LE MOYEN-ORIENT EST À UN MOMENT CLEF POUR LA RECHERCHE DE LA PAIX, DÉCLARE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX AFFAIRES POLITIQUES
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Conseil de sécurité
5746e séance – matin
LE MOYEN-ORIENT EST À UN MOMENT CLEF POUR LA RECHERCHE DE LA PAIX, DÉCLARE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX AFFAIRES POLITIQUES
Il déplore une situation toujours préoccupante sur le terrain
Le processus de paix au Moyen-Orient est à un moment clef, a déclaré ce matin le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. B. Lynn Pascoe, lors de son compte rendu mensuel au Conseil de sécurité sur la situation dans la région. Des choix difficiles et impopulaires devront être pris, a-t-il prévenu, en estimant que l’inaction ou la timidité était plus risquée que l’action.
M. Pascoe a pris acte des initiatives diplomatiques en cours, qu’il s’agisse du dialogue bilatéral entre le Premier Ministre israélien Ehud Olmert et le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, de la tournée actuelle dans la région de la Secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice ou des visites récentes de Tony Blair, Représentant du Quatuor, dont il a rappelé qu’il tiendrait une réunion de haut niveau dimanche au Siège de l’ONU à New York. Il a souligné le contraste entre cette activité diplomatique et la réalité sur le terrain.
Trente et un Palestiniens et un Israélien sont morts au cours de ce dernier mois, soit dans des combats interpalestiniens, soit dans des affrontements entre Israéliens et Palestiniens. Ces violences ont également fait des dizaines de blessés des deux côtés, a-t-il indiqué. Il a condamné les tirs de roquettes palestiniennes sur la population civile dans le sud d’Israël et a également demandé au Gouvernement israélien de renoncer à son intention d’interrompre la fourniture de services essentiels, comme l’électricité et le carburant, à la bande de Gaza, décrétée hier « entité ennemie » par le Cabinet de sécurité israélien. La population civile ne devrait pas être punie pour les actions inacceptables de militants et d’extrémistes, a-t-il déclaré. Il a par ailleurs appelé Israël à rouvrir les points de passage de Karni et de Rafah, fermés depuis la prise de contrôle de Gaza par le Hamas.
Concernant la situation au Liban, M. Pascoe a rappelé que le Secrétaire général avait fermement condamné l’assassinat, hier, du député libanais Antoine Ghanem, qui intervient, a-t-il souligné, dans un contexte politique déjà tendu avant l’élection d’un nouveau Président de la République. Il a indiqué que le Premier Ministre libanais Fouad Siniora avait demandé que la Commission d’enquête internationale sur l’assassinat de Rafik Hariri étende ses investigations à cet acte criminel. Le Conseil de sécurité, a-t-il ajouté, sera saisi prochainement de cette demande.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Exposé
M. B. LYNN PASCOE, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a indiqué ce matin, lors du compte rendu mensuel au Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient, que la région se trouvait à un moment clef pour la recherche de la paix, tout en estimant que la situation sur le terrain restait très préoccupante.
Énumérant les initiatives diplomatiques en cours, il a noté la poursuite du dialogue bilatéral entre le Premier Ministre israélien Ehud Olmert et le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, la présence dans la région de la Secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice, qui rendra compte de sa visite, a-t-il précisé, lors d’une réunion du Quatuor, dimanche, au Siège des Nations Unies à New York, ainsi que les deux séjours dans la région du Représentant du Quatuor, Tony Blair.
M. Pascoe a par ailleurs déploré la poursuite des violences sur le terrain. Les affrontements entre Palestiniens ont fait 11 morts et 95 blessés, dont huit enfants au cours des 30 derniers jours, a-t-il indiqué, en faisant part de sa profonde préoccupation face aux indications sur des violations des droits de l’homme de la part des forces paramilitaires du Hamas à Gaza. Il s’est parallèlement inquiété de la dissolution, par l’Autorité palestinienne, d’une centaine d’organisations non gouvernementales en Cisjordanie et de la publication récente par le Président Abbas d’un décret qui modifie la loi électorale, en exigeant de tout parti politique qu’il s’engage à respecter la Déclaration d’indépendance de l’OLP, datant de 1988.
Concernant les violences entre Israéliens et Palestiniens, M. Pascoe a indiqué qu’elles avaient causé la mort de 20 Palestiniens et d’un Israélien au cours de la période considérée. Il a condamné les attaques à la roquette par des militants palestiniens de Gaza contre la population civile du sud d’Israël, en notant que 10 roquettes avaient été tirées à Sderot le jour de la rentrée des classes. Il a également constaté que les efforts pour obtenir la libération du soldat israélien Gilad Shalit, enlevé à Gaza, n’avaient pas progressé.
Le Secrétaire général adjoint a appelé Israël à revenir sur sa décision, annoncée la veille, de déclarer Gaza comme une « entité ennemie » et son intention d’interrompre la fourniture de services essentiels, comme l’électricité et le carburant, à la population civile. Tout en affirmant comprendre les préoccupations d’Israël en matière de sécurité, il a noté que de telles mesures, si elles étaient appliquées, constitueraient une violation des obligations d’Israël en vertu du droit international. La population de Gaza, a-t-il déclaré, ne devrait pas être punie pour les actions inacceptables de militants et d’extrémistes. Il a par ailleurs constaté qu’après la mort de deux enfants à Gaza le 22 août, lors d’un tir de missile par Israël, les Forces de défense israéliennes n’avaient pas pris de mesures pour éviter de telles pertes.
M. Pascoe a regretté qu’aucune des mesures de rétablissement de la confiance constatées au cours des périodes précédentes en Cisjordanie, comme la libération de prisonniers palestiniens ou l’assouplissement des obstacles à la liberté de mouvement, n’avait été renouvelée. Il a constaté que les implantations de colonies israéliennes se poursuivaient en Cisjordanie, en violation du droit international et de la Feuille de route, discréditant les efforts pour faire avancer le processus de paix. Il a noté la poursuite de la construction de la barrière à l’intérieur de la Cisjordanie, en prenant acte de la décision de la Haute Cour israélienne, le 4 septembre, d’ordonner une modification du tracé de la barrière autour du bloc d’implantation de Modiin.
Notant les efforts de l’Autorité palestinienne pour rétablir l’ordre et améliorer les conditions de vie, M. Pascoe a souligné que davantage devait être fait pour rétablir la confiance dans le domaine de la sécurité. C’est un test clef pour les autorités palestiniennes, a-t-il déclaré. Il a constaté que la reprise par Israël des transferts des recettes fiscales à l’Autorité palestinienne avait permis le paiement des salaires des fonctionnaires palestiniens.
Citant le rapport de la Banque mondiale sur l’économie palestinienne, M. Pascoe a noté que le PNB par habitant était passé de 1 612 dollars en 1999 à 1 129 dollars en 2006 dans les territoires palestiniens occupés. La Banque, a-t-il poursuivi, préconise une plus grande liberté de mouvement, la consolidation de l’état de droit et la délivrance d’une aide régulière et prévisible. La Banque rappelle par ailleurs que la bande de Gaza, qui représente 40% de la population des territoires palestiniens occupés, doit être incorporée dans tout plan de redressement.
M. Pascoe a déploré, dans ce contexte, le bouclage continu de la bande de Gaza. Il a appelé à la réouverture des points de passage de Karni et de Rafah, dont la fermeture, depuis la prise de pouvoir par le Hamas à la mi-juin, a eu pour conséquence le blocage de programme d’infrastructure de l’ONU et de la Banque mondiale d’une valeur de 200 millions de dollar, la quasi-interruption des exportations et le ralentissement des importations de nourriture. Seuls 60% des besoins en importations alimentaires de la bande de Gaza sont actuellement couverts, selon le Programme alimentaire mondial (PAM).
Relatant par ailleurs les événements survenus récemment dans le reste de la région lors de la période considérée, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques a cité la violation de l’espace aérien syrien par des appareils israéliens, le 6 septembre dernier, rapportée, trois jours plus tard, par le représentant de la Syrie dans une lettre adressée au Président du Conseil de sécurité et au Secrétaire général. Ces accusations, abondamment commentées par la presse, n’ont fait l’objet d’aucune réaction de la part du Gouvernement israélien, a-t-il précisé.
M. Pascoe a en outre fait état de l’assassinat, hier, du député libanais Antoine Ghanem, lors d’un attentat qui a tué sept autres personnes et fait de nombreux blessés. Le Secrétaire général a condamné vigoureusement cet acte de terrorisme, qui visait, selon lui, comme d’autres précédemment, à saper la stabilité du Liban, a-t-il affirmé. Il a ajouté que le Secrétaire général avait reçu hier une lettre du Premier Ministre libanais Fouad Siniora demandant que ce crime soit ajouté au travail d’assistance fourni par la Commission d’enquête internationale indépendante de l’ONU. Cette lettre sera transmise au Conseil de sécurité, a-t-il dit.
Le Secrétaire général adjoint est revenu sur la victoire des Forces armées libanaises sur le groupe Fateh el-Islam, le 2 septembre, après 15 semaines de combats autour et à l’intérieur du camp de réfugiés de Nahr el-Bared. Les affrontements, qui ont débuté le 20 mai, ont tué 166 soldats libanais et 222 militants de Fateh el-Islam, a-t-il indiqué, notant que 202 autres miliciens avaient été arrêtés.
Les tensions politiques dans la perspective de la prochaine élection présidentielle libanaise restent fortes, a-t-il en outre estimé. Il est essentiel, a-t-il dit, que celle-ci ait lieu conformément au calendrier prévu et selon les procédures stipulées dans la Constitution libanaise, ce qui, selon lui, exige un dialogue ouvert et véritable entre les parties afin que le Président puisse jouir du soutien le plus large des Libanais.
La situation dans la zone de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) reste calme, a-t-il par ailleurs souligné. Les violations aériennes israéliennes au-dessus de la Ligne bleue se sont poursuivies, a-t-il ajouté.
M. Pascoe a également rappelé que le Quatuor se réunirait dimanche 23 septembre, réunion suivie, le lendemain, de celle du Comité spécial de liaison. Le Secrétaire général organisera ou coorganisera les deux événements, a-t-il précisé. Le Quatuor, a-t-il poursuivi, entendra notamment Tony Blair sur son plan concernant la période à venir et discutera de la préparation de la Réunion internationale demandée par le Président des États-Unis George Bush.
Beaucoup d’enjeux demeurent pour les mois à venir, a estimé le Secrétaire général adjoint, qui a décrit de nombreux obstacles et une situation volatile sur le terrain. Les efforts unis de la communauté internationale seront essentiels pour obtenir des résultats diplomatiques, a-t-il assuré. Selon lui, des choix difficiles et impopulaires seront à prendre, et des risques calculés seront nécessaires pour réaliser la paix. L’inaction ou la timidité présentent des risques incomparablement plus grands que ceux de l’action, a conclu M. Pascoe.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel