SG/SM/10654-SC/8837

NOTRE INCAPACITÉ À RÉGLER LE CONFLIT DU MOYEN-ORIENT REMET EN QUESTION LA LÉGITIMITÉ ET L’EFFICACITÉ DU CONSEIL DE SÉCURITÉ, DÉCLARE KOFI ANNAN

21/09/2006
Secrétaire généralSG/SM/10654
SC/8837
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

NOTRE INCAPACITÉ À RÉGLER LE CONFLIT DU MOYEN-ORIENT REMET EN QUESTION LA LÉGITIMITÉ ET L’EFFICACITÉ DU CONSEIL DE SÉCURITÉ, DÉCLARE KOFI ANNAN


On trouvera ci-après la déclaration liminaire du Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, lors du débat du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient, qui s’est tenu le 21 septembre à New York:


Le conflit israélo-arabe, plus que tout autre conflit, est porteur d’une charge symbolique et émotionnelle puissante pour les peuples du monde entier.  Les récits des deux parties – dépossession, occupation prolongée et refus d’accorder le statut d’État, d’un côté, terrorisme et menaces existentielles, de l’autre, suscitent des craintes et des passions auprès des peuples de nombreux pays.  Notre incapacité persistante de régler ce conflit remet en question la légitimité et l’efficacité du Conseil lui-même.


Les événements de cet été nous ont rappelé à tous à quel point il est dangereux de négliger de régler le conflit israélo-arabe dans son ensemble et à quel point les problèmes de la région sont étroitement liés.  En même temps, le rôle qu’a joué le Conseil de sécurité pour parvenir à la cessation des hostilités entre Israël et le Hezbollah et tracer la voie vers un cessez-le-feu durable en vertu de la résolution 1701 (2006) a montré que le Conseil peut jouer un rôle vital dans la recherche de la paix dans la région.  La résolution 1701 (2006) souligne à juste titre la nécessité de parvenir à une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient, sur la base de toutes les résolutions pertinentes antérieures du Conseil.  Pour ce faire, nous devons réaliser des progrès sur la question qui est au cœur du conflit, à savoir le problème d’Israël et de la Palestine.


La grande majorité des Israéliens et des Palestiniens veulent la paix.  Ce dont ils ont désespérément besoin, c’est un pont qui leur permette de parvenir à la paix et de sortir ainsi de leur situation actuelle de conflit. 


Le pont vers la paix doit être suffisamment large pour que puissent y accéder tous ceux qui ont un intérêt légitime dans le processus; il doit être suffisamment long pour enjamber l’énorme gouffre de méfiance qui sépare les parties et suffisamment solide pour résister aux efforts de sabotage dont il sera inévitablement la cible.


Hier, j’ai insisté auprès de mes partenaires du Quatuor sur le fait que le pont existant qui mène vers la paix a sérieusement besoin de réparations.  Ses fondations semblent faibles, car les deux parties ont omis de prendre les actions concrètes nécessaires pour s’acquitter de leurs obligations existantes.  La destination à l’autre extrémité, à savoir la fin de l’occupation qui a commencé en 1967 et un État d’Israël sûr, en paix avec tous ses voisins, notamment un nouvel État palestinien, demeure bien éloignée, mal définie et, pour beaucoup, presque inimaginable.


Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une situation difficile à Gaza, où nous constatons des fermetures et une Autorité palestinienne qui est privée de ressources.  Les écoles, les ministères et les autres institutions palestiniennes sont en net déclin.  La société palestinienne s’appauvrit rapidement.  Si cette situation persiste et que l’Autorité palestinienne devait s’effondrer, la conséquence en serait une fragmentation et une radicalisation de la société palestinienne, qui serait un revers stratégique terrible, peut-être irréversible.


Aujourd’hui, les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie vivant sous occupation n’ont plus d’État ni de gouvernement qui fonctionne.  Est-il dès lors étonnant qu’ils se tournent vers la communauté internationale pour obtenir protection, aide et espoir?  Et si cela n’arrive pas, les jeunes de Palestine seront, malheureusement, attirés par les fausses promesses de ceux qui prônent la violence.


De leur côté, les Israéliens exigent, à juste titre, la fin des tirs de roquettes contre les villes et les kibboutz du sud d’Israël, le retour du soldat capturé le 25 juin et une Autorité palestinienne qui accepte les principes fondamentaux du processus de paix et prend des mesures crédibles pour empêcher les attaques contre Israël.  Or, en l’absence d’un processus politique, qui est la seule façon de parvenir à une paix durable, les Israéliens se tournent tout naturellement vers leurs soldats pour faire face aux menaces sécuritaires. 


Il serait facile pour la communauté internationale de déclarer que les parties ne sont pas prêtes au dialogue et qu’en attendant qu’elles le soient, il n’y a pas grand-chose à faire.  Mais cela serait également profondément décevant.  Cela serait également injuste pour les parties elles-mêmes. 


Les sondages montrent, les uns après les autres, que les peuples des deux côtés comprennent qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit.  Ces mêmes sondages révèlent que les populations comprennent qu’une solution prévoyant deux États ne peut être réalisée au moyen d’actions unilatérales de la part de l’une ou l’autre partie.  Je suis convaincu que tant le Premier Ministre israélien, M. Olmert, que le Président palestinien, M. Abbas, comprennent ces réalités et cherchent une façon d’aller de l’avant.  Je les ai assurés tous deux de mon ferme appui, comme le Quatuor l’a fait hier.


Le Quatuor a également encouragé les efforts visant à créer un Gouvernement d’unité nationale palestinien, dans l’espoir que le programme de ce Gouvernement tiendrait compte des principes du Quatuor et faciliterait un engagement rapide de la communauté internationale.  La sagesse dont fait preuve le Président Abbas sur cette voie doit être reconnue, comme doivent l’être les efforts du Premier Ministre palestinien, M. Haniyeh.


Au cours de la réunion, j’ai également rappelé à mes partenaires du Quatuor que celui-ci devait lui-même être plus actif et efficace, pour parvenir à rétablir la confiance à l’égard du processus de paix.  Je suis heureux de dire que le Quatuor a convenu qu’un engagement plus ferme était essentiel – sur le terrain, avec les parties et dans la région. 


Mais il faudra voir ce qui se passe dans la pratique.  Les parties doivent maintenant assumer leurs responsabilités, de même que le Quatuor et nos partenaires dans la région et de même que le Conseil.  Avec tous les outils à notre disposition, travaillons ensemble pour mettre en place un processus politique crédible et fondé sur le dialogue, sur le respect parallèle des obligations, sur le suivi des résultats obtenus et sur la clarté de l’objectif ultime.  Le temps est venu de reconstruire le pont détruit qui mène vers la paix.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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