LORS D’UN DÎNER DE COLLECTE DE FONDS, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AFFIRME QU’IL EST POSSIBLE D’ÉLIMINER LE DANGER DES MINES SI TOUT LE MONDE Y MET DU SIEN
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
LORS D’UN DÎNER DE COLLECTE DE FONDS, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AFFIRME QU’IL EST POSSIBLE D’ÉLIMINER LE DANGER DES MINES SI TOUT LE MONDE Y MET DU SIEN
(Publié le 11 avril – retardé à la traduction)
On trouvera ici les observations faites par le Secrétaire général à l’occasion du dîner de « Night of a Thousand Dinners », donné le 4 avril à New York, dans le cadre de la campagne « Adopt-a-Minefield » qui vise à mobiliser des fonds privés pour le déminage des champs de mines les plus dangereux:
Avant de commencer, je tiens à vous dire à quel point j’ai été impressionné par les chefs qui nous ont parlé ce soir, pour deux raisons: d’abord, pour la qualité du repas qui nous a été servi, et, ensuite, pour la brièveté de leurs interventions. Si je pouvais les garder ici, pour apprendre aux diplomates et aux ambassadeurs à être aussi brefs à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité, nos délibérations gagneraient en efficacité.
Je suis très heureux d’être ici ce soir. Je suis très reconnaissant de l’estime que vous portez aux activités des Nations Unies en matière d’élimination des mines et enchanté que vous ayez décidé de nous rendre hommage à l’occasion du dîner de gala de « Night of a Thousand Dinners » de cette année.
Les mines sont d’impitoyables engins de guerre. Ces tueurs invisibles se terrent sans faire de bruit longtemps après la fin des conflits, prêts à tuer et à mutiler. Ces mines des guerres du siècle passé continuent de faire de nouvelles victimes; leur nombre ne cesse d’augmenter.
Une seule mine, ou même la crainte d’une mine, et toute une communauté est paralysée: les agriculteurs s’arrêtent de labourer, les réfugiés refusent de rentrer chez eux, les enfants ne jouent plus. Les mines entravent l’acheminement des secours alimentaires et retardent le déploiement de soldats de la paix. Dans les sociétés qui sortent d’un conflit, les mines sont l’un des principaux obstacles à la reconstruction et à la reprise économique.
Pourtant ce fléau du siècle dernier pourrait être éliminé en ce début de siècle nouveau. L’entrée en vigueur rapide de la convention de 1997 interdisant les mines antipersonnel traduit la condamnation formelle de ces armes par la communauté internationale. Le traité, qui compte 150 États parties, a déjà donné des résultats concrets. Gouvernements, donateurs, organisations non gouvernementales et les Nations Unies collaborent plus que jamais au règlement de ce problème, dans plus d’une trentaine de pays. La production et la pose des mines sont en baisse. Le commerce mondial des mines est pratiquement au point mort. Les stocks de mines ont été détruits. Les opérations de déminage s’intensifient. Les campagnes d’information sur la question se sont multipliées.
En fait, je vais vous raconter ma propre expérience avec une mine. Ça s’est passé lors de ma visite aux opérations de maintien de la paix de l’ONU dans le sud du Liban. Le commandant de la Force était un général suédois, Lars Eric Wahlgren. Il m’a emmené dans un champ pour me montrer des mines. J’en avais vu quelques-unes dans son bureau. Il m’en a montré une alors qu’on approchait d’un panneau Stop. Je me suis arrêté et il m’a dit: « N’allez pas plus loin », en m’expliquant qu’il s’agissait d’une des mines les plus dangereuses car elle était activée par les mouvements et le poids de la personne qui se trouvait à proximité. Je lui ai demandé ce qu’il fallait faire lorsqu’on tombait nez à nez avec ce type d’explosifs. Il m’a répondu: « C’est à vous de voir, parce que si vous faites des gestes brusques, la mine se déclenche et vous êtes mort. Donc c’est à vous de décider quelle jambe perdre, la gauche ou la droite. Ensuite, vous posez votre jambe sur la mine. Et vous serez O.K. Vous perdrez la jambe, mais après on vous soignera ». Et je lui ai dit: « Vous, soldats, vous savez ce qu’il faut faire. Mais les civils? les femmes? les enfants? » C’est le problème que nous avons avec ces armes effrayantes.
Le message est clair et doit être entendu: les mines n’ont leur place dans aucune société civilisée.
L’objectif d’un monde sans mines semble réalisable dans quelques années, pas plusieurs décennies comme on le croyait. Mais pour y arriver, il convient que chacun de nous – donateurs, simples particuliers et pays les plus touchés par ce fléau – concentrions nos efforts et nos imaginations à la cause du déminage. Nous avons été très efficaces dans la pose des mines; il faudra se montrer plus efficaces encore pour s’en défaire. Chaque mine neutralisée peut sauver une vie. Chaque mine neutralisée contribue à l’établissement de conditions propices à une paix durable.
Des initiatives comme « The Night of the Thousand Dinners » sont indispensables pour collecter des fonds à cette fin. Ces dîners permettent de mobiliser davantage l’engagement de la communauté internationale, des simples individus et des organisations locales, dans la campagne contre les mines.
Les sommes réunies aujourd’hui permettront des opérations de déminage dans quelques-unes des régions les plus minées du monde, comme l’Afghanistan, la Bosnie-Herzégovine, le Cambodge et le Mozambique. Témoin oculaire des effets catastrophiques qu’ont les mines sur les habitants de ces pays, je peux vous assurer que les dépenses consacrées au déminage et à l’aide aux victimes sont prioritaires.
Mais je suis convaincu que vous savez déjà tout cela. C’est pourquoi vous êtes ici aujourd’hui. Je voudrais donc simplement vous remercier de votre soutien, et vous souhaiter une bonne soirée. Je crois qu’on a tous bien dîné. Je ne sais pas du tout ce qui suit. En tous les cas, ç’a été une merveilleuse soirée. Merci, les chefs.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel