ONG/602-PI/1734

LA CINQUANTE-NEUVIÈME CONFÉRENCE DPI/ONG S’OUVRE EN SOULIGNANT L’IMPORTANCE DES PARTENARIATS POUR PARVENIR AU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET À LA SÉCURITÉ HUMAINE

6/9/2006
Communiqué de presseONG/602
PI/1734
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

59ème Conférence annuelle DPI/ONG

matin et après-midi


LA CINQUANTE-NEUVIÈME CONFÉRENCE DPI/ONG S’OUVRE EN SOULIGNANT L’IMPORTANCE DES PARTENARIATS POUR PARVENIR AU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET À LA SÉCURITÉ HUMAINE


Une table ronde s’interroge aussi sur les moyens de faire progresser le développement


La 59ème Conférence annuelle du Département de l’information pour les organisations non gouvernementales (ONG) s’est ouverte ce matin au Siège des Nations Unies à New York. Plus de 2 500 représentants d’ONG et de la société civile sont attendus, au cours des trois jours de cette rencontre, afin de faire entendre leur voix sur le thème choisi cette année, « Une tâche inachevée: constituer des partenariats efficaces pour la sécurité humaine et le développement durable ».


Vous êtes nos partenaires pour le développement humain, a lancé aux participants M. Jan Eliasson, Président de la soixantième session de l’Assemblée générale.  Il a souligné le rôle essentiel des ONG dans la réalisation des trois grands objectifs des Nations Unies: la paix et la stabilité, le développement durable et la garantie d’une vie digne pour tous.  Rappelant que les ONG permettaient d’amener les réalités aux Nations Unies et contribuaient à la réalisation d’actions concrètes, il a plaidé pour un renforcement du multilatéralisme et des Nations Unies grâce à l’établissement de partenariats efficaces.   


Accueillant les représentants des ONG au nom de M. Shashi Tharoor, Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information, M. Raymond Sommereyns, Directeur de la Division des services et produits destinés au public, s’est félicité qu’une soixantaine d’intervenants représentant les Nations Unies, les gouvernements, la société civile, les ONG et le secteur privé puissent donner des exemples spécifiques de partenariats efficaces pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a aussi insisté sur la forte présence cette année d’organisations de jeunes, soit un représentant sur cinq.


L’ouverture de cette 59ème Conférence a également été l’occasion d’entendre un message d’Evo Morales, Président de la Bolivie, dont a fait lecture le Vice-Président de ce pays, Alavaro Garcia Linera.  Dans son message, le Président bolivien a déclaré qu’il n’était pas possible d’avoir un modèle unique de développement et que depuis les années 1980, une alternative était apparue tendant à démontrer qu’il y a autant de formes de développement que de pays et de cultures différentes.  À cet égard, il a appelé les ONG à étudier la situation avant d’imposer une ligne d’action sur le terrain afin d’utiliser au mieux la richesse universelle. 


Pour sa part, le Vice-Ministre japonais des affaires étrangères, Katsutoshi Kaneda, a noté que le concept de sécurité humaine visait à donner à chaque individu les moyens de protéger sa propre sécurité, ses moyens de subsistance et sa dignité.  Il a estimé que les ONG et la société civile avaient un rôle essentiel dans la mise en œuvre de ce concept puisqu’elles symbolisaient cette approche axée sur les personnes.  Dans l’optique d’une réponse intégrée face aux défis actuels du monde, il a soutenu l’établissement d’un partenariat mondial fort.


Quant à la Présidente de cette 59ème Conférence annuelle, Michaela Walsh (États-Unis), elle a énuméré les nombreux sujets de partenariats possibles avec la société civile comme l’accès à l’eau potable ou à l’électricité.  Elle a souhaité que les rencontres et liens nouveaux visant à l’élaboration de partenariats soient favorisés dans la pluralité d’idées et de cultures. 


Dans l’après-midi, la Conférence a organisé une première table ronde sur le thème « Faire progresser le développement: obligations de résultats, transparence et politiques commerciales équitables ».  Parmi les panélistes, Hans Blix, Président de la Commission des armes de destruction massive, a souligné l’importance de la transparence et du rôle des ONG pour en faire respecter les exigences.  Les autres intervenants ont également insisté sur la nécessité de cette information ainsi que sur une meilleure sensibilisation du grand public au poids de la société civile afin de parvenir aux objectifs de développement. 


La 59ème Conférence annuelle DPI/ONG se poursuivra demain, jeudi 7 septembre, par une série de tables rondes.


Déclarations liminaires


M. JAN ELIASSON, Président de la soixantième session de l’Assemblée générale, s’est félicité de la présence en grand nombre de représentants d’ONG.  Il a rappelé que c’était là une manière d’« amener les réalités » aux Nations Unies.  Parfois vous nous soutenez, a—t-il lancé, aux représentants, mais parfois vous nous poussez à mieux faire et cela est indispensable car les gouvernements sont là pour servir les peuples.  Il a estimé que les ONG étaient les partenaires des Nations Unies dans la réalisation de ses trois grands objectifs, à savoir la paix et la stabilité, le développement durable et la garantie d’une vie digne pour tous.  Il a affirmé que les ONG étaient très actives dans ces trois domaines et contribuaient à la réalisation d’actions concrètes.  Soulignant l’urgence de parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), il a indiqué qu’il faudrait, entre autres, permettre à tous d’avoir accès à l’eau potable et à l’éducation, notamment pour les filles, et mobiliser des ressources ainsi que l’opinion publique dans ce sens.  Nous avons tellement à faire que parfois je me demande si nous allons vraiment réussir, a-t-il déclaré. 


Pour y parvenir, a estimé Jan Eliasson, il faudrait travailler ensemble.  Nous devons démontrer la valeur du multilatéralisme, a-t-il souligné, en arguant qu’il faudrait renforcer les Nations Unies.  Rappelant qu’il ne lui restait que cinq jours en tant que Président de l’Assemblée générale, M. Eliasson a indiqué que l’année qui s’écoule était enrichissante, avec notamment la création de la Commission de consolidation de la paix et du Conseil des droits de l’homme.  Toutefois, il a rappelé que beaucoup restait à faire, citant par exemple le domaine du désarmement et de la non-prolifération.  Dans cette perspective, il a plaidé pour l’établissement de partenariats efficaces.  Vous êtes nos partenaires dans le développement humain, a-t-il insisté.  Sans passion, rien de valable ne peut être construit, et sans compassion, rien de solide ne peut être édifié, a-t-il déclaré.  Vous, la communauté des ONG, êtes guidés à la fois par la passion et la compassion qui nous rappellent que c’est ensemble, et non individuellement, que nous pouvons accomplir de grandes réalisations, a-t-il conclu.


M. ALVARO GARCIA LINERA, Vice-Président de la Bolivie, s’exprimant au nom du Président Evo Morales, a rappelé que le développement depuis le XIXe siècle demeure un des grands mythes de notre modernité.  Hier, l’industrialisation paraissait indispensable avec le développement des grandes villes et beaucoup de pays moins développés ont été tentés de copier ce modèle en faisant passer le développement agricole au deuxième plan.  Or, il est difficile, a-t-il ajouté, de ne rechercher qu’un seul modèle de développement.  Des mécanismes pervers se sont installés prouvant que cette tentative s’est souvent soldée par des impasses, ou des attitudes colonialistes.  L’histoire nous montre que la majorité des ressources a été exploitée par une minorité de populations, à la faveur de mécanismes de colonisation et d’exploitation qui ont entrainé des guerres et prouvé les limites humaines de ce type de modèle.


Depuis les années 80, un modèle alternatif est apparu tendant à démontrer qu’il y a autant de développement que de pays et de cultures différentes.  Les pays les plus pauvres ne peuvent plus subir ces mécanismes injustes.  Par ailleurs, a-t-il insisté, il faudrait désormais que le savoir et les connaissances soient accessibles aux populations des pays les plus pauvres.  La notion du respect du développement, et de la création de richesses, de soif du progrès par exemple.  Ainsi, il faut savoir allier les vertus de l’ancienne vision de développement, celle du XIXe siècle, et celle du développement alternatif actuel.  Ce double développement, en démantelant l’ancien, n’en deviendrait qu’un seul à la faveur d’une richesse universelle.


Pour ce faire, a conclu le Vice-Président bolivien, il faudrait qu’il y ait une attitude critique moderne, ouverte de la part des ONG qui doivent étudier la situation avant d’imposer une ligne d’action.  Ce développement pluriel permettra d’utiliser au mieux la richesse universelle.


M. KATSUTOSHI KANEDA, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a rappelé qu’un des thèmes de la Conférence, la sécurité humaine, était un des objectifs de la politique étrangère de son pays.  Il a estimé que les menaces actuelles comme la pauvreté extrême, les conflits ou encore la dégradation de l’environnement et le terrorisme exigeaient une redéfinition et une nouvelle manière d’aborder la sécurité, axée sur les citoyens.  Il a expliqué que le concept de sécurité humaine visait à donner à chaque individu les outils nécessaires pour protéger sa propre sécurité, ses moyens de subsistance et sa dignité.  Les États ont la responsabilité première de la protection de leurs citoyens, a poursuivi le Vice-Ministre, mais la sécurité humaine aide ces citoyens à définir et à jouir de leurs libertés.  Il a estimé que cette autonomisation des individus leur permettrait de faire de meilleurs choix et faire face efficacement à l’insécurité.  Il a déclaré que les ONG et la société civile avaient un rôle essentiel dans la mise en œuvre de la sécurité humaine puisqu’elles symbolisaient cette approche axée sur les personnes.  Elles sont idéalement placées pour appliquer ce concept sur le terrain, a-t-il insisté. 


M. Kaneda a argué que la communauté internationale avait pour l’instant répondu de manière fragmentée aux menaces et qu’il fallait désormais intégrer les différentes réponses.  Dans cette perspective, il a cité en exemple la création, en 1999, à l’initiative du Japon, du Fonds d’affectation spéciale pour la sécurité humaine, au sein des Nations Unies, qui exigent que ses projets répondent à des demandes émanant du terrain et rassemblent les efforts de différentes organisations de l’ONU.  Il a indiqué que pour que la communauté internationale parvienne aux objectifs de la sécurité humaine et du développement durable, il faudrait reconnaître les défis existants, les relations entre ces questions et la nécessité de les traiter de manière intégrée.  Dans ce sens, le Vice-Ministre a plaidé pour un partenariat mondial fort, notant que la Conférence actuelle était une occasion importante pour mobiliser les énergies dans cette direction.


Mme JOAN KIRBY, Présidente du Comité exécutif DPI/ONG des Nations Unies et représentant du Temple de la compréhension, s’est exprimée sur des questions qui ne figurent pas dans la presse mondiale et qui seront abordées dans l’année à venir par le Comité.  Elle a notamment insisté sur la liberté de la presse, le dialogue entre les civilisations, les soins de santé de base, ou encore le racisme.


Le Comité exécutif a négocié pour que de nombreuses ONG puissent participer au débat en organisant des séances spéciales, ceci en vue d’examiner les revendications et d’établir un plan d’information continu.  « Nous devons dépasser le cadre de New York, a-t-elle ajouté, sachant que les trois quarts des ONG proviennent du New Jersey et nous devons nous ouvrir au monde ».


Ainsi, à l’issue d’une enquête sur Internet, une étude a effectivement montré que la recherche d’une audience plus large avec les ONG était essentielle.  Tout d’abord, un examen du règlement intérieur du Comité exécutif est prévu, a indiqué Mme Kirby, afin de disposer de toute la souplesse et de toute la rigueur que ces transformations imposent afin de mieux communiquer avec les 1 500 ONG recensées dans le monde entier.  Parmi ces nombreux projets, celui très attendu de la création de résidences régionales chargées de représenter les cinq grandes régions onusiennes de la planète.  Tout doit concourir à l’avenir à favoriser la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-elle insisté.


Mme RENATE BLOEM, Présidente de la Conférence des organisations non gouvernementales ayant des relations consultatives avec les Nations Unies (CONGO), a indiqué que la Conférence annuelle DPI/ONG permettait à la société civile de mieux contribuer au travail des Nations Unies et de renforcer l’Organisation par le biais de consultations.  Soulignant le thème des partenariats choisis cette année, elle a déclaré qu’elle était convaincue de l’importance des partenariats établis avec l’ONU.  Notant que les défis actuels exigeaient désormais des partenariats plus larges et qu’il existait certaines hésitations face à ce phénomène, elle a affirmé que les Nations Unies et les ONG devaient évoluer dans ce domaine.  Si nous voulons parvenir aux objectifs de développement, toutes les parties et notamment au sein de la société civile, doivent travailler ensemble, a-t-elle argué.  Elle a ainsi déclaré qu’il était de la responsabilité des ONG d’accroître l’intérêt du secteur privé pour les activités des Nations Unies.  Notant que de nombreux partenariats avaient déjà été créés, Mme Bloem a souhaité que ce processus se poursuive et que la lutte contre la pauvreté se fasse dans un effort uni.  Enfin, elle a souligné l’importance de la participation de la société civile et a salué sa représentation au nouveau Conseil des droits de l’homme.  Toutefois, elle a estimé que le Conseil de sécurité devait s’ouvrir aux peuples, aux individus et à la société civile.  Le renforcement des partenariats pour le développement durable et la sécurité humaine est essentiel, a-t-elle conclu, en demandant qu’on reconnaisse pleinement le potentiel des ONG et de la société civile.


Mme MICHAELA WALSH (États-Unis), Présidente de la Conférence et Coprésidente du Comité préparatoire, croit en l’engagement des ONG dans un monde changeant et voudrait redéfinir la place qui est la leur au sein de la société.  De même, a–t-elle rappelé, les Nations Unies constituent le seul forum mondial pour entendre des « échanges de vues civilisés », en particulier à l’heure où le fossé numérique se creuse entre les pays les plus développés et les autres.  Quant à la répartition de l’électricité, de l’eau potable, les statistiques montrent que plus de 50% de la population mondiale en sont dépourvus.  Ce sont, a-t-elle ajouté, autant de sujets de partenariats possibles avec la société civile ou les organismes universitaires.  Pour ce faire, il faut développer ces rencontres et ces liens nouveaux afin de parvenir à une pluralité d’idées et de cultures. 


Table ronde « Faire progresser le développement: obligation de résultats, transparence et politiques commerciales équitables »


M. HANS BLIX, Président de la Commission sur les armes de destruction massive, a évoqué cet après-midi deux points sur lesquels les ONG ont excellé: celui de l’exigence de résultats et du souci de transparence puis celui de la prise de conscience de la réalité stagnante du contrôle des armes dans le monde qui ne progresse pas.  Le processus du désarmement, a-t-il souligné, se doit aujourd’hui de trouver une nouvelle impulsion.


Pour Hans Blix, les ONG participent de manière cruciale à l’élaboration d’un diagnostic qui, seul, peut aboutir a une bonne thérapie.  Selon lui, le caractère critique des ONG n’a jamais autant compté que depuis la dernière guerre en Iraq, durant laquelle ce pays avait été condamné à la guerre sans raisons véritablement fondées.  Certes, un dictateur brutal a pu être destitué, mais ce processus d’entrée en guerre a été fondé sur une série de mensonges inacceptables, a-t-il fait remarquer.  Si les inspecteurs de l’AIEA avaient pu rester plus longtemps, a affirmé M. Blix, la guerre aurait sans doute pu être évitée.  Les inspections internationales professionnelles sont en effet un outil important pour établir la vérité et les États du monde doivent reconnaître leur impartialité.  M. Blix en est ensuite venu à s’interroger sur la question du désarmement dans le cours de l’histoire contemporaine.


Durant la guerre froide, chacune des superpuissances était prête à accepter des limites, et des conventions ont été conclues -contre la prolifération d’armes chimiques et biologiques- et les cinq États nucléaires s’étaient engagés à infléchir la production d’armes atomiques.  Aujourd’hui, la solution semble paradoxale.  Si les conflits idéologiques ont disparu, nul ne semble attaché à l’idée de réduire les arsenaux, bien au contraire.  Et tandis que de nouveaux pays aspirant à l’arme atomique se font connaître, d’autres comme les États-Unis veulent perfectionner plus encore leurs techniques ultraperfectionnées d’armements en tout genre.  Prêcher le désarmement à certains sans pour autant réduire son propre arsenal ne semble pas une méthode acceptable, a estimé M. Blix.


En outre, la conférence de Genève sur le désarmement n’a pas pu trouver un accord, or il est urgent de conclure un traité interdisant la production de matériaux fissibles.  Il faut recommencer à s’éloigner de l option vers la course nucléaire.  Le potentiel des Nations doit aider à réussir cette rude tâche.


Mme GRACE NSHEMEIRE, représentante de « Low Unit Pack Champion Unilever », s’est penchée sur les pratiques commerciales équitables au niveau de la microentreprise.  Elle a expliqué qu’en Afrique, et dans la plupart des pays en développement, ces commerces de détail, comme les étals de marché, constituaient des employeurs très importants pour les plus pauvres.  Dans ces pays, a-t-elle poursuivi, les échanges commerciaux se font au niveau des villages et des communautés.  Elle a constaté que ces commerces se développaient considérablement et représentaient une source importante de revenu pour les pauvres.  Ces petits commerces, souvent dirigés par le mari et la femme, répondent aux besoins des consommateurs locaux. 


Mme Nshemeire a ainsi fait part des efforts d’Unilever pour aider au développement de ces commerces et aider les plus pauvres à améliorer leurs moyens de subsistance et donc leurs conditions de vie.  Elle a notamment mis l’accent sur un projet pilote au Kenya qui demande à des agriculteurs de semer des cultures spécifiques dont les récoltes sont ensuite achetées par Unilever.  Ceci, a-t-elle expliqué, permet de limiter le nombre d’intermédiaires et d’augmenter les marges de profits des agriculteurs.  Par ailleurs, elle a insisté sur les efforts visant à améliorer la formation et les compétences techniques des agriculteurs pour qu’ils puissent mieux vendre leurs produits.  Outre ces solutions, elle a suggéré de faciliter l’accès de ces commerçants aux crédits, aux marchés et au microfinancement.  Enfin, elle a estimé que l’éducation de ces personnes en ce qui concerne le coût de leurs produits et les subventions disponibles étaient indispensables.  Avant de conclure, elle a affirmé qu’améliorer la subsistance des plus pauvres n’était pas uniquement l’affaire des ONG, le secteur privé avait aussi un rôle à jouer dans ce domaine. 


M. MAL NUHU RIBADU, Président exécutif de la Commission contre les crimes économiques et financiers du Niger, a déclaré pour leur rendre hommage que les objectifs que se sont donnés bien des ONG se gagnent au péril de la vie de ceux qui les soutiennent.  Le développement, a-t-il poursuivi, est un processus auquel chacun parviendra un jour mais la question est de savoir à quel rythme cela se fera pour certains.  « Comment pouvons-nous faire pour accélérer la cadence? » 


Si l’on prend l’exemple des pays d’Afrique, et de ceux du Sud en général, les efforts pour aboutir à un État de droit et au développement semblent avoir souvent échoué.  Dès lors, comment progresser dans un monde de plus en plus compétitif?  Il y a eu jusqu’ici un échec de gestion total, une absence de primauté du droit, des politiques économiques impropres à la croissance et il semble que tous ces facteurs s’intéressent mutuellement de la pire manière.


« Au Nigéria, a poursuivi Mal Nuhu Ribadu, nous luttons désormais contre la corruption, vers une politique de transparence, en faveur des moyens de base pour la justice, et pour la lutte contre la pauvreté » mais il semble qu’aucune politique ne réussira sans une prise de conscience généralisée de tous les concitoyens nigérians.  Ainsi, puisqu’une coalition entre la société civile et les pouvoirs publics a obtenu des résultats ces dernières années, notamment dans la lutte contre la corruption, dès lors, pourquoi ne pas envisager d’en faire de même du point de vue économique ou politique? s’est-il interrogé.


M. LESTER SALAMON, Directeur du Centre pour l’étude de la société civile de John Hopkins Institute for Policy Studies, a affirmé que de plus en plus, on reconnaissait que les solutions aux problèmes complexes de la pauvreté exigeaient une action commune des entreprises, de la société civile et des pouvoirs publics.  Il a noté qu’on reconnaissait également les limites de l’action gouvernementale et la nécessité de faire participer d’autres acteurs.  Il a constaté que cela permettait d’aborder les problèmes d’une nouvelle manière et que ces collaborations se développaient.  Dans cette perspective, il a estimé que les ONG avaient un rôle important car elles pouvaient mobiliser de nouvelles énergies et de nouvelles ressources.  Elles peuvent également générer un soutien sur le terrain et porter à l’attention de la presse et des dirigeants de nouveaux problèmes, a-t-il poursuivi.  Pour développer ce plein potentiel, il a déclaré que les ONG devaient s’attaquer à trois défis: sensibiliser le public au rôle des ONG, garantir la transparence et assurer leur compétence et leur efficacité. 


Soulignant que toutes les ONG du monde devaient progresser encore dans ce sens, M. Salamon a souligné qu’il était indispensable de mieux faire connaître ces organisations, notamment en ce qui concerne leur valeur économique.  Il a notamment avancé que si les ONG étaient un pays, celui-ci serait au cinquième rang de l’économie mondiale.  Il a de plus noté qu’au Canada, par exemple, la contribution des ONG au PNB est de 8% et est ainsi supérieure à celle de l’agriculture.  L’impact économique des ONG doit être mesuré si nous voulons réaliser les OMD, a-t-il déclaré, car ces organisations sont une force motrice dans le monde entier.  Il a ainsi demandé que les données spécifiques sur la société civile et le bénévolat soient collectées et que cette pratique soit institutionnalisée afin de renforcer la prise de conscience quant au rôle de ces organisations. 


M. CHRISTOPHER SINCKLER, Coordonnateur en Chef du Centre d’élaboration des politiques concernant les Caraïbes, a évoqué les qualités propres de sa région où se côtoient des gouvernements stables, dotés d’une bonne gouvernance, déterminés à lutter contre la corruption.  Même si la région des Caraïbes possède des qualités démocratiques remarquables, il n’en reste pas moins qu’elle est aux prises aujourd’hui à des politiques malheureuses qui quelquefois ne parviennent pas à éradiquer la pauvreté.


Après les années 60, a-t-il rappelé, tous les pays des Caraïbes étaient considérés du point de vue du PIB comme des pays moyens et, aujourd’hui, chemin faisant nous pouvons juger que nous nous en sommes pas mal débrouillés.  De nouvelles dépendances se sont néanmoins renforcées, notamment celle liée au tourisme et certaines faiblesses inédites ont vu le jour qui semblent propres à celles des petites économies en prise aux règlementations trop inflexibles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Ces dernières semblent en effet ignorer et gommer au sein de ses traités les particularités des petits pays insulaires qui, pourtant, répondent aux normes de la démocratie.


Il a poursuivi par une boutade affirmant que dans un système commercial multilatéral en crise, « l’OMC restait le seul bateau au monde qui a pu couler non pas par la coque mais par le haut! ».


Débat interactif


Après ces exposés, les intervenants ont répondu aux questions des représentants des ONG.  Interrogée sur la manière de définir la société civile, la Présidente de la 59ème Conférence DPI/NGO, Michaela Walsh, a indiqué qu’il était très difficile de s’accorder sur une vision unique de la société civile.  Pour elle, la société civile correspond à toute personne souhaitant être impliquée dans sa communauté mais aussi à des niveaux plus larges et qui assume une responsabilité concernant le bien-être de la société, a-t-elle expliqué.  M. Salamon a quant à lui fait savoir qu’il existait une définition plus ou moins officielle de la société civile.  Parmi les caractéristiques nécessaires, il a noté que ces organisations devaient être privées et non publiques, qu’elles ne pouvaient distribuer leurs bénéfices entre les participants, et que l’affiliation à celles-ci n’était pas obligatoire mais choisie. 


Fournissant des détails sur la manière de faire avancer la primauté du droit, M. Ribadu a affirmé que cette entreprise nécessitait des dirigeants courageux et de qualité qui ne font pas passer des intérêts égoïstes avant ceux de la population.  Il a aussi souligné l’importance de créer des institutions garantissant l’état de droit, notamment dans le domaine juridique, tout en luttant contre la corruption.  De même, M. Sinckler a estimé que la corruption entraînait des problèmes majeurs et faisait obstacle au développement d’un commerce équitable alors que Hans Blix a souhaité une politique de tolérance zéro en matière de corruption.


Abordant la question de la responsabilisation des ONG, M. Salamon a mis l’accent sur l’importance pour ces organisations de devenir plus transparentes.  Il s’est notamment dit en faveur de lois encourageant cette transparence.  Nous sommes à un carrefour de solutions pour répondre aux problèmes du secteur public.  La logique du marché et celle de l’État ont toutes deux échoué tandis que la société civile reste une approche séduisante pour l’avenir, à partir du moment où elle se veut plus transparente, visible et efficace.


Interrogé sur la situation en Iran, M. Blix a indiqué qu’il serait souhaitable que ce pays suspende ses efforts et son programme pour enrichir l’uranium, ce qui pourrait contribuer à réduire les tensions au Moyen-Orient.  Il a cependant affirmé qu’il faudrait d’abord entamer des pourparlers avant de demander une suspension de cette activité et non attendre cette suspension pour négocier.  Constatant que l’Iran semblait « peut-être traîner des pieds », il a toutefois estimé que le Conseil de sécurité tendait plutôt à manier le bâton que la carotte.


S’agissant de l’impact économique du désarmement, il a affirmé que celui-ci serait bien sûr important tout en déclarant que l’argent du contribuable pouvait être mieux utilisé.  Il y aurait certes un problème de transition mais cela ne doit pas être une raison de s’opposer au désarmement, a-t-il poursuivi.  En réponse à une question sur la manière de mobiliser l’opinion publique contre la course aux armements, M. Blix a mis l’accent sur la nécessité de mieux informer le grand public sur ses coûts et dangers.  Il a rappelé que le contribuable payait des sommes énormes pour cette course aux armements et qu’il devrait se rebeller contre ses dépenses. 


En conclusion, Katherine Marshall, Conseillère à la Banque mondiale et modératrice de cette table ronde, a constaté que la question de l’éthique sous de nombreuses formes et celle du sens des responsabilités avaient été en filigrane au cours des discussions de l’après-midi.  Elle a de plus estimé que l’évolution du rôle des institutions et des organisations internationales telles que l’ONU ainsi que la permanence de leur utilité poussaient à l’optimisme.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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