À L’INAUGURATION DU GLOBAL CITIZENSHIP INSTITUTE DE SAINT PAUL, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DÉCLARE QUE LA VISION MONDIALISTE EST « LE CŒUR ET L’ÂME » DU MACALESTER COLLEGE
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À L’INAUGURATION DU GLOBAL CITIZENSHIP INSTITUTE DE SAINT PAUL, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DÉCLARE QUE LA VISION MONDIALISTE EST « LE CŒUR ET L’ÂME » DU MACALESTER COLLEGE
(Publié le 27 avril, retardé à la traduction)
On trouvera ci-après le texte des observations faites par le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à la cérémonie organisée au Macalester College à l’occasion de l’inauguration de l’Institute for Global Citizenship le 22 avril à Saint Paul:
Je vous remercie, Président Rosenberg, pour ces aimables paroles.
Et bonjour, Macalester! C’est merveilleux de se retrouver ici. Venir à Macalester, pour moi, c’est un peu revenir à la maison.
Je suis très touché d’avoir l’occasion de participer à l’inauguration de l’Institute for Global Citizenship, dont la mission –consolider l’engagement de Macalester dans les domaines de l’internationalisme, du multiculturalisme et de l’entente internationale– est d’une importance capitale. Je voudrais féliciter tous ceux qui ont contribué au succès de cette entreprise et voudrais leur dire que je suivrai avec grand intérêt et la fierté de l’ancien diplômé que je suis les activités de cette nouvelle université à partir de la rentrée d’automne.
La création de cette institution est le dernier témoignage de la vision mondialiste qui est depuis toujours le cœur et l’âme de Macalester. Aujourd’hui, j’ai eu l’honneur d’assister au lever du drapeau de l’ONU sur la pelouse principale. Je me souviens qu’à mon arrivée ici, à l’automne de 1959, le drapeau de l’ONU y flottait déjà depuis neuf ans!
Ce qui me fait dire que cette université, qui formera des citoyens du monde, ne pouvait pas choisir un meilleur endroit pour s’implanter et s’épanouir.
L’ouverture de cet établissement ne pouvait pas non plus intervenir à un moment plus critique pour la communauté internationale et les Nations Unies. L’humanité se trouve confrontée plus que jamais à des problèmes d’ordre planétaire comme la pauvreté et les inégalités, la prolifération nucléaire, les changements climatiques et la grippe aviaire, le terrorisme et le virus du sida, le nettoyage ethnique et le génocide, le trafic de personnes et de corps humains. Il faut unir nos efforts pour trouver des solutions à l’échelle planétaire aussi.
Les dirigeants du monde l’ont compris à leur rassemblement de septembre dernier à l’occasion du Sommet mondial 2005, année du soixantième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies. À mon avis, les générations à venir jugeront ce sommet comme un fait marquant dans l’histoire de l’Organisation. Certes, il n’a pas permis d’exaucer tous nos vœux, mais des progrès notables y ont été enregistrés.
Les dirigeants du monde ont en effet reconnu que les notions de développement, de sécurité et de droits de l’homme ne sont pas seulement importantes en tant que telles, mais qu’elles se renforcent mutuellement.
Les trois aspirations fondamentales de l’humanité –vivre à l’abri du besoin, vivre à l’abri de la guerre ou de la violence généralisée et vivre à l’abri des traitements arbitraires ou dégradants– sont étroitement liées. Il ne peut pas y avoir de sécurité à long terme sans développement, et il ne peut pas y avoir de développement sans sécurité. Et aucune société ne peut vivre en sécurité ou prospérer sans respect des droits de l’homme et de l’état de droit.
Le Sommet a aussi réaffirmé sans équivoque la détermination des chefs d’État et de gouvernement de réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement, qui ont été adoptés par tous les gouvernements de la planète comme la charpente d’un monde meilleur au XXIe siècle. Les huit objectifs, qui visent, entre autres, à réduire de moitié l’extrême pauvreté, à enrayer la propagation du VIH/sida et à assurer l’éducation primaire pour tous, ont pour échéance l’année 2015. Ce sont des objectifs simples, mais forts, auxquels il est facile d’adhérer et qu’il est facile de comprendre, qu’on soit du Minnesota ou de Malaisie.
Sur un point essentiel, le devoir de protéger, le Sommet a fait un pas décisif, tous les États Membres ayant accepté de porter la responsabilité individuelle et collective de protéger leurs populations contre les menaces de génocide, de nettoyage ethnique ou de crimes contre l’humanité.
D’autres mesures importantes ont été prises depuis la fin du Sommet. Les États Membres ont créé une nouvelle commission de consolidation de la paix afin de mieux gérer les périodes de transition de la guerre à la paix. Ils ont constitué le Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires pour aider les victimes des catastrophes humanitaires. Un Fonds pour la démocratie a été créé pour renforcer les institutions et garantir l’exercice des droits démocratiques des peuples. Il y a peu de temps, l’Assemblée générale a créé un nouveau Conseil des droits de l’homme, initiative historique qui nous permettra de rétablir la crédibilité de l’Organisation comme le chantre des peuples opprimés.
Par ailleurs, l’Assemblée générale est en train de revoir la totalité des mandats dont elle a la charge et qui ont été confiés à l’Organisation entre 1946 et 2001. Ce n’est certes pas une tâche facile, mais elle permettra d’éliminer les doubles emplois et le gaspillage, et d’adapter notre travail aux préoccupations actuelles des États Membres de l’Organisation.
Pour ma part, j’ai présenté aux États Membres une nouvelle série de propositions visant à modifier profondément les pratiques de gestion de l’Organisation. M’inspirant des réformes précédentes, je m’efforce de faire des Nations Unies un outil plus transparent, plus apte à rendre des comptes et plus efficace au service de l’humanité.
Mais le Sommet a enregistré aussi des désaccords. Ma plus grande déception a été le manque de progrès sur la voie du désarmement et de la non-prolifération. Car y a-t-il aujourd’hui une menace plus grave que celle d’une arme nucléaire qui tomberait entre les mains de terroristes, ou serait utilisée par un État à la suite d’un terrible malentendu ou d’une erreur d’appréciation?
Plus il y a d’États dotés de telles armes, plus le risque est grand. Et plus les États qui en possèdent déjà augmentent leurs arsenaux ou prétendent que ces armes sont indispensables à leur sécurité nationale, plus d’autres États voudront en posséder aussi, pour leur propre sécurité.
Pendant 35 ans le régime du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaire (TNP) a assuré, avec un succès considérable, la protection de l’humanité contre un tel danger. Aujourd’hui, ce régime est remis en question.
C’est l’Iran qui est montré du doigt dans ce domaine, à juste titre d’ailleurs, car il y va du respect de ses obligations conventionnelles et de ses engagements. Les signataires du TNP se sont en effet engagés solennellement à ne développer de l’énergie nucléaire qu’à la condition expresse de ne pas fabriquer ou d’acquérir l’arme nucléaire, et à se conformer aux normes de fabrication et de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Mais si on prend du recul par rapport à l’actualité, il est évident qu’il n’est plus possible d’aller de crise en crise, jusqu’à ce que le TNP soit enseveli sous un tapis d’armes nucléaires.
Deux fois l’an dernier, à l’occasion de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et du Sommet mondial, les gouvernements ont eu l’occasion de consolider les fondements du régime du TNP en acceptant de renforcer les inspections de l’AIEA, d’offrir des incitations et garanties aux pays qui s’engagent à renoncer à l’enrichissement et au retraitement de matières fissibles et de prendre des mesures énergiques pour honorer leurs engagements en matière de désarmement. Par deux fois, les gouvernements ont échoué dans ces tentatives. Il n’est plus permis de gâcher de telles occasions.
L’autre grand échec du Sommet a été, naturellement, le désaccord sur l’élargissement du Conseil de sécurité. L’actuelle composition de cet organe donne l’impression que son pouvoir repose sur une base très étroite, avec cinq pays qui font la pluie et le beau temps. De plus, cette composition ne reflète pas les réalités géopolitiques de notre temps. J’ai appelé cette situation un déficit démocratique. La base du Conseil doit être étendue. Tôt ou tard, le Conseil devra être élargi.
Comme vous le constatez, nos objectifs sont ambitieux. Pour les réaliser, il ne faudra pas compter uniquement sur les gouvernements et les fonctionnaires internationaux. Il faudra également mobiliser les électeurs, la société civile et toutes les personnes de bonne volonté, de tous âges, de pays riches comme pauvres, capables de penser et d’agir comme des citoyens du monde, de discerner les occasions qui se présentent à l’humanité et les menaces qui planent sur elle. Telle est, après tout, l’essence d’un multilatéralisme efficace.
Et c’est aussi pourquoi l’ouverture de cette université est si importante. Nous avons tous des choix à faire. On peut décider de ne rien dire et de ne pas s’impliquer ou de s’engager et d’agir. Ici à Macalester, vous avez choisi l’engagement, et il y a beaucoup à faire.
Vous pouvez travailler dans la recherche, l’encadrement et la mobilisation. Vous pouvez contribuer à ce que les gouvernements tiennent leurs engagements. Vous pouvez les inciter à regarder au-delà de leurs intérêts immédiats. Vous pouvez renforcer les moyens de dialogue entre pays, cultures et communautés, ou en trouver de nouveaux.
Mais quelle que soit votre mission de citoyens du monde, vous saurez corriger, j’en suis persuadé, la perception erronée selon laquelle l’Amérique est devenue un pays insulaire, qui ne prête aucune attention à ce qui se passe dans le reste du monde.
Je voudrais également que vous considériez l’Organisation des Nations Unies comme un lieu où les Américains sauront œuvrer, aux côtés des autres peuples de la planète, au service de la liberté, de la prospérité et de la paix. Je suis reconnaissant pour votre engagement et vous présente mes meilleurs vœux de réussite dans votre entreprise.
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