En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/11132-SC/9106

« IL FAUT FAIRE PLUS POUR PASSER D’UNE CULTURE DE RÉACTION À UNE CULTURE DE PRÉVENTION EFFICACE », AFFIRME BAN KI-MOON

28/08/2007
Secrétaire généralSG/SM/11132
SC/9106
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« IL FAUT FAIRE PLUS POUR PASSER D’UNE CULTURE DE RÉACTION À UNE CULTURE DE PRÉVENTION EFFICACE », AFFIRME BAN KI-MOON


On trouvera ci-après le texte du discours du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, lors du débat public du Conseil de sécurité sur le rôle de celui-ci dans la prévention et la résolution des conflits, en particulier en Afrique, le 28 août:


J’ai plaisir à me joindre aujourd’hui aux membres du Conseil de sécurité pour ce débat public sur la prévention et le règlement des conflits, en particulier en Afrique.  Monsieur le Président, je vous remercie de votre initiative.


Je tiens à souhaiter officiellement la bienvenue à l’Ambassadeur Ripert, de la France, et à l’Ambassadeur Sawers, du Royaume-Uni, qui ont rejoint le Conseil et l’ONU comme nouveaux Représentants permanents.  Je suis sûr que leur expérience considérable sera d’un grand intérêt pour l’ensemble des travaux des Nations Unies, y compris ceux du Conseil.


Depuis que j’ai pris mes fonctions de Secrétaire général, j’ai fait sans équivoque du règlement des conflits les plus difficiles de l’Afrique ma priorité absolue.  En même temps, des efforts accrus en matière de prévention pourraient nous épargner beaucoup de difficultés et de dépenses – au Darfour, en Somalie, en République démocratique du Congo, dans le nord de l’Ouganda, au Sahara occidental et ailleurs.


Nous devons allouer davantage de moyens à la prévention des conflits.  Il nous faut également renforcer nos capacités de médiation.  Ce n’est qu’à la faveur de règlements politiques que l’on peut résoudre les conflits.


Les conflits gagnent sans cesse en complexité.  Les solutions durables appellent donc des approches multidimensionnelles de plus en plus raffinées.  Le système des Nations Unies apporte déjà une contribution considérable à la prévention et au règlement des conflits armés.  Pourtant, la complexité croissante des responsabilités que l’on veut nous voir assumer met à rude épreuve les capacités de l’Organisation.


Il nous faut mettre au point de nouvelles approches.  Nous devons nous attaquer aux causes profondes des conflits.  Si nous ne nous attaquons pas aux causes profondes des conflits – et si nous n’offrons pas de solutions durables – nous nous retrouverons avec des missions de maintien de la paix sans fin.


En 1998, mon prédécesseur a élaboré un plan visant à traiter ces questions.  Il s’est efforcé d’identifier les causes des conflits et de formuler des recommandations pour la promotion de la paix et du développement en Afrique.  Mais beaucoup de choses ont changé depuis lors. 


Je soumettrai sous peu à la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale mon rapport sur les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique.  À cette occasion, je recommanderai un réexamen global des recommandations de 1998, qui couvrira les engagements pris, les actions entreprises, les progrès réalisés et les enseignements tirés.


Au cours des prochains mois, je ferai également des propositions en vue d’un renforcement des capacités du Département des affaires politiques, dans le but de tirer un meilleur parti de mes bons offices.  Je crois à l’engagement et au dialogue, pas à l’affrontement.  Il est préférable d’agir de manière préventive avant qu’une crise n’arrive à pleine maturité.  Je compte sur l’appui du Conseil à mesure que nous progresserons dans cette voie.


Le Département des affaires politiques a d’ores et déjà pris l’initiative de créer une équipe permanente d’experts en médiation.  Il établit actuellement une base de données globale sur les accords de paix et les enseignements tirés dans le domaine du maintien de la paix.  Il a également entrepris des efforts de médiation préventive dans des endroits tels que le Soudan et le nord de l’Ouganda.


Les organisations régionales ont elles aussi un rôle à jouer.  Là encore, je pense en particulier au Soudan, où l’ONU travaille en collaboration avec l’Union africaine.  Le but est de renforcer nos capacités collectives afin de relever les défis de la paix et de la sécurité en Afrique.


Lorsque le Conseil a adopté la résolution 1769 (2007) sur le Darfour, nous avons entamé une ère nouvelle dans la coopération entre l’ONU et l’Union africaine.  L’opération hybride ONU-Union africaine est une entreprise sans précédent qui reflète la volonté de la communauté internationale de mettre fin aux souffrances au Darfour.  L’ONU et l’Union africaine ont également établi une collaboration étroite afin de faire avancer le processus politique au Darfour.  Encore une fois, le maintien de la paix n’est qu’un début; il faut trouver une solution politique.


Mais cela prend trop de temps.  La tragédie du Darfour vient nous rappeler qu’il reste encore beaucoup à faire avant que nous n’achevions notre passage d’une culture de réaction à une culture de prévention efficace.


À cet égard, je vous informe que je me rendrai au Soudan au début du mois de septembre, du 3 au 6.  Je veux y aller pour voir en personne les conditions difficiles dans lesquelles les forces opèrent.  Je veux également connaître directement la situation tragique dans laquelle se trouvent ceux qu’elles cherchent à aider.  Je tiens à souligner d’emblée que cette visite ne vise pas à réaliser des percées, mais plutôt à consolider ce qui a été fait afin de poser les bases propices à de nouveaux progrès.  À Juba, je soulignerai l’attachement de l’ONU à l’Accord de paix global conclu entre le nord et le sud, pierre angulaire de la paix au Soudan.  Je tiens aussi à faire montre de solidarité avec nos collègues qui travaillent dans des conditions très difficiles sur le terrain.


Dans le monde d’aujourd’hui, la prévention doit dépasser la simple diplomatie.  Les conflits les plus difficiles éclatent lorsque différents facteurs se conjuguent, comme par exemple lorsque des tensions relatives aux questions identitaires au sein d’une communauté viennent s’ajouter à un accès inégal aux ressources politiques et économiques.  L’Afrique est particulièrement touchée par ces problèmes, peut-être à cause de la façon dont les frontières coloniales ont été dessinées.


Pour prévenir ou régler de tels conflits, nous devons promouvoir la tolérance et la diversité au sein des sociétés.  Les solutions doivent être aussi participatives et représentatives que possible.  Cela signifie qu’il faut fournir des conseils sur les cadres constitutionnels, promouvoir les droits de l’homme et l’état de droit, aider à organiser des élections et consolider les institutions démocratiques, former la police et poursuivre les efforts de lutte contre la contrebande d’armes.  L’ONU apporte son aide dans tous ces domaines par le biais de ses propres programmes et en soutenant des organisations régionales telles que l’Union africaine.


La prévention des conflits et le développement durable se renforcent mutuellement.  C’est pourquoi il est fondamental que nous réalisions des progrès sur la voie de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il nous faut donc intensifier et accélérer nos efforts afin de réduire l’extrême pauvreté, combattre les maladies, promouvoir l’éducation primaire pour tous, assurer un environnement durable et promouvoir la parité entre les sexes.  L’autonomisation des femmes n’est pas seulement un moyen de réaliser le développement durable; elle est également d’une importance vitale pour la promotion de la paix et de la sécurité, comme cela est souligné dans la

résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité.


Il importe de signaler que nous sommes en voie de réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement dans la plupart des pays en développement, mais pas en Afrique.  Pourquoi? Nous avons besoin de réfléchir autrement, d’adopter des approches novatrices pour extirper les nations les plus pauvres de la pauvreté.  Ceci signifie en partie qu’il faut traiter des conflits et des problèmes de gouvernance qui touchent tant de pays africains. 


Tout aussi cruciale est la nécessité de consolider la paix dans les pays qui sortent d’un conflit – Burundi, Sierra Leone, Guinée-Bissau, Libéria.  Dans ces pays et dans d’autres pays fragiles sortant d’un conflit, la consolidation de la paix constitue en fait une mesure de prévention puisqu’elle vise à empêcher une reprise de la guerre.  Nous travaillons avec la Commission de consolidation de la paix de l’ONU et avec la Commission des droits de l’homme pour appuyer la réconciliation et les mesures de confiance, mettre fin à l’impunité et consolider la paix.


Selon certaines estimations, depuis les années 90, le nombre des conflits armés dans le monde a diminué de 40%.  Des recherches récentes affirment que les activités accrues de l’ONU dans le domaine du rétablissement et du maintien de la paix et de la prévention des conflits, ont constitué un facteur primordial dans cette diminution. 


Ceci est encourageant, mais ne suffit pas.  De violents conflits continuent d’infliger d’immenses souffrances à un grand nombre de personnes dans le monde, essentiellement des civils.  Pour ces victimes, et pour le bien des générations futures, nous nous devons de prendre plus sérieusement le défi de la prévention. 


Il faut une volonté politique internationale soutenue pour renforcer les mesures de prévention au sens le plus large, et il faut investir suffisamment de ressources dans les tâches diverses et complexes inhérentes à la prévention.


Je suis certain que vous aurez un débat fécond sur cette question on ne peut plus cruciale, concernant laquelle le Conseil a un rôle essentiel à jouer.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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