SG/SM/11022

L’ORGANISATION DES ÉTATS AMÉRICAINS APPORTE UNE CONTRIBUTION CRUCIALE À LA RÉNOVATION DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES, DIT LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

4/06/2007
Secrétaire généralSG/SM/11022
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L’ORGANISATION DES ÉTATS AMÉRICAINS APPORTE UNE CONTRIBUTION CRUCIALE À LA RÉNOVATION DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES, DIT LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL


(Publié le 31 juillet – retardé à la traduction)


Ci-dessous figure le texte de l’allocution que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon a prononcée devant l’Assemblée générale de l’Organisation des États américains à Panama, hier 3 juin:


C’est un grand honneur pour moi que d’être présent ici.  J’apprécie hautement l’invitation qui m’a été adressée à participer à la trente-septième session de l’Assemblée générale de l’Organisation des États américains par le Gouvernement panaméen et le Secrétaire général José Miguel Insulza. 


Pour moi, il sied tout à fait que ma première rencontre avec vous ait lieu ici à Panama.  Au moment où nous nous réunissons ici, nous pouvons nous rappeler qu’il y a près de 200 ans –en 1826–, Simón Bolivar, le grand visionnaire du continent, a convoqué le congrès de Panama et a parlé de créer une association des États américains dans cet hémisphère.


Cinquante ans plus tard, la vision stratégique de Bolivar a pris la forme d’une réalité concrète, une épidémie de fièvre jaune se propageant dans toute l’Amérique du Sud.  Les contacts maritimes aidant, elle a gagné les États-Unis d’Amérique.  Elle a provoqué 15 000 décès rien qu’à Buenos Aires et 20 000 le long du fleuve Mississipi.  Une conférence a été convoquée en 1881 à Washington afin de débattre les moyens de faire face à cette nouvelle menace mondiale.  À la conférence, le délégué espagnol, Carlos J. Finlay, qui représentait Cuba et Porto Rico, a avancé une théorie scientifique d’importance: à savoir que le vecteur de la transmission de la fièvre jaune était un moustique.


La fièvre jaune a été une priorité majeure à la première Conférence internationale des États américains, qui s’est tenue également à Washington, en 1890.  Cette conférence a donné naissance à l’Union panaméricaine, laquelle est devenue, bien évidemment, l’Organisation des États américains (OEA).  La Conférence a par ailleurs décidé de créer le Bureau sanitaire international, lequel a fini par devenir l’Organisation panaméricaine de la santé – qui est à ce jour le plus vieil organisme sanitaire intergouvernemental resté continuellement en activité dans le monde.


Après de nombreuses décennies et plusieurs menaces mondiales, je rends hommage aux sages, hommes et femmes, habitant cette région au cours du XIXe siècle qui ont, il y a bien longtemps, vu qu’il existait des problèmes qu’aucun gouvernement ne pouvait résoudre tout seul, et qui ont eu le courage de taire leurs rivalités et leurs divergences pour s’attaquer de concert aux questions d’intérêt mutuel.  Il y a une morale que l’on peut tirer de cette histoire, concernant quelque part un minuscule insecte qu’aucun pays tout seul n’a pu se défaire et que seule la coopération internationale a pu vaincre.


Depuis lors, votre région en est venue à jouer un rôle inestimable dans le multilatéralisme – dans des domaines allant du développement à la sécurité en passant par les droits de l’homme.


Pris individuellement, nombre de vos pays apportent une contribution capitale au renforcement et à la rénovation de l’Organisation des Nations Unies – qui va de l’adhésion à la Commission de consolidation de la paix et au Conseil des droits de l’homme créés récemment, à la participation à nos opérations de maintien de la paix partout dans le monde, en passant par le rôle dirigeant joué à Haïti, l’une des situations les plus difficiles des Amériques.


Votre région a fait œuvre de pionnier dans la conclusion d’accords multilatéraux régionaux sur divers plans, du libre-échange aux migrations en passant par le désarmement nucléaire.


Et vous avez innové dans l’étude de la démocratie.  Au cours des 50 dernières années, d’importants chapitres de l’étude de la démocratie et de la démocratisation ont été rédigés dans les langues de cette région, compte tenu de l’expérience vécue ici.  En 2001, vous avez courageusement signé la Charte démocratique interaméricaine qui lie tous ses membres par la même norme élevée de gouvernance démocratique.  Le monde a beaucoup à apprendre de votre exemple, et nous observons les efforts que vous déployez pour respecter les objectifs de cette charte.


Rien qu’au cours des 18 mois écoulés, il y a eu 12 élections présidentielles dans la région.  Cependant, dans certaines parties des Amériques, la démocratie suscite également des appréhensions, allant de l’impression qu’elle n’a toujours pas répondu aux aspirations des pauvres de la région aux préoccupations concernant la criminalité organisée et la corruption.  Cette réaction hostile à la démocratie nous fait comprendre la nécessité d’inscrire la lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales extrêmes au rang des priorités régionales.  Certains de ces problèmes seraient facilités par la coopération régionale et internationale; d’autres peuvent être résolus si les structures institutionnelles déjà en place fonctionnent plus efficacement.  Ensemble, nous devons démontrer que des gouvernements élus démocratiquement peuvent satisfaire les besoins de ceux qui les ont élus.


L’Organisation des Nations Unies est prête à vous apporter toute l’aide possible dans le renforcement des institutions de vos États et la promotion de l’état de droit.  D’ores et déjà, nous travaillons en partenariat avec plusieurs de vos pays pour améliorer les systèmes électoraux et la gouvernance.  Dans ce domaine, nous nous efforçons de partager les enseignements que nous avons tirés dans d’autres régions, tout en reconnaissant les caractéristiques propres à vos pays.  Et nous œuvrons avec des partenaires de la région pour atténuer les tensions sociales, faire face aux symptômes et aux effets du chômage et promouvoir l’éducation civique, la justice, les droits de l’homme et la citoyenneté démocratique.


Dans l’ensemble, l’OEA est un partenaire indispensable de l’Organisation des Nations Unies.  Depuis l’avènement de notre partenariat il y a une soixantaine d’années, nous en sommes venus à apprécier à sa juste valeur la nécessité de collaborer l’une avec l’autre de façon structurée et efficiente.  Nous mettons en place des voies permettant de partager l’information, les connaissances techniques et les ressources avec plus d’efficacité, notamment grâce au partenariat dynamique de l’OEA avec la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes.


Si vous me permettez de revenir à l’histoire du moustique et de la Conférence des États américains tenue en 1890, nous allons en tirer une autre morale.  C’est que la science et la politique doivent être des alliés, non des adversaires, car en travaillant ensemble, elles peuvent sauver les vies humaines et les moyens d’existence des individus.


C’est là le partenariat qu’il faut mettre en œuvre pour combattre l’une des plus graves menaces mondiales auxquelles nous soyons confrontés à ce jour – les changements climatiques.  Cette menace-là finira par toucher chaque individu sur la planète.  Dans votre région, elle est imminente pour beaucoup de gens.  Il s’agit par exemple de ceux qui vivent sur les petites îles qui sont menacées par des orages tropicaux d’intensité croissante, et de ceux qui occupent des zones montagneuses dont les ressources en eau viennent des glaciers qui fondent.


Selon les évaluations les plus récentes du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le réchauffement de la planète ne fait aucun doute, son impact est clair et les activités humaines y ont sans conteste considérablement contribué.


Les effets néfastes du réchauffement se font déjà sentir dans bon nombre de domaines, dont l’agriculture et la sécurité alimentaire, les océans, les zones côtières, la biodiversité et les écosystèmes, les ressources en eau, la santé humaine, les établissements humains, l’énergie, les transports et l’industrie, ainsi que les phénomènes météorologiques extrêmes.


C’est pourquoi non seulement les changements prévus du climat de la planète constituent une préoccupation du point de vue de l’environnement, mais aussi ils peuvent avoir des conséquences sociales et économiques graves.


Il me semble qu’aujourd’hui, tous les pays reconnaissent que les changements climatiques exigent une riposte mondiale à long terme, conforme aux conclusions scientifiques toutes récentes et en harmonie avec le développement économique et social.


Ce sujet est étroitement lié au thème fort louable que vous avez choisi pour la session de votre Assemblée générale, à savoir « L’énergie au service du développement durable ». 


Dans ce domaine, votre région est confrontée à des défis redoutables, auxquels il faut s’attaquer avec dynamisme, esprit d’innovation et honnêteté.  J’estime que vous êtes déjà sur la bonne voie.


Votre région commence à s’engager dans la voie de l’utilisation des sources d’énergie renouvelables.  Elle est devenue un chef de file mondial en ce qui concerne les biocarburants, ce domaine qui, s’il est soigneusement traité, a un potentiel considérable.  Vous appliquez avec succès des programmes nationaux relatifs au rendement énergétique visant à promouvoir une meilleure utilisation des ressources, à assurer une plus grande viabilité écologique et à favoriser la croissance économique.


Et vous avez apporté votre soutien aux efforts fournis par l’Organisation des Nations Unies pour s’attaquer aux changements climatiques.  Cette année, nous devons accélérer les efforts que nous déployons collectivement, afin que, au moment où les Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques se réuniront à Bali en décembre, nous disposions de la base d’un accord permettant de faire avancer rapidement les négociations d’un arrangement solide pour la période postérieure à 2002 couvrant tous les aspects essentiels de ce problème planétaire.


Une telle avancée s’avère capitale pour que le monde progresse dans la prévention des changements climatiques et dans les efforts tendant à s’y adapter.  Elle est également essentielle si nous devons réaliser les objectifs du Millénaire, notre projet commun pour un monde meilleur, d’ici à la date butoir de 2015.  Il faut que cette année soit marquée par un véritable mouvement vers la réalisation des objectifs : à mi-parcours, nous sommes arrivés à un tournant décisif.  Le réchauffement de la planète pourrait sérieusement mettre à mal notre capacité de réaliser les objectifs, voire inverser les réalisations enregistrées en matière de développement humain. 


Les questions auxquelles votre région est en butte sont complexes, raison de plus pour s’y attaquer au niveau régional.  S’ils sont menés avec vision et courage, vos travaux pourront déboucher, comme c’était le cas il y a plus d’un siècle, sur des accords sur les moyens les meilleurs d’utiliser les ressources de la région pour créer des conditions de vie meilleures pour les générations futures.  C’est cela la signification véritable de l’expression « développement durable ».  Et de tels travaux constituent l’unique moyen de parvenir à une solution durable de tout problème ne respectant pas les frontières, qu’il s’agisse d’un tout petit moustique ou de la planète elle-même.


Je vous remercie encore une fois de votre hospitalité et vous souhaite plein succès dans vos travaux.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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