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SG/SM/10532

TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, KOFI ANNAN, AU PALAIS DES NATIONS À GENÈVE, LE 22 JUIN 2006

23 juin 2006
Secrétaire généralSG/SM/10532
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, KOFI ANNAN, AU PALAIS DES NATIONS À GENÈVE, LE 22 JUIN 2006


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Bonjour Mesdames et Messieurs.  Je viens d’avoir un entretien très utile avec le Ministre iranien des affaires étrangères, M. [Manouchehr] Mottaki.  Comme vous le savez, l’Iran est en train d’étudier l’offre de négociation relative à ses plans dans le domaine de l’énergie nucléaire formulée par les membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne.  Je crois que l’Iran étudie cette offre très sérieusement, comme je l’avais exhorté à le faire, et j’espère que l’Iran apportera une réponse satisfaisante sans trop tarder.  L’Iran affirme que l’intérêt qu’elle porte à l’énergie nucléaire est uniquement inspiré par des fins pacifiques et j’ai exposé avec insistance aux dirigeants iraniens, dont M. Mottaki, qu’il est dans son plus grand intérêt d’en convaincre le monde en coopérant pleinement avec l’AIEA [Agence internationale de l’énergie atomique].


Je tiens à vous dire par ailleurs que, comme toujours, je suis très content de me trouver ici à Genève, et encore plus particulièrement cette semaine, car elle marque la première semaine d’existence du Conseil des droits de l’homme, lequel a pris, je le pense, un très bon départ ce lundi.  Comme je l’ai dit à cette occasion, c’est une chance réelle pour chacun d’entre nous de relancer le combat en faveur des droits de l’homme partout dans le monde et il appartient aux membres du Conseil, pas seulement à eux du reste mais aussi aux autres États Membres et à la société civile, de veiller à ne pas laisser passer cette chance.


J’ai également été très content hier d’avoir la chance de m’adresser aux participants à la Conférence du désarmement, ainsi que d’avoir de brèves consultations avec mon Conseil consultatif pour les questions de désarmement.  Comme vous le savez, le désarmement et la non-prolifération ont été réduits à la portion congrue dans le Document final du Sommet du mois de septembre et cette question en est donc devenue d’autant plus urgente, eu égard aux problèmes qui se posent actuellement avec l’Iran, et ces jours mêmes sur la péninsule de Corée.  J’ai vraiment le sentiment que les dirigeants mondiaux commencent enfin à prendre cette crise avec tout le sérieux voulu et j’espère que nous verrons la Conférence du désarmement, qui dans le passé a produit tant d’accords si importants, se régénérer.


Je tiens aussi à vous dire que nous suivons de très près la situation au Darfour, où l’accord de paix demeure aussi précaire qu’incomplet puisque deux des mouvements rebelles ne l’ont pas encore accepté.  J’attends avec intérêt le rapport de l’équipe d’évaluation conjointe UA [Union africaine]/ONU qui a été dépêchée sur le terrain et j’espère que la conférence d’annonce de contributions prévue le mois prochain à Bruxelles débouchera sur un soutien accru et plus vigoureux à la mission de l’Union africaine sur le terrain au Darfour.  Mais je persiste à croire qu’à moyen terme une force de maintien de la paix des Nations Unies est indispensable pour aider les parties à mettre en œuvre l’accord de paix et concourir à assurer la sécurité des personnes déplacées.  Nous n’avons pas encore obtenu l’accord des autorités soudanaises −et je pense que vous avez tous entendu l’allocution du Président [Omar Hassan Al-] Bashir rejetant l’idée d’une force des Nations Unies−, mais les pourparlers se poursuivent et j’espère qu’en fin de compte nous parviendrons à les convaincre d’accepter l’envoi d’une force des Nations Unies.  Nul, l’ONU moins que quiconque, n’aspire à imposer quoi que ce soit d’assimilable à un régime colonial à l’un de ses États Membres, alors que c’est une des craintes que le Président Bashir a émise pour justifier son refus d’une présence des Nations Unies.


Entre-temps, à New York comme à Genève, nous sommes fermement résolus à avancer sur le chemin de la réforme.  Le Conseil des droits de l’homme constitue un premier résultat important de ce processus, tout comme la Commission de consolidation de la paix, à la première session de laquelle je participerai demain à New York.  Nous sommes en outre désormais dotés d’un Fonds central autorenouvelable d’intervention d’urgence considérablement renforcé qui nous permettra de réagir bien plus rapidement en cas de crise humanitaire.  Nous avons de plus institué un fonds pour la démocratie destiné à aider les pays en transition à renforcer leurs institutions normatives et démocratiques.  Je n’avais jamais vu l’Assemblée générale travailler avec autant d’acharnement, tout l’hiver et tout le printemps, et il ne faut pas oublier que le Groupe de haut niveau sur la cohérence à l’échelon du système travaille également très énergiquement.  J’espère vivement, et je crois, que d’ici à la fin de mon mandat, en décembre, nous serons bien engagés sur la voie d’une Organisation des Nations Unies efficiente et efficace et d’un système plus cohérent des Nations Unies, permettant à la fois d’assurer aux États Membres un meilleur retour sur leurs contributions et de fournir de meilleurs services aux populations du monde entier, et plus particulièrement des zones dangereuses, mission qui est la finalité de notre existence.  Je vous invite à présent à poser vos questions.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, je vous remercie vivement d’avoir bien voulu nous consacrer un peu de votre temps, ce que nous apprécions beaucoup comme vous pouvez vous en convaincre par vous-même en voyant le grand nombre de personnes réunies dans ces murs.  Je souhaite simplement vous poser une question au sujet du Darfour. Comme vous l’avez dit, le Président Bashir a indiqué qu’il n’accepterait en aucune circonstance une mission de maintien de la paix des Nations Unies.  Alors je me demande, vu la dégradation de la situation humanitaire au Darfour, combien de temps au juste la communauté internationale peut se permettre d’attendre avant qu’un accord soit trouvé, sous une forme ou une autre, sur la manière dont traiter la question du Darfour. J e me demande également si vous attendez ou non du Conseil des droits de l’homme, réuni ici, qu’il entreprenne quoi que ce soit au sujet du Darfour durant sa session en cours.


Le Secrétaire général: Plusieurs tâches urgentes attendent la communauté internationale en ce qui concerne la situation au Darfour.  Avant toute chose, il nous faut exercer des pressions sur les parties qui ont signé l’accord afin de les amener à le mettre en œuvre de bonne foi et à le respecter.  Il nous faudrait exercer une pression constante sur les rebelles qui ne l’ont pas signé, ainsi que sur les parties extérieures à l’accord, pour les inciter à souscrire à l’accord et les pousser à le mettre en œuvre de bonne foi.  Il nous faudrait également prendre immédiatement des mesures d’urgence tendant à renforcer la force de l’Union africaine déployée sur le terrain afin qu’elle s’acquitte de son mandat et défende les populations proches d’elle.  Une conférence d’annonce de contributions est prévue à Bruxelles le mois prochain et j’espère que les gouvernements donneront, et qu’ils donneront généreusement, afin de doter les troupes de l’Union africaine des moyens de s’acquitter de leur mandat au Darfour.  Une assistance accrue de la part de la communauté des donateurs nous est en outre nécessaire afin d’être à même d’aider les personnes dans le besoin.  Vous n’avez pas oublié que le Programme alimentaire mondial s’est vu contraint de réduire ses rations, mais s’il obtient la réponse qu’il attend −comme je l’espère− il pourra à nouveau distribuer des rations entières d’ici au mois d’octobre.


Pour l’heure, l’ONU s’apprête à envoyer des troupes et à assurer la transition d’une force de l’Union africaine à une force des Nations Unies.  Nous ferons, à l’évidence, fond sur ce que l’Union africaine a mis en place et nous conserverons une partie des forces déployées par l’Union africaine.  La mission d’évaluation actuellement sur le terrain me rendra son rapport, d’ici à la semaine prochaine je l’espère, et nous finaliserons nos plans sur la base de ce rapport.  Il nous faudra cependant poursuivre nos pourparlers avec les autorités soudanaises.  Il importe d’obtenir leur coopération et leur soutien au moment du déploiement des troupes des Nations Unies.  Nous sommes déjà sur le terrain puisque nous avons 10 000 Casques bleus dans le sud du Soudan −alors les Soudanais savent comment nous fonctionnons et la résistance à laquelle nous nous heurtons de leur part est donc d’autant plus incompréhensible.  Mais comme je l’ai dit, les pourparlers se poursuivront mais, en tout état de cause, même s’ils aboutissent à un accord, plusieurs mois seront nécessaires pour dépêcher une force des Nations Unies sur le terrain.  C’est pourquoi il importe tant de prendre toutes les dispositions possibles en vue de renforcer la force de l’Union africaine de manière à ce qu’elle puisse maintenir la stabilité pendant la période de transition devant déboucher sur le déploiement de la force des Nations Unies.


En ce qui concerne le Conseil des droits de l’homme et son approche de la question du Darfour, je ne veux pas préjuger de ce qu’il entend faire et comment.  Le Conseil est une nouvelle instance que nous avons mise en place.  Nous l’avons encouragé à être actif et indépendant et à s’affirmer, alors attendons pour voir ce qu’il projette de faire.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, deux questions sur l’Iran.  Le Ministre iranien des affaires étrangères vous a-t-il donné la moindre indication que l’Iran pourrait être disposé à abandonner l’enrichissement de l’uranium? Deuxième question, pensez-vous que les Américains devraient s’impliquer davantage dans la recherche d’une solution diplomatique à ce conflit?  Merci.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je viens de rencontrer le Ministre iranien des affaires étrangères, et leur position est qu’ils viennent à la table des négociations sans conditions préalables, et que tout peut être abordé.  Cela englobe, je suppose, la question de l’enrichissement.  Les Iraniens prennent très au sérieux les propositions qui leur sont faites.  Je crois que nous avons tous entendu ce qu’ils en ont dit, et je suis vraiment convaincu qu’ils prennent ces propositions très au sérieux.


Sur la question de l’implication des États-Unis, nous avons pu constater un réel changement de la politique américaine lorsque les États-Unis ont indiqué qu’ils étaient disposés à participer aux négociations dès que la question de l’enrichissement ou de la suspension de cet enrichissement serait réglée.  J’espère que ce premier signe, que ce changement de position, donnera des résultats à mesure que nous avançons dans les discussions avec les Iraniens et que tôt ou tard –mais plus tôt que tard– les États-Unis entreront dans la négociation. Merci.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, je voudrais rapidement aborder deux points.  Le premier est que la communauté internationale s’est concentrée sur la question de l’élection d’un gouvernement démocratiquement élu en Palestine, au lieu de se concentrer sur l’occupation.  Je vous remercie d’ailleurs pour votre déclaration d’hier concernant les trois enfants palestiniens.  Mais comme vous le savez, des déclarations ne rendront jamais ces enfants à leur famille.  Alors, qu’est-ce que l’ONU peut faire à propos de cette situation d’occupation?  Ma deuxième question concerne votre successeur: qui aurait votre préférence pour vous succéder et est-ce qu’une femme peut devenir Secrétaire général?  Merci.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je ne sais comment répondre à votre question sur la Palestine, mais je dois dire que je suis extrêmement préoccupé par la situation sur le terrain et par la récente escalade de violence, qui a provoqué la mort d’innocents.  Comme vous l’avez dit, j’ai fait une déclaration hier.  De toute évidence, la communauté internationale est active sur le terrain auprès du Président, [Mahmoud] Abbas, et de son équipe.  Je note que de sérieuses discussions sont en cours entre des éléments du Fatah et des éléments du Hamas en vue de trouver un terrain d’entente permettant d’aller de l’avant.  J’espère qu’ils réussiront à s’entendre et à former, si possible, un gouvernement de coalition capable de réunir le peuple palestinien et d’aller de l’avant.  L’ONU et les autres membres de la communauté internationale agissent pour l’instant à travers le Quartet, mais il n’est pas exclu qu’à terme, d’autres initiatives plus larges soient nécessaires.


Pour ce qui est de votre question concernant le poste de Secrétaire général, je n’ai pas de candidat favori.  Très franchement, je suis heureux de ne pas me sentir concerné par cette question. Je ne suis ni pour ni contre personne et c’est une position très confortable.  Mais après 60 années d’existence, si l’ONU devait avoir à sa tête une femme, ce serait très bien.  Je crois que nous serions tous heureux de voir une femme devenir Secrétaire générale.  Mais que le meilleur gagne, que ce soit un homme ou une femme.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, à propos du travail du Conseil des droits de l’homme: à partir de la semaine prochaine le Conseil des droits de l’homme va se saisir de certaines affaires urgentes, est-ce qu’en général vous êtes en faveur que le Conseil organise des missions ponctuelles ou se saisisse des dossiers dans les pays où les Nations Unies ont des missions de «peace building» ou de «peace keeping»?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Quand c’est nécessaire, oui.  À vrai dire, il y a eu des missions de la Commissaire des droits de l’homme, par exemple en Côte d’Ivoire où on a déployé des troupes onusiennes.  Donc j’espère que le Conseil va continuer cette pratique, quand c’est nécessaire de faire des investigations.  Et je viens de demander à Mme Arbour, d’ailleurs, d’organiser une enquête sur la situation au Timor-Leste, qui se déroule en ce moment.  Donc je crois que ça fait partie des fonctions.  Merci.


Question (interprétation de l’anglais): J’ai deux questions pour vous, Monsieur le Secrétaire général.  Premièrement, est-ce que je peux revenir un petit peu en arrière sur votre rencontre avec le Ministre iranien des affaires étrangères?  Vous avez dit que vous attendiez une réponse, tôt ou tard.  Avez-vous une idée de quand plus tôt ou quand plus tard ce pourrait être? Je veux dire, est-ce que la mi-août ou la fin du mois d’août, comme l’a déclaré hier le Président iranien, serait selon vous trop tard?  Ma seconde question, pourriez-vous nous dire quelques mots de ce que vous pensez de la situation en Iraq à l’heure actuelle?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Dans mes discussions avec le Ministre iranien des affaires étrangères, la question du délai ou du calendrier a été abordée.  Selon moi, les Iraniens ne donneront pas une réponse avant la réunion à Saint-Pétersbourg du G-8.  Je m’attends à ce qu’ils donnent une réponse après cette réunion.  Je ne peux pas vous dire exactement quand.


Pour ce qui est de l’Iraq, je crois que nous sommes tous soulagés de voir qu’il existe en Iraq un gouvernement démocratiquement élu, mais la situation reste extrêmement complexe et précaire.  La violence n’a pas diminué, et rien n’indique qu’elle puisse diminuer dans un proche avenir.  Mais je crois que la communauté internationale doit trouver un moyen de travailler avec le nouveau gouvernement pour le soutenir, stabiliser la situation.  Il y a des discussions sur un éventuel pacte international, dont les autorités iraquiennes m’ont parlé.  Le Premier Ministre m’a appelé à ce sujet et le Ministre des affaires étrangères est venu me voir à New York la semaine dernière.  J’ai aussi eu l’occasion de discuter avec l’administration américaine, et d’autres gouvernements sont actuellement consultés, de façon que nous puissions trouver un moyen de soutenir le Gouvernement iraquien, de la même manière que nous avons soutenu l’Afghanistan, ce qui a conduit à la réunion sur l’Afghanistan à Londres en janvier dernier.  Nous sommes confrontés à une situation difficile, et je viens juste d’apprendre que les pays voisins allaient également se rencontrer –début juillet, dans la première semaine de juillet− pour voir ce qu’ils pourraient faire pour soutenir le nouveau gouvernement et travailler avec lui pour réduire la violence et les tensions dans le pays.  J’espère que ce sera utile.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, l’ONU avait instauré des mesures de confiance en ce qui concerne le conflit du Sahara occidental; or, depuis quelques temps, l’aspect humanitaire de ces mesures a été suspendu.  Je parle de la visite mutuelle entre les familles sahraouies de part et d’autre.  Il y a eu également la mission d’information du Haut-Commissariat des droits de l’homme qui avait écourté cette mission, notamment en Algérie.  Elle n’a pas pu visiter l’Algérie.  On constate un certain regain de tension et aussi la rareté des visites de M. Peter van Walsum, votre envoyé personnel.  Que comptez-vous faire pour relancer ces mesures qui incitent à l’optimisme concernant cette question?  Est-ce que M. Peter Van Walsum va visiter la région incessamment?  Merci Monsieur.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Commençons par M. van Walsum.  Je ne crois pas qu’il a un projet de visiter la région incessamment, mais il ira quand ce sera nécessaire.  Sur le plan humanitaire, je suis préoccupé aussi.  Et j’espère que les visites familiales peuvent recommencer.  C’est dommage que les droits de l’homme ont été obligés de raccourcir la mission.  En ce qui concerne l’Algérie: l’Algérie a une position claire disant qu’elle ne fait pas partie de la guerre, elle ne fait pas partie du conflit; elle est voisine, elle est prête à aider et à discuter avec des gens, mais on doit accepter que c’est un pays voisin et que l’on ne doit pas trop essayer de l’impliquer dans cette affaire.  Mais on suit le dossier de près.  Le Conseil de sécurité est saisi et j’espère qu’on va pouvoir faire bouger les parties concernées pour faire un peu de progrès.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, pourriez-vous nous faire part de vos observations concernant les allégations d’atrocités commises par des troupes américaines en Iraq.  Deuxièmement, si vous pouviez nous donner des précisions où en est en ce moment l’enquête au sein du système des Nations Unies sur les nouvelles allégations de violence et de mauvais traitements à l’encontre d’enfants dans des pays d’Afrique subsaharienne.  En 2002, vous avez annoncé une politique de tolérance zéro pour de tels comportements. Je vous remercie.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): La politique de tolérance zéro est établie et bien établie.  Nous avons pris des mesures pour appliquer cette politique et donné des instructions strictes à nos missions et à nos représentants spéciaux à cet égard.  Nous avons également augmenté le nombre de personnels qui travaillent sur ces questions.  C’est de toute évidence une question complexe et difficile, mais nous sommes déterminés à en venir à bout.  Bien sûr, seul le temps dira si on peut en venir à bout totalement et définitivement.  Mais ce qui est important c’est que nous soyons vigilants et que nous prenions des mesures.


Pour ce qui est de la première partie de votre question, comme je l’ai dit dans ma déclaration sur les droits de l’homme, nous devons respecter l’état de droit et les droits des individus.  Nous devons les respecter chez nous et à l’extérieur.


Question (interprétation de l’anglais): Bonjour, Monsieur le Secrétaire général.  Je voudrais savoir ce que vous pensez de la décision de l’Iran d’envoyer, comme représentant au Conseil des droits de l’homme, le Procureur général de Téhéran, Saeed Mortazavi.  Il a été mis en cause dans la mort d’une photographe canadienne −vous vous en souvenez sans doute− Zahra Kazemi.  Est-ce que cela est de bon augure pour le nouveau Conseil, et pour la rupture avec le passé que vous avez demandée?  Deuxièmement, et très rapidement, que peuvent faire les Nations Unies pour inciter la Somalie, dont la situation est complètement chaotique, à accepter une assistance humanitaire, car je crois savoir que personne ne peut entrer dans Mogadiscio.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Pour ce qui est de votre première question, cela ne vous surprendra pas que, en tant que Secrétaire général de l’ONU, je n’ai rien à dire de la composition des délégations nationales.  C’est une décision qui incombe à chaque gouvernement.  Je n’ai pas particulièrement connaissance de la personne que vous mentionnez.  Bien sûr, lorsque j’ai rencontré le Ministre des affaires étrangères aujourd’hui, je ne le connais pas, mais je crois qu’il ne faisait pas partie de cette délégation.  Mais je pense que les États membres qui composent le Conseil, et qui approuvent le Conseil, qu’ils soient au Conseil ou non, s’engagent à respecter les droits de l’homme, s’engagent à maintenir les normes les plus élevées et s’engagent à les défendre.  Dans ces conditions, nous comptons que ces pays se montrent réellement à la hauteur de leurs engagements, dans leurs paroles et dans leurs actes, dans la lettre et dans l’esprit.  Et j’encourage donc les gouvernements qui ont institué le Conseil et qui ont décidé de placer les droits de l’homme dans une nouvelle perspective, à rompre avec les pratiques du passé et à veiller à ce que des mesures soient prisent qui renforcent les droits de l’homme.


En Somalie, nous allons envoyer une mission.  En fait, j’ai parlé à M. Jan Egeland (Coordonnateur des Nations Unies pour les affaires humanitaires) qui est ici en Suisse avec tous les responsables humanitaires des Nations Unies du monde entier, réunis pour examiner la situation.  Et nous allons envoyer une mission d’évaluation, initialement pour évaluer la sécurité, mais nous allons peut-être y adjoindre quelqu’un des affaires humanitaires pour voir ce qui peut être fait.  Et cela sera suivi d’une mission humanitaire. J’ai également demandé instamment aux Somaliens de se rassembler et de s’unir pour contribuer à la reconstruction de leur nation; le Gouvernement transitoire et les tribunaux islamiques vont se rencontrer, et on peut espérer qu’ils parviendront à une certaine entente pour arrêter les combats et apporter à la population les services sociaux et autres dont elle a besoin.


Question (interprétation de l’anglais): Bonjour Monsieur le Secrétaire général.  J’aimerais savoir si vous vous prononcez en faveur du maintien du mécanisme des rapporteurs spéciaux et particulièrement pour vérifier la situation des droits de l’homme sur place dans les pays?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Oui, je crois que j’ai dit ça très clairement dans mon discours lundi. Ils ont fait du très bon travail.  On doit les maintenir.


Question (interprétation de l’anglais): Vous avez dit que vous n’aviez pas de candidat pour le poste de secrétaire général, mais avez-vous un favori pour la Coupe du monde de football?  Et que voudriez‑vous dire à l’équipe du Ghana qui rencontre aujourd’hui celle des États‑Unis?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Permettez-moi de dire que je suis fier des garçons de mon pays [rires].  Ils ont bien joué et je compte qu’ils joueront tout aussi bien aujourd’hui. Et s’ils jouent aussi bien qu’ils l’ont fait contre les Tchèques, alors rien n’est perdu.  Bien entendu, je vis aux États-Unis d’Amérique et je suis sûr que leur équipe jouera bien, mais il me semble que le Ghana part favori.  Et ce n’est pas moi qui le dit.  Le match devrait être amusant, mais à mon grand regret je serai coincé dans l’avion à ce moment là, en route pour New York.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, la réforme du Conseil de sécurité va-t-elle avancer avant que vous quittiez vos fonctions?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je suis convaincu de la nécessité de la réforme du Conseil de sécurité et j’ai dit à maintes reprises qu’aucune réforme de l’ONU ne serait complète sans réforme du Conseil.  Je suis sûre que nous parlerons de la question.  Sera-t-elle résolue avant décembre ou plus tard, je n’en sais rien.  Mais à mon avis, il est possible, avec de la volonté, de la régler avant décembre, et je serais heureux qu’il en soit ainsi.  Dans le cas contraire, les États Membres ne devraient pas renoncer.  Ils devraient continuer de travailler à cette réforme qui est un facteur de tension dans l’Organisation aujourd’hui.  Un grand nombre de Membres ont le sentiment que notre structure de gouvernance est anachronique et que le pouvoir est aux mains de cinq États Membres.  Cette situation doit cesser.


Le monde a changé depuis 1945, et l’ONU doit s’adapter. Sinon, tout sera affaire de pouvoir, même la question de la réforme de l’administration.  C’est comme ça que les gens le voient −quel est le bloc qui gagne, quel est celui qui perd.  Et les cinq membres permanents n’ont pas arrangé les choses, car lorsque nous avons créé la Commission de consolidation de la paix, ils ont tout fait pour que cinq sièges leur soient réservés, et ils les ont obtenus.  Et lorsque nous avons commencé à parler du Conseil des droits de l’homme, ils ont bien entendu eu la même exigence, mais ils ont dû reculer face à la réaction des autres Membres de l’Organisation.  Ce type de comportement donne aux autres l’impression que l’appétit de pouvoir des puissants est insatiable.  Et il mène à des tensions. Je pense donc que nous devons véritablement réformer le Conseil pour le rendre plus représentatif et plus démocratique.  Je suis convaincu que si nous y parvenons, la légitimité du Conseil en sera encore renforcée. Merci.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, qu’attendez-vous de la réunion sur les migrants.  Nous vivons dans un monde où les frontières ont disparu, à l’ère de la technologie de pointe.  Mais en Afrique, en Amérique latine et en Europe, les frontières sont devenues le lieu de tous les conflits et de toutes les tensions.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Nous allons tenir un dialogue de haut niveau sur la question des migrations en septembre à l’ONU, et je pense qu’il est grand temps.  Vous vous souvenez peut-être qu’il y a deux ou trois ans environ j’ai encouragé la création d’une commission mondiale sur les migrations internationales, laquelle m’a remis un rapport l’année dernière, un bon rapport, et j’espère que certains d’entre vous le liront.  Nous l’avons pris comme point de départ d’un nouveau rapport qui sera présenté aux États Membres en prévision du dialogue de septembre. La question des migrations n’est pas près de disparaître.  Nous ne pouvons pas arrêter les migrations.  Mais ce que nous devons faire, c’est trouver un moyen de les gérer dans l’intérêt du pays d’origine et du pays d’accueil, et en respectant les droits des migrants.  Les migrations sont une réalité incontournable et, bien gérées, elles seront profitables à tous les intéressés.  D’ailleurs, certains pays du monde développés ne peuvent maintenir leur niveau actuel de prospérité économique que grâce aux migrants.  C’est comme ça, et j’espère que les États Membres viendront à New York prêts à discuter dans un esprit d’ouverture et de franchise, à mettre en commun les pratiques optimales et à tirer parti mutuellement de leurs expériences, mais aussi à coopérer et travailler ensemble au règlement de la question.  Il y a de très bons exemples, même dans les cas de retour, de migrants qui ont bénéficié d’une aide pour rentrer chez eux et pour se réinstaller.  C’est comme ça que les choses doivent se passer.  J’ai également proposé qu’à la fin de la réunion −qui ne devrait pas rester ponctuelle− nous mettions en place un forum ouvert qui permettra aux gouvernements, à la société civile et au secteur privé de se rencontrer régulièrement pour discuter des questions de migrations et mettre leur expérience en commun.  J’espère que cette idée de forum ralliera les États Membres.  Merci.


Question (interprétation de l’anglais): La République démocratique populaire de Corée se prépare à lancer un nouveau missile de longue portée qui peut atteindre les Etats-Unis.  Qu’en pensez-vous?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je voudrais d’abord dire ma déception que les pourparlers à six soient dans l’impasse depuis si longtemps.  L’accord sur les principes nous a donné de l’espoir à tous.  J’ai déjà parlé de cette question et dit qu’étant donné la situation dans la péninsule et les tensions qui y règnent, l’essai de ce type d’arme à l’heure actuelle dans la région ne paraissait pas une bonne chose, alors que la question nucléaire n’est pas réglée.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, vous avez évoqué l’inquiétude de la communauté internationale concernant le programme nucléaire iranien.  Il y a une initiative dans la région qui date de 1995, celle de faire du Moyen-Orient une zone dénucléarisée.  Si telle est la volonté de la communauté internationale pour résoudre un problème, pourquoi ne pas choisir ce cadre là pour résoudre tous les problèmes, y compris le programme nucléaire israélien?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je soutiens cette idée de zone dénucléarisée. J’ai eu l’occasion de discuter cette question avec les chefs d’État de la région. Je crois qu’eux aussi soutiennent cette idée.  C’est une des raisons pour lesquelles on doit pouvoir régler cette affaire iranienne pacifiquement, et nous assurer que l’intention est vraiment pacifique.  En ce qui concerne la situation israélienne, je ne sais pas quoi vous dire, mais l’essentiel est qu’il n’y a pas d’autres pays dans la région qui essayent d’acquérir des armes nucléaires.  Ce qui est essentiel si vraiment on cherche à avoir une zone dénucléarisée, c’est que tout le monde évite la tentation de développer une capacité nucléaire.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, pouvez vous nous dire ce qui, à votre avis, n’a pas marché au Timor-Leste, considéré comme le théâtre de l’une des opérations réussies des Nations Unies?  Êtes-vous sûr que l’ONU peut rétablir la stabilité dans ce pays?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Nous sommes tous très déçus par ce qui se passe au Timor-Leste.  Je pense que l’ONU, comme vous l’avez dit, a véritablement aidé la population de ce pays à établir une nouvelle nation et j’étais moi-même sur place au moment historique où, à minuit, les Timorais ont obtenu l’indépendance.  Je pense que divers problèmes se posent, problèmes de personnalités, de leadership et de mauvaise gestion de la situation d’un groupe d’environ 600 policiers qui ont quitté la police et ont le sentiment de ne pas avoir été bien traités.  Vous le savez, une équipe de l’ONU est sur place conduite par M. [Sukehiro] Hasegawa.  J’avais aussi envoyé Ian Martin pour évaluer la situation et me dire ce qui s’était passé, et il retournera au Timor-Leste avec une équipe pour discuter avec les autorités et déterminer ce que l’ONU peut encore faire pour aider le pays.


En attendant, le Timor-Leste nous a demandé d’envoyer un contingent de police relativement important pour aider à rétablir le calme.  Ce contingent, si le Conseil en approuve l’envoi, travaillera avec les forces internationales qui sont sur place et viennent d’Australie, de Nouvelle-Zélande et de Malaisie, ainsi qu’avec la force de police du Portugal.  La nature de la mission future de l’ONU et la forme qu’elle prendra dépendra en grande partie du rapport de la mission d’évaluation qui, je l’ai dit, est conduite par Ian Martin, et des décisions prises par le Conseil de sécurité.  Mais j’envisage bien une mission renforcée des Nations Unies au Timor-Leste.  Quant à sa composition –policiers et spécialistes du renforcement des institutions, des élections et de la gouvernance, ou contingents militaires– ce sera au Conseil d’en décider. Je vous remercie.


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