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CS/9041

LA SITUATION EN IRAQ RESTE EXTRÊMEMENT PRÉOCCUPANTE, SOULIGNE LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ

13/06/2007
Conseil de sécuritéCS/9041
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

5693e séance – après-midi


LA SITUATION EN IRAQ RESTE EXTRÊMEMENT PRÉOCCUPANTE, SOULIGNE LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ


Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq, Ashraf Jehangir Qazi, a dressé cet après-midi devant le Conseil de sécurité un tableau extrêmement préoccupant de la situation qui règne dans ce pays en matière de sécurité.  Lors du débat qui a suivi la présentation du dernier rapport du Secrétaire général au Conseil de sécurité, les membres du Conseil ont été unanimes à condamner l’attentat perpétré aujourd’hui à Samarra contre le mausolée, sacré pour la majorité chiite, de l’imam Ali al-Hadi et de l’imam Hassa al-Askary.


Cette attaque, a souligné le Ministre iraquien des affaires étrangères, Hoshyar Zebari, qui était invité à la table du Conseil, constitue un message symbolique envoyé par les terroristes et qui montre qu’ils veulent détruire le fondement même de la société iraquienne et en détruire l’harmonie interreligieuse ainsi que les traditions de tolérance et de fraternité.


Soulignant que l’environnement politique, sécuritaire et économique complexe de l’Iraq continuait de poser d’énormes difficultés aux dirigeants qui ont été élus pour normaliser la situation du pays, le Ministre a estimé que la présence d’une force multinationale demeurait vitale pour assurer la sécurité et la stabilité de l’Iraq et de sa région.


Pour le Représentant spécial du Secrétaire général, Ashraf Qazi, le rapport présenté au Conseil illustre la gravité des difficultés auxquelles est confronté l’Iraq, ainsi que la nature des efforts entrepris par le Gouvernement iraquien, les pays voisins de l’Iraq et la communauté internationale pour tenter de répondre à cette situation.  Celle-ci, a-t-il poursuivi, est incroyablement complexe, mêlant des conflits qui sont à la fois ethniques, sectaires et politiques, et qui dépassent la capacité des différents acteurs et des politiques à les résoudre.  Cet état de choses a contribué à accroître le sentiment d’insécurité et de pessimisme parmi de nombreux Iraquiens, a estimé M. Qazi.


Si la situation politique et sécuritaire de l’Iraq ne s’améliore pas dans les prochains mois, il est à craindre que certaines des crises auxquelles fait face le pays ne s’aggravent encore plus, a-t-il prévenu.  Avec le soutien du Conseil de sécurité et celui du Gouvernement de l’Iraq, l’ONU a le potentiel de contribuer efficacement au dialogue national, au processus de réconciliation, à la coopération régionale en Iraq et au soutien international en faveur de ce pays, a cependant indiqué le Représentant spécial du Secrétaire général.  En réexaminant le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), le Conseil pourrait envisager la façon d’utiliser au mieux ce potentiel au service du Gouvernement et du peuple iraquiens, a-t-il recommandé.


Le rapport soumis aujourd’hui par le Secrétaire général au Conseil de sécurité est le douzième du genre et a été présenté « en application du paragraphe 30 de la résolution 1546 ».  Dans ce document, Ban Ki-moon faisait le point sur des activités menées par l’ONU en Iraq depuis le 7 mars 2007.  Aux termes de ce rapport, et selon les mots du Secrétaire général, la situation en Iraq demeure précaire, malgré le succès initial du renforcement des mesures de sécurité au cours des derniers mois.  Dans ce document, Ban Ki-moon assure que l’ONU demeure déterminée à venir en aide au Gouvernement iraquien.  Si la situation le permet, le Secrétaire général dit envisager un développement du rôle et de la présence de l’ONU en Iraq.  Toutefois, ajoute-t-il, des indications claires du Conseil de sécurité et du Gouvernement iraquien seront indispensables à cet effet.  Le Secrétaire général espère que le Conseil de sécurité et les États Membres continueront de soutenir énergiquement, sur le plan politique comme sur le plan logistique, la présence de l’ONU en Iraq.


Le rôle de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) a été salué aujourd’hui par le représentant des États-Unis, Zalmay Khalilzad.  S’exprimant au nom de la Force multinationale, il a appelé à la modification du mandat de la Mission afin de la rendre plus robuste et capable d’appuyer, comme il se doit, les progrès politiques et économiques de l’Iraq et de lui fournir l’assistance humanitaire nécessaire.  Quant à la Force multinationale, a indiqué M. Khalilzad, elle demeure déterminée à aider les Forces iraquiennes à renforcer leurs capacités, afin qu’elles puissent assumer pleinement leurs responsabilités dans la sécurisation et la défense du pays.


Outre les personnalités ci-dessus citées, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Ghana, France, Fédération de Russie, Italie, Qatar, Congo, Royaume-Uni, Slovaquie, Panama, Indonésie, Afrique du Sud, Pérou, Chine et Belgique.


LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ


Rapport présenté par le Secrétaire général en application du paragraphe 30 de la résolution 1546 (S/2007/330)


Ce rapport du Secrétaire général, qui est le douzième soumis en application de la résolution 1546 (2004), fait le point sur des activités menées par l’ONU en Iraq depuis le 7 mars 2007, date de la présentation du rapport précédent.  Dans ce rapport, le Secrétaire général fait un récapitulatif des principaux faits politiques survenus au cours de la période commençant le 7 mars dernier.  Il parle  notamment des mesures prises par le Gouvernement iraquien afin de réduire la violence et promouvoir la réconciliation nationale, ainsi que des faits nouveaux survenus aux niveaux régional et international concernant l’Iraq.  Ban Ki-moon donne en outre des informations, mises à jour, sur les activités menées par son Représentant spécial pour l’Iraq, Ashraf Jehangir Qazi, et rend compte des conditions de sécurité et des questions opérationnelles et de sécurité.


Au paragraphe 30 de sa résolution 1546 (2004), le Conseil de sécurité avait prié le Secrétaire général de lui rendre compte, tous les trois mois, de l’exécution des tâches confiées à la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI).


Selon le Secrétaire général, la situation en Iraq demeure précaire, malgré le succès initial du renforcement des mesures de sécurité au cours des derniers mois.  La persistance des violences politiques, sectaires, et criminelles en Iraq a continué d’exercer des pressions considérables sur le tissu politique et social du pays, écrit-il.  En dépit des efforts des forces de sécurité iraquiennes et multinationales, les progrès ne sont pas aussi rapides qu’on avait pu l’espérer lors du lancement des nouvelles initiatives en matière de sécurité, au début de 2007, comme en témoigne la persistance des attaques contre la population civile, les infrastructures et les institutions politiques telles que le Conseil des représentants, indique Ban Ki-moon.


Le Secrétaire général estime que les dirigeants iraquiens, les hauts responsables de la région et, plus généralement, la communauté internationale, ont de plus en plus clairement conscience que les problèmes complexes auxquels l’Iraq fait face sont interdépendants et qu’il est urgent de trouver une solution à cette situation, dans l’intérêt de la région et du monde. 


Plusieurs initiatives témoignent à ses yeux d’une solidarité accrue face à l’impact de la crise en Iraq.  Ainsi, la conférence sur les déplacés, organisée au mois d’avril, à Genève, a marqué un premier pas important dans la recherche de solutions collectives à un problème de plus en plus aigu qui frappe l’ensemble de la région.  De même, les participants à la réunion organisée à Charm el-Cheikh (Égypte), le 3 mai 2007, à l’occasion du lancement du Pacte international pour l’Iraq, ainsi que ceux ayant pris part à la réunion des États voisins, des cinq membres permanents du Conseil de sécurité et du G-8, qui a eu lieu le 4 mai, ont reconnu objectivement la nécessité d’un appui international concerté en faveur des efforts de réconciliation du Gouvernement iraquien.


Le Secrétaire général encourage tous ceux concernés à poursuivre dans cette voie et à rechercher de nouveaux moyens concrets d’encourager une coopération accrue face aux problèmes que connaît l’Iraq et aux problèmes régionaux connexes.  Pour Ban Ki-moon, il revient désormais aux dirigeants iraquiens de mettre en œuvre les engagements pris en faveur de la population.  Compte tenu de la persistance de la violence, qui met à rude épreuve l’unité du pays, une intensification du dialogue national est nécessaire pour renforcer la confiance, recommande-t-il, en précisant que l’ONU se tient prête à soutenir le Gouvernement iraquien à cet égard.


Le Secrétaire général ajoute dans ce rapport que le processus politique en Iraq entre dans une phase « extraordinairement délicate ».  Les questions qui posent problème, tels que le référendum au sujet de Kirkuk et d’autres régions faisant l’objet d’un différend, doivent être abordées avec précaution.  Les solutions qui seront adoptées devront être le résultat d’un dialogue national et de la recherche patiente du compromis, et s’inscrire dans le cadre de la Constitution, souligne-t-il.


Le Secrétaire général assure que l’ONU reste déterminée à venir en aide au Gouvernement iraquien.  Il déclare que, si la situation le permet, il envisagera un développement du rôle et de la présence de l’ONU en Iraq.  Toutefois, des indications claires du Conseil de sécurité et du Gouvernement iraquien seront indispensables à cet effet, et une coordination plus étroite avec les principaux partenaires internationaux serait par ailleurs souhaitable, ajoute Ban Ki-moon.  Il faudrait, recommande-t-il, mettre en place les conditions opérationnelles nécessaires, c’est-à-dire des mécanismes appropriés de protection et de sécurité, et un appui aérien, et construire des installations qui assurent la sécurité du personnel.  Dans ce rapport, le Secrétaire général espère que le Conseil de sécurité et les États Membres continueront de soutenir énergiquement, sur le plan politique comme sur le plan logistique, la présence de l’ONU en Iraq.


Exposé


M. ASHRAF JEHANGIR QAZI, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq, qui présentait le douzième rapport soumis au Conseil par le Secrétaire général en application du paragraphe 30 de la résolution 1546, a affirmé que ce rapport illustrait la gravité des difficultés auxquelles était confronté l’Iraq et les efforts entrepris par le Gouvernement iraquien, les pays voisins de l’Iraq et la communauté internationale pour tenter de répondre à cette situation.  Selon M. Qazi, malgré les efforts courageux et notables de l’Iraq et des forces de sécurité multinationales pour stopper la violence, les progrès ont été plus lents et plus incertains que prévus.  La situation, a-t-il poursuivi, est incroyablement complexe, mêlant des conflits ethniques, sectaires et politiques qui dépassent la capacité des acteurs ou des politiques à les résoudre.  Cela a, selon lui, contribué à accroître le sentiment d’insécurité et de pessimisme parmi de nombreux Iraquiens.  La tragédie qui vient de frapper les sites sacrés de Samarra ne fait qu’ajouter à cette préoccupation, a-t-il dit.  M. Qazi a indiqué que la communauté internationale ne pouvait rester spectatrice des crises que traverse l’Iraq.  Elle a, a-t-il dit, non seulement un rôle essentiel à jouer pour y apporter la sécurité, mais aussi une obligation morale pour encourager et permettre au Gouvernement de l’Iraq de construire un processus inclusif en vue de ramener la stabilité dans le pays. 


Le Rapport du Secrétaire général fait également état de graves préoccupations sur la situation des droits de l’homme en Iraq, a-t-il ajouté.  M. Qazi a ainsi prié instamment le Gouvernement de l’Iraq et d’autres de travailler en étroite collaboration avec la MANUI et le Haut Commissariat aux droits de l’homme pour améliorer la situation des droits de l’homme dans le pays.  Le Représentant spécial a estimé que la situation en Iraq présentait une urgence réelle et que la communauté internationale devait y répondre.  Si la situation politique et sécuritaire de l’Iraq ne s’améliore pas dans les prochains mois, il est à craindre que certaines crises ne s’aggravent encore plus, a-t-il dit.  Selon lui, les Nations Unies, avec le soutien du Conseil de sécurité et le Gouvernement de l’Iraq, ont le potentiel d’aider efficacement le dialogue national, le processus de réconciliation, la coopération régionale en Iraq et le soutien international en faveur de ce pays.  En réexaminant le mandat de la MANUI, le Conseil pourrait envisager la façon d’utiliser au mieux ce potentiel au service du Gouvernement et du peuple iraquien, a-t-il conclu.


Déclarations


M. ZALMAY KHALILZAD (États-Unis) a, en s’exprimant au nom de la Force multinationale, reconnu les défis sécuritaires auxquels le Gouvernement iraquien est confronté.  Sur le front politique, il a salué les efforts des dirigeants iraquiens visant à promouvoir la réconciliation nationale, comme en témoigne l’annonce du Comité de révision de la Constitution concernant la préparation d’un plan de réforme constitutionnelle.  Le représentant des États-Unis a aussi salué la sélection des nouveaux commissaires de la Commission électorale indépendante; les projets de loi sur les pouvoirs des conseils provinciaux; le travail de la Commission de démobilisation, de désarmement et de réintégration; et enfin, l’examen d’un projet de loi sur la réforme du processus de « dé-baathification ».  Sur le front économique, il s’est félicité du lancement du Pacte international pour l’Iraq, en jugeant qu’en la matière, l’Iraq doit adopter une législation sur les hydrocarbures, relative au partage des revenus pétroliers, et améliorer l’exécution de son budget.


Venant à l’aspect sécuritaire, le représentant a vu dans l’attentat commis aujourd’hui contre les mosquées de l’Iman Ali et de l’Iman Hassan, une tentative délibérée d’Al-Qaida de diviser l’Iraq.  Il a appelé tous les Iraquiens à rejeter cette provocation.  Il a poursuivi en indiquant qu’arrivée à son cinquième mois, l’Opération Fardh Al Qanan continue d’améliorer la sécurité à Bagdad.  Les attaques contre les civils et les assassinats sectaires ont diminué dans la capitale.  Les Forces iraquienne et multinationale continuent d’établir des stations conjointes de sécurité dans la capitale et dans ses environs.  Dans la province d’Al Anbar, l’opposition à Al-Qaida se renforce.  Les Forces de sécurité iraquiennes, a affirmé le représentant, réussissent à recruter un grand nombre de personnes, ce qui montre la détermination des populations à participer à la lutte contre les insurgés et Al-Qaida.  Les Forces de sécurité iraquiennes contrôlent désormais sept provinces du pays.


M. Khalilzad a poursuivi sa présentation en se félicitant de l’offre de la Turquie d’accueillir la prochaine réunion élargie aux voisins de l’Iraq, qui se tiendra après celle de Charm el-Cheikh.  La sécurisation des frontières iraquiennes est essentielle, a-t-il souligné, en se montrant inquiet que certains voisins de l’Iraq continuent à appuyer la violence extrémiste.  Il a aussi salué le rôle de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) et appelé à la modification de son mandat pour la rendre plus robuste et capable d’appuyer comme il se doit les progrès politiques et économiques et de fournir l’assistance humanitaire nécessaire.  Quant à la Force multinationale, a-t-il conclu, elle demeure déterminée à aider les Forces iraquiennes à renforcer leurs capacités, afin qu’elles puissent assumer pleinement leurs responsabilités dans la sécurisation et la défense du pays.


M. HOSHYAR ZEBARI, Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, a affirmé que, conformément à la résolution 1723 du Conseil de sécurité, le mandat de la Force multinationale en Iraq devait être réexaminé.  Le Ministre a souligné que, en dépit de progrès remarquables, un environnement politique, sécuritaire et économique complexe continuait de présenter des difficultés énormes aux dirigeants qui ont été élus pour normaliser la situation du pays.  Selon lui, les bombardements commis aujourd’hui, qui ont détruit les lieux sacrés d’Askaria, à Samarra, constituent un message symbolique envoyé par les terroristes, montrant qu’ils veulent détruire le fondement même de la société iraquienne, détruire l’harmonie interreligieuse, ainsi que les traditions de tolérance et de fraternité.  Les Iraquiens, unis en tant que Gouvernement et en tant que peuple, rejettent catégoriquement les tentatives odieuses de divisions qui sont menées dans l’espoir de semer la guerre civile et sectaire, a-t-il déclaré. 


Selon lui, si les Iraquiens seront toujours reconnaissants d’avoir été libérés d’un despote absolu, aucun citoyen iraquien ne veut que la présence de forces étrangères sur le sol iraquien ne dure un jour de plus que ce qui est nécessaire.  Mais, pour aujourd’hui, et pour les mois à venir, la présence d’une force internationale reste vitale pour assurer la sécurité et la stabilité de l’Iraq et de la région, a-t-il ajouté.  Le rôle de la MANUI est important, car elle apporte une force militaire supplémentaire à chaque fois que les besoins dépassent la capacité des forces militaires et de sécurité iraquiennes, a-t-il dit.  De même, la Force multinationale se charge de la formation des forces armées iraquiennes.  Le Ministre a mis l’accent sur la nécessité d’accélérer la mise en place d’une force de sécurité iraquienne autonome.  Il a affirmé que les forces de sécurité iraquiennes continuaient d’assumer une responsabilité plus importante en vue de ramener la sécurité au peuple iraquien, tandis que leur taille, leur expérience et leur capacité s’accroissent.  Il a exprimé la détermination de son gouvernement à vaincre les forces de ceux qui ne souhaitent que détruire le processus politique en Iraq.  Des stratégies autres que militaires doivent être mises en place pour restaurer la paix et la stabilité en Iraq, a-t-il également dit, insistant sur le processus de réconciliation nationale et évoquant la révision de la Constitution.  Le rôle de la MANUI doit, à l’avenir, mieux évoluer pour correspondre aux besoins, tels qu’ils ont exprimés dans la mise en œuvre du Pacte international, a-t-il souligné.  La MANUI est une mission dont le rôle doit répondre aux besoins de l’Iraq tels que présentés par le Gouvernement de l’Iraq, a ajouté le Ministre.


M. LELIE KOJO CHRISTIAN (Ghana) s’est joint à l’appel pour un appui international aux activités liées à la sécurité en Iraq.  Saluant ensuite les progrès enregistrés sur les plans politique et économique, il a jugé que l’aide fournie par la Mission de l’ONU y est essentielle.  Il a espéré que la dynamique donnée par la Conférence sur le Pacte international pour l’Iraq se concrétisera en actes concrets.  Encourageant les fonds, programmes et institutions de l’ONU à demeurer auprès de la population iraquienne, le représentant a appuyé la proposition du Secrétaire général de construire pour eux de nouveaux locaux sécurisés à Bagdad.  Le représentant a enfin appelé au strict respect des droits de l’homme par les autorités iraquiennes et internationales.  Il a dit ne pas comprendre pourquoi le Parlement iraquien n’a pas pu ratifier le Mémorandum d’accord signé en 2005 entre le Gouvernement iraquien et l’ONU.


M. JEAN-PIERRE LACROIX (France) s’est dit préoccupé par la situation sécuritaire et humanitaire en Iraq, à la lumière des informations contenues dans le rapport du Secrétaire général.  Il a souligné l’urgence pour les Iraquiens de travailler collectivement à la recherche de solutions.  Il a donc relevé les développements positifs qui se sont produits au niveau interne, dont l’adoption d’un projet de loi sur les hydrocarbures et la conclusion prochaine des travaux du Comité de révision constitutionnelle.  Saluant, une nouvelle fois, les résultats de la réunion élargie aux pays voisins de l’Iraq, le représentant s’est ensuite félicité de la conférence sur les déplacés en Iraq et du lancement du Pacte international pour l’Iraq.  Il faut maintenant construire sur cette dynamique; la clef en étant un processus le plus inclusif possible.  Tous les Iraquiens, a-t-il insisté, doivent s’entendre sur un partage équitable du pouvoir et des ressources.  Les pays de la région devront eux aussi jouer tout leur rôle et faire tout pour contribuer à la stabilisation de l’Iraq, a-t-il recommandé.  Le représentant a espéré que les groupes de travail sur la sécurité, l’énergie, et les questions humanitaires, dont la création a été décidée à Charm el-Cheikh, élaboreront des propositions concrètes de coopération.  Quant à la communauté internationale, elle doit, selon lui, rester mobiliser pour soutenir la dynamique interne et régionale.  C’est le but du Pacte international pour l’Iraq qui ne fonctionnera que sur la base du respect des engagements réciproques, a-t-il estimé.  Le représentant de la France a conclu en se montrant, à son tour, favorable à un renforcement du rôle de la Mission de l’ONU si les conditions le permettent. 


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a mis l’accent sur la nécessité pour la communauté internationale de s’efforcer d’assurer la normalisation de l’Iraq.  Cette situation exige le concours de tous, a-t-il dit en substance, citant la nécessité de la participation non seulement de l’ONU, mais aussi du Mouvement des non-alignés, des pays voisins et de tous ceux qui peuvent aider l’Iraq.  Le représentant s’est dit en outre préoccupé par les informations concernant le nouvel attentat commis contre le site sacré de Samarra, déjà fortement endommagé en juillet 2006.  Il a lancé un appel au peuple iraquien pour qu’il fasse preuve de retenue face aux agissements des extrémistes.  Le représenté russe a également appuyé l’appel du Premier Ministre iraquien pour que cessent les violences dans le pays.  Il faut par ailleurs définir les délais dans lesquels les forces multinationales quittent le pays, a-t-il estimé.  Il ne s’agit pas de définir une date aujourd’hui, mais il est important pour les Iraquiens d’assurer la fin de la présence étrangère dans leur pays, a-t-il précisé. 


M. ALDO MANTOVANI (Italie) a rappelé la contribution importante de son pays à la stabilisation politique et économique de l’Iraq, une contribution qu’il a qualifiée d’ « obligation morale ».  L’Italie est prête à maintenir cette contribution, a-t-il promis,  avant d’appeler à la mise en œuvre sans retard des réformes envisagées dans le Pacte international pour l’Iraq et à la création des groupes de travail prévus par la réunion élargie aux pays voisins de l’Iraq.  Si fondamental que soit l’appui international, la clef du succès réside dans l’action du Gouvernement iraquien, a-t-il prévenu,  en ajoutant que le succès en matière de sécurité n’est possible que s’il se fonde sur la réconciliation nationale et sur la mise en œuvre de mesures qui ont un impact socioéconomique rapide.  Le représentant italien s’est, à son tour, félicité des résultats de la conférence sur la question des déplacés iraquiens.  Il a, lui aussi, conclu en appuyant l’idée d’un rôle accru de la Mission de l’ONU, après avoir condamné l’attaque perpétrée aujourd’hui à Samarra et appelé les Iraquiens à atténuer les tensions par le dialogue. 


M. JAMAL NASSER AL-BADER (Qatar) a réitéré la position de son pays, qui soutient la nécessité de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Iraq pour que le peuple iraquien puisse retrouver la sécurité et la stabilité.  Il est indispensable d’agir rapidement pour que l’on trouve les causes profondes de la crise en Iraq, a-t-il observé.  Il a également jugé essentiel qu’un processus politique « participatoire », transparent et inclusif, soit lancé, de même qu’il a jugé indispensable que les divisions sectaires, qui sont « abominables », soient surmontées.  Des efforts importants ont été réalisés par le Gouvernement iraquien, mais le succès de ces efforts a été limité dans certains cas, a-t-il également constaté.  Selon lui, les forces iraquiennes de sécurité nationales doivent être renforcées.  Le représentant qatari a condamné tous les actes de violence terroriste, sous quelque forme que ce soit.  L’accélération de l’amélioration des conditions de vie est également une priorité, a-t-il également assuré.  À cet égard, le Pacte international pour l’Iraq représente une initiative utile, a-t-il estimé.  Selon le représentant, l’ONU et ses agences spécialisées peuvent assurer un plus grand rôle avec des directives claires du Conseil de sécurité et du Gouvernement iraquien. 


M. PASCAL GAYAMA (Congo) a jugé urgent d’apporter des solutions satisfaisantes aux énormes défis auxquels fait face la société iraquienne.  Citant les défis de la réconciliation nationale et du partage du pouvoir politique et des ressources, le représentant a pointé le doigt sur la responsabilité des leaders politiques et confessionnels iraquiens en ce qui concerne la recherche de réponses consensuelles aux difficultés de tous ordres que connaît le pays.  Le rôle des pays voisins de l’Iraq est essentiel, a-t-il estimé, à son tour, en soulignant l’importance de l’accompagnement de la communauté internationale, dont l’ONU.  Il a salué le rôle de la MANUI et celui de chef de file du Secrétaire général.  Il s’est félicité des différentes réunions qui ont eu lieu, dernièrement, en espérant que l’une dans l’autre les diverses initiatives, pourvu qu’elles soient menées dans l’intérêt des populations iraquiennes et dans une perspective principalement politique, contribueront à recréer la confiance, condition essentielle de la paix et de la reconstruction du pays. 


Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a rappelé la condamnation par son pays de l’attentat perpétré contre le site sacré de Samara, les auteurs de cet acte n’ayant, selon elle, pour objectif que de détruire le processus démocratique en Iraq.  La représentante s’est félicitée du fait que le Secrétaire général insiste sur le lancement du Pacte international pour l’Iraq.  Les Nations Unies et le Gouvernement de l’Iraq ont des rôles fondamentaux à jouer pour que le Pacte international soit un succès, a-t-elle dit.  Le rôle des pays voisins reste également important pour assurer la sécurité de l’Iraq et permettre la reconstruction et la réconciliation dans ce pays, a dit la représentante.  Elle a en outre demandé instamment au Gouvernement iraquien de travailler à la réconciliation nationale, se félicitant du rôle joué par la MANUI dans le processus de révision constitutionnelle.  La représentante s’est par ailleurs dite préoccupée par la situation humanitaire en Iraq et par le nombre sans cesse croissant des personnes déplacées. 


M. PETER BURIAN (Slovaquie) a salué les efforts de la Mission de l’ONU, et s’est félicité de la visite personnelle que le Secrétaire général a effectuée en Iraq.  Il s’est dit encouragé par la recommandation du Secrétaire général d’élargir le rôle et la présence de l’ONU en Iraq, là où les circonstances le permettront.  Se félicitant, à son tour, du lancement du Pacte international pour l’Iraq et de la tenue de la Conférence ministérielle élargie aux pays voisins de l’Iraq, il a surtout appuyé la recommandation faite par cette dernière de réactiver les comités techniques sur la sécurité, les réfugiés et l’énergie.  Les voisins de l’Iraq doivent, en effet, jouer un rôle plus actif dans la promotion de la paix et de la stabilité en Iraq, a estimé M. Burian.  Le représentant slovaque a donc qualifié de « pas encourageant » la réunion tenue le 28 mai à Bagdad entre les États-Unis et l’Iran.  Il a conclu, en soulignant le rôle essentiel du Gouvernement iraquien dans les processus de transition et de stabilisation.  L’appropriation iraquienne est fondamentale, a-t-il insisté, avant de regretter, dans ce cadre, les retards pris dans l’élaboration des projets de loi sur les hydrocarbures, les élections provinciales, la « dé-baathification » ou encore l’amnistie.  Il a aussi regretté que le niveau de violence, les attaques terroristes et sectaires et l’insécurité continuent d’être très élevés en Iraq.  Il a lancé un appel à un effort redoublé pour alléger les souffrances humanitaires, avant de conclure par ces mots: « Nous voyons à quel point, il est essentiel de promouvoir le dialogue et la réconciliation nationale de tous les Iraquiens ».


M. GIANCARLO SOLER TORRIJOS (Panama) s’est dit préoccupé par la situation « épouvantable » dans laquelle vivent les Iraquiens.  Le représentant a demandé aux parties en conflit de s’abstenir de causer des souffrances au peuple iraquien.  Il a estimé que des engagements financiers plus importants en faveur de l’Iraq étaient indispensables.  Il a mis l’accent sur la nécessité de mettre en œuvre une stratégie intégrale visant à éviter de laisser la vie des populations iraquiennes aller à la dérive.  Il a ainsi insisté sur l’importance de la mise en œuvre du Pacte international pour l’Iraq.  Le représentant de Panama a enfin dit l’appui de son pays à la MANUI et au Gouvernement de l’Iraq dans leurs efforts pour ramener la paix et la sécurité en Iraq. 


M. HASAN KLEIB (Indonésie) s’est déclaré profondément préoccupé par la violence politique, sectaire, et criminelle qui continue de priver les Iraquiens de leurs droits.  Il a dit avoir relevé une pause dans le conflit sectaire après le lancement du plan de sécurité mais, a-t-il aussi dit, « nous savons que cette pause était trop brève et trop aléatoire pour faire naître une véritable chance de paix durable ».  Le représentant a salué l’engagement du Gouvernement iraquien à faire de la sécurité et de la stabilité ses priorités.  Il a tout de même souligné la nécessité urgente de protéger les civils et de respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire.  La réponse ne peut pas être que sécuritaire, a-t-il estimé, en souhaitant que les mesures de sécurité s’accompagnent d’une promotion de l’inclusion, et du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales.  Il a donc salué les efforts des dirigeants qui veulent rétablir la confiance par le dialogue et la réconciliation nationale.  Faisant part des initiatives prises par son pays, dont l’organisation, les 3 et 4 avril derniers, de la Conférence internationale des dirigeants musulmans pour la réconciliation en Iraq, le représentant de l’Indonésie a conclu en se montrant préoccupé par les conséquences humanitaires de la violence actuelle et en appelant à un plus grand appui de la communauté régionale et internationale à l’Iraq.  Il a dit attendre avec impatience la création des comités techniques décidée par la Conférence élargie aux pays voisins de l’Iraq, ainsi que la mise en œuvre des réformes préconisées par le Pacte international pour l’Iraq.  Pour conclure, il a appuyé l’idée du Secrétaire général d’envisager l’élargissement du rôle et de la présence de l’ONU en Iraq.  


Mme BONGIWE QWABE (Afrique du Sud) a dit la préoccupation qu’éprouve son pays face à la situation qui prévaut en Iraq; une situation qui, a-t-elle dit, continue de se dégrader.  Elle a mis l’accent sur la nécessité de lancer en Iraq un processus politique incluant tous les groupes, ainsi qu’un dialogue constructif incluant tous les États voisins.  Après avoir également évoqué le problème des personnes déplacées, elle a estimé que le Conseil de sécurité avait la responsabilité de faire en sorte que les ressources naturelles de l’Iraq soient exploitées de manière transparente, afin qu’elles profitent au peuple iraquien.  Le Conseil de sécurité assume la responsabilité de faire en sorte que les pouvoirs accordés à la Force multinationale soient exercés conformément aux décisions du Conseil, et que les droits de l’homme soient respectés par toutes les parties, a-t-elle souligné.  La représentante a également appuyé la déclaration à la presse faite par les États-Unis.


M. VITALIANO GALLARDO (Pérou) a condamné les actes sectaires et les attentats terroristes commis en Iraq, en y regrettant profondément la résurgence de la violence.  Le programme de réconciliation semble empêtré alors que la reconstruction est encore très lente, a poursuivi le représentant qui a aussi dénoncé l’état de la situation humanitaire.  La gravité de la situation générale, a-t-il encore dénoncé, n’a pourtant pas poussé les Iraquiens à se mobiliser efficacement vers les espaces de dialogue.  Les Iraquiens et les acteurs régionaux et internationaux doivent agir avec la plus grande prudence, mais aussi avec la plus grande diligence, pour trouver les moyens de faire politiquement et économiquement progresser le pays.  La tâche de reconstruction est fondamentale pour le Gouvernement qui continue malheureusement de se heurter à des obstacles sécuritaires, a-t-il noté.  Le représentant a prôné le consensus, notamment pour une gestion responsable et transparente des ressources pétrolières.  Il a appelé à une évaluation de la Force multinationale et au rétablissement de la confiance entre tous les acteurs iraquiens.  Il faut agir avec détermination, a-t-il recommandé, avant de décourager les affrontements internes car, a-t-il prévenu, les conséquences d’une escalade pourraient être imprévisibles.  Lançant un appel pour le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire, le représentant du Pérou a estimé que l’impunité n’avait pas sa place dans l’édification démocratique de l’Iraq.  Le représentant a d’autre part salué le travail de la MANUI.


M. LI JUNHUA (Chine) a affirmé que son pays condamnait l’attentat contre la mosquée de Samarra et appelait les différentes factions à faire preuve de retenue.  La transition politique a été achevée comme prévue, et l’Iraq, a-t-il dit, entre dans une nouvelle phase de développement.  L’unité est à la base de la stabilité, et tous les groupes ethniques et religieux devraient tenir compte de l’intérêt du pays par dessus tout, a-t-il souligné.  Il faut rechercher les avis de toutes les parties pour parvenir à un programme satisfaisant pour tous, a-t-il estimé.  La stabilité est également essentielle pour le développement, a-t-il ajouté.  Le représentant de la Chine a également dit avoir pris bonne note des mesures entreprises par le Gouvernement iraquien et par la Force multinationale pour assurer la sécurité du pays.  Il a également mis l’accent sur la nécessité d’assurer le développement économique de l’Iraq.  L’unité, la stabilité et le développement de l’Iraq ne pourront, selon lui, être assurés sans la participation des États voisins et de la communauté internationale dans son ensemble.  Il a ajouté que la Chine était prête à réduire de façon importante la dette iraquienne.  


M. JOHAN VERBEKE (Belgique) a fermement condamné les attentats commis aujourd’hui à Samarra qui visent, selon lui, à fomenter davantage de violences sectaires.  Il a rappelé que la Belgique avait toujours exprimé son inquiétude face au danger que représente la violence en Iraq.  À défaut d’une amélioration de la situation sécuritaire et humanitaire, le représentant a noté les premiers signes d’une double prise de conscience en Iraq et à l’extérieur.  Il a relevé un sursaut politique chez les voisins de l’Iraq et dans la communauté internationale, qui ont réalisé la nécessité d’un engagement durable aux côtés des autorités iraquiennes.  C’est par la capacité de surmonter les clivages qu’on donnera aux Iraquiens la paix et la sécurité qu’ils méritent, a estimé le représentant.  Il s’est, à son tour, félicité de la conférence sur les déplacés; du lancement du Pacte international pour l’Iraq et de la Conférence ministérielle élargie aux voisins de l’Iraq.  Ces initiatives, a-t-il dit, témoignent d’un regain d’implication des acteurs régionaux et internationaux.  Mais le succès en la matière dépend de l’instauration de mécanismes de suivi, a-t-il fait remarquer.  Les Nations Unies, le Secrétaire général et son Envoyé spécial ont joué un rôle central dans ce processus, a dit le représentant de la Belgique, avant de se prononcer en faveur d’un rôle élargi de l’ONU en Iraq.  Il y a aussi soutenu la présence de la Force multinationale, en rappelant toutefois que ni la communauté internationale, ni les Nations Unies, ni les voisins de l’Iraq ne pourront se substituer à l’action des Iraquiens, qui doivent intensifier leurs efforts en matière de réconciliation nationale, et, ce faisant, mettre un accent sur la nécessité de réviser la Constitution du pays.  Il faut aussi, a conclu le représentant, des forces de sécurité loyales au Gouvernement central et sans allégeance partisane ou sectaire.


Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq a, dans de brèves remarques de clôture, souligné que l’Iraq se trouvait dans une phase critique de son processus de reconstruction et qu’il devait pouvoir bénéficier du soutien des États qui sont ses voisins et de la communauté internationale.  Il a souligné l’engagement de la MANUI à demeurer présente pour répondre aux besoins du peuple de l’Iraq. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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