En cours au Siège de l'ONU

CS/9168

M. IBRAHIM GAMBARI DRESSE DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ LE BILAN DE SA DEUXIÈME VISITE AU MYANMAR

13/11/2007
Conseil de sécuritéCS/9168
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

5777e séance – après-midi


M. IBRAHIM GAMBARI DRESSE DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ LE BILAN DE SA DEUXIÈME VISITE AU MYANMAR


Le Conseiller spécial du Secrétaire général estime que la mission de bons offices

de l’ONU est un processus qui exige « du temps, de la patience et de la persévérance »


Le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Myanmar, M. Ibrahim Gambari, a présenté cet après-midi devant le Conseil de sécurité un exposé de la deuxième visite qu’il a effectuée dans ce pays depuis les troubles du mois de septembre, jugeant positives certaines des mesures prises par le Gouvernement en faveur d’un dialogue avec l’opposition.


Si les États Membres se sont en particulier félicités, lors du débat ouvert qui a suivi l’exposé de M. Gambari, de la possibilité offerte à Aung San Suu Kyi de rencontrer les dirigeants de son parti, certains, comme les États-Unis ou le Royaume-Uni, ont souhaité que la communauté internationale maintienne la pression sur les autorités du Myanmar pour les convaincre de progresser et de libérer, notamment, la lauréate du prix Nobel de la paix. 


Estimant que la situation se calmait et s’améliorait, le représentant de la Chine a soutenu pour sa part que des sanctions ne contribueraient pas à résoudre la question.  Elles ne feraient au contraire que la compliquer et saperaient le processus de réconciliation et de dialogue qui commence, a-t-il ajouté. 


Le représentant du Myanmar a jugé regrettable que les résultats positifs continuent de rencontrer un certain scepticisme à l’égard de l’engagement des dirigeants de son pays et du rythme actuel du processus.  Le Conseil de sécurité doit se garder de prendre des mesures à ce moment critique, a-t-il affirmé. 


À son tour, le représentant de Singapour a souligné le caractère extraordinairement complexe de la situation au Myanmar, estimant que le compte rendu de M. Gambari laissait, à ses yeux, une impression mitigée.  Le représentant a ainsi cité la poursuite des arrestations arbitraires et l’expulsion du Coordonnateur résident du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), M. Charles Petrie. 


L’objectif principal de la deuxième visite du Conseiller spécial du Secrétaire général, du 3 au 8 novembre, consistait à suivre et à faciliter la mise en œuvre des recommandations immédiates, à moyen et à long termes, faites au cours de son premier voyage. 


M. Gambari, qui s’est entretenu avec le nouveau Premier Ministre, le général Thein Sein, mais sans avoir pu rencontrer le général Than Shwe, chef du Conseil pour la paix et le développement (SPDC), et, à ce titre, principal dirigeant du pays, a énuméré certaines des premières mesures positives prises par le Gouvernement du Myanmar, comme la levée du couvre-feu mis en place à l’occasion des manifestations, le retrait des rues de toute présence militaire visible, la libération de 2 700 personnes arrêtées lors des manifestations, y compris quelque 700 moines et des détenus politiques.


Le Conseiller spécial a noté que le Gouvernement avait nommé, le 8 octobre, le Ministre du travail, le général Aung Kyi, comme Ministre des relations avec Aung San Suu Kyi, la première réunion ayant eu lieu le 25 octobre.  Il a de même rappelé que les autorités avaient accepté d’accueillir le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, qui se trouve actuellement dans le pays.


Néanmoins, selon le Conseiller spécial, le Gouvernement du Myanmar doit encore fournir des garanties quant à la levée des restrictions qui pèsent sur Aung San Suu Kyi.  Il a indiqué avoir affirmé au Gouvernement que le meilleur moyen de s’engager réellement à dialoguer avec Aung San Suu Kyi était de la libérer sans délai afin qu’elle devienne un partenaire à part entière du dialogue.


M. Gambari a par ailleurs annoncé qu’un arrangement avait été obtenu pour l’équipe de pays des Nations Unies au Myanmar.  Un Coordonnateur résident provisoire se chargera d’assurer l’intérim en attendant la désignation d’un nouveau Coordonnateur résident.     


D’une manière générale, tout montre, a estimé M. Gambari, que le Myanmar peut répondre aux préoccupations de la communauté internationale.  La situation actuelle est qualitativement différente de celle que connaissait le pays il y a quelques semaines, a-t-il constaté.  Il est donc important que la communauté internationale examine attentivement les préoccupations du Gouvernement du Myanmar et écoute les points de vue d’Aung San Suu Kyi et des autres parties pertinentes.


Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Royaume-Uni, Slovaquie, Afrique du Sud, États-Unis, Belgique, Chine, France, Italie, Fédération de Russie, Panama, Pérou, Congo, Ghana, Qatar, Indonésie, Myanmar, Singapour et Japon.


LA SITUATION AU MYANMAR


Exposé


M. IBRAHIM GAMBARI, Conseiller spécial du Secrétaire général, qui rendait compte de sa visite au Myanmar du 3 au 8 novembre, entreprise au nom du Secrétaire général dans le cadre de sa mission de bons offices, a souligné que celle-ci suivait de près celle qu’il avait effectuée au plus fort de la récente crise, fin septembre-début octobre.  L’objectif principal de cette visite, a-t-il précisé, consistait à suivre et à faciliter la mise en œuvre des recommandations immédiates, à moyen et à long termes faites au cours de son dernier voyage.  M. Gambari a indiqué qu’il avait notamment rencontré le nouveau Premier Ministre, le général Thein Sein, mais n’avait pas pu rencontrer le général Than Shwe, chef du Conseil pour la paix et le développement (SPDC), et, à ce titre, principal dirigeant du pays.  Il a dit également avoir rencontré les ministres des affaires étrangères, de l’information, de la culture et du travail.  Il a cependant regretté de ne pas avoir rencontré tous les interlocuteurs qu’il avait demandé à voir, comme les représentants des étudiants de Génération 88, des membres du Parlement élu en 1990, des moines et des détenus.  Le Gouvernement du Myanmar lui a néanmoins permis de rencontrer des groupes de la société civile ainsi que des partis politiques.


Le Conseiller spécial a énuméré certaines des premières mesures positives prises depuis sa dernière visite, comme la levée du couvre-feu mis en place à l’occasion des manifestations, le retrait des rues de toute présence militaire visible, la libération de 2 700 personnes arrêtées lors des manifestations, y compris quelque 700 moines et des détenus politiques.  M. Gambari a souligné que le Gouvernement avait nommé, le 8 octobre, le Ministre du travail, le général Aung Kyi, comme Ministre des relations avec Aung San Suu Kyi, la première réunion ayant eu lieu le 25 octobre.  Il a de même rappelé que le Gouvernement avait accepté de recevoir le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, qui se trouve actuellement dans le pays.


Néanmoins, a indiqué le Conseiller spécial, le Gouvernement du Myanmar doit encore fournir des garanties quant à la levée des restrictions qui pèsent sur Mme Aung San Suu Kyi.  Il a indiqué avoir affirmé au Gouvernement que le meilleur moyen de s’engager réellement à dialoguer avec Aung San Suu Kyi était de la libérer sans délai afin qu’elle devienne un partenaire à part entière du dialogue.  Une date doit être fixée, a-t-il assuré, ajoutant que le Gouvernement n’avait pas fourni d’indications quant au calendrier proposé pour les prochaines étapes de la feuille de route politique.  Il a également fait part de l’intention manifestée par le Gouvernement de procéder à la rédaction d’une constitution et d’organiser un référendum et des élections.  Mais, a-t-il dit, plus il y aura de clarté sur le calendrier de ces mesures, plus crédible sera ce processus.


Bien que sa mission n’ait pas enregistré tous les résultats escomptés, M. Gambari a cependant mentionné plusieurs éléments positifs.  Ainsi, a-t-il expliqué, pour la première fois depuis sa mise en résidence surveillée en mai 2003, Aung San Suu Kyi a pu, grâce à son intermédiaire, prendre la parole publiquement.  Aussitôt après sa déclaration, le 9 novembre, Aung San Suu Kyi a pu, pour la première fois en quatre ans, rencontrer le Comité exécutif de la LND, et, pour la deuxième fois, le Ministre Aung Kyi.  Le Premier Ministre, a-t-il ajouté, a réitéré le soutien et la pleine confiance de son gouvernement à la mission de bons offices et l’avait invité à revenir au Myanmar.  Le Gouvernement l’a également assuré qu’il libérerait plus de détenus, qu’il n’y aurait plus d’arrestations et qu’il avait accepté, en principe, d’autoriser l’accès du Comité international de la Croix-Rouge aux détenus.  Le Gouvernement du Myanmar a également accepté d’étudier la possibilité d’établir une commission pour la réduction de la pauvreté.  Le Conseiller spécial a, enfin, affirmé qu’un arrangement provisoire avait été obtenu pour l’équipe de pays des Nations Unies au Myanmar.  Il a en effet rappelé que la veille de son arrivée, le 2 novembre, le Gouvernement avait demandé au Coordonnateur résident du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), M. Charles Petrie, de quitter le pays.  Le Gouvernement a accepté qu’au 5 décembre un Coordonnateur résident par intérim assume les fonctions en attendant la désignation d’un nouveau coordonnateur résident.


M. Gambari a par ailleurs souligné, qu’à la demande du Secrétaire général, sa visite au Myanmar avait été précédée d’une tournée dans les capitales clefs de la région, du 15 au 27 octobre.  Tous les pays visités, la Thaïlande, la Malaisie, l’Indonésie, Singapour, l’Inde, la Chine et le Japon, ont exprimé un soutien vigoureux au processus de bons offices du Secrétaire général et ont promis d’encourager le Myanmar à continuer de coopérer concrètement avec les Nations Unies, a-t-il expliqué.  De même, ils considèrent les sanctions contre le Myanmar comme non productives et acceptent que la communauté internationale se mobilise pour traiter les problèmes humanitaires, sociaux et économiques du Myanmar.


De l’avis de M. Gambari, tout montre que le Myanmar peut répondre aux préoccupations de la communauté internationale.  La situation actuelle est qualitativement différente de celle d’il y a quelques semaines, a-t-il estimé, notant qu’un processus était en cours, susceptible de conduire à des résultats concrets dans le cadre d’un calendrier convenu entre la direction du SPDC et Aung San Suu Kyi.  Un engagement soutenu de la part des Nations Unies, à travers sa mission de bons offices, sera nécessaire pour garantir que le processus de dialogue commencé ne sera pas inversé, a-t-il dit.  Il est donc important, a-t-il estimé, que la communauté internationale examine attentivement les préoccupations du Gouvernement du Myanmar et écoute les points de vue d’Aung San Suu Kyi et des autres parties pertinentes.  Le Conseiller spécial a d’autre part estimé que la mission de bons offices n’était pas un événement mais un processus qui exigeait du temps, de la patience et de la persévérance.  Il faut adopter une approche intégrée pour traiter des défis multilatéraux du Myanmar, a-t-il conclu.


Déclarations


M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) a estimé que l’accueil réservé par les autorités du Myanmar à M. Ibrahim Gambari ne répondait pas aux attentes du Conseil de sécurité.  « Sa visite n’a clairement pas été facile », a-t-il dit, en regrettant qu’il ait été confiné à la nouvelle capitale Nay Pyi Taw, n’ait pas pu choisir ses interlocuteurs et n’ait pas eu accès au principal dirigeant du pays.  M. Sawers a également déploré l’expulsion du Coordonnateur résident de l’ONU à la veille de l’arrivée du Conseiller spécial.  Il s’est félicité de la volonté, exprimée par Aung San Suu Kyi dans un message transmis par M. Gambari, de poursuivre sur la voie d’un dialogue constructif et a appelé les autorités « birmanes » à montrer à leur tour leur disposition à coopérer.


Les rencontres entre Aung San Suu Kyi et le responsable de liaison du Gouvernement ou encore des dirigeants de son propre parti sont importants, mais ne sont qu’un premier pas, a ajouté le représentant, en souhaitant que d’autres opposants et représentants de minorités ethniques aient librement accès à elle.  Il a souligné qu’il était nécessaire que le dialogue à venir soit assorti d’un échéancier déterminé.  M. Sawers s’est félicité de la visite qu’effectue actuellement le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar mais s’est inquiété du sort des manifestants pacifiques interpellés en septembre dernier et de la poursuite des arrestations.  M. Gambari doit pouvoir aller où il veut et rencontrer qui il veut lors de ses prochaines visites, a-t-il rappelé, en estimant que la volonté des autorités de contrôler ses activités soulevait des questions sur la sincérité de leur coopération.  Le représentant du Royaume-Uni a souhaité que la communauté internationale maintienne la pression pour convaincre le régime de progresser.  Les petits pas en avant peuvent marquer le début d’un processus mais peuvent aussi tourner court, a-t-il prévenu, en appelant le Conseil à rester uni et attentif à l’évolution de la situation.


M. PETER BURIAN (Slovaquie) a souhaité que les progrès enregistrés lors des pourparlers entre le Conseiller spécial du Secrétaire général, M. Ibrahim Gambari, et les dirigeants du Myanmar mènent à un dialogue de fond et à la réforme, la réconciliation nationale, la démocratie et le plein respect des droits de l’homme au Myanmar, et a appelé les parties à redoubler d’efforts pour y parvenir.  Il s’est toutefois dit préoccupé par la violence continue dont usent les dirigeants militaires à l’encontre des opposants politiques et surtout par les récits d’enrôlement forcé d’enfants et leur déploiement dans des actions militaires menées par l’armée du pays. 


Après avoir salué le retour du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, M. Paulo Sergio Pinheiro, M. Burian a appelé à nouveau le régime du Myanmar à mettre immédiatement un terme aux violations des droits de l’homme et à répondre aux préoccupations de la communauté internationale, en libérant notamment sans plus tarder les prisonniers politiques.  Il est grand temps que le Gouvernement de Myanmar s’engage dans un processus de réforme crédible et inclusif afin d’éviter toute perte en vies humaines et des tensions supplémentaires aux conséquences catastrophiques non seulement pour le pays mais également pour la région tout entière, a-t-il estimé.  Le représentant a par ailleurs jugé indispensable l’engagement des pays de la région et le rôle actif du Conseil de sécurité pour obtenir des résultats positifs.


M. DUMISANI KUMALO (Afrique du Sud) a rappelé que l’Afrique du Sud avait apporté son soutien à la décision du Secrétaire général d’envoyer M. Ibrahim Gambari, son Conseiller spécial, au Myanmar pour sa seconde visite en trois mois.  Il s’est félicité des récents entretiens qui ont eu lieu dans ce pays entre les représentants du Gouvernement et la dirigeante de l’opposition, Mme Aung San Suu Kyi, en notant avec satisfaction que cette dernière avait pu rencontrer les membres de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).  Seules des négociations « sans préconditions » entre toutes les parties permettront de résoudre les défis auxquels est confronté le pays, a expliqué M. Kumalo, en se félicitant de la décision du Gouvernement du Myanmar d’autoriser la visite du Rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, M. Paulo Sergio Pinheiro.  L’Afrique du Sud continuera donc à soutenir les efforts de la communauté internationale, et notamment ceux du Secrétaire général et de M. Gambari en vue de faciliter le dialogue au Myanmar, a conclu M. Kumalo.


M. ZALMAY KHALILZAD (États-Unis) s’est félicité que le régime militaire « birman » ait autorisé Aung San Suu Kyi à s’exprimer, à travers un message transmis par M. Ibrahim Gambari, dans lequel elle se prononçait pour un dialogue constructif assorti d’un calendrier.  Il a cependant estimé que ces mesures étaient insuffisantes et ne constituaient pas un tournant.  Il a appelé le régime « birman » à organiser un dialogue substantiel dans les meilleurs délais, en déplorant que les autorités aient jugé prématurée l’offre de pourparlers tripartites faite par le Conseiller spécial du Secrétaire général.


Le représentant des États-Unis s’est dit encouragé par la possibilité donnée à Aung San Suu Kyi de rencontrer les dirigeants de son parti mais a estimé qu’il fallait aller plus loin en levant son assignation à résidence, afin de lui permettre de rencontrer librement qui elle veut pour préparer le dialogue de réconciliation.  Il a souhaité que M. Gambari, lors de sa prochaine visite, puisse maîtriser son itinéraire et choisir librement ses interlocuteurs.  Assurant la mission de bons offices du soutien de son pays, M. Khalilzad a demandé au Secrétaire général de renforcer les capacités de son Conseiller spécial.  Il est temps pour le général Than Shwe de démontrer son attachement à la réconciliation nationale en libérant Aung San Suu Kyi et les autres prisonniers politiques et en engageant un véritable dialogue inclusif, a-t-il dit.  Avant de conclure, le représentant a estimé que le Conseil de sécurité devait continuer à exercer une pression mesurée, selon les progrès enregistrés sur le terrain.


M. JOHAN VERBEKE (Belgique) s’est dit encouragé par la teneur positive du message d’Aung San Suu Kyi confirmant qu’elle était prête au dialogue.  Il a dit désormais attendre un geste dans le même sens de la part des autorités birmanes.  Le représentant a également jugé indispensable la libération d’Aung San Suu Kyi afin de lui permettre de jouer le rôle important qui lui échoit pour un véritable dialogue politique.  Il a affirmé que son pays demeurait particulièrement inquiet du sort des prisonniers politiques et du fait que plusieurs centaines des manifestants d’août étaient toujours en détention.  Il a déclaré qu’il faudrait procéder sans attendre à leur libération.  Il est nécessaire que la mobilisation internationale se poursuive.  Dans ce contexte, tous les yeux seront tournés vers Singapour où se tiendront, dans les prochains jours, successivement, le Sommet de l’ANASE, le Sommet de l’Asie de l’Est auquel M. Gambari doit participer et le Sommet commémoratif Union européenne-ANASE.  L’ensemble des pays de la région partagent l’analyse qu’un retour au statu quo ante n’est pas une option.  Il est essentiel que les autorités de Myanmar s’en rendent compte également et intègrent cette donnée dans leur action, a insisté M. Verbeke.  De même, a-t-il estimé, le Conseil de sécurité doit continuer à suivre de près la situation au Myanmar et s’exprimer de manière unie et claire sur les attentes à l’égard des autorités « birmanes », sur la base d’un échéancier. 


M. WANG GUANGYA (Chine) a salué les résultats positifs de la récente visite de M. Gambari au Myanmar, citant notamment le message transmis par Aung San Suu Kyi, l’autorisation donnée au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de se rendre dans le pays et la visite qu’effectue actuellement le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar.  Ces signes positifs montrent que le processus politique avance dans la bonne direction, a-t-il estimé.  « Rome n’a pas été construite en un jour » a-t-il déclaré, en demandant à la communauté internationale de faire preuve de patience, face aux « problèmes complexes » auxquels doit faire face le Myanmar.  Selon lui, la nouvelle invitation adressée à M. Gambari témoigne de la volonté des autorités de poursuivre sa coopération avec les Nations Unies. 


M. Wang a réaffirmé que la question du Myanmar était, par essence, une affaire intérieure et ne posait pas de menace à la paix et à la sécurité régionales et internationales.  Estimant que la situation se calmait et s’améliorait, il a déclaré que des sanctions n’aideraient pas à résoudre la question mais ne feraient que la compliquer, et saperaient le processus de réconciliation et de dialogue qui commence.  « C’est la dernière chose que la Chine et les autres pays de la région souhaiteraient voir », a-t-il dit.  Le représentant a expliqué que le problème de Myanmar revêtait trois aspects: l’amélioration de la vie quotidienne de la population, la promotion de relations harmonieuses entre les différentes ethnies, l’élargissement de la participation politique et la promotion de la démocratie.  La Chine soutient le rôle constructif de l’ANASE, a-t-il assuré, avant de rappeler que toute assistance au Myanmar obtienne au préalable l’assentiment du Gouvernement et du peuple du Myanmar.


M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) s’est félicité des récentes mesures prises en faveur d’Aung San Suu Kyi.  Ces pas sont modestes, mais significatifs, a-t-il dit, car ils permettent d’entrevoir la possibilité d’un dialogue actif avec le soutien des Nations Unies.  Le représentant a souligné le rôle irremplaçable des pays de la région, notamment ceux de l’ANASE et de la Chine.  Il s’agit d’un premier pas timide qui demande à être confirmé, a-t-il ajouté.  De même, on est loin des attentes exprimées par le Conseil de sécurité le 11 octobre dernier, a-t-il estimé.  M. Ripert a ainsi relevé que l’Envoyé spécial du Secrétaire général s’était heurté à de nombreux obstacles lors de son séjour.  Les arrestations se poursuivent, a-t-il déclaré, indiquant également avoir appris avec consternation l’arrestation hier soir d’une jeune figure du mouvement démocratique.  Il a en outre exprimé son inquiétude quant aux personnes disparues.  Le représentant a jugé essentiel de demeurer mobilisé et vigilant.  La balle est désormais dans le camp du régime, qui doit répondre à la main tendue par Aung San Suu Kyi, a-t-il estimé.  Il a ainsi demandé sa libération sans délai.  Les discussions actuelles doivent déboucher rapidement, a estimé M. Ripert, sur un dialogue de haut niveau qui devrait être sérieux et assorti d’un calendrier, avec la participation des forces représentatives et des groupes ethniques.  Il s’est dit convaincu du fait que la communauté internationale doit réagir positivement si un dialogue politique réel s’engage au Myanmar.  Il a enfin jugé essentiel que M. Ibrahim Gambari retourne rapidement au Myanmar.


M. ALDO MANTONAVI (Italie) a souligné la nécessité pour le Conseil de rester attentif à la situation au Myanmar.  Les objectifs fixés le mois dernier par le Conseil n’ont pas tous été atteints, a-t-il noté, en estimant que l’accès limité accordé à M. Ibrahim Gambari et l’expulsion du Coordonnateur résident de l’ONU n’étaient pas conformes à la volonté affichée par les autorités de coopérer pleinement avec les Nations Unies.  Le représentant a cependant noté qu’un dialogue réel avait été entamé.  Le rejet du dialogue tripartite proposé par M. Gambari atteste des réticences des autorités à engager un dialogue sans condition préalable, a-t-il ajouté.


Évoquant le mouvement lancé en Italie en faveur de la paix au Myanmar, le représentant a constaté que l’attention de la communauté internationale ne faiblissait pas.  Il a salué la nomination d’un Envoyé spécial de l’Union européenne, dont l’objectif est d’appuyer la mission de bons offices de M. Gambari.  Il a enfin appelé le Conseil à ne pas se lancer dans un débat stérile sur le verre à moitié vide ou à moitié plein, mais à se montrer uni pour soutenir M. Gambari dans ses efforts


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) s’est félicité des mesures prises par le Gouvernement du Myanmar pour entamer le dialogue politique avec l’opposition.  Il a notamment accueilli avec satisfaction son intention de mettre en place une commission spéciale pour élaborer un projet de constitution.  Il s’est également réjoui de la possibilité offerte à Aung San Suu Kyi de rencontrer notamment des membres de la LND, son parti, et des représentants du pouvoir.  Le représentant a dit attendre de la direction du pays d’autres décisions pour mettre en œuvre la feuille de route politique et former un gouvernement civil.  La communauté internationale, a-t-il souligné, doit appuyer le Gouvernement du Myanmar en ce sens.  Il s’est déclaré convaincu que les menaces, les pressions, les sanctions de l’extérieur n’étaient pas constructives et pourraient compliquer la situation.  Le représentant a enfin souhaité plein succès à la mission entreprise par M. Ibrahim Gambari.


M. RICARDO ALBERTO ARIAS (Panama) a salué l’invitation adressée par le Conseil de sécurité aux représentants du Myanmar et de l’ANASE, mais aurait préféré qu’ils interviennent avant les membres du Conseil.  Il a regretté les restrictions persistantes à la liberté de mouvement d’Aung San Suu Kyi.  Il a demandé à tous les pays, notamment ceux qui sont proches du Myanmar, de continuer à promouvoir un dialogue politique constructif et inclusif, afin d’éviter tout retour en arrière.


M. JORGE VOTO-BERNALES (Pérou) s’est réjoui des résultats obtenus par M. Ibrahim Gambari lors de sa visite au Myanmar et de la décision du Gouvernement d’accueillir le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme dans ce pays.  Le représentant a néanmoins regretté la décision des autorités de demander au Coordonnateur résident des Nations Unies de quitter le pays.  Il a également jugé indispensable et urgent que le Gouvernement du Myanmar libère tous les détenus politiques, y compris ceux arrêtés lors des dernières manifestations.  De même, a-t-il estimé, le Gouvernement doit prendre les mesures nécessaires pour régler les problèmes économiques et humanitaires.


M.LUC JOSEPH OKIO (Congo) a pris note des évolutions positives au Myanmar.  Il a notamment cité la levée du couvre-feu, les résultats obtenus par le Conseiller spécial du Secrétaire général, M. Ibrahim Gambari, la visite actuelle du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme, M. Paulo Sergio Pinheiro, et la marge de manœuvre accordée à Aung San Suu Kyi, dont il a reconnu qu’elle était encore trop réduite.  Le représentant a souhaité la libération pure et simple d’Aung San Suu Kyi et de tous les prisonniers politiques.  Sur la base de ces acquis limités, il a appelé à poursuivre patiemment le dialogue engagé.  Il a salué l’apport des pays de la région et notamment de l’ANASE.


M. LESLIE KOJO CHRISTIAN (Ghana) a salué la décision du Gouvernement de vouloir réduire les tensions dans le pays.  Le Gouvernement et le peuple du Myanmar sont les maîtres de leur destin, a-t-il ajouté.  Toutefois, a-t-il estimé, des préoccupations majeures demeurent concernant la situation des droits de l’homme.  Il a également souligné qu’il n’y avait aucune indication de calendrier sur les mesures à venir.  Il a demandé que le Gouvernement entame des négociations avec les groupes d’opposition.  Le représentant a souhaité l’unité du Conseil de sécurité, notamment pour soutenir les droits de l’homme, et a demandé au Gouvernement du Myanmar de coopérer avec le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Myanmar.


M. MUTLAQ M. AL-QAHTANI (Qatar) a estimé que les récentes avancées au Myanmar donnaient des raisons d’espérer, bien que la situation générale reste préoccupante.  Il a affirmé que le cas du Myanmar permettait de mettre en pratique les engagements pris par le Conseil sur le renforcement du rôle des organisations régionales.  La situation demande qu’on y consacre le temps nécessaire, a-t-il poursuivi, en invitant le Gouvernement de Myanmar à établir une feuille de route pour un dialogue inclusif.  Il a enfin appelé le Conseil à s’abstenir de prendre des mesures hâtives qui pourraient nuire au processus en cours.


M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) s’est félicité des efforts de M. Ibrahim Gambari pour aider le Myanmar à relever les défis actuels auquel est confronté ce pays et a déclaré que la décision du Gouvernement du Myanmar de lui permettre de se rendre sur place était encourageante.  C’est pourquoi, il a appelé le Gouvernement du Myanmar à lever davantage les restrictions imposées à Mme Aung San Suu Kyi afin de créer des conditions propices à un dialogue constructif et à la réconciliation et a appelé cette dernière à coopérer avec le Gouvernement du Myanmar.


Se félicitant de ce que l’importance du rôle de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) ait été reconnue, le représentant a déclaré que le prochain Sommet de l’ANASE donnerait lieu à l’adoption d’une charte qui déclarerait que les États membres de cette Association sont liés par des valeurs communes dont la démocratie, le respect des droits de l’homme et les libertés fondamentales.  « Nous pensons que chaque pays membre de l’ANASE a le devoir d’honorer ces valeurs communes », a-t-il souligné.  Le représentant a estimé qu’il était essentiel que le Conseil de sécurité continue de parler d’une seule voix afin d’apporter tout son soutien aux initiatives du Secrétaire général, notamment la mission qu’il a confiée à son Conseiller spécial, M. Ibrahim Gambari.  Le représentant a appelé à nouveau Myanmar pour progresser davantage vers un dialogue constructif et a réaffirmé l’engagement de l’Indonésie à aider, de manière bilatérale, et dans le cadre de l’ANASE, le Myanmar à relever les défis actuels.


M. KYAW TINT SWE (Myanmar) a noté que lors de sa visite, M. Ibrahim Gambari avait pu rencontrer le Premier Ministre du Myanmar, plusieurs ministres du Gouvernement, ainsi qu’Aung San Suu Kyi et plusieurs représentants des différentes communautés ethniques, de moines, de partis politiques et de la société civile.  Il a également félicité l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour sa mission, laquelle, a-t-il dit, a été effectuée au milieu de certaines pressions.  Le représentant a mis en exergue les faits récents notables intervenus au Myanmar depuis la précédente visite de M. Gambari dans son pays.  La paix et la stabilité ont été rétablies au Myanmar, a-t-il assuré.  Le représentant a ainsi noté que le couvre-feu avait été levé et qu’aucune arrestation n’avait eu lieu en rapport avec les manifestations.  Presque la totalité des personnes détenues en relation avec les troubles de septembre ont été libérées, a-t-il affirmé.  Au 7 novembre, a-t-il précisé, ce chiffre s’établissait à 2 836.  Il a ajouté qu’un comité de 54 membres avait été constitué pour rédiger une nouvelle constitution, tandis qu’un ministre a été nommé pour entrer en relation avec Aung San Suu Kyi.


Le représentant a en outre mis l’accent sur le fait qu’Aung San Suu Kyi avait indiqué que, dans l’intérêt de la nation, elle était prête à collaborer avec le Gouvernement du Myanmar afin de faire du processus de dialogue un succès.  Il a estimé que la position de son gouvernement était marquée par la coopération, coopération non seulement avec le Secrétaire général et son Envoyé spécial, mais aussi avec le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Myanmar.  Le représentant a jugé regrettable que ces résultats positifs continuent de rencontrer un certain scepticisme concernant l’engagement des dirigeants de son pays et le rythme actuel du processus.  Aujourd’hui, la nation peut regarder vers l’avenir avec de nouveaux espoirs alors que naît une nouvelle ère, a-t-il déclaré, précisant que l’heure n’était pas venue de subir une pression extérieure.  La mission de bons offices mandatée par l’Assemblée générale devra avoir un rôle catalyseur en facilitant le processus de réconciliation nationale, a-t-il estimé.  Le Conseil de sécurité doit se garder de prendre des mesures à ce moment critique, a-t-il jugé.  Dans certaines régions, a fait remarquer le représentant du Myanmar, il y a des situations menaçant la paix et la sécurité internationales qui méritent l’attention du Conseil.  La situation au Myanmar n’en fait pas partie, a-t-il conclu, précisant que son pays ne menaçait ni la paix ni la sécurité internationale.


M. VANU GOPALA MENON (Singapour) a tout d’abord précisé que, bien que son pays préside actuellement l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), il intervenait en tant que représentant de Singapour.  Il a souligné le caractère extraordinairement complexe de la situation au Myanmar, comme le confirme le compte rendu de M. Gambari, qui laisse une impression mitigée, a-t-il dit.  Le représentant a cité, d’une part, la poursuite des arrestations arbitraires et l’expulsion du Coordonnateur résident du PNUD.  Il a noté d’autre part des indications positives qui ne peuvent pas être ignorées, comme l’autorisation donnée au Rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, M. Paulo Sergio Pinheiro, de se rendre dans le pays, pour la première fois depuis quatre ans, ou encore la nomination d’un responsable de liaison entre le Gouvernement et Aung San Suu Kyi.


Regrettant que M. Gambari n’ait pu rencontrer le général Than Shwe, comme lors de sa précédente visite, le représentant de Singapour s’est félicité du message qu’a pu délivrer Aung San Suu Kyi par son intermédiaire.  C’est, a-t-il dit, la principale avancée du séjour du Conseiller spécial.  « Bien sûr, il aurait été préférable que Saw Aung San Suu Kyi soit libérée et puisse exprimer elle-même ses remarques », a-t-il déclaré.  Le représentant a invité le Conseil de sécurité à éviter de rendre la mission de M. Gambari encore plus complexe qu’elle ne l’est déjà en prenant des mesures précipitées, en établissant des calendriers déraisonnables ou en suscitant des attentes irréalistes.


« Nous ne rendrions service ni au peuple du Myanmar ni à nous-mêmes si nous abandonnions prématurément la mission de bons offices des Nations Unies », a-t-il poursuivi, en estimant que M. Gambari continuait à représenter le meilleur espoir de progrès.  Il a indiqué que le Conseiller spécial avait été invité la semaine prochaine à intervenir devant le Sommet d’Asie de l’Est, qui doit avoir lieu à Singapour.


M. YUKIO TAKASU (Japon) a jugé important de continuer à appuyer les efforts de bons offices entrepris par le Secrétaire général et son Envoyé spécial.  Il a prié le Gouvernement du Myanmar de coopérer pleinement avec les Nations Unies.  Le représentant a estimé que cette mission de bons offices constituait un processus et non pas un événement unique.  La communauté internationale doit, selon lui, continuer à agir de concert et appuyer ces efforts.  M. Takasu a dit espérer que le Gouvernement du Myanmar saisira cette occasion qui lui est offerte pour entamer un dialogue avec les parties concernées afin de parvenir à la réconciliation nationale.


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