LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL POUR L’AFGHANISTAN DÉCLARE DEVANT LE CONSEIL QU’EN DÉPIT DE GRAVES MENACES SUR LA PAIX, DES PROGRÈS ONT ÉTÉ ENREGISTRÉS DANS DES DOMAINES ESSENTIELS
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Conseil de sécurité
5641e séance – matin
LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL POUR L’AFGHANISTAN DÉCLARE DEVANT LE CONSEIL QU’EN DÉPIT DE GRAVES MENACES SUR LA PAIX, DES PROGRÈS ONT ÉTÉ ENREGISTRÉS DANS DES DOMAINES ESSENTIELS
L’Italie propose de convoquer une conférence internationale
afin d’impliquer les pays de la région dans la recherche de solutions
En dépit de graves menaces sur la paix civile, la situation en Afghanistan s’est améliorée de manière générale, ont estimé ce matin la majorité des intervenants dans le cadre de la réunion d’information du Conseil de sécurité consacrée à l’examen du rapport du Secrétaire général des Nations Unies. M. Ban Ki-moon, à la lumière des progrès enregistrés dans plusieurs domaines essentiels mais aussi des nombreux défis auxquels l’Afghanistan demeure confronté, recommande dans son rapport, présenté par son Représentant spécial, M. Tom Koenigs, que le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) soit prorogé pour une nouvelle période de 12 mois. À l’instar de la plupart des délégations, la Fédération de Russie et les États-Unis ont souligné qu’il n’y avait pas de solution purement militaire à la résurgence de l’insurrection des Taliban tandis que l’Italie proposait la convocation d’une conférence internationale.
La délégation italienne, qui était représentée par le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères, Massimo D’Alema, a souligné qu’une telle conférence aurait trois objectifs: un engagement politique des parties concernées afin de garantir la dimension régionale de la sécurité et de la stabilité de l’Afghanistan, la mise en place d’une plus grande coopération entre les pays de la région et enfin le soutien du processus de réconciliation nationale lancé par le Président Karzaï par le biais d’un processus de stabilisation régionale impliquant les pays voisins ainsi que la communauté internationale. Une telle conférence contribuerait aussi à redonner confiance à la population afghane, a estimé M. D’Alema.
Pour le représentant de l’Allemagne, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, certains progrès contrastent en effet avec une situation sécuritaire plus que médiocre, une absence généralisée de bonne gouvernance, le mécontentement grandissant d’une partie de la population et le développement de l’industrie des stupéfiants.
La délégation de l’Afghanistan a expliqué que la plupart des principaux défis auxquels le pays faisait face –notamment un État central faible et le rythme trop lent du développement économique– avaient été sous-estimés. Jugeant indispensable l’engagement renouvelé de la communauté internationale, le représentant afghan s’est félicité de la bonne coopération de son pays avec le Pakistan afin de tenter d’empêcher les incursions d’insurgés retranchés dans des sanctuaires aux confins des deux pays.
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan a estimé, en lançant le débat, que ce pays avait impérativement besoin d’une coordination stratégique des efforts politiques, militaires et de développement entrepris par le Gouvernement de l’Afghanistan, assisté par la communauté internationale. Le rapport du Secrétaire général, a fait remarquer Tom Koenigs, insiste particulièrement sur cet aspect des choses.
La question de la culture du pavot a amplement été évoquée lors du débat, les spécialistes s’attendant à une production record cette année. M. Antonio Maria Costa, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a reconnu que l’on pouvait aisément faire preuve de pessimisme. Mais, selon lui, la méthode de la carotte et du bâton fonctionne, au moins dans une partie du pays, pour dissuader les paysans de se lancer dans cette culture ou afin de les engager à y renoncer. En revanche, dans le sud du pays, le cercle vicieux du financement du terrorisme par la drogue et du terrorisme soutenant le trafic de drogues est plus fort que jamais, a déclaré M. Costa. Il a en outre jugé nécessaire de renforcer le contrôle des frontières avec l’aide des pays voisins.
En outre, selon le Directeur exécutif de l’ONUDC, l’impunité dont bénéficient les trafiquants pose le problème du fonctionnement de la justice, ainsi que celui de la corruption. Pour lui, celle-ci est devenue un cancer: elle compromet l’état de droit et graisse les rouages des activités criminelles liées à la drogue.
Le représentant des Pays-Bas a mis en garde contre une action d’éradication de la culture du pavot qui ne prendrait pas en compte les besoins des paysans. Pour la Norvège, les progrès enregistrés dans l’éradication est la preuve que la tendance n’est pas irréversible. La culture du pavot a en effet été réduite là où les gouverneurs assurent pleinement leur autorité sans pour autant négliger de dialoguer avec les chefs coutumiers. Il nous faut tirer les leçons de ces succès, a souligné la représentante norvégienne.
Concernant l’instauration d’une justice digne de ce nom, plusieurs délégations ont mis en garde contre le risque de décréter une amnistie qui inclurait les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Le Parlement afghan a en effet adopté une résolution sur la réconciliation nationale à la portée extrêmement large.
Enfin, le représentant du Pakistan a rappelé que pour réussir, il était nécessaire de conquérir le cœur et l’esprit des Afghans. Ceci est plus important, a-t-il dit, que de capturer et de tuer des insurgés. Le Gouvernement afghan doit accélérer la reconstruction et le développement économique, a-t-il ajouté, soulignant la nécessité d’offrir aux Afghans et à leurs enfants l’espoir d’une vie meilleure.
Outre ceux déjà cités, le Conseil de sécurité a entendu les représentants des pays suivants: Royaume-Uni, France, Belgique, Slovaquie, Panama, Ghana, Qatar, Chine, Pérou, Congo, Indonésie, Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande, Japon, Bélarus, Canada, Inde, République islamique d’Iran et Islande.
LA SITUATION EN AFGHANISTAN
Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (S/2007/152)
Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, recommande que le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) soit prorogé de 12 mois. Ce mandat prenait fin le 24 mars.
Il constate dans un rapport consacré à ce pays que l’insurrection constitue toujours un défi important à l’autorité du Gouvernement et une menace pour les civils comme pour le personnel des organismes d’assistance. Bien que la violence soit en diminution cet hiver, en partie grâce aux efforts intenses déployés pour assurer la sécurité, le nombre d’incidents a néanmoins été très supérieur à celui des années précédentes. Ainsi, il y a eu deux fois plus de violences en janvier dernier qu’en janvier 2006.
On constate en effet une nette augmentation des effectifs de l’insurrection prête à mener des opérations de combat classiques contre les forces de sécurité gouvernementales et internationales, ainsi qu’une nette évolution en ce qui concerne les tactiques employées et la formation des insurgés. Le nombre d’attentats-suicide a atteint un niveau record. Un grand nombre de ceux-ci seraient financés de l’étranger et leurs auteurs entraînés en dehors du pays. En outre, la structure de direction des insurgés reste intacte et les ralliements aux autorités demeurent relativement peu nombreux, le démantèlement des groupes armés ne progressant guère par ailleurs. Le faible nombre d’armes remises aux autorités et la lenteur de la mise en œuvre du programme de démantèlement, notamment dans le Nord, s’expliqueraient en partie par la détérioration générale de la situation en matière de sécurité et par une moindre confiance dans la stabilité du pays.
Le rapport estime en revanche qu’en dehors des problèmes d’insuffisance d’effectifs et de matériel, l’armée afghane continue de réaliser des progrès satisfaisants en dépit des difficultés que pose la constitution d’une armée qui doit mener parallèlement des opérations de combat.
Les effectifs de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) ont dépassé les 35 000 hommes auxquels il convient d’ajouter 8 000 hommes placés sous commandement américain. Les équipes de reconstruction provinciales constituent un élément important de la stratégie de l’OTAN.
Selon le rapport, le mécontentement de la population reste le principal facteur de l’intensification de l’insurrection, et s’explique par des nominations malencontreuses de la part des autorités, le népotisme tribal et la monopolisation du pouvoir par les tribus, ainsi que la marginalisation de ceux qui n’appartiennent pas aux groupes sociaux et politiques dominants. Compte tenu de la fréquence avec laquelle le Gouvernement central tolère les manquements en matière de gouvernance, la population a moins confiance dans sa capacité d’intervention. De plus, lorsque le Gouvernement central nomme un gouverneur capable, il ne lui donne pas les moyens nécessaires pour préserver la bonne volonté qu’il a su créer, souligne le Secrétaire général. La corruption dans l’administration reste très préoccupante en effet.
Sur le plan économique, les échanges avec les voisins -Chine, Iran, Pakistan en premier lieu- sont en plein essor, ceux-ci apportant une assistance financière et technique très importante à la reconstruction des infrastructures. Pourtant, les relations entre les Gouvernements d’Afghanistan et du Pakistan restent tendues. Par ailleurs, le pays reste en proie à une sévère sécheresse, ce qui n’empêche pas la culture du pavot de demeurer florissante. En conséquence, l’économie de la drogue continue de gagner du terrain. Le rapport rappelle que le trafic des stupéfiants affecte la reconstruction en minant l’état de droit, en encourageant la corruption au sein du Gouvernement afghan et en incitant à la violence terroriste.
Sur le plan politique, le Secrétaire général se félicite du fait que le Parlement ait commencé à affirmer son indépendance et représente désormais un véritable contrepoids au pouvoir exécutif.
Concernant les droits de l’homme, l’insécurité demeure le principal obstacle à leur concrétisation, les enseignants et les établissements scolaires continuant d’être la cible d’attaques. Dans les prisons, l’augmentation du nombre de détenus a pour conséquence que plus de deux personnes incarcérées sur trois étaient en attente de jugement en novembre dernier. Le Secrétaire général s’inquiète par ailleurs du risque d’amnistie concernant les auteurs de graves violations des droits de l’homme à la suite du vote par le Parlement d’une résolution de portée extrêmement large concernant la réconciliation nationale. Par ailleurs, la corruption généralisée du système judiciaire demeure extrêmement préoccupante. Enfin, l’égalité hommes/femmes ne progresse guère.
Sur le plan humanitaire, si près de 140 000 réfugiés sont revenus dans le pays en 2006, ce chiffre est en diminution sensible par rapport aux années précédentes alors que plus de deux millions d’Afghans se trouvent toujours au Pakistan. Enfin, concernant l’aide internationale, le rapport déplore la prolifération des activités et programmes menés par des acteurs disparates. L’ONU a l’intention d’accroître sa capacité de coordination de l’aide humanitaire grâce au déploiement de personnel supplémentaire.
Déclarations
M. TOM KOENIGS, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, a estimé en introduction qu’avec le nouvel an afghan, ce pays apparaissait à la fois comme un lieu d’espoir et de défi. Selon lui, le besoin d’une coordination stratégique des efforts politiques, militaires et de développement est plus nécessaire que jamais. La menace à la paix en effet n’a pas diminué mais la réponse apportée conjointement par les institutions afghanes, par le binôme OTAN-FIAS, par les bailleurs et par le peuple afghan lui-même est encourageante. Les efforts de coordination avancent mais ils peuvent encore être améliorés et il est essentiel que la stratégie de développement national fonctionne bien, a noté M. Koenigs. Lors de la dernière réunion de Berlin, les bailleurs ont réaffirmé leur soutien aux objectifs du Gouvernement de l’Afghanistan. M. Koenigs a appelé le Conseil à faire en sorte que la stratégie de développement national fonctionne. Il a souhaité que tous les donateurs apportent une participation qui ait un sens. Pour certains donateurs, il s’agit de renforcer les ressources humaines. Si la participation accrue de l’Assemblée nationale est une bonne chose, la passivité d’un grand nombre d’institutions gouvernementales dans l’attente que la communauté internationale vienne à leur aide ne fait que ralentir les projets quand elle ne les sape pas. Le Gouvernement afghan doit prendre à bras le corps la réforme de ministères clefs comme celui de l’intérieur, a souligné Tom Koenigs.
Une présence militaire internationale renforcée reste par ailleurs nécessaire. La FIAS et l’armée afghane ont lancé des opérations de grande ampleur contre les Taliban. Il s’agit de vaincre un ennemi très difficile sur un terrain très difficile, a-t-il expliqué. La relation symbiotique entre les Taliban et la culture et le trafic de stupéfiants est avérée. Par ailleurs, l’ancien gouvernement taliban reste impopulaire. Les groupes terroristes liés aux Taliban portent seuls, selon lui, la responsabilité du nombre de victimes très élevé dans les violences. Évoquant une frappe aérienne de la FIAS ayant fait neuf victimes civiles, dont quatre enfants, il a souligné le risque grave que les opérations militaires faisaient peser sur la population dont l’appui au Gouvernement afghan s’effrite. Même si notre préoccupation principale reste le mépris total des insurgés pour la vie des civils, le Gouvernement et la FIAS doivent pouvoir garantir la sécurité de la population. Il y a des signes que de plus en plus de groupes d’insurgés sont réceptifs à la main tendue du Gouvernement à condition que les offres de ralliement de celui-ci soient sérieuses. L’isolement de certaines tribus résulte toutefois d’actions passées du Gouvernement, a reconnu Tom Koenigs. Certains responsables, gouverneurs notamment, continuent de ne pas être à la hauteur de leur tâche. Une politique antidrogue dépend de la remise en place de la gouvernance, a-t-il fait remarquer.
La MANUA a l’intention d’accroître ses efforts, comme l’indique le rapport du Secrétaire général. Notre travail doit être un complément efficace à l’action du Gouvernement afghan et à l’action militaire, a insisté M. Koenigs. Il existe un consensus sur lequel il convient de démanteler les réseaux des dirigeants Taliban. Les incursions depuis le Pakistan demeurent une préoccupation, a-t-il souligné. La coopération régionale reste donc essentielle pour mettre un terme à cette insurrection. Le plan de paix sur la justice et la réconciliation lancé en décembre 2006 par le Président Hamid Karzaï est essentiel, c’est un jalon dans le pacte afghan. L’amnistie votée le mois dernier par la Wolesi Jirga est bienvenue à condition de ne pas affecter les droits des individus à obtenir justice pour les crimes individuels. Les efforts contre le trafic de drogues constituent une orientation stratégique. La récolte de pavot atteindra un record cette année, en dépit de la poursuite des efforts d’éradication. La corruption dans le secteur de la justice est également une préoccupation alors que les moyens manquent. Les institutions judiciaires devront être réformées et bénéficier de davantage de ressources. En conclusion, M. Koenigs a souligné que la MANUA avait beaucoup de difficultés à s’acquitter de sa tâche en raison de l’insécurité, ce qui pose des problèmes de recrutement.
M. ANTONIO MARIA COSTA, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a fait aux membres du Conseil de sécurité un exposé sur la situation créée par la culture du pavot en Afghanistan, cette question ayant été l’objet d’une étude réalisée par l’Office. Il est facile de sombrer dans le pessimisme concernant cette situation, a-t-il dit, tout en précisant néanmoins que l’évaluation, réalisée cet hiver, et qui vient d’être publiée, révèle un phénomène nouveau et plutôt encourageant: des divergences existent sur les méthodes de culture de cette drogue entre les régions du centre-nord et celles du sud du pays. Dans le centre-nord, la sécurité et le développement s’installent peu à peu, a souligné M. Costa. Il a indiqué que l’usage de méthodes de pression et de compensation avait démontré que l’on pouvait créer la stabilité dans les zones productrices de drogues, comme cela s’est vérifié en Amérique latine dans les Andes, et en Asie du Sud-Est. La méthode de la carotte et du bâton marche, a affirmé M. Costa, en indiquant que c’était, petit à petit, le cas en Afghanistan.
Cette méthode a permis la constitution d’un cordon territorial débarrassé de la culture du pavot qui s’étend de la frontière avec le Pakistan, dans le sud-est, jusqu’à la frontière avec le Turkménistan, dans le nord-ouest. Mais dans le sud du pays, la situation est différente. Ici, le cercle vicieux du financement du terrorisme par la drogue et du terrorisme soutenant le trafic de drogues est plus fort que jamais, a déclaré M. Costa. Dans les cinq provinces d’Helmand, de Kandahar, d’Uruzgan, de Zabul et de Nimroz, la croissance de la culture du pavot tient autant à l’insurrection qu’aux trafics de drogues. Il est donc essentiel de combattre simultanément, et avec les mêmes armes, ces phénomènes, a recommandé M. Costa.
Le Directeur exécutif de l’ONUDC a affirmé que le problème de la drogue en Afghanistan était lié à l’absence de sécurité. Il est beaucoup plus présent là où les cultures illicites coexistent avec d’autres activités criminelles qui elles-mêmes encouragent la production des drogues, a-t-il affirmé. Il a en outre jugé nécessaire de renforcer le contrôle des frontières. Les pays voisins et tous ceux qui ont intérêt à mettre fin aux trafics de drogues et d’argent illicite doivent aider l’Afghanistan, a-t-il insisté, en estimant qu’il était nécessaire de mettre en place de meilleurs contrôles le long des frontières maritimes de l’Iran et du Pakistan. Le Directeur exécutif d’ONUDC a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité de poursuivre en justice les trafiquants de drogue. Le défi qui se pose est celui du renforcement du système de justice pénale en Afghanistan afin de pouvoir traduire en justice tous ceux qui se livrent aux trafics, et notamment les plus grands trafiquants de substances illicites, a recommandé M. Costa. Il a ensuite relevé que le rapport du Secrétaire général mettait à point nommé le doigt sur le problème de la corruption en Afghanistan. La corruption est devenue un véritable cancer dans le pays, et sa pratique y compromet l’état de droit et graisse les rouages des activités criminelles liées à la drogue, a-t-il estimé.
M. MASSIMO D’ALEMA, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l’Italie, a exprimé la fierté de son pays d’avoir contribué au redressement de l’Afghanistan tout en notant qu’il était prématuré pour se reposer sur ses lauriers. Les progrès sont insuffisants dans trop de secteurs, a-t-il noté. Dans certains cas, on enregistre même des reculs, ce qui signifie que l’on peut faire davantage, selon M. D’Alema. La MANUA doit recevoir tout l’appui politique et toutes les ressources nécessaires pour s’acquitter de son mandat. Il s’est dit convaincu qu’elle devait pouvoir veiller au respect des droits de l’homme. L’adoption d’une nouvelle résolution n’est pas suffisante, le peuple afghan devant s’approprier le processus. Après avoir remercié l’aide du Gouvernement afghan dans la libération du journaliste Daniele Mastrogiacomo, M. D’Alema a souligné que son pays souhaitait établir un lien entre état de droit, lutte contre les stupéfiants et réforme de la police. Il a rappelé que l’Union européenne assumait de plus en plus de responsabilités et expliqué que son pays souhaitait que l’intensification de cette implication se poursuive. Il convient d’appuyer par ailleurs le plan pour la paix, la justice et la réconciliation lancé par le Président Karzaï.
M. D’Alema a noté que le projet de résolution dont est saisi le Conseil de sécurité envisageait un plus grand rôle de la MANUA dans un contexte de coopération régionale renforcée. L’Italie pense qu’une conférence internationale est nécessaire pour traiter toutes les questions régionales relatives à la paix et la sécurité en Afghanistan. Cette conférence, qui serait organisée conjointement par le Gouvernement de l’Afghanistan et les Nations Unies, aurait trois objectifs: un engagement politique de haut niveau des parties concernées afin de garantir la dimension régionale de la sécurité et de la stabilité de l’Afghanistan, élément clef selon lui de la paix; la mise en place d’une plus grande coopération entre l’Afghanistan et ses voisins et le soutien du processus de réconciliation nationale lancé par le Président Karzaï par le biais d’un processus de stabilisation régionale impliquant les pays voisins ainsi que la communauté internationale. Une telle conférence, capable de créer un consensus, permettrait d’accroître la confiance de la population, a conclu M. D’Alema.
M. EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni) s’est inquiété de la situation sécuritaire en Afghanistan, confronté l’an dernier à la menace des Taliban. Le pays est toujours l’objet d’une insurrection potentiellement dangereuse, a-t-il dit, soulignant néanmoins que la FIAS et les forces de sécurité avaient pu reprendre le dessus. Il faut travailler dans une approche fondée sur la coordination et la coopération des efforts afghans et internationaux, a-t-il ajouté. En la matière, la MANUA et le Représentant spécial pour l’Afghanistan peuvent jouer un rôle unique. Il appartient selon lui à tous les acteurs participant au processus du Pacte pour l’Afghanistan de poursuivre leurs efforts, a-t-il observé en substance.
Le représentant a également constaté que la présence de la MANUA dans les provinces constituait un véritable atout. Il a ainsi indiqué que son pays soutenait la proposition visant à porter le nombre de bureaux de la MANUA de sept à onze. Le représentant s’est également félicité de la réduction de la culture de pavot dans les régions où il y a une meilleure gouvernance et où le développement a pris pied. Les questions de coopération régionale sont absolument essentielles pour la stabilité de l’Afghanistan et de la région, a-t-il poursuivi. Il s’est ainsi réjoui de l’organisation de la prochaine Conférence économique régionale qui doit avoir lieu cette année à Islamabad. L’engagement de la communauté internationale doit s’inscrire dans le long terme, a-t-il conclu.
M. JEAN-MARC DE LA SABLIÈRE (France) a évoqué un « tableau contrasté » alors que la situation sécuritaire demeure préoccupante même si les progrès réalisés ne devaient pas être sous-estimés. Pour améliorer la sécurité, il est nécessaire, selon la délégation française, de poursuivre les efforts de formation, d’entraînement et d’équipement destinés à rendre les forces de sécurité afghanes, civiles et militaires, pleinement opérationnelles. La solution toutefois ne peut être exclusivement militaire. Pour progresser, il convient d’améliorer la condition de vie des Afghans, d’agir contre la corruption, la production et le trafic de drogues, contre les milices illégales, et enfin de renforcer la coordination internationale. Sur toutes ces questions, la MANUA a vocation, selon la France, de jouer un rôle majeur car l’ONU est perçue comme un acteur central et impartial. Elle dispose à la fois de la légitimité et de l’expertise nécessaires. Il convient donc de donner à la MANUA les moyens d’accomplir pleinement cette mission, a estimé le représentant de la France, tout en lui permettant d’étendre sa présence dans tout le pays. Il est essentiel que la MANUA porte la plus grande attention à l’impact des combats sur la population civile, ainsi qu’à la situation des médias et au respect de la liberté d’expression. M. de La Sablière a enfin souligné l’importance de la coopération régionale, le Pakistan et l’Afghanistan devant être encouragés à améliorer le contrôle de leur frontière commune et à développer leur coopération et leurs échanges.
M. OLIVIER BELLE (Belgique) a affirmé que l’Afghanistan et ses partenaires se trouvaient à une jonction critique dans la transition du pays et qu’une approche globale était indispensable. Il a estimé que le volet sécuritaire, bien que nécessaire, ne suffirait pas et devait être accompagné de progrès en matière de développement économique et social et de promotion de l’état de droit et de bonne gouvernance. En outre, il a souligné la nécessité d’une coopération intensive entre tous les acteurs sur le terrain, et entre autres, le Gouvernement afghan, les Nations Unies, l’Union européenne et la Force internationale d’assistance à la sécurité, indiquant que son pays participait depuis 2003 à cette dernière. Il a également noté que la Belgique avait déboursé plus de 30 millions d’euros pour la reconstruction de l’Afghanistan, pour la période 2002-2006, et allouerait une contribution équivalente pour 2007-2010. Par ailleurs, le représentant a constaté que la problématique de la drogue continuait de poser une menace sérieuse pour le développement de ce pays et qu’il était nécessaire de poursuivre les efforts visant à éradiquer ce fléau, notamment par la mise en œuvre de projets de ressources alternatives. Enfin, M. Belle a mis l’accent sur le rôle crucial que jouent les Nations Unies. Il s’est dit en faveur de l’ouverture de nouveaux bureaux de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) dans les provinces ainsi que du déploiement d’officiers de liaison militaires et, dans ce contexte, a pleinement soutenu la proposition de renouveler le mandat de la MANUA pour un an.
M. DUSAN MATULAY (Slovaquie) a estimé que la mise en œuvre du Pacte pour l’Afghanistan, résultat de la Conférence de Londres, avançait malgré les circonstances très difficiles et l’insurrection, principalement dans les provinces du sud. Le représentant a constaté un grand nombre de signes positifs de la vie sociale, à travers notamment la reconstruction et des projets en matière de santé et de lutte contre l’analphabétisme. Mais il existe des preuves selon lesquelles les Afghans vivent de façon moins sûre qu’il y a deux ans, a-t-il ajouté, précisant que la communauté internationale devait faire davantage pour améliorer la situation. La police nationale manque de recrues motivées et qualifiées, a-t-il notamment relevé. La communauté internationale doit, de même, renforcer son appui, notamment la communauté des donateurs. Le représentant a par ailleurs fait état de reculs significatifs dans le domaine de la corruption qui sapent le développement en même temps que l’état de droit et les institutions. Le Gouvernement afghan doit faire davantage d’efforts dans ce domaine tant que la transition vers la démocratie n’est pas garantie. Les pays voisins de l’Afghanistan ont un rôle à jouer, en matière de sécurité, de lutte contre la drogue et de réfugiés, a-t-il poursuivi, soulignant la nécessité d’un renforcement de la coopération régionale. La Commission tripartite Pakistan-Afghanistan est un exemple heureux de coopération, a-t-il dit.
M. ALFREDO SUESCUM (Panama) a noté une amélioration de la situation dans le dernier rapport qui peut permettre de nourrir un optimisme prudent. Le problème le plus grave est celui de la violence créée par l’insurrection. Le Panama appuie les initiatives visant à contrecarrer ce problème. Toutefois, il accueille avec réserve certaines initiatives telles que la création des forces auxiliaires de police qui ne reçoivent que 10 jours de formation. Cette police auxiliaire, pour ne pas recréer des milices, doit être réintégrée au plus vite dans les forces régulières de police, estime la délégation panaméenne. Concernant la production d’opium susceptible d’augmenter de 60% cette année, elle estime que le cercle vicieux de la production de stupéfiants est plus fort que jamais. En outre, l’appui extérieur dont bénéficient les Taliban demeure problématique. Le Panama exhorte le Gouvernement d’Afghanistan à prendre des mesures constructives quant au contrôle de la frontière avec le Pakistan, tout en concluant des accords à cet égard avec ce pays. Quant au Pacte pour l’Afghanistan, il n’a pas établi de priorités claires, et il est temps de le faire, estime la délégation panaméenne qui appuie la prorogation du mandat de la MANUA. À cette fin, le représentant a souhaité que la communauté internationale apporte son soutien financier pour permettre à l’Afghanistan de poursuivre ses efforts de redressement.
M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a déploré les pertes en vies humaines résultant de la poursuite des violences en Afghanistan. Il s’est néanmoins félicité des progrès réalisés dans les efforts visant l’établissement dans ce pays d’un État moderne, uni et prospère, et qui soit en paix avec lui-même et ses voisins. Le représentant a estimé que le peuple afghan devait, au bout du compte, être le maître de son propre destin. Il a, à cet égard, mis l’accent sur les questions touchant à la gouvernance, et a exhorté les autorités afghanes et leurs partenaires internationaux à les régler de façon urgente. M. Effah-Apenteng a en outre estimé que le fait de ne pouvoir lutter contre les trafics illicites de drogues et d’armes, le terrorisme, et les extrémistes, avait une incidence négative sur la paix et la sécurité mondiales. Il s’est néanmoins félicité des initiatives prises au niveau local pour améliorer la situation. Le représentant du Ghana a également appuyé les initiatives régionales visant à améliorer les relations entre l’Afghanistan et ses pays voisins.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a noté que la situation afghane demeurait très complexe. La Fédération de Russie est préoccupée par le fait que les Taliban et Al-Qaïda aient réussi à asseoir leur influence sur de vastes régions. La Fédération de Russie, a-t-il souligné, a largement contribué à la constitution de l’armée afghane, et elle est disposée à poursuivre son aide. Le représentant a considéré comme fondamentaux les programmes de réconciliation nationale, à condition qu’ils ne se fassent pas au détriment des sanctions imposées contre les activités illégales et subversives. La Fédération de Russie est préoccupée par ailleurs par le lien entre le trafic de stupéfiants et les activités terroristes, a dit son représentant, avant d’évoquer la conférence de l’an dernier, à Moscou, sur les itinéraires de ce trafic. De toute évidence, une solution exclusivement militaire ne permettra pas de rétablir la situation, estime la délégation russe. Quant à la coopération régionale, elle est capitale, le rôle catalyseur des Nations Unies étant essentiel à cet égard. La Fédération de Russie est convaincue qu’en dépit des difficultés actuelles, les Nations Unies jouent un rôle stabilisateur en Afghanistan, a indiqué M. Churkin.
Mme JACKIE W. SANDERS (États-Unis) a affirmé que son pays partageait l’évaluation faite sur les nouveaux défis auxquels doivent faire face l’Afghanistan et la communauté internationale, mais aussi sur le constat des nombreux progrès enregistrés. La représentante a réitéré l’engagement à long terme des États-Unis en faveur de l’Afghanistan, rappelant qu’il était le principal pays donateur et le principal pays fournisseur de contingents. Face à un ennemi aussi difficile, l’Afghanistan est confronté cette année à un tournant, a-t-elle estimé. De l’avis de sa délégation, l’ennemi ne pourra être combattu uniquement par la force des armes. C’est pourquoi, la communauté internationale doit mettre en place une stratégie globale, économique et militaire, a-t-elle souligné, se félicitant également des efforts visant à exercer des pressions croissantes sur les Taliban. La représentante s’est par ailleurs déclarée en faveur d’une amélioration des relations entre l’Afghanistan et le Pakistan, dans tous les domaines, en particulier celui de la sécurité. Elle a remercié les Nations Unies et la MANUA pour les efforts qu’elles ont entrepris en faveur de l’Afghanistan. Les Nations Unies doivent continuer à promouvoir des engagements forts et durables, a-t-elle ajouté, souhaitant notamment que soit établi un suivi de l’action de la MANUA par le biais de réunions régulières au Siège des Nations Unies, à New York.
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a noté que si l’Afghanistan, six ans après la fin du régime Taliban, avait fait des progrès significatifs, on ne peut négliger le fait que des informations font état de la détérioration de la situation. Outre la culture d’opium qui dépasse la demande mondiale, la situation en matière de sécurité est la pire qu’ait connue le pays depuis plusieurs années avec le retour des Taliban. Cette détérioration, a-t-il insisté, doit être traitée en priorité. Les stratégies militaires doivent néanmoins aller de pair avec les actions en faveur du développement et du développement de l’État de droit.
Dans le cadre des efforts internationaux, la réunion de Berlin a été une bonne contribution, qui a permis de lancer de nouvelles initiatives dans les domaines de la sécurité, de la pauvreté et du respect des droits de l’homme. La MANUA a joué un rôle indispensable, contribuant à créer une atmosphère propice à l’établissement de la sécurité, de la stabilité et du développement économique. Elle continuera de jouer un rôle central dans l’engagement de la communauté internationale en coordonnant l’assistance humanitaire, en contribuant à la protection des droits de l’homme et en soutenant la coopération régionale, a estimé le représentant du Qatar.
M. LIU ZHENMIN (Chine) a affirmé que tous les progrès réalisés jusque-là demeuraient précaires et fragiles, l’Afghanistan étant toujours confronté par un certain nombre de défis majeurs, comme la poursuite de l’insurrection, la situation humanitaire ou la culture et le trafic de drogues. Le Gouvernement afghan n’a pas adopté de mesures déterminées dans ces domaines, a-t-il constaté, précisant qu’il éprouvait d’énormes difficultés à exercer son contrôle sur le territoire. Il a invité le Conseil de sécurité à se pencher davantage sur la question. La solution militaire ne peut se substituer aux différents moyens requis pour régler ces problèmes, a-t-il estimé. Tout en luttant contre le terrorisme et les extrémismes, il est nécessaire de renforcer les efforts en vue d’asseoir la stabilité de l’Afghanistan, a-t-il ajouté. Selon lui, il est également nécessaire de continuer la mise en œuvre du Pacte pour l’Afghanistan de manière globale et de faire le bilan de son action. Les partenariats internationaux doivent également honorer leurs engagements en vertu de ce Pacte, a-t-il dit. Selon lui, la communauté internationale doit contribuer plus directement à l’avenir de l’Afghanistan, tout en sachant que c’est au Gouvernement de garder la maîtrise de ses propres affaires intérieures. Le représentant a mis l’accent sur la nécessité pour la MANUA de continuer à jouer son rôle l’encourageant à continuer ses efforts en vue de mobiliser la communauté internationale en faveur de la reconstruction du pays.
M. JORGE VOTO-BERNALES (Pérou) a indiqué que son pays appuyait les objectifs que se fixe le Gouvernement afghan et saluait les objectifs de la communauté internationale dans ce pays. Il a noté la fragilité du processus actuel et les menaces graves qui existent contre ce qui a été accompli jusqu’à présent. En général, les problèmes de sécurité provoqués par les groupes extrémistes et terroristes ont été reconnus et suscitent beaucoup de préoccupations, a noté M. Voto-Bernales.
Le Pérou estime que l’appui des Nations Unies à la lutte contre la drogue et la criminalité qui l’accompagne est essentielle, a-t-il poursuivi. Dans le même temps, la promotion et le soutien à la question du respect des droits de l’homme, et leur appropriation par les Afghans doivent être prioritaires. Il est à cet égard important que le travail accompli par le Gouvernement vise à assurer l’égalité de tous les Afghans, a recommandé le représentant. En conclusion, a-t-il dit, le Pérou appuie l’excellent travail accompli par la MANUA, et appelle la communauté internationale à soutenir les mesures lancées en faveur de la stabilisation de l’Afghanistan.
M. PASCAL GAYAMA (République du Congo) a vivement condamné la pratique des Taliban consistant à se servir de victimes innocentes comme boucliers humains et a déploré les pertes de vies humaines parmi les populations civiles, le personnel de l’ONU, les forces internationales ainsi que de l’armée et la police afghanes. Le représentant a estimé que la communauté internationale doit plus que jamais être déterminée à ériger une nation démocratique et prospère en Afghanistan et que, sans abandonner l’option militaire, elle devait considérer tous les moyens capables de parvenir à la paix définitive. Par exemple, de nouvelles stratégies fondées sur le dialogue et la coopération entre les acteurs internes et au niveau régional pourraient être mises sur pied. Il a également rappelé que l’éradication du fléau qu’est la production de drogue demeure un défi majeur et qu’il incombe au Gouvernement afghan de rétablir un climat de confiance et de coopération dans la région.
Par ailleurs, sa délégation encourage la tenue de réunions trimestrielles entre les ministères des affaires étrangères afghan et pakistanais en vue de renforcer la coopération entre ces deux pays dans le domaine de la sécurité. M. Gayama a également souligné que les Afghans devaient être en mesure de contrôler eux-mêmes la situation en matière de sécurité de leur pays afin que la stratégie militaire puisse céder le pas à la réalisation des objectifs du Pacte pour l’Afghanistan.
M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) a affirmé que l’Afghanistan se transformait lentement, mais sûrement depuis qu’il était sorti du conflit armé. Pourtant, a-t-il ajouté, l’optimisme ressenti face aux progrès enregistrés en matière de paix, de stabilité et de développement économique est gravement compromis par la reprise des activités des insurgés dans différentes régions du pays. Toutes les parties, y compris la FIAS, doivent tenir compte dans leurs opérations de la sécurité des civils et respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme, a-t-il par ailleurs souligné. Le représentant a en outre mis l’accent sur l’importance du programme d’unité nationale, mis en œuvre par le Gouvernement afghan qui, a-t-il précisé, devrait promouvoir l’appropriation nationale. Il s’est réjoui des progrès réalisés dans le secteur économique, ainsi que du fait que le pays ait accru sa coopération économique avec ses voisins. Il s’est en outre félicité des initiatives régionales prises dans les domaines politique et sécuritaire. Il s’est en revanche dit préoccupé par le poids que représente le trafic de drogues sur les efforts entrepris par le Gouvernement afghan en vue de reconstruire le pays. Les réussites observées dans le Triangle d’Or pourraient servir d’exemple à l’Afghanistan dans ce domaine, a-t-il estimé à cet égard. Le représentant s’est enfin dit favorable à la proposition d’accroître le nombre des bureaux de la MANUA dans les provinces et à la prolongation du mandat de la Mission.
M. DUMISANI KUMALO (Afrique du Sud) a reconnu que l’Afghanistan avait fait de grands progrès au cours de ces dernières années dans le cadre des efforts de développement et de reconstruction, ainsi que dans le renforcement des institutions démocratiques. Il a cependant souligné les défis majeurs auxquels doit faire face le pays, comme la recrudescence des insurrections, l’augmentation de la culture du pavot ainsi que la corruption étendue. Il a dénoncé le manque de sécurité comme étant la plus grande menace à laquelle est confronté le pays dans sa phase de reconstruction. Face à l’autre menace que représente le trafic de la drogue, le représentant a engagé le Gouvernement afghan à améliorer sa capacité nationale à développer des alternatives à la culture du pavot. L’Afrique du Sud encourage les Forces de sécurité afghanes à coopérer avec la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), mais demande à ces forces d’agir avec prudence afin d’éviter des pertes parmi les civils, a-t-il déclaré. M. Kumalo a aussi exprimé son soutien au Pacte pour l’Afghanistan. Se félicitant de la coopération régionale dont bénéficie le pays, il a également assuré du soutien de son pays aux activités de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan.
M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a estimé que pour dresser un bilan de la situation, il convenait de se rappeler la situation de son pays il y a cinq ans et demi et des progrès accomplis depuis cette date. La délégation afghane estime que les principaux défis auxquels le pays fait face sont le terrorisme, le trafic de stupéfiants, un État central faible, et le rythme trop lent du développement économique. Il faut reconnaître, a-t-il ajouté, que de nombreux défis auxquels son pays était confronté avaient été sous-estimés. En conséquence, l’engagement renouvelé de la communauté internationale est indispensable pour régler les obstacles restants et consolider les avancées des années passées. Au premier rang des problèmes figure la sécurité, a reconnu M. Tanin, question qui, outre le nombre de victimes, a des retombées négatives sur plusieurs secteurs, notamment ceux de la santé et de l’éducation, ainsi que sur le développement et la reconstruction du pays. Ce qui est particulièrement inquiétant, c’est le recours à la méthode de l’attentat-suicide, phénomène relativement inconnu dans l’histoire du pays, a fait observer le représentant afghan.
L’amélioration de la situation en matière de sécurité exige, selon lui, une approche globale et multidimensionnelle consistant à régler le problème au niveau national et au niveau régional. Il convient en particulier d’augmenter les effectifs des forces de sécurité pour les porter à 68 000 militaires et 82 000 policiers d’ici à la fin de l’an prochain. Ce renforcement dépend cependant du niveau de l’assistance internationale en termes financiers, logistiques et techniques. L’Afghanistan se félicite donc de la décision prise par les États-Unis, par l’OTAN et par d’autres partenaires internationaux d’augmenter leur aide aux forces de sécurité.
Quant à la dimension régionale, le représentant afghan a estimé qu’elle est directement liée à l’existence de sanctuaires à l’étranger permettant de lancer des attaques à l’intérieur de l’Afghanistan. Il est clair, désormais, que le règlement du problème suppose de supprimer les sources extérieures d’insécurité. L’Afghanistan attache donc une importance particulière à la coopération régionale pour atteindre l’objectif d’un pays stable et prospère. Il entretient des relations constructives avec son voisin pakistanais. Les conditions sont mûres désormais pour organiser une jirga transfrontalière et la troisième conférence de coopération économique régionale prévue à Islamabad à la fin de l’année devrait aussi permettre d’avancer. La lutte contre les stupéfiants demeure une priorité, a assuré le représentant. Toutefois, son Gouvernement estime que quels que soient ses efforts, il ne pourra jamais atteindre un niveau suffisant. Tout en appréciant le soutien accordé jusqu’à présent par la communauté internationale, le représentant a estimé que ce soutien est loin d’avoir atteint le niveau dont ont bénéficié d’autres pays sortant de conflits. Après avoir rendu hommage au rôle central des Nations Unies dans la mise en place du Pacte pour l’Afghanistan, M. Tanin a estimé que son pays se trouvait à une étape critique du processus. Il est plus impératif que jamais de maintenir le niveau de consensus international et d’intensifier les efforts pour vaincre les défis qui demeurent.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a affirmé que, comme le mentionnaient le Secrétaire général dans son rapport et le Représentant spécial dans son exposé, de nombreux défis faisaient obstacle au retour de la paix en Afghanistan, à la sécurité, au développement. Il a ainsi cité le terrorisme, le retour des Taliban, l’extrémisme, la drogue et les criminels, les seigneurs de la guerre, les frictions entre factions, la sécurité inappropriée, la gouvernance et une présence internationale relativement faible. Il est nécessaire, selon lui, de formuler une stratégie pour le succès qui combine l’endiguement militaire avec la réconciliation politique, le contrôle administratif et un développement social et économique rapide. Cette stratégie, a-t-il précisé, doit permettre de consolider la paix du bas vers le haut dans une approche, village par village, district par district, en offrant des mesures d’encouragement afin d’obtenir l’appui des populations locales du sud et du sud-est. Pour le représentant, il est nécessaire de conquérir le cœur et l’esprit des habitants. Ceci est plus important, a-t-il dit, que de capturer et de tuer les insurgés. Le Gouvernement afghan doit accélérer la reconstruction et le développement économique, a-t-il également déclaré, soulignant la nécessité d’offrir aux gens et à leurs enfants l’espoir d’une vie meilleure.
Le représentant a par ailleurs rappelé que les régions frontalières avaient été profondément touchées par les trois décennies de guerre en Afghanistan. Il a assuré qu’il était dans l’intérêt vital de son pays de lutter contre les terroristes d’Al-Qaïda et les Taliban. Il a mis l’accent sur les succès du Pakistan enregistrés dans cette entreprise qui, selon lui, devraient contribuer à la paix et à la sécurité en Afghanistan. Il a souligné l’engagement plein et entier de son pays dans ces efforts, engagement sans faille qui selon lui ne peut être remis en question. Il a en outre évoqué les relations étroites entre son pays et l’Afghanistan. Les dirigeants des deux pays effectuent des visites fréquentes chez l’un ou chez l’autre, a-t-il expliqué, notant également une augmentation du commerce bilatéral de 1 à 2 milliards de dollars. Le représentant a assuré que l’armée et les services de renseignements pakistanais étaient le fer de lance dans le succès de la lutte contre Al-Qaïda. Il a précisé que plus de 700 terroristes d’Al-Qaïda avaient été capturés. De même, a-t-il ajouté, plus de 90 opérations militaires ont été menées dans certaines des régions les plus difficiles pour éliminer les terroristes et des combattants étrangers. Selon lui, l’armée pakistanaise a perdu 700 soldats dans ces opérations. Il a indiqué que les terroristes avaient également lancé plusieurs attaques suicides contre des dirigeants et des civils pakistanais. Au cours des dernières années, a-t-il poursuivi, le Pakistan a capturé et remis à l’Afghanistan plus de 1 500 militants liés aux Taliban, y compris une partie de leurs dirigeants.
La plupart des activités des Taliban se déroulent en Afghanistan, où s’exercent aussi les structures de commandement, a néanmoins souligné M. Akram. Il a fait état des mesures visant à contrôler les 2 500 kilomètres de frontière difficile avec l’Afghanistan, nécessitant la mobilisation de 80 000 soldats. Mille postes frontières ont été créés, a-t-il précisé. Le représentant s’est par ailleurs élevé contre des allégations, qu’il a qualifiées d’atroces, concernant l’existence de sanctuaires supposés des Taliban. Ces derniers, a-t-il dit, cherchent à se fondre dans les camps de réfugiés. Il a affirmé à cet égard qu’un accord avait été conclu avec le Gouvernement afghan pour déplacer quatre de ces grands camps. Il a demandé la coopération de la communauté internationale pour créer les infrastructures nécessaires côté afghan pour accueillir ces refugiés et faire taire, par la même occasion, ces allégations.
M. THOMAS MATUSSEK (Allemagne) a déclaré, au nom de l’Union européenne et des pays associés, avoir pris note des recommandations du Secrétaire général relatives aux activités de la MANUA et notamment celles visant le renforcement de la coordination internationale, y compris dans le domaine humanitaire, la protection des droits de l’homme et le développement de missions de bons offices en Afghanistan et dans la région. Le représentant a suggéré une réflexion plus approfondie de l’analyse faite par le Secrétaire général et des diverses tendances qui se dégagent. Certains progrès contrastent en effet avec la situation sécuritaire, l’absence généralisée de bonne gouvernance, l’aliénation de la population et le développement de l’industrie des stupéfiants. Le représentant a encouragé les Nations Unies à poursuivre le développement de bureaux provinciaux de la MANUA ainsi que la promotion de la coopération régionale à travers le dialogue politique, des liens économiques renforcés et des mesures de confiance entre l’Afghanistan et les pays voisins. Nous appelons l’Afghanistan et le Pakistan, a-t-il dit, à coopérer étroitement pour sécuriser leurs frontières et appelons instamment le Pakistan à déployer davantage d’efforts pour empêcher les Taliban d’avoir recours au territoire pakistanais.
Le représentant a assuré le Conseil de l’engagement de l’Union européenne à long terme en Afghanistan et précisé que cet engagement repose sur les principes de base que sont la promotion d’un leadership afghan qui soit responsable et la promotion du développement d’un État sûr, démocratique, et durable. Le Pacte pour l’Afghanistan et la Déclaration politique conjointe de l’Union européenne et de l’Afghanistan du 16 novembre 2005 demeurent le cadre global de l’engagement de l’Union. Le représentant a toutefois exprimé les inquiétudes de l’Union européenne au sujet de l’industrie de la drogue en pleine expansion. Il existe une corrélation très claire entre les activités des milices et le trafic de stupéfiants, a-t-il assuré. L’Union européenne, a-t-il précisé, a l’intention de financer un projet régional pour lutter contre la diversion des précurseurs dans le cadre de la mise en œuvre de son nouvel instrument de stabilité. Il a aussi rappelé qu’en février 2007, le Conseil de l’Europe avait décidé de mettre en place une mission politique en matière de défense et de sécurité. Cette mission, qui opèrera sur l’ensemble du territoire afghan, axera ses efforts en particulier sur la réforme du secteur de la justice.
Mme ROSEMARY BANKS (Nouvelle-Zélande) a confirmé que la semaine dernière, le Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande, Mme Helen Clark, a renouvelé pour une période allant jusqu’à septembre 2008 les engagements pris par son pays en Afghanistan. La Nouvelle-Zélande y déploie déjà une équipe de reconstruction de 120 personnes dans la province de Bamiyan; deux de ses spécialistes aident à la formation de l’armée nationale afghane; cinq officiers néo-zélandais font partie de la FIAS; et trois officiers de police néo-zélandais contribuent à la formation de la police afghane, a précisé Mme Banks. En outre, deux personnels de santé seront affectés à l’Unité médicale multinationale de l’aérodrome de Kandahar, et un programme d’un montant de 15 millions de dollars sera mis en place en appui aux droits de l’homme, à la gouvernance, à l’éducation et au développement rural, a précisé la représentante. Elle a ensuite pris note des vues du Secrétaire général qui, dans son rapport, indique que le succès des réformes actuellement menées en Afghanistan dépendra du rétablissement d’une paix durable dans le pays. La représentante a enfin lancé un appel à toutes les parties pour qu’elles améliorent la coordination de l’assistance humanitaire et garantissent la protection des personnes déplacées.
M. ARJAN HAMBURGER (Pays-Bas) a rappelé que son pays était un contributeur majeur de la FIAS et qu’il dépensait plus de 70 millions d’euros sur des projets réalisés en Afghanistan par l’intermédiaire de l’ONU et de la Banque mondiale. Il a estimé que cette année devrait être celle de l’amélioration de la gouvernance en Afghanistan. Les Pays-Bas sont encouragés par le fait que le Gouvernement de Kaboul se montre déterminé à combattre la corruption et à créer un système judiciaire plus opérationnel, a dit le représentant pour qui la gouvernance est la clef de l’amélioration de la crédibilité que peut avoir le Gouvernement central afghan, particulièrement dans le Sud.
La réconciliation et la justice sont essentielles à une paix durable en Afghanistan, et la lutte contre l’impunité est indispensable pour pouvoir surmonter les retombées négatives du conflit, a estimé M. Hamburger. À cet égard, a-t-il dit, accorder une amnistie aux auteurs de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et d’autres violations grossières des droits de l’homme ne serait pas conforme aux engagements internationaux de l’Afghanistan. Il est donc fondamental que soit appliqué de manière adéquate le Plan d’action pour la paix, la justice et la réconciliation lancé en décembre dernier par le Président Karzaï, a estimé le représentant néerlandais. Ce plan prévoit qu’aucune amnistie ne doit être accordée aux auteurs de crimes de guerre, a-t-il rappelé.
Concernant la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), les Pays-Bas souhaitent qu’elle reçoive l’appui de nouveaux pays, a poursuivi M. Hamburger. Il a ensuite évoqué le cas de la province d’Uruzgan, où sont déployées des troupes néerlandaises, et où les conditions de stabilité sont exemplaires grâce à l’implication en particulier des chefs tribaux. Le représentant s’est félicité de la poursuite envisagée du déploiement de la MANUA dans le sud de l’Afghanistan, en estimant que la présence de la Mission est indispensable à la mise en œuvre des programmes de développement et au développement de l’activité des organisations non gouvernementales.
Il ne peut y avoir de développement sans sécurité et vice-versa. Les missions de stabilisation civiles et militaires ne peuvent réussir que grâce à une coopération renforcée et une compréhension mutuelle entre les divers acteurs impliqués dans les aspects politiques, militaires et économiques, a prévenu le représentant. Concernant la culture du pavot, M. Hamburger a mis en garde contre une action d’éradication qui ne prendrait pas en compte les besoins des paysans. L’éradication de la culture du pavot ne peut être efficace que dans le cadre d’une stratégie plus large comprenant des moyens de compensation des petits paysans, a-t-il dit, en indiquant que les Pays-Bas avaient en particulier l’intention d’aider les cultivateurs de l’Uruzgan à développer des cultures de substitution.
M. KENZO OSHIMA (Japon) a affirmé qu’il était important que les efforts nationaux, régionaux et internationaux qui contribuent à promouvoir une démocratie constitutionnelle et le renforcement de la consolidation de la paix, la reconstruction et le développement puissent continuer à aller de l’avant avec aussi peu d’entrave que possible et surtout le plein appui de la communauté internationale. L’ONU et le Conseil de sécurité jouent un rôle essentiel dans les efforts visant à assurer la stabilité et la sécurité, a-t-il observé, ajoutant qu’ils devaient continuer à jouer ce rôle. La situation en Afghanistan est, selon lui, à la croisée des chemins. Le représentant a constaté également que beaucoup de réalisations avaient été effectuées et a observé de nombreux signes d’espoirs, tels que la mise en œuvre réussie du Processus de Bonn et l’engagement du Gouvernement et du peuple afghans à régler une multitude de défis et de problèmes. Le Pacte pour l’Afghanistan représente, selon lui, le vecteur essentiel et le cadre de cette stratégie, son application demeurant importante. Les défis restent néanmoins énormes dans les domaines de la sécurité, de la lutte contre la drogue, de l’état de droit, de la gouvernance et du développement, a-t-il dit. Le Gouvernement de l’Afghanistan doit, selon lui, poursuivre ses efforts inlassables sur tous ces différents fronts. Il s’est félicité des efforts constants des différents acteurs impliqués, y compris ceux de la FIAS, pour tenter d’améliorer la sécurité du pays. En matière de développement, autre élément clef de la consolidation de la paix en Afghanistan, il a indiqué que son pays avait décidé d’accorder une aide d’environ deux milliards de yens sous forme de subventions au cours des années à venir sur des projets tels que la construction d’écoles ou de cliniques. Il a conclu son intervention en jugeant que le rôle de la MANUA était essentiel pour garantir la stabilité de l’Afghanistan dans le cadre du Pacte. Le Japon, a-t-il affirmé, appuie la prolongation du mandat de la MANUA pour une nouvelle période de 12 mois.
S’exprimant au nom de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) s’est déclaré préoccupé par la montée des violences en Afghanistan provoquée par les Taliban et Al-Qaïda. En effet, la détérioration de la situation sécuritaire ne gêne pas seulement le processus de reconstruction, mais remet en question les réalisations dans le domaine politique. Rappelant qu’il était indispensable d’appliquer intégralement le régime des sanctions imposé par le Conseil de sécurité, le représentant a relevé que le trafic de stupéfiants posait un sérieux problème à la sécurité régionale et internationale. À cet égard, l’OSTC considère que sa mission est de mettre fin, en coopération avec ses partenaires et par tous les moyens possibles, au commerce illicite de stupéfiants. Reconnaissant ensuite l’importance de l’aide militaire et humanitaire apportée dans le cadre de l’assistance internationale à l’appui de la reconstruction afghane, la délégation du Bélarus a affirmé qu’il était grand temps de s’attaquer aux problèmes économiques et sociaux du pays. Selon elle, les Nations Unies devraient continuer d’assumer le leadership des affaires afghanes au lendemain du Processus de Bonn. M. Dapkiunas a ensuite cité un certain nombre de réussites par l’OTSC dans le domaine de la coopération régionale avec l’Afghanistan, qu’il a proposé de renforcer sur les questions de sécurité, des projets économiques et de la lutte contre le trafic de stupéfiants.
M. JOHN MCNEE (Canada) a souligné que si les progrès étaient indéniables, la violence constituait un obstacle réel au développement des droits politiques, sociaux et économiques de l’Afghanistan. Cette violence s’explique, selon lui, en partie par le fait qu’il existe une certaine tolérance à l’égard des problèmes de gouvernance et de corruption. M. McNee a rappelé que son pays avait fourni plus de 1,2 milliard de dollars sur 10 ans en aide au développement et déployé 2 500 soldats dans le sud du pays ainsi qu’un escadron de chars d’assaut. Il a augmenté son financement de 200 millions de dollars, ce qui fait de lui le troisième donateur bilatéral. Il exhorte ceux qui peuvent faire davantage à le faire. Le Canada accueille favorablement la décision de la MANUA de faire de 2007 une année centrée sur les provinces car cela est synonyme d’une année centrée sur le peuple afghan. Au moins 90% de la population, a-t-il précisé, vit en dehors des villes et des villages en dehors de Kaboul. Il faut nous assurer, a-t-il poursuivi, de mettre en place les mécanismes nécessaires à assurer l’intégrité des autorités (gouverneurs, conseils de province, et police). Les efforts axés sur les programmes se traduiront également par la mise en œuvre des programmes nationaux dans les provinces, a noté le Représentant du Canada. Pour la MANUA, a indiqué le représentant canadien, se concentrer sur les provinces signifie étendre la présence de l’ONU dans tout le pays, ce qui nécessite des ressources allant de pair.
M. VIKRAM DORAISWAMI (Inde) a estimé qu’il incombait à la communauté internationale, et tout particulièrement aux états voisins de l’Afghanistan, d’aider ce pays à sortir de la guerre. La consolidation des acquis depuis la chute des Taliban doit être un objectif stratégique à long terme pour tous, a-t-il dit. Le représentant a ensuite déploré l’utilisation du mot « insurgés » qui figure dans le rapport du Secrétaire général et qui, selon lui, est un euphémisme. La spirale de la violence ne doit pas être tolérée, et la communauté internationale doit condamner le terrorisme international dans les termes les plus fermes tout en permettant au Gouvernement afghan de faire preuve de gouvernance et de développement efficace. M. Doraiswami a ensuite salué le parachèvement de la FIAS et la stratégie actuelle de déploiement d’équipes de reconstruction provinciale et de renforcement et d’expansion des capacités de l’armée et de la police afghanes.
S’agissant du développement, M. Doraiswami a proposé que les actions perpétrées pour éradiquer le trafic de drogue soient suivies de près par des mesures susceptibles de faciliter la création d’autres sources de revenus pour les cultivateurs. Par ailleurs, il a estimé que les pays donateurs doivent laisser le peuple Afghan ériger lui-même sa liste de priorités en matière de développement et accepter que celles-ci divergent des leurs. Le représentant de l’Inde a également préconisé une coordination plus efficace entre les organisations internationales et les parties impliquées, tout en saluant l’efficacité du Conseil commun de coordination et de suivi, et l’entrée de l’Afghanistan dans l’Association sud-asiatique de coopération régionale (ASACR). L’Inde fera tout, dans la mesure du possible, pour appuyer la consolidation de la paix et les efforts de reconstruction en Afghanistan. C’est un investissement que nous faisons dans l’avenir de notre propre région, a dit le représentant.
M. JAVAD ZARIF (République islamique d’Iran) a affirmé que le peuple et le Gouvernement afghans avaient parcouru un long chemin. Ils ont franchi tous les jalons fixés par l’Accord de Bonn, a-t-il expliqué, ajoutant que la transition politique avait été accomplie en décembre 2005 lors de l’achèvement du processus électoral avec la constitution de l’Assemblée nationale, devenue un forum dynamique de débat sur un certain nombre de questions et un contrepoids de plus en plus important face à l’exécutif. Il a également cité les progrès enregistrés dans la tâche de reconstruction des infrastructures de base dont le pays a besoin pour étayer son développement politique, économique et social. Il a, en outre, fait état de signes économiques positifs observés par exemple en matière de réduction du taux d’inflation ou de stabilité du taux de change. Le représentant a néanmoins mis l’accent sur les nombreuses difficultés que rencontre le pays. Il s’est ainsi dit préoccupé par le fait que les activités et la violence terroristes des Taliban et d’Al-Qaïda soient plus importantes aujourd’hui qu’au cours des dernières années.
Ces activités constituent, selon le représentant iranien, une menace pour la transition politique et risque de compromettre les résultats obtenus dans le Processus de Bonn. Il a estimé que toute action, y compris les contacts avec les personnes responsables de l’insécurité et du chaos, s’avèrerait contreproductive. Il a exprimé, en outre, sa préoccupation face au risque d’extension de l’insécurité au reste de l’Afghanistan, y compris dans les parties occidentales du pays. Le représentant a, par ailleurs, jugé que la culture du pavot, qui ne cessait de prospérer, menaçait la reconstruction du pays et encourageait le terrorisme. La communauté internationale, a-t-il déclaré, doit aider le Gouvernement afghan à mettre en œuvre sa stratégie nationale de lutte contre les drogues. Il a rappelé que l’Iran faisait partie des premiers partenaires économiques de l’Afghanistan. Il a ainsi fait remarquer que l’Iran avait promis 560 millions de dollars dans l’aide à la reconstruction de l’Afghanistan lors de la Conférence de Tokyo et a déjà dépensé plus de 270 millions de dollars dans le cadre notamment du financement de projets d’infrastructures techniques ou de l’éducation.
Mme MONA JUUL (Norvège) a estimé que les Afghans doivent s’approprier le processus en cours s’ils veulent réaliser les objectifs fixés pour reconstruire la paix et instaurer une paix durable. Cela doit se faire par le biais d’un effort international renforcé et coordonné visant à la mise en œuvre complète du Pacte pour l’Afghanistan. Nous croyons que l’ONU doit jouer un rôle plus important, a ajouté la représentante de la Norvège. De l’avis de sa délégation, la situation en matière de sécurité s’est plutôt améliorée en comparaison avec celle de l’année dernière. La Norvège est préoccupée par la protection des civils, les conditions de l’assistance humanitaire et celle liée au développement. Une coopération étroite entre les autorités de Kaboul, la MANUA et la FIAS est nécessaire. Tous les efforts internationaux doivent porter sur le renforcement du Gouvernement central ainsi que sur celui du soutien de la population à la présence internationale.
La Norvège se félicite du fait qu’un certain nombre de pays aient, comme elle, accru leur contribution. La contribution norvégienne va atteindre près de 75 millions de dollars cette année. Cela n’est pas suffisant si l’on n’améliore pas le travail en commun, a estimé Mme Juul. Mais pour que la coordination marche, encore faut-il que l’on ait envie de coordonner les efforts, a-t-elle fait remarquer. La représentante a estimé que le développement du pays ne pourra se faire que si la participation des femmes progresse. Concernant la production d’opium, elle a rappelé que malgré les prévisions d’une production record à venir cette année, il a été démonté que cette tendance n’était pas irréversible. Cette production a été réduite en effet là où les gouverneurs assurent leur rôle dirigeant tout en combinant un dialogue de qualité avec les chefs traditionnels. Il nous faut tirer les leçons de ces succès, a souligné la représentante norvégienne.
M. HJALMAR W. HANNESSON (Islande) a noté que les priorités pour l’Afghanistan étaient par ordre de priorité le rétablissement de la sécurité, la lutte contre le trafic et la production de stupéfiants, la lutte contre la corruption, le renforcement des activités économiques légales, la rénovation des infrastructures et enfin le soutien à long terme de la communauté internationale. M. Hannesson a rappelé que son pays avait deux de ses ressortissants au quartier général de l’OTAN à Kaboul. En outre, six postes à l’aéroport de Kaboul sont occupés par des Islandais, complété par un septième le mois prochain. L’Islande œuvre avec l’OTAN sur les modalités du transfert de la gestion de l’aéroport aux autorités afghanes, notamment en formant du personnel local. L’Islande est disposée à fournir d’autres spécialistes, voire à prendre la direction de ce processus de dévolution. Par ailleurs, depuis un an et demi, l’Islande a dépêché sept personnes placées sous la supervision du contingent lituanien et chargées des activités de reconstruction dans la région de Chagcharan. Leur mission devant s’achever, elles sont disposées à être affectées à d’autres tâches.
Répondant aux commentaires et questions formulés par les délégations, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan a remercié le Conseil de sécurité de l’appui continu qu’il manifeste à l’égard du peuple afghan et du Gouvernement démocratiquement élu. Il a exprimé en outre sa reconnaissance aux membres du Conseil pour avoir dit leur intention de prolonger de 12 mois le mandat de la MANUA. Il a enfin affirmé avoir pris note des remarques d’encouragement adressées au personnel de la MANUA.
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