POP/955

COMMISSION DE LA POPULATION: LES DÉLÉGATIONS DISCUTENT DE LEUR STRATÉGIE NATIONALE POUR TIRER PARTI DE LA TRANSITION DÉMOGRAPHIQUE

10/04/2007
Conseil économique et socialPOP/955
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la population et du développement            

Quarantième session                                        

4e et 5e séances – matin et après-midi


COMMISSION DE LA POPULATION: LES DÉLÉGATIONS DISCUTENT DE LEUR STRATÉGIE NATIONALE POUR TIRER PARTI DE LA TRANSITION DÉMOGRAPHIQUE


La Commission de la population et du développement a examiné aujourd’hui les leçons à tirer des diverses expériences nationales, en matière de politique démographique.  Quelque 34 délégations ont expliqué la manière dont leurs pays font face à la transition démographique, caractérisée par des taux de natalité en baisse et une progression de l’espérance de vie.  Malgré cette tendance générale, les pays ne sont pas tous au même stade de cette transition, ont rappelé de nombreux intervenants, en mettant en lumière la spécificité de chaque situation. 


Ainsi, le représentant de la Chine a rappelé que son pays a traversé, dans les 30 dernières années, une transition démographique historique et un développement économique rapide.  Le taux de fécondité a baissé de 5,8% en 1970 à 1,8% aujourd’hui, alors que l’espérance de vie a augmenté.  Une bonne part de la croissance économique, ces 20 dernières années, est due au dividende démographique de cette transition.  En effet, en 1990, la population active représentait 66,7% de la population totale alors que le nombre de dépendants était en baisse, a précisé le représentant chinois. 


Son homologue de l’Espagne a, quant à elle, rappelé que son pays a connu, un flux « rapide, élevé et inattendu » d’immigrés au cours des dernières années et que les migrants représentent aujourd’hui 10% de la population totale.  Si ce phénomène ne règle pas le problème du vieillissement de la population et provoque une hausse des dépenses publiques, ces migrants constituent néanmoins une main d’œuvre essentielle et donc, un facteur positif pour l’économie. 


Rappelant que la Fédération de Russie est parmi les dix pays au monde qui ont le taux de natalité le plus bas, la représentante russe a souligné qu’il a fallu prendre en compte la contribution des migrations internationales dans la réponse au vieillissement de la population.  Le pays s’emploie donc à élaborer un cadre législatif pour attirer les travailleurs migrants et assurer la protection de leurs droits.


De nombreux pays confrontés au vieillissement de leur population, dont la Belgique, la France et les États-Unis, ont eux insisté sur l’importance de créer un marché du travail plus flexible et d’encourager l’emploi des seniors, non seulement pour les rendre plus indépendants mais aussi leur permettre de contribuer à la croissance du pays. 


La réforme des systèmes de retraite, de santé et de protection sociale face au nombre croissant de personnes âgées, a également été préconisée.  Ces systèmes ne peuvent plus être financés uniquement par les gouvernements, a notamment estimé le représentant du Guyana qui a, en outre, rappelé que l’Amérique latine et les Caraïbes connaissent une des transitions démographiques les plus rapides au monde. 


Toutefois d’autres délégations ont estimé que chez eux ce n’est pas le vieillissement de la population qui pose problème mais bien la situation des jeunes.  Ils représentent 52% de la population du Kenya, a rappelé son représentant alors que celui des Philippines a noté que 37% de sa population est constitué de jeunes.  Ces pays ont donc insisté sur l’importance des programmes d’éducation, de création d’emplois ou encore d’accès à la santé génésique.


Ils ont tout de même reconnu la nécessité de traiter très tôt de la question du vieillissement, édifiés en cela, par les propos du Chef de l’équipe chargée des études multinationales, Systèmes de mesure et d’information sanitaire (MHI) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).  Le thème de la violence à l’égard des femmes a été abordé par la chef de la Division pour la promotion de la femme.  


La Commission de la population et du développement poursuivra ses travaux demain, mercredi 11 avril, à 10 heures. 


DÉBAT GÉNÉRAL CONSACRÉ À L’EXPÉRIENCE DES PAYS DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION: LE CHANGEMENT DE LA STRUCTURE PAR ÂGE DE LA POPULATION ET SES CONSÉQUENCES SUR LE DÉVELOPPEMENT


Présentation sur le thème « La violence à l’égard des femmes »


Mme CHRISTINE BRAUTIGAM, Chef du Groupe des droits de la femme de la Division de la promotion de la femme, a relevé les points saillants de l’Étude approfondie sur toutes les formes de violence à l’égard des femmes (A/61/122/Add.1 et Corr.1), qui a été présentée à l’Assemblée générale en octobre 2006.  Elle a rappelé que la violence des hommes à l’égard des femmes et des filles est véritablement un phénomène mondial qui affecte les femmes de toutes les classes et de tous les âges.  Elle a souligné que l’Étude du Secrétaire général indique qu’en moyenne, au moins une femme sur trois est victime d’une forme de violence, au cours de sa vie.  Cette violence a de lourdes conséquences.  Non seulement, elle met en danger la vie de femmes et de filles, mais elle limite aussi la faculté des femmes quant à contribuer au développement et entrave la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 


La Chef du Groupe des droits de la femme a indiqué que le rapport insiste sur la persistance et le caractère inacceptable de toutes les formes de violence à l’égard des femmes.  Il vise, a-t-elle poursuivi, à identifier les moyens d’assurer le respect effectif de l’obligation faite aux États de traiter de cette violence.  Les efforts pour prévenir et mettre fin à cette violence doivent être basés sur la lutte contre la discrimination à l’encontre des femmes et la promotion de leurs droits fondamentaux.  L’Étude du Secrétaire général propose des recommandations dans six domaines d’action clefs, au niveau national.  Ces recommandations portent, entre autres, sur la réalisation de l’égalité entre les sexes, la protection des droits des femmes, l’accumulation des connaissances sur cette violence ou encore, l’allocation des ressources nécessaires à la lutte contre la violence. 


S’agissant de la collecte de données, Mme Brautigam a fait valoir que des progrès ont été faits ces dernières années, mais qu’il faut encore, et de manière urgente, renforcer la base de connaissance sur ce phénomène.  Il s’agit, a-t-elle ajouté, de renforcer l’efficacité des politiques et des programmes et de faire le suivi des progrès effectués dans ce domaine.  Elle a argué que cette collecte de données fait partie de l’obligation des États de traiter de la violence à l’égard des femmes. 


Par ailleurs, elle a ajouté que l’Étude du Secrétaire général a conduit l’Assemblée générale à adopter, en décembre 2006, une résolution visant à intensifier les efforts contre la violence faite aux femmes.  Elle a expliqué que ce texte appelle notamment les États à adopter des approches plus systématiques, multisectorielles et durables, appuyées par des mécanismes institutionnels forts et un financement adéquat.  Elle a aussi rappelé que la résolution invite le Conseil économique et social ainsi que ses commissions techniques à discuter, d’ici 2008, de la question de la violence à l’égard des femmes.  Elle invite aussi ces organes à fixer des priorités dans leurs futurs programmes de travail.  Depuis l’adoption de ce texte, un certain nombre d’initiatives de suivi concrètes ont déjà été lancées, a affirmé Mme Brautigam. 



Débat général


S’exprimant au nom de l’Union européenne, Mme VICTORIA ZIMMERMANN VON SIEFART (Allemagne) a rappelé que les structures d’âge de la population varient selon les pays et les régions.  Les dernières données disponibles indiquent que les populations en Europe et dans de nombreuses autres régions vieillissent.  Ces estimations montrent un lien étroit entre la baisse de la fertilité et la progression de l’espérance de vie, a souligné la représentante.  Pour faire face aux répercussions de ce phénomène, des initiatives ont été prises par les États membres de l’UE, visant, entre autres, à changer l’âge de départ à la retraite et à réformer les systèmes de pension.  Les grandes lignes des politiques économiques dessinent ainsi le cadre de mise en œuvre du Programme d’action de Madrid. 


La représentante a identifié six domaines prioritaires dans lesquels il faut entreprendre des actions.  Elle a d’abord cité l’adaptation des systèmes de sécurité sociale aux changements démographiques.  Elle a ensuite appelé les gouvernants à encourager les individus à rester économiquement actifs aussi longtemps que possible et à s’attaquer aux problèmes de la pauvreté et de l’exclusion sociale, en particulier celles qui affectent les personnes âgées privées de revenus individuels et d’accès à des soins de santé.  Elle a également attiré l’attention sur la nécessité de s’occuper des membres les plus âgés de la famille et de renforcer la capacité des jeunes à se protéger des maladies sexuellement transmissibles, en particulier du VIH/sida.  La représentante a aussi plaidé pour un élargissement de l’accès aux soins de santé génésique. 


Alors que le taux de dépendance des jeunes baisse, celui des personnes âgées n’a pas encore augmenté dans de nombreuses régions, a-t-elle constaté, en reconnaissant cette phase favorable utilisée par certains pays pour relancer la croissance économique, en investissant dans la création d’emplois et en encourageant les jeunes à prendre part aux processus de prise de décisions.  Pour sa part, l’Union européenne a rédigé, l’année dernière, un mémorandum qui encourage les jeunes à prendre part au dialogue politique.  Elle a également adopté un Pacte pour les jeunes couvrant toute une série de mesures dans les domaines de l’emploi, de l’intégration sociale, de la mobilité et de la formation.  En outre, elle a pris des mesures pour faciliter l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, qui place celles-ci dans une situation de risque sur les plans de la santé reproductive et physique.  Après la résolution adoptée l’année dernière par l’Assemblée générale, l’UE considère que l’ensemble des organes des Nations Unies doivent tout mettre en œuvre pour mettre fin aux violences et aux discriminations dont sont victimes les femmes, a conclu la représentante.


M. JIANG FAN (Chine) a indiqué que son pays a traversé, dans les 30 dernières années, une transition démographique historique et un développement économique rapide.  Il a souligné que le taux de fécondité a baissé de 5,8% en 1970 à 1,8% aujourd’hui, alors que l’espérance de vie a augmenté.  Le représentant a estimé que cette transition démographique et les changements socioéconomiques ont largement modifié la structure des âges en Chine.  Selon une enquête menée en 2005, les personnes âgées de plus de 65 ans représentent 7,7% de la population, soit plus de 100 millions.  Il a aussi noté que l’élargissement de ce groupe d’âge est beaucoup plus important que l’augmentation de la population totale.  Après 2030, les personnes de 65 ans et plus seront plus nombreuses en Chine que celles entre 0 et 14 ans, a-t-il poursuivi.  Il a toutefois souligné qu’une partie de la croissance économique de la Chine, ces 20 dernières années, est due au dividende démographique de cette transition.  En effet, en 1990, la population active représentait 66,7% de la population totale, alors que le nombre de dépendants était en réduction.  Cette tendance se poursuivait aujourd’hui, a souligné le représentant, avant de rappeler que la population chinoise doit encore croître de 10% au cours des 25 prochaines années.  Cette situation pose des défis sérieux, notamment en matière d’emploi.  Le vieillissement rapide de la population constitue un autre défi, d’autant plus que de nombreuses régions en Chine ne disposent pas d’un système de sécurité sociale pour les personnes âgées.  La promotion de l’équité sociale et l’élimination de la pauvreté seront des objectifs majeurs pour le développement social de la Chine, a-t-il ajouté. 


M. LUIS ENRIQUE CHAVEZ (Pérou) a déclaré que l’espérance de vie a progressé dans toutes les régions du pays, où elle a augmenté de 2% ces deux dernières années.  Le Pérou vient, comme beaucoup d’autres, de traverser une période de mutation démographique imputable à la conjugaison de plusieurs facteurs.  Bien que ce processus ne soit pas pleinement consolidé, les besoins sociaux des groupes dépendants se feront de plus en plus ressentir sur les plans du logement et de la santé, par exemple.  Pour sa part, le Gouvernement péruvien est en train d’évaluer les mesures à prendre et en 2007, il révisera ses efforts à l’occasion du cinquième anniversaire du Plan d’action de Madrid.  En effet, une personne adulte ne connaît pas seulement aujourd’hui les problèmes liés à son âge, mais aussi ceux auxquels elle est confrontée dans son environnement social.  À la suite des changements intervenus dans la structure démographique et de l’élargissement de l’accès des femmes aux responsabilités professionnelles et publiques, nous devons nous préparer à un vieillissement durable de la population, a prévenu la représentante, avant de conclure en proposant la création de plans pilotes régionaux pour encourager les échanges d’expériences entre pays aux plans régional et interrégional.


Mme ILEANA NUNEZ MORDOCHE (Cuba) a estimé que le concept des dividendes de la transition démographique reste une fiction pour de nombreux pays en développement.  Elle a également souligné les inégalités démographiques entre les pays en développement et développés, notant par exemple que l’espérance de vie en Afrique subsaharienne est de 46 ans, alors qu’elle atteint 77 ans pour les pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE).  Pour la majorité des pays en développement, l’aspiration fondamentale n’est pas de vivre un boom du troisième âge, mais de s’assurer qu’une partie de la population arrive à ce stade de la vie, a-t-elle insisté.  Pour y parvenir, elle a argué qu’il faut lutter contre l’égoïsme qui caractérise les relations internationales et établir un ordre économique international plus juste, équitable et solidaire.  Il est indispensable, a-t-elle insisté, que les puissances mondiales renoncent à la frénésie de la libéralisation et cessent de subventionner leur production agricole.  La représentante a, par ailleurs, fait part des progrès réalisés dans son pays pour garantir à toute sa population un développement social harmonieux.  Elle a, entre autres, rappelé que tous les Cubains ont droit à une éducation et des services de santé gratuits.  Notant que l’espérance de vie est de 77 ans, elle a affirmé que son pays continuera à accorder la priorité à l’assistance aux personnes âgées. 


Mme ABDYKALIKOVA (Kazakhstan) a déclaré que parmi les priorités que son gouvernement s’est fixé dans le domaine de la sécurité nationale figure la recherche d’une politique démographique forte.  La population a fortement augmenté, ces 15 dernières années, malgré des flux migratoires importants vers l’étranger.  Entre 1999 et 2005, l’amélioration des conditions économiques au Kazakhstan a permis d’enrayer le départ des membres des principales ethnies et de faciliter les rapatriements de ceux qui étaient déjà partis.  Au Kazakhstan, selon les pronostics du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le coefficient de dépendance démographique augmentera chez les personnes âgées de plus de 60 ans, a poursuivi le représentant.  Il a aussi relevé d’autres problèmes
comme le taux de mortalité, en particulier chez les enfants qui diminue, mais qui reste trop élevé.  Il a donc souligné la nécessité de renforcer l’accès des femmes aux soins de santé génésique et des personnes âgées aux soins de santé gériatriques. 


M. JOHN B. SERUT, Vice-Ministre du plan et du développement national du Kenya, a déclaré que le monde est entré dans une transition démographique qui a et qui continuera d’avoir des effets en profondeur sur l’importance et la structure de la population.  Le processus de vieillissement s’accélère et dans moins d’une décennie, le ratio de dépendance dans les pays développés devrait s’accroître autant que lors des trois dernières.  Le vieillissement de la population aura donc un impact durable sur le développement économique des États.  Dans sa planification économique, le Kenya continue d’être préoccupé par la situation des jeunes.  Représentant 52% de la population du pays, les enfants posent la nécessité d’élargir l’accès à l’éducation et à la formation.  Une loi sur les enfants a donc été promulguée et une seconde concernant les orphelins est à l’étude.  Les mutilations génitales sont par ailleurs interdites, a poursuivi le représentant.  En outre, une politique sur la santé reproductive a été lancée et un Ministère de la jeunesse a été chargé de mettre en œuvre toutes les stratégies relatives à l’amélioration des conditions de vie des jeunes.  Pour leur permettre de pleinement participer au développement du pays, le Gouvernement a mis au point des plans de formation à tous les niveaux.  S’agissant des personnes âgées de plus de 65 ans, qui représentent 3% de la population au Kenya, le Gouvernement est en train de mettre au point un projet de politique nationale en leur faveur. 


M. JOAO SALGUEIRO (Portugal) a indiqué que son pays fait face à un vieillissement de sa population, comme de nombreux pays européens.  L’espérance de vie au Portugal a augmenté, entre 1995 et 2005, de 3 ans pour les hommes et de 2 ans pour les femmes, atteignant respectivement 74,9 ans et 81,4 ans.  Le représentant a aussi affirmé que le taux de fécondité du pays était de 1,4 par femme, soit un des plus bas d’Europe.  La proportion de 17,1% des personnes âgées est plus importante que celle des jeunes qui stagne à 15,6%, a-t-il ajouté.  Selon les estimations, le vieillissement de la population se poursuivra jusqu’en 2050, et les conséquences sociales et régionales de ce vieillissement poseront de nouveaux problèmes de société.  Il faut donc, a dit le représentant, travailler ensemble pour élaborer des réponses politiques globales.  Au niveau national, il a insisté sur l’importance de la coordination entre les Ministères de la santé, de l’éducation, de l’emploi et de la solidarité sociale pour traiter des questions de population.  En outre, le renforcement de la solidarité entre les générations et la promotion du partage des ressources et des expériences des personnes âgées peuvent bénéficier à l’économie et à la société, a argué le représentant, qui a cité quelques mesures gouvernementales pour lutter, entre autres, contre l’isolement des personnes âgées.  Il a ainsi indiqué qu’en plus de fournir des schémas de protection sociale adéquats, son pays souhaite promouvoir de la souplesse dans les mécanismes de la retraite, tout en réduisant les incitations à la préretraite. 


M. OLIVIER BELLE (Belgique) a déclaré que, conscient des défis et des opportunités que présente le vieillissement de la population, la Belgique a pris plusieurs mesures tant sur le plan fédéral qu’à l’échelon fédéré.  Elle tente aussi de contribuer à l’action de l’Union européenne en la matière, à travers le Groupe de travail sur le vieillissement des populations.  L’objectif est de tenter de mesurer l’impact du vieillissement sur les finances publiques et d’établir des comparaisons des systèmes de retraite dans les États membres de l’Union, a expliqué le représentant.  Dans le cadre des OMD, a-t-il poursuivi, notre action doit impérativement intégrer le fait incontournable que le Sud vieillira rapidement et encore plus rapidement que dans le Nord, a souligné la délégation.  Il s’agit là d’une des conclusions de la conférence qui s’est tenue à Bruxelles en mars 2007.  Organisée par la Plateforme belge pour la population et le développement, cette conférence a donné lieu à une série de recommandations.  Le représentant en a présenté deux, à savoir que le vieillissement ne peut être considéré comme un problème économique, mais il constitue un défi et même une chance.  Il faut aussi développer une approche dite « cycle de vie » sous la forme d’un dialogue entre générations qui consisterait à préparer et à sensibiliser les jeunes au fait que le vieillissement est une part naturelle de la vie et bénéfique pour la société.  Le représentant a, en conclusion, salué le fait que la problématique de la violence contre les femmes fasse l’objet des travaux de la Commission.


Mme CARMEN ALCAIDE (Espagne) a indiqué que son pays est en pleine transition démographique, après une baisse du taux de natalité et une augmentation de l’espérance de vie.  Elle a insisté sur le facteur de l’immigration dans les changements de la structure des âges en Espagne.  Elle a rappelé que ce pays a connu un flux rapide, élevé et inattendu d’immigrés.  Toutefois, ce flux, généralement de jeunes personnes, ne règle pas le problème du vieillissement dans le pays.  Les immigrés représentent actuellement 10% de la population espagnole et leur flux constant rend difficile les prévisions démographiques parce qu’on ne sait pas comment le nombre des nouveaux arrivants, qui aujourd’hui est d’environ 50 000 personnes par an, évoluera au cours des prochaines années, a expliqué la représentante.  Les flux de migrants peuvent bénéficier à la fois au pays d’accueil et au pays d’origine.  S’appuyant sur l’exemple de l’Espagne, la représentante a déclaré que si ces migrants représentent d’abord un coût immédiat, notamment dans les dépenses sociales, ils représentent par la suite un avantage important en matière de main-d’œuvre.  Ils sont donc un facteur positif pour l’économie et à long terme, les dépenses publiques.  Les pays d’origine bénéficient aussi, dans une certaine mesure de ces départs, en étant les destinataires des envois de fonds qui augmentent les revenus et les investissements sur leur territoire.


Mme AUDREY SEAH (Singapour) a déclaré que son pays a l’un des taux de vieillissement les plus élevés du continent asiatique, un taux qui s’accéléra encore en 2011 lorsque la génération actuelle des travailleurs quinquagénaires atteindra l’âge de 65 ans.  Le taux de fécondité est faible, ce qui risque d’alourdir le fardeau socioéconomique.  La représentante a donc estimé que ce phénomène ouvre des possibilités et qu’il faut changer la mentalité qui veut que les personnes âgées représentent un fardeau plutôt qu’un atout.  Singapour a intégré la problématique du vieillissement dans son ordre du jour politique, a-t-elle expliqué en soulignant que le Comité ministériel sur le vieillissement est placé sous l’autorité directe du Ministère de l’Intérieur, ce qui montre l’importance qu’attache le Gouvernement à cette question.  Un comité tripartite a, en outre, été créé pour favoriser l’emploi des personnes âgées.  Un deuxième effort a pour but d’adapter le système de transport public aux besoins des personnes âgées.  Aussi, le réseau métropolitain a-t-il été entièrement réaménagé.  Singapour, a conclu la représentante, a aussi adopté une loi qui fait obligation aux enfants de s’occuper des personnes âgées lorsque cela est nécessaire.  Enfin, un vaste programme de sensibilisation a également été lancé.


Mme LUDMILA KISELEVA (Fédération de Russie) a indiqué que son pays connait aussi une transition démographique.  La Fédération de Russie est parmi les dix pays qui ont le taux le plus bas de natalité dans le monde et ce phénomène s’accompagne d’un vieillissement de la population.  Les questions de population constituent donc une priorité fixée par le Gouvernement dans l’ordre du jour du développement socio-économique, a affirmé la représentante.  Faisant part des mesures prises pour améliorer et stabiliser la situation démographique, elle a cité les efforts faits pour stimuler le taux de natalité, diminuer celui de la mortalité ou encore promouvoir la santé de tous, et particulièrement des femmes enceintes.  Par ailleurs, elle a reconnu que, comme beaucoup de pays, la Fédération de Russie étudie avec soin la nécessité de revoir les questions liées à la protection sociale et à la retraite pour les adapter aux changements démographiques.  La représentante a aussi fait observer que son pays discute actuellement du rôle que peuvent avoir les migrations internationales dans la réponse au vieillissement de la population et qu’à cet égard, la Fédération de Russie s’emploie à élaborer un cadre législatif pour attirer les travailleurs migrants et assurer la protection de leurs droits.


Discours liminaire et table ronde


M. SOMNATH CHATTERJI, Chef de l’équipe chargée des études multinationales, Systèmes de mesure et d’information sanitaire (MHI) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a reconnu que le vieillissement est devenu une préoccupation pour l’ensemble des responsables du monde entier, et pas seulement en ce qui concerne la santé.  Le Département d’État américain a organisé récemment une Conférence sur la question, ce qui démontre l’importance qu’elle revêt.  Les préoccupations sont largement partagées, dans la mesure où le phénomène pourrait entraîner une augmentation des dépenses sociales.  Le vieillissement est non seulement une question de santé, mais aussi une question de développement.  Ainsi, les femmes âgées sont plus nombreuses que les hommes, alors même que gagnant en âge, elles sont plus vulnérables aux problèmes du vieillissement. 


Par ailleurs, les personnes âgées de 85 ans et plus seront plus nombreuses dans les 25 prochaines années que celles âgées de plus de 65 ans.  Il faudra donc faire face à un problème de prise en charge des maladies chroniques qui accompagnent inévitablement le vieillissement.  Mais, les changements intervenus dans l’espérance de vie ne sont pas uniformes d’un pays à l’autre, a fait observer l’expert, qui a déclaré qu’ils vont se poursuivre.  Si l’on n’y fait pas face, on risque de se retrouver face à une « pandémie » du vieillissement.  Aux Etats-Unis, par exemple, le nombre de personnes se trouvant dans une situation d’incapacité a diminué entre 1982 et 1999, mais cette tendance pourrait s’inverser avec le départ à la retraite de la génération des « baby-boomers ».  En effet, le nombre de maladies infectieuses, de cancers et d’accidents vasculaires cérébraux va aller en augmentant, en raison du vieillissement accéléré de la population mondiale.


Le panéliste a ensuite expliqué que l’une des attentes de la population vieillissante dans le monde est de développer des liens plus étroits avec la famille et les proches.  Or, c’est la tendance inverse qui se produit.  D’autre part, dans les pays à haut revenu, le tabagisme a diminué de façon radicale parmi les personnes les plus âgées, tandis que dans les pays en développement, les hommes âgés continuent de consommer du tabac.  Le niveau d’activité physique diminue en revanche dans les pays en développement comme dans les pays développés à mesure que la population vieillit.  Le panéliste a donc indiqué que pour maintenir la santé des groupes les plus âgés, il faut améliorer leurs conditions de vie, leur niveau d’activité physique et prévenir l’apparition des maladies traditionnellement associées à l’âge.


Dans la discussion interactive qui a suivi cette présentation, la représentante du Chili a souligné que les études sur le vieillissement et la santé sont indispensables.  Elle a souhaité savoir quelles sont les maladies chroniques qui touchent particulièrement la femme âgée.  Il faut investir dans la santé très tôt dans la vie, a reconnu à son tour la représentante de l’Allemagne, avant de s’interroger sur l’impact de l’alcool sur la santé des personnes âgées.  L’expert de l’OMS a répondu qu’en vieillissant, les femmes développent certaines maladies chroniques comme l’arthrose qui est plus répandue chez elles que chez les hommes. 


S’agissant de l’alcool, il a noté que si sa consommation a bien sûr un impact sur la santé et la mortalité des personnes âgées, la plupart des alcooliques décèdent jeunes.  En conséquence, l’alcoolisme chez les personnes âgées est moins important.  Interrogé par le représentant de la Norvège sur le taux élevé de démence et de la maladie d’Alzheimer dans le monde développé, l’expert a reconnu qu’on ne comprend pas encore bien ce phénomène et qu’un réseau de scientifiques a été créé pour l’étudier.  Il semble, en effet, que la démence n’est pas aussi répandue dans les pays en développement mais on ne sait pas si c’est le résultat des méthodes utilisées pour calculer sa prévalence ou si c’est pour d’autres raisons.


Suite du débat général consacré à l’expérience des pays dans le domaine de la population: le changement de la structure par âge de la population et ses conséquences sur le développement


M. FERENC KAMARAS (Hongrie) a déclaré que la population de son pays a connu un changement dans sa pyramide des âges qui est conforme à la tendance observée dans l’ensemble des pays européens.  La Hongrie a vécu, en effet, une baisse du taux de fécondité, au début des années 80, qui a été précédée d’une baisse de la mortalité, dans les années 60.  Face au vieillissement de la population, le Gouvernement hongrois a adopté un certain nombre de mesures, dont la réforme du système des pensions, qui doivent faire l’objet d’un large consensus.  Ainsi, l’ancien système par répartition devrait être remplacé par un système par capitalisation.  En outre, la Hongrie a reconnu que le maintien d’un flux migratoire peut permettre d’enrayer la baisse de la natalité.  Les autorités essaient aussi de créer un environnement favorable aux couples qui souhaitent élever des enfants, et ce afin d’encourager un retour de la natalité et relever le défi majeur que constitue le vieillissement au XXIe siècle.


M. TOMAS M. OSIAS (Philippines) a affirmé que les questions liées à la population sont des priorités pour son gouvernement, en raison notamment de leurs impacts économiques.  Les Philippines vivent un changement lent de sa structure d’âges et la population est encore jeune; les personnes de moins de 15 ans représentant encore 37% de la population.  Le représentant a toutefois relevé le déclin des taux de natalité et alors que la proportion de personnes âgées augmentait.  Mon pays est déterminé à tirer profit de cette transition dont découle le « dividende démographique », a-t-il dit, en indiquant que la priorité des Philippines est de faire contribuer les jeunes au développement et d’utiliser efficacement ses vastes ressources humaines, tout en prenant soin du segment vieillissant de la population.  Le représentant a fait part des initiatives prises par son gouvernement en faveur des jeunes, et notamment pour promouvoir une conduite sexuelle responsable, mais aussi pour leur permettre de prendre part aux décisions.  Il a, par ailleurs, confié que son pays est inquiet de l’émigration de ses citoyens; 8 millions d’entre eux travaillant à l’étranger.  Les Philippines s’attachent donc à renforcer les politiques, à cet égard, pour faire face à ce phénomène démographique unique.  Il s’agit de réduire le coût économique et social de l’émigration, tout en en optimisant les bénéfices.  La population philippine est encore jeune, mais il faut traiter du vieillissement de la population très tôt, a reconnu le représentant, qui a dit que dans cette perspective, le pays travaille à l’équité intergénérationnelle et encourage les personnes âgées à contribuer à l’édification de la nation. 


M. DAVID GALINDO (États-Unis) a déclaré que le vieillissement est une préoccupation importante de son gouvernement, qui a mis l’accent sur une approche pluraliste des personnes âgées.  Aux États-Unis, ce sont les familles qui fournissent à 80% les soins aux personnes âgées, car celles-ci préfèrent rester près des leurs.  Le National Institue of Ageing s’efforce de mettre sur pied des stratégies en vue d’augmenter l’espérance de vie, en favorisant la lutte contre les maladies liées à la vieillesse.  Par ailleurs, face à la progression de la population âgée de plus de 85 ans, les États-Unis encouragent la participation durable des personnes âgées de plus de 60 ans, qui souhaitent rester actives, dans le domaine de l’économie.  Un aspect clef de notre expérience nationale consiste à la comparer à celle d’autres pays, a conclu le représentant, qui a jugé important de mettre en commun les résultats pour apprendre les uns des autres.


M. DAMIR ZUPAN (Croatie) a indiqué que dans son pays, en quelques années, la population âgée est devenue plus importante que celle des jeunes et que cela pose des problèmes de main d’œuvre.  L’augmentation du nombre de personnes âgées et la réduction de la tranche de la population en âge de travailler représentent un défi pour le système de sécurité sociale et de santé publique.  Le représentant a expliqué que son pays a, entre autres, décidé d’impliquer une plus grande partie de la population dans le monde du travail, en encourageant l’emploi des personnes de 55 à 65 ans et des femmes, dont le taux de participation était relativement bas.  La Croatie s’emploie à rendre plus souple le marché de l’emploi et à développer des programmes de formation continue.  Le représentant a conclu en indiquant que depuis 2003, son pays s’est doté d’un Ministère de la famille, des vétérans et de la solidarité intergénérationnelle, qui traite spécifiquement des besoins spécifiques des personnes âgées. 


M. SUGIRI SYARIEF (Indonésie) a déclaré que le nombre croissant de jeunes et de personnes âgées dans son pays représente un défi pour le Gouvernement.  Celui-ci a mis l’accent sur des actions en faveur de la jeunesse, en particulier sous la forme de programmes de formation et d’accès aux soins de santé génésique.  La planification familiale demeure une priorité du Gouvernement indonésien qui a prêté, ces dernières années, une attention particulière aux femmes en âge de procréer.  Alors que le nombre de personnes âgées de 15 à 29 ans représente un tiers de la population active, il est devenu indispensable de lancer des initiatives en leur direction.  C’est ce qu’a fait le Gouvernement, en revalorisant les modules de formation professionnelle.  Le représentant a, en outre, présenté un système de protection sociale amélioré.  Un projet pilote, qui a été lancé dans cinq provinces à l’intention de plus de 4 000 personnes, sera prochainement appliqué dans tout le reste du pays.  Seule l’aide des partenaires au développement permettrait à l’Indonésie de poursuivre de tels programmes, a prévenu le représentant.


Mme ULLA STROM (Suède) a noté que, dans son pays, l’espérance de vie est de 79 ans pour les hommes et 83 pour les femmes.  Elle a toutefois regretté que les personnes âgées ne soient pas considérées comme un atout dans la plupart du monde occidental.  Il faut réapprendre à respecter nos aînés et ne pas les voir comme un fardeau économique, a-t-elle insisté.  Les personnes âgées sont des membres importants de notre société et peuvent contribuer au bien-être collectif.  Elle a affirmé que le vieillissement de la population est un progrès important alors que dans certains pays, atteindre le troisième âge participe d’un véritable défi.  Mme Strom a, par ailleurs, insisté sur l’importance d’élaborer un système de retraite adéquat.  Elle a expliqué que celui qui est en place en Suède encourage un maintien plus long des bénéficiaires sur le marché du travail.  Pour permettre aux gens de travailler plus longtemps, il faut aussi un système efficace et accessible de soins gériatriques pour que les personnes âgées ne soient pas à la charge de leurs enfants.  La société doit s’adapter aux besoins et aux désirs des personnes âgées, notamment en les faisant participer à la société, a insisté la représentante. 


M. ABDUL ALIM (Bangladesh) a rappelé qu’en dépit de leur grand nombre, les personnes âgées ne reçoivent pas suffisamment d’attention de la part de la communauté internationale.  Les États doivent donc faire face aux nouvelles réalités avec des programmes et des politiques appropriés.  Parallèlement, dans les pays les moins avancés (PMA), la situation des jeunes est devenue très préoccupante, car elle est encore aggravée par la pauvreté.  Pour sa part, depuis 1990, le Bangladesh a enregistré une progression encourageante de ses indicateurs humains, avec notamment une réduction drastique de la mortalité ainsi que de la natalité, grâce à la planification familiale.  En deux décennies, le pays a également connu une grande croissance de sa population urbaine.  Dès lors, il a dû s’attaquer à une hausse importante du chômage et à la modicité des salaires.  Le Gouvernement l’a fait, en lançant un plan d’investissement stratégique à long terme d’un montant de 5,5 milliards de dollars pour financer la formation des jeunes et en introduisant, parallèlement, une prestation pour les seniors.


Mme DEL RIEGO (Mexique) a affirmé que dans son pays, l’impact positif ou négatif de la mutation actuelle de la pyramide des âges dépendra des politiques mises en œuvre pour répondre aux nouvelles réalités.  Elle a reconnu que la large proportion de personnes entre 15 et 25 ans représente un défi pour le pays.  Ces jeunes constitueront la majorité des personnes en âge de travailler dans les 25 prochaines années, a-t-elle précisé.  Elle a cependant constaté que, selon les estimations, le nombre de jeunes âgés de 15 à 24 ans doit diminuer d’ici 2050.  Elle a mis l’accent sur les efforts du Mexique pour améliorer les conditions de vie des jeunes, citant, entre autres, la réduction des grossesses chez les filles de 15 à 19 ans ou encore l’augmentation importante du niveau d’éducation des jeunes.  Elle a déclaré que les jeunes représentent une force de changement pour construire un meilleur Mexique et que la capacité du pays à leur offrir des opportunités influencera la réponse aux défis du vieillissement.  Elle a souligné que les personnes âgées représentent 8% de la population totale et que près de la moitié de ce groupe d’âge continue à travailler dans le secteur informel.  La représentante a admis que le vieillissement de la population pose des défis au système de santé et que l’État a l’obligation de veiller au bien-être intégral des personnes âgées.


M. RYUZABURO SATO (Japon) a rappelé que pendant la période de transition démographique que son pays a traversée, au cours des dernières décennies, il a fallu améliorer l’accès aux soins de santé de base, la prévention des maladies infectieuses et la protection sociale.  Pour faire face au vieillissement inéluctable de la population mondiale, le Japon s’est efforcé de mettre son expérience au service de la communauté internationale, tout en poursuivant, au niveau national, une action fondée sur le concept de sécurité humaine.  Ainsi, le nombre croissant de personnes âgées au Japon a nécessité l’amélioration des régimes de pension et la réforme du système d’assurance maladie pour assurer une sécurité sociale durable.  L’approche retenue peut servir de référence à d’autres pays, a suggéré le représentant, en indiquant que le Gouvernement a également pris des mesures en faveur des femmes qui ont arrêté le travail pour élever leurs enfants.


Mme VLASENKO (Ukraine) a souligné que le vieillissement de la population dans son pays a un impact sur l’économie et la société dans son ensemble.  Elle a fait remarquer que d’ici 2050, le pays devrait compter 33% de personnes âgées.  En conséquence, la solution des problèmes démographiques est d’une importance capitale pour le Gouvernement.  Parmi les orientations prises par l’Ukraine, la représentante a mis en avant l’intention du pays d’assurer un emploi aux personnes âgées, d’éliminer la pauvreté, de fournir un soutien social adéquat et de développer des services de logement ou d’alimentation pour les personnes âgées.  Elle a enfin insisté sur l’importance de créer et de soutenir, au sein de la société, l’image de la personne âgée comme disposant d’un potentiel réel.


Mme FAIZAH MOHD. TAHIR (Malaisie) a déclaré que, dans les deux prochaines décennies, son pays aura une population encore jeune, ce qui signifie que des ressources importantes devront être consacrées à satisfaire les besoins de ces groupes, notamment en mettant l’accent sur les soins de l’enfant, l’éducation et la formation.  Parallèlement, le nombre en hausse de personnes âgées implique de prendre des mesures supplémentaires en leur faveur.   La Malaisie, a expliqué la représentante, a introduit pour cela une politique nationale sur les personnes âgées et mis en place des infrastructures supplémentaires de soutien.  Des actions seront également lancées pour permettre aux femmes d’entrer plus facilement sur le marché du travail, en particulier dans le secteur privé qui reste le plus gros employeur en Malaisie, a conclu la représentante.


Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a noté que son pays se trouve dans la phase du « bonus démographique » de la transition démographique, caractérisée par une réduction des taux de natalité et de mortalité et un large nombre de personnes en âge de travailler.  La Colombie doit saisir cette occasion pour promouvoir l’investissement social en matière d’éducation et de santé, a-t-elle argué.  Elle a affirmé que son pays a lancé des politiques nationales visant à faciliter l’entrée des jeunes dans le monde du travail, par des programmes de formation notamment, tout en traitant du problème du chômage chez les jeunes.  Elle a estimé que ces actions auront un effet immédiat sur les opportunités offertes aux jeunes pour les rendre indépendants.  Toutefois, elle a reconnu que la Colombie, comme de nombreux pays à revenu moyen de l’Amérique latine, est limitée dans sa capacité de tirer profit de cette transition démographique notamment en raison de son marché du travail et des schémas de migration.  Ces migrations concernent surtout les jeunes qui vont vers d’autres centres économiques, a-t-elle constaté. 


M. NOUNNEH ZASTHOUKOVA (Arménie) a déclaré que son gouvernement a élaboré un programme de stratégie de développement de la population en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Pendant sa mise en œuvre, un document a été élaboré qui signale les moyens d’appliquer la politique démographique de l’Arménie.  Il est évident que l’émigration massive a eu un impact important sur les indicateurs démographiques du pays.  Le processus qui a suivi s’est caractérisé par une distribution déséquilibrée des richesses qui a affecté la structure démographique.  Par ailleurs, conformément aux estimations actuelles, le taux de fécondité a également baissé, faisant du vieillissement de la population un phénomène alarmant, a estimé le représentant.  Or, les conditions de vie des 400 000 personnes âgées se sont détériorées.  C’est la raison pour laquelle le pays a décidé de mettre en place un cadre institutionnel solide, à partir duquel élaborer des directives démographiques réalistes et saines.


M. NIRUPAM SEN (Inde) a déclaré que les pays en développement font face à un défi qui consiste à trouver les ressources nécessaires à la mise en œuvre des priorités de développement résultant du nombre croissant de jeunes, tout en fournissant l’appui nécessaire aux personnes âgées.  L’Inde, a-t-il dit, est caractérisée par un grand nombre de jeunes; la moitié de la population ayant moins de 25 ans.  Le représentant a estimé que le pays pourrait bénéficier de ce dividende démographique jusqu’en 2050 et a indiqué que le pays se prépare déjà à en tirer profit.  Le représentant a, par exemple, indiqué qu’il est question d’augmenter les dépenses publiques, en matière d’éducation.  S’agissant des personnes âgées, il a déclaré que son pays a pris de nombreuses mesures pour assurer leur bien-être, notamment par l’établissement d’un conseil national pour les personnes âgées.  Le représentant a enfin souligné la nécessité d’augmenter les ressources pour permettre au système des Nations Unies d’aider les pays en développement, dans le domaine de la population. 


M. SHAHZADO SHAIKH (Pakistan) a indiqué que son pays connaît, comme de nombreux autres, une transition démographique caractérisée par une réduction de la fertilité.  Toutefois, il a fait remarquer que les taux de natalité très élevés qu’a connus le pays auparavant continueraient à se faire sentir pendant des années.  Au Pakistan, 43% de la population a moins de 15 ans.  Cela veut dire que le nombre de personnes qui seront en âge de procréer va augmenter à l’avenir et qu’il faudra des services de santé et de planification familiale efficaces pour y faire face, a-t-il poursuivi.  Par ailleurs, le représentant a annoncé que son pays s’est doté d’une nouvelle politique démographique depuis 2002, politique qui a été le résultat d’un large processus de consultations.  Il a affirmé que l’objectif de cette politique est d’améliorer la qualité de vie des citoyens, en réduisant la croissance de la population, par le biais de services de santé génésique et de planification familiale accessible et de haute qualité.  Rappelant que le pays est actuellement au sixième rang mondial en matière de population, il a fait part de la détermination du Pakistan à accélérer les progrès.  Réduire encore la mortalité maternelle et infantile, tout en diminuant les taux de natalité demeure notre priorité, a-t-il assuré.  Il a également noté l’importance d’offrir des chances d’éducation et d’emploi pour les jeunes et de réduire les différences entre les sexes, dans ces deux domaines. 


Mme OLGA MABITSELA (Afrique du Sud) a déclaré qu’en Afrique du Sud, les enfants constituent un peu plus d’un tiers de la population.  En 2005, ils étaient au nombre de 18 millions et la majorité d’entre eux âgés de 6 à 12 ans.  Or, 3,4 millions de ces enfants étaient orphelins, une situation largement attribuable au VIH/sida.  C’est pourquoi le Gouvernement sud-africain a adopté un plan national intégré en faveur des enfants et des jeunes touchés par la pandémie ainsi qu’une stratégie de lutte contre le VIH/sida et les maladies sexuellement transmissibles.  Face à un nombre de jeunes plus important que jamais, les autorités sud-africaines se sont lancées dans une « Initiative conjointe sur l’acquisition des compétences », qui rassemble Gouvernement, monde des affaires et instituts de formation afin de renforcer les compétences de la main d’œuvre.  Par ailleurs, la fourniture de soins de santé primaires aux personnes de plus de 60 ans est gratuite dans les zones rurales.  Plus de 2,1 millions de personnes âgées bénéficient, en outre, d’indemnités.  Un forum pour les personnes âgées a également été mis en place pour promouvoir le bien-être de ce segment de la population, a encore indiqué la représentante.


Notant que l’espérance de vie a dépassé 80 ans dans son pays, M. PIERRE-ALAIN AUDIRAC (France) a déclaré que les personnes âgées représenteraient 30% de la population en 2030.  Il a, en outre, souligné que la population active ne devrait plus guère augmenter d’ici à 2050.  Il a affirmé que ces deux phénomènes produisent un déséquilibre des régimes de retraite mais que les réformes de 1994 et de 2003, qui portaient sur la durée de cotisation et le changement d’indexation, ont apporté certains éléments de solution.  Il a estimé que la question des retraites est étroitement liée à l’activité professionnelle des seniors, surtout en France où cette activité se concentre sur les âges intermédiaires.  Une croissance soutenue et durable serait donc le meilleur atout pour élever le taux d’emploi des seniors, a-t-il estimé.  Un Plan national d’action vise tout à la fois le maintien dans l’emploi, la réinsertion sur le marché du travail, l’aménagement des fins de carrière et la lutte contre les préjugés dans les entreprises, a-t-il ajouté.  Par ailleurs, le représentant de la France a argué que la question de la définition du troisième âge se pose face au phénomène d’activité des seniors et de vieillissement sans incapacité.  Il a enfin souligné l’importance de traiter des inégalités au sein de la population âgée car les catégories sociales défavorisées pâtissent d’un niveau de retraite très inférieur mais aussi d’une espérance de vie plus courte.


M. MOHAMMED KHALED ALGWAIL (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que le pourcentage des personnes âgées de moins de 15 ans a augmenté dans le pays, compte-tenu de l’amélioration des soins de santé et de la réduction du taux de mortalité.  Les allocations de pensions de base dont bénéficient les anciens salariés du secteur privé ont été augmentés de 50 à 120% pour les membres de familles pauvres.  Au début de l’année 2007, un fonds fiduciaire a été créé de façon à redistribuer les revenus des investissements pétroliers aux familles des employés de ce secteur.  Des mesures ont également été prises pour encourager les personnes à poursuivre leur activité professionnelle aussi longtemps que possible.  Le Gouvernement libyen est en train de restructurer l’économie pour contenir le chômage, en facilitant l’emploi des jeunes dans différents services.  Afin d’aider les pays en développement et les pays les moins avancés (PMA) à prendre les mesures qui s’imposent pour lutter contre les répercussions du vieillissement, le représentant a recommandé un échange d’expériences et le renforcement de la coopération avec les États qui ont déjà obtenu des succès en la matière.


M. ROBERT HILL (Australie) a présenté la réponse que son pays a apportée au défi du vieillissement de sa population.  Il a expliqué que l’Australie a mis en place des politiques basées sur le renforcement de la participation des seniors au marché du travail, l’augmentation de leur productivité et le soutien aux familles.  Il a affirmé que ces mesures, qui incluent des incitations financières ou encore une meilleure participation des femmes,  permettent de traiter du ralentissement de la croissance de la population active dans le pays.  Nous avons mis en œuvre, a-t-il dit, des politiques pour créer un marché du travail plus souple et améliorer ses liens avec le marché international, a-t-il ajouté.  Faisant suite à la présentation faite ce matin, sur la violence à l’égard des femmes, le représentant australien a déclaré que son pays met l’accent sur la prévention, la santé, la justice et l’accès aux services.  Il a appelé tous les pays à s’engager à éradiquer cette forme de violence, notamment par des changements d’ordre législatif et des mécanismes de soutien aux femmes et aux enfants. 


M. ÁLVARO PORTILLO (Uruguay) a regretté que certains aspects importants ne ressortent pas assez du rapport du Secrétaire général.  D’autres phénomènes se produiront parallèlement au vieillissement, comme la montée de la pauvreté, qui risque de l’aggraver.  Le processus de transition démographique est aussi caractérisé par l’apparition de la famille monoparentale, avec les conséquences que cela a sur le plan social, a souligné le représentant.  En Uruguay, la transition démographique a commencé au début du XXe siècle, ce qui fait de ce pays l’une des sociétés les plus vieilles du monde.  Du coup, l’accent a été mis sur la réforme des régimes de pension en vue d’assurer le bien-être des personnes les plus âgées, a conclu la délégation.


M. TROY TORRINGTON (Guyana) a affirmé que le phénomène d’augmentation de l’espérance de vie et de la réduction des jeunes générations se déroule dans de moins bonnes conditions dans sa région.  Il a estimé que cette transition rapide et visible en Amérique latine et dans les Caraïbes, aura un impact de taille sur la main d’œuvre et les systèmes de sécurité sociale, de retraite et de santé.  Il a jugé évident que ces services ne peuvent plus être financés uniquement par les Gouvernements, en regrettant, en conséquence, que des réformes n’aient pas encore été lancées.  S’agissant spécifiquement du cas du Guyana, il a noté que les conséquences politiques du changement de la structure des âges sont claires, notamment dans la réaffectation des ressources à certains groupes de population.  Il est possible qu’il y ait une plus faible demande pour les inscriptions à l’école mais un besoin plus important de service de santé, de retraite, d’assurance, a-t-il avancé en estimant que cela devrait être reflété dans les politiques et les budgets. 


Mme DIANA RIVINGTON (Canada) a souligné l’importance qu’il y à encourager les individus à travailler plus longtemps et les migrants à rejoindre le marché de l’emploi pour répondre aux bouleversements de la structure d’âge qui représente un défi pour les années à venir.  Elle a souligné que le changement de la composition de la population en âge d’aller à l’école, l’urbanisation et le vieillissement nécessiteront de prendre des mesures dès aujourd’hui.  La délégation a insisté sur la nécessité de réaliser l’objectif visant à faire reculer la pandémie de VIH/sida chez les jeunes, avant de se dire encouragée par les pratiques prometteuses que propose le Secrétaire général dans son rapport, lesquelles devraient permettre de mettre en place des programmes démographiques favorables au développement.


M. ANTONIO GOLINI (Italie) a déclaré qu’il est indispensable de redynamiser l’ensemble de la société pour faire face au problème posé par le vieillissement.  Il a proposé d’accroître la fertilité des couples italiens en retirant tous les obstacles qui peuvent pénaliser le fait d’avoir des enfants et de fonder une famille.  Le représentant a ensuite affirmé qu’il faut accepter l’immigration, qui s’avère profitable sur les plans économiques et démographiques.  Une troisième réponse est de s’attaquer au problème des jeunes sans emploi en réformant le système éducatif et en améliorant la formation.  Le représentant a, en outre, proposé d’optimiser le rôle des femmes sur le marché du travail, avant de faire valoir l’importance de reculer l’âge du départ à la retraite.  Par ailleurs, il est recommandé, a affirmé M. Golini, d’encourager les travailleurs de santé à renforcer leur soutien aux personnes âgées atteintes de problèmes psychologiques et cognitifs.  Actuellement au nombre de 800 000 en Italie, ces personnes doivent bénéficier d’un personnel de santé plus nombreux.


M. CELESTINO MIGLIORE, Observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies, a souligné que tous les indicateurs semblent suggérer que la population mondiale se stabilisera autour de neuf millions d’individus en 2050.  Cette 40e Commission coïncide avec le 40e anniversaire d’un document rédigé par le pape Paul VI, qui mettait l’accent sur la nécessité de parvenir au développement de toutes les sociétés.  Le rapport du Secrétaire général suggère, pour sa part, que les taux de dépendance augmenteront dans certains pays, générant un fardeau plus lourd pour les sociétés concernées.  L’Observateur a affirmé que la solidarité familiale doit, à cet égard, jouer un rôle essentiel.  Il a ensuite insisté sur la nécessité d’aider l’Afrique, en investissant dans l’éducation, en particulier dans l’enseignement primaire, ce qui coûterait neuf milliards de dollars d’ici à 2015, d’après les estimations des Nations Unies.  Dans ce contexte, une attention spéciale doit être accordée à l’éducation et à la formation des filles et des femmes, a-t-il souligné.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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