CONFÉRENCE DE PRESSE CONJOINTE DU SECRÉTAIRE EXÉCUTIF DE LA CONVENTION-CADRE DES NATIONS UNIES SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET DU PRÉSIDENT DU GIEC
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
CONFÉRENCE DE PRESSE CONJOINTE DU SECRÉTAIRE EXÉCUTIF DE LA CONVENTION-CADRE DES NATIONS UNIES SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET DU PRÉSIDENT DU GIEC
« Plus de 80 chefs d’État et de gouvernement se réuniront ici, au Siège de l’ONU, lundi prochain. C’est un signe du consensus croissant qui montre que la communauté internationale doit agir en matière de changements climatiques », a déclaré, cet après-midi, Yvo de Boer, Secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
Avant la tenue de cette rencontre sans précédent de dirigeants du monde, consacrée aux changements climatiques à l’initiative du Secrétaire général de l’ONU, Yvo de Boer a répondu aujourd’hui aux questions de la presse lors d’une conférence conjointe avec M. Rajendra Pachauri, Président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le principal organe des Nations Unies chargé de l’évaluation des changements climatiques.
M. de Boer a souligné l’importance de cette Réunion de haut niveau, qui précède la Conférence des États parties à la Convention-cadre prévue à Bali, en Indonésie, du 3 au 14 décembre prochain. À cette occasion, les États parties, a-t-il précisé, se sont fixé pour objectif de faire progresser le processus de négociations visant à parvenir à un accord international sur les changements climatiques. L’Union européenne a également indiqué qu’elle était disposée à réduire de 30% si d’autres pays industrialisés se joignaient à cet effort. C’est un exemple de leadership auquel faisait appel la communauté internationale, et en particulier les pays en développement.
« La Conférence de Bali doit fournir une réponse politique aux changements climatiques. Mais, pour ce faire, elle doit avoir le soutien des gouvernements qui seront présents ici, lundi. Je suis convaincu que cette initiative, lancée par le Secrétaire général, servira ce but », a-t-il assuré, en se félicitant de l’élan politique dont avait bénéficié, au cours de cette année, la question des changements climatiques.
Il a émis l’espoir que la Réunion de haut niveau de lundi lancera un appel clair pour engager de véritables négociations à Bali, estimant qu’une avancée était essentielle. En outre, il a rappelé que ces négociations devaient s’achever d’ici à 2009. Cela permettrait, a-t-il ajouté, de mettre en place à temps un régime sur les changements climatiques après 2012, date d’expiration de la première phase d’engagement du Protocole de Kyoto.
« L’heure est à l’action », a affirmé, quant à lui, M. Pachauri tout en regrettant que malgré l’entrée en vigueur de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en 1992, les émissions de gaz à effet de serre avaient augmenté de 70% entre 1970 et 2004.
Le Président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a énuméré les nombreuses preuves de l’impact des changements climatiques telles que la montée du niveau de la mer, la fonte des glaces et l’augmentation des phénomènes de précipitations extrêmes ou de sécheresses plus longues et plus intenses. S’agissant du réchauffement de la planète, il a noté que, selon les estimations du GIEC, la température du globe devrait augmenter entre 1,4 et 4ºC d’ici à la fin de ce siècle. Entre 20 et 30% des espèces animales et végétales seraient alors exposées à des risques d’extinction, a-t-il averti.
En réponse à une question, il a déclaré que l’initiative de Washington annoncée par le Président George W. Bush à une récente réunion du G-8 était « intéressante ». Les pays membres de ce Groupe émettent à eux seuls 80% des émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, toute mesure que pourraient prendre ces pays en matière de changements climatiques contribuerait considérablement au processus visant la réduction de gaz à effet de serre. L’objectif de l’initiative de Washington était d’entamer les discussions sur ce qui devrait constituer un engagement à long terme. Le G-8 avait également insisté sur les secteurs de l’économie qui étaient concernés, la technologie qui devrait être commercialisée et les ressources financières qui devraient être mobilisées.
Interrogé sur les objectifs fixés par la communauté internationale, M. de Boer a souligné la nécessité d’adopter une politique sur les changements climatiques à long terme. En vertu du Protocole de Kyoto, les parties s’étaient déjà entendues pour entamer des négociations sur les objectifs des pays industrialisés au cours de la phase suivante. En même temps, il est important de noter que les États-Unis et l’Australie n’étaient pas parties au Protocole de Kyoto, bien qu’ils soient parties à la Convention-cadre sur les changements climatiques. L’échéance de 2009 devrait permettre de déterminer la nature de l’accord qui sera conclu pour la période post-2012.
Par ailleurs, M. Pachauri a souligné que les stratégies d’adaptation ne pouvaient répondre seules à l’impact prévu des changements climatiques et devraient donc s’accompagner d’autres mesures, notamment les mesures d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Nous avons besoin d’imposer des taxes sur le carbone, d’assurer une efficacité énergétique améliorée, de fixer des prix élevés pour les combustibles fossiles afin d’en stabiliser la consommation mais aussi de changer les modes de vie et de comportement, a-t-il affirmé. Le Président du GIEC a également insisté sur la nécessité de mettre en place un cadre de politiques afin de stabiliser les émissions de gaz à effet de serre.
Interrogé sur le rôle des pays en développement pour parvenir à un futur accord, M. de Boer a noté qu’une politique après 2012 était essentielle pour ces États car ce sont les pays pauvres qui subissent plus que les autres l’impact des changements climatiques. Ces pays doivent élaborer et mettre en place des stratégies d’adaptation mais la communauté internationale doit aussi leur fournir les ressources qui leur permettront de faire face à l’impact des changements climatiques, a-t-il insisté.
La lutte contre les changements climatiques n’est pas une guerre contre le pétrole, ni contre le charbon, a fait remarquer M. de Boer, notant à cet égard que la Chine et l’Inde font un usage considérable du charbon à un coût très faible, tout en se fixant pour objectifs de réaliser une croissance économique et de réduire la pauvreté.
Il est nécessaire, a-t-il également souligné, de trouver un équilibre afin que les pays en développement puissent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre tout en préservant leur croissance économique. À cet égard, il a particulièrement insisté sur le rôle de la coopération internationale et du transfert des technologies en faveur des pays en développement.
Le GIEC, a indiqué son Président, procèdera au lancement, le 17 novembre prochain, de son quatrième rapport d’évaluation, à Valence, en Espagne. M. Pachauri a espéré que ce document fournira, sur la base de ces constations, un tableau équilibré des options politiques possibles au niveau mondial afin de combattre l’impact des changements climatiques. Ce qui fera la différence, c’est le niveau de conscience que les sociétés atteindront face à cette question, a-t-il conclu.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel