LE COMITÉ SPÉCIAL DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX RÉAFFIRME LA NÉCESSITÉ DE MODERNISER LES ACTIVITÉS DE MAINTIEN DE LA PAIX SUR LE TERRAIN EN LIAISON AVEC LE SIÈGE
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Comité spécial des opérations
de maintien de la paix
195e & 196e séances – matin & après-midi
LE COMITÉ SPÉCIAL DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX RÉAFFIRME LA NÉCESSITÉ DE MODERNISER LES ACTIVITÉS DE MAINTIEN DE LA PAIX SUR LE TERRAIN EN LIAISON AVEC LE SIÈGE
Jean-Marie Guéhenno salue la capacité de réponse des opérations
de maintien de la paix face à une demande d’aide accrue et complexe
Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix a débuté ce matin sa session 2007, qui se poursuivra jusqu’au vendredi 16 mars. Les participants au débat général, qui occupera les délégations jusqu’à demain, ont notamment entendu une déclaration liminaire du Secrétaire général adjoint aux opérations de la paix, M. Jean-Marie Guéhenno. Celui-ci est revenu longuement sur le programme de réformes « Opérations de paix 2010 », ainsi que sur les propositions du Secrétaire général qui figurent dans ses rapports sur la mise en œuvre des recommandations du Comité spécial*.
Rappelant que les opérations de maintien de la paix mobilisent à travers le monde quasiment 100 000 soldats de la paix des Nations Unies, et que le budget onusien alloué à ce secteur atteint désormais près de 6 milliards de dollars, M. Guéhenno s’est félicité de la capacité de réponse desdites opérations face à une demande d’aide toujours plus complexe. Le dévouement des personnels sur le terrain comme au Siège et la souplesse de ces opérations, capables, en dépit de leur envergure, de s’intégrer à des contextes extrêmement divers, au Darfour, en RDC, au Liban et ailleurs, expliquent à son avis les succès obtenus par l’ONU au cours des cinq dernières années dans ce domaine. Jean-Marie Guéhenno a cependant insisté sur la nécessité de moderniser les activités de maintien de la paix. Pour ce faire, a-t-il suggéré, il convient de renforcer les partenariats liant le Département des opérations de maintien de la paix (DPKO), le Comité spécial, les pays contributeurs de troupes et les divers partenaires, selon les pays visés.
Réagissant au projet du Secrétaire général de créer deux nouveaux instruments travaillant en étroite collaboration -le Département des opérations de paix et le Département d’appui sur le terrain- il a estimé que ceux-ci devraient contribuer à améliorer la gestion d’activités croissantes en raison de la multiplication des crises dans le monde. « Opérations de paix 2010 », le programme de réformes lancé l’an dernier, vise, dans ce cadre, à renforcer notre capacité à monter et mener de nouvelles opérations de manière plus structurée, a ajouté le Secrétaire général adjoint. Ce dernier a par ailleurs vivement souhaité que l’action du DPKO soit guidée par des principes clairs et des procédures de sécurité. À cet égard, il a affirmé que la modernisation des opérations de maintien de la paix passait par le renforcement de la coopération entre l’action menée sur le terrain et au Siège, et par la supervision accrue de toutes les activités liées à la gestion des ressources humaines, en particulier celles concernant la conduite du personnel de l’ONU et les mesures disciplinaires.
Sur ce dernier point, M. Aminu Bashir Wali du Nigéria, Président du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, a pris note de la politique de tolérance zéro mise en œuvre par le Secrétaire général relative à l’exploitation et aux abus sexuels perpétrés par le personnel de maintien de la paix. Il a cependant fait part de sa préoccupation devant le retard pris dans la conduite des enquêtes sur ces cas. Affirmant par ailleurs que le Nigéria avait toujours estimé que la prévention des conflits était préférable à l’intervention, il a plaidé pour un renforcement des capacités des institutions régionales à ce niveau.
C’est également en ce sens qu’a abondé le représentant de l’Allemagne, au nom de l’Union européenne, qui s’est dit favorable à une coordination accrue des partenariats forgés entre les organisations régionales, les donateurs et tout autre acteur engagé dans les opérations de la paix, en particulier en Afrique, où sont déployés 75% des soldats de la paix. La formation, le partage de compétences ou la diffusion médiatique de la doctrine onusienne du maintien de la paix devraient permettre aux Nations Unies de maîtriser, dans un avenir proche, les nombreux défis dans les domaines complexes du maintien de la paix, a déclaré M. Thomas Matussek.
Le Japon, l’un des principaux pays contributeurs de troupes, est intervenu pour exprimer, entre autres, sa préoccupation devant le déséquilibre dans la représentation géographique du personnel civil des Nations Unies sur le terrain. Le représentant de ce pays, M. Shinyo, a réitéré à cette occasion l’attachement de son pays au critère d’équité dans les recrutements futurs à ce niveau. De son côté, le représentant du Bangladesh s’est dit favorable à un dialogue accru entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents dans toutes les phases de mise en œuvre d’une mission, estimant que le point de vue de ces pays devait déterminer les délibérations du Conseil sur les priorités à définir au début des opérations menées dans les pays sortant d’un conflit. M. Ilyas Iftekhar Rasul a par ailleurs demandé aux États Membres de s’acquitter pleinement, et dans les délais impartis, de leurs contributions. « Il en va du succès des activités de maintien de la paix », a-t-il conclu.
Au cours de la matinée, le Comité spécial a procédé à l’élection de son Bureau, ainsi qu’à l’adoption de son programme de travail. Il a également accueilli sept nouveaux membres: le Botswana, la République dominicaine, Grenade, Madagascar, Samoa, l’Ex-République yougoslave de Macédoine et le Yémen.
Le Comité poursuivra son débat général demain matin, à 10 heures.
* A/61/668 et A/61/668 add 1
Débat général
M. JEAN-MARIE GUÉHENNO, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a indiqué combien les enjeux liés au maintien de la paix étaient énormes. Le nombre de soldats de la paix déployés à travers le monde s’élève quasiment à 100 000 et le budget onusien alloué au maintien de la paix atteint désormais près de 6 milliards de dollars, a-t-il rappelé. M. Guéhenno a rappelé un certain nombre de réalisations accomplies par ses services au cours des cinq dernières années, comme la tenue d’élections en République démocratique du Congo et en Haïti, le retrait de la mission de la paix au Burundi, le passage à la phase de transition au Kosovo, ou encore le déploiement rapide d’opérations au Liban et au Timor-Leste. À ses yeux, la capacité de réponse des opérations de maintien de la paix de l’ONU face à une demande d’aide toujours plus complexe a pour origine le dévouement des personnels concernés, sur le terrain comme au Siège, et l’adaptabilité de ces opérations. Sur ce dernier point, M. Guéhenno a insisté sur la remarquable souplesse des opérations de maintien de la paix, capables, en dépit de leur envergure, de s’intégrer à des contextes extrêmement variés, au Darfour, en RDC, au Liban et ailleurs.
Il a par ailleurs indiqué que le succès des opérations de maintien de la paix s’expliquait également par l’interaction entre le Département des opérations de la paix, le Comité spécial, les pays contributeurs de troupes et les divers partenaires selon les pays visés, qu’il s’agisse de l’Union africaine ou de la Banque mondiale. M. Guéhenno a souligné la nécessité de renforcer ces partenariats afin de pouvoir répondre de la manière la plus professionnelle, efficace et systématique aux demandes urgentes auxquelles le Département doit faire face. Pour lui, une réponse efficace doit devenir la règle, conformément au souhait du Secrétaire général. À ce titre, M. Guéhenno a rappelé que ce dernier avait proposé d’établir deux instruments, le Département des opérations de la paix et le Département d’appui sur le terrain. Travaillant en étroite collaboration, a-t-il dit, ceux-ci devraient contribuer à améliorer la gestion d’activités croissantes en raison de la multiplication des crises dans le monde. « Opérations de paix 2010 », le programme de réformes lancé l’an dernier, vise, dans ce cadre, à renforcer notre capacité à monter et mener de nouvelles opérations de manière plus structurée, a-t-il souligné. À ce sujet, il a estimé que l’action sur le terrain devait être guidée par des principes clairs et des procédures de sécurité, soulignant que la modernisation des opérations de maintien de la paix de l’ONU passait par un renforcement de la coopération entre les activités menées sur le terrain et le Siège.
M. Guéhenno a par ailleurs indiqué que la consolidation des ressources et des responsabilités relèverait du Département d’appui sur le terrain, en vue notamment d’améliorer la qualité du soutien apporté par le Siège aux personnels détachés sur place. Selon lui, cette consolidation aurait aussi pour effet de faciliter la supervision de toutes les activités liées à la gestion des ressources humaines, en particulier celles, essentielles, concernant la conduite du personnel de l’ONU et les mesures disciplinaires. À ce titre, M. Guéhenno a formé le souhait que les États Membres répondent de façon volontaire à la proposition d’établissement d’un cadre civil pour les soldats de la paix. S’agissant du renforcement du cadre d’action au Siège, il a estimé que des partenariats stratégiques plus solides devraient permettre d’intervenir plus efficacement sur le terrain, notamment en Afrique, où plus de 75% des soldats de la paix sont déployés. Ces partenariats devraient à son avis associer des organismes régionaux tels que l’Union européenne et la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en liaison avec les partenaires traditionnels de l’ONU comme la Banque mondiale et les institutions pertinentes de l’Organisation.
Pour ce qui est des ressources, le Secrétaire général adjoint a jugé que la mise en place des deux nouveaux instruments suscités offrirait de nouvelles options pour réunir davantage de fonds, en spécialisant notamment les activités de chaque unité et département. Par ailleurs, il a estimé important que l’information soit diffusée de la manière la plus claire et la plus large possible, pour à la fois sensibiliser le public aux activités de maintien de la paix et pour attirer de nouvelles sources d’investissement externes.
Abordant ensuite le volet militaire des opérations de la paix, M. Guéhenno a estimé qu’il fallait pouvoir disposer de plus de personnel militaire au Siège, pour appuyer davantage la planification des nouvelles opérations et pour aider à mieux faire connaître la doctrine moderne du Département et les principes sur lesquels celle-ci repose. La gestion au Siège de tous les aspects militaires liés au maintien de la paix est une tâche gigantesque qui, à son sens, exige que le Conseiller militaire se voie attribuer le poste de Sous-Secrétaire général, a poursuivi M. Guéhenno. S’agissant de la restructuration des capacités militaires au Siège, le Secrétaire général adjoint a souhaité que le nombre de policiers au Siège de l’ONU soit augmenté. C’est en ce sens qu’il a proposé que soit renforcé le Division de la police, et ce, parallèlement à l’élargissement de la force de police permanente de l’ONU.
Enfin, le Secrétaire général adjoint aux opérations de la paix a souhaité qu’au cours des trois semaines à venir, le Comité garde à l’esprit que l’objectif primordial des opérations de maintien de la paix est de permettre aux hommes, femmes et enfants de sortir des conflits dont ils ont été victimes de manière à pouvoir reprendre leur vie dans la dignité et le respect humain. Notre principale responsabilité est vis-à-vis de ces personnes-là, a conclu M. Guéhenno.
M. AMINU BASHIR WALI (Nigéria), Président du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, a affirmé que son pays partageait la préoccupation du Secrétaire général concernant l’augmentation continue du nombre d’opérations de maintien de la paix au cours des dernières années et les défis qu’une telle multiplication entraîne. Toutefois, a-t-il ajouté, cela ne doit pas affaiblir la détermination commune en faveur de la paix et de la sécurité dans le monde, comme l’atteste l’organisation réussie d’élections au Libéria, en Haïti et, plus récemment, en République démocratique du Congo (RDC). Par ailleurs, a-t-il estimé, compte tenu de la nature multidimensionnelle des opérations de maintien de la paix, le Comité spécial ne devrait pas limiter ses débats aux cinq domaines prioritaires énoncés dans l’agenda de réformes 2010, mais examiner d’autres questions d’intérêt commun pour les États Membres. Il a appuyé chaleureusement les efforts entrepris par le Secrétaire général visant à renforcer la cohésion opérationnelle et l’efficacité des opérations de maintien de la paix, se disant confiant que celui-ci continuerait d’apporter des détails sur la manière d’appliquer ses propositions en la matière, afin de permettre au Comité spécial d’entreprendre un examen complet de tous les aspects de la question. Il a ajouté que son pays était prêt au dialogue avec les États Membres pour arriver à une solution mutuellement acceptable dans ce domaine.
Le représentant a en outre vigoureusement condamné les enlèvements et les meurtres de soldats de la paix en RDC ou au Liban, dont la sécurité, a-t-il souligné, figurait au premier plan des préoccupations du Nigéria, et a apporté son appui à la politique de tolérance zéro mise en œuvre par le Secrétaire général contre l’exploitation et les abus sexuels perpétrés par le personnel de maintien de la paix des Nations Unies, déplorant toutefois que les enquêtes en cours soient retardées de façon injustifiable. Affirmant que son pays estimait que la prévention des conflits valait mieux que l’intervention, le représentant a plaidé pour un renforcement des capacités des institutions régionales dans ce domaine, en complément de l’action entreprise par les Nations Unies dans ce domaine.
M. THOMAS MATUSSEK (Allemagne), au nom de l’Union européenne (UE), a salué la volonté du Secrétaire général d’initier un programme de réformes des opérations de maintien de la paix en consultation étroite avec les États Membres. Il est crucial que ce programme soit mené et achevé dans les meilleurs délais, a-t-il dit. Le représentant a fait savoir qu’au cours de la présente session, l’Union européenne se concentrerait sur cinq domaines prioritaires, à savoir l’amélioration des capacités opérationnelles des Nations Unies, le renforcement de l’efficacité du Département des opérations de maintien de la paix, la sécurité, la consolidation de la paix et la coopération avec les organisations régionales.
M. Matussek a ensuite indiqué que l’Union était favorable à la mise en place et le développement d’une force de police permanente des Nations Unies. Nous devons fournir une composante policière rattachée aux opérations de maintien de la paix cohérente, efficace et responsable, a-t-il estimé, précisant que le caractère multidimensionnel de ces opérations devait entraîner également un renforcement des capacités civiles, comme, par exemple, la création de la fonction d’observateur civil. Ceci permettrait, à son avis, de compléter l’action militaire et policière des États Membres. Le représentant a en outre déclaré que la complexité croissante des opérations de la paix requérait de la part du Département une modernisation de ses structures et de son organisation, affirmant que le renforcement éventuel de la Division militaire du Département ne serait pas en soi suffisante si l’amélioration des secteurs relatifs à la planification était négligée.
En ce qui concerne la sécurité de tous les personnels déployés sur le terrain, le représentant a plaidé pour la mise en place d’une échelle précise d’évaluation des niveaux de sécurité. Une telle analyse, a-t-il dit, devrait être menée préalablement à l’établissement d’une mission et être reconduite à chaque étape d’une mission. Relevant qu’un nombre conséquent de décès parmi le personnel de l’ONU sur le terrain était causé par des maladies, il a souhaité que ce phénomène, rarement abordé dans les débats, soit combattu conjointement par les États Membres et le Secrétariat. Il a aussi demandé que les questions de sécurité du personnel soient traitées en liaison avec les programmes de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), pour que les activités de consolidation de la paix contribuent réellement, et de manière durable, à la reconstruction postconflit.
En matière de prévention des crises, M. Matussek a plaidé pour une coordination accrue des partenariats qui relient organisations régionales, donateurs et tout autre acteur engagé dans les opérations de la paix, en particulier en Afrique. La formation, le partage d’expertises ou encore la diffusion médiatique de la doctrine onusienne du maintien de la paix devraient permettre aux Nations Unies de maîtriser, dans un avenir proche, les nombreux défis qui ne manqueront pas de se poser à elle dans les domaines complexes du maintien de la paix, a-t-il conclu.
Mme SOUAD EL ALAOUI (Maroc), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a affirmé que les opérations de maintien de la paix devaient suivre à la lettre les principes directeurs figurant dans les documents finaux de la neuvième Conférence ministérielle du Caire de 1994, du douzième Sommet de Durban de 1998, du Sommet de Kuala Lumpur de 2003, de la Conférence ministérielle de Durban de 2004 et du quatorzième Sommet de La Havane de septembre 2006, conformément aux buts et principes de la Charte. En outre, a-t-elle estimé, les opérations de maintien de la paix doivent bénéficier d’un appui politique et disposer d’un mandat réalisable. La représentante a rappelé que le Mouvement des pays non alignés appuyait les efforts en vue de réaliser les objectifs clefs figurant dans le programme de réformes, et était disposé à examiner la proposition du Secrétaire général dans le cadre du C-34, à son avis, le seul forum des Nations Unies mandaté pour étudier intégralement tous les aspects de la question des opérations de maintien de la paix, notamment les mesures visant à renforcer la capacité de l’Organisation dans ce domaine. Le C-34 est capable d’apporter une contribution significative à ce débat, a-t-elle affirmé.
La sûreté et la sécurité du personnel de l’Organisation et du personnel associé constituent également un domaine de préoccupation majeure pour le Mouvement des non-alignés, a-t-elle également souligné. À son avis, seule une planification soignée des missions composées de contingents bien entraînés, bien équipés et bien disciplinés offrait des garanties de sécurité à ces personnels. À ce sujet, elle a demandé qu’une enquête soit conduite par le Secrétariat en vue de faire une analyse comparative des missions. La représentante a par ailleurs rappelé que le Mouvement des pays non alignés était attaché à ce que l’ensemble du personnel des opérations de maintien de la paix des Nations Unies agisse en préservant l’image, la crédibilité, l’impartialité et l’intégrité de l’Organisation. Les contraventions à la bonne conduite sont inacceptables, a-t-elle souligné, invitant l’Organisation à sévir chaque fois que des cas de violations à ce principe se produisent.
M. TIMOTHY A. SIMKIN (Australie), au nom des délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), a salué les propositions du Secrétaire général portant sur l’amélioration de la conduite et de la gestion des opérations de la paix. Nous sommes encouragés par l’importance continue qu’il attache à la mise en œuvre du programme de réformes « Opérations de paix 2010 », a-t-il dit. En particulier, le représentant s’est félicité de l’établissement de la nouvelle doctrine permettant l’examen de la manière avec laquelle les opérations de la paix sont désormais conduites. S’agissant de la mise sur pied d’un cadre civil visant les personnels des opérations de paix, M. Simkin a indiqué que les délégations du CANZ appuyaient dans le principe l’idée d’une capacité de gestion fournissant la ligne directrice aux missions de terrain. Il a en outre soutenu la proposition du Secrétaire général de créer deux nouveaux départements, estimant toutefois indispensable la tenue d’un débat de fond du Comité sur la question, notamment sur la manière d’intégrer ces deux entités à tous les niveaux de décision des opérations de maintien de la paix.
Par ailleurs, le représentant a déclaré que les délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande étaient d’avis, à l’instar du Secrétaire général, qu’il fallait augmenter le nombre d’officiers dans toutes les sections de la Division militaire et a salué les diverses propositions incitatives au recrutement de personnels civils par le Département des opérations de maintien de la paix et les opérations de paix. Il a par ailleurs exprimé le soutien du CANZ à la mise en place de la Force de police permanente des Nations Unies, invitant le Département à accélérer la mise en œuvre de cette force et à élargir dans les meilleurs délais sa capacité initiale.
M. BAKI ILKIN (Turquie) a affirmé que son pays était pleinement engagé dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, participant ainsi à 10 de ces missions. Depuis la dernière réunion du Comité spécial, la participation militaire de la Turquie dans les missions conduites par les Nations Unies s’est accrue, a-t-il précisé, rappelant en outre que son pays attachait également une importance particulière aux activités de la police civile des missions des Nations Unies. C’est ainsi que nous sommes le dixième plus gros contributeur de policiers, avec 271 éléments servant dans huit missions différentes, a-t-il dit.
Le représentant a par ailleurs souligné que la Turquie appuyait pleinement le rôle directeur des Nations Unies dans les opérations de maintien de la paix, soulignant toutefois que, compte tenu de l’amplitude et de la complexité des défis posés au maintien de la paix, les Nations Unies devaient renforcer leur coopération avec les organisations régionales et établir des modalités de soutien plus efficaces à ce type d’opérations, notamment pour ce qui concerne les capacités opérationnelles des opérations de maintien de la paix africaines. Le représentant a également estimé que la formation des soldats de la paix demeurait une composante indispensable de la réussite des opérations de maintien de la paix, rappelant à ce sujet que la Turquie avait établi un centre de formation pour la paix à Ankara, qui a organisé depuis 1998, 236 cours et neuf séminaires, formant près de 7 000 soldats de la paix de 65 pays.
M. HUGO PEREYRA (Pérou) a expliqué que la fragmentation sociale et politique et la précarité économique, assorties de l’absence d’institutions et de culture de paix, favorisaient la violence quotidienne et la détérioration de la situation des droits de l’homme dans de nombreux pays. Dans ce contexte, a-t-il ajouté, le Pérou salue l’excellent travail réalisé par le DPKO dans des conditions particulièrement difficiles. Le représentant a indiqué que son pays était engagé depuis de nombreuses années dans l’effort multilatéral mené sur le terrain dans huit opérations de maintien de la paix. À cet égard, il a estimé qu’il fallait renforcer la capacité de réaction rapide en créant un mécanisme adapté aux nouveaux défis auxquels doit faire face la communauté internationale. Le représentant a par ailleurs estimé qu’il convenait d’améliorer la cohésion dans la gestion des opérations de maintien de la paix, en évitant notamment la réduction des troupes et le retrait trop précipité de celles-ci. À cette fin, il a suggéré de resserrer les liens existant entre le DPKO et les programmes de DDR.
Le représentant a en outre jugé utile de faciliter la tâche des Casques bleus en clarifiant le mandat des personnels déployés sur le terrain. De plus, a-t-il dit, les projets à impact rapide doivent être repensés, de manière à pouvoir être réalisés au début des opérations pour favoriser un climat de conciliation favorable à l’identification des besoins les plus urgents de la population. Enfin, le représentant a plaidé pour une stricte discipline au sein des opérations de maintien de la paix, les pays contributeurs de contingents devant se montrer particulièrement vigilants et appliquer les sanctions adéquates en cas d’abus et d’exploitation sexuels, a-t-il conclu.
M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a affirmé que ces dernières années les opérations de maintien de la paix avaient tendance à revêtir un caractère plus complexe, incorporant des mandats qui cherchent à rétablir notamment la justice, la cohésion sociale, les droits de l’homme, et à lutter contre l’extrême pauvreté et l’exclusion sociale. Il a souligné en outre la nécessité d’adopter des méthodes communes et des stratégies globales qui contribuent au renforcement de la paix après les conflits. Les missions de maintien de la paix doivent refléter la nature multifonctionnelle et multidisciplinaire des opérations, a-t-il estimé en outre, insistant sur la nécessité, d’accompagner les missions de manière intégrée et fonctionnelle. Le représentant a par ailleurs jugé que la proposition de réorganisation du Département des opérations de maintien de la paix, présentée récemment par le Secrétaire général, devait être examinée de manière approfondie dans le cadre du Comité spécial.
Rappelant la mort, l’an passé, de huit soldats de la paix guatémaltèques en République démocratique du Congo (RDC), le représentant a demandé instamment au Secrétariat d’accorder la priorité à la sécurité du personnel des Nations Unies sur le terrain. Il est indispensable, a-t-il dit, d’établir une communication constante entre le Département des opérations de maintien de la paix et le pays fournisseur de contingents, a-t-il dit, en réaffirmant l’engagement de son pays en faveur des opérations de maintien de la paix de l’ONU, comme l’atteste la forte participation des soldats guatémaltèques à ces missions.
M. ILYAS IFTEKHAR RASUL (Bangladesh) a déclaré que l’établissement de la paix juste et durable partout dans le monde devait passer par la recherche des causes profondes d’émergence des conflits. Des mandats clairs et l’impartialité de nos actions communes doivent guider l’esprit de réformes du maintien de la paix aux Nations Unies, a-t-il estimé. La reconfiguration du DPKO, telle que proposée par le Secrétaire général, repose sur une vision dynamique, qui accorde la priorité à la sûreté et la sécurité des soldats de la paix, a-t-il précisé. C’est pourquoi il est essentiel à son avis d’assurer un suivi constant des politiques adoptées en la matière. Le représentant a par ailleurs estimé qu’il était indispensable de tirer des leçons des erreurs passées ayant entraîné des accidents et ayant provoqué la mort de Casques bleus. Ces incidents doivent être recensés et analysés pour éviter qu’ils ne se reproduisent, a-t-il dit.
Estimant que le succès des opérations de maintien de la paix repose sur leur crédibilité et l’intégrité de leurs personnels, le représentant s’est associé à la politique de tolérance zéro en matière d’abus et d’exploitation sexuels, telle que prônée par le Secrétaire général. Tout acte de ce type perpétré par nos propres soldats sera traité avec la plus grande sévérité, a-t-il dit.
Le représentant s’est ensuite prononcé en faveur d’un dialogue intensifié entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents dans toutes les phases de mise en œuvre d’une mission. Le point de vue de ces pays, a-t-il affirmé, doit être porté à la connaissance des délibérations du Conseil, en particulier les priorités à définir au début des opérations menées dans les pays sortant d’un conflit. Enfin, le représentant a invité les États Membres à s’acquitter pleinement, et dans les délais impartis, de leurs contributions. Il en va du succès des activités de maintien de la paix, a-t-il conclu.
M. JOON OH (République de Corée) a estimé que la prolifération des opérations de maintien de la paix représentait un lourd fardeau pour les organes des Nations Unies qui les coordonnent. Dans ces conditions, il est indispensable de soulager les difficultés que connaît le Secrétariat à cet égard, a-t-il ajouté, affirmant que leur système de gestion devait être renforcé. À son avis, la consolidation des fonctions d’appui en un seul département contribuerait à renforcer considérablement le soutien aux missions sur le terrain. Il a également souligné l’appui accordé par son pays à l’initiative de réformes « Opérations de paix 2010 » engagée l’an dernier. Il a aussi noté avec satisfaction la création d’une capacité de police permanente (SPC).
Les organisations régionales peuvent compléter efficacement les efforts des Nations Unies dans la gestion des sociétés postconflit, a-t-il estimé, se prononçant pour une intégration claire des stratégies de sortie de conflits dans les opérations de maintien de la paix, afin de faciliter la réduction des contingents au fil du temps. Le représentant a, par ailleurs exprimé l’appui sans équivoque de son pays à la politique de tolérance zéro du Secrétaire général relative à l’exploitation et aux abus sexuels. Il a aussi évoqué les efforts fournis par la République de Corée dans le cadre des opérations de maintien de la paix de l’ONU, ainsi que les moyens d’élargir cet engagement.
M. TAKAHIRO SHINYO (Japon) a indiqué que les questions de la sécurité du personnel qualifié et de la formation étaient prioritaires pour son pays. Au niveau des ressources humaines, a-t-il ajouté, il est indispensable d’adopter des sanctions sévères en cas d’exploitation et d’abus sexuels. Le représentant a rappelé à ce propos qu’il incombait aux pays contributeurs de troupes de maintenir la discipline au sein de leurs contingents dûment formés aux doctrines pertinentes. En tant que pays contributeur important, a-t-il dit, le Japon applique des mesures très sélectives de recrutement des troupes qu’il déploie sur le terrain des opérations de maintien de la paix de l’ONU. S’agissant de la composante civile de ces opérations, le représentant a estimé que les missions avaient désormais besoin de personnels dotés de la meilleure expertise possible pour pouvoir mener à bien des mandats de plus en plus complexes. C’est pourquoi, le Japon a accueilli en août dernier un séminaire sur ce thème et qu’il a, à la suite de cet événement, mis en place des programmes de formation spéciale des soldats de la paix en Asie. Le représentant a en outre exprimé sa préoccupation devant le déséquilibre dans la représentation géographique du personnel civil des Nations Unies sur le terrain, affirmant l’attachement de son pays au critère d’équité dans les recrutements futurs à ce niveau.
M. PETER MAURER (Suisse), qui a estimé que la réforme « Opérations de paix 2010 » devait se poursuivre, s’est également réjoui que le nouveau Secrétaire général ait tenu, dès le début de son mandat, à proposer des mesures concrètes dans le domaine du maintien de la paix. Le représentant a affirmé que son pays attachait une importance particulière à la stratégie de la « planification intégrée des missions », notamment à l’intégration des acteurs humanitaires, dans le cadre des mandats spécifiques. À son avis, les missions sur le terrain ont besoin d’un état-major intégré doté d’une forte cohésion. La nouvelle structure doit prendre en compte cet objectif et contribuer à sa réalisation, a-t-il expliqué, réaffirmant notamment le soutien de son pays à l’établissement d’une capacité de planification stratégique au sein du Département des opérations de paix.
Le représentant a également soutenu la proposition d’examiner la possibilité de former des partenariats plus étroits sur les plans stratégique et opérationnel avec des organisations telles que l’Union africaine, l’Union européenne ou les institutions de Bretton Woods. Évoquant le renforcement et la rationalisation des capacités onusiennes en matière d’état du droit, le représentant a estimé que le centre pour le contrôle démocratique des forces armées (DCAF), à Genève, une fondation internationale lancée et cofinancée par la Suisse, avait une solide expérience en matière de réforme du secteur de la sécurité en général et du contrôle parlementaire des secteurs de la sécurité en particulier. Ce centre peut être un partenaire de choix pour l’ONU, a-t-il estimé.
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