En cours au Siège de l'ONU

SG/2117

TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DÉSIGNÉ, M. BAN KI-MOON, AU SIÈGE DES NATIONS UNIES, LE 13 OCTOBRE

14/10/2006
Secrétaire généralSG/2117
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TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DÉSIGNÉ, M. BAN KI-MOON, AU SIÈGE DES NATIONS UNIES, LE 13 OCTOBRE


M. Ban Ki-moon (interprétation de l’anglais): Merci beaucoup pour votre aimable présentation, merci beaucoup de votre patience, merci de m’avoir attendu.  Je ne savais pas qu’il y aurait autant de personnes en ligne pour me féliciter.  Je suis très heureux d’avoir cette première conférence de presse à la suite de ma nomination comme futur Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies.  Mesdames et Messieurs, je suis très heureux de rencontrer les représentants de la presse.  J’espère que ce sera le début d’un dialogue constructif avec chacun d’entre vous, qui se poursuivra au cours des années à venir.  Cela va sans dire, je suis très reconnaissant aux Membres des Nations Unies de m’avoir choisi comme huitième Secrétaire général de l’ONU.  J’espère que mon discours d’acceptation a permis à toutes les parties prenantes et tous les Membres de comprendre clairement qu’ils ont en moi un Secrétaire général ouvert et soucieux de travailler avec eux. 


Je remercie également les autres candidats qui étaient en lice dans un esprit de bonne volonté fondée sur un respect et une amitié mutuels.  Ce sont tous des chefs hautement qualifiés.  J’espère pouvoir toujours compter sur leur coopération et leurs conseils alors que je m’acquitterai de mes tâches de Secrétaire général.  J’attends également avec intérêt de travailler très étroitement avec chacun d’entre vous, les membres de la presse, pour rapprocher les Nations Unies des gens dans le monde.  Vous avez un rôle très important à cet égard, pour me permettre de m’acquitter de mes tâches.  Je suis parfaitement conscient des défis immenses que devra relever le prochain Secrétaire général.  Je vois trois axes où des actions concertées sont nécessaires.  La première est de rétablir la confiance entre toutes les parties prenantes.  L’action de l’ONU dépend de la volonté politique des Membres, et cette volonté ne peut émerger dans un climat de méfiance.  La division qui prévaut actuellement est préoccupante.  En tant que Secrétaire général, je consacrerai tout le temps et l’énergie nécessaires pour essayer de combler le fossé qui existe.  Il faut tout d’abord que je gagne la confiance de toutes les délégations.  Cela ne tient pas de la magie mais de rien d’autre qu’un travail acharné et d’une volonté sincère de promouvoir le dialogue. 


Le deuxième axe est de poursuivre les réformes en cours au niveau de la gestion du Secrétariat.  Ceci est essentiel pour la revitalisation de cette Organisation.  Encore une fois, des idées de réforme importantes ont échoué en raison d’une méfiance avérée entre les Membres des Nations Unies.  Je suis néanmoins déterminé à maintenir l’élan de la réforme pour que nous puissions bâtir un Secrétariat du XXIe siècle pour une Organisation du XXIe siècle. 


Le troisième axe consiste à renforcer la cohérence et la coordination.  L’ONU est tout simplement surchargée de travail.  Elle n’a pas les ressources nécessaires.  Un rapport sur cette question vient d’être publié et au début du mois de novembre, il y aura une réunion de haut niveau pour discuter des résultats de ce rapport.  Les résultats ne seront peut-être pas aussi ambitieux que ce qu’auraient souhaité certains, mais je suis convaincu qu’il sera possible de prendre des mesures concrètes pour éviter les chevauchements et les doubles emplois, et pour rationaliser le travail aux fins d’une meilleure utilisation des ressources et d’une meilleure qualité de services. 


Il y a également des défis très importants dans les domaines de la paix, du développement et des droits de l’homme.  L’essai nucléaire mené par la Corée du Nord au début de cette semaine est un rappel à l’ordre.  J’espère que le Conseil de sécurité adoptera rapidement une résolution claire et forte sur cette question.  La question du nucléaire iranien, la crise sécuritaire et humanitaire au Darfour, le Moyen-Orient et les conflits en Afrique exigent également une réponse concertée.  Réaliser les OMD d’ici 2015, et en particulier dans les pays les moins avancés, et intégrer la question des droits de l’homme dans tout le travail de l’ONU, sont également des impératifs.  En tant que Secrétaire général, j’ai l’intention d’utiliser toute mon expérience, tout mon réseau d’amis et de collègues que j’ai forgés au cours de ces dernières décennies dans le service diplomatique d’un pays aux défis uniques en matière de politique étrangère, pour être à la hauteur de ces tâches.  Après ces brèves remarques, j’aimerais entendre vos questions. 


Question (interprétation de l’anglais): Votre Excellence, au nom de l’Association des correspondants des Nations Unies, j’aimerais vous féliciter très chaleureusement de votre désignation au poste de Secrétaire général de l’ONU, et j’attends avec intérêt de travailler avec vous au cours des cinq prochaines années.  Vous avez dit dans votre allocution que vous étiez empli d’espoir et d’optimisme.  En ce qui concerne le Moyen-Orient et le Liban, jusqu’à quel point êtes-vous optimiste ?


M. Ban Ki-moon (interprétation de l’anglais): La question du Moyen-Orient, qui attend un règlement depuis longtemps, ne doit pas nous empêcher d’être optimistes.  Si l’on essaye de regarder le bon côté d’une question, on peut toujours envisager de meilleures solutions.  Comme je l’ai dit dans mon allocution à l’Assemblée générale, je suis fondamentalement optimiste et j’ai toujours déployé tous les efforts pour engager le dialogue avec les pays concernés et les dirigeants de la région. 


Nous avons un accord conclu en 2003, l’accord du Quatuor, auquel l’ONU est partie.  Nous devons faire tout notre possible pour mettre en œuvre cet accord.  Bien sûr, cela peut s’avérer difficile.  Cette question attend un règlement depuis longtemps.  Elle a des dimensions complexes et beaucoup de hautes personnalités se sont évertuées à la régler.  Les Secrétaires généraux de l’ONU précédents ont toujours essayé de prendre part à la recherche d’une solution, y compris Kofi Annan.  Je ferai également tout mon possible, en consultations avec les principales parties concernées, en fonction de l’évolution de la situation et si cela s’avère nécessaire.  J’utiliserai tous les moyens et ressources dont je dispose pour contribuer, faciliter et arbitrer un règlement rapide de la question du Moyen-Orient. 


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur Ban, je vous félicite.  Vous avez dit que vous espérez que le Conseil de sécurité adoptera une résolution ferme sur la question de la Corée du Nord.  En quoi votre expérience personnelle peut-elle vous aider à y contribuer ?


M. Ban Ki-moon (interprétation de l’anglais): Quand la Corée du Nord a testé des missiles, au début du mois de juillet, les membres du Conseil de sécurité et la communauté internationale lui ont envoyé un message uni et ferme.  Mais cet essai nucléaire est fondamentalement différent d’un test de missile, et il est impératif que la communauté internationale envoie, une nouvelle fois, un message très ferme, unifié et clair pour décourager la Corée du Nord de s’engager dans toute action qui pourrait aggraver la situation. 


Je sais que les membres du Conseil de sécurité se sont engagés dans un processus de négociations intenses.  Je sais qu’ils sont presque tombés d’accord sur les éléments d’un projet de résolution présenté par les États-Unis.  J’espère que, demain peut-être, ils pourront adopter un message fort et clair, une résolution, qui reflète la volonté concertée et très déterminée de la communauté internationale.


Question: Nous espérons que vous donnerez de nombreuses conférences de presse.  Je sais que la presse coréenne vous a surnommé l’« anguille » parce que vous avez le don d’éviter de répondre aux questions, mais je vais essayer quand même en espérant vous contraindre à répondre.  Comme nous ne vous connaissons pas très bien, j’ai deux questions générales.  Quelle est votre définition de la diplomatie?  Pensez-vous que la diplomatie nécessite que vous parliez à vos ennemis et pas seulement à vos amis?  À cet égard, iriez-vous directement en Corée du Nord?  Par ailleurs, les gens qui pensent que le siècle des Lumières, en Europe, a fait triompher la raison contre la superstition s’inquiètent de la montée des religions, en particulier de l’extrémisme et de son implication politique.  Je me demande si vous pouviez nous donner votre avis sur les liens actuels entre politique et religion.


M. Ban Ki-moon: Lorsque j’étais Conseiller à la Présidence en Corée du Sud, certains journalistes m’ont donné, que je l’aime ou pas, le surnom d’« anguille ».  Mais je puis vous dire que tous les membres de la presse sud-coréenne ont pris plaisir à travailler avec moi.  Lorsque vous assumez les fonctions de Ministre des affaires étrangères ou de Conseiller politique de la Présidence, il se peut, même si l’on a quelque chose à l’esprit, que le sujet soit trop délicat pour le dévoiler complètement à la presse tant que les négociations se poursuivent.  Cependant, j’attache toujours beaucoup de valeur aux occasions de parler avec la presse pour lui donner une idée précise de la façon dont les choses évoluent.  C’est ce que je ferai lorsque je devrai m’acquitter de mes fonctions de Secrétaire général. 


La diplomatie est toujours très importante quand il y a certaines divergences et même pendant un conflit armé.  Le dialogue est toujours nécessaire.  Cela s’applique à toutes les questions, à tous les conflits régionaux, y compris les questions coréennes et la question du nucléaire de la Corée du Nord.  J’ai toujours dit qu’il fallait une démarche à deux volets.  S’il faut parfois adopter des positions très fermes, il faut toujours laisser la porte ouverte au dialogue.  C’est absolument nécessaire et c’est le rôle de la diplomatie. 


Nous avons tous des idéologies et des religions différentes.  Je crois, par conséquent, qu’il est toujours souhaitable d’engager un dialogue.  Nous devons comprendre profondément et apprécier réellement l’histoire et l’idéologie de l’autre, les cultures différentes.  C’est pourquoi l’Organisation des Nations Unies a organisé beaucoup de conférences et de réunions spéciales sur le dialogue interculturel et interconfessionnel.  En tant que Secrétaire général, j’essayerai d’encourager ce type de dialogues entre les civilisations.


Question: L’Ambassadeur Bolton a parlé de renvoyer toute l’équipe des conseillers du Secrétaire général sortant.  Quels changements à la structure du Secrétariat devront nous attendre de vous?  Vous arrivez à un moment où l’Afrique est à deux extrêmes.  Nous avons des pays qui procèdent à une réforme économique et politique et d’autres qui se trouvent plongés dans un conflit.  Quels sont vos projets pour l’Afrique?


M. Ban Ki-moon: Je viens d’être nommé Secrétaire général et je vais me donner le temps de réfléchir à ces questions.  Lorsque j’assumerai mes fonctions de Secrétaire général au début de l’année prochaine, je serai en mesure de vous donner une idée assez précise de mes projets.  Pour ce qui est des principes, je vais essayer de faire évoluer la culture des Nations Unies.  Je crois qu’il faut donner un nouveau souffle à l’Organisation.  Il faut réformer la gestion pour que le personnel du Secrétariat travaille sur le professionnalisme et au plus haut niveau d’intégrité.  Il faut que le Secrétaire général imprime une direction très claire à la mission du Secrétariat, de façon à ce que le personnel de l’ONU soit davantage comptable de ses actes devant les parties prenantes et les États Membres.  Il y a d’autres domaines de la réforme, comme la réforme institutionnelle.  Comme je l’ai dit dans mon allocution à l’Assemblée générale, je vais essayer de rapprocher les États Membres et les parties prenantes, en faisant appel à l’expérience que j’ai acquise dans le corps diplomatique.


Question: C’est un plaisir de vous saluer à nouveau, M. Ban Ki-moon.  J’aimerais vous poser une question en votre qualité de Ministre des affaires étrangères de la Corée du Sud.  Au sujet de la Corée du Nord, vous venez de dire que le Conseil de sécurité était sur le point d’adopter un projet de résolution.  D’après ce que je sais, il s’agit d’un projet de résolution très dur, qui prévoit plusieurs types de sanctions économiques.  J’ai appris que votre Gouvernement vient de décider de se porter coauteur du projet de résolution.  Y-a-t-il une sorte de revirement dans votre politique étrangère.  Seriez-vous en train de réévaluer votre politique?


M. Ban Ki-moon: Lorsque la Corée du Nord a procédé à un essai nucléaire lundi dernier, mon pays a été l’un des premiers à prendre position très fermement.  Il a condamné très énergiquement cet essai nucléaire et a estimé que c’était une provocation qui peut compromettre la paix et la sécurité internationales.  Nous avons tout de suite exprimé notre appui à la convocation d’une réunion du Conseil de sécurité et nous avons déclaré que le Conseil de sécurité devait agir, se prononcer et exprimer un message très énergique de la communauté internationale.


Question: Je voudrais poser une question en deux parties.  Vous venez d’être nommé Secrétaire général par 192 pays, mais nous savons bien que votre élection est due essentiellement aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité.  Pensez-vous qu’un tel mode d’élection est légitime?  Croyez-vous en Dieu et dans quelle mesure, si vous croyez en Dieu, votre foi a-t-elle une influence sur les décisions que vous prenez?


M. Ban Ki-moon (interprétation de l’anglais): Je n’ai pas bien suivi vos questions donc, dans le processus de sélection – vous avez bien parlé du processus de sélection?


Question (interprétation de l’anglais): Pensez-vous que sous sa forme actuelle, le Conseil de sécurité est légitime?


Et la deuxième question était: croyez-vous en Dieu?  Et dans quelle mesure Dieu a-t-il une influence sur vos décisions?


M. Ban Ki-moon (interprétation de l’anglais): Je pense que cette fois, le processus a été très transparent, ce qui n’a pas été le cas de la fois précédente.  Le processus de sélection a été mené avec beaucoup de dignité.  Les États Membres de l’ONU ont participé au processus de sélection et les candidats ont répondu aux appels lancés en vue d’une participation et d’une transparence accrues.  Je suis convaincu que les vues du Conseil de sécurité ont globalement refléter les avis des États Membres de l’ONU sur le futur Secrétaire général.


Maintenant, en tant que Secrétaire général, il ne serait pas approprié pour moi de parler de mes convictions religieuses de manière précise.  Nous aurons donc peut-être d’autres occasions de parler de questions personnelles.  Je vous remercie.


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