SG/SM/10926

AU SOMMET DE LA LIGUE ARABE, PARLANT DES CAUSES DE L’INSTABILITÉ AU MOYEN-ORIENT, LE SECRÈTAIRE GÈNÈRAL MET EN AVANT LA NÈCESSITÈ IMPÈRIEUSE D’ÈTABLIR UN ÉTAT PALESTINIEN

28/03/2007
Secrétaire généralSG/SM/10926
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AU SOMMET DE LA LIGUE ARABE, PARLANT DES CAUSES DE L’INSTABILITÉ AU MOYEN-ORIENT, LE SECRÈTAIRE GÈNÈRAL MET EN AVANT LA NÈCESSITÈ IMPÈRIEUSE D’ÈTABLIR UN ÉTAT PALESTINIEN


(publié le 2 avril, retardé à la traduction)


On trouvera ci-après le texte de l’allocution prononcée par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Ban Ki-moon, devant la Ligue des États arabes réunie à Riyad, ce jour, le 28 mars:


Je remercie S. M. Abdullah et le peuple d’Arabie saoudite pour l’organisation de cette réunion et pour l’accueil chaleureux et l’hospitalité qui nous sont offerts.


Je remercie également le Secrétaire général Moussa pour la direction qu’il imprime à la Ligue des États arabes.


C’est un honneur pour moi de me compter parmi vous à cette réunion au sommet, la première à laquelle j’assiste en ma qualité de Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies. Je me réjouis d’avance des échanges que nous aurons ici à Riyad et de l’action que nous mènerons ensemble dans les semaines et les mois qui viennent pour promouvoir la paix et la prospérité dans toute la région.


La Charte des Nations Unies donne aux accords régionaux un rôle important dans le règlement des différends entre États.


L’Assemblée générale et le Conseil de sécurité n’ont eu de cesse, de leur côté, d’insister sur la nécessité de coopérer étroitement avec les organisations régionales. De fait, les organismes tels que la Ligue des États arabes, dont les membres entretiennent des relations historiques et culturelles et partagent un savoir du fait de leur proximité, sont les mieux placés pour comprendre les racines profondes des conflits qui éclatent dans leur région.


Je tiens à vous assurer dès à présent que je suis fermement résolu à travailler avec vous pour votre progrès commun. Répondre aux aspirations de vos peuples est également l’une de mes premières priorités.


J’ai rencontré la semaine dernière des dirigeants et des gens ordinaires et j’ai pu me rendre compte par moi-même des difficultés complexes avec lesquelles vous êtes aux prises. Ma visite dans la région m’a convaincu que le présent Sommet est l’un des plus importants de ces dernières années.


Le Moyen-Orient n’a pas connu depuis longtemps une situation aussi complexe, aussi précaire et aussi dangereuse. Une profonde méfiance continue d’empêcher Palestiniens et Israéliens d’engager un réel processus de paix. L’impasse politique où se trouve le Liban menace de mettre à mal l’une des sociétés les plus dynamiques de la région.


En Iraq, la violence continue de faire tous les jours de nombreuses victimes parmi les civils. L’Iran poursuit son programme nucléaire, sans se soucier des voix inquiètes qui s’élèvent sur les scènes régionale et internationale. La crise au Darfour n’est pas près d’être réglée, étant donné l’instabilité qui secoue ses frontières. En Somalie, la situation se détériore à cause du banditisme, de la violence et des rivalités entre clans. Dans toute la région, en plus des lourdes pertes en vies humaines et des innombrables dégâts matériels dus à la violence armée, règne un sourd désespoir, décelable surtout chez les jeunes, qu’engendrent le chômage, l’absence de perspectives économiques et de participation politique. C’est dans des conditions comme celles-là que le radicalisme trouve son terrain d’élection.


L’instabilité qui règne dans les États arabes a une incidence profonde sur la paix et la sécurité internationales. Je suis présent parmi vous aujourd’hui, peu de temps après mon entrée en fonctions, pour vous dire mon attachement et celui des Nations Unies à la paix, à la justice et à la prospérité de vos peuples.


Il y a de nombreuses causes à l’instabilité et à l’incertitude qui règnent dans cette région. Mais pour la plus grande partie du monde arabe, la blessure encore fraîche, même après 40 ans, est la poursuite de l’occupation du territoire arabe et le fait que les Palestiniens demeurent dépouillés de leur droit à leur propre État.


Les bases de la solution sont claires : la fin de l’occupation commencée en 1967, la création d’un État palestinien indépendant et viable, vivant côte à côte avec un État israélien jouissant de la sécurité et d’une pleine reconnaissance, et une paix juste, durable et globale dans la région, comme prévu dans les résolutions du Conseil de sécurité.


Je salue les initiatives du Président Abbas. Sa volonté de faire la paix avec Israël est sans équivoque, comme sa détermination à forger l’unité palestinienne en faveur de cette cause.


Il y a seulement quelques jours, alors que je me trouvais dans le territoire palestinien occupé, j’ai réaffirmé que la formation d’un gouvernement d’unité nationale serait un grand pas en avant. Je félicite le Roi Abdullah et les autres dirigeants arabes d’avoir aidé à rendre cet accord possible. J’engage le nouveau Gouvernement d’unité palestinien à prendre des mesures démontrant un véritable engagement en faveur de la paix par la voie d’un règlement négocié prévoyant deux États. Et j’engage Israël à faire de même, en cessant l’implantation de colonies et la construction de la barrière en Cisjordanie pour entamer un réel dialogue avec le Président Abbas sur les perspectives politiques d’un règlement définitif.


Le monde arabe a toujours un rôle décisif à jouer. L’Initiative de paix arabe est un des piliers du processus de paix. Avalisée dans la Feuille de route, l’Initiative montre combien le monde arabe aspire lui aussi à la paix. En Israël, j’ai exhorté mes amis israéliens à examiner à nouveau l’Initiative de paix arabe. Ici à Riyad, je vous conjure, amis arabes réunis à ce sommet, de réaffirmer votre engagement en faveur de l’Initiative.


Osons tirer parti de ces frémissements nouveaux. Le statu quo est dangereux. Il y a cependant des signes prometteurs. La formation d’un gouvernement d’unité nationale en Palestine et la possibilité d’un dialogue israélo-palestinien sont autant de raisons d’espérer. D’autre part, le Quatuor a trouvé un nouveau souffle et l’Initiative de paix arabe offre une nouvelle perspective à la région. La paix entre Israéliens et Palestiniens ne débarrassera pas la région de ses conflits et ses clivages, qui ont chacun sa propre dynamique complexe. Mais elle pourrait contribuer beaucoup à la promotion de la modération et du pluralisme politiques. Le règlement de ce conflit est un impératif moral et stratégique.


La situation au Liban doit également compter parmi nos priorités. Au cours du premier mois de mon entrée en fonctions, j’ai assisté à la Conférence de Paris où j’ai fait connaître ma détermination d’agir, et après ce sommet je me rendrai au Liban pour observer moi-même la situation sur le terrain. Je constate avec satisfaction que la cessation des hostilités se maintient. Toutefois, à mon grand regret, le Liban continue d’être secoué par des troubles politiques intérieurs. Le Premier Ministre Siniora a fait preuve d’une impressionnante volonté politique dans des circonstances difficiles, et je vous engage vivement à soutenir son gouvernement démocratiquement élu. Les différends doivent être résolus par la voie du dialogue et une réelle volonté nationale de réconciliation et de consensus. À cet égard, je rappelle que toutes les parties sont déterminées à appliquer les Accords de Taëf. Grâce à nos bons offices et une FINUL renforcée, l’Organisation des Nations Unies continuera de jouer le rôle qui lui revient de veiller à l’application de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité.


Je viens également de faire une visite très utile en Iraq, où la situation demeure préoccupante. Les attaques quotidiennes contre des civils innocents continuent de causer des souffrances atroces. Les services publics essentiels s’étiolent. Les personnes déplacées sont nombreuses, tant à l’intérieur du pays qu’au-delà des frontières nationales.


Je remercie en particulier la Jordanie et la République arabe syrienne de venir en aide à tant d’Iraquiens en difficulté. Le mois prochain à Genève, l’Organisation des Nations Unies tiendra une conférence internationale en vue de mobiliser l’appui financier et autre qui lui permettrait de répondre aux besoins des personnes déplacées.


Les entretiens que j’ai eus avec le Premier Ministre Maliki et les députés et fonctionnaires iraquiens de tous bords ont été fructueux. J’entends que l’Organisation des Nations Unies fasse bien plus, en particulier dans les domaines où elle est plus qualifiée qu’aucune autre pour agir, comme la médiation politique. En tant que coprésidente du Pacte international pour l’Iraq, l’Organisation des Nations Unie se doit également de travailler au relèvement économique et social du pays.


Pour améliorer la sécurité, il faudra non seulement des moyens militaires mais aussi des mesures réelles et capitales visant à promouvoir la réconciliation nationale, à atténuer les tensions interconfessionnelles et améliorer la situation en matière de droits de l’homme. Mais il faudra avant tout soulager les souffrances du peuple iraquien. Le dialogue en Iraq fournira certes l’amorce nécessaire, mais les initiatives régionales et internationales auront aussi leur importance. Je vous engage vivement à jouer le rôle qui vous revient.


La crise du Darfour appelle également votre action politique et humanitaire. L’accord de paix signé l’année dernière n’a pas mis fin aux combats. De graves violations des droits de l’homme, des violences sexuelles ciblées et de graves atteintes au droit international humanitaire continuent d’être commises par tous les camps. Il y a à présent 2 millions de personnes déplacées. Quatre millions de personnes attendent leur salut de l’assistance humanitaire internationale. Il nous faudra redoubler d’efforts pour ramener toutes les parties concernées dans le processus de paix. En même temps, le déploiement du module d’appui renforcé au maintien de la paix que nous avons prévu devrait se poursuivre comme prévu.


Ces plans sont pleinement conformes aux accords d’Abuja et d’Addis-Abeba, et je vous demande instamment d’utiliser vos bons offices dans ces deux voies. Je suis convaincu que la Ligue des États arabes peut contribuer beaucoup à la recherche d’une solution rapide qui ramènera la paix au Darfour. La population du Darfour attend depuis trop longtemps et n’a que trop souffert.


En Somalie, c’est la détresse humanitaire, c’est l’intensification des combats à Mogadishu, c’est la montée de la violence partout, ainsi qu’une grave sécheresse et de graves inondations. Près d’un million de personnes, c’est-à-dire un neuvième de la population, ont été chassées de chez elles. Pourtant, à voir la tournure que prennent les événements ces derniers mois, il nous est permis d’espérer que la Somalie saura venir à bout de ce conflit qui la laisse privée de gouvernement depuis 1991. L’Union africaine est en train d’y déployer ses contingents en dépit des conditions peu sûres. J’engage le Gouvernement fédéral de transition à entamer un dialogue avec les principales forces politiques et sociales et avec ceux qui renoncent à la violence pour s’engager dans la voie d’un règlement politique viable. Il n’y pas de solution militaire à cette crise. La Somalie ne peut trouver de stabilité durable que par un processus politique ouvert à tous.


Alors que leur région est déchirée par des conflits politiques, les populations elles n’aspirent qu’à la liberté, à l’avenir et au développement humain. Le monde arabe a beaucoup progressé dans des domaines tels que l’alphabétisation et l’espérance de vie. L’émergence et l’essor d’une société civile plus dynamique sont également de bon augure. L’Organisation des Nations Unies, qui œuvre depuis longtemps et par bien des façons au développement de vos pays, continuera à s’employer avec vous à résoudre les problèmes et à surmonter les obstacles afin que soient atteints tous les objectifs du Millénaire pour le développement.


En vérité, nos deux organisations sont partenaires. À l’heure d’agir, rappelons-nous ces objectifs communs qui ont le pouvoir d’unir tous les États et tous les peuples de la région:


- Un État palestinien indépendant vivant côte à côte avec Israël, dans la sécurité et une paix juste et globale;


– Un Liban stable, indépendant et démocratique;


– Un Iraq en paix avec lui-même et avec ses voisins;


– La paix et la fin du conflit au Darfour;


– Une région exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive, où la possession de telles armes n’apparaîtrait plus comme une nécessité ou un avantage;


– Une région où tous, quelle que soit leur nationalité ou leur religion, pourront poursuivre leur existence et leurs aspirations à l’abri du besoin et de la peur.


La semaine dernière, j’ai écouté attentivement les dirigeants débattre de décisions délicates concernant la sécurité et le bien-être de leurs populations. Surtout, j’ai pu constater ce désir séculaire de vivre dans la dignité et la paix. Maintenant que je me suis rendu dans votre région en tant que Secrétaire général, je suis plus que jamais impatient de travailler à vos côtés à la réalisation de ces nobles objectifs.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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