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DH/4917

NOMBREUX APPELS EN FAVEUR DE L’ADOPTION PAR L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA DÉCLARATION SUR LES DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES

14/05/2007
Conseil économique et socialDH/4917
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

NOMBREUX APPELS EN FAVEUR DE L’ADOPTION PAR L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA DÉCLARATION SUR LES DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES


La sixième session de l’Instance permanente de l’ONU sur les questions autochtones, principal forum visant à sensibiliser la communauté internationale sur la situation des quelque 370 millions d’autochtones à travers le monde, s’est ouverte ce matin, à New York, par un appel lancé à l’Assemblée générale.  Les États Membres ont en effet été invités à adopter, avant la fin de la soixante et unième session, la « Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ».


Selon un rituel désormais bien défini, l’Instance permanente a ouvert ses travaux par une cérémonie rythmée par des chants et une danse, ceux du Groupe culturel Laihui, de Manipur, et par une prière du Chef de la Nation Onondaga, Tracy L. Shenandoah, en « reconnaissance à la terre notre mère ». 


Les participants, des autochtones venus de toutes les régions du monde, dont certains portaient des costumes traditionnels, mais aussi des représentants des États Membres, des institutions de l’ONU, de la société civile et des chercheurs ont également observé une minute de silence à la mémoire des « ancêtres » et des « milliers de militants qui ont sacrifié leur vie à la défense des terres et des territoires traditionnels des autochtones ».


La sixième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones, organe subsidiaire du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) créé en juillet 2000, se réunit jusqu’au 25 mai, autour du thème spécial intitulé « Les territoires, terres et ressources naturelles ». 


« Le thème choisi pour cette session est fondamental pour les peuples autochtones », a affirmé José Antonio Ocampo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Coordonnateur de la Deuxième Décennie internationale des peuples autochtones du monde.  « Si la terre fait en effet partie intégrante de l’identité des autochtones, ceux-ci ont pourtant très souvent été déplacés pour des intérêts économiques ou militaires sans aucune compensation qui permette leur survie », a-t-il ajouté.


La Présidente de l’Instance permanente, Victoria Tauli-Corpuz, réélue aujourd’hui par acclamation, a rappelé pour sa part que les droits aux territoires, à la terre et aux ressources qui leurs sont liées constituaient la « base du mode de vie économique » des autochtones ainsi que la « source de leur identité spirituelle, culturelle et sociale ». 


Mme Tauli-Corpuz, comme M. Ocampo, le Président du Conseil des droits de l’homme, Luis de Alba, et plusieurs autres intervenants ont en outre appelé l’Assemblée générale à adopter, d’ici à la fin de sa soixante et unième session, la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. 


Dans le Document final du Sommet mondial 2005, les dirigeants de la planète avaient réaffirmé la volonté de la communauté internationale d’adopter dès que possible une version finale du projet de déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, en discussion depuis de nombreuses années dans le cadre d'une collaboration sans précédent entre les États et les peuples autochtones eux-mêmes.


Le nouveau Conseil des droits de l’homme, lors de sa première session, en juin 2006, avait adopté le texte d’une déclaration tel que proposé par un groupe de travail de l’ancienne Commission des droits de l’homme, tout en recommandant à l’Assemblée générale d’en faire de même.  Cependant, celle-ci, en décembre dernier, a décidé d’en reporter l’examen afin de permettre la poursuite des consultations.  Elle a décidé de finaliser le texte de la déclaration avant la fin de sa soixante et unième session.


Le projet de déclaration souligne la nécessité de protéger les peuples autochtones contre la discrimination et le génocide, réaffirme leur droit à conserver leurs traditions culturelles et leur reconnaît le droit à l’autodétermination, en leur garantissant, en particulier, un accès sûr aux terres et aux ressources essentielles à leur survie et à leur bien-être.


« Le sort de la déclaration est désormais entre les mains de l’Assemblée générale et des gouvernements qui sont présents dans cette salle, aujourd’hui », a lancé Mme Tauli-Corpuz, qui a regretté profondément la décision de l’Assemblée générale d’en reporter l’adoption.


La Présidente de l’Assemblée générale, Sheikha Haya Rashed Al Khalifa, a assuré que les portes de l’ONU étaient toujours ouvertes aux peuples autochtones du monde.  Leur présence, a-t-elle estimé, « continuera d’enrichir cette Organisation afin qu’elle devienne plus ouverte, plus inclusive et plus vivante ». 


De son côté, le Président de l’ECOSOC, Dalius Čekuolis, a encouragé l’Instance permanente à poursuivre ses efforts visant à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement et à « inclure les besoins des peuples autochtones dans les processus de développement mondiaux, nationaux et locaux en respectant le principe de l’accord préalable, informé et librement consenti ».


Par ailleurs, outre l’élection de sa Présidente, l’Instance permanente a procédé à l’élection d’Otilia Lux de Coti, William Langeveld, Aqqaluk Lynge et Ida Nicolaisen aux postes de Vice-Président.  Michael Dodson a été élu Rapporteur.


L’Instance permanente sur les questions autochtones poursuivra ses travaux demain, mardi 15 mai à 10 heures.


Déclarations liminaires


SHEIKHA HAYA RASHED AL KHALIFA, Présidente de la soixante et unième session de l’Assemblée générale, a rappelé que l’Assemblée générale avait ouvert pour la première fois ses portes aux peuples autochtones lors d’une cérémonie de lancement de l’Année internationale des peuples autochtones du monde, en décembre 1992.  Puis, en 1995, les Nations Unies ont lancé la première Décennie internationale des peuples autochtones du monde, a-t-elle ajouté.  Enfin, l’année dernière a marqué, a-t-elle dit, le début de la Deuxième Décennie internationale des peuples autochtones du monde.  Selon elle, ce partenariat et cette coopération montrent l’engagement que l’Assemblée générale a pris à l’égard des peuples autochtones du monde.  L’Instance permanente, a-t-elle estimé, constitue un organe unique aux Nations Unies, une source de dialogue qui a permis des recommandations concrètes. 


Il reste encore beaucoup à faire, a-t-elle néanmoins souligné.  Les peuples autochtones continuent de faire face à l’exclusion, à la pauvreté extrême et autres violations des droits de l’homme, a-t-elle poursuivi, précisant que ces populations souffraient notamment des conflits et des litiges liés à la terre, ainsi que d’une absence d’accès aux soins de santé et à l’éducation.  Il convient de ne pas considérer ces populations comme des victimes, mais plutôt comme un groupe dynamique de communautés, source d’inspiration pour nous tous, a estimé la Présidente de l’Assemblée générale.  Leurs connaissances, leur culture, leur sensibilisation à l’écologie offrent des leçons pour nous tous, a-t-elle ajouté.  Les portes de l’ONU sont toujours ouvertes aux peuples autochtones du monde, a-t-elle assuré.  Leur présence, a-t-elle conclu, continuera d’enrichir cette Organisation afin qu’elle devienne plus ouverte, plus inclusive et plus vivante. 


M DALIUS ČEKUOLIS (Lituanie), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a déclaré que l’Instance jouait un rôle important pour renforcer la visibilité des questions autochtones au niveau international et qu’elle était devenue une plate-forme de dialogue de premier plan entre les peuples indigènes, les États, les institutions des Nations Unies et les organisations non gouvernementales.  Il s’est dit convaincu que cette session aboutira à des recommandations pertinentes sur le thème central de cette sixième session « Territoires, terres et ressources naturelles », sur la question de la mise en œuvre de ces recommandations, sur les questions régionales consacrées à l’Asie et sur la question des autochtones vivant en milieu urbain.


Estimant que le point de vue des peuples autochtones était essentiel, M. Čekuolis a encouragé à cet égard, l’Instance permanente à poursuivre sa participation aux questions que le Conseil économique et social examine chaque année, de façon à garantir la prise en compte des préoccupations des peuples indigènes.  Il a par ailleurs, encouragé l’Instance permanente à poursuivre ses efforts visant à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement et à inclure les besoins des peuples autochtones dans les processus de développement mondiaux, nationaux et locaux, en respectant le principe de l’accord préalable, informé et librement consenti.


M. LUIS ALFONSO DE ALBA, Président du Conseil des droits de l’homme, a affirmé que l’Instance permanente sur les questions autochtones constituait l’espace privilégié pour aborder les questions de fond des autochtones au sein des Nations Unies.  Après avoir énuméré les champs d’action et de travail du Conseil des droits de l’homme sur les questions autochtones, il a invité l’Instance permanente à procéder à des réflexions afin d’éviter les doubles emplois avec le Conseil des droits de l’homme et des possibilités de coopérer avec cet organe.  L’Instance permanente et le Conseil des droits de l’homme doivent poursuivre leurs efforts pour travailler ensemble de manière institutionnalisée, a ajouté le Président du Conseil.  Selon lui, cette coopération devrait permettre de maximaliser les résultats du travail effectué lors de cette sixième session de l’Instance.  Il a plaidé en faveur de l’adoption, par l’Assemblée générale, de la déclaration des droits des peuples autochtones.  Il a enfin mis l’accent sur la nécessité de poursuivre un objectif commun afin d’aboutir à la construction d’un monde plus équilibré, plus juste, plus démocratique, notamment en faveur des peuples autochtones.


JOSE ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Coordonnateur de la Deuxième Décennie internationale des peuples autochtones du monde, a indiqué que l’Instance ne serait ce qu’elle est sans la grande participation dont elle jouit, précisant que plus de 2 500 personnes étaient attendues.  Cette Instance est au centre de l’effort de l’ONU qui vise à renforcer sa capacité à relever les défis mondiaux et à construire la notion de bien-être, a-t-il déclaré.  C’est une question de survie de notre humanité, de ses richesses et de ses connaissances et pas seulement un impératif moral, a-t-il fait valoir, estimant que personne ne peut ignorer la perte de nos traditions.


Le thème choisi pour cette session est fondamental pour les peuples autochtones, a-t-il dit.  Si la terre fait, en effet, partie intégrante de l’identité des autochtones, ceux-ci ont pourtant très souvent été déplacés pour des intérêts économiques ou militaires sans aucune compensation qui permette leur survie.  Les problèmes urbains qui en résultent sont donc des réalités contemporaines que la communauté internationale doit examiner.


La mise en œuvre des normes et de politiques est un défi commun, a-t-il fait remarquer.  Plusieurs défis peuvent être décrits comme des déficiences sur les plans financier, humain, technique ou encore en matière de sensibilisation, a-t-il jugé.  Parmi ces recommandations en faveur du développement économique et social, l’Instance a adopté une approche holistique visant à prendre en compte les autochtones et leurs spécificités dans le processus de développement.  Les instruments internationaux pertinents et, en particulier les programmes d’action, peuvent être, à cet égard, utilisés pour établir de vrais partenariats avec les peuples de chaque pays, a-t-il recommandé.  Il faut, a-t-il insisté, s’engager pour établir la dignité de chaque peuple.


En tant que Coordonnateur de la Deuxième Décennie, M. Ocampo a prôné une action concertée sur les questions autochtones par les équipes de pays de l’ONU pour intégrer les questions autochtones dans les activités opérationnelles de l’ONU.  Soulignant les progrès enregistrés sur plusieurs fronts, il a exprimé le souhait que la déclaration sur les droits des autochtones soit adoptée avant la fin de la soixante et unième session de l’Assemblée générale.


Mme VICTORIA TAULI-CORPUZ (Philippines), Présidente de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a affirmé, évoquant le thème retenu pour cette sixième session, « Territoires, terres et ressources naturelles », que les droits à la terre, aux territoires et aux ressources qui leurs sont liées étaient d’une importance fondamentale pour les peuples autochtones, la base de leur mode de vie économique, la source de leur identité spirituelle, culturelle et sociale.  La terre, a-t-elle insisté, est le fondement même des vies et des cultures des peuples autochtones à travers le monde.  Jugeant approprié de rendre hommage aux ancêtres et aux milliers de militants des peuples autochtones qui ont sacrifié leur vie à la défense des terres et des territoires traditionnels des autochtones, elle a appelé les participants à la sixième session de l’Instance permanente à observer une minute de silence. 


La Présidente a également évoqué la Deuxième Décennie internationale des peuples autochtones du monde, lancée en 2005, adoptée par la cinquante-neuvième session de l’Assemblée générale, ainsi que la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.  Cette dernière, adoptée par le Conseil des droits de l’homme lors de sa première session, en juin 2006, est, a souligné la Présidente, le résultat de nombreuses années de discussions et de négociations parmi les États Membres de la Commission des droits de l’homme, avec la participation active des peuples autochtones du monde.  La Présidente s’est déclarée choquée et profondément déçue par la décision de l’Assemblée générale, en novembre dernier, de reporter l’adoption de cette déclaration qui représente, à ses yeux, l’un des textes les plus négociés et les plus débattus de l’histoire des Nations Unies.  Ce texte établit des normes minimales pour assurer la dignité, la survie et le bien-être des peuples autochtones, a-t-elle estimé.  Elle a ainsi lancé un appel à la Présidente de l’Assemblée générale pour que la déclaration soit adoptée par l’Assemblée générale avant la fin de son mandat.  Pour que soit adoptée cette déclaration par l’Assemblée générale, a souhaité Mme Tauli-Corpuz, il faudrait reprendre le texte approuvé par le Conseil des droits de l’homme.  Le sort de la déclaration est désormais entre les mains de l’Assemblée générale et des gouvernements qui sont présents dans cette salle, aujourd’hui. 


THÈME SPÉCIAL: « TERRITOIRES, TERRES ET RESSOURCES NATURELLES »


Débat général


Abordant le thème spécial « Territoires, terres et ressources naturelles », la Présidente de l’Instance permanente a déclaré que ces questions sont au cœur même des revendications des peuples autochtones.  Elles sont de nature structurelle et historique, a-t-elle précisé, rappelant que leur examen exigera la coopération de tous et un dialogue très approfondi.  Elle a indiqué que ce thème avait fait l’objet de nombreuses études, dont une étude sur l’impact des plantations d’huile de palme et autres monocultures.  Une autre étude se concentre sur la préservation du savoir traditionnel et passe en revue le droit coutumier des peuples autochtones.


M. JEAN PHILIPPE, Président du Groupe d’appui interorganisations sur les questions autochtones, a partagé les conclusions du Groupe lors de sa réunion de 2006, qui s’est tenue à Rome, en septembre dernier, et qui avait pour thème « Un développement respectueux de l’identité ».  Le Groupe d’appui recommande que les institutions devraient revoir leurs politiques et autres instruments sous l’angle de la déclaration des droits des peuples autochtones afin d’assurer une concordance des politiques nationales avec la déclaration.  Le Groupe d’appui a notamment suggéré que les institutions multilatérales et bilatérales, telles que la FAO ou le FIDA, encouragent le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale à collaborer avec l’Instance permanente de sorte que soient pris en compte les besoins particuliers des peuples autochtones.


Dans le domaine des technologies de l’information et des communications, le Groupe d’appui a reconnu que la préservation des savoirs traditionnels était essentielle pour le développement des technologies et la transmission des savoirs et qu’un dialogue devait être engagé pour prendre en compte les besoins particuliers des peuples autochtones et mettre en commun les données d’expérience sur les projets liés à ces questions.  Des mécanismes devraient être développés au niveau des pays pour renforcer la participation des peuples autochtones dans les structures intergouvernementales, a-t-il fait savoir.  Le Groupe d’appui a, par ailleurs, recommandé que l’Instance permanente engage le Programme alimentaire mondial (PAM) à débattre avec elle des aspects socioculturels de la production, de la distribution et de la consommation alimentaires et que le Département des opérations de maintien de la paix réfléchisse aux moyens à mettre en œuvre pour protéger l’identité culturelle des peuples autochtones.


Mme ERICA-IRENE A. DAES (Grèce) a mis l’accent sur l’importance de la question des rapports des peuples autochtones avec leurs territoires, leurs terres et leurs ressources naturelles.  Il est nécessaire, selon elle, de reconnaître les différences culturelles entre les peuples autochtones et les peuples non autochtones dans les pays où ils vivent.  La représentante a également souligné la carence des États qui ne reconnaissent pas les droits des peuples autochtones sur leurs territoires, leurs terres et leurs ressources naturelles.  Elle a notamment souligné la nécessité d’assurer, pour ces États, la démarcation des terres autochtones, le principe de la souveraineté permanente sur les ressources naturelles ainsi que la possibilité pour les peuples autochtones de gérer leurs propres territoires, terres et ressources naturelles.    


M. LEE SWEPSTON, Organisation internationale du Travail (OIT), s’est exprimé sur le rapport « Territoires, terres et ressources » du Groupe d’appui interorganisations sur les questions autochtones.  Il a relevé qu’en dépit des approches différentes dans les institutions, le Groupe interorganisations a signalé des pratiques compatibles avec les principaux éléments de la déclaration des droits des peuples autochtones.  Selon M. Swepston, les principales différences relèvent davantage de la terminologie qui diffère en raison de la date à laquelle ont été élaborées les politiques en la matière.  De même, si toutes les institutions n’ont pas de politiques explicites en la matière, elles traitent toutes, au moins, de lutte contre la pauvreté qui touche les peuples autochtones.  Par ailleurs, M. Swepston a noté que certaines institutions n’avaient pas communiqué toutes les informations nécessaires et que les pratiques ne sont pas toujours conformes aux politiques telles qu’elles ont été proclamées.  Par ailleurs, le rapport ne reprend pas les informations fournies par d’autres acteurs du développement telles que les organisations non gouvernementales, a-t-il regretté, estimant qu’elles seraient pourtant utiles.


Mme IDA NICOLAISEN, Vice-Présidente de l’Instance permanente sur les questions autochtones, qui présentait le rapport de la réunion sur le régime d’accès et de partage des bénéfices de la Convention sur la diversité biologique, a indiqué que parmi les questions clefs, cette réunion avait examiné la question de la conformité entre les instruments internationaux et les mesures législatives nationales, qu’elles soient contraignantes ou non, en matière de partage des bénéfices, ainsi que celle de l’objectif de la certification internationale de l’origine des ressources.  Elle a souligné également qu’un appel avait été lancé à l’Assemblée générale pour qu’elle adopte, dès que possible, la déclaration des Nations Unies sur les droits des autochtones, ce texte devant constituer, a-t-elle dit, la base à partir de laquelle pourra être négocié un partage des bénéfices.


Mme CARMEN MORENO, Institut de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW), s’est félicitée de l’adoption de la déclaration des droits des peuples autochtones par le Conseil des droits de l’homme.  Notant la participation croissante des peuples autochtones dans la vie politique aux niveaux local et national, Mme Moreno a toutefois regretté qu’il reste beaucoup à faire pour parvenir au partage des ressources et à une représentation démocratique des hommes et femmes dans les gouvernements.  L’augmentation de la participation des autochtones aux instances de décision contribue à améliorer la gouvernance et le partage des ressources, a-t-elle fait valoir.  La réduction de la pauvreté, de la mortalité maternelle et infantile, l’accès aux services de santé et à l’éducation sont des préalables nécessaires à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a ajouté la représentante.  Sans la participation des hommes et surtout des femmes autochtones aux postes de responsabilité, une société plus équitable et démocratique ne pourrait être établie, a-t-elle affirmé.  Elle a, par ailleurs, fait part des conclusions des recherches menées par l’Institut selon lesquelles les femmes avaient réalisé des progrès dans le domaine de leur visibilité dans la sphère publique.  Cependant, un nombre d’obstacles persiste, a-t-elle regretté, tels que la pauvreté, la violence politique et le conflit social et la quasi-invisibilité des problèmes spécifiques des femmes autochtones.


M. JEAN-PHILIPPE AUDINET, Fonds international de développement agricole (FIDA), a indiqué que cet organisme continuerait d’investir pour appuyer les peuples autochtones, sachant que la quantité de ressources financières demeurait insuffisante.  Il a également espéré que l’Assemblée générale adoptera, d’ici à la fin de l’année, la déclaration internationale des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, ce qui permettra, a-t-il souligné, de mieux travailler avec les gouvernements nationaux.


M. ANDREW FUYS, Coalition internationale pour l’accès à la terre, dont l’organisation intervenait pour la première fois au sein de l’Instance permanente, a déclaré que la Coalition avait pour objectif de renforcer la capacité des pauvres à conserver et obtenir leurs ressources productives, notamment la terre.  En outre, la Coalition met en place des programmes qui permettent la participation des autochtones à ses projets.  Il a exprimé le souhait que ces programmes augmentent la visibilité des autochtones et renforcent leurs alliances.


M.TOSHIHIKO MURATA, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a brièvement rendu compte des activités présentes de la FAO liées au thème spécial de la sixième session, à savoir les « Territoires, terres et ressources naturelles ».  Les activités de la FAO visant à promouvoir une approche fondée sur les droits des peuples autochtones incluent l’établissement d’une unité chargée du droit à l’alimentation.  Cette unité suit l’application des Directives volontaires à l’appui de la concrétisation progressive du droit à une alimentation adéquate dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale.  Elle réalise des études juridiques et techniques, mène des activités de sensibilisation et publie du matériel pédagogique pour faire connaître les directives et faciliter leur application.


M. MARTIN OELZ, Organisation internationale du Travail (OIT), a fait observer que le principal problème des autochtones reste l’absence de reconnaissance de leurs droits.  Il a déploré le fait que les décideurs ne soient pas conscients de l’importance de la reconnaissance du droit foncier pour l’exercice d’emplois traditionnels, pour la réduction de la pauvreté et pour le développement durable.  Il a indiqué que son organisation avait engagé un travail de sensibilisation sur le potentiel de la Convention 111, relative à la discrimination en matière d’emploi et de profession.  Afin de protéger les droits des peuples autochtones, elle interdit expressément toute discrimination fondée sur le sexe, la race et l’identité autochtone.


Il a, par ailleurs, identifié plusieurs défis à relever.  Les peuples autochtones et tribaux ont besoin de garanties en matière de propriété foncière et d’utilisation des ressources naturelles.  Toutefois, l’existence d’un cadre juridique ne suffit pas pour garantir les droits des peuples autochtones, a-t-il fait remarquer.  C’est pourquoi, il a encouragé la consultation et la participation des peuples autochtones, le renforcement des capacités à appliquer les législations en vigueur et l’amélioration de la coordination entre les partenaires du développement.


Mme SUSANNE SCHNUTTGEN, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a affirmé que les expressions culturelles des peuples autochtones se trouvaient souvent affaiblies, précisant que la protection et la promotion de la diversité culturelle et du dialogue fructueux entre les cultures constituaient un mandat clef de l’UNESCO.  Elle a, en outre, recommandé que les membres de l’Instance permanente sur les questions autochtones encouragent les réseaux et les experts des peuples autochtones à fournir à l’UNESCO des informations, des connaissances et des expériences relatives à la protection des sites sacrés et à leur rôle dans la protection et la promotion de la diversité culturelle et biologique sur la planète.  Elle a souligné, en outre, que l’UNESCO encourageait l’Instance permanente, les organisations et les experts autochtones à partager avec elle des études de cas et d’expériences sur la question des langues autochtones menacées, ainsi que des informations sur les stratégies et les mesures prises pour les sauvegarder et les promouvoir.


Mme TRISHA RIEDY, Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), a indiqué qu’il importait de renforcer la participation des peuples autochtones, notamment par le biais d’approches participatives.  Elle a par la suite présenté les activités de l’UNITAR relatives à la promotion des droits des autochtones.  Le programme de formation se concentre principalement sur la résolution des conflits, le principal défi des peuples autochtones étant de faire valoir leurs droits fonciers vis-à-vis des gouvernements, a-t-elle indiqué.  Ces activités comprennent l’enseignement de techniques de négociation et des simulations de négociations afin de renforcer la capacité de négociation des autochtones.  Des études et rapports sont également à la disposition des participants pour renforcer leurs connaissances et leur permettre de mieux défendre leurs droits, a-t-elle ajouté.


M. SELMAN ERGÜDEN, ONU-Habitat, a souligné qu’ONU-Habitat disposait de plusieurs instruments, programmes, projets et activités pertinents concernant la question des territoires, des terres et des ressources des peuples autochtones.  Selon lui, le programme de logement des Nations Unies, en collaboration avec le Haut Commissariat aux droits de l’homme, le Groupe consultatif sur les évictions forcées et le Réseau Global Land Tool, constituent des instruments d’ONU-Habitat contribuant au travail de plaidoyer qui permet de défendre la propriété foncière des peuples autochtones.


M. WEND WENDLAND, Organisation mondiale pour la propriété intellectuelle (OMPI), a présenté les projets relatifs à la protection des modes d’expression culturelle traditionnels et des savoirs traditionnels mis en œuvre par l’organisation.  Une série d’activités ont été entreprises en ce sens, a-t-il indiqué, citant l’exemple de la mise en place d’actions visant à protéger l’art de femmes autochtones au Panama.  L’OMPI a, par ailleurs, établi un fonds d’affectation spéciale qui a notamment reçu des contributions importantes de la part de la France et de l’Afrique du Sud, a-t-il ajouté.  Ce fonds permettra de financer la participation de représentants de peuples autochtones à la dixième session du Comité intergouvernemental sur la propriété intellectuelle, les ressources génétiques, les savoirs traditionnels et le folklore, a-t-il indiqué.


Mme CHANDRA ROY, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a notamment évoqué la mise en place dans certains pays de programmes pilotes régionaux sur les droits et le développement des peuples autochtones, qui visent à fournir un espace aux peuples autochtones, aux gouvernements et aux institutions pour qu’ils se rencontrent et tentent de relever ensemble les défis.  Elle a également mis l’accent sur l’importance des programmes liés à la gestion des eaux et des terres qui, a-t-elle précisé, constitue une question essentielle pour les autochtones.  Ces programmes ont, par exemple, été mis en œuvre au Bangladesh, en Malaise et en Thaïlande.  Mme Roy a également indiqué que lorsque le statut des autochtones a été reconnu, les politiques de discrimination et d’exclusion en matière de propriété foncière et de gestion des ressources ont continué d’exister. 


Mme LUZ ANGELA MELO, Fonds de population des Nations Unies (FNUAP), a déclaré que le Fonds déployait beaucoup d’efforts pour intégrer la dimension des peuples autochtones dans l’ensemble de ses programmes.  Le FNUAP accorde une attention particulière pour réduire les écarts économiques, a-t-elle poursuivi, en cherchant notamment à identifier les groupes exclus et leurs besoins dans le domaine de la santé.  C’est pourquoi, depuis 2000, le FNUAP tient compte des sensibilités culturelles dans son action, a indiqué Mme Melo.  Il importe de prendre en considération et d’apprendre à comprendre les spécificités culturelles des peuples autochtones pour leur fournir des soins de santé adaptés.  Le FNUAP s’efforce à cet égard de promouvoir une éducation sanitaire et sexuelle bilingue qu’il juge essentielle pour l’autonomisation des adolescents et des femmes et l’amélioration de la santé reproductive des autochtones.


Mme ANNA LUCIA D’EMILIO, Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a affirmé que la culture et l’identité des peuples autochtones étaient directement liées à leur relation avec la terre ancestrale.  L’UNICEF, a-t-elle dit, est consciente de l’impact crucial de la terre pour la survie des populations autochtones et la réalisation des droits des enfants autochtones.  Selon elle, une des conséquences directes de la perte des terres et des territoires par les peuples autochtones est la dégradation de la situation nutritionnelle des enfants autochtones, situation qu’elle a déclarée préoccupante.  La représentante a souligné que l’UNICEF était convaincu que les droits des enfants se concrétisaient au mieux dans un environnement où ils peuvent se développer dans le bonheur et où leurs familles et communautés ont la capacité de protéger leurs droits et de répondre à leurs besoins.  La terre est un élément économique et spirituel essentiel pour les autochtones et, le fait d’en être privé affecte la capacité de développement harmonieux des enfants au sein de leurs communautés, a-t-elle assuré.  C’est pourquoi, elle a appelé tous les acteurs à s’employer à empêcher ces perturbations des modes de vie des autochtones et à assurer une protection de l’environnement de leurs enfants.


M. LUCA DALL’OGLIO, Organisation internationale des migrations (OIM), a déclaré que le thème relatif aux autochtones en milieu urbain est particulièrement important pour l’OIM.  En effet, le déracinement des autochtones de leurs terres ancestrales peut les contraindre à se déplacer, a-t-il affirmé.  L’impact des changements climatiques est l’un des principaux facteurs qui amènent les peuples autochtones à migrer, à plus forte raison si leurs activités dépendent de certaines cultures. C’est pourquoi, a recommandé le représentant, il importe que les peuples autochtones participent aux plans de préservation de leurs terres.


M. JOSÉ PARRA, du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, qui s’exprimait, en tant que membre du Groupe d’appui interorganisations, sur les questions interculturelles de Bolivie, a évoqué les activités et les expériences au titre de la coopération entre institutions au niveau des équipes de pays des Nations Unies.  Il a espéré que ces expériences soient notamment conformes au mandat de l’Instance permanente et a souhaité que le Groupe d’appui interorganisations sur les questions autochtones devienne un mécanisme efficace pour la mise en œuvre des décisions pertinentes de l’Instance permanente.


Mme ANNE DERUYTTERE, Banque interaméricaine de développement, a déclaré que le développement durable et la réduction de pauvreté étaient les objectifs principaux de la Banque.  Soulignant la corrélation entre l’habitat des autochtones et la conservation de la biodiversité, Mme Deruyttere a indiqué que le patrimoine était malgré cela menacé par les conflits et activités transfrontières.  Il est nécessaire de prendre des mesures urgentes pour assurer la protection des peuples autochtones, notamment ceux qui souffrent d’isolement involontaire, a-t-elle insisté.  C’est pourquoi, il est important de réduire la discrimination sur le marché du travail et d’accroître l’accès aux services sociaux de santé et à l’éducation.  Pour atteindre ces objectifs, il faudrait promouvoir le dialogue et respecter le principe de l’accord préalable, informé et librement consenti. 


Mme GHAZAL BADIOZAMANI, Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts, a notamment rappelé le rôle très important des autochtones dans le travail du Forum sur les forêts.  De l’avis de Mme Badiozamani, la mise en œuvre d’un instrument non contraignant relatif à la gestion des forêts ne réussira que s’il reçoit l’appui des peuples autochtones.  Elle a encouragé les membres de l’Instance permanente à engager leurs gouvernements nationaux à faire en sorte que cette gestion durable soit assurée à tous les niveaux.  Elle a en outre, invité l’Instance permanente et ses membres à développer un partenariat plus fort avec le Forum.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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