SG/SM/10705-GA/AB/3764

PRÉSENTANT SON RAPPORT « INVESTIR DANS LE CAPITAL HUMAIN » À LA CINQUIÈME COMMISSION, KOFI ANNAN DIT QUE LE PERSONNEL DE L’ONU, SON PLUS GRAND ATOUT, DOIT ÊTRE TRAITÉ COMME TEL

30/10/2006
Secrétaire généralSG/SM/10705
GA/AB/3764
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

PRÉSENTANT SON RAPPORT « INVESTIR DANS LE CAPITAL HUMAIN » À LA CINQUIÈME COMMISSION, KOFI ANNAN DIT QUE LE PERSONNEL DE L’ONU, SON PLUS GRAND ATOUT, DOIT Ê TRE TRAITÉ COMME TEL


(Publié le 9 novembre – retardé à la traduction)


On trouvera ci-après le texte des remarques que le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, a formulées à New York, le 30 octobre, devant la Cinquième Commission (affaires administratives et budgétaires) de l’Assemblée générale, sur le thème « Investir dans le capital humain »:


La question des ressources humaines de l’Organisation des Nations Unies m’est très chère et, tout au long de ma carrière, j’ai eu à m’en occuper de très près.


Les fonctionnaires de l’Organisation sont, comme nous le disons souvent, son principal atout.  Pourtant, on n’investit pas en eux et on ne les appuie pas comme il le faudrait, eux qui viennent de nombreux pays à la culture et aux traditions différentes et qui représentent 80 % des ressources de l’Organisation, mettent leurs remarquables compétences au service de tous les pays, sont pénétrés des idéaux de la fonction publique et sont fiers de contribuer à accomplir la mission planétaire de l’Organisation.  Ce sont aussi, ne l’oublions pas, des ressortissants de vos pays, qui travaillent main dans la main avec vos compatriotes et pour eux.


À l’heure actuelle, un bien trop grand nombre de ces hommes et de ces femmes ne peuvent travailler au mieux de leurs capacités parce qu’ils sont prisonniers de politiques et de processus qui ne se sont pas adaptés assez rapidement à l’évolution du monde.  Depuis que j’ai pris mes fonctions de Secrétaire général, j’ai cherché à résoudre ce problème.  Je savais, après m’être occupé pendant des années des questions de personnel, combien le maquis des règles et des recommandations ralentissait inutilement l’Organisation dans ses travaux.  Je connaissais, pour avoir dû chapeauter diverses tâches et missions, l’imbroglio des systèmes et structures qui fait si souvent obstacle à son action.  Ce sont ces expériences, ainsi que ma profonde croyance dans le dévouement du personnel de l’ONU, qui sont à l’origine des mesures présentées dans mon rapport.


Ces mesures s’appuient sur 10 années de travail et d’expérience.  Au cours de mes deux mandats, nous avons modifié les principes généraux applicables aux ressources humaines et doté les cadres de l’Organisation de nouveaux moyens de choisir et de perfectionner le personnel.  Nous avons rationalisé les règles et procédures et renforcé notre capacité de doter en effectifs les opérations de paix. Nous avons remanié toutes les mesures de sécurité appliquées au personnel et commencé à éliminer les obstacles institutionnels à sa mobilité et à son perfectionnement.  Grâce à cela, l’Organisation est devenue plus efficiente et efficace qu’il y a 10 ans.  Nous sommes plus actifs que jamais et notre ratio coût-efficacité rivalise avec celui d’autres organisations menant des activités analogues, ou le surpasse.  Ces progrès n’auraient pas été possibles sans l’appui des États Membres, et je vous remercie du soutien que vous m’avez apporté tout au long des réformes successives qui ont été entreprises.


Vous pouvez vous demander pourquoi, à cette période de mon mandat, je vous présente à nouveau un ensemble de propositions, en plus du projet de réforme que j’ai exposé en début d’année dans mon rapport intitulé « Investir dans l’Organisation des Nations Unies ».  La vérité est que si nous sommes sur la bonne voie, nous continuons à buter sur d’importants obstacles.  Nos méthodes de recrutement manquent de dynamisme et traînent en longueur, et nous n’avons pas encore atteint nos objectifs d’équilibre entre les sexes et de diversité géographique, alors que les tâches qui nous échoient croissent en nombre et en complexité.  Et même pendant la période où j’ai exercé mes fonctions, la nature de notre travail a évolué.  Modifier à nouveau les méthodes et arrangements existants ne peut donc que donner des résultats limités.


Vous-mêmes avez pris la mesure de la situation.  Au Sommet mondial de l’an dernier, vos dirigeants m’ont demandé de leur expliquer ce dont un Secrétaire général a besoin pour s’acquitter de ses responsabilités administratives et faire en sorte que l’ONU soit dotée de bonnes politiques, réglementations et règles, en particulier dans le domaine des ressources humaines.  Mon rapport intitulé « Investir dans l’Organisation des Nations Unies » a été mon premier élément de réponse.  J’y ai dressé le portrait idéal d’une fonction publique des Nations Unies caractérisée par son excellence et son adaptabilité et appliquant des règles strictes en matière de déontologie et de responsabilité.  Mon rapport « Investir dans le capital humain », que je présente aujourd’hui, fournit des explications sur les moyens d’atteindre cet objectif.


Lors de sa création et il y a encore 15 ans, l’Organisation des Nations Unies était constituée d’un Secrétariat stable, essentiellement statique, dont la principale fonction constituait à établir des règles et à assurer le service de conférences et de réunions et dont la plupart des fonctionnaires étaient affectés au Siège.  Elle assure toujours les fonctions indispensables susmentionnées, qui constitueront toujours une part essentielle de son identité, mais elle est devenue beaucoup plus polyvalente.  Plus de la moitié de ses 30 000 fonctionnaires sont en poste sur le terrain.  La plupart d’entre eux exercent leurs fonctions dans des opérations de maintien de la paix.  Mais les autres s’acquittent d’autres tâches : ils apportent des secours aux populations touchées par le tsunami et mènent des enquêtes pénales, fournissent une assistance électorale et évaluent les dégâts environnementaux causés par les conflits lorsque ceux-ci ont pris fin.  Notre surveillance de la situation des droits de l’homme s’étend à beaucoup plus de pays qu’il y a quelques années.


Cette extraordinaire extension de l’action de l’Organisation se reflète dans le budget de celle-ci, dont une large part sert à financer les activités qu’elle mène sur le terrain.  Mais elle ne se reflète pas suffisamment dans les règles et les réglementations appliquées à son personnel, qui n’ont été adaptées que partiellement à ces nouvelles réalités.  Nos systèmes sont cloisonnés et excessivement complexes et, en conséquence, difficiles à administrer et à comprendre.  Cela explique le manque de confiance du personnel et la dilution des responsabilités.  De plus, nos moyens technologiques sont obsolètes et inadaptés à l’administration d’effectifs répartis dans le monde entier.


De ce fait, les risques associés à la gestion sont inacceptablement élevés.  Nos missions sont handicapées par des taux de vacance de postes élevés – généralement compris entre 22 et 26 % – et par des mouvements d’effectifs déstabilisants.  De plus, plus de la moitié du personnel en poste sur le terrain n’est au service de l’Organisation que depuis deux ans ou moins.  Et dans toute l’Organisation, il est difficile d’appliquer des politiques et des règles de manière cohérente.


Il est temps de modifier notre culture plus profondément, de manière plus radicale.  Un tel changement ne sera pas possible sans l’adhésion du personnel et des cadres de l’Organisation.  C’est pourquoi mes collègues et moi-même les consultons longuement, notamment par l’intermédiaire des représentants élus du personnel de tous les lieux d’affectation, à l’exception de New York, au Comité de coordination entre l’administration et le personnel.


Des équipes de fonctionnaires se sont par ailleurs rendues dans les lieux d’affectation hors siège.  Des réunions qui ont rassemblé plus de 5 000 fonctionnaires ont réservé un accueil très favorable à nos projets.  Aucune proposition dans ce domaine n’a jamais été analysée et examinée d’aussi près dans toute l’Organisation.  Je regrette que le syndicat de New York ne se soit pas joint à ce consensus et ait choisi de ne pas participer aux démarches officielles entreprises.  J’espère qu’il reconsidérera sa position et entamera à nouveau le dialogue avec les cadres supérieurs.


Le point de départ de mes propositions est la prise de conscience du fait que le Secrétariat n’a qu’un seul et unique personnel à l’échelle mondiale et qu’il faut l’administrer avec transparence et équité si l’on veut que l’Organisation fournisse au monde les services qu’il lui demande et devienne un employeur de choix pour les meilleurs professionnels du monde entier.


Il faut commencer par changer la manière dont nous recrutons, les conditions d’emploi que nous offrons et la manière dont nous perfectionnons les compétences.  Mes propositions portent sur tous ces points.  Nous cherchons à accélérer le recrutement, en suivant des étapes bien définies pour trouver les personnes dont nous avons besoin, plutôt que d’attendre qu’elles viennent à nous.  Il faut qu’il n’y ait qu’une seule sorte de contrat d’engagement, au lieu de tous ces arrangements complexes qui ont cours actuellement.  Même un changement apparemment aussi modeste contribuera largement à rétablir l’équité et à améliorer la transparence, la mobilité et la flexibilité.


L’harmonisation des conditions d’emploi du personnel en poste sur le terrain nous aidera à attirer des personnes très qualifiées et à les retenir lorsqu’elles ont acquis de l’expérience.  La désignation de 2 500 postes permanents dans les opérations de paix permettra de faire en sorte que ces activités essentielles du Secrétariat acquièrent la continuité et puissent bénéficier des compétences dont elles ont besoin.  Les cadres et dirigeants, en particulier, feront l’objet d’une sélection plus rigoureuse et recevront une meilleure formation.


Il va sans dire que ces propositions ne donneront de résultats que si des moyens financiers suffisants sont mis en œuvre.  À ce jour, les activités de formation et autres activités destinées à renforcer à la fois le personnel et les structures et systèmes étayant leurs travaux souffrent d’une pénurie chronique de fonds.  Si l’ensemble des mesures proposées a pour nom « Investir dans le capital humain », c’est qu’il y a une raison.  Si nous investissons dès maintenant, nous obtiendrons un plus grand retour sur investissement demain – et ferons des économies.  Je suis convaincu que vous garderez cette donnée à l’esprit lorsque vous examinerez les incidences financières des mesures.


Certains d’entre vous hésitent peut-être à prêter leur attention à ces mesures parce qu’elles leur sont proposées juste avant l’arrivée d’un nouveau Secrétaire général.  Mais permettez-moi de souligner à ce propos qu’elles se fondent sur le diagnostic, soigneusement établi, de notre situation actuelle en matière de ressources humaines.  Elles tiennent compte des vues du personnel et des cadres.  Et elles se fondent sur ma propre expérience – acquise tout au long de plus de 40 années de service – immensément gratifiantes, bien que parfois décourageantes.  Quiconque se livrera à une analyse aussi approfondie des ressources humaines actuelles de l’ONU constatera les mêmes problèmes et leur appliquera nécessairement les mêmes remèdes, ou des remèdes très similaires.  Vous avez consacré beaucoup d’attention et d’énergie à la question des ressources humaines au fil des ans, et ces efforts ont porté des fruits.  J’espère que vous continuerez à faire preuve de la même détermination alors que nous tentons à nouveau, et pour la dernière fois, de faire œuvre de changement.  C’est de notre intérêt à tous.


C’est peut-être la dernière fois que je m’adresse à vous à la Cinquième Commission.  Permettez-moi de souligner une dernière fois que le personnel de l’Organisation est son plus grand atout et qu’il faut donc le traiter comme tel.  Je vous demande d’appuyer fermement les propositions figurant dans mon rapport, car je suis convaincu qu’elles sont nécessaires si nous voulons avoir une fonction publique internationale solide, qui réponde aux exigences les plus élevées en matière d’efficacité, de déontologie et de responsabilité et soit capable de faire face à des difficultés sans cesse renouvelées.  Le fruit de cet investissement sera une Organisation plus productive et plus responsable, au service des États Membres.  Je vous remercie.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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