SG/SM/10578

L’ARRÊT DES HOSTILITÉS, UN CADRE POLITIQUE, LE DÉPLOIEMENT D’UNE FORCE INTERNATIONALE ET UN ACCORD SUR LA RECONSTRUCTION, IDENTIFIÉS PAR KOFI ANNAN COMME LES PRÉMISSES D’UNE SORTIE DE CRISE AU LIBAN

26/07/2006
Secrétaire généralSG/SM/10578
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L’ARRÊT DES HOSTILITÉS, UN CADRE POLITIQUE, LE DÉPLOIEMENT D’UNE FORCE INTERNATIONALE ET UN ACCORD SUR LA RECONSTRUCTION, IDENTIFIÉS PAR KOFI ANNAN COMME LES PRÉMISSES D’UNE SORTIE DE CRISE AU LIBAN


On trouvera ci-après les remarques faites par le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à l’occasion de la Conférence internationale sur le Liban qui se tient aujourd’hui à Rome, en Italie:


      Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan a fait aujourd'hui la déclaration suivante à l'occasion de la Conférence internationale sur le Liban qui se tient actuellement à Rome:


Les morts et la destruction dont nous avons été témoins ces deux dernières semaines, hier encore avec la mort tragique des observateurs des Nations Unies, poussent cette Conférence à envoyer un message fort et parler d'une même voix.  Nous devons dire à la population du Liban, à la population d'Israël et aux populations de l'ensemble du Moyen-Orient que nous ferons tout notre possible pour les aider à trouver un chemin vers la paix. 


La situation reste dramatique et dangereuse.  Il nous faut prendre des mesures dans trois domaines. 


Tout d'abord, le plus urgent consiste à mettre immédiatement fin aux hostilités qui ont débuté le 12 juillet par l'attaque irresponsable menée par le Hezbollah par-delà la Ligne bleue et l'enlèvement de deux soldats israéliens. 


L'arrêt des hostilités est indispensable parce que nous faisons face à une grave crise humanitaire.  Mon Coordonnateur pour les secours d'urgence, Jan Egeland, qui vient de rentrer du Liban, indique qu’environ 800 000 personnes sont touchées d'une façon ou d'une autre par ces hostilités, qu'elles soient déplacées, blessées ou psychologiquement marquées ou qu'elles en soient victimes d'une autre façon.  Entre-temps, des roquettes continuent à s'abattre sur les villes israéliennes, prenant des vies et inspirant une grande frayeur à des centaines de milliers de personnes.  Quelque 400 Libanais ont été tués et plusieurs milliers blessés.  Des dizaines d'Israéliens ont été tués et des centaines blessés. 


Qu'il me soit permis à présent de vous prier tous de vous lever pour observer une minute de silence en mémoire de ceux qui ont été tués durant ce conflit.  Au moment où nous honorons les morts, il nous faut nous demander combien encore vont périr dans les semaines à venir.  Et il nous faut avoir clairement conscience que les risques de nouvelle escalade demeurent considérables. 


C'est pourquoi j'appelle le Hezbollah à cesser immédiatement de tirer délibérément sur les centres de population israéliens. 


Et j'appelle Israël à mettre un terme à ses bombardements, blocus et opérations terrestres. 


Un arrêt temporaire des hostilités nous permettrait de mettre à profit les heures et les jours de calme pour entreprendre une action humanitaire indispensable, notamment la distribution de secours d'urgence et l'évacuation des non-combattants et des blessés.  Il est toutefois essentiel, et j'insiste particulièrement sur ce point, que les parties ne profitent pas de cet arrêt pour mener des opérations offensives, déplacer leurs forces ou les réapprovisionner. 


Une force internationale a un rôle clef dans un tel scénario.  Cette force devrait être considérée comme un pont: dans un premier temps, elle faciliterait les opérations humanitaires et apporterait son soutien au Gouvernement libanais pour faire face à la situation d'urgence et assurer la sécurité du peuple libanais.  À plus long terme, elle aiderait également le Gouvernement à appliquer l'Accord de Taëf, les résolutions 1559 et 1680 du Conseil de sécurité, et notamment à étendre son autorité –y compris le monopole de l'utilisation de la force– à tout le pays, à renforcer l'armée libanaise, et à désarmer toutes les milices libanaises et non libanaises.  Cette force ne pourrait agir qu'avec l'assentiment du Gouvernement libanais et l'accord des parties libanaises quant à ce que serait son champ d'intervention et son mandat. 


Deuxièmement, nous devons disposer d'un cadre politique, qui permette de faire évoluer la cessation des hostilités vers un processus de paix durable.  Plusieurs questions devraient y être abordées, telles que le problème des prisonniers, la délimitation des frontières du Liban et un mécanisme de suivi et de garantie de mise en œuvre.  Je sais que, parmi les participants à cette conférence, nombreux sont ceux qui ont leurs propres idées sur la manière de parvenir à la paix.  Nous devons réunir les meilleures idées en un tout cohérent et réalisable, acceptable pour toutes les parties.  Ce faisant, nous devrons éviter à tout prix de tomber dans le piège de l'ordre chronologique, où chaque partie définirait les opérations et l'ordre dans lequel elles doivent s'effectuer.  La sortie de la présente crise exige que les opérations soient menées simultanément.  Des solutions durables supposent également l'engagement constructif des pays de la région, y compris la Syrie et l'Iran. 


Troisièmement, la présente conférence devrait s'engager à soutenir un programme économique renforcé en faveur du Liban.  Avec l'effondrement des immeubles et des ponts, les Libanais ont assisté à l'anéantissement à un rythme effroyable d'années d'efforts ardus de reconstruction.  Le Liban doit être reconstruit à nouveau.  Il convient de mettre en place un cadre d'intervention de donateurs susceptibles de mobiliser des ressources en faveur de la reconstruction et du développement, comme viennent de l'indiquer le Premier Ministre et le Ministre des affaires étrangères de l'Italie. 


La cessation des hostilités, un cadre politique, le déploiement d'une force internationale et un accord relatif à un programme de reconstruction constitueraient les prémisses d'une sortie de crise.  Le Conseil de sécurité doit jouer le rôle qui lui incombe.  C'est la raison pour laquelle je demande à la conférence d'adresser un appel pressant au Conseil, afin qu'il réclame l'arrêt immédiat des hostilités.  Cette démarche du Conseil ouvrirait la voie à de nouveaux progrès et traduirait sa volonté d'apporter au processus un appui international de poids. 


Le peuple libanais revit des scènes de son histoire qu'il croyait révolues.  Cette fois-ci, nous devons trouver des solutions qui résisteront à l'épreuve du temps.  Les Israéliens, pour leur part, croyaient ne plus revivre la terreur des roquettes provenant de l'autre côté de la frontière nord, mais le conflit a repris avec une violence insoupçonnée.  La région, dans son ensemble, ne peut guère supporter un autre conflit, en plus des affrontements sectaires, de l'extrémisme et de la stagnation économique généralisés. 


Ce panorama général fait apparaître la nécessité de lancer de nouvelles initiatives en faveur d'une paix globale au Moyen-Orient.  Faute de procéder ainsi, nous ne ferions que gagner du temps avant la prochaine explosion.  En dépit de tous les événements qui se sont produits, en dépit même de la situation qui prévaut à Gaza, une majorité claire d'Israéliens et de Palestiniens sont favorables à une paix négociée.  Nous devons engager, là aussi, un processus de paix, ne serait-ce que pour ôter un prétexte auquel recourent les extrémistes dans la région, y compris au Liban.  L'Organisation des Nations Unies reste attachée à cet objectif et entend faire tout ce qui est en son pouvoir pour relancer la concertation en vue de parvenir à une paix globale, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité. 


Dans les jours et les semaines à venir, nous attendrons de vous un important soutien humanitaire, militaire et politique.  Nous ne pouvons revenir à la situation qui prévalait avant la présente crise.  Par ailleurs, la communauté internationale ne doit pas décevoir ceux qui attendent notre assistance.  Ensemble, nous devons nous attacher à garantir l'intégrité et la sécurité du Liban, ainsi que la sécurité d'Israël, et à engager la région sur la voie d'une paix globale.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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