LE CONSEIL DE SÉCURITÉ EXAMINE POUR LA PREMIÈRE FOIS L’IMPACT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LA SÉCURITÉ DANS LE MONDE
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Conseil de sécurité
5663e séance – matin & après-midi
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ EXAMINE POUR LA PREMIÈRE FOIS L’IMPACT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LA SÉCURITÉ DANS LE MONDE
Les États Membres sont divisés sur le rôle que pourrait jouer le Conseil dans ce domaine
Le Conseil de sécurité a débattu aujourd’hui, pour la première fois de son histoire, des relations entre l’énergie, la sécurité et le climat, à l’initiative du Royaume-Uni qui préside le Conseil pour le mois d’avril. La Secrétaire d’État aux affaires étrangères du Royaume-Uni, Mme Margaret Beckett, a expliqué que ce débat visait à faire prendre davantage conscience de risques importants que les changements climatiques et la question énergétique pourraient poser à l’avenir à la sécurité dans le monde.
L’impact des changements climatiques va au-delà des questions environnementales pour toucher au cœur de la sécurité humaine, à savoir la sécheresse, les inondations, les migrations, l’accès concurrentiel à l’eau et aux terres arables. C’est pourquoi, a estimé Mme Beckett, le Conseil peut apporter sa contribution pour mieux répondre aux conséquences des changements climatiques sur la sécurité mondiale.
Près de 200 millions de personnes risquent en effet d’être déplacées d’ici au milieu du siècle en raison des changements climatiques qui provoqueront la montée du niveau des mers et des océans, une pénurie en eau douce et la réduction des capacités agricoles de certaines régions de la planète. Les effets cumulés des changements climatiques auront-ils une influence décisive sur la paix et la sécurité internationales? C’est à cette question qu’ont tenté de répondre plus de 50 délégations.
La place à accorder au débat au sein du système multilatéral sur les changements climatiques, facteurs de multiplication des conflits pour certaines délégations ou question d’environnement et de développement durable ne relevant pas du mandat du Conseil pour d’autres, a montré l’existence d’importantes divergences entre pays. Quelle que soit leur appartenance géographique, pays industrialisés, pays en développement et petits États insulaires en développement ont exprimé des vues divergentes sur la capacité du Conseil de sécurité à se saisir de la question et à la traiter avec expertise, équité et impartialité.
Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a fait remarquer que les modifications prévues du climat mondial ne posaient pas seulement des problèmes environnementaux, mais pourraient avoir aussi de graves implications socioéconomiques ayant elles-mêmes un impact sur la sécurité. Tous les mécanismes multilatéraux doivent donc agir de manière concertée pour empêcher que différents scénarios alarmants envisagés ne se produisent, a estimé le Secrétaire général. Il a indiqué que le Secrétariat se tenait prêt à aider toutes les entités intéressées et concernées à s’acquitter de leurs mandats respectifs.
Pour la majorité des pays, dont la Chine, l’Afrique du Sud, le Pakistan et les autres États du Groupe des 77, bien que les changements climatiques puissent avoir des répercussions sur la sécurité, ils sont à ranger en priorité dans les questions de développement durable et de sauvegarde de l’environnement mondial. Le Conseil de sécurité est loin d’être le cadre de prédilection pour résoudre ce type de questions, ont souligné ces pays, en rappelant que des forums spécialisés avaient été créés pour en débattre. L’Égypte a estimé pour sa part que l’Assemblée générale, un organe démocratique et représentatif de toute la communauté internationale, est l’enceinte appropriée pour débattre de cette question. Des pays producteurs d’énergie, comme le Venezuela, ont tenu à rappeler que la question énergétique relevait de la souveraineté des États et que chaque pays avait le pouvoir de décider de l’utilisation de ses ressources naturelles et de choisir sa politique énergétique. De nombreux pays en développement ont accusé les pays industrialisés, principaux pollueurs, de vouloir échapper à leurs responsabilités en liant la question à la sécurité tout en prétendant imposer leur agenda énergétique aux pays détenteurs de ces ressources sous le prétexte du maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Ces pays ont souhaité que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto demeurent le seul cadre de référence de la communauté internationale. C’est dans ce cadre que doivent être établies des règles respectueuses du principe des « responsabilités communes mais différenciées », ont-ils estimé. Adopté à Kyoto en décembre 1997 par les pays signataires de la Convention de Rio de 1992, le Protocole de Kyoto invite les États, notamment ceux industrialisés et responsables de la pollution au dioxyde de carbone, à réduire le niveau de leurs émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère afin de ralentir le réchauffement de la planète.
Pour la majorité des délégations qui se sont exprimées, la discussion qui a eu lieu aujourd’hui au sein du Conseil de sécurité sur le climat et l’énergie doit demeurer une exception, le Conseil ne disposant, selon elles, ni du mandat ni de l’expertise nécessaires pour en traiter. La question des prérogatives du Conseil face à celles de l’Assemblée générale ou d’autres organes comme le Conseil économique et social ou la Conférence des parties à la Convention sur les changements climatiques a ainsi profondément divisé les délégations.
Tout en appelant à une conjonction des efforts de l’ensemble des institutions des Nations Unies et concédant que cette question n’était pas prioritaire pour le Conseil de sécurité, certaines délégations, dont celle de la France, ont néanmoins jugé utile l’initiative prise par la présidence du Conseil. Le Conseil de sécurité, a précisé le Représentant permanent de la France, ne peut ignorer les menaces pesant sur la sécurité internationale du fait du réchauffement climatique. Le Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie a quant à lui suggéré au Conseil d’inclure dans ses futurs rapports une section consacrée aux menaces possibles qui seraient considérées comme le pendant sécuritaire des changements climatiques, tandis que le représentant du Japon suggérait l’élaboration par le Secrétaire général de recommandations sur la manière dont le système des Nations Unies peut s’organiser et renforcer ses capacités afin de répondre à ces défis avec efficacité.
Outre les délégations déjà mentionnées, le Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Italie, M. Vittorio Craxi; la Ministre de la coopération économique et du développement de l’Allemagne (qui s’exprimait au nom de l’Union européenne), Mme Heidemarie Wieczorek-Zeul; le Ministre de la coopération pour le développement des Pays-Bas, M. Bert Koenders; et le Ministre des affaires étrangères des Maldives, M. Abdulla Shahid; ont pris la parole. Les représentants des pays suivants se sont également exprimés: Belgique, Ghana, Congo, Qatar, États-Unis, Indonésie, Panama, Fédération de Russie, Pérou, Suisse, Papouasie-Nouvelle-Guinée; Namibie, Barbade, Ukraine, Australie, Nouvelle-Zélande, Tuvalu, Bangladesh, Soudan, Îles Salomon, Palaos, Danemark, Islande, Îles Marshall, Philippines, Mexique, Brésil, Inde, République de Corée, Norvège, États fédérés de Micronésie, Argentine, Cuba, Singapour, Liechtenstein, Bolivie, Cap-Vert, Costa Rica, Israël, Canada, Maurice et Comores.
LA RELATION ENTRE L’ÉNERGIE, LA SÉCURITÉ ET LE CLIMAT
Lettre datée du 5 avril 2007, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Représentant permanent du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2007/186)
Ce document de réflexion constitue l’ordre du jour du débat public que le Conseil tient sur la relation entre l’énergie, la sécurité et le climat, plus particulièrement sur les conséquences des modifications du climat pour la sécurité, y compris par leurs effets sur les causes potentielles de conflit telles que l’accès à l’énergie, à l’eau, aux aliments et aux autres ressources rares, les mouvements de populations et les différends frontaliers. Le débat du Conseil, souligne le Représentant permanent du Royaume-Uni, Emyr Jones Parry, apportera une première contribution utile, tout en soulignant que c’est à d’autres organes des Nations Unies, en particulier celui de la Convention-cadre sur les changements climatiques, qu’il appartient de se pencher sur les autres aspects des changements climatiques qui ne relèvent pas du mandat du Conseil.
Parmi les motifs de préoccupations, il est à noter la submersion possible de petits États insulaires tout entier en raison de la fonte des glaces, le retrait des côtes et l’apparition de nouveaux itinéraires de transport maritime. D’importantes parties du monde risquent aussi de devenir inhabitables en raison de la montée du niveau des mers, de la pénurie d’eau douce ou de la réduction de la capacité agricole. Par conséquence, jusqu'à 200 millions de personnes risquent d’être déplacées d’ici au milieu du siècle. Par ailleurs, les changements climatiques devraient encore compliquer le rapport entre les ressources énergétiques et le risque de conflit. De même, ils renforceront sans doute les pénuries en ressources essentielles ce qui peut résulter en une instabilité conduisant à la vulnérabilité aux conflits. Ils devraient aussi accroître le risque d’évènements météorologiques extrêmes susceptibles de déclencher brusquement des situations d’urgence humanitaire.
Déclarations
Mme MARGARET BECKETT, Secrétaire d’État des affaires étrangères du Royaume-Uni, qui s’exprimait en sa qualité de chef de la délégation de son pays, s’est, en guise de brèves remarques liminaires, félicitée de ce débat sur l’énergie, la sécurité et le climat, qui, selon elle, est approprié dans le cadre du Conseil de sécurité. La responsabilité du Conseil de sécurité est de maintenir la paix et la sécurité internationales, y compris la prévention des conflits, a-t-elle souligné. Le rapport Stern sur les aspects économiques du changement climatique fait état de perturbations économiques qui auraient l’ampleur des grandes guerres mondiales et de la dépression, avec un impact sur la sécurité et le développement, a-t-elle déclaré. Il faut, selon elle, développer une perception commune des liens entre l’énergie, le climat et la sécurité. Ce débat, a-t-elle également assuré, ne vise pas à empiéter sur les domaines de compétences d’autres instances, comme l’Assemblée générale. Mme Beckett a affirmé attendre beaucoup de ce débat qui, a-t-elle précisé, n’a pas de précédent.
M. JAN KUBIS, Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie, a estimé qu’il était temps d’évaluer les dimensions politiques des changements climatiques. Compte tenu des conséquences que les changements climatiques font peser sur les pays en développement, le Ministre a estimé qu’il était indispensable de conclure des accords internationaux et de les mettre en œuvre de manière effective. Seule une action concertée par les gouvernements peut relever le défi que posent les changements climatiques et notamment la concentration des gaz à effet de serre sans que cela ne cause davantage d’impact sur les économies mondiales. Le Ministre a cité en exemple le Protocole de Montréal qui a permis, grâce à la réalisation d’objectifs ciblés, de renverser un problème écologique de dimension mondiale. Le Ministre a fait part de la détermination de son pays à travailler avec les pays industrialisés et les économies émergentes afin de parvenir aux objectifs convenus sur le plan international de réduire les gaz à effet de serre d’ici à 2012, date à laquelle s’achèvera la première phase du Protocole de Kyoto à la Convention-cadre sur les changements climatiques.
Le Ministre a aussi estimé que la mise en place d’un système de rachat des émissions est le meilleur moyen de réduire les émissions de gaz. Le Ministre a estimé que d’autres options existent qui favorisent le recours à l’énergie renouvelable et il a plaidé en faveur d’investissements dans ce domaine. L’énergie nucléaire doit aussi être perçue comme un choix non polluant si la communauté internationale veut atteindre ses objectifs en matière d’émissions de dioxydes de carbone. La Slovaquie suivra les décisions du Conseil de l’Europe sur l’énergie qui ont mené à l’élaboration de mesures contraignantes pour les membres de l’Union européenne. Il a suggéré au Conseil de sécurité d’inclure dans ses futurs rapports une section additionnelle sur les menaces possibles qui seraient considérées comme le pendant sécuritaire des changements climatiques.
M. VITTORIO CRAXI, Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Italie, a affirmé que la modification du climat avait un impact non seulement sur l’environnement, l’économie et la santé humaine, mais aussi sur la stabilité et la sécurité, en particulier lorsqu’elles sont étroitement liées avec des réalités caractérisées par des problèmes de nature ethnique, culturelle, politique ou économique. Dans un scénario à plus long terme, des différends portant sur les frontières ou les zones maritimes peuvent être des conséquences directes des modifications territoriales engendrées par des phénomènes tels que l’élévation du niveau des mers. Il convient, à ses yeux, de ne pas négliger le lien entre le changement climatique et la sécurité de l’énergie, laquelle peut se refléter dans des situations de crise entre les États. Pour réaliser la dynamique de la gouvernance de l’environnement et de l’énergie, afin de permettre à tous les citoyens du monde d’avoir accès à l’eau potable et à l’électricité, la communauté internationale se doit de se ranger au concept selon lequel la sécurité énergétique et la durabilité de l’environnement sont indivisibles. Il faut, a-t-il ajouté, élaborer des stratégies communes pour traiter des risques liés à la modification du climat, et il est souhaitable de renforcer la gouvernance multilatérale pour gérer et contrecarrer ce phénomène. Le Sous-Secrétaire d’État a également souligné que son gouvernement organiserait à l’automne prochain une conférence nationale sur le climat, afin de sensibiliser le public italien à ce phénomène et favoriser l’adoption d’une stratégie à long terme pour lutter contre le réchauffement mondial. Il faut s’engager avec détermination et agir vite, a-t-il souligné avant de conclure.
M. JOHAN VERBEKE (Belgique) a reconnu que les changements climatiques exacerbaient de multiples menaces à dimension non militaire, comme par exemple, l’accès à l’eau et aux terres arables; l’augmentation des maladies infectieuses; l’exposition croissante aux catastrophes naturelles, ou encore la perspective de crises humanitaires en raison des inondations, de la sécheresse ou des mauvaises récoltes. Par ailleurs, les faits tendent déjà à démontrer que les effets négatifs des changements climatiques se font sentir en premier lieu et le plus fortement sur les régions et les populations les plus vulnérables, a relevé M. Verbeke. C’est sur ces régions et populations, a estimé le représentant, que nous devrions faire porter nos efforts en priorité. Le représentant a par ailleurs appelé à l’élaboration de nouvelles politiques de sécurité non conventionnelles qui ne soient pas exclusivement centrées sur la notion de souveraineté nationale. Il a aussi estimé nécessaire de concevoir des réponses systémiques et innovantes afin de faire face aux défis complexes que pose le changement climatique, sur la base d’une étude approfondie qui soit assortie de recommandations. Le Secrétaire général devrait être encouragé à exercer son autorité institutionnelle pour catalyser la volonté politique nécessaire, a recommandé le représentant de la Belgique. Les Nations Unies devraient quant à elles intensifier leurs efforts d’alerte précoce, de prévention, et de gestion des crises liées aux changements climatiques. Le renforcement des ces capacités devrait aussi être envisagé aux plans national et régional, a-t-il proposé, en estimant que la coopération internationale devrait davantage être utilisée et soutenue comme un outil de prévention des conflits.
M. LESLIE K. CHRISTIAN (Ghana) a fait remarquer que l’Union africaine collaborait déjà avec la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique et d’autres institutions en pointe en matière d’environnement, comme l’Organisation météorologique mondiale, le Programme des Nations Unies pour l’environnement, la Commission océanographique intergouvernementale, de même qu’avec des organisations non gouvernementales telles que le Conseil international pour la science. Un résultat important de ces efforts communs est constitué par le développement d’une stratégie portant sur les données climatiques dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement à travers la mise en œuvre du Système mondial d’observation du climat en Afrique. Si la clef d’une paix et d’une sécurité durables réside dans le développement durable, ainsi qu’il l’a été clairement identifié dans les Objectifs du Millénaire pour le développement, alors la question fondamentale qui se pose en Afrique est de savoir comment atténuer les menaces posées par la modification du climat sans atténuer la cible de 8% de croissance nécessaire pour réduire la pauvreté, s’est-il interrogé. Selon le représentant, il est important que le Conseil de sécurité évalue, de temps à autre, les risques inhérents à des phénomènes tels que la sécheresse, la désertification ou les inondations en raison de leurs effets déstabilisants sur les sociétés.
M. BASILE IKOUEBE (République du Congo) a indiqué que sa délégation partageait les préoccupations exprimées par le Mouvement des pays non alignés et le Groupe des 77 et de la Chine concernant les compétences respectives des différents organes des Nations Unies dans le traitement des questions liées au développement durable. Le représentant a cependant reconnu la gravité des enjeux et l’urgence de trouver des réponses appropriées à apporter à un risque majeur pour la paix et la sécurité internationales. Il a évoqué le rapport publié à Bruxelles le 6 avril par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, qui indique clairement que « les zones les plus durement touchées seront l’Arctique, l’Afrique subsaharienne, les petits États insulaires en développement, les grands deltas asiatiques ainsi que les zones côtières ». Notant aussi que ceux qui souffriront le plus seront les plus pauvres, M. Ikouebe a souligné l’ironie du sort qui voudra que ce soient les pauvres qui paient pour les excès de consommation et l’insouciance des riches. Le Congo fait déjà face à certains facteurs négatifs des changements climatiques, a-t-il précisé, malgré le réservoir écologique dont il est doté. Le représentant a jugé opportun que le principal organe des Nations Unies en matière de paix et de sécurité galvanise la conscience universelle autour de la nécessité d’actions concrètes et inscrites dans la durée. Il a ensuite estimé qu’en matière de stratégies, la communauté internationale disposait de tous les instruments nécessaires, comme la Convention sur les changements climatiques, dont fait partie le Protocole de Kyoto. Les pays responsables de la pollution doivent donner l’exemple en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, a réclamé le représentant. Pour leur part, en tant que deuxième poumon du monde après la forêt amazonienne, plusieurs pays d’Afrique centrale ont adopté une stratégie fondée sur un Partenariat international en vue de promouvoir la gestion durable des écosystèmes et des ressources naturelles des forêts du Bassin du Congo, a annoncé M. Ikouebe. Cette initiative regroupe déjà plusieurs partenaires bilatéraux et multilatéraux et devrait recueillir la participation du plus grand nombre d’intervenants possibles, a-t-il ajouté.
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a estimé que l’échec dans la façon de traiter le problème du changement climatique peut être attribué à la séparation de cette question d’avec celle du développement. Il a rappelé que, comme la Conférence de Rio l’a confirmé en 1992, ceux qui sont à l’origine du changement climatique devraient seuls supporter le poids financier de ce problème et réparer les dommages causés. En outre, le processus de développement ne doit pas être sacrifié ou compromis à cause de ce changement. Lors des négociations du Protocole de Kyoto, a-t-il encore rappelé, le problème des émissions de gaz à effet de serre a été traité en séparant cette question climatique du développement. Le représentant a réaffirmé que la recherche de solution aux problèmes liés au climat doit faire partie d’une approche intégrée du développement durable.
M. Al-Nasser a ensuite abordé la proposition du Royaume-Uni sur la question et considéré que tous les points mentionnés sont de véritables préoccupations liées au changement climatique. Il a noté que ce document de réflexion désigne les énergies fossiles comme principales responsables du changement de climat et de la concentration de gaz à effet de serre, et les émissions de dioxyde de carbone la cause de la déforestation et de la désertification. À ce sujet, M. Al-Nasser a désigné les pays développés qui utilisent depuis longtemps ces énergies fossiles pour le progrès industriel et rappelé la « responsabilité commune et différenciée des États », citant les accords conclus lors des sommets et conférences de l’ONU. Enfin, estimant que le Conseil de sécurité n’est pas l’instance appropriée pour traiter de la question du changement climatique, le représentant a souligné la nécessité de mécanismes largement représentatifs qui puissent mettre en œuvre leurs propres résolutions.
M. ALEJANDRO WOLFF (États-Unis) a déclaré que les changements climatiques posent des défis graves, établissant un lien entre la sécurité énergétique et le développement humain. Sur cette base, les États-Unis poursuivent toute une gamme d’activités comme par exemple au Brésil pour faire progresser le biocarburant. Dans le cadre d’un partenariat avec les pays de l’Asie et du Pacifique, les États-Unis augmentent leurs investissements dans les sources d’énergie non polluante. Nous travaillons aussi au développement de technologies permettant des émissions zéro de gaz à effet de serre. Nous accordons par ailleurs des réductions fiscales aux entreprises qui favorisent le recours à des sources d’énergie renouvelables. Nous sommes sur le point de parvenir par ailleurs à l’objectif de 18% d’émission de gaz à effet de serre de 2002 à 2012, les émissions ayant seulement augmenté de 0,6% de 2004 à 2005. Nous avons investi 35 milliards de dollars dans les technologies écologiques et climatiques depuis 2001. Les États qui gouvernent de manière efficace peuvent mieux gérer les changements climatiques, a aussi souligné le représentant. La croissance économique en effet fournit les ressources permettant de mieux gérer les difficultés énergétiques et écologiques.
M. JEAN-MARC DE LA SABLIÈRE (France) a affirmé que le changement climatique figurait parmi les principales menaces qui pesaient sur l’avenir de l’humanité et mettaient en danger sa sécurité environnementale. Il s’agit, a-t-il dit, d’un défi fondamental, dont les premières conséquences affectent déjà les populations, en particulier des pays les plus vulnérables. Selon le représentant, il convient d’agir sans tarder. Il a souligné que le Conseil de sécurité n’était certainement pas l’instance prioritairement en charge de ce dossier, ni évidemment la seule, rappelant à cet égard le rôle central que jouent la Convention de lutte contre le changement climatique et l’Assemblée générale. Toutefois, a-t-il ajouté, le Conseil de sécurité ne peut ignorer les menaces pesant sur la sécurité internationale du fait du réchauffement climatique. Selon lui, les querelles institutionnelles ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. L’exclusivité doit céder le pas à la contribution de tous les acteurs engagés dans ce combat, chacun pour ce qui le concerne.
Le représentant a estimé que la situation exigeait une action déterminée, collective et urgente de la communauté internationale pour atténuer le changement climatique et en contenir les conséquences à un niveau tolérable, qui ne se situe en aucun cas au-delà du seuil de deux degrés. Selon lui, il est essentiel d’assurer la continuité des mesures engagées et la pérennité des instruments, de définir en 2009 au plus tard le régime qui permettra de lutter efficacement contre le changement climatique après 2012. Il a également affirmé qu’il était bien, en revanche, dans le mandat du Conseil de sécurité de prévenir les conflits, dont les perspectives sont malheureusement plus que probables. Il est, en conséquence, de son devoir de jouer son rôle, a assuré M. de La Sablière. Il faut réfléchir, a-t-il dit, à ce qui pourrait être entrepris en terme de diplomatie préventive, en liaison avec le Secrétaire général. Celui-ci pourrait ainsi diriger ses efforts vers les régions ou les zones où les menaces climatiques sont susceptibles d’avoir des implications directes sur la paix, a-t-il ajouté. Le représentant a également estimé que l’impact du changement climatique devrait être pris en considération par le Conseil de sécurité. Enfin, le représentant a jugé urgent d’améliorer la gouvernance internationale de l’environnement, comme le souhaite la France en proposant la création d’une Organisation des Nations Unies pour l’environnement.
M. LIU ZHENMIN (Chine) a estimé que les changements climatiques pouvaient avoir des répercussions sur la sécurité mais qu’il s’agissait en premier lieu d’une question de développement durable. La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a établi les bases des principes fondamentaux guidant la communauté internationale tandis que son Protocole de Kyoto a établi des objectifs à atteindre. Pour répondre de manière efficace au défi que pose les changements climatiques, il est nécessaire de suivre l’approche qu’établit la Convention-cadre et par laquelle « les responsabilités sont communes mais différenciées ». Discuter des changements climatiques au sein du Conseil de sécurité n’aidera pas les pays dans leurs efforts. Ces discussions doivent prendre place au sein d’une instance permettant la participation de toutes les parties. Les pays en développement estiment que le Conseil ne dispose pas de l’expertise nécessaire pour traiter de cette question et n’est pas l’endroit idoine pour une participation inclusive. Une telle discussion doit être considérée comme une exception sans qu’aucun document final ne soit entériné. Le représentant a dit toute l’importance que son Gouvernement attache aux changements climatiques et a précisé que la Chine a mis en place il y a déjà 15 ans une stratégie nationale pour faire face aux changements climatiques.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé qu’au Sommet mondial de 2005, les États Membres avaient renouvelé leur engagement de promouvoir une culture de la prévention des conflits armés et s’étaient engagés à renforcer les moyens dont dispose l’Organisation pour atteindre cet objectif. Le Secrétaire général a renouvelé et complété l’appel lancé par son prédécesseur Kofi Annan, lorsque celui-ci avait exhorté les États Membres à redoubler d’efforts pour s’entendre sur les moyens qui permettent à tous de vivre de manière viable dans la limite des ressources de la planète. M. Ban Ki-moon a souligné qu’il croyait fermement qu’aujourd’hui, tous les pays reconnaissaient que les changements climatiques, en particulier, requièrent une action à long terme à l’échelle mondiale, conforme aux résultats scientifiques les plus récents et compatible avec le développement économique et social. Selon les évaluations les plus récentes du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le réchauffement de la planète est incontestable, ses effets sont manifestes, et il ne fait aucun doute que les activités humaines y ont grandement contribué, a-t-il noté.
Le Secrétaire général a estimé en outre que les modifications prévues du climat de la Terre ne posaient pas seulement des problèmes environnementaux, mais pouvaient avoir aussi de graves implications sociales et économiques. Selon le Secrétaire général, tous les mécanismes multilatéraux doivent agir de concert pour empêcher que les différents scénarios alarmants ne se produisent. Il faut, a-t-il assuré, concentrer plus nettement son attention sur les avantages d’une action précoce. Les ressources de la société civile et du secteur privé doivent être mises à contribution, a-t-il déclaré, ajoutant que ce Conseil avait un rôle à jouer à cet égard en s’attachant, avec les autres organes intergouvernementaux compétents, à remédier aux causes profondes des conflits. Il a indiqué que le Secrétariat se tenait prêt à aider toutes les entités concernées à s’acquitter de leurs mandats respectifs.
M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie), tout en approuvant les objectifs de ce débat, a souhaité qu’il ne crée pas de précédent pour les travaux futurs du Conseil de sécurité. Il a jugé en effet que la question de la relation entre énergie, sécurité et climat est déjà traitée par d’autres instances de l’ONU, dont la Commission du développement durable qui doit débattre de ce sujet au cours de sa quinzième session. Le représentant a ensuite lancé un appel à tous les États d’adhérer aux principes établis lors du Sommet de Rio en 1992, particulièrement au principe de la responsabilité commune mais différenciée, à l’Agenda 21, au Plan de mise en œuvre de Johannesburg, à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et au Protocole de Kyoto. À cet égard, selon M. Jenie, les pays développés doivent mettre en œuvre sans délai leurs engagements. Il nous faut maintenant atteindre un consensus sur les moyens de faire face aux changements climatiques dans les instances appropriées, a-t-il ajouté. Il a cité à cet égard la prochaine session de la Commission du développement durable, qui doit avoir lieu en mai à New York, et la treizième Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques qui se tiendra à Bali en décembre prochain.
M. RICARDO ALBERTO ARIAS (Panama) a déclaré que dans les semaines à venir, son pays accueillera la trente-septième session de l’Organisation des États américains sur le thème de « L’énergie pour un développement durable », ce qui montre l’importance que le Panama accorde aux effets des changements climatiques sur la société. Il existe en effet un lien clair entre la disponibilité des sources d’énergie propre et rentable et le développement des peuples, d’où la nécessité de repenser les coûts des sources d’énergie rares et le droit des États à veiller à leurs besoins énergétiques. Nous devons aussi mieux comprendre l’impact des changements climatiques sur la paix et pour cela renforcer les mécanismes nationaux et régionaux pour trouver des solutions aux questions émergentes. Une plus grande synergie et coopération en tenant compte des spécificités des régions permettrait de mieux comprendre les défis qui se profilent à l’horizon. Chaque organe des Nations Unies, y compris le Conseil de sécurité, se doit de traiter des conséquences de ces changements climatiques. Ce débat doit accorder une attention particulière aux aspects de la problématique qui pourraient alimenter un conflit potentiel, à l’instar du débat qui a eu lieu sur le sida et ses conséquences sur la paix et la sécurité internationales.
M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a affirmé que ce débat ne relevait pas du mandat du Conseil de sécurité. Selon lui, les priorités pour atténuer les effets du changement climatique sont mieux traitées dans d’autres cadres, à l’intérieur du système des Nations Unies. Le représentant a estimé que les pays développés devaient fournir des financements nouveaux pour prendre des mesures visant à s’adapter aux effets de la modification du climat. Le monde en développement n’est pas préparé et ne dispose pas des ressources suffisantes pour faire face aux conséquences de l’évolution climatique, a-t-il dit, précisant que les pays les moins avancés, en particulier en Afrique et en Asie, et les petits États insulaires en développement ne pouvaient pas assurer l’essentiel de ces coûts. Selon le représentant, les obligations découlant de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et du Protocole de Kyoto doivent être honorées par tous les pays si on veut éviter la catastrophe résultant des changements climatiques. Il a estimé que la question discutée ici relevait avant tout de celle du développement. Selon lui, elle devrait être traitée de meilleure façon au niveau régional et à l’Assemblée générale, un organe plus représentatif que ne l’est, à ses yeux, le Conseil de sécurité.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a indiqué que son pays est toujours intervenu en faveur du renforcement des efforts visant à atténuer les effets des changements climatiques comme l’a montré la convocation en 2003 sur son territoire d’une conférence internationale sur cette question. Le représentant a aussi ajouté que la ratification par son pays du Protocole de Kyoto avait permis à cet instrument d’entrer en vigueur. Il a indiqué que dans la Fédération de Russie les émissions de gaz à effet de serre avaient diminué de 29,9% par rapport au niveau de base de 1990, cette réduction ayant permis d’alléger le fardeau qui pèse sur l’écosystème. La Fédération de Russie entend assumer ses obligations quantifiables en vertu du Protocole de Kyoto d’ici à 2012 et nous disposons pour cela d’une législation appropriée. Toute décision, a-t-il précisé, doit être prise sur la base d’études scientifiques. Nous lançons un appel afin d’éviter toute dramatisation qui, selon lui, ne contribuera pas à obtenir la conclusion d’accords universels. Pour étudier la problématique des changements climatiques sous tous leurs aspects, nous disposons de forums idoines comme la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Le Conseil de sécurité, a rappelé M. Churkin, doit traiter de questions directement liées à son mandat.
M. JORGE VOTO-BERNALES (Pérou) a affirmé le changement climatique n’était pas une fatalité, mais le résultat des actions humaines. C’est à nous d’agir de façon responsable pour inverser la tendance, a-t-il déclaré. Il faut, selon lui, agir de façon rapide et décisive, et avoir une démarche de prévention et non de réaction. Le représentant a indiqué que son pays œuvrait à cet égard en promouvant des initiatives au niveau andin et de l’Amérique du Sud. Selon lui, il s’agit là d’un problème global nécessitant une action multilatérale concertée de l’ensemble de la communauté internationale. Il a mis l’accent sur la nécessité d’adopter des mesures urgentes concrètes pour maîtriser les émissions de gaz à effet de serre. Il faut une ferme volonté de coopération politique dans le cadre des instruments juridiques compétents, a-t-il conclu.
Mme MARGARET BECKETT, Secrétaire d’État des affaires étrangères du Royaume-Uni, a déclaré que les menaces à la sécurité mondiale se sont accrues dans leur nature et dans leur ampleur. L’impact des changements climatiques va au-delà des questions environnementales pour toucher au cœur de la sécurité humaine, à savoir la sécheresse, les inondations, les migrations, l’accès concurrentiel à l’eau et aux terres arables. Dès lors, le Conseil peut apporter sa contribution en tentant de comprendre ensemble les conséquences des changements climatiques pour notre sécurité. Les conflits dont traite le Conseil tous les jours, a-t-elle estimé, deviendront plus fréquents en raison de ces changements climatiques qui sont de véritables multiplicateurs de conflits et de l’insécurité à l’intérieur des États et entre États. Nous apprécions l’aide du Secrétaire général dans le cadre de cette initiative, a-t-elle aussi déclaré, et le fait qu’un nombre important de pays aient choisi de participer à ce débat, ce qui montre malheureusement que les pays vulnérables seront les premiers à en payer le prix. Pour le Royaume-Uni, les changements climatiques sont une question de sécurité mondiale et non pas seulement nationale. Nous devons parvenir à un nouveau type de développement durable, a-t-elle insisté, tout en reconnaissant que d’autres organes des Nations Unies ont des responsabilités particulières dans ce domaine. Nous aimerions ainsi que des débats aient lieu au sein du Conseil économique et social et nous nous félicitons que la Commission du développement durable a l’intention d’y consacrer sa prochaine session.
Mme HEIDEMARIE WIECZOREK-ZEUL, Ministre de la coopération économique et du développement de l’Allemagne, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a affirmé qu’il y avait un lien clair entre le changement climatique et la nécessité de prévenir les conflits. Elle a précisé, à cet égard, que le Conseil de sécurité était engagé en faveur d’une culture de prévention des conflits, ainsi que le mentionne la résolution 1625. Le coût de l’action face aux changements climatiques est justifié, a-t-elle estimé, par les conséquences de l’inaction. Elle a mis l’accent sur la nécessité de mettre en place un cadre mondial de gestion des risques, un cadre, a-t-elle précisé, qui doit reposer sur deux piliers: l’atténuation et l’adaptation. Selon elle, il convient de faire en sorte que l’on puisse faire face aux changements climatiques, d’où la nécessité de formuler une politique climatique et énergétique. La Ministre a rappelé que l’Union européenne avait décidé d’être leader dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, en s’engageant à limiter ces émissions de 20% d’ici à 2020 par rapport au niveau de 1990. Il est nécessaire de parvenir à un accord mondial intégré sur les moyens de lutter contre le changement climatique au-delà de 2012, a-t-elle ajouté. La Ministre a également considéré que la dimension sécuritaire devait être reflétée dans les rapports à venir sur les changements climatiques. Aucun pays ne peut traiter seul ces problèmes d’une telle dimension, a-t-elle dit. La Ministre a affirmé qu’il convenait de mettre en place des stratégies complètes visant à apporter des réponses cohérentes, intégrées et holistiques de la famille des Nations Unies et des institutions de l’ONU pour affronter ces défis.
M. BERT KOENDERS, Ministre de la coopération en matière de développement des Pays-Bas, a estimé que la communauté internationale devait parfois regarder au-delà des conflits actuels pour identifier des défis et menaces potentielles. Mentionnant les statistiques des Nations Unies selon lesquelles d’ici à 2010, le monde comptera 50 millions de réfugiés « écologiques », le Ministre a estimé qu’il fallait faire en sorte que tous les pays soient en mesure de répondre aux menaces créées par les changements climatiques. Il a demandé instamment au Secrétaire général d’avertir le Conseil sur des situations de crise générées par les changements climatiques qui pourraient avoir des incidences sur la paix et la sécurité internationales. Selon le Ministre, deux priorités doivent animer la réflexion de la communauté internationale, à savoir la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’adaptation aux changements climatiques. Il est inacceptable que les négociations sur le Protocole du Kyoto au-delà de 2012 soient dans l’impasse, a-t-il dit.
Le Ministre a insisté sur les mesures prises par l’Union européenne et qui se sont traduites par la décision de réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020, précisant que son pays est en faveur de réductions encore plus drastiques de 30%. Tout dépendra de l’engagement dont feront preuve les pays concernés, non seulement les pays industrialisés mais aussi les économies qui contribuent aux émissions de gaz à effet de serre. Les négociations au sein des Nations Unies sur l’après 2012 seront cruciales à cet égard. Le représentant a aussi indiqué que les changements climatiques rendront encore plus difficile la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Indiquant par ailleurs que son pays a une relation particulière avec l’eau, le pays se trouvant sous le niveau de la mer, il a fait part de l’engagement de son Gouvernement à partager la somme de ses connaissances auprès des pays en développement. Le Ministre a aussi précisé que la lutte contre les conséquences dévastatrices des changements climatiques exigera de nouveaux financements et de nouveaux instruments juridiques sur la base du principe « pollueur-payeur ».
M. ABDULLA SHAHID, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a rappelé les propos tenus, il y a 20 ans à l’Assemblée générale, par le Président Maumoon Abdul Gayoom, selon lesquels une élévation de deux mètres du niveau de la mer suffirait pour submerger totalement son pays, les Maldives. Ce serait la mort d’une nation, avait-il alors assuré. Le Ministre s’est félicité de la plus grande prise de conscience concernant l’évolution du climat, et s’est dit, à cet égard, plus optimiste. M. Shahid a émis l’espoir qu’une plus grande adhésion de la communauté internationale et une plus grande volonté existent aujourd’hui pour pouvoir régler le problème. La coordination et la coopération entre les différents organes de l’ONU sont essentielles dans ce domaine, a-t-il également estimé, se félicitant de l’initiative prise en ce sens par le Royaume-Uni. Il a par ailleurs déclaré que tous les États Membres devaient travailler au développement durable en respectant les principes de responsabilité commune mais différenciée établis lors du Sommet de la Terre à Rio. Il faut d’urgence honorer tous les autres engagements pris en matière de financement et de transferts de technologies, a-t-il ajouté. Il a également appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Protocole de Kyoto. Appelant à une accélération des négociations menées en vue d’aboutir à un engagement tangible pour réduire les émissions de gaz à effet de serre au niveau qui était celui de l’ère préindustrielle, le Ministre a jugé impératif que les nations riches aident les pays pauvres et vulnérables à affronter le changement climatique.
M. FARUKH AMIL (Pakistan), qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé que le Conseil de sécurité empiétait toujours plus sur les responsabilités des autres organes principaux de l’ONU, ce qui représente une déviance par rapport aux principes et objectifs de la Charte. Le représentant a rappelé que les questions relatives au développement économique et social sont dévolues à l’Assemblée générale et à l’ECOSOC, ainsi qu’aux organes subsidiaires de celui-ci: la Commission du développement durable et le Programme des Nations Unies pour l’environnement. Pour débattre de cette question du changement climatique, on dispose d’instruments multilatéraux contraignants (la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto), a-t-il aussi relevé, en estimant qu’aucun rôle n’a été prévu pour le Conseil de sécurité en la matière.
Il est essentiel que tous les États Membres assurent la promotion du développement durable en adhérant aux principes de Rio, a poursuivi M. Amil, en insistant sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée. Il a aussi souhaité une bonne mise en œuvre de l’Agenda 21 et d’autres engagements pris à Rio et à Johannesburg et relatifs aux ressources financières; aux transferts de technologies, et au renforcement des capacités des pays en développement. Les pays développés devraient agir sans délai pour remplir leurs engagements afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre conformément au Protocole de Kyoto, a ajouté le représentant. Il a aussi estimé que le Conseil de sécurité ne devrait pas examiner la question de l’énergie.
M. PETER MAURER (Suisse) a estimé important que le Conseil contribue à une prise de conscience accrue des conséquences que peut avoir la dégradation de l’environnement sur la paix et la sécurité internationales, y compris par ses effets sur les causes des conflits. Nous devons aussi réfléchir aux moyens d’améliorer nos réponses à de tels défis, a-t-il dit. Nous ne considérons pas cette initiative comme un empiètement du Conseil de sécurité sur les responsabilités et fonctions de l’Assemblée générale. Ces questions doivent être abordées par divers organes dans le cadre de leur mandat respectif. Le représentant a estimé qu’il fallait garder à l’esprit la dimension écologique des conflits dans leur ensemble, une dimension qui est bien souvent négligée. La Suisse est particulièrement préoccupée par l’insécurité qui menace l’approvisionnement en eau et en nourriture dans plusieurs parties du monde. La nécessité de produire une nourriture plus abondante et plus saine avec moins d’eau et moins de terres est une réalité à laquelle il faut nous atteler. Le représentant a aussi estimé qu’il ne suffisait pas de faire des politiques énergétiques et des innovations technologiques des priorités mais que des efforts substantiels devaient être accomplis en vue de réduire les inégalités, qui sont des sources de conflit. Le représentant a invité toutes les parties prenantes à participer à la session inaugurale de la Plateforme mondiale pour la prévention des catastrophes qui aura lieu à Genève du 5 au 7 juin prochain.
M. ROBERT G. AISI (Papouasie-Nouvelle-Guinée), qui s’exprimait au nom du Forum des îles du Pacifique, a rappelé la vulnérabilité des îles du Pacifique aux changements climatiques et à l’élévation du niveau des océans, et il a énuméré les impacts que ceux-ci ont sur les petits États insulaires, notamment, en matière socioéconomique. Il a indiqué que ces impacts touchaient 14 pays insulaires et sept territoires du pacifique. Le représentant a mis l’accent sur la nécessité de réduire le réchauffement climatique et l’élévation du niveau de la mer; d’en éviter les conséquences négatives; et de mettre fin aux retards qui existent dans les prises de décision. De même, il convient de convaincre les pays en développement que les pays industrialisés sont sérieux lorsqu’ils cherchent à régler la question des changements climatiques et à trouver les moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre; de maintenir la crédibilité de la Convention-cadre sur les changements climatiques; de promouvoir l’utilisation à l’échelon mondial des énergies renouvelables, et d’envoyer des signaux forts à l’industrie pour lui faire prendre conscience que l’évolution du climat est une question grave à laquelle il faut trouver des solutions. M. Aisi a souhaité que le Conseil de sécurité continue d’examiner cette question, de façon que tous les pays contribuent à trouver des solutions permettant de faire face aux problèmes posés par les changements climatiques.
M. KENZO OSHIMA (Japon) a jugé adéquat que l’ensemble des organes des Nations Unies, y compris le Conseil de sécurité, soit associé aux efforts de mitigation des conséquences des changements climatiques. Précisant les priorités de son gouvernement, le représentant a jugé de la plus haute importance de maîtriser les émissions des gaz à effet de serre et ce créer un « après Kyoto » à compter de 2012. Rappelant qu’à l’heure actuelle, 30% des émissions des gaz à effet de serre seulement sont couvertes par le Protocole, il a estimé indispensable que le plus grand nombre de pays s’associe à cet effort. Tout accord intervenant dans le cadre de « l’après Kyoto » doit permettre à tous les pays de réduire leurs émissions de gaz selon leurs capacités et de maximiser le contrôle de telles émissions, le but étant de réduire de moitié leur volume, a-t-il précisé. Nous devons reconnaître dans ce contexte le lien étroit qui existe entre les stratégies pour le développement et les stratégies concernant les changements climatiques. Le représentant a aussi abordé les défis que représentent le développement durable et le recours à des sources d’énergie propres, l’atténuation des effets des changements climatiques, en particulier ceux générés par les catastrophes naturelles. Le représentant a estimé qu’il était temps pour les États Membres d’évaluer la capacité du système des Nations Unies dans ces domaines et c’est pourquoi le Japon soutient toute initiative visant à renforcer ses capacités. Il a proposé que l’Assemblée générale demande au Secrétaire général d’élaborer un rapport le plus rapidement possible qui soit assorti de recommandations sur la manière dont le système des Nations Unies peut s’organiser et renforcer ses capacités afin de répondre à ces défis avec toute l’efficacité voulue.
M. KAIRE MUNIONGANDA MBUENDE (Namibie), qui a reconnu que les menaces à la paix et la sécurité pouvaient émaner de différentes sources, a estimé que les menaces non traditionnelles devaient plutôt être traitées par les organes appropriés. La question à l’ordre du jour du Conseil de sécurité devrait donc, selon lui, être dévolue à la sphère environnementale qui dispose d’instruments spécifiques. Pour la Namibie, a expliqué M. Mbuende, le changement climatique est une question de vie ou de mort, en particulier les effets néfastes des émissions de gaz à effet de serre. Une grande partie du pays est touchée par des sécheresses fréquentes, alors que dans le même temps d’autres endroits sont inondés, a-t-il précisé. Cela a des effets sur la biodiversité et on constate que les zones désertiques s’étendent de plus en plus. Une autre conséquence, a poursuivi le représentant, est la propagation du paludisme à des zones qui en étaient préservées jusqu’à présent.
Dénonçant les émissions de gaz à effet de serre, M. Mbuende a invité les pays développés à s’adapter au nouvel environnement. Il a aussi déploré la diminution des ressources naturelles de la Namibie résultant des effets combinés des sécheresses et des inondations, alors que 70% de la population dépendent directement ou indirectement de l’agriculture. La Namibie place beaucoup d’espoir dans la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto, a ensuite indiqué son représentant. Il a mis l’accent sur les engagements des pays développés de fournir des ressources financières supplémentaires aux pays en développement qui sont particulièrement vulnérables aux effets des changements climatiques. Cependant, a-t-il déploré, les pays développés n’agissent pas pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, alors que ceux sont les plus riches qui ont contribué le plus aux changements atmosphériques liés au réchauffement de la planète.
M. CHRISTOPHER HACKETT (Barbade) a estimé que ceux qui ont le plus contribué au problème du changement climatique ont le devoir moral et juridique d’en assumer la responsabilité première. Les pays développés, s’est-il expliqué, doivent prendre la tête des efforts visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et fournir l’assistance financière et technique nécessaire à l’adaptation des pays en développement au changement climatique. Il ne faut pas abandonner le Protocole de Kyoto, a insisté le représentant, en appelant ceux qui continuent à rejeter les engagements convenus à faire preuve de bon sens, à se conduire en bon citoyen du monde et à faire montre du type et de la qualité de leadership qui les a caractérisés dans d’autres moments de l’histoire. Ils doivent tout simplement faire ce qu’il faut.
La communauté internationale, a poursuivi le représentant, doit accorder la plus haute priorité à la finalisation des négociations en cours sur le changement climatique. Tout nouvel accord doit conduire à des réductions substantielles des émissions de gaz à effet de serre et à une hausse des ressources affectées aux pays en développement vulnérables, en particulier les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés, pour les aider à s’adapter aux effets négatifs du changement climatique. Le débat du Conseil, a encore dit le représentant, doit inspirer les autres principaux organes de l’ONU. Si la Convention-cadre demeure le premier forum pour traiter du changement climatique, le Conseil économique et social pourrait néanmoins convoquer une session ministérielle extraordinaire, en marge du débat général de l’Assemblée générale, pour discuter de l’impact du changement climatique sur le développement durable. Des discussions à un tel niveau devraient donner l’élan nécessaire aux négociations prévues en décembre à Bali. Le représentant a conclu en souhaitant une mobilisation de tous les efforts pour mettre en œuvre le Programme d’action de la Barbade et la Stratégie internationale de Maurice.
M. VIKTOR KRYZHANIVSKYI (Ukraine) a réitéré le ferme engagement de son pays en faveur des accords internationaux existants dans le domaine de la lutte contre le changement climatique, comme la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et son Protocole de Kyoto. Pour le Gouvernement de l’Ukraine, un usage durable des énergies renouvelables et la protection de l’environnement ne sont pas des paroles en l’air, au moment où notre pays s’apprête à commémorer le 21e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, a ajouté le représentant. Il a donc appelé la communauté internationale à s’appuyer sur des initiatives appropriées; des partenariats public-privé, des technologies permettant de réduire aux niveaux les plus faibles les émissions de gaz à effet de serre; et sur la promotion de l’innovation. À cet égard, le représentant de l’Ukraine a souhaité souligner l’importance des rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, établi sous les auspices de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Programme des Nations Unies sur l’environnement (PNUE), afin d’évaluer, réunir et synthétiser les données scientifiques, techniques et socioéconomiques liées à la question. La délégation ukrainienne s’est également déclarée impatiente de prendre connaissance du « Rapport sur le développement humain 2007 », qui est consacré aux relations qui existent entre changement climatique et développement humain.
M. KHALED ALY ELBAKLY (Égypte) s’est déclaré préoccupé par la persistance du Conseil de sécurité à empiéter sur les mandats et les responsabilités que la Charte reconnaît aux autres organes des Nations Unies. Il s’est également dit préoccupé par l’indifférence manifeste du Conseil aux demandes répétées des États Membres visant à ce qu’il soit mis fin à ce phénomène dangereux et injustifié: laisser par exemple chaque Président du Conseil de sécurité décider des thèmes qui seront abordés sous sa direction, est contraire au mandat donné à cet organe. Ceci souligne d’autant plus la nécessité d’en réformer les méthodes de travail, en élargissant le nombre de ses membres et de faire prendre à l’Assemblée générale les mesures qui s’imposent pour faire cesser ce genre d’abus. À la lumière des derniers rapports du Secrétaire général, il n’y aucune raison pour le Conseil d’examiner les dangers posés par les changements climatiques, a assuré le représentant. L’objectivité commande de dire que les principaux responsables du changement climatique sont les pays développés, en raison de la concentration dans l’atmosphère de leurs émissions de gaz à effet de serre, et de leur refus de corriger cette situation. Dès lors, la réunion en cours n’a pour autre objectif pour ces pays que d’éviter d’assumer leurs responsabilités en invoquant le principe de « responsabilités partagées », au lieu de celui « responsabilités communes mais différenciées » qui les mettrait, eux, les seuls et vrais pollueurs, devant leurs responsabilités, a accusé le représentant de l’Égypte. Le Conseil de sécurité a d’autres défis plus urgents à relever dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales, notamment celui d’instaurer la paix au Moyen-Orient, a-t-il estimé.
M. ROBERT HILL (Australie), rappelant que son pays était vulnérable à la sécheresse, a estimé que la responsabilité de l’action mondiale devait revenir en premier lieu aux pollueurs. Il a décrit les multiples activités que son pays avait mis en place pour atténuer les conséquences des changements climatiques en précisant que l’Australie avait consenti des milliards de dollars pour mettre au point et développer des technologies propres à faible émission de gaz à effet de serre. L’Australie est le fondateur et l’un des contributeurs les plus importants au Partenariat Asie-Pacifique sur le développement et le climat. Son pays, a poursuivi le représentant, travaille également à mettre un terme à la déforestation grâce à son Initiative mondiale sur les forêts et le climat. Le représentant a aussi souligné que les réponses à apporter face aux conséquences des changements climatiques devaient être taillées aux besoins des pays affectés. Ainsi, le Gouvernement de l’Australie a consacré 10 milliards de dollars pour améliorer la durabilité en eau du pays. Le Premier Ministre a annoncé la semaine dernière la création d’un centre national pour les changements climatiques.
Mme ROSEMARY BANKS (Nouvelle-Zélande) a estimé que les questions du développement durable et de la sécurité énergétique doivent être examinées ensemble, en se félicitant, en conséquence, des efforts déployés en ce sens par la Commission du développement durable. En Nouvelle-Zélande, a-t-elle dit, les politiques en la matière sont développées « en tandem ». Elle a rappelé que de nombreux pays de sa région figurent parmi les pays les plus vulnérables face aux conséquences du changement climatique, exacerbant ainsi les problèmes d’eau potable et de vulnérabilité face aux cyclones, à la sécheresse ou aux inondations. Les risques du changement climatique et d’élévation du niveau de la mer existent, a insisté la représentante, et se conjuguent aux problèmes posés par la capacité limitée de ces pays d’y répondre. Nous parlons en fait, a-t-elle dit, de la viabilité de ces sociétés. La représentante a voulu que l’assistance fournie par la communauté internationale soit suffisamment « nuancée » pour tenir compte des contextes nationaux. Cette assistance doit aussi appuyer les objectifs des pays récipiendaires pour assurer l’appropriation nationale. Ce qu’il faut aujourd’hui c’est un processus qui réunisse au sein de l’ONU les principaux émetteurs de gaz à effet de serre pour définir une véritable réponse mondiale au changement climatique, a conclu la représentante.
M. AFELELEE PITA (Tuvalu) s’est félicité que le Conseil de sécurité ait inscrit à son ordre du jour une question, la sécurité environnementale, que son pays défend depuis très longtemps. Des pays comme Tuvalu font face aujourd’hui à de multiples menaces associées au changement climatique. Le représentant a cité le réchauffement des océans, l’élévation du niveau des mers et leurs conséquences. Dans ces conditions, l’émigration écologique serait une violation claire des droits fondamentaux de ces peuples à leur nationalité et à leur État, tels que consacrés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans les autres conventions internationales. Ces peuples ne sont pas les seuls car aujourd’hui le monde est passé de la guerre froide à la « guerre chaude ». Par ailleurs, la sécurité de ces peuples est confrontée à des coûts énergétiques élevés. En tant que Membre des Nations Unies depuis 2000, Tuvalu estime, a poursuivi le représentant, que ses préoccupations face au changement climatique ne peuvent pas être tout simplement ignorées.
Il a donc demandé au Conseil de sécurité d’adopter une résolution demandant au Secrétaire général de convoquer le plus rapidement possible un sommet mondial sur le changement climatique. Ce sommet doit conduire à la création d’un nouveau forum économique qui élargirait l’accès de tous les pays à des options de sécurité énergétique et environnementale. En l’occurrence, pour des pays comme Tuvalu, le nucléaire et les combustibles fossiles « propres » ne sauraient être la solution, compte tenu de leur impact sur des environnements fragiles. La solution réside dans les sources d’énergie renouvelables et les technologies d’efficacité énergétique. Le représentant a souligné l’urgence d’adopter des arrangements institutionnels forts pour protéger les pays vulnérables comme Tuvalu de l’impact du changement climatique. Il faut une stratégie mondiale d’adaptation et de réduction des risques de catastrophes naturelles qui inclurait des nouvelles facilités d’assurance, a-t-il précisé.
M. MUHAMMAD ALI SORCAR (Bangladesh) a estimé que les questions de l’énergie et de l’environnement étaient d’une importance essentielle dans le contexte du développement durable, plus encore pour les pays en développement. Il s’agit principalement d’une question de développement, a-t-il dit, n’ignorant pas, néanmoins, les liens avec la sécurité. Selon lui, il est évident que l’évolution du climat mondial est de nature à devenir un sujet majeur de préoccupation en matière de sécurité si l’on reste inactif. Le représentant a rappelé que son pays se trouvait dans le delta le plus vaste du monde, et, de ce fait, ses 147 millions d’habitants étaient particulièrement exposés au réchauffement climatique, susceptible de se traduire par la fonte des neiges himalayennes et l’élévation du niveau de la mer. Selon lui, des progrès tangibles et un leadership sont nécessaires de la part des pays industrialisés, en particulier en s’assurant que la réduction des émissions de carbone ne se fasse pas au détriment du développement.
Mme PUI LEONG (Venezuela) a estimé que ce n’est pas au Conseil de sécurité de discuter des questions énergétiques et des questions climatiques. Le Conseil doit respecter l’esprit et la lettre de la Charte de l’ONU et se préoccuper uniquement de questions qui menacent la paix et la sécurité internationales. Chaque État doit pouvoir définir ses priorités dans ce domaine en tenant compte des autres priorités nationales. La question énergétique relève de la souveraineté des États. Chaque pays a plein pouvoir pour décider de l’utilisation de ses ressources naturelles et sa politique énergétique. L’ingérence du Conseil dans des questions qui ne relèvent pas de son ressort pourrait donner une fausse impression de la démocratisation de ses débats, ce qui est encore loin d’être une réalité. Ces thèmes doivent être discutés dans les enceintes appropriées mises en place par la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et son Protocole de Kyoto. Aborder cette question dans une enceinte qui n’est pas appropriée ne fera que disperser les efforts et permettra à une trentaine de pays développés de se soustraire à leurs responsabilités, a fait remarquer la représentante. Les principaux émetteurs de gaz à effet de serre doivent respecter leurs obligations internationales. La coopération des États-Unis dans ce contexte est de la plus grande importance.
M. ABDALMAHMOOD ABDALHALEEM MOHAMAD (Soudan), qui s’exprimait au nom du Groupe africain, a indiqué que celui-ci tenait à exprimer sa préoccupation face à la décision du Conseil de sécurité d’organiser un débat ouvert sur des questions qui ne relèvent pas de son mandat. La Charte des Nations Unies a établi clairement que les questions portant sur le développement économique et social sont du domaine du Conseil économique et social et de l’Assemblée générale, a-t-il souligné. L’empiètement croissant et alarmant du Conseil de sécurité sur les mandats des autres organes des Nations Unies, que le Conseil cherche à justifier en liant toutes les questions à celle de la sécurité, compromet les principes et les objectifs de la Charte des Nations Unies et sape le travail des organes pertinents, a déclaré le représentant. Le Groupe africain met en garde contre les tentatives visant à déplacer des questions qui ont un intérêt pour tous les États Membres vers une institution qui semble réserver la prise de décisions finales à une poignée d’États Membres des Nations Unies, a ajouté M. Mohamad. Ces questions ne relèvent pas du mandat du Conseil de sécurité, a-t-il insisté. L’énergie et le changement climatique sont d’abord, avant tout, des questions de développement qui devraient être traitées par les organes spécialisés pertinents des Nations Unies, et pas par le Conseil de sécurité, a rappelé le représentant au nom du Groupe africain. Il a émis l’espoir que la tenue de ce débat par le Conseil ne constitue pas un précédent. Le représentant a également estimé que les préoccupations et les défis découlant de l’évolution du climat et de l’énergie sont aujourd’hui plus profonds que jamais, la raison fondamentale étant le manque de respect des engagements pris et l’absence d’actions concrètes, de la part en particulier des pays développés.
M. COLLIN BECK (Îles Salomon) a décrit la vulnérabilité de son pays face aux changements climatiques en rappelant qu’il y a à peine deux semaines le territoire a subi les conséquences d’un tsunami ayant causé la mort de 50 personnes et le déplacement de 5 000 autres tout en ayant restructuré pour toujours la géographie du pays en quelques minutes. Malheureusement, la communauté internationale reste divisée sur la question de savoir si les changements climatiques sont du domaine du développement ou de la sécurité. Si nous prenons la question au sérieux, a ajouté le représentant, nous devons lui accorder autant d’importance qu’à la lutte contre le terrorisme. Le système des Nations Unies doit dans son ensemble répondre à ces défis, qu’il s’agisse du Conseil de sécurité mais également de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social. La question de l’environnement doit être dépolitisée. Le représentant a par ailleurs plaidé en faveur de la mise en place de systèmes d’alerte des tsunamis.
M. STUART BECK (Palaos) a déclaré qu’en tant que petit État insulaire, son pays était particulièrement exposé aux risques liés à l’augmentation du niveau de la mer. Surtout, a-t-il relevé, les Nations Unies et la communauté internationale doivent s’attaquer d’urgence aux dangers posés spécifiquement par le réchauffement climatique. Il a regretté que ce problème ne soit pas posé en ces termes dans le document de réflexion soumis aux délégations. Le représentant a rappelé que le réchauffement planétaire menaçait jusqu’à l’existence même des récifs coralliens, le phénomène El Niño ayant entrainé en 1998 la mort d’un tiers du récif corallien des Palaos. La destruction des écosystèmes du récif de corail équivaut chez nous à la destruction de notre pays, a affirmé M. Beck, en indiquant que l’économie des Palaos reposait pour l’essentiel sur les revenus tirés du tourisme et de la pêche. Il a salué l’appui apporté par le Royaume-Uni et a félicité M. Nicholas Stern pour son étude sur les conséquences économiques du changement climatique, ainsi que les États-Unis et l’Union européenne pour leurs efforts visant à assurer que la question du blanchiment des coraux figure dans les résolutions de l’Assemblée générale sur les océans. Enfin, il s’est félicité du rôle de leader joué par la France dans la création de l’Initiative en faveur des récifs coralliens du Pacifique Sud.
M. CARSTEN STAUR (Danemark) a rappelé que son pays accueillera, en 2009, la quinzième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Si nous manquons cette occasion, a-t-il prévenu, il sera difficile de lancer le successeur du Protocole de Kyoto en 2012, quand la période des premiers engagements prendra fin. Pour assurer des progrès, nous devons, a conseillé le représentant, examiner les défis du climat et dans ce cadre, reconnaître comme crucial, le lien entre climat, énergie et sécurité. Pour éviter des conséquences graves, le changement climatique doit être traité sur un pied d’égalité avec les autres menaces mondiales. Le changement climatique peut en effet limiter la capacité des pays en développement, exacerber les tensions face à la rareté de l’eau et des terres arables, faire naître des réfugiés écologiques, alimenter des conflits sur des routes stratégiques ou des ressources nouvelles ou encore mener à des pertes territoriales. Le changement climatique est une question complexe qui exige une action rapide et décisive pour en atténuer les effets et des programmes pour s’y adapter. Le défi consistant à passer d’une économie basée sur le carbone à une autre chose dont les contours ne sont pas encore connus est certes intimidant mais nous devons accepter de le relever, a conclu le représentant, en appelant à de la volonté politique.
M. HJALMAR W.HANNESSON (Islande) a souscrit à l’analyse selon laquelle le changement climatique fait peser de graves menaces à la sécurité internationale. Sur la durée, a-t-il ajouté, l’augmentation des flux migratoires due à la pénurie de ressources, en particulier de nourriture et d’eau potable, entraînera des différends frontaliers et régionaux. À court terme, les risques les plus graves sont liés à l’accès aux fournitures d’énergie. Pour le représentant, seule une coopération internationale s’inscrivant sur le long terme permettra d’inverser cette tendance particulièrement préjudiciable à l’essor des pays en développement. C’est en ce sens que M. Hannesson a plaidé pour une coopération à cette échelle qui tienne compte, au-delà de la problématique environnementale, des implications socioéconomiques et en matière de sécurité du changement climatique.
Le représentant a ensuite souligné que son pays, partie au Protocole de Kyoto, s’attachait à respecter ses engagements, une stratégie nationale ayant été récemment mise en œuvre pour parvenir à l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50 à 75% d’ici à 2050. Il a également cité comme autre tendance nationale la consommation croissante d’énergies renouvelables, dont il a souhaité qu’elle soit reprise rapidement par les gouvernements des pays en développement. Davantage peut encore être fait en explorant de nouvelles voies technologiques, a encore noté le représentant, comme par exemple l’utilisation de l’hydrogène dans le secteur des transports.
M. ALFRED CAPELLE (Îles Marshall) a déclaré que les impacts écologiques du changement climatique actuellement visibles, dans son pays notamment, étaient la première étape d’une chaine complexe d’évènements qui affaiblirait la structure de la paix mondiale. Les déplacements de population en raison de la montée du niveau de la mer sont déjà une réalité dans l’archipel, a-t-il poursuivi, affirmant que cette question deviendrait bientôt critique compte tenu de l’espace limité qui est disponible. Soulignant le risque de voir apparaître des refugiés environnementaux, il a rappelé que son pays, situé seulement à deux mètres du niveau de la mer, était un des plus vulnérables. Face à l’éventuelle perte des îles de l’archipel, la lutte pour redéfinir l’identité et le territoire national aggravera les tensions politiques et sociales déjà présentes dans la région, a-t-il averti. La menace que posent les changements climatiques à la sécurité est une réalité et non pas une possibilité théorique, a-t-il encore insisté. Le représentant a en outre souligné la grave menace que constituaient les changements climatiques pour les stocks de poissons alors qu’il s’agit d’une source d’alimentation importante pour la population mondiale. Il a argué que leur réduction intensifierait la compétition internationale pour des ressources de plus en plus rares, avec la menace d’un conflit mondial. Enfin, s’agissant des actions internationales menées pour faire face aux changements climatiques, M. Capelle s’est dit déçu par l’élaboration des stratégies d’adaptation et par l’échec de la mise en œuvre des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
M. HILARIO G. DAVIDE (Philippines) a affirmé que son pays avait lui-même fait du changement climatique une question prioritaire. Reconnaissant le besoin urgent d’en régler les effets négatifs, la Présidente Gloria Macapagal-Arroyo a établi, en février de cette année, un Groupe de travail présidentiel sur l’évolution du climat, a-t-il souligné. Sa mission, a-t-il précisé, a notamment pour objectif de procéder rapidement à une évaluation des conséquences des changements climatiques, en particulier dans les secteurs les plus vulnérables comme l’eau, l’agriculture, les régions côtières et les écosystèmes marins et de veiller au respect strict des normes en matière de qualité de l’air et de lutter contre la déforestation et d’appréhender ses responsables. De même, il élaborera des mesures stratégiques visant à empêcher ou à réduire les gaz à effet de serre, notamment par le biais de la conservation et de la promotion des énergies renouvelables. Le représentant a par ailleurs estimé que tous les pays devaient respecter leurs obligations découlant de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, en particulier des dispositions portant sur les ressources financières et le transfert de technologie. Des ressources plus importantes devraient être fournies pour des mesures d’adaptation concrètes. Enfin, il a jugé que tous les pays devaient considérer les questions liées aux changements climatiques comme partie intégrante de leurs plans de développement.
M. CLAUDE HELLER (Mexique) a affirmé que le système des Nations Unies et la volonté de ses États Membres constituaient l’ « espace idoine » pour relever les défis auxquels la communauté internationale était confrontée. Les changements climatiques représentent une menace grave et croissante pour le développement durable et la vie sur terre, a-t-il dit. Selon le représentant, les changements climatiques vont modifier les besoins en matière d’énergie, perturber les secteurs de la production et auront un impact sur l’économie mondiale. Les défis actuels exigent que l’on redouble d’efforts pour diminuer les émissions de gaz carbonique dans le monde, a-t-il déclaré. Les changements climatiques vont intensifier les phénomènes météorologiques extrêmes, engendrant des situations d’urgence humanitaire dans un certain nombre de pays, a-t-il également dit. Il n’y aura pas, selon lui, de véritable sécurité s’il n’y a pas de solutions concertées face aux défis de l’évolution du climat. La situation est urgente et nécessite une mobilisation de la communauté internationale, a-t-il assuré. Le représentant a mis l’accent sur la nécessité d’identifier les enceintes et les organes compétents qui peuvent discuter des risques liés aux changements climatiques. Même si la nature des menaces est réelle et urgente, donner au Conseil de sécurité la responsabilité d’adopter des mesures préventives à la place d’autres entités modifierait les obligations qui auraient été prises et mettraient en cause l’efficacité du Conseil en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il assuré.
M. PIRAGIBE DOS SANTOS TARRAGO (Brésil) a appelé à la prudence lorsque l’on établit un lien entre les conflits et l’utilisation des ressources naturelles. Il a aussi précisé que les changements climatiques avaient de multiples dimensions. En fait, a-t-il concédé, le lien entre changements climatiques et développement est plus patent que celui entre changements climatiques et sécurité. Il a plaidé en faveur du renforcement du régime international en place et s’est dit convaincu de la nécessité de placer toute négociation dans ce cadre sur la base du principe de la responsabilité commune mais différenciée. En outre, la nature mondiale des changements climatiques exige que tout débat se déroule dans un forum international comme l’Assemblée générale sans se substituer à ceux qui ont lieu dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. La nature stratégique de cette question exige également que l’on renforce la coopération internationale et que l’on reconnaisse le rôle des pays en développement dans la recherche de solution. Nous sommes en faveur de la multiplication des sources d’énergie afin d’ouvrir la voie à d’autres perspectives de développement et de fournir de nouvelles sources de revenus aux pays en développement.
M. NIRUPAM SEN (Inde) a estimé que les pays développés portaient la responsabilité première de prendre des mesures visant à réduire la menace des changements climatiques, en conformité avec les principes de responsabilité commune mais différenciée tels que consacrés dans la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Le représentant a en outre mis l’accent sur la nécessité de réduire les émissions des gaz à effet de serre dans les pays développés et de disposer, à cet égard, d’instruments juridiques contraignants. Pour s’attaquer aux problèmes, il faut agir et s’adapter, a-t-il dit, évoquant les besoins en matière de technologies, de ressources. De même, selon lui, il est essentiel que les pays en développement disposent de l’espace politique pour répondre à leurs besoins énergétiques. Le représentant a jugé que l’enceinte appropriée pour parler des changements climatiques était celle de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Le Conseil de sécurité ne dispose pas des compétences et ne dispose peut-être même pas du mandat en la matière, a-t-il assuré.
M. CHOI YOUNG-JIN (République de Corée) a estimé que les changements climatiques avaient des conséquences dévastatrices sur l’économie mondiale à tous les niveaux mais également de lourdes incidences sur la sécurité. L’accès compétitif aux ressources rares, en particulier l’eau et l’énergie, est l’un des facteurs le plus à même de causer un conflit entre États. Le fait que l’impact des changements climatiques ne sera pas ressenti de la même manière constitue un autre facteur grave d’insécurité. Selon les prévisions, leur impact sera plus sévère dans des pays pauvres, vulnérables et instables. Comprendre la dimension sécuritaire de ce phénomène exige que les États y répondent collectivement. Cela exige aussi que les États repensent divers domaines d’action critiques pour faire face aux changements climatiques et trouvent ensemble des solutions qui soient basées sur « les intérêts éclairés de chaque pays ».
Rappelant que le Sommet mondial de 2005 avait reconnu que les changements climatiques étaient un défi sérieux qui avait le potentiel d’affecter toutes les parties du monde, M. JOHAN L. LØVALD (Norvège) s’est félicité que le Conseil de sécurité traite, pour la première fois, des aspects de cette question liés à la sécurité. Il a estimé que les menaces du changement climatique allaient au-delà du domaine de l’environnement puisque ce phénomène a un impact sur le développement économique, les ressources et moyens de subsistance des sociétés ainsi que sur la santé. Les changements climatiques risquent de réduire la sécurité alimentaire mondiale en raison de la sécheresse et de conditions météorologiques instables et, à cause de la montée du niveau de la mer, ils menacent les sols, où vit près de la moitié de la population mondiale, a-t-il précisé. De l’avis de sa délégation, le Conseil de sécurité peut jouer un rôle dans l’examen de cette question, car en ignorant la dimension environnementale, il risque de jouer un rôle moins efficace dans la prévention et le règlement des conflits. En outre, il faudrait disposer de davantage d’informations sur la manière dont les changements climatiques et les besoins énergétiques changeants peuvent avoir un impact sur des conflits spécifiques. À cet égard, il a proposé que le Département des affaires politiques travaille en collaboration avec le PNUE et les autres institutions compétentes des Nations Unies pour examiner la manière dont la base des connaissances actuelle sur les liens entre changements climatiques et sécurité peut être améliorée. Enfin, il a déclaré qu’il fallait, aussi rapidement que possible, parvenir à un accord élargi concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
M. JEEM LIPPWE (États fédérés de Micronésie) a affirmé que le Conseil de sécurité avait, aujourd’hui, pris la première mesure importante visant à reconnaître son rôle dans le traitement de la sécurité climatique. Pour la Micronésie, comme pour les petits États insulaires en développement, les changements climatiques constituent un problème de sécurité grave depuis un certain temps. Du point de vue d’un insulaire qui vit sur un atoll quelques mètres au-dessus de la mer, les changements climatiques constituent une menace sécuritaire qui doit être traitée de façon urgente par le Conseil de sécurité. Le Conseil doit d’abord, selon lui, reconnaître que les changements climatiques représentent une menace relevant de son mandat, tandis que le Secrétaire général doit identifier les régions à risques et les conséquences potentielles sur la paix et la sécurité internationales, ainsi que les réponses appropriées.
M. DIEGO LIMERES (Argentine) a estimé que les problèmes découlant des changements climatiques devaient être abordés et analysés non pas isolément mais en reconnaissant leur interconnectivité. L’Assemblée générale, le Conseil économique et social, et les autres organes des Nations Unies comme ONU-Habitat sont sans aucun doute compétents pour se saisir de cette question. Une coopération fluide entre ces organes dans le cadre des dispositions de la Charte des Nations Unies est nécessaire pour faire face aux risques sécuritaires qui trouvent leur origine dans les conséquences des changements climatiques extrêmes. Toutefois, cela ne signifie pas qu’il faille inscrire la question des changements climatiques à l’ordre du jour du Conseil de sécurité. La reconnaissance de l’importance de cette question par le Conseil de sécurité arrive peut être trop tard alors que des années ont été perdues en des schémas de production énergétique et de consommation, en particulier dans les pays en développement, qui ont causé des dommages irréparables à l’équilibre naturel de notre système climatique. La communauté internationale peut d’ores et déjà prendre des mesures en vue d’atténuer ce phénomène. Ainsi, la Déclaration de Rio de 1992 et la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ont établi le principe de la responsabilité commune mais différenciée.
Mme ILEANA NÚNEZ MORDOCHE (Cuba), qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, a dénoncé, tout d’abord, le manque de transparence dans l’élaboration de la liste des orateurs au cours de ce débat, manque de transparence qui, selon elle, caractérise les travaux du Conseil de sécurité. Il prouve la nécessité urgente de réformer cet organe, a-t-elle ajouté. Le Mouvement des pays non alignés souligne la nécessité pour les États Membres de respecter les fonctions et les pouvoirs de chaque organe principal des Nations Unies, fonctions et pouvoirs consacrés dans la Charte de l’ONU, a-t-elle déclaré. Selon la représentante, le Conseil de sécurité empiète de plus en plus sur les fonctions et pouvoirs de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social. La Convention-cadre des Nations Unies est l’espace approprié pour examiner les risques associés aux changements climatiques, a-t-elle poursuivi. Selon elle, une coopération et une coordination étroites parmi les organes principaux est indispensable afin que les Nations Unies puissent conserver leur pertinence et demeurer aptes à affronter les menaces et défis existants, nouveaux et futurs.
M. VANU GOPALA MENON (Singapour) a exprimé un certain malaise en raison de la tenue et de la nature de ce débat. Les changements climatiques, a-t-il insisté, constituent le défi écologique de notre temps. Le représentant a indiqué que leurs conséquences se feront sentir aussi bien sur les pays pauvres que sur les pays riches dans la mesure où des millions de personnes de pays en développement trouveront refuge dans les pays développés pour échapper à la détérioration de leur situation socioéconomique. Bien qu’il soit difficile de quantifier la relation entre changements climatiques et la paix et la sécurité internationales, il ne fait aucun doute que les changements climatiques constituent un défi international immédiat. Nous ne pouvons pas nier, a dit le représentant de Singapour, que le Conseil de sécurité a un certain rôle à jouer dans la mesure où le phénomène des changements climatiques aura des répercussions sur la paix et la sécurité internationales. Mais le Conseil n’est pas la seule partie prenante à ce débat, a-t-il fait remarquer, rappelant que l’Assemblée générale dispose déjà de dispositifs. Compte tenu de la gravité de ce phénomène, l’Assemblée générale devrait envisager la tenue d’une session extraordinaire sur cette question.
M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a affirmé que les changements climatiques pouvaient poser une menace à la paix et à la sécurité internationales. Selon lui, le Conseil de sécurité, en tant qu’organe le plus prestigieux des Nations Unies, même s’il ne sera pas en mesure de prendre une décision collective face aux changements climatiques, peut néanmoins apporter une contribution importante à la fois en facilitant la compréhension de la nature de la menace et en traitant certains de ses éléments, au cas par cas, et en fonction de situations qui menacent la paix et la sécurité. Le Conseil de sécurité doit prendre en compte tous les facteurs pertinents, a-t-il dit, notant que les facteurs environnementaux avaient été souvent négligés dans le passé, y compris par des instances pertinentes.
Mme TERRAZAS ONTIVEROS (Bolivie) a estimé que ce débat ne revient pas au Conseil de sécurité. La représentante a insisté sur l’importance du concept de sécurité humaine tout en regrettant que la défense d’intérêts nationaux continue à dominer les relations internationales. Le développement et les droits de l’homme sont interdépendants et exigent une riposte coordonnée de la communauté internationale. Les changements climatiques se font déjà sentir dans les pays en développement ou plus de 30 pays sont situés dans le périmètre de bassins transfrontaliers tandis que 85 pays se trouvent dans des bassins fluviaux partagés, montrant ainsi la réalité des interdépendances dues à l’eau. La gestion des eaux transfrontalières acquiert une importante grandissante dans les relations internationales. Le déni du droit à l’eau propre peut avoir un potentiel de destructions similaires que celui des conflits armés et peut annihiler le potentiel humain. Selon un rapport de l’OMS, un enfant meurt toutes les 15 secondes en raison d’un manque d’accès à l’eau potable. Le Document final de 2005 a reconnu que les droits de l’homme, le développement et la sécurité sont interdépendants, a insisté la représentante.
Mme MARIA DE FATIMA LIMA DA VEIGA (Cap-Vert) a estimé que si la communauté internationale ne parvenait pas à traiter sérieusement et avec un sens de l’urgence des questions de l’énergie et des changements climatiques, ces défis pourraient constituer à long terme des menaces potentielles à la sécurité économique et sociale mondiale, et donc à la sécurité collective. Certains petits États insulaires risquent de disparaître de la carte, a-t-elle prévenu, rappelant la vulnérabilité de son pays. La représentante a plaidé en faveur de mesures ambitieuses pour restaurer l’équilibre de l’environnement et a appelé au respect de la mise en œuvre des objectifs et des engagements souscrits au titre du développement durable. Tous les États Membres devraient respecter pleinement les conventions internationales sur le développement durable, comme la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, l’Agenda 21 ou la Stratégie internationale de Maurice, a-t-elle poursuivi. De même, a-t-elle estimé, les pays qui contribuent le plus aux émissions de gaz à effet de serre devraient revoir leurs politiques, conformément au Protocole de Kyoto.
M. SAUL WEISLEDER (Costa Rica) a estimé, au-delà de l’intrusion du Conseil dans des domaines de préoccupation relevant d’autres organes, que cette question devait être abordée sous diverses perspectives. Il existe un lien indéniable entre énergie, climat et sécurité de l’espèce humaine, comme l’ont montré les inondations des basses terres, les déplacements forcés de millions de personnes et l’explosion de conflits. Les habitants de l’Amérique centrale, a-t-il précisé, souffrent profondément des conséquences des catastrophes naturelles qui affectent non seulement la sécurité humaine mais aussi la compétitivité de nos économies créant ainsi de nouveaux obstacles au développement de nos peuples. Dans nos pays, les catastrophes naturelles ont un impact dévastateur sur nos ressources hydriques et nos sources d’énergie renouvelables. Nous devons travailler dans un esprit de responsabilité commune mais différenciée, un principe qui a été consacré dans la Déclaration de Rio de 1992 et dans la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
M. DANIEL CARMON (Israël) a affirmé que les questions liées à l’énergie, à la sécurité et au climat étaient étroitement liées et essentielles à la promotion et à la pérennité de la paix et de la sécurité dans le monde entier. Le représentant a estimé que ce n’était pas seulement la rareté potentielle du pétrole et d’autres sources d’énergie traditionnelles qui pouvait conduire aux conflits, mais aussi d’autres facteurs tels que l’accès à l’eau, à la nourriture, aux sols fertiles, les mouvements de population et les différends de frontières. Selon lui, la communauté internationale doit coopérer et mettre au point des sources d’énergie renouvelables. En traitant des questions de climat et d’énergie dans les instances appropriées, la communauté internationale sera en mesure de limiter les effets qu’elles peuvent avoir sur la paix et la sécurité, a-t-il conclu.
M. JOHN MCNEE (Canada) a estimé que les progrès de la technologie allaient jouer un rôle crucial dans la solution du problème des changements climatiques et l’amélioration de la sécurité énergétique. Il faut, a-t-il dit, accélérer considérablement la collaboration entre les secteurs public et privé pour favoriser l’exploitation de la technologie. Selon le représentant, il est temps de passer à l’action. Il a précisé que dans les semaines à venir, le Gouvernement du Canada fixerait des cibles réglementaires réalistes pour les émissions de gaz à effet de serre. Ces cibles, a-t-il souligné, permettront au Canada de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre. Il a déclaré en outre que son pays était prêt à définir une approche vraiment globale pour réduire considérablement ces émissions, avec la participation entière de tous les grands pays émetteurs. « Tous ensemble, a-t-il conclu, nous devons mettre en œuvre des stratégies efficaces afin de surmonter les difficultés suscitées par le changement climatique quant au développement durable, à la santé et à l’écosystème, ainsi qu’à la sécurité. »
M. SOMDUTH SOBORUN (Maurice) a évoqué la vulnérabilité particulière des petits États insulaires en développement comme le sien et a appelé à une augmentation de l’aide fournie par la communauté internationale sur le plan tant financier que technique. Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle mette en place un fonds d’affectation spéciale pour les petits États insulaires en développement sur le même modèle que le Fonds pour les pays les moins avancés. Il est aussi nécessaire d’établir des systèmes d’observation climatique. Indiquant que des pays comme le sien sont dépendants des importations de combustibles fossiles, le représentant a aussi précisé que l’aide de la communauté internationale s’avèrera aussi indispensable pour explorer les sources d’énergie renouvelables, y compris les biocarburants. Les petits États insulaires en développement dépendent d’actions internationales pour lutter contre les conséquences des changements climatiques et de la montée du niveau des eaux.
M. MAHMOUD MOHAMED ABOUD (Comores) a souligné que les phénomènes climatiques se manifestaient dans son pays par la destruction des zones côtières où se situent près de 80% des activités économiques et humaines. Les Comores, a-t-il dit, connaissent déjà un fort déplacement des populations vers des destinations jugées plus favorables, notamment vers l’île comorienne de Mayotte. Pour se déplacer dans leur pays, à Mayotte, les Comoriens des trois autres îles traversent la mer dans des conditions humainement inconcevables, a-t-il ajouté, précisant que ces mouvements de populations étaient causés par les pertes des terres agricoles, la dégradation des sols et l’augmentation de la pauvreté en milieu rural. Le représentant a indiqué que son pays souscrivait entièrement aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les Comores adhèrent au principe selon lequel il faut anticiper les phénomènes liés aux changements climatiques et s’y préparer, a-t-il dit, ajoutant néanmoins que ces efforts nécessitaient un appui technique et financier. Le représentant a également estimé que les responsabilités dans le domaine du développement durable incombaient à l’Assemblée générale, au Conseil économique et social et à leurs organes subsidiaires, notamment la Commission du développement durable et le Programme des Nations Unies pour le développement. Il a enfin annoncé que le Parlement des Comores ratifierait dans les jours à venir le Protocole de Kyoto.
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