LA COMMISSION DE LA POPULATION IDENTIFIE LA SANTÉ ET L’ÉDUCATION DES JEUNES COMME DEUX FACTEURS ESSENTIELS DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE
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Commission de la population et du développement
Quarantième session
6e séance – matin
LA COMMISSION DE LA POPULATION IDENTIFIE LA SANTÉ ET L’ÉDUCATION DES JEUNES COMME DEUX FACTEURS ESSENTIELS DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE
« Investir dans la santé et l’éducation des jeunes est une condition sine qua non au développement à long terme des nations, en particulier en Afrique ». Telle a été la conclusion de l’expert du Centre de recherche africain sur la population et la santé que la Commission de la population et du développement a invité, ce matin, à enrichir ses travaux.
Si en 2050, la planète comptera 9,1 milliards de personnes dont 2 milliards de personnes âgées, l’Afrique continuera à abriter une très large part de la population jeune. Parmi les 15 délégations qui ont pris la parole aujourd’hui, celle du Bénin a, par exemple, indiqué que sa population est constituée à 40% de jeunes en âge de travailler, alors que son homologue de Haïti attirait l’attention sur un pays caractérisé par une structure jeune de près de 36,5% d’enfants de moins de 15 ans et de 11,7% de moins de cinq ans.
Dans ce contexte, l’accent a été mis sur le facteur clef de l’éducation qui s’avère indispensable non seulement pour permettre aux jeunes de s’adapter aux exigences du marché du travail mais aussi pour leur donner les moyens de se protéger des situations à risque prévalant dans un continent affaibli par la pandémie du VIH/sida. Influençant la structure de la population, cette pandémie a conduit le Botswana, qui compte de plus en plus d’orphelins du sida et de familles monoparentales, à bouleverser sa politique démographique. La prévalence du VIH/sida est l’une des raisons pour lesquelles, dans les pays les moins développés, l’espérance de vie stagne à 55 ans.
En dépit de l’incidence budgétaire que des politiques appropriées en matière de santé, d’éducation et de sensibilisation pourraient avoir sur les dépenses publiques, les gouvernements ont tout intérêt à parier sur l’avenir, donc sur les jeunes, a prévenu l’expert du Centre de recherche africain. Sensibilisées à ce problème, plusieurs délégations africaines, dont le Bénin, ont plaidé pour un renforcement de l’assistance internationale, sans laquelle il serait difficile de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), dont l’Objectif 2 vise à assurer d’ici 2015, aux filles et aux garçons un accès égal et universel à l’éducation primaire.
Mais l’éducation ne vaut rien en l’absence d’un marché du travail dynamique, ont argué plusieurs délégations, en craignant la fuite des cerveaux. En 2005, le monde comptait 191 millions de migrants dans le monde, la plupart provenant des pays en développement. Si ce flux est devenu, pour les pays à bas taux de fécondité, un élément important des changements démographiques et de la croissance économique, il compromet néanmoins le développement des pays d’origine, ont insisté ces délégations.
Le lien entre éducation et fuite des cerveaux a été contesté par l’expert du Centre de recherche africain. Les avantages des migrations internationales ont également été défendus par le représentant de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui a argué, entre autres, de l’impact des transferts des compétences sur l’économie des pays de destination et de celui des envois de fonds sur celle des pays d’origine.
En plus de poursuivre son débat sur l’expérience des pays face au changement de la structure par âge de la population et ses conséquences sur le développement, la Commission de la population et du développement a examiné l’exécution du programme du Secrétariat dans le domaine de la population. Les documents pertinents ont été présentés par deux représentants du Département des affaires économiques et sociales (DESA). La Commission a aussi brièvement examiné les moyens de renforcer sa contribution aux travaux du Conseil économique et social (ECOSOC), alors qu’il est entré dans un processus de réforme et de revitalisation.
La prochaine réunion de la Commission aura lieu vendredi 13 avril à 10 heures.
DÉBAT GÉNÉRAL CONSACRÉ À L’EXPÉRIENCE DES PAYS DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION: LE CHANGEMENT DE LA STRUCTURE PAR ÂGE DE LA POPULATION ET SES CONSÉQUENCES SUR LE DÉVELOPPEMENT
Suite et fin du débat général
M. SAMUEL O. OUTLULE (Botswana) a rappelé que l’Afrique compte la plus grande proportion de jeunes au monde et que leurs besoins et demandes vont croissants. Il a toutefois souligné que ce continent fait face à une série de problèmes qui entrave le bien-être de ses enfants mais aussi le développement de l’Afrique, en général. Outre les conditions climatiques hostiles, la pauvreté et les maladies, le représentant a aussi noté que les conséquences des conflits et le nombre de réfugiés, de migrants et de personnes déplacées ont un impact sur les tendances démographiques. Pour répondre à ces défis, il s’est dit convaincu de la nécessité de mettre en œuvre les engagements des diverses conférences des Nations Unies dans le domaine économique et social, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
S’agissant spécifiquement de son pays, il a indiqué que son gouvernement s’emploie à créer des meilleures conditions de vie et des opportunités, par le biais de ses plans de développement national. Il a cependant indiqué que la pandémie du VIH/sida entrave ces efforts. Le Botswana continue à œuvrer pour lutter contre le VIH/sida, en mettant l’accent sur la prévention de nouvelles infections, le traitement et le soin des personnes infectées et sur la gestion de l’épidémie, a–t-il fait valoir, en ajoutant que son pays a consacré, cette année, 136 millions de dollars à ce combat. Il a, en outre, indiqué que le VIH/sida influence la structure de la population dans son pays qui compte, entre autres, de plus en plus d’orphelins ou de femmes chefs de famille. Il a précisé que le Botswana examine actuellement sa politique démographique afin de répondre adéquatement à ces changements.
M. LUCA DALL’OGLIO, Observateur permanent de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a exprimé son accord avec le point de vue selon lequel les migrations ont une incidence de plus en plus grande sur les questions de fertilité et de vieillissement de la population, mais aussi sur l’emploi, les droits de l’homme et les droits de la citoyenneté, l’intégration sociale, la xénophobie et la sécurité nationale. Afin de relever ces défis, les pratiques migratoires doivent répondre à des politiques à long terme, a souligné le représentant. Alors que les mouvements de biens et de marchandises ont été décuplés par la mondialisation, il semble, en revanche, que les politiques migratoires sont devenues plus restrictives, a-t-il fait observer. Il faut donc les réajuster, en gardant à l’esprit les effets positifs que les migrations internationales peuvent avoir sur le monde du travail, notamment en revalorisant la main d’œuvre par le transfert des compétences. Soulignant ensuite l’importance de fournir des soins et une assistance aux personnes âgées, l’Observateur a estimé que là aussi, la main d’œuvre d’origine étrangère peut suppléer à de tels besoins lorsque l’offre n’est pas suffisante sur le marché national. À cette fin, il est nécessaire de mettre en œuvre des politiques appropriées pour éviter les risques de trafics humains transfrontières et d’immigration illégale, par exemple, en développant des partenariats bilatéraux entre pays.
M. DJANKOU NDJONKOU, Organisation internationale du Travail (OIT), a déclaré que, dans de nombreux pays, l’augmentation de l’espérance de vie n’a pas été accompagnée par une vie active plus longue. Il a rappelé que l’âge moyen de la retraite a chuté et que cela constitue une menace à la viabilité des budgets publics. Il a estimé que de nombreuses personnes âgées désirent travailler plus longtemps mais font face à une discrimination dans ce domaine. L’OIT œuvre pour élaborer des stratégies novatrices et faciliter la prolongation de vies actives productives dans des emplois décents, a-t-il affirmé. Par ailleurs, il a estimé que la promotion du travail décent est le meilleur moyen d’assurer une protection sociale pour tous. Selon lui, cet objectif est particulièrement important dans les pays en développement où la pauvreté chez les personnes âgées est un problème croissant. Il a, en outre, argué que la promotion du travail décent doit s’accompagner de mesures complémentaires comme celles visant la protection des droits des travailleurs âgés. Enfin, M. Ndjonkou a mis en lumière la situation des travailleurs migrants, qui se trouvent souvent en dehors des systèmes de protection sociale et n’ont pas accès à une retraite ou à des services de santé adéquats.
M. BERTIN BABADOUDOU (Bénin) a déclaré que les bouleversements de la pyramide des âges varient d’un continent à l’autre, de même que ses répercussions. Au Bénin où la population est constituée à 40% de jeunes en âge de travailler, la question est de savoir comment tirer profit de cette jeunesse sans pouvoir lui offrir les emplois dont elle a besoin. Face à la pauvreté, il revient donc à la communauté internationale de mettre à disposition des pays demandeurs les aides et les partenariats nécessaires, a préconisé le représentant, qui a également indiqué qu’il faut envisager davantage de transferts sociaux en faveur des personnes âgées qui sont de plus en plus nombreuses au Bénin.
M. JO HIRONAKA, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a déclaré que son organisation a élaboré des politiques d’aide aux personnes âgées dans tous les domaines, rappelant les stratégies en matière de droits de l’homme. L’UNESCO a ainsi mis en exergue la question du vieillissement bien avant que le sujet devienne une préoccupation mondiale. Or, avec 21% de personnes âgées, l’Europe est l’un des continents les plus touchés par ce phénomène. L’Organisation a mis au point des programmes cherchant à créer des synergies entre institutions de recherche et gouvernements. En outre, une conférence a eu lieu à Bruxelles, en 2006, à l’initiative de l’UNESCO pour examiner les implications du vieillissement à tous les niveaux. Le représentant a signalé, en conclusion, que la prochaine édition du Journal des sciences sociales sera consacrée à la problématique du vieillissement en Europe occidentale.
Mme VREVEN, Association américaine des personnes retraitées (AARP), a rappelé que cette ONG compte plus de 38 millions de membres et reflète les demandes et intérêts des personnes âgées de plus de 50 ans. Nous savons que pour formuler des politiques efficaces et appropriées aux niveaux régional, national et local, il faut adopter une approche globale et une vision d’ensemble du vieillissement de la société, a-t-elle affirmé. Elle s’est dite convaincue que les pays pourront s’adapter aux pressions financières qu’exercera la retraite des « baby boomers » dans les prochaines décennies. Par ailleurs, elle a déclaré que l’accès à des services de santé de qualité est un droit fondamental et que la réduction de la pauvreté et la sécurité des revenus pour les personnes âgées doivent être les piliers de l’action visant à assurer le bien-être des sociétés vieillissantes. À cet égard, elle a souligné que des personnes âgées en bonne santé peuvent continuer à travailler et contribuer au bien-être de leur famille et de leur communauté de diverses manières. Elle a estimé que les pays peuvent se préparer au vieillissement de leur population, en tirant parti de l’expérience d’autres États où le processus de vieillissement est déjà avancé. Ces derniers doivent assister les pays qui luttent encore pour fournir les prestations de base à leurs jeunes et à leurs personnes âgées, a—t-elle argué.
M. ESTHER Y. APEWOKIN (Ghana) a déclaré que la fécondité ne cesse de baisser au Ghana, alors que le nombre de femmes en âge de procréer continue de croître. En outre, le système de la famille élargie qui permettait aux personnes âgées de bénéficier d’une entraide s’est désintégré, provoquant une situation déplorable. Pour y remédier, le Gouvernement a intégré la situation des personnes âgées dans ses priorités nationales, en adoptant une politique qui leur est spécialement consacrée. Quant aux jeunes, le Ghana a entrepris de réformer le secteur de l’éducation, en rendant notamment obligatoire la scolarisation dans le cycle primaire et en lançant un programme national pour l’emploi des jeunes, afin de les doter des compétences propres à affronter le marché du travail. Enfin, s’agissant de la planification familiale, le Gouvernement a mis à disposition des soins prénataux gratuits dans tous les hôpitaux.
Mme MARIE SUZIE JOHANNE BEAUCHAMPS (Haïti) a indiqué que la population de son pays est caractérisée par une structure jeune, avec près de 36,5% d’enfants de moins de 15 ans et 11,7% de moins de cinq ans, tandis que les personnes âgées représentent seulement 5,1%. Or, les réseaux primaires de solidarité ont tendance à s’effondrer alors même que les pouvoirs publics haïtiens n’ont pas encore défini de politique en matière de vieillissement, a indiqué la représentante. Il s’ensuit qu’une large partie de la population âgée est dépourvue de couverture sociale et n’a pas accès aux services et aux soins spécifiques que demande leur condition. À court et à moyen terme, il faudra donc inclure dans les programmes d’action des organes gouvernementaux des volets s’adressant spécifiquement aux personnes âgées. Mme Beauchamps a, en outre, indiqué que depuis la Conférence internationale sur la population et le développement en 1994, le Gouvernement haïtien, signataire de la Déclaration du Caire, s’est efforcé de s’organiser en vue d’améliorer la qualité de la vie dans le pays, en donnant la priorité à la mise en place des conditions nécessaires à une exploitation rationnelle des opportunités pour gérer et améliorer le capital humain de l’île.
EXÉCUTION DU PROGRAMME ET FUTUR PROGRAMME DE TRAVAIL DU SECRÉTARIAT DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION
Présentation
M. ARMINDO MIRANDA, Division de la population du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a indiqué que, dans le domaine de la fertilité et de la planification familiale, la Division a entrepris la rédaction d’un rapport intitulé « Le fait de ne pas avoir d’enfants », un phénomène qui, dans les pays développés, touche une femme de 40 à 44 ans sur cinq. Dans le domaine de la mortalité et de la santé, la Division a poursuivi l’examen des méthodes pour obtenir des estimations plus robustes quant à la mortalité par âge. Une réunion s’est d’ailleurs tenue à New York pour évaluer les améliorations méthodologiques obtenues, qui seront reflétées dans le prochain rapport sur la mortalité dans le monde. Le représentant a ensuite évoqué la publication des volumes consacrés aux perspectives de la démographie mondiale et à celles concernant l’urbanisation mondiale. S’agissant de la population et du développement, il a indiqué que la Division vient de publier un graphique concernant le vieillissement de la population dans 128 pays, conjointement à une description des tendances majeures en ce domaine. Rappelant que l’Assemblée générale a organisé, l’année dernière, un dialogue de haut niveau sur les migrations internationales, M. Miranda a expliqué que compte tenu de l’incidence de ces migrations sur les questions de population, le rapport du Secrétaire général présenté aujourd’hui contient une section importante sur ce sujet.
Le rapport du Secrétaire général sur les tendances démographiques mondiales (E/CN.9/2007/6), a été présenté par Mme VASANTHA KANDIAH, Directrice adjointe de la Division de la population. Elle a indiqué que la population mondiale continue à augmenter et devrait s’élever à 9,1 milliards de personnes en 2050 contre 6,1 milliards aujourd’hui. Elle a précisé que cette augmentation aura presque exclusivement lieu dans les régions les moins développées du monde. Elle a précisé que si plusieurs pays n’ont pas un taux de fécondité suffisant au renouvellement de la population, certains autres ont encore un taux de plus de quatre enfants par femme. La population de ces pays où les taux de fécondité sont encore élevés augmentera rapidement, a-t-elle noté. Elle a toutefois souligné que ces pays sont conscients de la nécessité de réduire cette croissance de la population afin d’alléger ses pressions sur les ressources et l’environnement et faciliter la réalisation des grands objectifs de développement.
Toutefois, Mme Kandiah a rappelé que la population mondiale, dans son ensemble, vieillit. Le nombre de personnes de plus de 60 ans doit passer de 0,7 milliard en 2007 à 2 milliards en 2050. Elle a ajouté qu’en 2045, le nombre de personnes âgées dépassera celui des enfants de moins de 15 ans. En Europe, ce phénomène est déjà vrai depuis 1995, a-t-elle poursuivi, tout en notant que le vieillissement de la population est aussi visible dans des pays en développement, particulièrement en Asie, en Amérique latine et aux Caraïbes. Elle a, en effet, indiqué que 60% des personnes âgées vivent actuellement dans un pays en développement et que cette proportion doit atteindre 80% en 2050. L’Afrique est l’exception puisque sa population est encore jeune, a-t-elle ajouté. Elle a aussi noté que la prévalence du VIH/sida est l’un des facteurs qui explique que l’espérance de vie se situe à 55 ans pour les pays les moins développés.
Enfin, la Directrice adjointe a mis l’accent sur le phénomène des migrations internationales dont le flux continue à augmenter. Selon les estimations, il existait, en 2005, 191 millions de migrants dans le monde, la plupart vivant dans des pays développés et provenant de pays en développement. Ce flux est devenu, pour les pays à bas taux de fécondité, un élément important de la croissance démographique.
Débat général
Mme VAN SCHAIK (Pays-Bas) a déclaré que les gouvernements doivent intensifier leurs efforts en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en accordant leur attention particulièrement aux jeunes parents. Il faut, en effet, investir dans la santé reproductive des garçons et des filles, ainsi que dans leur éducation. Elle a salué sur ce point l’Union africaine, qui a lancé un plan d’action pour mettre en œuvre les OMD et les recommandations de la Conférence internationale du Caire.
M. PETER WAY (États-Unis) a estimé que la Division de la population joue un rôle essentiel, en fournissant des compétences et des informations spécialisées qui sont ensuite utilisées par les planificateurs et les experts des gouvernements, entre autres. Il a affirmé que la Division a bien rempli son mandat, en veillant à ce que les questions de population restent au premier rang de l’ordre du jour. À titre d’exemple du travail effectué par cette Division, il s’est notamment félicité de celui sur les taux de mortalité et salué l’étude d’ensemble des méthodes d’estimation de ce phénomène menée par la Division. Il a indiqué que cette étude vise à améliorer ces méthodes et a déclaré que ce type d’informations est essentiel pour la mise au point de meilleures données et outils de collecte d’informations.
M. ISRAEL SEMBAJWE, Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), a déclaré que le repositionnement de la CEA a permis de replacer les questions de population et de développement au cœur de ses priorités. Il a ensuite rappelé que la CEA a participé au Dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale sur les migrations internationales, en préparant un rapport régional, qui couvre les aspects multidimensionnels des migrations et leur impact sur la situation économique des États. L’envoi de fonds des migrants peut en effet grandement contribuer à l’amélioration de la situation des familles restées aux pays, a-t-il affirmé. La CEA a également lancé un plan d’action pour aider les jeunes à relever les défis du marché du travail, tandis qu’un rapport d’ensemble doit être produit sur le vieillissement en Afrique.
Mme BATOOL SHAKOORI, Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a fait part des activités de cette Commission en matière de population et de développement. Elle a rappelé que ces initiatives visent à renforcer les capacités des États Membres de la CESAO d’intégrer les questions de population à leurs politiques de développement, aux niveaux national et régional. Elle a indiqué que la CESAO a notamment tenu une réunion d’experts en prévision du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales de l’Assemblée générale en 2006. Elle a de plus noté que les conséquences démographiques de la main d’œuvre expatriée sont très importantes pour les pays du Golfe. S’agissant de la recherche dans le domaine de la population, elle a souligné que la CESAO finalise actuellement le troisième numéro de son Rapport sur la population et le développement. Ce document, a-t-elle ajouté, examine notamment les politiques migratoires dans la région arabe ainsi que certains défis comme le chômage des jeunes face au flux des travailleurs migrants ou encore le phénomène de la fuite des cerveaux. Par ailleurs, elle a souligné que si les pays arabes sont de plus en plus conscients de l’importance d’intégrer les questions de population au processus de planification du développement, des efforts doivent encore être faits dans ce sens.
M. ANDRES VIKAT, Commission économique pour l’Europe (CEE), a donné un aperçu du travail de cette Commission dans le domaine de la population. Il a expliqué que ces activités ciblent le vieillissement de la population ainsi que la question des générations et de la parité entre les sexes. Notre travail dans le domaine du vieillissement est lié à la mise en œuvre du Plan d’action de Madrid et à son évaluation, a-t-il précisé. À cet égard, il a indiqué que la CEE tiendra une réunion sur le vieillissement, du 6 au 8 novembre, à Leon en Espagne, afin d’examiner les politiques élaborées en réponse à ce phénomène. Par ailleurs, il a fait valoir que la CEE s’occupe des questions de générations par un programme de collecte de données sur les facteurs influençant le comportement démographique et par l’utilisation de ces informations pour guider les politiques démographiques. À la fin de 2007, 17 pays auront achevé cette collecte de données et beaucoup d’autres devraient suivre, a-t-il assuré. Il a aussi souligné que la CEE s’emploie à mettre en place des archives de ces données afin de permettre des études comparatives. Il a enfin rappelé qu’une réunion sur ce programme se tiendra au printemps 2008 à Genève. Il s’est dit convaincu que cette réunion démontrera l’utilité de ce programme pour élaborer des politiques liées à la population.
Intervenant également, M. ABDELLAH BENMELLOUK (Maroc) a noté que les statistiques utilisées par la Division de la population ne sont pas toujours vérifiables. Il a appelé à des efforts soutenus dans ce sens.
Discours liminaire et table ronde
M. NYOVANI MADISE, Chercheuse au African Population and Health Research Centre, a concentré son intervention sur la santé et l’éducation des jeunes en Afrique. Pourquoi investir dans les jeunes? Parce que, a-t-elle répondu, leur santé et leur éducation sont déterminantes dans les changements qu’ils peuvent apporter à l’Afrique. Ils forment, à l’heure actuelle, une proportion importante de la population continentale et, de ce fait, représentent l’avenir économique des nations. Historiquement, dans les pays africains, les efforts ont été dirigés en direction des nourrissons, traditionnellement plus vulnérables aux maladies infectieuses que les adolescents. L’explosion de la pandémie du VIH/sida a changé la donne et rendu nécessaire la prise en compte de la sexualité des jeunes âgés de 15 à 19 ans, qui se protègent souvent très mal. Le recours aux préservatifs est, en effet, très limité. Évoquant conjointement le problème des naissances non souhaitées, également lié à l’absence de protection sexuelle, elle a cité les exemples de plusieurs pays africains à l’appui de sa démonstration. Ces facteurs combinés expliquent le taux de prévalence élevé du VIH/sida dans le continent. S’appuyant sur un graphique, l’experte a montré en quoi la pandémie de VIH/sida bouleverse la pyramide des âges de l’Afrique du Sud. Elle a déclaré qu’il faut donc s’assurer que les jeunes aient à leur disposition toutes les ressources nécessaires, et d’abord en termes de sensibilisation, pour pallier aux risques de maladies sexuellement transmissibles.
Abordant ensuite la question de l’éducation en Afrique, elle a souligné la nécessité absolue de la rendre abordable voire gratuite, au moins pour l’enseignement primaire. Une autre variable importante est la différence entre les sexes, qui démontre que les filles sont victimes de discriminations. Les jeunes doivent aussi être en mesure d’acquérir des compétences, de manière à être compétitifs sur le marché du travail. Considérant le lien entre éducation et population en Afrique, Mme Madise a mis le doigt sur les différences marquées entre hommes et femmes, ces dernières ayant souvent leur famille à charge. Évoquant ensuite la relation entre éducation et santé, la panéliste a démontré que le taux de mortalité diminue fortement chez les jeunes qui ont reçu une éducation, en particulier les jeunes filles, car ils savent dès lors mieux se nourrir, se soigner et prévenir les situations à risque.
Lors de la discussion interactive qui a suivi cet exposé, le représentant de la Suisse a souhaité des précisions sur le rôle des politiques dans les investissements dans les jeunes. Quel est le rôle que l’on pourrait donner à la famille en tant qu’unité de base de nos sociétés pour encourager ces investissements? a, pour sa part, demandé le représentant du Bénin. L’investissement dans l’éducation des jeunes peut-il encourager leur migration vers des pays plus développés, s’est interrogé, à son tour, le représentant du Kazakhstan.
En réponse, Mme Madise a expliqué que, selon elle, l’investissement dans l’éducation et la santé a bien sûr des incidences politiques, et notamment sur les dépenses publiques. Mais, ces investissements ont toujours des retombées positives. Elle a estimé que les problèmes de l’Afrique auront des incidences partout dans le monde, d’où l’importance d’investir dans des domaines comme la lutte contre le VIH/sida. Elle a aussi affirmé que ces investissements doivent venir de toutes les parties prenantes, dont la famille, car les gouvernements ne peuvent se charger seuls de cette tâche. Enfin, s’agissant des migrations, elle a argué qu’une meilleure éducation des jeunes ne résulte pas forcément de leur migration. L’éducation n’encourage pas les migrations. Au contraire, elle permet d’édifier un pays plus compétitif et plus propice à de meilleures conditions de vie, a-t-elle dit.
Interrogée par le représentant de l’Afghanistan sur l’âge adéquat pour dispenser une éducation sexuelle, la panéliste a reconnu qu’on ne peut offrir le même genre d’informations à tous les jeunes. Elle a précisé que les jeunes de 11 ans ont besoin d’informations différentes que les adolescents de 17 ans. On ne peut avoir un programme unique d’éducation sexuelle pour tous les jeunes, mais il faut leur donner les informations nécessaires au bon moment, a-t-elle insisté.
Par ailleurs, elle a partagé l’avis de la représentante d’Haïti selon lequel les coutumes et les religions peuvent avoir une influence en matière de santé et d’éducation des jeunes. Les facteurs culturels sont très importants, notamment pour le comportement sexuel et le rôle de la femme, a-t-elle poursuivi. Elle a estimé que les pratiques culturelles doivent être examinées et que, tout en tenant compte des valeurs du pays, il faut tenter de changer ces coutumes si elles ne sont pas favorables aux jeunes.
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