’espère que le Kosovo ne prendra pas de mesure unilatérale. C’est une chose sur laquelle j’ai insisté en public et en privé auprès des dirigeants du Kosovo. Deuxièmement, il est possible que des pays reconnaissent l’indépendance du Kosovo. C’est une hypothèse qu’il faudra étudier. Je ne peux pas en dire davantage.
Merci beaucoup.
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