SG/SM/10443

KOFI ANNAN DÉCLARE QUE L’ONU ET L’AMERICAN JEWISH COMMITTEE S’ATTACHENT À UNE MISSION MONDIALE COMMUNE POUR PRÉVENIR LES GÉNOCIDES ET PROTÉGER LES DROITS DE L’HOMME

5 mai 2006
Secrétaire généralSG/SM/10443
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

KOFI ANNAN DÉCLARE QUE L’ONU ET L’AMERICAN JEWISH COMMITTEE S’ATTACHENT À UNE MISSION MONDIALE COMMUNE POUR PRÉVENIR LES GÉNOCIDES ET PROTÉGER LES DROITS DE L’HOMME


On trouvera ci-après l’allocution prononcée par le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, au dîner du centenaire de l’American Jewish Committee, à Washington D.C., le 4 mai


Je suis très honoré de me trouver parmi vous ce soir.


Au moment où l’Organisation que je dirige a été fondée, la vôtre se consacrait déjà depuis près de 40 ans à la défense des droits civils des Juifs, et de la dignité humaine au sens le plus large du terme.  L’American Jewish Committee est donc une des quelques organisations non gouvernementales qui étaient présentes à la création de l’ONU.  Votre illustre représentant, Jacob Blaustein, fut une des personnalités les plus influentes à la conférence.  Et l’institut qui porte son nom continue de jouer un rôle déterminant dans l’action des Nations Unies en faveur des droits de l’homme, grâce au dynamisme de sa directrice, Felice Gaer.


Ces dernières années surtout, l’ONU et la communauté juive se sont rapprochées.


L’ONU met tout en œuvre pour combattre l’antisémitisme et les autres formes de discrimination.


L’année dernière, l’Assemblée générale a, enfin, tenu une session extraordinaire pour marquer le soixantième anniversaire de la libération des camps nazis.


Et cette année, nous avons célébré pour la première fois la journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste, qui sera désormais observée chaque année le 27 janvier.


L’Organisation des Nations Unies est, je le crois et l’espère, ce qu’elle devrait être en tout temps: un lieu où les Juifs se sentent chez eux.


C’est aussi une Organisation au sein de laquelle, de plus en plus, l’État d’Israël a les mêmes droits et responsabilités que tous les autres Membres.  Mon ami Danny Gillerman est actuellement un des vice-présidents de l’Assemblée générale.  Et depuis quelques années, à New York, Israël fait partie d’un des groupes régionaux de l’Assemblée, celui des pays d’Europe occidentale et des autres États.  J’espère que le groupe trouvera bientôt le moyen d’associer Israël à ses délibérations à Genève et à Vienne également.


Cette évolution doit réjouir chacun, car notre monde connaît de grandes difficultés et il faut que les Juifs, en particulier les membres de votre Comité, puissent apporter toute leur contribution aux travaux menés sur toutes les questions mondiales.


Mardi prochain, l’Assemblée générale élira les premiers membres du nouveau Conseil des droits de l’homme de l’ONU.  Comme vous le savez, ce Conseil remplacera la Commission des droits de l’homme, qui s’est récemment discréditée en ne s’intéressant qu’aux violations commises dans quelques États tout en fermant les yeux sur la situation dans d’autres États.


Le Conseil des droits de l’homme est censé mettre fin au système du deux poids deux mesures, notamment en examinant régulièrement la situation des droits de l’homme dans tous les pays, à commencer par ses propres membres.  Ces membres devront aussi observer les normes les plus élevées en matière de droits de l’homme et seront élus directement et individuellement à la majorité absolue des membres de l’Assemblée générale.  Ceux qui commettent des violations flagrantes et systématiques des droits de l’homme seront éventuellement suspendus. 


Comme vous le savez, les États-Unis ont décidé de ne pas se présenter à cette élection.  Mais ils se sont engagés à soutenir le Conseil et à coopérer avec lui en vue de se porter candidat prochainement.  Je compte que l’Administration, ainsi que les groupes de la société civile tels que le vôtre, useront de leur influence pour que des États véritablement et fermement déterminés à protéger les droits de l’homme soient élus, et permettent au Conseil de prendre un bon départ, sans traîner derrière lui le passé de la Commission.


Ce que nous célébrons en réalité aujourd’hui, c’est le fait que personne ne vous demande de choisir entre être Juif et être Américain.  Au contraire, chacun comprend que l’Amérique s’enrichit de ce que vous lui apportez de particulier en tant que Juifs.  Cela n’a pas toujours été vrai.  Si ce l’est aujourd’hui, c’est notamment grâce au travail inlassable de votre organisation.  C’est un exemple merveilleux pour tous les autres pays où coexistent des groupes de convictions ou de traditions différentes.  Je voudrais que tous les pays apprennent de votre expérience et s’en inspirent.


Je voudrais aussi que de mon vivant, de la même façon que les Juifs américains sont acceptés comme citoyens à part entière, sans réserve, par tous leurs concitoyens, Israël soit accepté sans réserve par l’ensemble de la famille des nations. 


Nous savons tous ce qu’il faudra pour cela: un Moyen-Orient en paix au cœur duquel deux États, Israël et la Palestine, vivent côte à côte, dans des frontières sûres, pacifiquement et dans le respect mutuel.


J’ai apprécié la passion avec laquelle, le soir des élections législatives en Israël, le Premier Ministre, M. Olmer, a parlé de la nécessité de créer des conditions dans lesquelles les deux peuples puissent réaliser leurs rêves de prospérité et de paix.


Nous savons tous, malheureusement, que lui et le Président Abbas devront surmonter d’énormes obstacles pour que les Israéliens soient véritablement en sécurité et pour que les Palestiniens aient leur propre État.  Certains de ces obstacles semblent avoir grandi encore ces derniers mois et ces dernières semaines. 


Mais je refuse de désespérer.  De nombreux signes montrent encore que la paix est ce que veulent la majorité des Israéliens et des Palestiniens, même s’ils ont du mal à admettre que cette aspiration leur est commune.  Et il demeure vrai que certaines mesures provisoires pourraient apporter un certain répit, mais qu’une paix réelle et durable passera nécessairement par un véritable accord.


Je sais qu’il est facile de parler de ce rêve, et beaucoup plus difficile de le réaliser.  Mais je vous promets que l’Organisation des Nations Unies et ses partenaires du Quatuor seront là pour aider, et pour coopérer avec quiconque aspire véritablement à la paix, jusqu’à ce que l’objectif soit atteint. 


Alors que nous marquons ce jalon important de votre histoire, pensons aussi aux liens profonds et productifs qui unissent nos deux organisations.  Nos objectifs communs –prévenir les génocides et protéger les droits de l’homme– nous attachent à une mission mondiale commune.  Atténuer la souffrance, partout où elle existe, faire triompher la justice, partout où elle fait défaut, ce sont là nos grandes priorités.  Avec ce fil qui relie nos organisations, j’espère que nous pourrons tisser une solide étoffe de paix. 


Une fois de plus, félicitations pour ces 100 ans d’action et de victoires.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.