LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DÉCLARE À BONN QUE GRÀCE AUX RÉFORMES, L’ONU POURRA RÉAGIR PLUS RAPIDEMENT ET MIEUX RENDRE COMPTE DE SON ACTION
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LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DÉCLARE À BONN QUE GRÀCE AUX RÉFORMES, L’ONU POURRA RÉAGIR PLUS RAPIDEMENT ET MIEUX RENDRE COMPTE DE SON ACTION
(publié le 27 mars, retardé à la traduction)
On trouvera ci-après le texte du discours que la Vice-Secrétaire générale de l’Organisation des Nations Unies, Asha-Rose Migiro, a prononcé le 13 mars, lors d’un déjeuner avec les ministres du développement des pays de l’Union européenne:
Permettez-moi de vous dire à quel point je suis ravie d’avoir l’occasion de m’adresser à vous tous, si peu de temps après avoir pris mes fonctions de Vice-Secrétaire générale de l’Organisation des Nations Unies. Chaque voyage dans ce pays me rappelle l’époque où j’y faisais mes études supérieures: la période exaltante de la chute du Mur de Berlin et de la réunification de l’Allemagne.
Évidemment, si j’ai fait de Bonn la première étape de mon premier voyage officiel, ce n’est pas –du moins pas principalement– pour me rappeler ces merveilleux souvenirs.
Si je suis venue ici, c’est pour vous remercier de l’attachement exemplaire à l’Organisation des Nations Unies dont l’Europe n’a jamais cessé de faire preuve. Collectivement, les États de l’Union européenne constituent le principal contributeur au budget de l’ONU. Vous êtes d’ardents partisans du multilatéralisme, de l’état de droit et de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Vous avez défendu et vous défendez sans relâche la dignité humaine et les autres idéaux qui sous-tendent la Charte des Nations Unies.
Du Moyen-Orient au Kosovo, de l’Afghanistan à la République démocratique du Congo, la collaboration des Nations Unies et de l’Union européenne prend un tour nouveau et encore plus utile. Il ne s’agit plus seulement d’instaurer la paix, mais de promouvoir le progrès social et économique, de défendre les droits de l’homme et d’aider les pays à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. L’expansion de notre collaboration atteste qu’aujourd’hui, l’Union européenne et les Nations Unies ne sont pas seulement des alliés naturels, mais des partenaires essentiels.
Voilà pourquoi cet entretien avec vous dès le début de mon mandat me paraît si opportun.
Comme il s’agit de notre première rencontre, il me semble utile de commencer par dire quelques mots du rôle que j’entends jouer et des principales priorités qui seront les miennes en tant que membre de l’équipe du Secrétaire général Ban Ki-moon.
Le Secrétaire général et moi avons à cœur de voir avancer le processus de réforme de l’Organisation des Nations Unies. Nous avons déjà formulé des propositions dans les domaines du maintien de la paix et du désarmement. Plus généralement, nous entendons également améliorer considérablement le fonctionnement du Secrétariat, ce qui exigera de renforcer la gestion interne et l’utilisation et le développement de nos ressources humaines. Pour ce faire, il faudra mettre l’accent sur la responsabilisation et les contrôles.
Le développement est une autre cause qui m’est très chère. J’ai donc l’intention d’accorder une attention particulière au programme des Nations Unies en matière de développement et plus particulièrement, de déterminer de nouveaux moyens de collaborer avec les gouvernements pour dynamiser les programmes visant la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Je serai en outre chargée de voir avec les multiples organismes et institutions des Nations Unies comment l’action de l’ensemble du système pourrait être coordonnée et unifiée.
J’aborde toutes ces tâches dans un esprit d’ouverture, avec la vaste expérience que j’ai acquise dans les domaines de la gestion et du développement en tant que simple citoyenne et au service de mon gouvernement. Je m’engage à être ouverte aux idées nouvelles et disposée à collaborer avec tous les partenaires qui sont en mesure d’apporter une contribution.
Les pays de l’Union européenne comptent parmi les partenaires les plus fiables des Nations Unies et ceux qui soutiennent le plus l’Organisation. Nos liens sont les plus forts dans le domaine du développement, secteur où la participation et la générosité de l’Europe complètent bien la présence et le savoir-faire des Nations Unies sur le terrain. L’Europe a été à l’origine d’initiatives visant à améliorer la qualité de l’aide, à accroître l’aide fournie à l’Afrique et à annuler la dette. Vos pays forment déjà le plus important bloc de donateurs: plus de la moitié de l’aide publique consacrée au développement dans le monde provient d’États Membres de l’Union européenne.
Il y a vraiment de quoi être fier. Mais nul pays ne peut se permettre de se reposer sur ses lauriers.
En effet, nous sommes tous confrontés aux énormes inégalités qui caractérisent l’économie mondiale actuelle. Dans ce monde où vivent des centaines de milliardaires, des milliards de personnes doivent survivre avec à peine quelques centaines de dollars par an; près de la moitié de l’humanité subsiste avec moins de 2 dollars par jour. Cette situation n’est pas seulement immorale, elle est aussi une cause d’insécurité et d’instabilité dans le monde.
L’élimination de ces inégalités est l’un des principaux Objectifs du Millénaire pour le développement, qui visent à réduire de moitié l’extrême pauvreté dans le monde d’ici à 2015. Or, alors que nous sommes à mi-chemin de cette échéance, la réalisation de tous ces objectifs a pris du retard dans l’ensemble du monde.
C’est pourquoi il est urgent de rattraper le temps perdu si nous voulons honorer notre engagement envers les plus pauvres de la planète. Le Secrétaire général et moi estimons que cette entreprise aussi noble qu’urgente exige que le système des Nations Unies soit à la hauteur du défi à relever. Nous voulons une Organisation qui puisse fixer et défendre non seulement des normes internationales, mais aussi produire sur le terrain des résultats concrets correspondant aux besoins propres à chaque pays.
Or, de l’avis général, la structure actuelle de l’Organisation ne lui permet pas de s’acquitter aussi efficacement qu’il le faudrait des tâches que cela suppose. Une grande partie de nos ressources et de notre savoir-faire en matière de développement est éparpillée entre divers organismes du système des Nations Unies. Il en résulte parfois un chevauchement de l’action entreprise dans les pays par différents éléments du système. Il en résulte aussi une certaine fragmentation aux niveaux national, régional et mondial. C’est pourquoi, au Sommet mondial de 2005, les dirigeants politiques du monde entier ont invité le Secrétaire général à prendre des mesures pour renforcer encore la gestion et la coordination des activités opérationnelles des Nations Unies de sorte qu’elles puissent contribuer véritablement à la réalisation des objectifs arrêtés au niveau international.
C’est pourquoi le précédent Secrétaire général avait, de son côté, demandé aux Premiers Ministres du Mozambique, de la Norvège et du Pakistan de diriger le Groupe d’experts de haut niveau sur la cohérence à l’échelle du système.
Dans son rapport, le Groupe d’experts expose une conception ambitieuse, mais réaliste, d’un système des Nations Unies qui agirait à l’unisson aux niveaux national, régional et mondial, notamment dans les domaines du développement, de l’environnement, de l’aide humanitaire et des droits de l’homme. Il souligne également combien il est nécessaire que ce système repose sur les résultats et soit tenu de rendre compte de son action, ce qui est une priorité du Secrétaire général depuis son entrée en fonctions.
Le Secrétaire général et moi-même appuyons fermement les principales idées énoncées dans le rapport. Nous sommes d’avis qu’elles peuvent contribuer à améliorer sensiblement le fonctionnement du système de l’ONU dans les domaines du développement, de l’aide humanitaire et de l’environnement. Comme un grand nombre des recommandations sont interdépendantes et complémentaires, nous pensons aussi qu’il faudrait les considérer comme un tout cohérent.
En même temps, il est important, en lisant ce rapport, de se placer dans le contexte de la réforme plus générale de l’ONU qui est actuellement en cours. En effet, plusieurs recommandations qui y figurent concordent avec des décisions qui ont déjà été prises concernant la réforme et peuvent donc être appliquées assez rapidement alors que d’autres domaines devraient faire l’objet de débats plus approfondis et de nouvelles consultations.
Pour sa part, le Secrétaire général est fermement résolu à collaborer étroitement avec les États Membres ainsi qu’avec les organes intergouvernementaux compétents. Les États Membres devraient recevoir d’ici à quelques semaines une note du Secrétaire général dans laquelle il donnera son avis sur le contenu du rapport et indiquera ce qu’il compte faire pour y donner suite.
En attendant, voici un aperçu des mesures que nous avons l’intention de prendre:
Nous souhaitons commencer par appliquer les propositions tendant à améliorer les mécanismes intergouvernementaux et les programmes de réforme déjà en place. Je citerai à titre d’exemple:
–Les programmes pilotes « Unis dans l’action », actuellement organisés par le Groupe des Nations Unies pour le développement afin d’uniformiser les opérations de l’Organisation dans huit pays qui se portent volontaires. Ces projets ont été élaborés sur la base des examens réalisés par l’Assemblée générale. S’ils donnaient de bons résultats, on pourrait en poursuivre l’exécution et les transposer ailleurs en tenant compte, bien entendu, des caractéristiques propres au pays ou à la région concernés;
–Parallèlement, l’Assemblée générale, qui tient des consultations régulières sur les activités de l’ONU relatives à l’environnement, pourrait examiner les recommandations faites par le Groupe dans ce domaine. Elle pourrait, s’il y a lieu, pour compléter son examen, tenir compte des débats et décisions d’autres institutions intergouvernementales compétentes;
–Enfin, en ce qui concerne les travaux du Conseil de coordination des chefs de secrétariat de l’ONU, le Groupe d’experts fait des propositions visant à réformer les pratiques de gestion de l’ONU, conformément à des décisions intergouvernementales antérieures. À son avis, il est nécessaire d’assurer, au niveau de tous les organes de l’ONU, une plus grande cohérence en matière de planification, notamment dans le domaine des ressources humaines, des services communs et des procédures d’évaluation. Cela permettrait d’uniformiser le système de l’ONU;
–En outre, le Groupe d’experts recommande au Conseil de coordination des chefs de secrétariat, qui réunit régulièrement les directeurs exécutifs de toutes les institutions de l’ONU, de se pencher sur son fonctionnement. C’est pourquoi le Conseil examinera, au mois d’avril, des propositions tendant à renforcer ses fonctions de coordination et de coopération.
Si elles étaient pleinement mises à exécution, ces initiatives devraient nous permettre d’avoir un système des Nations Unies qui fonctionne mieux. Mais, pour qu’elles produisent tous leurs effets, il nous faudra faire d’autres recommandations et d’autres propositions et les soumettre à l’examen des instances intergouvernementales en sollicitant leur avis. Nous espérons pouvoir continuer à compter à ce propos sur l’appui de l’Union européenne.
Voici quelques-unes des principales propositions sur lesquelles nous aurions besoin de l’avis des États Membres:
En premier lieu, le Secrétaire général et moi-même souscrivons sans réserve aux propositions que le Groupe d’experts a formulées dans son rapport en vue de renforcer les mécanismes de l’ONU en faveur de l’égalité des sexes. J’encourage les États Membres à étudier la possibilité de regrouper plusieurs de ces mécanismes pour former une structure unique et efficace, grâce à laquelle on
pourrait utiliser toutes les ressources du système de l’ONU dans le cadre de l’action que l’on mène pour démarginaliser les femmes et parvenir à l’égalité des sexes dans l’ensemble du monde. Par ailleurs, elle permettrait aussi de mobiliser les forces du changement au niveau mondial, ce qui donnerait de meilleurs résultats au niveau des pays.
En second lieu, pour garantir l’unité de son action dans les pays, l’ONU doit prévoir au niveau central des dispositifs plus cohérents en matière de gouvernance, de financement et de gestion. À cet égard, le Groupe d’experts suggère que le Conseil économique et social soit renforcé dans son rôle et qu’il dispose de pouvoirs et de moyens plus importants pour faire progresser le programme de développement de l’ONU. Il préconise aussi la création d’un conseil pour le développement durable, relevant du Conseil économique et social, qui serait chargé d’assurer le suivi des programmes uniques de pays.
Ces recommandations viennent compléter les mesures qui ont déjà été prises pour faire du Conseil économique et social l’instance intergouvernementale chargée de contrôler et d’évaluer le programme de développement international et son exécution. Ainsi, le Conseil lancera cette année deux nouvelles initiatives qui étaient prévues dans le Document final du Sommet mondial de 2005: l’examen annuel au niveau ministériel et l’instance de la coopération pour le développement.
L’examen au niveau ministériel devrait permettre, à un haut niveau, d’échanger des connaissances, de galvaniser la volonté politique et d’assurer un meilleur suivi du respect des engagements pris par les États pour la réalisation des objectifs convenus en matière de développement.
Quant à l’instance de la coopération pour le développement, elle offrira à tous les pays l’occasion unique de débattre de l’aide et de son efficacité dans un cadre réellement multilatéral. Elle rassemblera un large éventail de parties prenantes, des institutions de Bretton Woods et d’autres organisations internationales aux représentants de la société civile et du secteur privé.
L’application de ces mesures n’ira pas de soi. Les institutions, fonds et programmes des Nations Unies devront vraisemblablement aligner certains de leurs domaines d’activité sur ceux du système dans son ensemble. De même, dans le cadre de l’initiative lancée en faveur de l’unité d’action des Nations Unies, il faudra inciter les donateurs à modifier la façon dont ils financent les activités de l’Organisation en matière de développement. Parallèlement, il faut que les États Membres, qui sont nombreux à le craindre, sachent que cette initiative n’aura aucune incidence sur l’aide au développement fournie par le système des Nations Unies, ne donnera pas lieu à de nouvelles conditions et n’échappera pas au contrôle intergouvernemental.
Il faut qu’il soit absolument clair que ces réformes servent un dessein plus vaste: transformer le système des Nations Unies en une organisation souple, responsable et qui tient ses promesses.
À cet effet, le Secrétaire général a affirmé qu’il entendait collaborer étroitement avec les États Membres, le Président de l’Assemblée générale et les organes intergouvernementaux concernés pour appliquer ces réformes.
En tant que Vice-Secrétaire générale, j’aiderai le Secrétaire général à exécuter ce programme en cherchant à faciliter, en collaboration étroite avec les hauts fonctionnaires de l’ONU, la poursuite du dialogue avec les États Membres.
J’espère qu’en multipliant les consultations avec les États Membres et qu’en insistant sur le respect des mécanismes intergouvernementaux, nous pourrons progresser dans un esprit de confiance et de coopération. En conjuguant nos efforts, nous pouvons renforcer la cohérence et l’efficacité du système des Nations Unies. Nous serions alors en mesure d’avoir une organisation capable de relever les défis d’aujourd’hui … et ceux de demain.
De mon côté, je compte sur la collaboration des États membres de l’Union européenne pour réaliser ce projet. L’autorité et la considération dont vous jouissez auprès des États Membres de l’ONU sont des éléments essentiels de notre réussite, non seulement dans ce domaine mais aussi pour l’exécution de la réforme générale du système des Nations Unies.
J’aimerais maintenant entendre vos impressions et je ne demande qu’à répondre à vos questions.
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