INSTANCE PERMANENTE: DES PARTICIPANTS DÉPLORENT UN MANQUE DE VOLONTÉ POLITIQUE DANS LA MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES EN FAVEUR DES AUTOCHTONES
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INSTANCE PERMANENTE: DES PARTICIPANTS DÉPLORENT UN MANQUE DE VOLONTÉ POLITIQUE DANS LA MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES EN FAVEUR DES AUTOCHTONES
Les retards enregistrés dans la mise en œuvre des politiques en faveur des peuples autochtones et le manque de respect de leurs droits sont au cœur des préoccupations exprimées par les participants à l’Instance permanente, qui se sont intéressés aujourd’hui à la situation des peuples autochtones en Asie et en milieu urbain.
De nombreux participants se sont inquiétés du niveau de pauvreté qui frappe les populations autochtones dans le monde et en particulier en Asie-Pacifique, où la situation est pire, a fait valoir Ganesh Thapa, du Fonds international pour le développement agricole (FIDA), citant l’exemple de la Chine où les autochtones représentent 9% de la population mais 40% des pauvres.
Plusieurs représentants parmi lesquels Mme Brigitte Fiering de l’Organisation internationale du Travail (OIT), ont en effet constaté des retards enregistrés dans la mise en œuvre des politiques en faveur des autochtones en raison d’un manque de volonté politique ou de la faiblesse des moyens dont disposent les institutions pour évaluer leurs besoins spécifiques. Mme Joan Carling, au nom du Caucus Asie a, pour sa part, constaté que certains projets, financés par les bailleurs de fonds, institutions multilatérales et bilatérales et menés dans les zones autochtones, continuaient d’avoir un impact négatif sur ces populations. À cet égard, a déclaré Mme Fiering, il importe de cibler les politiques de développement en faveur des communautés ethniques et de résoudre entre autres, les défis du manque de reconnaissance, du manque de volonté politique et du manque de capacité à mettre en œuvre des politiques adaptées à la diversité des besoins autochtones.
La militarisation, la pratique systématique des déplacements, la perte de leurs terres et territoires ancestraux sont autant de facteurs qui contribuent à l’appauvrissement des peuples autochtones et placent certaines communautés au bord de la disparition complète, ont déploré plusieurs représentant à l’instar de M. Stavenhagen, Rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme sur la situation des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Les peuples autochtones d’Asie subissent en effet des violations très graves des droits de l’homme, notamment dans les domaines du droit à la propriété, à l’accès aux ressources et à la reconnaissance.
Les peuples autochtones doivent figurer en bonne place dans les programmes des droits de l’homme en Asie et les institutions œuvrant dans le domaine du développement et les bailleurs de fonds doivent, pour leur part, respecter le principe de l’accord préalable, informé et librement consenti et, ce, à tous les stades du processus de développement, a déclaré Joan Carling.
Les violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales ont également été au cœur du débat sur la situation des peuples autochtones vivant en milieu urbain, qui s’est tenu dans l’après-midi. Ces violations constituent souvent les causes de la pauvreté persistante des communautés autochtones en milieu urbain, ont indiqué, à l’instar du représentant d’ONU-Habitat, M. Selman Erguden, de nombreux autres intervenants. Les peuples autochtones ont été contraints de se déplacer à cause de la militarisation, des conflits armés, des catastrophes naturelles ou de la centralisation des services urbains avec pour conséquences les crises d’identité, les sévices à l’égard des femmes, l’appauvrissement et la marginalisation, a expliqué M. Nicolas Bawin Anggat, au nom du Caucus d’Asie. C’est pourquoi, il est nécessaire d’associer les communautés autochtones à la prise de décisions qui les concernent et de développer des activités culturelles pour permettre l’autonomisation des jeunes, ont recommandé certains représentants.
L’Instance permanente poursuivra ses travaux demain, mardi 22 mai à 15 heures.
DÉBAT D’UNE DEMI-JOURNÉE SUR L’ASIE
Présentation et déclarations
M. GANESH THAPA, économiste du Fonds international pour le développement agricole (FIDA), a indiqué que, s’ils représentent 5% de la population mondiale, les peuples autochtones constituent 15% des pauvres du monde. En Asie Pacifique, la situation est pire pour les communautés autochtones, a-t-il fait valoir, citant l’exemple de la Chine où les autochtones représentent 9% de la population mais 40% des pauvres. Au-delà de la pauvreté, les peuples autochtones souffrent de l’insécurité, de problèmes de santé et de manque d’accès à l’éducation et sont exposées aux problèmes environnementaux, a-t-il expliqué. Soulignant le fait que les pays ne proposaient que peu de mesures pour combler ce vide, M. Thapa a déclaré que leur niveau de pauvreté augmentera dans les années à venir dans les communautés autochtones si les mesures prises en leur faveur ne sont toujours pas appliquées. Toutefois, la misère des autochtones ne peut pas simplement être expliquée par leur manque d’éducation et de biens, a-t-il souligné. À cet égard, il importe, selon lui, de cibler les politiques de développement en faveur des communautés ethniques.
Faisant part des nombreux programmes que le FIDA mène en Asie Pacifique, M. Thapa a énuméré les cinq piliers d’intervention du Fonds, à savoir l’accès aux ressources de production, l’autonomisation des femmes, le développement des moyens de subsistance des autochtones, le renforcement des institutions et l’introduction des technologies modernes au sein des communautés. En Inde par exemple, un projet a distribué plus de 17 000 titres de propriété foncière pour l’usage des terres, a-t-il indiqué. Thapa a noté un renforcement de la solidarité entre les peuples autochtones. Il a également noté que des amendements constitutionnels avaient permis d’accroître l’accès aux ressources et à la propriété des terres et que, probablement bientôt, l’Assemblée générale adoptera le projet de déclaration des Nations Unies sur les peuples autochtones. En revanche, a-t-il fait remarquer, parmi les problèmes à résoudre subsistent toujours le manque de reconnaissance de ces peuples et le problème de mise en œuvre des conventions internationales et des lois nationales relatives aux droits des peuples autochtones. C’est pourquoi, a-t-il insisté, il faudrait améliorer la manière dont sont affectées et ciblées les ressources des programmes, s’engager sur des actions de long terme et de se pencher sur les questions climatiques.
M. RODOLFO STAVENHAGEN, Rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme sur la situation des droits de l’homme et des libertés fondamentales, qui présentait son rapport sur les peuples autochtones en Asie, a souligné que ceux-ci faisaient face à de nombreux défis. Le rapport, a-t-il dit, décrit différents problèmes et situations préoccupantes concernant les libertés fondamentales des peuples autochtones d’Asie. Selon le Rapporteur spécial, les peuples autochtones d’Asie subissent des violations très graves des droits de l’homme, à la suite de la perte de leurs terres et territoires ancestraux. Ce processus, a-t-il ajouté, s’est accéléré depuis les dernières décennies, plaçant certaines communautés au bord de leur disparition complète. Ce processus résulte de l’extension des économies de plantations, en particulier en Indonésie, en Malaisie et dans d’autres pays de la région du Sud-Est, où une dramatique déforestation accélérée est le résultat de concessions d’État et de coupes illégales. La pratique systématique des déplacements et de l’expulsion de ces communautés est très préoccupante, a-t-il affirmé. Elle résulte de la construction de grands projets, comme les centrales hydroélectriques et les industries d’extraction. Les déplacements sont également parfois la conséquence de politiques d’État intentionnelles qui visent à une modernisation économique et à l’abolition de cultures itinérantes ou illicites. Dans certains cas, on assiste, de ce fait, à la sédentarisation de personnes qui étaient jusque-là nomades, comme en Mongolie et en Asie centrale. La majorité des pays ne reconnaissent pas les titres de propriété autochtones issus de possessions et d’utilisations ancestrales, ou leurs formes traditionnelles de culture et de production, a-t-il souligné.
Le Rapporteur spécial a observé en outre une tendance positive visant à l’adoption, dans certains pays, de législations sur les droits fonciers et les ressources des autochtones. Il a rappelé également que les peuples autochtones en Asie avaient été particulièrement affectés par des conflits violents depuis l’indépendance de certains pays, comme au Bangladesh, à Myanmar, au Népal, dans le nord-est de l’Inde, en Indonésie et aux Philippines. Dans certains cas, des membres des communautés autochtones ont été contraints ou ont choisi de participer à des mouvements de rébellion afin de protéger leurs droits, a-t-il expliqué, précisant qu’ils se laissaient ainsi entraîner dans une spirale vicieuse de la violence, où ils souffrent d’abus. Pour trouver une solution aux conflits armés qui se prolongent, certains pays ont encouragé des arrangements constructifs et ont établi des bases en faveur de régimes autonomes pour les autochtones. Cependant, il arrive que ces accords ne soient pas entièrement respectés, conduisant ainsi à la poursuite des conflits et de la répression. Le Rapporteur spécial a appelé les gouvernements des pays d’Asie, les organisations internationales, la société civile et tous les acteurs pertinents à faire en sorte que les droits des peuples autochtones trouvent une place claire dans les programmes des droits de l’home en Asie et mobilisent l’énergie nécessaire pour régler cette situation souvent désespérée, a-t-il conclu.
Mme JOAN CARLING, au nom du Caucus Asie, a énuméré les défis auxquels font face les peuples autochtones en Asie. Parmi ceux-ci figure la question de l’identification des peuples autochtones, qui continue d’être une source de non-reconnaissance de ces communautés. Elle s’est dite, à cet égard, convaincue que des dispositions légales contraignantes doivent être adoptées au niveau national, tout en respectant les principes énoncés dans la déclaration des Nations Unes sur le droit des peuples autochtones. Par ailleurs, elle a constaté que certains projets, financés par les bailleurs de fonds, institutions multilatérales et bilatérales et menés dans les zones autochtones, continuaient d’avoir un impact négatif sur les populations autochtones. La militarisation de l’Asie et le refus de fournir des services de base sont autant de facteurs supplémentaires qui contribuent à leur appauvrissement, a-t-elle poursuivi, regrettant à cette occasion la pratique visant à échanger des droits contre des services.
Afin de résoudre l’ensemble de ces défis, Mme Carling a appelé tous les Gouvernements d’Asie à adopter la déclaration des Nations Unies sur les peuples autochtones dans les meilleurs délais. Elle a appelé les entités de développement et les bailleurs de fonds à respecter le principe de l’accord préalable, informé et librement consenti et, ce, à tous les stades du processus de développement. Dans le domaine des droits de l’homme, la représentante a également demandé l’établissement d’une Commission asiatique pour les droits de l’homme, incluant des experts des peuples autochtones afin de s’assurer du respect des normes relatives aux droits de l’homme. Elle a par ailleurs, encouragé l’Instance permanente et le Rapporteur spécial pour les peuples autochtones à poursuivre leurs efforts et à vérifier que les lois de sécurité nationales n’ignorent pas les droits de l’homme et des libertés fondamentales des peuples autochtones.
M. SULTAN AZIZ, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a rappelé que la mission du Fonds était de promouvoir le droit de chaque femme, homme et enfant à bénéficier de soins de santé et de chances égales. Il a souligné qu’il existait de plus en plus de preuves qu’en Asie et dans la région Pacifique, les peuples autochtones et les minorités ethniques portaient souvent le plus grand fardeau de la pauvreté. Ce qui implique, a-t-il ajouté, que les autochtones, en particulier les femmes, sont isolés, non seulement économiquement, mais aussi politiquement et culturellement. Il a ainsi indiqué que le FNUAP s’efforçait de veiller à ce qu’en Asie et dans la région Pacifique, l’accès des femmes aux services de santé génésique, aux contrôles du VIH/sida ou des maladies sexuellement transmissibles, à la protection contre la violence sexiste, soient inclus dans les programmes d’investissement de leurs gouvernements respectifs ou des donateurs de la communauté internationale. Il a en outre, énuméré un certain nombre d’actions entreprises par le FNUAP en collaboration avec des gouvernements et des communautés au Bangladesh, au Cambodge, en Inde, au Pakistan ou aux Philippines. De l’avis du représentant, un défi essentiel auquel sont confrontés le FNUAP, ses partenaires et les gouvernements, est l’absence de données fiables. Un effort plus important doit être mené pour combler cette lacune, afin d’établir une meilleure planification au niveau national, a-t-il déclaré. Au niveau culturel, il a mis l’accent sur la nécessité de trouver un plus grand équilibre entre le respect des les cultures autochtones, la santé génésique et l’égalité entre les sexes.
Mme BRIGITTE FEIRING, Organisation internationale du Travail (OIT), a déclaré que la question des ressources foncières était un problème essentiel pour les autochtones en Asie. Malgré l’existence de cadre législatif en la matière, Mme Feiring a constaté l’existence d’une lacune sur le plan de la mise en œuvre des politiques en faveur des peuples autochtones. Cette lacune s’explique, selon elle, par un manque de volonté politique ou un manque de capacité des institutions, qui ne comprennent pas les besoins spécifiques des autochtones. Elle a, par ailleurs, fait part d’un manque de représentation des autochtones dans les processus de prise de décisions et de mise en œuvre des projets qui les concernent. Les peuples autochtones sont généralement inclus dans les catégories défavorisées ou assimilés à des castes et ne sont pas identifiés comme des groupes ethniques, a-t-elle poursuivi. Cette situation ne permet pas d’identifier des priorités et d’élaborer des programmes adaptés, a-t-elle fait remarquer. En outre, la dégradation des activités traditionnelles des autochtones les oblige à occuper des emplois de subsistance, sous-payés, ce qui accroît leur vulnérabilité aux violations des droits fondamentaux comme le travail des enfants, la discrimination ou le travail forcé. Pour toutes ces raisons et afin d’améliorer la situation des autochtones, il importe, a estimé Mme Feiring, de résoudre, entre autres, les défis du manque de reconnaissance, du manque de volonté politique et du manque de capacité à mettre en œuvre des politiques adaptées à la diversité des besoins autochtones. Il est nécessaire, a-t-elle souligné avant de conclure, de collaborer avec les institutions et partenaires au développement afin d’améliorer la mise en œuvre des programmes les concernant.
Mme INDIRA SIMBOLON, spécialiste de la sauvegarde sociale au sein de la Banque de développement asiatique, a souligné que les peuples autochtones se heurtaient en Asie et dans la région Pacifique à des problèmes de gouvernance, des organisations de la société civile luttant néanmoins pour défendre leurs droits. Il faut continuer à lutter pour assurer la sauvegarde des droits et des intérêts des autochtones dans les processus qui les touchent, a-t-elle dit. Le contexte de développement fluctuant dans lequel évolue la Banque asiatique pour le développement a conduit celle-ci à mettre à jour ses politiques de sauvegarde pour les autochtones, notamment en matière d’environnement, a-t-elle indiqué, précisant que la Banque avait des normes élevées d’équité et de transparence. Elle a plaidé, par ailleurs, en faveur de l’adoption par l’Assemblée générale du projet de déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Mme RUTH BATANI, au nom du Réseau des femmes asiatiques autochtones, a recommandé de mettre un terme à la militarisation de leurs territoires et de garantir aux femmes l’accès à leurs terres et aux ressources. La délocalisation des autochtones de leurs terres aggrave la marginalisation des femmes et leur insécurité. Il importe d’inclure les femmes dans la prise de décisions et de respecter le principe de l’accord préalable, informé et librement consenti.
M. SAMON THACH, au nom de Khmer kampuchea Krom Foundation, a regretté les violations constantes de leurs droits et les persécutions religieuses que subissent les civils et les moines bouddhistes. Il a demandé à la communauté internationale de protéger les moines et a appelé au respect du principe de la liberté religieuse.
Mme MAKIKO KIMURA, au nom du Centre Shimin Gaikou, a exprimé ses préoccupations quant aux lignes de conduite guidant les activités de la Banque japonaise pour la coopération internationale et l’Agence japonaise pour la coopération internationale, qui ne respectent pas dans leur intégralité les normes internationales concernant les droits des peuples autochtones. Elle a demandé à cet égard au Gouvernement du Japon, de garantir la consultation et la participation des peuples autochtones aux décisions qui les concernent.
M. YUPO ABE, au nom de l’Association Ainu d’Hokkaïdo, a expliqué les difficultés que celle-ci rencontre pour obtenir du Gouvernement japonais la reconnaissance, en tant que peuple autochtone, de son peuple Ainu. Il a plaidé, à cet égard, en faveur de l’adoption par l’Assemblée générale du projet de déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Il a également mis l’accent sur la nécessité de respecter les droits de l’homme des autochtones afin, a-t-il dit, de mettre fin définitivement, en Asie, à ce qu’il a qualifié de colonialisme japonais, invitant le Gouvernement du Japon à reconnaître les recommandations faites par la Commission des droits de l’homme en 1998 et en 2001.
Mme CHADRA ROY, Programme des Nations Unies sur le développement (PNUD), a expliqué l’engagement du PNUD à l’égard des peuples autochtones d’Asie, demandant que les partenaires du Programme renforcent ces activités. Elle a souligné, notamment, que le PNUD se concentrait sur des secteurs tels que la gestion des ressources, l’accès à la justice et le renforcement des capacités.
M. BATE NING, Centre d’information des droits de l’homme de la Mongolie du Sud, a indiqué que cinq millions d’autochtones vivaient dans cette région de la Mongolie, appelée Mongolie intérieure. Il a souligné que la répression se poursuivait contre son peuple. Il a souhaité la mise en œuvre d’un dialogue efficace entre les Nations Unies et le Gouvernement de la Chine afin, a-t-il dit, d’aboutir à des progrès authentiques.
Mme YAYUC NAPAY, au nom du Caucus de la jeunesse, a souhaité que d’autres langues en plus de la langue anglaise soient utilisées sur les sites Internet du système des Nations Unies afin d’accroître l’accès aux informations importantes les concernant. Il importe, à cet égard, que les peuples autochtones puissent apprendre l’anglais. Il a demandé aux Gouvernements des pays d’Asie de reconnaître les droits à l’autodétermination et de respecter le principe du consentement préalable avant la mise en œuvre de certaines politiques.
Mme ANJALI DIAMARI, au nom de l’Organisation des Femmes d’Asie du Sud-Est, a regretté que les femmes autochtones fassent l’objet de discrimination en tant que femmes et en tant qu’autochtones et de ce fait, elles sont victimes d’abus et de violations de leurs droits. Rappelant que les conflits dans les régions autochtones avaient un effet négatif sur les femmes, la représentante a déploré le manque d’application de la résolution 1325 du Conseil de sécurité qui appelle à une participation active des femmes dans les processus de paix. Il importe en ce sens de parler explicitement des femmes autochtones et de disposer de données ventilées les concernant afin de prendre en compte de façon précise leurs besoins, a-t-elle conclu.
Mme MINA SUSANA SETRA, au nom du Caucus asiatique et du programme des peuples des forêts, a exprimé ses préoccupations sur le processus de réexamen des trois politiques de sauvegarde de la Banque asiatique pour le développement. Elle a demandé à la Banque asiatique pour le développement d’exprimer publiquement son engagement à consulter les peuples autochtones pour les décisions qui les concernent, à renforcer ses politiques de sauvegarde et à garantir le respect des normes internationales relatives à la protection de l’environnement et aux droits de l’homme dans ses activités.
M. SHANKAR LIMBO, Pacte des peuples autochtones asiatiques et autres, a attiré l’attention de l’Instance permanente sur la situation préoccupante des peuples autochtones au Cambodge. Le Gouvernement cambodgien a imposé un moratoire sur l’abattage des arbres, mais celui-ci se poursuit sans consultation adéquate avec les autochtones, a-t-il affirmé. La loi sur la terre ignore les autochtones dans le secteur minier, a-t-il également souligné. Il a exprimé par ailleurs sa préoccupation face à l’arrestation de nombreux militants autochtones. Il a exhorté l’Instance permanente à demander notamment des études indépendantes sur les violations des droits à la terre des autochtones.
M. PARSHURAM TAMANG, expert du Népal, a affirmé que la priorité en Asie était de reconnaître les peuples autochtones, de même que leurs droits à la terre ou leur autonomie. Il a demandé s’il était possible d’établir des stratégies communes à la région et aux organisations multinationales pour résoudre les problèmes. Il a demandé, en outre, si les institutions de l’ONU avaient les moyens d’évaluer les résultats de leurs programmes et activités concernant les autochtones.
M. WILTON LITTLECHILD, expert du Canada, a demandé si les panélistes pouvaient discuter des moyens de combler le vide juridique qui contribue à priver les peuples autochtones de l’Asie de leurs droits. Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité pour l’Assemblée générale d’adopter la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Mme QIN XIAOMEI, experte de la Chine, a déclaré que s’il était important de trouver une définition pour les communautés autochtones, il serait toutefois plus sage, pour les gouvernements, d’établir des partenariats avec les institutions des Nations Unies et la société civile pour lancer des projets visant à réduire la pauvreté et l’impact négatif des changements climatiques. Cela permettrait aux peuples, selon elle, de bénéficier du respect de leurs droits.
Mme OTILIA LUX DE COTI, experte du Guatemala, s’est déclarée inquiète par les violations des droits de l’homme commises à l’encontre des peuples autochtones. Il est nécessaire en ce sens de combler les lacunes relatives à la mise en œuvre des politiques en faveur des droits de l’homme, a-t-elle estimé.
Mme IDA NICOLAISEN, experte du Danemark, a déploré le fait que certains peuples autochtones avaient toujours de grandes difficultés à recevoir les autorisations et à trouver les ressources financières pour venir s’exprimer dans cette enceinte. Les discussions ont montré qu’il était difficile d’inclure les peuples autochtones dans les programmes de développement, a-t-elle indiqué, appelant à poursuivre les efforts en ce sens.
Mme MERIKE KOKAJEV, experte de l’Estonie, évoquant la situation des autochtones, qui souffrent de conflits, a notamment demandé au Rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme d’ouvrir un dialogue avec le Département des opérations de la paix afin de voir comment les missions de maintien de la paix peuvent promouvoir les droits des peuples autochtones.
M. HASSAN ID BALKASSM, expert du Maroc, a mis l’accent sur l’initiative du PNUD concernant le renforcement des capacités et a demandé s’il y avait des possibilités d’élargir cette démarche à tous les pays où se trouve le PNUD.
M. PHAM HAI ANH, représentant du Viet Nam, a notamment critiqué le fait que le Rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme sur la situation des droits de l’homme et des libertés fondamentales des peuples autochtones, ait repris dans son rapport, des informations qu’il a qualifiées d’erronées sur la situation des peuples autochtones dans son pays.
M. NAVIN RAI, représentant de la Banque mondiale, a déclaré que de nombreux programmes étaient menés en Asie dont la majorité en Inde. Sur les 57 projets actuellement en préparation, une trentaine concerne directement les peuples autochtones, a-t-il indiqué. Le principe de l’accord de consentement préalable, a-t-il précisé, fait partie des dispositions de leurs programmes
M. STAVENHAGEN, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et les libertés fondamentales des peuples autochtones, a demandé que toutes les institutions responsables de questions de droits de l’homme au niveau national s’intéressent davantage aux questions qui touchent les peuples autochtones. Dès lors, la coopération serait plus aisée entre les différents partenaires. Il conviendrait par ailleurs de créer une commission nationale chargée de la promotion des droits de l’homme, a-t-il recommandé aux pays de l’Asie.
M. ZHOU FENG, représentant de la Chine, en réponse au représentant du centre d’information des droits de l’homme de la Mongolie du Sud, a affirmé qu’une grande importance était accordée aux peuples autochtones. Il s’est opposé à certaines accusations qu’il a jugées non fondées, selon lesquelles les droits des autochtones de la Mongolie intérieure ne seraient pas respectés.
DÉBAT D’UNE DEMI-JOURNÉE SUR LES PEUPLES AUTOCHTONES EN MILIEU URBAIN ET LES MIGRATIONS
Déclarations
M. WILTON LITTLECHILD, expert du Canada, a déclaré que contrairement aux idées reçues, l’urbanisation des autochtones était très ancienne. Parmi les facteurs qui expliquent ce phénomène figurent la privatisation de leurs territoires avec pour conséquences la perte de leurs terres, la recherche de services sanitaires et éducatifs et d’une manière plus générale, le désir d’améliorer leurs vies. Ce phénomène migratoire transfrontalière et entre régions rurale et urbaine a développé des réseaux entre les communautés des peuples autochtones, a-t-il poursuivi. L’identité des peuples autochtones étant liée à leurs terres, la question de l’identité est en ce sens très importante, a fait remarquer M. Littlechild. On constate ainsi une différence de perception entre les autochtones des milieux ruraux et ceux des milieux urbains, qui ne sont plus perçus en tant que véritables autochtones à partir du moment où ils s’établissent dans des villes.
Par ailleurs, les informations sur les services disponibles sont souvent contrôlées par des organismes extérieurs, ce qui continue d’exclure et de marginaliser les autochtones dans les villes. Il importe d’associer les communautés autochtones à la prise de décisions qui les concernent et de développer des activités culturelles pour permettre l’autonomisation des jeunes. Soulignant que le racisme et la discrimination sont bien souvent des phénomènes quotidiens pour les autochtones, il a fait remarquer que ceux-ci devraient lutter pour leurs droits dans un milieu très hostile.
M. SELMAN ERGUDEN, au nom d’ONU-HABITAT, a souligné que si une majorité d’autochtones vivaient toujours dans les régions rurales, de plus en plus, nombre d’entre eux vivaient dans des milieux urbains, que ce soit de manière volontaire ou involontaire. La vie urbaine présente beaucoup de facilités, mais aussi beaucoup de défis, a-t-il dit, citant le chômage, l’accès limité aux services et des logements inadéquats. En outre, les violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales expliquent souvent la pauvreté persistante des communautés autochtones en milieu urbain, a-t-il expliqué. M. Erguden a également fait un rapport de la réunion d’experts, organisée par ONU-HABITAT en mars 2007 à Santiago, du Chili.
M. RASMUS PRECHT, au nom d’ONU-HABITAT, a reconnu qu’en dépit de la prise en compte croissante des problèmes des peuples autochtones en milieu urbain, les conséquences de ce phénomène ne sont toujours pas très bien connues. Il est donc nécessaire, a-t-il estimé, de mieux comprendre les identités multiples des peuples autochtones et leurs liens avec la terre et l’environnement urbain et d’adapter des politiques en tenant compte des spécificités culturelles. C’est pourquoi, a-t-il fait savoir, les États ont été invités à ratifier la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT), à réaliser le droit au développement et au bien-être social, à accorder un financement adéquat aux services qui seraient distincts de celui des autochtones des régions isolées, à réaliser le droit à un logement adéquat ou encore à soutenir la jeunesse autochtone. Il importe à cet égard que les organes conventionnels chargés des droits de l’homme accordent une attention particulière aux peuples autochtones et incluent les autochtones urbains dans les stratégies de lutte contre la pauvreté.
Mme AMY MUEDIN, représentante de l’Organisation internationale des migrations, a affirmé que s’il y avait environ 200 millions de migrants dans le monde, on ne disposait pas, en revanche, de données ventilées sur la quantité d’autochtones migrants et encore moins sur le nombre d’habitants autochtones des villes. Selon elle, la dépossession des autochtones de leurs terres et territoires s’accompagnent de déplacements et de migrations de ces populations. De même, si, à ses yeux, les liens des peuples autochtones avec leurs terres et leurs traditions sont importants, les migrations des autochtones, en revanche, ne sont pas homogènes. Les autochtones se rendent dans des zones urbaines pour diverses raisons, a-t-elle dit, soulignant que beaucoup contribuaient ainsi à assurer la survie de leur propre communauté en envoyant de l’argent de la ville vers la campagne.
M. JULIAN BURGER, Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a indiqué que les populations autochtones souffraient d’une crise de logement et de mauvaises conditions de logement. Beaucoup de populations quittent leurs communautés malgré elles, le plus souvent pour des raisons économiques et vivent dans des situations de précarité et de pauvreté considérables, a-t-il affirmé. Mettant en lumière le lien inextricable entre urbanisation, droit à la terre et droits de l’homme, il a recommandé de reconnaître que les problèmes des autochtones étaient liés à la terre et aux ressources. M. Burger a, par ailleurs, indiqué que les peuples autochtones subissent des violations de leurs droits, notamment les mauvaises conditions de travail ou la prostitution.
Mme FABIANA DEL POPOLO, représentante de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a affirmé que les autochtones se concentraient moins dans les grandes villes et privilégiaient davantage les grandes agglomérations de leurs territoires. Elle s’est félicitée par ailleurs de ce que sa région ait organisé la réunion des experts du Chili. La Commission a, depuis, adopté une décision sur les droits individuels et collectifs des peuples autochtones et avait initié, à La Paz, un recensement des données sur les peuples autochtones de la région.
M. FRED CARON, Sous-Ministre adjoint des affaires indiennes et du nord Canada, a déclaré qu’au cours de ces dernières années, le Canada avait connu une croissance considérable des autochtones vivant dans les villes. La migration n’est qu’un élément d’explication, a-t-il indiqué, un nombre croissant d’autochtones au Canada n’ayant connu d’autre foyer que la ville. Pour réagir à cette forte croissance, le Gouvernement du Canada a créé le programme des centres d’amitié autochtones afin de fournir des prestations de services. Il travaille par ailleurs à coordonner les différentes initiatives menées en la matière grâce à la stratégie pour les autochtones vivant en milieu urbain. Il a estimé que les institutions des Nations Unies et les États devaient examiner cette situation et partager leurs expériences en la matière.
Mme DINNA MATAHAERE-ATARIKI, représentante de la Nouvelle-Zélande, a expliqué que le taux d’urbanisation des Maoris fut, après la Deuxième Guerre mondiale, le plus élevé du monde, ce qui, a-t-elle ajouté, a entraîné des changements fondamentaux dans la société néo-zélandaise. L’urbanisation a eu des effets positifs, mais a rompu les relations traditionnelles des Maoris avec leurs familles ou leurs communautés, entretenant, a-t-elle précisé, un cycle de pauvreté et donnant lieu à une crise d’identité. Les Maoris, au cours des dernières années, se sont adaptés à ces changements, a-t-elle souligné. Le Gouvernement de Nouvelle-Zélande a fait des efforts pour soutenir les familles et faciliter l’accès des Maoris au marché du travail, a poursuivi la représentante, encourageant l’Instance permanente à discuter activement, et à chaque session, de la question de l’urbanisation.
M. CARLOS JOSE ALEMAN CUNNINGHAM, représentant du Nicaragua, a présenté les mesures prises par son gouvernement en faveur des populations autochtones. Il a, à cet égard, indiqué qu’un processus de décentralisation pour la gestion des ressources naturelles et un système de partage des bénéfices qui en résultent avaient été mis en place. Il a également fait part de l’existence d’une loi de démarcation de territoires, tout en faisant savoir que les droits à la propriété avaient été revus et que près de 23 territoires avaient pu être délimités. Pour soutenir les communautés qui vivent dans une pauvreté extrême, le programme « Hambre Cero » a été mis en place pour garantir la sécurité alimentaire et la production durable.
Mme GANDIA REYES, représentante du Caucus des peuples autochtones des Caraïbes, a préconisé que l’Instance permanente recommande aux États et aux organisations internationales que tout suivi sur la question de l’urbanisation devrait inclure les autochtones des Caraïbes. Elle a également soutenu l’appel en faveur d’un deuxième Sommet sur la sécurité internationale transfrontière qui traiterait des questions autochtones.
Mme ANDREA CARMEN, Caucus Nord-Américain, a souligné l’importance de l’article 36 du projet de déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, en mettant l’accent en particulier sur les peuples autochtones divisés par les frontières internationales. Elle a en outre soutenu l’appel en faveur d’un deuxième Sommet sur la sécurité internationale transfrontière qui traiterait des questions autochtones
M. HANDAINE MOHAMED, au nom du Groupe Amazigh, a fait état des violations dont le peuple amazigh fait l’objet. Il a demandé à l’Instance permanente d’intervenir auprès des gouvernements concernés pour qu’ils adoptent, dans les termes déjà approuvés par le Conseil des droits de l’homme, la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Il a en outre plaidé en faveur du développement des régions des peuples autochtones afin de lutter contre l’immigration et du respect des lois internationales relatives à l’immigration stipulant les droits des peuples autochtones.
M. TOMAS ALARCON, s’exprimant au nom du CAPAJ FECITED, a déconseillé d’encourager la tendance à l’urbanisation des autochtones, qui reviendrait à encourager la rupture des autochtones avec la terre et leur identité, la question de l’urbanisation étant liée au déplacement et à la perte d’identité. Il a déploré à cet égard, le pillage des ressources naturelles par les sociétés multinationales qui bénéficient de nombreuses concessions injustes et forcent les autochtones au déplacement.
M. NICOLAS BAWIN ANGGAT, au nom du Caucus d’Asie, a déclaré que les peuples autochtones ont été contraints de se déplacer à cause de la militarisation, des conflits armés, des catastrophes naturelles et de la centralisation des services urbains. Ces migrations ont pour conséquences les crises d’identité, les sévices à l’égard des femmes, l’appauvrissement et la marginalisation, a-t-il précisé. Les problèmes sociaux tels l’alcoolisme et le jeu se répandent, la cohésion de la vie en communauté disparaît et la vulnérabilité des enfants s’accroît, a-t-il regretté. C’est pourquoi, il a demandé à l’Instance permanente de mener une enquête pour connaître les besoins des autochtones vivant en milieu urbain et aux gouvernements de mettre en place des réseaux d’appui et de solidarité.
M. KAIOPUE FYFE, au nom du Caucus du Pacifique, a dénoncé le développement commercial et industriel excessif dont l’intensité met à mal les ressources naturelles des terres autochtones et qui conduit au déplacement des populations. Il a demandé à l’Instance permanente de mener une étude relative à l’urbanisation des autochtones pour la prochaine session de l’Instance permanente et a appelé à ce que soit adopté sans attendre, le projet de déclaration des Nations Unies sur les peuples autochtones.
Mme CARMEN RAMIREZ BOSCAN, au nom du Caucus latino-américain, a assuré que la migration des populations autochtones était le résultat, essentiellement, de la pauvreté. Elle a en outre plaidé en faveur de la mise au point d’indicateurs permettant l’établissement de statistiques. Elle a également souhaité que les États Membres mettent en œuvre la Convention internationale pour l’abolition de la torture.
Mme SOTHY KIEN, au nom de la Fédération khmère, a notamment appelé le Viet Nam à consulter les populations autochtones avant de bâtir des canaux sur leurs terres ancestrales et a sollicité l’aide d’ONU-HABITAT en faveur d’initiatives visant à assurer des abris appropriés.
Mme FLOR CRISOSTOMO, au nom des peuples sans frontières La Red Xicana, a affirmé que les autochtones migrants n’avaient aucun droit. Elle a demandé aux États Membres d’adopter le projet de déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et aux Rapporteurs spéciaux sur les questions liées aux migrants autochtones de faire des enquêtes pour dénoncer les abus dont les autochtones migrants sont victimes.
Mme CECILIA VELASQUE, au nom du CONAIE, a déclaré que les femmes et enfants autochtones souffraient de discrimination en raison de leur analphabétisme. Le Gouvernement a, à cet égard, l’obligation morale de mettre en place des politiques publiques équitables, a indiqué la représentante.
M. KANAKU UZAWA, au nom du Centre de ressources Ainu, a regretté que le Gouvernement japonais ne reconnaisse pas la Communauté des Ainus. La loi sur les questions autochtones en vigueur au Japon ne reconnaît ni les Ainus en tant que communauté autochtone ni le principe de l’autodétermination. C’est pourquoi, il a demandé au Gouvernement du Japon de corriger cette situation.
Mme DINA SAULO, au nom d’organisations de peuples autochtones d’Australie, a indiqué que 70% des autochtones australiens vivaient en milieu urbain en raison des politiques de colonisation et d’assimilation. Les 30% restants de la population autochtone qui habitent dans des régions éloignées sont soumis à des processus de normalisation, s’est inquiétée la représentante, processus qui sont incompatibles avec les dispositions de la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Pour évaluer l’efficacité des politiques nationales et rendre les gouvernements responsables de leurs actes, il est indispensable que des indicateurs soient établis et que des études sur les autochtones en milieu urbain et sur leurs droits économiques et sociaux soient menées, a-t-elle conseillé.
M. ALBERT DETERVILLE, au nom du Caucus des peuples autochtones des Caraïbes, a demandé que la sixième session de l’Instance permanente adopte le rapport du groupe d’experts sur les migrations qui s’est réuni récemment. Il a mis l’accent sur les contacts établis avec le Gouvernement de Sainte-Lucie pour qu’il reconnaisse l’importance de créer des emplois et introduise le développement et les infrastructures dans les zones où vivent les autochtones.
M. IVAN IGNACIO, au nom de CISA CANO, a affirmé que les droits constitutionnels des États violaient les droits des autochtones. Il a en outre mis l’accent sur la discrimination raciale dont sont l’objet, selon lui, les populations autochtones dans les villes. Il a cité, à cet égard, la politique menée par l’Espagne depuis la colonisation jusqu’aujourd’hui. Il a recommandé à l’Instance permanente de demander la création d’un poste de rapporteur permanent qui suive la situation des populations autochtones dans les grands centres urbains afin de recueillir des informations et de décrire le sort malheureux de ces populations.
M. PATRICK BRAZEAU, au nom du Congrès des peuples aborigènes, a estimé que la vie dans les réserves canadiennes n’offrait que peu d’espoirs aux populations autochtones. Beaucoup de ces populations vont dans les villes car elles pensent que la vie y sera meilleure, a-t-il souligné. Ces populations, a-t-il déclaré, devraient bénéficier du droit à la mobilité. Il a également indiqué appuyer toutes les recommandations du groupe d’experts sur les droits des autochtones migrants ou en milieu urbain.
M. MAURICIO GAURANI, au nom de la Comissao nacional dos Indios Guarani et d’organisations autochtones brésiliennes, a déclaré que le mouvement d’urbanisation des Guarani n’a pas été choisi mais imposé. La communauté Guarani, bien que nombreuse numériquement, souffre du manque de terres et est en perpétuel conflit avec le Gouvernement brésilien et les propriétaires terriens, a-t-il fait savoir. Il a à cet égard dénoncé le manque de volonté politique du Gouvernement brésilien qui contraint les communautés autochtones à vivre en périphérie des villes, loin de leurs terres d’origine, dans des conditions précaires et des situations de dépendance face à l’État. Il a demandé au Gouvernement du Brésil de respecter la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail.
Selon M. AQQALUK LYNGE, expert du Groenland, l’importance d’opérer une distinction entre les peuples autochtones et le problème de la pauvreté a été au centre des préoccupations des représentants d’autochtones. De l’avis de l’expert, il importe de lutter contre les stéréotypes dont sont victimes les autochtones mais également de lutter contre cette image de victime. Il a recommandé l’adoption de la déclaration telle qu’adoptée par le Conseil des droits de l’homme.
M. BALKASSM, expert du Maroc, a déclaré qu’en raison des discriminations et des différences linguistiques, les enfants autochtones souffraient de la politique d’assimilation imposée par les gouvernements qui ont pour objectifs d’éliminer cette identité propre aux autochtones et créer une uniformité. À titre d’exemple, l’expert a fait référence à la politique visant l’arabisation personnelle.
Mme MARGARET CONOLLY, au nom de Retrieve Foundation, a demandé au Gouvernement irlandais d’adopter le projet de déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
M. PETER DINSDALE, au nom de l’Association nationale des centres d’amitié, a assuré que l’identité autochtone était respectée pour les autochtones urbanisés. Il faut plutôt s’attaquer aux facteurs qui poussent à l’urbanisation, a-t-il dit.
M. RAJAH BESRA, au nom de la Fédération indienne des populations tribales autochtones, a mis l’accent sur la situation de jeunes filles autochtones, dont la pauvreté et le chômage facilitent la migration.
Mme TAALIBAH ˝BLUE SKY˝, au nom de la Fédération éthiopienne mondiale, a déclaré qu’à partir du moment où les colons sont arrivés sur leurs terres, il n’y a eu que confusion et pillage des ressources. Il importe de se souvenir de la façon de vivre en communauté et de nos ancêtres, a-t-elle indiqué.
Mme VICTORIA TAULI-CORPUZ, experte des Philippines et Présidente de l’Instance permanente, a jugé importantes les initiatives prises depuis quelques années en faveur des peuples autochtones urbanisés. Elle a recommandé de poursuivre les efforts en ce sens pour résoudre les problèmes auxquels sont confrontées ces populations.
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