POP/943

LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT OUVRE LES TRAVAUX DE SA TRENTE-NEUVIÈME SESSION, CENTRÉE SUR LES MIGRATIONS INTERNATIONALES

3 avril 2006
Conseil economique et socialPOP/943
Department of Public Information • News and Media Division • New York

Commission de la population

et du développement

2e séance – matin


LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT OUVRE LES TRAVAUX DE SA TRENTE-NEUVIÈME SESSION, CENTRÉE SUR LES MIGRATIONS INTERNATIONALES


« Vos délibérations et les résultats de vos négociations seront des apports majeurs à la tenue du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales qui aura lieu en septembre prochain au Siège de l’ONU », a déclaré ce matin le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, José Antonio Ocampo, à l’ouverture des travaux de la trente-neuvième session de la Commission de la population et du développement, qui se tiendront jusqu’au 7 avril à New York.


Notant que l’examen des points inscrits à l’ordre du jour de cette session de la Commission devait mettre un accent particulier sur la question cruciale des transferts de fonds par les migrants et sur celle du respect des droits humains, politiques et sociaux des travailleurs migrants, dont notamment les femmes migrantes, M. Ocampo, ainsi que d’autres orateurs, ont recommandé que les pays d’accueil et les organismes financiers procèdent à une baisse des frais de transferts financiers.  Concernant la situation des travailleurs, ils ont déploré les conditions de « quasi non droit » et d’exclusion sociale dans lesquelles ils vivent dans la majorité des pays d’accueil qui, cependant, profitent de leur force de travail.  À cet égard, Mme Thoraya Ahmed Obaid, Directrice exécutive du FNUAP, a déploré que l’objectif d’accorder aux femmes, notamment migrantes, un accès universel aux soins de santé et de santé génésique d’ici à 2015, risque de ne pas être atteint.  Les femmes représentent à ce jour la moitié des travailleurs migrants à travers le monde, a-t-elle rappelé en exhortant les gouvernements et les institutions nationales, régionales et internationales, à intégrer la dimension sexospécifique dans les politiques de migration.


« Les migrations sont en grande partie le fruit des disparités, énormes, qui existent aujourd’hui dans la distribution des revenus mondiaux », a estimé la Directrice de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales, Mme Hania Zlotnik.  À cet égard, elle a indiqué qu’une personne vivant dans un pays à haut revenu gagnait 15 fois plus qu’un individu habitant un pays à revenu moyen, et que le revenu de l’habitant du pays à haut niveau de vie était 60 fois supérieur à celui du citoyen d’un pays moins avancé (PMA) à très bas revenu.  Les 190 à 200 millions de travailleurs migrants que connaît la planète se dirigent majoritairement vers les 28 pays les plus riches du globe, ont indiqué les intervenants en précisant qu’un migrant international sur trois vit en Europe de l’Ouest et un sur quatre en Amérique du Nord.  Les 300 milliards de dollars que ces travailleurs ont transféré en 2005 à leurs familles vivant dans leurs pays d’origine sont à la fois supérieurs au montant total de l’aide publique au développement, et à celui des investissements étrangers directs, ont relevé le Chef du Bureau de la population et du développement du FNUAP et celui de la Section chargée de la migration à la Division de la population du Secrétariat de l’ONU en citant des informations contenues dans les rapports du Secrétaire général.


Tout en se félicitant de la tendance des migrants à porter assistance à leurs familles et à leurs communautés d’origine, les intervenants ont regretté la part énorme que subissent les pays en développement sur le plan des ressources humaines, et notamment dans le domaine de la santé.  À cet égard, Mme Zlotnik a mentionné le fait que sur les 8 millions de personnes hautement qualifiées que les pays de l’OCDE ont attirées de 1990 à 2000, la moitié soit originaire de pays du Sud qui eux-mêmes ont désespérément besoin d’un renforcement de leur capital humain pour faire face à leurs problèmes de développement.  Pour pallier à la question cruciale de l’exode des cerveaux, la Commission, et le Dialogue de haut niveau sur les migrations, devront proposer des stratégies qui permettraient aux travailleurs migrants qualifiés ayant acquis une expérience dans leur pays d’accueil de contribuer au développement de leurs communautés et pays d’origine, ont estimé tous les intervenants.


En début de séance, la Commission a élu par acclamation M. Pablo Enrique Torres Salmerón, du Mexique, au poste de Vice-Président, en remplacement de sa compatriote, Mme Elena Zuniga, démissionnaire.  Les autres Vice-Présidents de la Commission sont Mme Ewa Fratczack (Pologne), et MM. Madji Ramadan (Liban) et Albert Graf (Allemagne).  Les membres de la Commission ont ensuite adopté le rapport* de la réunion intersessions qu’elle a tenue à Banjul, en Gambie, du 19 au 20 décembre 2005, et ont adopté le programme de travail provisoire** de sa présente session.  Dans ce cadre, la Commission a approuvé la proposition de son Président de désigner l’un de ses Vice-Présidents, M. Albert Graf, pour présider ses consultations informelles.  


Les représentants des pays suivants se sont exprimés ce matin: Afrique du Sud (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Autriche (au nom de l’Union européenne), Bangladesh, Fédération de Russie et Iran.  Sont également intervenus les représentants des commissions régionales de l’ONU suivantes: Commission économique pour l’Afrique (CEA), Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) et Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP).  Mme Ann Pawliczko, Conseillère au Service de la population et du développement, a présenté un rapport du Secrétaire général. 


La Commission de la population et du développement poursuivra le débat général de sa 39e session demain, mardi 4 avril, à 10 heures. 


* Voir document publié sous la cote E/CN.9/2006/2

** Les informations relatives au programme de travail provisoire figurent dans les documents publiés sous les cotes E/CN.9/2006/1 et E/CN.9/2006/L.1



SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT


Déclarations liminaires


M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré qu’à travers l’examen des questions inscrites à l’ordre du jour de sa présente session, la Commission de la population et du développement sera mise en position de contribuer de manière substantielle au Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, qui se tiendra au mois de septembre prochain au Siège de l’ONU à New York.  « Les délibérations que vous tiendrez et les résultats de vos négociations seront des apports majeurs au Dialogue », a déclaré M. Ocampo aux délégations.  Ces délibérations peuvent se baser non seulement sur les documents préparés pour cette session de la Commission, mais aussi sur le rapport de la Commission mondiale sur les migrations internationales, qui a été publié au mois d’octobre dernier, ainsi que sur les recommandations faites par les grandes conférences internationales et les sommets tenus sous l’égide de l’ONU, a relevé M. Ocampo.


L’examen de la question des migrations et du développement doit nous rappeler que le traitement de la question de la migration doit faire intervenir aussi bien les pays récipiendaires de main-d’œuvre migrante que ceux qui en sont exportateurs, quels que soient leur importance et leur niveau de développement, a dit le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.  L’examen des questions inscrites à l’ordre du jour de la présente session doit donc se faire sous l’angle du développement des économies et des sociétés humaines.  Il est impératif d’examiner l’impact de la migration sur les pays de destination et ses conséquences sur les pays d’origine des migrants.  À cet égard, la question de l’impact des transferts de fonds des migrants sur leurs sociétés d’origine doit faire l’objet d’un examen particulier.


Les bénéfices économiques, sociaux et culturels des migrations dépendent de manière aiguë du respect des droits des migrants et de leurs familles.  Dans la mesure où ces gens peuvent être impunément victimes d’abus, il faut reconnaître que la situation de « quasi non droit » dans laquelle ils vivent rend toutes les parties perdantes: les migrants et les populations des pays d’accueil qui ne peuvent pas être en compétition avec des travailleurs dont les conditions salariales et de droit du travail relèvent de l’exploitation pure et simple, a indiqué M. Ocampo.  L’amélioration de la situation des migrants dépendra, dans une grande mesure, de la capacité des gouvernements des pays d’accueil de main-d’œuvre à défendre chaque personne des maux du racisme, de l’ethnocentrisme et de la xénophobie.  Une stratégie qui permettrait d’assurer que la migration contribue au développement des communautés d’origine serait de réduire les droits de transfert des fonds, de faciliter l’accès des services financiers aux migrants et de leur permettre d’avoir accès au crédit.  Nous pourrions aussi promouvoir un plus grand engagement des migrants dans le développement de leurs propres pays et communauté d’origine.  Une des caractéristiques de la migration étant la mobilité de gens hautement éduqués et formés à leurs métiers, la communauté internationale devrait veiller à ce que les pays en développement ne soient pas pénalisés par la perte de leurs professionnels.  Des arrangements collectifs pourraient être mis en place, de manière à ce que les personnels migrants des pays du Sud aient la possibilité de se réinsérer dans leurs communautés d’origine, a préconisé M. Ocampo. 


Mme THORAYA AHMED OBAID, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a déclaré que les migrations internationales avaient drastiquement changé au cours des 10 dernières années.  Le fossé croissant entre les pauvres et les riches, la mondialisation, les conflits et notamment les catastrophes écologiques, ont eu des impacts importants sur ces mouvements, a-t-elle ajouté.  Elle a estimé que les migrations internationales avaient une importance critique pour le système des Nations Unies et le multilatéralisme en général.  C’est un test de notre capacité à tous à répondre aux défis de la mondialisation.  Rappelant que le nombre de migrants avait doublé en 50 ans pour atteindre 200 millions de personnes, elle a indiqué qu’il fallait renforcer les capacités pour répondre aux défis posés par ces mouvements.  Elle a fait remarquer qu’il existait des politiques permettant d’optimiser les bénéfices des migrations, telles la facilitation des envois de fonds et la protection des droits des migrants.  Elle a de plus souligné que les migrations offraient aux pays industrialisés une source de main-d’œuvre indispensable.


Par ailleurs, Mme Obaid a rappelé que les femmes constituaient près de la moitié des migrants dans le monde.  Si certaines bénéficient d’une autonomie et une liberté accrues, d’autres en revanche sont menacées par la discrimination, la violence et les abus.  Elle a ainsi déclaré urgent d’intégrer les aspects liés à la parité entre les sexes des droits de la personne dans les politiques de migration.  Insistant en outre sur la question de la fuite des cerveaux, elle a souligné que ce phénomène posait un problème grave dans les pays en développement, tout particulièrement dans le secteur de la santé. 


S’agissant des flux de ressources pour la mise en œuvre du Programme d’action du Caire, elle s’est félicitée de l’augmentation des sommes dédiées à l’assistance à la population.  Toutefois, elle a averti que ces fonds ne suffisaient pas pour répondre aux besoins actuels, notamment en ce qui concerne la santé reproductive.  Une femme sur quatre en Afrique sub-saharienne souhaite recourir à la contraception mais n’y a pas accès, a-t-elle déploré ajoutant que ceci faisait parti des conditions de vie qui poussent aux migrations.  Mme Obaid a rappelé que l’objectif, fixé au Caire lors de la Conférence internationale sur la population et le développement, d’un accès universel à la santé génésique d’ici à 2015, avait été réaffirmé lors du Sommet mondial de septembre 2005.  Notant l’importance de la santé reproductive pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), elle a conclu qu’il était essentiel d’assurer des fonds pour mettre en œuvre tous les aspects du Programme d’action du Caire et que cette question devait être au centre des travaux de la Commission de la population et du développement.


Mme HANIA ZLOTNIK, Directrice de la Division de la population au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a déclaré que sur les 190 millions de migrants qui travaillent à travers le monde, la moitié sont des femmes.  La migration internationale fait marcher la machine économique mondiale, a-t-elle déclaré en ajoutant qu’elle contribuait aussi à une meilleure connaissance des sociétés entre elles et améliorait la qualité de vie dans les pays exportateurs de main-d’œuvre.  La Banque mondiale indique que si on augmente la main-d’œuvre des pays développés de 3% sur une période de 10 ans en y amenant 14 millions de travailleurs migrants, le revenu de chaque habitant de ces pays, y compris les migrants, augmentera de manière substantielle.  Les migrations résultent en premier lieu des disparités des revenus à travers le monde.  Le revenu moyen des gens dans les pays à haut niveau de vie est 15 fois supérieur à celui qui prévaut dans les pays à revenu moyen et 60 fois plus élevé que celui des pays à très bas revenu, a indiqué Mme Zlotnik.


Dans les pays en développement on compte 34 personnes âgées de 20 à 24 ans pour 10 personnes âgées de 60 à 64 ans, ce qui montre un excès de la population jeune, tandis que dans les pays développés, on compte 14 personnes jeunes en recherche d’emploi pour 10 personnes âgées ayant atteint l’âge de la retraite.  Les pays riches auront donc, dans les temps qui viennent, un fort déficit de main-d’œuvre qui ne sera pas résolu sans faire appel à la migration.  Du fait de la mondialisation, la division internationale du travail est en train d’évoluer.  D’une part, les populations des pays du Sud étant de plus en plus éduquées, elles refusent de se cantonner dans des tâches physiques pour se tourner vers la recherche d’emplois faisant beaucoup plus appel à la créativité et à la prise d’initiative. 


D’autre part, 56% des personnes âgées de 20 à 24 ans dans les pays développés passent aujourd’hui par un cycle d’éducation tertiaire, a relevé la Directrice de la Division de la population en notant que non seulement la main-d’œuvre de ces pays se réduisait numériquement, mais elle devient aussi beaucoup plus spécialisée qu’il y a une génération.  Les pays riches devront donc mettre l’accent sur l’économie de la connaissance qui seule peut résorber la demande d’emplois de leurs jeunes, a-t-elle fait remarquer.  Les pays en développement émergents pour leur part se rendent compte que seul un investissement dans l’éducation tertiaire peut leur permettre de maintenir leur croissance actuelle.  C’est pourquoi, on observe depuis quelques années la construction de campus universitaires qui sont des annexes des grands centres de formation occidentaux dans certains pays comme la Chine, la Malaisie, l’Inde, le Mexique, le Nigéria, Qatar, Singapour, l’Afrique du Sud et les Émirats arabes unis, a souligné Mme Zlotnik.  La demande en personnels qualifiés caractérise aujourd’hui la migration internationale, a-t-elle ensuite noté.  De 1990 à 2000, les pays de l’OCDE ont ainsi accueilli 8 millions de travailleurs hautement qualifiés.  La part importante de travailleurs originaires de pays du Sud dans ce chiffre montre la perte que subissent ces pays en développement, a dit Mme Zlotnik. 


M. BELA HOVY, Chef de la Section migration de la branche de l’analyse démographique de la Division de la population, a présenté le rapport du Secrétaire général intitulé « Suivi de la situation mondiale en matière de population: migrations internationales et développement » (E/CN.9/2006/3).  Il a indiqué que ce rapport traitait des aspects démographiques, sociaux et économiques des migrations internationales en ce qui concerne le développement.  Il a indiqué qu’entre 1990 et 2005, la population migrante avait augmenté de 23% et que ce chiffre était comparable à l’augmentation de la population mondiale.  Estimant que tous les pays du monde connaissaient l’impact des migrations, il a toutefois souligné que leurs expériences étaient différentes.  Parmi les facteurs à prendre en compte, il a notamment souligné que les trois quarts de tous les migrants étaient accueillis dans les 28 pays.  Une partie croissante des migrants est accueillie par les régions les plus développées, a-t-il ajouté, faisant valoir qu’un migrant sur trois vivait en Europe et qu’un sur quatre vivait en Amérique du Nord.  Par ailleurs, M. Hovy a constaté que la proportion des femmes et des filles migrantes augmentaient au niveau mondial: 49% en 1990 et 50% en 2005.  Dans les pays les plus développés, le nombre de migrantes est plus important que celui des migrants, a-t-il précisé.  En outre, il a noté que si le regroupement familial était toujours la pierre angulaire des mouvements migratoires, certains pays avaient mis en place des politiques plus contraignantes à cet égard, entraînant une baisse des migrations.  En ce qui concerne la croissance démographique, il a expliqué que le rapport soulignait les différences entre régions.  Les migrations contribuent à la croissance démographique, notamment en Amérique du Nord et en Océanie.  Il a ajouté qu’en raison de la baisse du taux de fécondité dans les pays développés, on prévoyait que le rôle des migrations serait de plus en plus important. 


S’agissant du lien entre migrations et développement, M. Hovy a souligné l’impact des envois de fonds, notant que ces sommes étaient importantes pour les familles à bas et moyen revenu et étaient investi dans des secteurs productifs.  De plus, il a estimé que ces envois avaient des effets positifs sur les pays d’accueil et permettaient entre autres, de générer des emplois ou encore d’atténuer le fardeau fiscal pour les générations futures.  Enfin, M. Hovy a abordé la question de la fuite des cerveaux, question clé pour de nombreux pays en développement.  Il a de plus souligné que la lutte contre le trafic humain était prioritaire pour de nombreux pays.  Ainsi, il a fait valoir que dans ce domaine comme dans d’autres liés aux migrations tel le travail des migrants, de nombreux pays avaient signés des accords bilatéraux ou s’employaient à des initiatives régionales.  Enfin, il a regretté que le manque de données fiables limite l’évaluation plus détaillée des politiques migratoires. 


M. FRANÇOIS FARAH, Chef du Bureau de la population et du développement de la Division de soutien technique du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a présenté le rapport du Secrétaire général sur le suivi des programmes de population, consacré à la question « Migrations internationales et développement » (E/CN.9/2006/4).  Il a déclaré que concernant la fuite des cerveaux, les études démontraient que les migrants formés et les étudiants originaires de pays en développement peuvent potentiellement contribuer au développement de leurs pays d’origine quand des conditions favorables sont mises en place par les gouvernements de ces pays.  Le montant des virements et des transferts de fonds des migrants vers les pays du Sud a atteint ces dernières années la somme de 300 milliards de dollars, a relevé M. Farah en notant que cette somme était supérieure au montant de l’aide publique au développement (APD).  Les virements effectués par les migrants sont devenus un facteur crucial de la promotion de l’économie dans de nombreux pays, a-t-il dit en soulignant que dans de nombreux pays, ces transferts étaient largement supérieurs à ceux de l’investissement étranger direct (IED).  Le rapport du Secrétaire général met en lumière des politiques qui pourraient favoriser le développement des pays d’origine et le retour, chez eux, des migrants qui souhaiteraient mettre l’expérience qu’ils ont acquise au service de leurs pays d’origine, a dit M. Farah.


Mme ANN PAWLICZKO, Conseillère au Service de la population et du développement du FNUAP, a présenté le rapport du Secrétaire général sur les flux de ressources financières devant concourir à l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (E/CN.9/2006/5).  Elle a rappelé que le FNUAP jouait un rôle pilote en ce qui concerne le suivi des avancées pour atteindre les objectifs de cette conférence du point de vue de la mobilisation financière.  Elle a indiqué que ce rapport analysait les flux de ressources nationaux et internationaux et incluait des fonds pour la planification familiale, la santé génésique, les maladies sexuellement transmissibles et le VIH/sida et la recherche de données pour l’analyse de des politiques de développement et de population. 


Notant que le financement des activités de population avait enregistré une augmentation et devrait atteindre 21 milliards de dollars en 2005, Mme Pawliczko a toutefois déclaré que cette somme ne répondrait pas aux besoins.  Les objectifs ont été fixés selon les expériences de 1993, a-t-elle expliqué, et depuis, les coûts et les besoins ont largement augmenté.  Elle a estimé que les objectifs de la Conférence internationale sur la population et le développement étaient désuets et ne permettaient pas de répondre aux besoins actuels.  Il est temps de réévaluer les estimations initiales et de mettre à jour les objectifs financiers conformément à la réalité actuelle, a-t-elle insisté. 


Par ailleurs, Mme Pawliczko a souligné que l’assistance à la population provenait de quelques pays donateurs et que les ressources nationales étaient mobilisées par un petit nombre de grands pays en développement.  De plus, elle a rappelé que l’augmentation constatée dans le financement était surtout imputable à une augmentation de fonds pour la lutte contre le VIH/sida.  Il est important de mobiliser des ressources pour les autres éléments, tout aussi importants, du Programme d’action du Caire, a-t-elle affirmé.  Rappelant que ces objectifs étaient essentiels pour parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement, elle a déclaré que seul un financement adéquat permettrait d’atteindre ce but.  Cela sera possible quand les donateurs, les institutions internationales et les pays en développement renforceront leur volonté politique et réexamineront leurs priorités en augmentant les fonds pour l’assistance aux populations, a-t-elle conclu. 


Débat général


M. V. MADONSELA (Afrique du Sud), a déclaré, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, que les pays membres de ce Groupe réaffirmaient leur engagement envers la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement.  Cependant, à la lecture des rapports soumis à la Commission par le Secrétaire général, le Groupe des 77 et de la Chine sont inquiets de l’insuffisance de la mobilisation des ressources qui devraient être mises au service de l’application du Programme d’action.  Le Groupe des 77 et de la Chine tient à souligner que l’examen des questions relatives à la migration devrait se faire sous l’angle des mécanismes de la mondialisation, de la démocratisation des moyens de transport aérien et du développement des technologies de l’information et de la communication (TIC), a indiqué M. Madonsela.  Les migrations devraient donner aux migrants la chance d’avoir accès aux ressources de développement humain, de manière à ce que soit facilitée la mise en œuvre de politiques de développement nationales, régionales et globales. 


Il est inacceptable que les migrants soient traités avec discrimination et subissent le racisme, la xénophobie et d’autres abus, a dit le représentant.  Au Sommet mondial de 2005, les chefs d’État et de gouvernement ont réaffirmé leur engagement à assurer le respect des droits humains des migrants.  À Beijing, les pays s’étaient aussi engagés à assurer aux femmes la pleine jouissance de leurs droits sociaux et humains.  Il est temps que les femmes migrantes soient protégées contre les abus.  Une attention particulière devrait être portée à leur bien-être sanitaire et génésique.  Les femmes sont vulnérables aux pandémies, et notamment au sida, lorsqu’elles vivent dans des conditions de discrimination et d’exclusion, a relevé le représentant.  Le Groupe des 77 et de la Chine propose que la question des migrations soit examinée sous l’angle de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il recommandé.


M. THOMAS NADER (Autriche), s’exprimant au nom de l’Union européenne, rappelé que la question des migrations internationales était délicate et que les opinions divergeaient entre pays et régions.  Il a estimé qu’il fallait comprendre ces divers avis pour entreprendre un dialogue productif.  Il a jugé essentiel d’optimiser les effets positifs des migrations pour tous les pays, qu’ils soient d’origine, de transit ou de destination.  Dans l’optique de contribuer au dialogue de haut niveau sur les migrations, les 14 et 15 septembre 2006, il a souhaité que la Commission se concentre sur les aspects correspondant à son mandat et son expertise tels le lien entre développement et migrations ou encore celui entre les migrations et la croissance démographique. 


M. Nader a indiqué que l’Union européenne développait, depuis 10 ans, un cadre commun de politiques migratoires.  Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, l’Union européenne a reconnu que les migrations constituaient une part essentielle du développement et que lorsque ces mouvements sont gérés efficacement, ils peuvent avoir un impact positif substantiel sur le pays d’accueil et celui d’origine.  De plus, il a aussi souligné l’importance de lutter contre les migrations illégales.  Il a estimé que les droits des migrants devaient être protégés et respectés tout en soulignant l’importance des besoins spécifiques des femmes et des enfants migrants.  Nous devons augmenté notre vigilance et créer des mesures de soutien pour les personnes affectées négativement par les migrations, dont la création d’alternatives économiques.  Il est essentiel de donner une attention particulière à l’accès des migrants à des services de santé adéquats, dont la santé reproductive. 


S’interrogeant sur les mesures concrètes à prendre pour transformer les intentions politiques en actions, le représentant de l’Autriche a fait part des souhaits de l’Union européenne.  Il a ainsi déclaré que l’Union européenne était en faveur d’un dialogue accru entre pays et régions ainsi qu’au niveau international.  Par ailleurs, il a souligné l’importance du renforcement des capacités afin de gérer les phénomènes migratoires.  Il a affirmé que la coopération en matière de développement pouvait être ciblée sur la création d’emplois, l’inclusion sociale ou encore la réduction de la pauvreté.  En outre, s’agissant des envois de fonds, il a souhaité que leurs niveaux élevés ne soient pas à l’origine d’un déclin de l’aide publique au développement (APD) et que des efforts supplémentaires devaient être faits pour améliorer les effets de ces envois.  M. Nader a de plus insisté sur le phénomène de la fuite des cerveaux, qui crée un manque de personnel dans des secteurs clés, ainsi que sur le rôle de la diaspora quant à sa contribution au développement du pays d’origine.  Il est essentiel que les États continuent à explorer des moyens de renforcer le lien entre migrations et développement, a-t-il conclu, afin que le potentiel de migrations bien gérées puisse aider à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. 


M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que la perte par les pays en développement de leurs  personnels qualifiés exerce une pression négative sur leur évolution sociale et économique, tandis qu’elle enrichit les pays développés qui connaissent des pénuries de main-d’œuvre.  Il est dommage que les négociations du GATT, donc du Cycle d’Uruguay, n’aient pas suffisamment traité de la question de la migration.  Les débuts de solutions apportés aux problèmes des migrants sont encore largement insuffisants, a dit le représentant. 


Le Bangladesh, qui a un énorme surplus de main-d’œuvre, promeut des politiques qui devraient faciliter la mise en place d’un meilleur cadre de migration internationale.  Les travailleurs bangladais, qui avaient transféré 576 millions de dollars vers leur pays d’origine en 1986, en ont transféré 4 milliards l’an dernier, a indiqué M. Chowdhury.  Ces envois de fonds sont une contribution importance à l’équilibre de la balance des paiements de notre pays et contribuent de manière cruciale au développement du Bangladesh, a-t-il souligné.  Nous pourrions obtenir de meilleurs résultats en améliorant le dialogue entre le Gouvernement, les migrants et leurs familles au niveau national, a estimé le représentant.  Le Dialogue de haut niveau de septembre prochain devrait être une occasion d’échange d’expériences et de négociation d’un cadre de migration qui soit plus juste et s’appuie sur des mécanismes basés sur le droit, la durabilité et la réduction des impacts négatifs de la migration.


M. NIKOLAY V. CHULKOV (Fédération de Russie) a déclaré qu’il fallait en  priorité réduire les effets négatifs des migrations et en optimiser les avantages.  Rappelant les objectifs fixés lors de la Conférence du Caire, il a souligné que la Commission devait maintenant travailler à leur mise en œuvre en matière de migrations.  Elle doit jouer un rôle important, a-t-il insisté, afin d’évaluer la situation sur le plan mondial et de mettre au point, dans le cadre de son mandat, des recommandations concernant les aspects démographiques des migrations internationales.  Il a souhaité que ces recommandations répondent aux intérêts de tous les États et soient équilibrées.  Par ailleurs, il a jugé indispensable de conjuguer les efforts des pays origine, de transit et d’accueil dans l’objectif la situation sociale et économique dans chacun de ceux-ci, et particulièrement la situation des migrants. 


Le représentant a constaté que les migrations étaient importantes pour pallier au manque de main-d’œuvre et créer des emplois, entre autres, dans les pays d’accueil.  La tendance à un déclin des populations qui caractérise certains pays développés comme la Fédération de Russie, a-t-il poursuivi, conduit à une réduction marquée de la population en âge de travailler.  Il faut analyser les flux migratoires comme un facteur positif qui permet de compenser ce phénomène.  Par ailleurs, il a souligné le problème de la fuite des cerveaux, qui se pose également de manière aiguë dans son pays.  Afin d’y faire face, il a estimé qu’il fallait se pencher sur les causes des processus migratoires. 


Par ailleurs, il a souhaité un examen des efforts consentis dans le système des Nations Unies ainsi qu’un suivi du respect des dispositions juridiques concernant les migrants.  Pour parvenir à des politiques migratoires réussies, il a estimé qu’il fallait disposer de données statistiques fiables sur les migrations ainsi que de méthodes permettant d’évaluer les flux migratoires.  Selon lui, il est également indispensable d’accroître la connaissance de la dynamique des migrations et de leurs évolutions pour parvenir à des politiques internationales dans ce domaine. 


M. HOSSEIN GHARIBI (République islamique d’Iran) a estimé que les débats sur les migrations devraient impliquer tous les États, ainsi que la société civile et les autres parties prenantes, afin de trouver des solutions qui soient reconnus par tous.  Il est impératif de trouver des solutions consensuelles aux problèmes des migrants.  Les discriminations, le racisme et la xénophobie sont inacceptables, a dit le représentant.  Les migrations étant dues à l’iniquité des échanges économiques mondiaux, il faudrait veiller à mettre en place une mondialisation qui soit plus respectueuse des besoins de tous les peuples et de toutes les sociétés humaines, a estimé le représentant.


M. SEMBAJWE, représentant de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), fait part des activités de la Commission en ce qui concerne les migrations, notamment sa présence à des réunions et conférences internationales sur ce thème.  Il a de plus indiqué que la CEA préparait une publication spéciale sur les migrations internationales et le développement pour juillet 1996.  Il s’est aussi attaché aux résultats de la conférence des ministres qui s’est tenue dans le cadre du dixième anniversaire de la Conférence internationale sur la population et le développement, en juin 2004.  Il a noté que l’Afrique avait, à cette occasion, identifié des domaines importants pour son développement comme la contribution de la diaspora, la réponse à donner à la fuite des cerveaux ou encore l’impact des migrations transfrontalières. 


Le représentant a aussi souligné l’importance pour la CEA de collaborer plus étroitement avec l’Union africaine pour répondre aux priorités identifiées dans la région africaine.  Il a fait part des actions que la Commission prévoyait d’entreprendre et qui viserait les décideurs.  Il s’agit, avant tout, a-t-il expliqué, d’organiser des rencontres d’experts en collaboration avec l’Union africaine afin de trouver une position africaine commune sur la gestion des migrations internationales.  Enfin, il a fait part d’autres initiatives régionales, comme le Forum de développement africain, qui auront pour thème les migrations internationales et le développement.


M. DIRK JASPER-FAIJER, Représentant de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a déclaré que la CEPALC a publié, il y a 15 jours, un document de travail sur les migrations internationales, les droits de l’homme, et la situation des pays d’Amérique latine et des Caraïbes.  La Division de la population et des migrations est le point focal de la CEPALC sur ces questions, a dit Jasper-Faijer.  La CEPALC considère la situation actuelle des migrations comme relevant de la problématique du développement et de celle du respect des droits de l’homme, a-t-il poursuivi. 


La discussion qui a eu lieu autour du document de travail sur les migrations internationales, a mené les pays de la CEPALC, réunis lors de la session de cette Commission en Uruguay, à adopter une résolution qui sera soumise à l’examen des membres de la Commission de la population et du développement, a indiqué le représentant.  Cette résolution recommande que les documents présentés aux délégations au cours de la présente session de la Commission soient mis à la disposition des participants au Dialogue de haut niveau qui se tiendra en septembre prochain, a indiqué M. Jasper-Fajjer.  La résolution endosse les études menées par des experts de la région de l’Amérique latine et des Caraïbes sur les migrations.  Elle recommande la ratification des instruments internationaux existants sur ce thème et appelle à la création d’un groupe de travail interinstitutions sur les migrations.  


Mme KEIKO OSAKI, représentante de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a rappelé que les migrations internationales étaient une question importante pour cette région.  Plus d’un tiers de tous les migrants vivent en Asie et dans la région du Pacifique, a-t-elle précisé en notant que les migrations étaient devenues une part importante de la situation économique, sociale et politique de la région.  Elle a constaté que les travailleurs migrants temporaires constituaient la forme la plus répandue de migrations en Asie alors que les migrations permanentes prédominaient dans le Pacifique.  Elle a expliqué que, dans l’optique de mieux comprendre ces phénomènes, la CESAP avait mené diverses activités.  Elle a notamment souligné le travail de la Commission en collaboration avec le FNUAP et l’Organisation des migrations internationales, pour organiser un séminaire régional sur les migrations et leurs impacts sociaux, en août 2005 à Bangkok. 


Mme Osaki a aussi rappelé que la CESAP avait, en octobre 2005, organisé une réunion d’experts pour la promotion et la mise en œuvre de la Convention pour l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes, en s’intéressant particulièrement, à la violence et au trafic de femmes.  De plus, elle a indiqué qu’un Forum intergouvernemental, en novembre 2005, s’était penché sur la question des migrations et des groupes vulnérables.  Rappelant que l’Assemblée générale avait invité les commissions régionales à contribuer à la préparation du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales de septembre prochain, elle a espéré que les questions spécifiques aux régions seraient prises en compte lors de cet évènement.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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