POP/944

COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT: LES DÉLÉGATIONS INSISTENT SUR LA NÉCESSITÉ D’ÉLABORER DES POLITIQUES MIGRATOIRES COHÉRENTES AU BÉNÉFICE DE TOUS

4 avril 2006
Conseil économique et socialPOP/944
Department of Public Information • News and Media Division • New York

Commission de la population

et du développement

3e & 4e séances – matin & après-midi


COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT: LES DÉLÉGATIONS INSISTENT SUR LA NÉCESSITÉ D’ÉLABORER DES POLITIQUES MIGRATOIRES COHÉRENTES AU BÉNÉFICE DE TOUS


La Commission de la population et du développement s’est penchée aujourd’hui, lors de la deuxième journée de sa 39e session, sur les expériences nationales en matière de migrations et de développement.  Dans leurs interventions, les deux conférenciers invités à s’exprimer devant la Commission ainsi qu’une majorité de délégations ont mis l’accent sur l’importance de mettre en place des politiques migratoires cohérentes aux niveaux national, régional et international, de manière à bénéficier à la fois aux pays d’origine, de transit et de destination.


En préambule au débat général, les délégations ont entendu des présentations de Rita Sussmuth, Présidente de l’Université Ota de Berlin, ainsi que de Papa Owusu Ankomah, Ministre de l’intérieur du Ghana.  Alors que la première a dressé un tableau de la situation des migrations en Europe, le second a, pour sa part, insisté sur l’expérience spécifique de son pays. 


Mme Sussmuth a estimé que l’Europe n’avait pas à l’heure actuelle de politiques cohérentes en ce qui concerne les migrations mais que des efforts ont été réalisés pour y parvenir.  Elle a ainsi souligné la création d’une feuille de route pour une période de cinq ans, élaborée par l’Union européenne en mai dernier, et qui a pour but de mettre en place une politique de migration commune d’ici à 2010.  Par ailleurs, elle s’est dite convaincue que la coopération et l’harmonisation étaient les seuls moyens d’assurer une gestion efficace des flux migratoires, prenant en compte les intérêts des États et ceux des migrants eux-mêmes.  En outre, elle a insisté sur la nécessité d’intégrer les migrants dans les sociétés d’accueil.  Notre atout le plus précieux n’est pas le pétrole ou l’eau, a-t-elle déclaré, mais plutôt le capital humain.


Trois millions de Ghanéens vivent en dehors de leur pays d’origine et maintiennent des liens étroits avec leurs familles et leurs communautés, a indiqué pour sa part M. Ankomah.  Comme pour de nombreux pays en développement, a-t-il noté, les envois de fonds des travailleurs migrants constituent une part indispensable du revenu et de l’activité économique du Ghana, ces transferts représentant aujourd’hui 15% du PNB de son pays.  De même, les Ghanéens vivant à l’étranger contribuent de multiples façons au développement de leur pays d’origine.  Toutefois, il s’est inquiété du phénomène de la fuite des cerveaux et de ses conséquences sur le développement, particulièrement en ce qui concerne le secteur de la santé puisque le Ghana a perdu 50% de ses médecins au profit des États-Unis et du Royaume-Uni.  Plus de médecins ghanéens exercent aujourd’hui à l’étranger qu’il n’y en a au Ghana, a-t-il précisé.  Face à ce phénomène, le Gouvernement ghanéen a mis en place des mécanismes et des canaux de communication et de dialogue avec sa diaspora en vue de la faire participer au développement national, a-t-il ajouté. 


De nombreuses délégations ont également présenté les mesures prises par leurs gouvernements pour faire participer leurs ressortissants installés à l’étranger au développement de leur pays d’origine.  Le représentant du Maroc a, par exemple, expliqué que son pays avait décidé de les doter d’une représentation au sein du Parlement national et d’augmenter leur contribution au développement national par la création d’un Conseil supérieur des Marocains de l’étranger.  De même, le représentant des Philippines a souligné que son Gouvernement avait adopté en 1995 une législation visant spécifiquement les ressortissants du pays vivant à l’étranger.  Cette loi a été adoptée pour instituer des politiques sur l’emploi à l’étranger et établir des normes de protection et de promotion de leur bien-être, a-t-il précisé.  Quant au représentant de l’Indonésie, il a regretté que de nombreuses femmes migrantes indonésiennes aient été, ces dernières années, victimes d’abus physiques, psychologiques et sexuels.  Pour faire face à cette situation, le Gouvernement indonésien a fait adopter par le Parlement une loi sur le placement et la protection des travailleurs indonésiens expatriés, a-t-il expliqué. 


Dans cette perspective de la protection des droits des migrants, la majorité des délégations, dont celles entre autres des États-Unis, du Japon, de la Croatie ou encore de la Fédération de Russie, a d’ailleurs insisté sur la nécessité de lutter contre le trafic d’êtres humains.  Plusieurs représentants ont appelé tous les États à adhérer aux instruments internationaux visant à combattre la traite des humains et ont demandé une coopération et une collaboration plus étroites entre pays aux niveaux régional et international pour faire face à ce phénomène. 


Plus tôt, ce matin, la Commission a conclu son débat général relatif à la suite donnée aux recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement. 


Outre ceux déjà cités, les représentants des pays suivants ont pris la parole lors du débat général: Guyana (au nom du Groupe de Rio), Cuba, Belgique, Canada, Chine, Australie, Suisse, Gambie, Pakistan, Botswana, Kenya, El Salvador, Luxembourg, Portugal, Brésil, Pakistan, Cuba et Bolivie.  Sont également intervenus l’Observateur permanent de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), la représentante de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) ainsi que la Présidente de la 50e session de la Commission sur le statut de la femme, et le Président de la 44e session de la Commission pour le développement social. 


La Commission de la population et du développement poursuivra ses travaux demain, mercredi 5 avril, à 10 heures.



SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT


Suite du débat général


M. GEORGE TALBOT (Guyana), qui s’exprimait au nom du Groupe de Rio, a estimé qu’avec une plus grande collaboration à tous les niveaux, les migrations offraient une contribution précieuse au développement mondial.  Il a insisté sur le rôle des mouvements migratoires en Amérique latine et aux Caraïbes, ou résident 13% des migrants du monde.  Il a aussi rappelé que la moitié des migrants provenant de cette région étaient des migrants en situation irrégulière, avec comme destination privilégiée les États-Unis.  S’agissant des envois de fonds, il a indiqué que ceux-ci représentaient un dixième du PNB de plusieurs pays de la région et étaient donc très importants d’un point de vue macroéconomique.  Il a toutefois averti que les envois de fonds ne pouvaient remplacer l’aide publique au développement (APD), les investissements et les véritables stratégies de croissance.  Leur potentiel doit être amélioré en réduisant les coûts de transferts et en encourageant les opportunités d’investissements de ces flux financiers, a-t-il insisté.


Par ailleurs, le représentant a souligné l’importance de protéger les droits des migrants, et particulièrement des femmes, et a appuyé la consolidation des accords multilatéraux et bilatéraux à cet égard.  Concernant la fuite des cerveaux, il s’est dit déçu que tous les avantages résultant de l’échange de cerveaux ne soient pas pleinement mobilisés.  Il a dit que le Groupe de Rio était en faveur de mesures visant à faciliter les envois de fonds, le maintien des liens avec le pays d’origine ainsi que la création d’organisations de la diaspora.  En outre, M. Talbot a regretté que de nombreux pays soient limités dans leur capacité à élaborer des systèmes migratoires adéquats et a souhaité que le cadre multilatéral dans ce domaine soit renforcé.  Énumérant les initiatives de la région d’Amérique latine et des Caraïbes pour répondre aux défis des migrations, il a déclaré que le principe de responsabilité partagée devait être au centre des objectifs communs pour réduire l’incohérence des politiques migratoires et améliorer la coordination à tous les niveaux. 


Mme ANA SILVIA RODRIGUEZ (Cuba) a déclaré que la migration internationale résultait de la mondialisation.  Celle-ci a engendré beaucoup de richesses dont la répartition est cependant très inégale, forçant les gens à quitter les pays du Sud pour se diriger vers les pays riches bénéficiaires des mécanismes de la mondialisation.  Toute réforme des lois qui régissent les migrations internationales doit veiller à respecter les droits et la dignité des migrants, a dit la représentante de Cuba.  Les migrants sont tous les jours victimes de racisme, de discrimination, d’exploitation et d’abus en tous genres.  Après le 11 septembre 2001, les pays développés ont, sous prétexte de renforcer leur sécurité, adopté des lois qui encouragent l’exclusion et les abus à l’égard des migrants, a poursuivi la représentante, en souhaitant que ces textes soient modifiés.  Elle a ensuite dénoncé les gouvernements qui adoptent des politiques de migrations sélectives qui, pour Cuba, sont des « stratégies de vol de cerveaux ».  Ces politiques visent à piller les pays du Sud et à leur enlever le peu de cadres qualifiés qu’ils ont formés à grand prix, notamment dans les domaines de la santé, du fait du vieillissement des populations du Nord; et de la technologie, du fait des besoins des économies, a accusé la représentante.  Cuba demande des mesures qui soient justes pour les pays en développement et pour les travailleurs migrants, a conclu la représentante.


Tout en s’associant à la déclaration de l’Union européenne, M. JOHAN C. VERBEKE (Belgique), a insisté sur la nécessité de prendre en compte les causes profondes des migrations ainsi que la cohérence des politiques.  Il a estimé qu’il importait de s’attaquer aux causes structurelles des migrations involontaires, en particulier de l’immigration illégale, à travers des actions telles que la réduction de la pauvreté ou la promotion de l’emploi et de la bonne gouvernance.  Rappelant que la responsabilité de ce développement appartenait en premier lieu aux pays concernés, il a cependant souligné le rôle de la communauté internationale pour soutenir leurs efforts par des politiques plus cohérentes, notamment dans les secteurs du commerce et de l’agriculture.  Il a rappelé que l’Union européenne avait décidé en mai 2005 de promouvoir une telle cohérence des politiques de développement dans 12 domaines distincts, dont celui des migrations. 


Mme KENNELLY (États-Unis) a rappelé que les migrations étaient une question fondamentale pour les États-Unis car elles étaient à la base des fondements du pays.  Elle a souligné l’attachement de son pays au regroupement familial, affirmant que celui-ci demeurait une priorité clef et que 80% des résidences américaines étaient accordées dans ce cadre.  Les migrations légales peuvent avoir un impact positif sur le développement et la société en général, a-t-elle ajouté, mais les États-Unis sont préoccupés par le phénomène des migrations clandestines.  Ainsi, elle a regretté que le trafic d’êtres humains soit toujours d’actualité et a encouragé tous les pays à adhérer aux instruments internationaux pour combattre ce phénomène. 


La représentante des États-Unis a en outre constaté que les migrations constituaient une force motrice de la croissance démographique dans les pays développés.  Compte tenu du vieillissement de la population, l’impact des flux migratoires est d’autant plus d’actualité, a-t-elle poursuivi.  Toutefois, elle a estimé que les États devaient mettre en place des conditions permettant aux individus de travailler et de rester dans leur propres pays.  Elle a aussi insisté sur l’importance du dialogue et de la coopération régionale afin d’améliorer la coordination des actions relatives aux migrations.  La diaspora, a-t-elle souligné, constitue un instrument fondamental pour promouvoir le développement dans les pays d’origine.  On peut canaliser les envois de fonds pour promouvoir le développement économique et la croissance mais cela doit être fait sur une base volontaire, a-t-elle déclaré.  En outre, elle a rappelé que, pour les États-Unis, la décision d’immigrer était individuelle et chaque État était en droit de décider qui entrait sur son territoire.  Enfin, soulignant que les États-Unis comptaient parmi les plus importants donateurs dans le domaine du planning familial, elle a souhaité qu’on prenne en compte l’aide à apporter aux femmes et aux enfants et pas uniquement la prévention des grossesses. 


M. BRIANT GRANT (Canada) a déclaré que le Programme d’action du Caire restait d’actualité.  Le Canada souscrit à ses dispositions concernant la promotion de la santé génésique et considère le Programme d’action comme faisant partie des outils qui faciliteraient la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  La pandémie de VIH/sida continue de faire trop de victimes, a estimé le représentant, en s’inquiétant que ce mal touche de plus en plus des tranches de population jeunes, dont les femmes et les filles.  Nous devons veiller à ce que les objectifs de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) s’inscrivent dans les délibérations qui auront lieu à l’Assemblée générale sur la situation en ce qui concerne le sida, en juin, et à la Conférence internationale contre le sida qui aura lieu au mois d’août prochain à Toronto.  Il appartient aux gouvernements nationaux de veiller à ce que leurs citoyens puissent réaliser leur droit au développement, a ensuite estimé le représentant.  C’est dans cette perspective que le Canada soutient l’accession de certains pays à l’Initiative PPTE et y soutient la promotion du commerce, de l’investissement et de la santé.


M. LUCA DALL’OGLIO, Observateur permanent auprès des Nations Unies de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a affirmé que cette session de la CPD permettait d’explorer de nouvelles alternatives concernant les migrations internationales et le développement.  Saluant l’importance du Dialogue de haut niveau de Septembre 2006 sur le thème des migrations, il a estimé que ce sera une occasion unique pour échanger les meilleures pratiques sur la gestion des migrations et pour promouvoir une meilleure coopération dans tous les domaines clefs touchant ce phénomène.  Il a souligné les initiatives de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en préparation de ce Dialogue de haut niveau.  Celles-ci ont lieu à tous les niveaux et plus de 40 événements ont été prévus avec les Nations Unies et d’autres partenaires, a-t-il poursuivi, en citant notamment la tenue en février dernier d’une Conférence ministérielle des pays les moins avancés (PMA) sur le thème des envois de fonds en février dernier, ou encore celle de la Conférence internationale sur les migrations et le développement en mars dernier à Bruxelles.  Il a estimé que les résultats de ces diverses rencontres constitueraient une contribution importante au Dialogue de haut niveau.  Il s’est dit convaincu qu’en travaillant ensemble, les résultats de Dialogue de haut niveau seraient fructueux et permettraient de progresser en vue de l’adoption d’une approche plus cohérente des politiques migratoires ainsi que d’une perception plus positive des migrations et des migrants. 


Mme BATOOL SHAKARI, Représentante de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a déclaré que c’est après la première guerre du Golfe que la question des migrations a commencé à se poser avec acuité en Asie occidentale et notamment au Moyen-Orient.  En 2001, la CESAO a publié un rapport intitulé « migrations internationales et politiques démographiques dans les pays arabes ».  La CESAO a mis l’accent sur la coopération avec les pays arabes en vue de leur permettre de mettre en place des politiques de migration en soutien à la promotion de leurs économies, a dit Mme Shakari.  En 2004, la CESAO a organisé, avec le soutien du FNUAP et de la Ligue des États arabes, un Forum de la population arabe, qui célébrait le dixième anniversaire de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), tenue en 1994 au Caire.  La CESAO a créé un groupe d’experts travaillant notamment en étroite collaboration avec la Division de la statistique des Nations Unies, la Commission économique pour l’Europe, l’OIT, l’Organisation de la Conférence islamique, et l’Organisation internationale pour les migrations.  La réunion organisée par le Groupe de travail du 14 au 16 novembre 2005 au Caire avait pour thème « les statistiques de la migration internationale » et visait à donner aux participants et aux États de la région de la CESAO une meilleure maîtrise de la collecte des données relatives aux migrations en vue de mieux comprendre et maîtriser ce phénomène.


Débat général consacré à l’expérience des pays dans le domaine de la population: migrations internationales et développement


Présentation liminaire


Mme RITA SUSSMUTH, Présidente de l’Université Ota de Berlin, a abordé la question de la cohérence des politiques migratoires aux niveaux national, régional et international.  Citant l’exemple de l’Europe, elle a affirmé que celle-ci n’avait pas actuellement de politique cohérente en ce qui concerne les migrations.  Alors que l’Europe s’attache à développer des politiques de migration et d’intégration cohérentes, les progrès sont ralentis dans ce domaine par le manque de compréhension de ce concept.  Mme Sussmuth s’est félicitée de la création de la Commission mondiale sur les migrations internationales, à l’initiative du Secrétaire général.  Cette Commission suggère que des politiques cohérentes doivent optimiser le potentiel des migrants et des migrations, a-t-elle poursuivi, estimant qu’il s’agissait là d’un pas important face aux politiques qui restreignent les mouvements migratoires.  Elle a rappelé que les migrations résultaient souvent du désespoir des individus.  Afin de réduire ce désespoir, nous devons intégrer les migrations aux stratégies nationales, régionales et mondiales de croissance économique.  Si nous n’augmentons pas les opportunités en faveur des plus pauvres, nous continuerons à gaspiller un potentiel humain important.  Notre atout le plus précieux n’est pas le pétrole ou l’eau, a-t-elle insisté, mais plutôt le capital humain. 


Mme Sussmuth a ensuite insisté sur les efforts accomplis en Europe pour parvenir à une cohérence des politiques migratoires.  Elle a souligné la création d’une Feuille de route de l’Union européenne pour une période de cinq ans, élaborée en mai dernier, et qui a pour but de mettre en place une politique de migration commune d’ici à 2010 afin d’avoir un cadre cohérent pour gérer les migrations au niveau régional.  Elle a noté que des efforts restaient à faire dans de nombreux domaines pour harmoniser les politiques migratoires, notamment en ce qui concerne les migrations des travailleurs ou les réfugiés politiques.  Elle a affirmé qu’aucun État ne pouvait, seul, gérer les migrations.  Selon elle, si une politique cohérente dans ce domaine commence chez soi, il est toutefois aussi nécessaire de posséder, aux niveaux régional et international, une coopération et une harmonisation des politiques.  Elle s’est dite convaincue que c’était là la seule manière d’assurer une gestion des migrations juste et qui prend en compte à la fois les intérêts des États et les droits et intérêts des migrants.  Elle a de plus indiqué que les politiques devaient refléter les réalités des flux migratoires.  Une coopération plus étroite entre les pays d’origine et de destination permettrait de mieux comprendre ces flux et de formuler des politiques efficaces à leur égard, a-t-elle poursuivi. 


En outre, Mme Sussmuth a affirmé qu’il faudrait mieux intégrer certains aspects des migrations, tels les mouvements temporaires, dans ces politiques.  Lorsqu’on aborde la question des migrations, a-t-il fait remarquer, il faudrait aussi s’intéresser à celle de l’intégration.  La liberté et la sécurité sont liées mais la gestion des migrations doit être plus que la simple sécurité d’un pays, a-t-elle insisté.  Nos sociétés doivent développer leurs capacités à intégrer les migrants et à éviter les conflits culturels tels que les tensions religieuses ou ethniques, a-t-elle conclu. 


Dialogue


Entamant un dialogue avec les États Membres à la suite de son exposé, Mme Sussmuth a répondu à la question du représentant de la Gambie qui s’interrogeait sur le baisse de la fécondité dans les pays développés et la nécessité par conséquent d’accueillir des migrants, en notant que ce problème du vieillissement de la population ne pouvait être réglé uniquement par les migrations.  Le représentant de la Gambie a par ailleurs insisté sur l’importance d’une volonté politique de la part des pays d’origine et de destination pour parvenir à une politique migratoire cohérente.  S’accordant avec ce point de vue, la Présidente de l’Université Ota a estimé que les échanges et rencontres, comme le prochain Dialogue de haut niveau, étaient essentiels pour parvenir à cet objectif.  Elle a de plus déclaré qu’il fallait changer la perception des migrants et ne plus faire de différences avec les réfugiés, notamment, puisque tous cherchent de meilleures conditions de vie. 


Par ailleurs, Mme Sussmuth a expliqué au représentant du Pakistan qui a souhaité obtenir des précisions sur cette question, que l’Europe aurait besoin de 20 millions de travailleurs supplémentaires.  Elle a précisé qu’il s’agissait avant tout de travailleurs hautement qualifiés mais que ces pays avaient aussi besoin d’une main-d’œuvre qualifiée et qu’il serait bon d’établir les catégories de travailleurs visées par ces besoins afin que les migrants puissent y répondre de manière plus ciblée.  À ce sujet, elle a appuyé les propos du représentant du Canada qui a souligné qu’il ne s’agissait pas uniquement d’accueillir des travailleurs mais aussi des individus et des familles et que cela devait être un investissement à long terme et pas simplement une force de production.  Mme Sussmuth a fait écho à cette intervention en déclarant que beaucoup de travailleurs finissaient par rester dans le pays.  Une approche des migrations basée sur les droits de l’homme est indispensable, a-t-elle fait valoir.  Elle a poursuivi en notant que les migrants étaient considérés comme une minorité à intégrer.  Selon elle, les lois et règlements qui ne sont destinés qu’aux migrants mettent en place un phénomène d’exclusion. 


Enfin, répondant à une question du représentant des Philippines sur les migrants en situation illégale, Mme Sussmuth a affirmé qu’elle était en faveur de leur régularisation, comme cela avait été le cas en Espagne notamment.  Il est urgent de changer la politique à leur égard: jusqu’à présent, le mot clé était d’empêcher ces migrations or, a-t-elle fait observer, il faut se demander comment gérer ce phénomène de manière plus efficace.


Déclaration


M. PAPA OWUSU-ANKOMAH, Député et Ministre de l’intérieur du Ghana, a déclaré que trois millions de Ghanéens vivaient en dehors de leur pays d’origine.  Un tiers des Ghanéens expatriés vivent en Europe et en Amérique du Nord et maintiennent des liens très proches avec leurs familles et leurs communautés.  Ces liens sont à la fois économiques, sociaux et politiques.  Le Président du Ghana, John Kufuor, a déclaré lors du « Sommet pour un retour au pays » tenu en 2001 à Accra, qu’au niveau national, les envois de fonds des travailleurs ghanéens sont devenus une part indispensable du revenu et de l’activité économique du Ghana, tandis qu’au niveau des personnes, de plus en plus de familles dépendent aujourd’hui des transferts de fonds de leurs parents expatriés.  Selon la Banque nationale du Ghana, le montant des virements financiers s’est élevé à plus de 4,5 milliards de dollars en 2005, devenant ainsi la première source de rentrées de devises étrangères.  Le tiers de cette somme provient des virements personnels des travailleurs ghanéens vivant à l’étranger, le reste provenant de groupes religieux et d’ONG.  En 1990, ces virements étaient de 400 millions de dollars, et ils ont atteint 680 millions en 2002, a indiqué le Ministre en précisant qu’à ce jour, les transferts de fonds des migrants représentaient 15% du PNB de son pays.


En dehors des envois de fonds, les Ghanéens vivant à l’étranger contribuent de multiples façons au développement de leur pays d’origine.  Ceux d’entre eux qui sont les plus éduqués se sont lancés dans la création d’entreprises quand ils sont rentrés au Ghana.  Le transfert de ressources financières, humaines et sociales qu’ils opèrent constitue une forme de « retour de connaissances » qui est utile à l’effort de développement, a dit M. Owusu-Ankomah.  Abordant la question de la fuite des cerveaux, le Ministre de l’intérieur du Ghana a dit qu’une étude du Fonds monétaire international (FMI) menée en 1990 montrait que 15% des Ghanéens ayant reçu une éducation universitaire avaient émigré aux États-Unis, tandis que 10% s’étaient installés dans d’autres pays de l’OCDE.  Le secteur de la santé publique du Ghana a beaucoup souffert de cette migration, de nombreux médecins et infirmières s’étant installés aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada, en Afrique du Sud et dans les pays du golfe arabo-persique, a indiqué le Ministre.  Le Ghana a perdu 50% de ses médecins au profit des États-Unis et du Royaume-Uni, a-t-il précisé.  Plus de médecins ghanéens exercent aujourd’hui à l’étranger qu’au Ghana.


Face à ce phénomène, le Gouvernement ghanéen a mis en place des mécanismes et des canaux de communication et de dialogue avec sa diaspora.  Cette démarche vise à établir et à renforcer des liens de confiance entre le Ghana et ses communautés expatriées, en vue de les faire participer au développement national.  La stabilité économique et politique que connaît actuellement le Ghana vient du fait que le Gouvernement a déployé beaucoup d’efforts pour attirer non seulement l’investissement étranger, mais aussi les membres de la diaspora ghanéenne désireux de contribuer activement au développement de leur pays.  Le Gouvernement a ainsi créé, au sein du Ministère de l’intérieur, un service chargé de coordonner les politiques d’intégration de la diaspora dans les politiques et les efforts de développement.  La loi sur la citoyenneté a été modifiée en vue de donner aux Ghanéens la possibilité d’acquérir la double nationalité, a assuré le Ministre.  Depuis l’adoption du nouveau texte de loi en 2003, 2 400 Ghanéens expatriés sont devenus binationaux.  Le 24 février 2006, la loi sur la représentation politique des populations a été adoptée par le Parlement.  Elle permet aux Ghanéens de l’extérieur de s’inscrire sur les listes électorales et de participer à tous les scrutins électoraux.  La Commission électorale nationale réfléchit actuellement à l’élaboration d’un texte qui permettrait aux expatriés ghanéens de mieux participer au débat et à la prise des décisions politiques au niveau national, a indiqué le Ministre de l’intérieur.  


Dialogue


Intervenant après l’exposé du M. Awusu-Ankomah, le représentant du Botswana a demandé si le Ghana recevait des migrants originaires d’autres pays africains.  D’autre part, quel est l’impact de la migration ghanéenne dans la région d’Afrique de l’Ouest?  Le représentant du Canada a dit qu’il était impressionné par les mesures prises par le Ghana pour faire participer sa diaspora au développement national.  La stratégie de l’ouverture à la diaspora a connu des succès dans des pays comme Singapour, l’Inde ou la Chine, a relevé le représentant.  Le Ghana compte-t-il s’inspirer de ces exemples?


Répondant à la question posée par le représentant du Botswana, le Ministre de l’intérieur du Ghana a indiqué que son pays avait toujours été une terre d’accueil pour les ressortissants de l’Afrique de l’Ouest.  À une certaine période, 8% des habitants du Ghana étaient des étrangers originaires de la sous-région.  Les accords de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) autorisant les ressortissants de la région à résider 80 jours sans visa dans les pays membres de cette organisation, le Ghana respecte ces dispositions, a dit le Ministre.  Le Gouvernement ghanéen veut faire du Ghana la porte d’entrée de l’Afrique en ce qui concerne les entreprises, les ressources humaines et l’investissement, a-t-il souligné.  Dans le monde actuel, on ne peut pas fermer ses frontières si on veut se développer, a estimé le Ministre en déclarant que le contact avec d’autres cultures était un bénéfice inestimable pour les populations ghanéennes et pour le développement du pays.


Débat général


M. WANG GUOQIANG, Vice-Ministre de la population et de la planification familiale de la Chine, a rappelé qu’au cours de la dernière décennie, son pays avait fait des efforts notables pour s’acquitter des engagements pris en vertu du Programme d’action adopté lors de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD).  Il a indiqué que la Chine s’attachait à atteindre un développement durable et coordonné entre population et économie, ressources et environnement.  Il a noté qu’en mettant en œuvre les programmes de planification familiale, le pays adhérait au principe du développement humain et offrait des services de santé génésique sûrs et efficaces.  En conséquence, la croissance de la population est contrôlée et le niveau de fertilité a baissé, a-t-il précisé. 


Le Vice-Ministre a toutefois constaté que la population chinoise continuerait à croître de 8 à 10 millions de personnes par année en raison de sa large population de base.  La Chine doit faire face aux défis d’une population vieillissante, de l’éducation et de la santé de sa population ou encore à un important exode rural, a-t-il poursuivi, en notant que cela avait des conséquences importantes sur la viabilité du développement socioéconomique du pays.  Il a indiqué que le Gouvernement chinois continuerait ses efforts en matière de planification familiale ainsi qu’envers ses engagements pris à la CIPD.  Ainsi, le Vice-Ministre a mis l’accent sur l’importance d’une économie en croissance et d’une société stable.  Il a estimé que la Chine demeurait, malgré ses progrès économiques, le plus grand pays en développement du monde avec une économie sous-développée.  Insistant particulièrement sur le problème de l’exode rural dans son pays, il a affirmé qu’il fallait un développement à la fois dans les zones rurales et urbaines et aborder ce sujet de manière globale.  Il a affirmé que les États devaient renforcer les échanges économiques, techniques pour le bénéfice de tous.  Il a notamment estimé que les pays en développement devaient participer, sur un pied d’égalité avec les pays développés, aux affaires économiques internationales.  Affirmant qu’il fallait respecter les droits des migrants, il a souligné que la Chine continuerait à promouvoir le développement et la coopération ainsi que l’amélioration de la mondialisation dans le but de la prospérité commune. 


Mme KEREN LEIGH DAVIES (Australie) a déclaré que l’immigration avait fait partie de la création du pays et de l’État australien.  À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, il y avait 7 millions d’Australiens, alors que le pays compte aujourd’hui 20 millions d’habitants.  La plupart des nouveaux résidents sont nés à l’étranger, a indiqué la représentante.  Le Gouvernement australien soutient de bonnes politiques de migration, et est de ce fait opposé au phénomène de l’immigration illégale, a-t-elle dit.  L’Australie traite bien ses migrants légaux, à qui elle accorde une indemnité d’installation, a souligné la représentante.  Les besoins du pays en matière de main-d’œuvre étant divers, l’Australie a plusieurs volets de régulation de son immigration.  Les diasporas des pays du Pacifique vivant en Australie transfèrent vers leurs pays d’origine des sommes qui représentent un apport non négligeable à l’équilibre économique et social de ces États, a dit la représentante en indiquant que Tonga et Samoa étaient les principaux bénéficiaires des transferts d’argents des migrants du Pacifique installés en Australie.


Mme CARMEN MARIA GALLARDO (El Salvador), Présidente de la Commission de la condition de la femme, est intervenue pour présenter les résultats de la 50e session de la Commission.  Elle a rappelé que cette session avait réuni plus de 40 ministres et 1 270 organisations non gouvernementales (ONG).  La Commission, a-t-elle précisé, s’est penchée sur le renforcement de la participation des femmes au développement et sur la participation équitable des femmes et des hommes au processus de prise de décisions.  Elle a expliqué qu’un des résultats majeurs de cette session avait été l’adoption d’une résolution sur la méthode de travail et l’Organisation de la Commission de la condition de la femme.  À partir de 2007, la Commission se concentrera sur un thème par année, a-t-elle ajouté, indiquant que celui qui avait été retenu pour 2007 s’intitulait « L’élimination de toutes les formes de discrimination et de violence contre les filles » et qu’en 2008, la Commission se pencherait sur le financement en faveur de la parité et de la promotion de la femme. 


Concernant les travaux de la Commission de la population et du développement, la Présidente de la Commission sur le statut de la femme a estimé qu’une perspective sexospécifique était essentielle pour comprendre les causes et les conséquences des migrations internationales.  Elle a rappelé que le thème des migrations avaient été abordé lors de la 50e session de la Commission et avait permis d’examiner les aspects multidimensionnels de ce phénomène en adoptant une approche sexospécifique.  Elle a constaté que l’expérience de l’immigration était très différente pour les femmes, notamment en ce qui concerne la sortie et l’entrée d’un pays et qu’il fallait, dans les politiques et législations nationales, améliorer la situation des femmes migrantes. 


M. JAVIER LOAYZA BAREA (Bolivie), Président de la 44e session de la Commission du développement social, a déclaré que cette Commission avait décidé de transmettre à l’Assemblée générale le résumé de discussions qu’elle a tenues sur la dimension sociale de la migration internationale.  Si cette migration est débattue par les gouvernements, elle relève d’abord dans les faits, de décisions individuelles, a rappelé l’orateur.  La mondialisation de l’économie a accéléré le rythme de cette migration, a constaté M. Barea.  Un plus grand effort de communication devrait être accompli sur les bienfaits de la migration et sur la contribution des migrants à l’essor et au bien-être de leur pays d’accueil.  La question de la fuite des cerveaux est celle qui, sans doute, crée le plus d’inquiétudes dans les pays en développement qui sont les principaux exportateurs de main-d’œuvre.  Un dialogue de haut niveau sur la migration devrait discuter de cette question sous tous ses angles, a estimé M. Barea en souhaitant que la perspective sociale des migrations soit à la base des discussions et des négociations qui devraient mener à l’élaboration de règles universelles sur le statut des travailleurs migrants.  Il faut mettre fin aux discriminations, aux abus et à la xénophobie dont souffrent les migrants.  La mobilisation de la société civile et du secteur privé sera un facteur important de la création d’un cadre humain et consensuel de gestion des migrations, a dit le Président de la 44 session de la Commission du développement social.


M. JOHN BOMET SERUT, Vice-Ministre de la planification et du développement national du Kenya, a fait part des difficultés à bien connaître la situation des migrations au Kenya en raison du manque de données fiables.  Il a rappelé que du fait des conflits dans les pays voisins, le Kenya accueillait un grand nombre de réfugiés bien que leur nombre diminue actuellement en raison de rapatriement de réfugiés.  S’agissant des Kényens vivant à l’étranger, il a constaté que ceux-ci étaient surtout des étudiants et des travailleurs qualifiés.  Il a affirmé que le Kenya avait fait de nombreux efforts pour répondre aux défis posés par les migrations internationales.  Ainsi, il a indiqué que le Gouvernement avait récemment créé un Ministère de l’immigration et avait ratifié les conventions sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et leurs familles, entre autres.  Le pays a aussi mis en œuvre des programmes de rapatriement. 


Il a déclaré que le Kenya s’attachait maintenant à faire cesser la fuite des cerveaux et d’attirer des investissements nationaux et étrangers.  Parmi les autres objectifs, il a en outre cité l’amélioration des techniques de réponses face aux trafiquants et la participation au règlement de conflits dans les pays voisins afin de réduire les flux de réfugiés qui placent un fardeau supplémentaire sur l’économie du pays.  Afin d’optimiser les bénéfices des migrations, il a jugé essentiel d’améliorer la situation économique du pays et a appelé la communauté internationale à continuer de collaborer avec son pays, notamment en investissant dans la recherche sur la population et le développement. 


Rappelant que les Philippines était le pays d’origine de nombreux migrants internationaux, M. TOMAS M. OSIAS (Philippines) a souligné l’engagement de son pays en faveur de la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.  Il a indiqué que les travailleurs vivant à l’étranger contribuaient considérablement au développement des Philippines puisque les envois de fonds représentaient 11,6 milliards de dollars l’année dernière, soit 18% du PNB.  Il a expliqué que pour répondre aux besoins de ses citoyens travaillant à l’étranger, le Gouvernement des Philippines avait adopté en 1995 une législation les visant spécifiquement.  Cette loi a été adoptée pour instituer des politiques sur l’emploi à l’étranger et établir des normes de protection et de promotion de leur bien-être, a-t-il précisé.  Il a fait remarquer que l’adoption de ce texte avait permis d’augmenter les avantages et les services pour ces citoyens.  Le représentant a aussi indiqué que d’autres politiques nationales, notamment contre le trafic d’êtres humains, visaient aussi à protéger ces migrants.  Par ailleurs, M. Osias a fait valoir les efforts de son pays pour répondre aux défis de la fuite des cerveaux, notamment dans le secteur de la santé, un phénomène qui affecte la capacité de développement du pays et ses progrès vers la réalisation de certains Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a indiqué que le Gouvernement continuait à renforcer les structures et mécanismes nécessaires pour répondre aux défis des migrations internationales ainsi qu’aux besoins de ses migrants.  Il a enfin insisté sur le rôle de la coopération régionale et internationale pour élaborer des politiques et programmes qui bénéficient à tous.


M. WERNER HAUG (Suisse) a déclaré que la Suisse encourage le Secrétariat des Nations Unies, la Banque mondiale, l’OCDE, et les autres institutions internationales à déployer tous les efforts nécessaires à la collecte et à l’amélioration des données et des statistiques concernant les migrations et leur impact sur le développement.  De nombreux rapports indiquent que le phénomène de la migration prend de plus en plus d’ampleur, a noté M. Haug.  Ceci est visible en Suisse, a dit le représentant.  Comparativement à sa taille modeste, la Suisse est un grand pays de migration, a-t-il dit, en indiquant que 11% de la population suisse est naturalisée et que 9% des Suisses ont la double nationalité.  Depuis 1999, la migration a été le principal moteur de croissance de la population suisse, bien que tous les migrants ne s’installent pas définitivement en Suisse, la plupart préférant rentrer dans leurs pays d’origine.  Une migration de populations jeunes a réussi à pallier au vieillissement de la population suisse, a relevé le représentant. 


Depuis le début des années 1990, l’application des règles de libre circulation des personnes en vigueur dans l’Union européenne a augmenté le nombre de migrants européens hautement qualifiés.  Cependant, le nombre des personnes originaires de pays en développement a également augmenté, passant à 17% du total des migrants.  Le nombre de demandeurs d’asile a pour sa part diminué, après avoir atteint 40 000 par an au cours de la décennie écoulée.  Il est aujourd’hui d’environ 10 000 par an.  Le Gouvernement fédéral suisse a mis en place une stratégie pluriannuelle sur les « migrations et la santé » qui met l’accent sur le pourvoir de services de santé, dont des services de santé génésique, aux migrants en vue de lutter contre le VIH/sida et aider les victimes d’abus, de viols et de torture.


Mme NAOKOYAMAMOTO (Japon) a estimé que les migrations internationales étaient avant tout une question de droits de l’homme et de dignité.  Elle a rappelé qu’avant la Deuxième Guerre mondiale, principalement, de nombreux japonais avaient immigré en Amérique centrale et du Sud.  Aujourd’hui, toutefois, c’est le Japon qui est un pays de destination, a-t-elle ajouté.  Elle a indiqué que ces migrants arrivaient alors que le Japon connaissait une population vieillissante, avec 17,4% de personnes de plus de 65 ans.  En raison de cette tendance, le Japon a continué à accueillir les travailleurs qualifiés selon une stratégie adoptée en 1999, a-t-elle poursuivi. 


En outre, la représentante du Japon a fait part des mesures prises par son pays pour combattre le trafic, telles que sa contribution au Fonds pour la sécurité humaine des Nations Unies.  Elle a aussi souligné l’existence de trafic humain dans les zones dévastées par les catastrophes naturelles, demandant que tous les efforts soient déployés pour protéger les groupes les plus vulnérables comme les femmes et les enfants.  Dans cette perspective, elle a fait part de la création par son pays d’un plan de soutien pour les enfants victimes du tsunami qui vise à combattre la traite des êtres humains.  Elle a aussi fait valoir que depuis 2004, le Japon avait crée un Comité interministériel pour adopter un plan national efficace visant à prévenir et combattre la traite des êtres humains.  Enfin, elle a souligné que son pays assistait les réfugiés dans le monde à travers des contributions financières aux organisations multilatérales. 


M. SAMUEL O. OUTLULE (Botswana) a insisté sur le fait que la question des migrations internationales ne pouvait en aucun cas être traitée isolément par un pays, suggérant l’établissement d’un cadre international de négociations et de suivi de ces problématiques.  Soulignant l’intérêt de sa délégation pour le Plan stratégique sur les migrations adopté par l’Union africaine, M. Outlule a indiqué que ce phénomène n’était pas spécifiquement lié au Nord, mais affectait aussi des pays comme le Botswana qui a accueilli des migrants originaires d’Asie, d’Europe, d’Amérique et d’Afrique, la plupart d’entre eux expérimentés dans des domaines tels que l’éducation et la santé.  Ces migrants ont contribué et continuent de contribuer au développement du Botswana, a insisté le représentant, notamment en investissant dans le pays. 


Mais le Botswana est également un pays d’émigration, a noté le représentant, avant de préciser que le dernier recensement de 2001 avait évalué à 1,7% la population vivant à l’étranger.  Chaque pays a la responsabilité de répondre aux causes qui sont à l’origine des flux migratoires, a-t-il dit, indiquant qu’en 1971, 8% des Botswanais vivaient à l’étranger, contre 1,7% en 2001.  Il a exprimé l’intérêt de son pays pour le prochain Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales, prévu en septembre 2006, souhaitant qu’il permette d’évoquer les questions cruciales en rapport avec le phénomène des migrations. 


Mme CARMEN MARĺA GALLARDO HERNANDEZ (El Salvador) a déclaré que son pays attache beaucoup d’importance à la question des migrations internationales.  L’exclusion, la pauvreté et les abus sont les principaux maux dont souffrent les migrants des pays en développement vivant dans les pays du Nord.  Aussi, El Salvador soutient-il la tenue du Dialogue de haut niveau qui aura lieu au mois de septembre, en espérant que des recommandations seront faites sur ces questions.  De plus en plus, les femmes occupent une place centrale dans le phénomène migratoire.  Il faudrait donc veiller à mettre en place des mesures sexospécifiques quand on parle de régler les problèmes migratoires. 


El Salvador, qui est un pays à revenu moyen, est devenu dépendant des transferts de fonds de sa diaspora.  Ces financements représentent une part non négligeable des revenus de nombreuses familles et contribuent au financement de nombreuses petites entreprises familiales.  El Salvador, comme beaucoup d’autres pays, est donc soucieux de voir ses migrants jouir de tous leurs droits humains et défendra ce point de vue en septembre prochain.  La migration internationale est une question politiquement sensible, et elle devrait être traitée par l’Assemblée générale, pour assurer la participation de tous les États Membres à la recherche de solutions.


M. JEAN-MARC HOSCHEIT (Luxembourg) a rappelé qu’après avoir été un pays d’origine des migrations au XIXe siècle, son pays était aujourd’hui un pays de destination, 43% de sa population résidente n’étant pas de nationalité luxembourgeoise.  Il a noté que ces migrants avaient contribué à la prospérité du pays, non seulement économiquement mais aussi culturellement.  Soulignant la dure réalité des migrations, il a affirmé que les solutions se trouvaient à la fois au Nord et au Sud et que si les politiques d’immigration pouvaient fournir une partie de la réponse, la coopération au développement et la lutte contre la pauvreté étaient aussi des éléments indispensables. 


Il a expliqué que le Luxembourg s’employait, notamment avec un de ses pays cibles, le Cap-Vert, à identifier les mesures à prendre pour faciliter et réduire les coûts des envois de fonds vers les pays d’origine.  À long terme, le développement est la réponse la plus prometteuse en terme de durabilité, a-t-il affirmé, ajoutant que la coopération de son pays tiendrait de plus en plus compte de cet aspect dans ses activités et politiques.  Insistant sur le problème de la fuite des cerveaux, M. Hoscheit a fait savoir que son pays collaborait activement aux efforts de l’Union européenne pour se doter d’une éthique et d’une politique communes en matière de ressources humaines dans le domaine de la santé.  C’est dans cet esprit que le Luxembourg, avec ses partenaires du Bénélux, a pris l’initiative en novembre dernier d’inscrire le sujet de la migration et du développement à l’ordre du jour au niveau de l’Union européenne, a-t-il conclu, en annonçant que les Ministres des Vingt-cinq en discuteraient les 10 et 11 avril prochains lors de la session de leur Conseil à Luxembourg. 


M. JOÃO SALGUEIRO (Portugal) a déclaré que le Programme d’action du Caire est un outil central en matière de migration internationale et en matière de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Quand elles sont gérées de manière efficace, les migrations peuvent avoir des effets bénéfiques sur les pays d’origine et les pays de destination, a estimé le représentant, en souhaitant un renforcement de la coopération entre ces deux groupes de pays.  Le Portugal est en faveur de l’élargissement du dialogue sur les migrations au niveau des États, des régions, et au niveau Sud-Nord.  Il se félicite à cet égard de la tenue du dialogue initié par l’Union européenne et l’Afrique sur cette question et attend de prendre part au Dialogue de haut niveau prévu en septembre prochain. 


La période de croissance économique qu’a connue le Portugal a montré qu’il avait besoin de main-d’œuvre.  Mais aujourd’hui, le ralentissement de cette croissance fait que de nombreux migrants se retrouvent sans emploi, ce qui rend plus sensible la question de la migration, a dit le représentant.  Dans le cadre de la mondialisation, la relation avec les migrants devrait être suffisamment ouverte, de manière à ce qu’ils se sentent à l’aise et qu’ils jouissent de leurs droits et s’acquittent de leurs obligations.  Les migrants devraient pouvoir garder leur identité et leurs racines.  Le Portugal organisera des discussions en 2006 et en 2007 sur ces questions.  Au mois de juin, le Gouvernement portugais organisera, en collaboration avec l’Office des migrations internationales, un séminaire sur le rôle que pourrait jouer  les diasporas des pays lusophones anciennement sous tutelle portugaise, dans le développement de leurs pays d’origine.


M. ABDELLAH BENMELLOUK (Maroc) s’est dit convaincu que les migrations sont un phénomène naturel qui ne devrait pas être perçu comme une menace mais plutôt comme une source d’enrichissement.  Il a rappelé que son pays avait été considéré longtemps comme un pays d’immigration et attachait une grande importance à ses ressortissants étrangers.  Pour preuve, il a fait part de la décision de son pays de conférer la possibilité aux ressortissants marocains vivant à l’étranger de se faire représenter au Parlement et a insisté sur la création d’un Conseil supérieur des Marocains de l’étranger.  Il s’agit de leur permettre de participer pleinement au chantier de développement socioéconomique du pays à travers les connaissances acquises dans les pays d’accueil, a-t-il expliqué. 


Il a ajouté que son pays était aujourd’hui aussi un pays de transit, avec des migrants provenant de pays sub-sahariens qui ne peuvent atteindre l’Europe et reste sur le territoire marocain.  Ils sont souvent victimes de filières mafieuses et de groupes structurés qui profitent de leur misère, a-t-il regretté.  Ainsi, il a fait part de la détermination de son pays à combattre ces réseaux de traite mais a affirmé que ces efforts ne pouvaient aboutir sans une approche régionale effective et responsable et sans une concertation aux niveaux bilatéral, régional et international.  Le représentant du Maroc a par ailleurs souhaité un dialogue sincère entre tous les pays d’origine, de transit et de destination afin d’élaborer des solutions durables face aux migrations.  Il a souligné que c’est dans cet esprit qu’une conférence ministérielle euro-africaine aurait lieu les 11 et 12 juillet 2006, à l’initiative du Maroc, de l’Espagne et de la France.  Il s’agit d’apporter des solutions concrètes à la problématique migratoire entre l’Afrique et l’Europe, a-t-il conclu, en notant que l’Afrique avait plus que jamais besoin d’aide et de coopération.


S’associant à la déclaration de l’Union européenne, Mme MIRJANA MLADINEO (Croatie) a souhaité faire part des mesures prises par son pays en faveur d’une politique migratoire cohérente.  Elle a indiqué que son pays avait élaboré une stratégie sur les migrations qui visait à renforcer les capacités institutionnelles afin de gérer efficacement ces mouvements.  Soulignant la détermination de la Croatie à faire respecter les droits des migrants, elle a également mis l’accent sur l’équilibre entre migrations et marché du travail ainsi que sur le regroupement familial.  Elle a aussi déclaré que son pays avait appelé les scientifiques croates à l’étranger à collaborer avec leur pays d’origine en retirant tout obstacle à cette coopération en faveur du développement du pays. 


En outre, elle a constaté que, comme de nombreux pays, la Croatie était touchée par le phénomène du trafic d’êtres humains et participait activement à toutes les activités internationales relatives à la lutte contre ce phénomène tout en ayant adopté un système basé sur les victimes dans ce domaine.  Enfin, elle a déclaré que la loi nationale sur les migrations était encore en élaboration en Croatie.  Elle a précisé que des amendements étaient prévus notamment en ce qui concerne l’éducation et la protection sociale des migrants et qu’une grande attention était portée à l’intégration des migrants dans la société croate.


M. SUMARJATI ARJOSO (Indonésie) a déclaré que l’Indonésie est un des grands pays pourvoyeurs de travailleurs migrants.  Le nombre de ces migrants est d’environ 1 million et ils travaillent en majorité dans des pays d’Asie-Pacifique, du Moyen-Orient et d’Europe.  Ces travailleurs transfèrent environ 5,5 milliards de dollars américains chaque année dans leur pays d’origine, ce qui représente 0,75% du PNB indonésien, a dit le représentant.  Cependant, le Gouvernement indonésien s’est rendu compte qu’il fallait lutter pour une meilleure protection des droits de ses migrants. 


De nombreuses femmes migrantes indonésiennes ont, ces dernières années, été victimes d’abus physiques, psychologiques et sexuels, a regretté M. Arjoso.  Pour faire face à cette situation, le Gouvernement indonésien a fait adopter par le Parlement la loi numéro 39/2004 sur le placement et la protection des travailleurs indonésiens expatriés.  Cette loi vise à améliorer la gestion des flux de la migration, à créer des mécanismes institutionnels de placement et de protection des travailleurs et à défendre les migrants devant la loi des pays d’accueil.  Des peines et des sanctions pénales ont été énoncées pour punir les contrevenants à cette loi, a dit le représentant.  Les montants des virements de fonds effectués par les migrants ont augmenté de manière substantielle et contribuent à l’économie indonésienne, mais notre Gouvernement est d’avis que ces virements ne devraient pas se substituer à l’aide publique au développement, a dit M. Arjoso.  Nous avons créé le Processus de Bali pour faire face aux trafics d’êtres humains qui se produisent dans le cadre des migrations, a poursuivi le représentant.  Il s’est félicité que plus de 50 pays et institutions internationales, dont l’OIM et l’ONUDC, aient pris part à la première réunion organisée dans le cadre de ce Processus.


Mme ANTONAVA (Fédération de Russie) a souligné que son pays était au centre de différents flux de migration et constituait à la fois un pays d’origine, de transit et de destination.  Elle a toutefois noté que le nombre de migrants sur le sol russe ne compensait pas suffisamment les besoins du marché du travail.  Mettant l’accent sur les initiatives prises par son pays en matière de migrations, elle a fait savoir que le pays était sur le point d’achever la conception d’une politique de migration cohérente dont le but est de stimuler une migration légale et réglementée qui s’inscrit dans les besoins économiques du pays.  En outre, elle a déclaré que des mesures pour lutter contre l’immigration illégale avaient été entérinées par le Gouvernement en janvier dernier. 


La représentante a affirmé que la politique de la Fédération de Russie visait, entre autres, à renforcer l’influence positive de l’immigration tout en mettant l’accent sur la sécurité, la protection de l’intégrité territoriale, le respect des droits des migrants ainsi que leur intégration dans la société russe et parmi les populations locales.  Afin de rendre le pays plus attirant pour les migrants, elle a aussi indiqué que des mesures pour faciliter la venue de travailleurs étrangers avaient été mises en place.  Ces migrants doivent répondre aux besoins de l’économie nationale et ne pas porter atteinte aux travailleurs russes, a-t-elle toutefois nuancé.  Enfin, elle a insisté sur le rôle du dialogue international et sur l’efficacité de la coopération régionale pour régler les problèmes concernant les migrations.


M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a déclaré que le Brésil est déterminé à réduire le coût des transferts de fonds et à faciliter les formalités d’investissements quand elles sont sollicitées par des migrants vivant en situation régulière dans leurs pays d’accueil.  Ces objectifs font partie des mesures recommandées par l’Assemblée générale dans sa résolution 60/206, que la délégation du Brésil a soutenue.  Nous attendons la suite donnée à ce texte par les États Membres, a dit M. Sardenberg.  De nombreuses banques brésiliennes travaillent à rendre le crédit accessible aux familles pauvres dont des membres vivent à l’étranger en situation de migrants.  Le Brésil considère que la migration bénéficie largement aux pays d’accueil des travailleurs, qui profitent d’une main d’œuvre à bon marché, souvent très compétente, qui pallie au vieillissement des populations des pays riches. 


Le Brésil mène des négociations bilatérales avec les pays d’accueil qui sont les principaux récepteurs de ses nationaux expatriés, en vue de trouver des solutions à la question de la retraite de ces travailleurs et aux pensions auxquelles ils ont droit, au cas où ils décideraient de revenir au Brésil.  Au niveau régional, ces principes ont déjà été régulés par la Déclaration de Santiago, qui traite de cette question au niveau des pays du Mercosur, a dit M. Sardenberg.


M. SHAHZADO SHAIKH (Pakistan) s’est associé à la déclaration faite par le représentant de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Il a rappelé que la Commission mondiale sur les migrations internationales a reconnu dans son rapport le lien étroit entre le commerce international et les migrations.  L’ironie, selon lui, veut que beaucoup d’énergie et de ressources soient dépensées pour faciliter la libre circulation des biens, alors que peu de choses sont faites pour les mouvements de personnes qui représentent pourtant un autre facteur de production.  Il a plaidé en faveur de nouveaux moyens pour faciliter les migrations, afin de maximiser l’effet de celles-ci en matière de développement, et réduire le trafic d’êtres humains et les atteintes aux droits des immigrés.  Le cadre juridique international des droits des travailleurs migrants est fragmenté et nécessite plus de cohérence, a-t-il estimé.  Il a aussi dénoncé l’absence de sécurité sociale pour ces travailleurs. 


En ce qui concerne les envois de fonds opérés par les émigrés à leurs familles restées au pays, le représentant a estimé que leur impact substantiel sur le développement n’a pas été démontré.  Enfin, il a souhaité qu’une approche scientifique soit développée pour étudier la contribution des migrations internationales au développement, afin de démystifier le débat.  Quant à la situation du Pakistan, M. Shaikh a cité la politique adoptée en 2002 en matière de population qui est axée sur la réduction de la mortalité infantile et maternelle et sur la réduction de la fertilité.


Mme ANA SILVIA RODRIGUEZ (Cuba) a rappelé l’implication de son pays dans le processus de préparation et de suivi de la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire.  Elle a indiqué que Cuba avait signé depuis 1994 des conventions avec les pays dans la région afin de mieux gérer les migrations internationales et réduire les risques pour la vie des immigrés.  Elle a toutefois fait remarquer que les conventions signées avec les États-Unis n’étaient pas appliquées ou seulement en partie.  Il est ainsi impossible d’encourager la coopération et le dialogue avec ce pays sur cette question, a-t-elle estimé.  Rappelant que les États-Unis étaient le principal pays de destination pour les Cubains qui représentent actuellement un million de personnes sur le sol américain, elle a déclaré que les États-Unis persistaient à manipuler politiquement le traitement des migrants cubains. 


La représentante a notamment indiqué que ceux-ci ne pouvaient maintenir des relations normales avec leur pays d’origine et même avec leur famille.  Ils sont considérés comme des citoyens de seconde classe soumis à des discriminations, a-t-elle affirmé en notant que leur retour au pays était encore plus restreint puisque depuis 2004 ils ne peuvent désormais virer plus de 300 dollars par trimestre à leur famille.  De plus, elle a estimé que les États-Unis toléraient les sorties illégales de Cuba et ne sanctionnaient pas les trafiquants.  Cuba a maintenu une politique qui consiste à encourager l’immigration des personnes qui le souhaitent et à garantir ces mouvements de façon légale et ordonnée, a-t-elle assuré.  Enfin, elle a indiqué que son pays traitait les demandeurs d’asile et les réfugiés en se fondant sur une tradition humaniste et de solidarité.


M. PEREIRAMORATO (Bolivie) a déclaré que les migrations sont un indicateur de la condition de développement de chaque pays du monde.  Ce n’est pas par hasard qu’un nombre limité de pays accueille la majorité des migrants.  Les 28 pays qui reçoivent 75% des migrants internationaux sont les pays qui accaparent les retombées de la mondialisation dont ils ont élaboré les mécanismes, a dit le représentant.  Les migrations ont un impact négatif sur la situation interne de la Bolivie.  La pyramide des âges est affectée par le départ massif des Boliviens en âge de travailler, et le développement du pays en subit le contrecoup.  Extrêmement dépendante de l’extérieur du fait des migrations, la Bolivie va aussi souffrir de la chute annoncée de sa natalité, ses femmes jeunes et actives quittant massivement le territoire national.  Les femmes boliviennes s’en vont de plus en plus s’occuper des foyers espagnols comme employées de maison, a regretté le représentant.  Bien que les migrants boliviens aux États-Unis, en Espagne et en Argentine transfèrent à leurs familles la majorité de leurs revenus, ces sommes restent faibles, les emplois qu’occupent ces travailleurs étant des postes peu qualifiés.  La moyenne des transferts mensuels, par famille, est de 120 dollars américains, a précisé le représentant.  Le Président Evo Morales, qui est le premier Président autochtone élu en Bolivie, dénonce le modèle de développement qui a longtemps été imposé à la Bolivie et qui était basé sur un État minimum et sur l’exportation de ressources naturelles brutes.  Le nouveau Gouvernement bolivien opte pour la transformation locale des matières premières, ce qui pourrait créer des emplois et inciter les Boliviens à rester dans leur pays.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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