À L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE, BAN KI-MOON ENGAGE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE À GARANTIR LA PROTECTION DES JOURNALISTES
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À L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE, BAN KI-MOON ENGAGE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE À GARANTIR LA PROTECTION DES JOURNALISTES
« Cent-cinquante journalistes ont perdu la vie, l’an dernier, dans l’exercice de leurs fonctions, s’est alarmé, ce matin, Ban Ki-moon, dans un message lu par son Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information, Kiyo Akasaka, à l’ouverture des célébrations de la Journée mondiale de la liberté de la presse, axée cette année sur l’action des Nations Unies. À cette occasion, le Secrétaire général a réitéré son appel à la libération d’Alan Johnston, correspondant de la BBC au Moyen-Orient, enlevé à Gaza il y a quelques semaines.
Trois fois plus élevé qu’en 2005, ce chiffre est en grande partie imputable au nombre de tués en Iraq, 69 au total, a précisé le Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsura, dans un message lu par Hélène-Marie Gosselin, Directrice du Bureau de New York. En tout, ce sont 170 professionnels des médias qui ont trouvé la mort en Iraq depuis le début du conflit en 2003, a-t-il déploré.
Toutefois, la liberté de la presse n’est pas simplement en danger dans les zones de conflit, a souligné le Président du Comité de l’information, Rudolf Christen (Suisse), mais aussi dans les salles de presse, où prend parfois forme ce que les Français appellent la « pensée unique ». Un des panélistes invités aujourd’hui,Juan Francisco Ealy Ortiz, Directeur de la publication mexicaine El Universal, a pour sa part fait état des meurtres et disparitions dont sont victimes, chaque semaine dans son pays, les journalistes qui osent écrire sur des sujets jugés trop sensibles, tels que les trafics d’armes ou de drogue.
Dans son message, le Directeur général de l’UNESCO a lancé un appel pour qu’il soit mis fin à la culture d’impunité qui profite aux auteurs de violences à l’encontre des journalistes. Dans une conférence de presse donnée hier à l’ONU, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a souligné que 85% des meurtres de journalistes n’ont donné lieu, à ce jour, à aucune arrestation ou décision judiciaire. Un tel climat ne fait que renforcer la loi du silence parmi leurs collègues et l’autocensure qu’ils s’imposent afin d’éviter de connaître le même sort, a précisé M. Ortiz.
Une presse libre, protégée et indépendante constitue les premiers fondements de la démocratie et de la paix, a expliqué le Secrétaire général. Les gouvernements, les organisations internationales, les médias et la société civile ont tous un rôle à jouer pour garantir ces principes, a-t-il ajouté par la voix de M. Akasaka.
Lors de la table ronde qui a suivi, certaines délégations, notamment celles de Cuba, du Soudan et du Kenya, ont pris la parole pour dénoncer le rôle, selon eux, abusif de certains journalistes accusés de se livrer à une rhétorique propagandiste jugée subversive. Tout en reconnaissant la responsabilité qui incombe aux médias de ne pas répandre des rumeurs infondées, Josh Friedman, Directeur des Programmes internationaux à l’École de journalisme de Columbia University, a déclaré que les journalistes n’avaient pas pour rôle d’être complaisants à l’égard des autorités en place.
Evelyn Léopold, Chef du Bureau des Nations Unies de l’agence de presse Reuters, a estimé que les États Membres et le Secrétariat gagneraient, pour leur part, à communiquer aux correspondants de presse accrédités auprès de l’ONU les informations souhaitées en temps voulu et à les formuler dans un langage clair et précis et, ce, afin de faciliter la compréhension des enjeux par le plus large public possible.
Célébrée chaque année le 3 mai, la Journée mondiale de la liberté de la presse a été établie par l’Assemblée générale en 1993. Cette Journée est une occasion de rappeler au monde qu’il est important de protéger les droits fondamentaux de liberté d’expression et de liberté de la presse, consacrés par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
CÉLÉBRATION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE
Déclarations
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a, dans un message lu par M. Kiyo Akasaka, Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information, déclaré qu’il incombait aux Nations Unies d’être le défenseur indéfectible de la liberté de la presse, ainsi que des hommes et des femmes dont le talent et le dévouement permettent à la liberté de la presse de s’exprimer. Le Secrétaire général a jugé plus que préoccupant le fait que des journalistes soient pris pour cibles. Au cours de l’année précédente, plus de 150 journalistes ont perdu la vie dans l’exercice de leur tâche, a-t-il souligné, ajoutant que d’autres ont été blessés, harcelés, détenus ou pris en otages. Tout cela s’est non seulement produit dans le cadre de conflits armés, mais aussi lorsqu’ils enquêtaient dans des affaires de corruption ou d’abus de pouvoir, ou en traitant de la pauvreté.
Le Secrétaire général a également appelé à la libération immédiate du journaliste de la BBC, Alan Johnston, dont la couverture des événements au Moyen-Orient et dans le conflit israélo-palestinien force le respect à travers le monde, a-t-il souligné. Selon M. Ban Ki-moon, les attaques contre la liberté de la presse sont des attaques contre le droit international, contre l’humanité, contre la liberté elle-même, contre tout ce que défendent les Nations Unies. Une presse libre, protégée et indépendante constitue les premiers fondements de la démocratie et de la paix, a-t-il poursuivi. Les gouvernements, les organisations internationales, les médias et la société civile ont tous un rôle à jouer pour garantir ces principes, a conclu le Secrétaire général, dans ce message lu par M. Akasaka.
SHEIKHA HAYA RASHED AL KHALIFA (Bahreïn), Présidente de l’Assemblée générale des Nations Unies, dans un message lu par M. Christian Wenaweser (Liechtenstein), Vice-Président de l’Assemblée générale, a déclaré que la quête de la liberté d’expression trouvait sa plus belle manifestation dans la détermination à garantir la liberté de la presse. Aujourd’hui, alors que nous célébrons la Journée mondiale de la liberté de la presse, nous avons l’occasion de réaffirmer cet engagement, qui est consacré par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Dans son message, la Présidente de l’Assemblée générale a rendu hommage à tous les journalistes qui avaient été l’objet de répressions et lancé un appel pour la libération immédiate du correspondant de la BBC, Alan Johnston, et de tous ceux qui sont détenus illégalement.
M. RUDOLF CHRISTEN (suisse), Président du Comité de l’information des Nations Unies, a rappelé que cette Journée avait été fixée par l’Assemblée générale en 1993 pour symboliser l’engagement de la communauté internationale en faveur de la liberté de la presse. Il a ensuite rappelé que les Nations Unies avaient le devoir de défendre cette liberté partout où elle se trouvait menacée. Lorsque la presse est libre, a-t-il ajouté, la société est en mesure de lutter plus efficacement contre l’injustice. Estimant que le thème choisi aujourd’hui lui paraissait tout à fait pertinent, M. Christen a affirmé qu’en défendant les principes des droits de l’homme, nous défendions notre propre humanité. Journaliste pendant plusieurs années, je me suis souvent senti en danger, a-t-il expliqué. Au cours des 20 années où j’ai publié des articles, j’ai appris que la liberté de la presse n’était pas simplement en danger dans les zones en guerre, a souligné le Président du Comité de l’information, mais aussi dans les salles de presse. Les Français ont une expression pour cela: la « pensée unique ». Cette liberté est également menacée lorsque les journalistes perdent la curiosité dont ils doivent être animés pour faire correctement leur métier. Alors, qu’est-ce que les Nations Unies peuvent faire de plus? s’est-il demandé. Nous le savons, les médias aiment les scandales. Les Nations Unies peuvent donc en faire davantage pour susciter des articles positifs. Il a enfin lancé un appel à l’ONU pour réduire le fossé numérique qui sépare pays en développement et pays développés.
M. KOÏCHIRO MATSURA, Directeur général de l’UNESCO, dans un message lu par Mme Hélène-Marie Gosselin, Directrice du Bureau de l’UNESCO à New York, a souligné que la Journée mondiale de la liberté de la presse était l’occasion de rappeler au monde l’importance qu’il y a à protéger le droit fondamental de la liberté d’expression, consacré dans l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. La violence contre les professionnels des médias constituant aujourd’hui l’une des plus grandes menaces contre la liberté d’expression, le Directeur général de l’UNESCO a décidé de dédier cette journée à la sécurité des journalistes. Au cours de la dernière décennie, nous avons été les témoins d’une escalade dramatique de la violence contre les journalistes, les professionnels des médias et le personnel associé, a-t-il dit, constatant que dans un grand nombre de pays à travers le monde, les professionnels des médias sont harcelés, attaqués, emprisonnés et même assassinés, l’année 2006 ayant été la plus sanglante avec plus de 150 journalistes tués.
Être journaliste n’a jamais été aussi dangereux, a assuré le Directeur général de l’UNESCO dans son message, citant l’exemple de l’Iraq où 69 professionnels des médias ont été tués, plus de 170 des journalistes locaux pour une vaste majorité d’entre eux, l’ayant été depuis le début du conflit en 2003. Jamais dans l’histoire connue, nous n’avons assisté à un aussi grand nombre d’assassinats de journalistes, a-t-il précisé. Selon lui, l’aggravation de la violence contre des journalistes est une preuve tragique s’il en est de l’importance des médias pour des démocraties modernes. Toute attaque contre des journalistes est une attaque contre nos libertés les plus fondamentales, a-t-il déclaré, affirmant que la liberté de la presse et la liberté d’expression ne peuvent être assurées s’il n’y a pas de sécurité de base. M. Matsura a lancé un appel pour que soit mis un terme à la culture d’impunité qui sous-tend les violences contre les journalistes. Le Directeur général de l’UNESCO a invité, en cette Journée mondiale de la liberté de la presse, à réfléchir aux moyens de mieux faire connaître et promouvoir les valeurs respectant le rôle essentiel des médias dans la promotion de la paix durable, la démocratie et le développement. Il y a lien intime entre la sécurité des journalistes et notre propre liberté, a conclu M. Matsura, dans son message lu par Mme Gosselin.
M. TUYET NGUYEN, Président de l’Association des correspondants de presse des Nations Unies (UNCA), a déclaré que cette Association avait le devoir particulier de veiller à l’élargissement de la liberté de la presse. Pourtant, a-t-il rappelé, le Comité de protection des journalistes (CPJ) a publié une nouvelle étude qui établit que la liberté de la presse s’est encore dégradée depuis 2002. Pour de nombreux journalistes qui travaillent ici, l’ONU est un lieu où les journalistes ont la possibilité de documenter son action partout dans le monde. Les gouvernements qui ont adhéré aux grandes conventions internationales doivent respecter la liberté de la presse, a-t-il insisté. En tant que Président de l’UNCA, il a émis l’espoir que M. Ban Ki-moon resterait aussi disponible qu’il l’avait été ces dernières semaines.
Table ronde
Ouvrant la discussion interactive, EVELYN LEOPOLD, Chef du Bureau des Nations Unies de l’agence de presse Reuters, a rappelé qu’il était parfois difficile de travailler avec les États Membres, dans la mesure où ils essaient de contrôler les informations qui circulent dans le bâtiment. Souvent aussi, l’ONU « se tire une balle dans le pied », a-t-elle déclaré, comme cela a été le cas avec le programme Pétrole contre nourriture, suggérant que les décisions concernant de telles questions soient prises au plus haut niveau pour réparer les erreurs commises. Rappelant ensuite que le Secrétaire général s’était rendu la semaine dernière en Syrie, Mme Leopold a regretté qu’il n’ait pas été en mesure de donner la moindre information sur ses entrevues. Il va donc falloir apprendre à mieux communiquer, a-t-elle estimé. Par ailleurs, en matière de maintien de la paix, il faut arrêter de parler de « milices » à tout propos, par exemple, sans dire de qui il s’agit exactement, a ajouté la panéliste. Pour elle, dans la langue de bois officielle, se dissimule une pensée « insuffisante » qui fait obstacle à la compréhension des problèmes du monde. Elle a enfin demandé que les programmes de travail de l’ONU soient communiqués le plus tôt possible aux journalistes et rédigés dans un langage aussi clair et précis que possible, en particulier pour le Conseil de sécurité, qui recourt trop souvent à des libellés génériques du type « Menaces à la paix et à la sécurité », a-t-elle regretté.
Intervenant à son tour, JUAN FRANCISCO EALY ORTIZ, Directeur de la publication mexicaine El Universal, a fait état d’un recul de la liberté de la presse en Amérique latine, où le nombre d’attaques commises contre des journalistes, et restées impunies, est en hausse. Il a cité l’exemple de son pays, où des meurtres et disparitions de journalistes se produisent chaque semaine au Mexique, en particulier ceux qui enquêtent sur des questions sensibles, telles que le trafic d’armes ou le trafic de stupéfiants. M. Ortiz a dénoncé la loi du silence qui prévaut en Amérique latine, où ces violences, en raison du poids de l’autocensure que s’imposent d’autres journalistes, ne sont jamais dénoncées.
Chef du Bureau de Washington d’Al-Jazeera, ABDERRAHIM FOUKARA, a également critiqué la forme d’autocensure qu’il constate parfois aux Nations Unies. Certains savent que le savoir c’est le pouvoir et veulent donc contrôler l’information, a-t-il fait remarquer. Le journaliste, qui fut correspondant accrédité auprès des Nations Unies, a par ailleurs qualifié de « jalon important » la résolution adoptée par le Conseil de sécurité condamnant l’assassinat d’un journaliste libanais. Cette bonne mesure, a-t-il dit, fut également déconcertante car l’assassinat de ce journaliste n’a été dénoncé que parce que les grandes puissances avaient des intérêts dans les questions concernant le Liban.
JOSH FRIEDMAN, Directeur des Programmes internationaux à l’École de journalisme de Columbia University, a estimé que si une loi devait protéger les journalistes, celle-ci devrait ne concerner que les journalistes responsables et professionnels. Il convient, a-t-il dit en effet, de protéger le public contre les journalistes irresponsables et la rumeur. Par ailleurs, M. Friedman a regretté que le principe de la liberté de la presse, défendu par l’ONU, ne se vérifie pas forcément dans la pratique. Souvent, a-t-il expliqué, le gouvernement d’un pays où se trouve un bureau de l’ONU n’encourage pas la liberté de la presse.
Pour YUWEL ZHANG, de United Nations Chronicle, la liberté de la presse n’est pas seulement un droit, mais aussi une responsabilité très forte qui pèse sur les épaules des journalistes. La liberté de la presse, c’est également parler des vrais problèmes que connaissent les peuples du monde, a ajouté cette jeune journaliste, précisant que les jeunes devraient être davantage impliqués dans les affaires mondiales, notamment celles qui touchent aux questions humanitaires.
Un certain nombre de délégations, notamment celles de Cuba, du Soudan et du Kenya, ont pris la parole pour dénoncer le rôle, selon eux, abusif de certains journalistes, qui répandraient une rhétorique propagandiste jugée dangereuse. Le délégué du Soudan a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la liberté de la presse et d’opinion et salué la mémoire des journalistes tombés dans l’exercice de leurs fonctions. Toutefois, a-t-il dit, les professionnels des médias ont des droits, mais aussi des obligations. Il a ainsi insisté sur le respect de la diversité et la nécessité d’éviter de tenir des propos incendiaires, comme lors de l’affaire des caricatures de Mahomet. La représentante du Venezuela a, de son côté, contesté l’affirmation de M. Ortiz selon laquelle une chaîne de télévision avait été fermée dans son pays. La délégation cubaine a également réagi aux propos de M. Ortiz selon lesquels 23 journalistes seraient emprisonnés à Cuba, contestant le titre de journaliste revendiqué par ces individus qui sont, selon elle, les agents d’une puissance étrangère. M. FRIEDMAN a répondu que le rôle d’un journaliste n’était pas forcément de complaire à un gouvernement et que, quelles que soient leurs opinions, ces journalistes avaient été emprisonnés pour les avoir exprimées. Cependant, a-t-il souligné, un journaliste doit s’appuyer sur des faits, rappelant qu’aux États-Unis, par exemple, il existait des médias ultraconservateurs qui répandent des rumeurs insensées sur les Nations Unies. Enfin, le Vice-Ministre de l’information du Kenya s’est interrogé, pour sa part, sur les moyens à utiliser lorsque les médias abusent de leurs propres pouvoirs, lorsqu’ils censurent leur gouvernement, lorsqu’ils sont silencieux quand des appels à la haine interethniques sont lancés, lorsque des journalistes sont incapables de relater la réalité dans laquelle ils vivent.
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