ONG/627-PI/1795

LA CONFÉRENCE DPI/ONG CONCLUT SES TRAVAUX PAR L’ADOPTION D’UNE DÉCLARATION D’ENGAGEMENT CONTRE LES MENACES QUE POSENT LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

07/09/2007
Communiqué de presseONG/627
PI/1795
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

LA CONFÉRENCE DPI/ONG CONCLUT SES TRAVAUX PAR L’ADOPTION D’UNE DÉCLARATION D’ENGAGEMENT CONTRE LES MENACES QUE POSENT LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES


La soixantième Conférence annuelle du Département de l’information pour les organisations non gouvernementales (ONG) a conclu cet après-midi ses travaux au Siège des Nations Unies, à New York, par l’adoption d’une déclaration d’engagement contre les menaces que posent les changements climatiques, thème à l’ordre du jour cette année.


Cette déclaration fixe notamment un cadre d’action qui définit pour les 12 prochains mois la participation des ONG aux efforts de lutte menée par les Nations Unies contre le réchauffement de la planète.  Ce document vise à harmoniser les positions de plus de 500 d’entre elles, en provenance de 80 pays, présentes à l’occasion de cette Conférence, sur toutes les questions relatives au péril climatique.


Le Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information, Kiyo Akasaka, s’est félicité de la participation, en hausse de 12% par rapport à l’an dernier, des ONG à cette Conférence, ce qui montre que le thème retenu cette année a particulièrement intéressé l’ensemble des participants.


Quatre élèves de l’École internationale des Nations Unies ont ensuite résumé les sept tables rondes qui se sont tenues au cours de ces trois jours et dont les deux dernières ont eu lieu ce matin.


La première a été l’occasion de réfléchir aux « liens entre développement durable, responsabilisation et déontologie ».  Elle a permis également d’examiner en quoi les changements climatiques imposent aujourd’hui à la communauté internationale de faire appel à des méthodes respectueuses de l’environnement.


Les panélistes qui animaient la seconde ont fait des propositions sur le rôle que les ONG et la société civile peuvent jouer pour aider à réduire les émissions de gaz à effet de serre, et pour encourager les gouvernements à prendre des mesures énergétiques dans le cadre d’un système plus intégré des Nations Unies.  Le rôle du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a été longuement évoqué à cette occasion.


Cet après-midi, Rajendra Pachauri, le Président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (IPCC) a expliqué que la hausse des températures s’était tout particulièrement accélérée au cours des 12 dernières années, qui ont vu également les catastrophes naturelles se multiplier partout dans le monde.


Cette tendance, a-t-il prévenu, ne fera que se renforcer, avec des vagues de chaleur, des précipitations extrêmes ou au contraire une sècheresse totale, selon les régions, à moins de prendre des mesures d’atténuation et d’adaptation vigoureuses.


En fin de séance, le journaliste Rolland Smith a lu un de ses poèmes.


Table ronde intitulée « simplifier le système »


Mme MARIA IVANOVA, Directrice du Programme environnemental de l’Université Yale, a estimé que le système des Nations Unies en matière d’environnement était trop fragmenté et souffrait du fait qu’il ne disposait pas d’un organe d’envergure internationale.  De l’avis de Mme Ivanova, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) ne peut jouer le rôle d’un tel organe.  En effet, a-t-elle expliqué, lorsque le PNUE a été établi dans les années 1970, l’environnement n’a pas été considéré comme un domaine d’action à part entière.  La communauté internationale, a-t-elle précisé, avait jugé qu’elle devait simplement disposer d’un organe devant servir de « conscience écologique » des Nations Unies.  En outre, la décision avait été prise de le financer uniquement sur la base de contributions volontaires, car les pays en développement n’avaient pas les moyens d’y participer et considéraient en outre que les préoccupations écologiques étaient celles des pays riches.  Mme Ivanova a souligné que les États-Unis avaient pris la tête des efforts pour faire du PNUE des débuts l’institution solide qu’il devrait être.  Le système des Nations Unies a besoin d’une réforme d’ampleur dans le domaine de l’environnement, a-t-elle conclu, affirmant que la société civile devait y contribuer au même titre que les États Membres.


M. ALEXEY KOKORIN, responsable du Programme du climat et de l’énergie pour la Russie, World Wide Fund (WWF), a expliqué que les changements dans l’Arctique n’avaient pas seulement affecté les populations et les espèces locales, mais aussi le reste de la planète.  Ses conséquences très préoccupantes -à savoir la fonte des glaciers et de la calotte polaire, le réchauffement climatique, la montée du niveau des mers- doivent inciter maintenant la communauté internationale à hâter l’élaboration et l’adoption d’un traité destiné à protéger l’Arctique, plutôt que de livrer ses ressources en hydrocarbures à l’exploitation des grandes puissances, comme la Fédération de Russie.


M. ADNAN AMIN, Directeur du Groupe d’experts de haut niveau du système des Nations Unies pour la coordination (CEB), a déclaré que dans la mesure où les changements climatiques nous concernaient tous, il appartenait à chacun de réfléchir aux moyens d’atténuer leurs conséquences.  Mais, a-t-il souligné, les efforts individuels ne sauraient se substituer à une action collective, qui doit être menée sous l’égide des Nations Unies.  Même s’il a reconnu que la société civile américaine, galvanisée par la lecture du « Printemps silencieux », de la biologiste Rachel Carson, avait ouvert la voie, il n’en reste pas moins que sans le PNUE, jamais des instruments tels que la Convention de Vienne pour la protection de la couche d’ozone ou la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques n’auraient vu le jour.  Il a cependant reconnu l’importance de réformer et de renforcer le système pour lui permettre de mieux faire face aux défis de taille posés par les changements climatiques, à l’heure où le Groupe d’experts a clairement identifié cette question comme la plus importante du XXIe siècle.


M. PAUL HORWITZ, Secrétaire exécutif adjoint, Secrétariat de l’ozone, Programme des Nations Unies pour l’environnement, a souhaité se montrer optimiste en évoquant la mise en œuvre largement réussie du Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d'ozone.  Il a expliqué que ce traité incluait un mécanisme de financement, le Fonds multilatéral, destiné à aider les pays en développement à respecter ses dispositions.  Il a félicité les ONG pour avoir réussi à catalyser l’action gouvernementale et à sensibiliser l’opinion publique à la nécessité de mettre en œuvre le Protocole.  Il faut maintenant mobiliser les énergies en vue de lutter contre les changements climatiques, a plaidé M. Horwitz, en essayant de dépasser les traités qui ne portent que sur un aspect du problème et en se dotant d’un instrument multilatéral solide.  C’est dans ce contexte que les ONG peuvent maintenant jouer un rôle, a-t-il conclu.


Dans le cadre de l’échange de vues qui a suivi, Mme Ivanova a indiqué que cela ne suffisait pas de lutter contre les changements climatiques par « petites étapes » et qu’il fallait mobiliser les énergies collectives et passer à une phase opérationnelle.  Répondant à une question, M. Adnan a estimé qu’il n’y aurait jamais eu de PNUE sans le soutien des États-Unis à la création de cet organe.  Il a estimé qu’il faudrait plutôt sensibiliser l’opinion publique à la nécessité d’un vrai changement de société et convaincre le Gouvernement américain d’investir dans la protection de l’environnement en lui faisant comprendre que cela peut aussi être rentable.


Table ronde sur « le développement durable, la responsabilisation et la déontologie »


M. FIRMINO MUCAVELE, Directeur général du secrétariat du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), a expliqué que le codéveloppement en Afrique se faisait sur la base de stratégies intégrant les dimensions écologique, humaine, sociale et institutionnelle.  Il a ajouté que la dimension environnementale, en particulier, était traitée de manière transversale, la priorité devant être de faire en sorte, à moyen terme, que les pays visés s’approprient les programmes de développement.  C’est dans ce cadre d’appropriation que les pays pauvres doivent adapter leurs infrastructures industrielles au défi vert de demain, en misant notamment sur les énergies renouvelables et la refonte des systèmes de transport.  Le panéliste a ensuite rappelé que le fait de parler des changements climatiques en Afrique revenait à évoquer la disparition de centaines de communautés vivant des pratiques traditionnelles de fermage.  C’est pourquoi, les stratégies de développement doivent avoir pour objectif à très court terme l’atténuation des effets dévastateurs des changements climatiques sur les populations les plus vulnérables.  M. Mucavele a ajouté que, de manière générale, tous les secteurs de la vie économique africaine étaient sensibles aux incidences du réchauffement climatique.  C’est en ce sens qu’il a souhaité que les gouvernements concernés mettent en place des politiques d’ajustement leur permettant, entre autres, de mieux utiliser l’aide reçue de la communauté internationale. 


M. TARIQ BANURI, Directeur du Programme de viabilité future de l’Institut d’environnement de Stockholm, a appelé de ses vœux une action conjointe en matière de développement collant au plus près à l’agenda du changement climatique.  Il a indiqué que les deux principaux facteurs du péril climatique étaient la démographie galopante combinée à une croissance économique incontrôlée.  Ce sont ces phénomènes qui aboutissent à une consommation effrénée d’énergies polluantes et, ce faisant, à l’augmentation des températures.  Pour le panéliste, la taille des enjeux est telle qu’il faudra une révolution culturelle pour pouvoir y répondre efficacement, le monde devant être désormais envisagé selon lui comme un seul et même pays, qu’il a qualifié d’« earthland ».  M. Banuri a encore dit que la croissance à cette échelle devait cesser d’être une machine à broyer les plus faibles et à creuser des inégalités toujours plus grandes.  Il a suggéré de taxer à hauteur de 1% les populations les plus aisées et de reverser la manne ainsi obtenue à l’effort du financement nécessaire des énergies renouvelables dans les pays du Sud. 


Mme OLYA MELEN, Responsable du Groupe juridique de « Environment-People-Law », a centré ses remarques sur l’application des dispositions du Protocole de Kyoto en Ukraine.  Elle a expliqué qu’il était difficile de respecter certains engagements compte tenu de la situation économique de son pays, dont l’essor dépend en grande partie du commerce des hydrocarbures.  C’est pourquoi, a-t-elle dit, un changement en profondeur des mentalités et des manières de faire des affaires prendra du temps en Ukraine.  La panéliste a souhaité que la notion de développement « vert » fasse l’objet de politiques nationales crédibles, de sorte que les entreprises soient incitées par leur gouvernement à investir dans des projets où la problématique environnementale ait toute sa place.


Mme MICHELLE WYMAN, Directrice exécutive du Conseil International des administrations locales pour la durabilité (ICLEI), a déclaré que les villes, dans la mesure où elles polluent le plus, devraient donner l’exemple pour lutter contre le réchauffement climatique.  Plus de 75% de l’énergie planétaire est consommée en ville.  C’est en toute transparence et en encourageant la participation publique que l’action doit être menée pour stabiliser la situation et, au-delà, inverser la tendance en ce qui concerne, en premier lieu, l’émission des gaz à effet de serre.  La panéliste a en outre insisté sur la nécessité d’établir une chaîne de responsabilité vers laquelle se tourner en cas d’échec ou de retard dans la mise en œuvre des accords convenus au niveau international.


Débat interactif


M. Mucavele a répondu aux questions écrites des ONG en réaffirmant que l’Afrique était le continent qui souffre le plus des effets des changements climatiques alors qu’il pollue moins que les autres régions du monde.  Selon lui, les Africains doivent, solidairement et collectivement, faire face aux conséquences climatiques, non seulement pour s’engager sur la voie de la modernité mais aussi pour sortir leurs pays de la guerre.  Les questions environnementales doivent être abordées conjointement avec celles du développement humain, a-t-il également dit. 


De son côté, M. Banuri s’est dit favorable à un renforcement du secteur public chargé, « autant que le secteur privé », de trouver de nouvelles sources de financement du développement durable respectueux de l’environnement et d’assurer une utilisation plus responsable de ces fonds.  Le panéliste a ensuite expliqué que sa vision s’appliquait également aux grandes puissances émergentes, la Chine, le Brésil et l’Inde. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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