LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DEMANDE AUX GOUVERNEMENTS DE RÉAFFIRMER LEUR ENGAGEMENT EN FAVEUR DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE
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Department of Public Information • News and Media Division • New York |
Comité de l’information
Journée mondiale de la liberté de la presse
LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DEMANDE AUX GOUVERNEMENTS DE RÉAFFIRMER LEUR ENGAGEMENT EN FAVEUR DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE
La commémoration de la Journée mondiale de la liberté de la presse s’est ouverte ce matin au Siège des Nations Unies à New York sur un bilan alarmant. En 2005, 47 journalistes ont été tués et 11 ont perdu la vie au cours des premiers mois de l’année 2006, faisant dire au Secrétaire général des Nations Unies qu’il est tragique et inacceptable que le nombre de journalistes tués soit devenu le paramètre permettant de mesurer le degré de liberté dont jouissent ceux qui exercent la profession.
Dans son message lu par son adjoint à la communication et à l’information et modérateur de cette séance commémorative, M. Shashi Tharoor, le Secrétaire général a demandé instamment à tous les gouvernements de réaffirmer leur engagement en faveur de la liberté de la presse. Un appel qu’a repris Ann Cooper, la Directrice exécutive du Comité de protection des journalistes, qui a demandé aux gouvernements concernés de reconnaître que la détention de journalistes est une violation grave des droits de l’homme.
Pour le Représentant permanent de la Roumanie, M. Mihnea Ioan Motoc qui est aussi le Président en exercice du Comité de l’information, les médias ont été un moteur important de la réforme des Nations Unies dans la mesure où ils permettent de maintenir la vigilance sur des questions brûlantes. C’est ce qu’a convenu également la Directrice du Bureau de l’UNESCO à New York, Mme Hélène Gosselin, pour qui la liberté de la presse est la pierre angulaire d’une stratégie de développement internationale plus efficace. « C’est par l’exercice de la liberté de la presse que les populations les plus désavantagées sont en mesure d’identifier et d’exiger la protection de leurs droits humains », a–t-elle ajouté en citant le Directeur général de l’UNESCO, M. Koïchiro Matsuura.
Cette liberté doit s’accompagner d’une certaine responsabilité, a estimé pour sa part le Président en exercice de l’Assemblée générale, M. Ali Hamidon, qui a évoqué l’affaire des caricatures qui illustre, selon lui, la nécessité de renforcer l’équilibre entre la liberté de la presse et la responsabilité des médias. Le Président de l’Association des correspondants accrédités auprès des Nations Unies (UNCA), M. Massod Haider, a, quant à lui, regretté les tumultes et les tensions qui ont résulté de l’affaire des caricatures du Prophète Mahomet et qui auraient pu être évitées si les principes du nouvel ordre de l’information, à savoir le flux d’informations entre les pays du Nord et ceux du Sud, n’avaient pas été dénoncés par certains comme un moyen d’imposer aux médias la manière de travailler.
M. Geoffrey Nyarota, Lauréat 2002 du Prix de la liberté de la presse de l’UNESCO et Mme Mariana Sanchez, Correspondante d’Al-Jazeera au Venezuela ont également pris la parole.
CÉLÉBRATION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE*
Déclarations
Faisant lecture du message du Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, le Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information, M. SHASHI THAROOR, a déclaré que même si les médias et le journalisme connaissent une évolution technologique qui a transformé les modalités de diffusion de l’information, des principes de base demeurent essentiels. Le Secrétaire général, a-t-il poursuivi, réaffirme son soutien entier au droit universel à la liberté d’expression. De nombreux journalistes ont été tués, mutilés ou pris pour cible simplement car ils exerçaient ce droit. Selon le Comité de protection des journalistes, 47 journalistes ont été tués en 2005 et 11 ont perdu la vie au cours des premiers mois de 2006. Il est tragique et inacceptable que le nombre de journalistes tués soit devenu le paramètre permettant de mesurer le degré de liberté dont jouissent les journalistes. Je demande instamment à tous les gouvernements de réaffirmer leur engagement en faveur de la liberté de « chercher, recevoir, et donner des informations et idées à travers les médias », conformément à l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
En même temps, fait remarquer M. Shashi Tharoor, le Secrétaire général lance un appel à tous pour qu’ils exercent ce droit de manière responsable et si possible proactive. Les médias exercent une influence importante sur les comportements humains. C’est ce que l’Assemblée générale a réaffirmé en établissant un Conseil des droits de l’homme qui « aura un rôle important à jouer dans la promotion de la tolérance, du respect des religions et des convictions ». Les médias ne devraient pas non plus véhiculer la haine. En ce jour, a ajouté le Secrétaire général dans son message, n’oublions pas que les « médias nationaux et internationaux suivent les changements mais sont également les acteurs du changement ».
M. ALI HAMIDON (Malaisie), Président en exercice de l’Assemblée générale, a appelé à la défense de la liberté de la presse et d’expression parce qu’il s’agit de la pierre angulaire de la démocratie. La Journée mondiale de la liberté de la presse, a-t-il dit, est l’occasion de rendre hommage aux professionnels des médias qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leur fonction. Nous devons réaffirmer notre détermination à assurer la sûreté et la sécurité des journalistes à travers le monde. Le thème choisi cette année, a-t-il poursuivi, souligne le rôle des médias dans l’élimination de la pauvreté et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Les médias peuvent, en effet, informer et éduquer l’opinion publique et dénoncer la corruption et la mauvaise gestion des affaires publiques.
Toutefois, la liberté de la presse doit s’accompagner d’une certaine responsabilité, a estimé le Président en exercice de l’Assemblée générale. Dans un monde globalisé, des caricatures publiées dans un journal quelque part dans le monde peuvent provoquer, en quelques mois, des manifestations, des attaques contre les missions diplomatiques, des pertes de vies humaines et un sentiment de colère. Cela illustre amplement la nécessité de renforcer la tolérance et la compréhension et celle d’assurer un équilibre entre la liberté de la presse et la responsabilité des médias. La liberté de la presse est intrinsèquement liée aux droits de l’homme et à la démocratie, a encore dit l’orateur. En décembre dernier, une Commission de consolidation de la paix a été créée avec pour principale fonction d’appuyer la reconstruction des institutions démocratiques dans les pays émergeant des conflits. En mars dernier, un Conseil des droits de l’homme a été établi, et avec ces deux instituions, les Nations Unies seront mieux équipées pour travailler à la paix, au développement et aux droits de l’homme, au nom de tous.
M. MIHNEA IOAN MOTOC (Roumanie), Président du Comité de l’information, a déclaré que chaque année donne l’occasion de rappeler que la liberté de la presse n’est pas exercée comme elle se doit partout dans le monde. La famille des Nations Unies, par son travail quotidien, essaie d’apporter des changements dans ce domaine grâce au dévouement des hommes et des femmes qui travaillent sous son drapeau. Nous sommes parvenus à une étape importante marquée par des mesures de réforme initiées lors du Sommet mondial de septembre dernier qui, a-t-il estimé, aura un impact considérable sur les travaux des Nations Unies. Toutefois, a-t-il prévenu, cet effort sera vain si nous ne trouvons pas la volonté politique nécessaire pour réaliser ces transformations. Il faut reconnaître dans ce contexte que les médias ont été un moteur important de la réforme des Nations Unies et qu’ils nous permettent de maintenir notre vigilance au sujet de questions brûlantes.
M. MASOOD HAIDER, Président de l’Association des correspondants accrédités auprès des Nations Unies (UNCA), a estimé que la Journée mondiale de la presse est l’occasion de rappeler au monde la nécessité de protéger la liberté de la presse qui est un droit consacré dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Sans cette liberté, la démocratie ne saurait prévaloir. L’UNCA et le Département de l’information, a annoncé le Président, ont décidé de relancer un comité pour résoudre les problèmes liés au manque de coopération avec les correspondants. Se félicitant des avancées de la liberté de la presse dans les pays en développement, il a jugé naturel que les peuples du monde en développement puissent se tourner vers leurs propres médias au lieu de subir le monopole des médias internationaux. Cette tendance doit être encouragée car elle est conforme au nouvel ordre de l’information, convenu dans les années 1980. Le nouvel ordre en question, s’est expliqué le Président, avait pour objectif d’assurer un flux d’informations entre les pays du Nord et ceux du Sud, le but ultime étant de renforcer la compréhension et le respect entre les différentes cultures. Le Président de l’UNCA a, en conséquence, regretté que les principes du nouvel ordre de l’information aient été dénoncés par certains comme un moyen d’imposer aux médias la manière de travailler. Cela est d’autant plus dommage, a conclu l’orateur, que si ces principes avaient été acceptés par tous, ils auraient permis d’éviter les tumultes et les tensions qui ont résulté de l’affaire des caricatures du Prophète Mahomet.
Mme HÉLÈNE GOSSELIN, Directrice du Bureau de l’UNESCO à New York, a souligné que la liberté de la presse est indispensable à la démocratie, à la participation civique, à la primauté du droit, au développement humain et à la sécurité humaine. La liberté de la presse est la pierre angulaire d’une stratégie de développement internationale plus efficace. Elle a cité le Directeur général de l’UNESCO, M. Koïchiro Matsuura, qui a déclaré que « c’est par l’exercice de la liberté de la presse que les populations les plus désavantagées sont en mesure d’identifier et d’exiger la protection de leurs droits humains ». La liberté et l’indépendance de la presse est un élément prioritaire de l’équation visant l’élimination de la pauvreté. Il existe une corrélation entre liberté de la presse et l’amélioration des conditions de vie, ce qui a été clairement dit dans le Document final du Sommet mondial de 2005. Les médias indépendants sont les vecteurs de la bonne gouvernance et du processus participatif des populations et donc soutiennent indirectement une société civile plus forte, la transparence politique mais également le développement économique durable.
Selon le prix Nobel d’économie, Amartya Sen, il y a un lien entre les libertés politiques, de meilleurs résultats économiques et la bonne gouvernance dans des pays à faible revenu car ces libertés encouragent l’obligation de reddition des dirigeants envers leurs populations. Plus récemment, le Président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz, a déclaré que non seulement la liberté de la presse était un droit universel mais aussi une condition préalable à la lutte contre la corruption. Nous appelons aujourd’hui les dirigeants du monde à mettre un terme à la culture de l’impunité dont bénéficient ceux qui attaquent des journalistes. Aujourd’hui au Sri Lanka, a-t-elle ajouté, l’UNESCO et la Fondation Guillermo Cano décerneront conjointement le Prix de la liberté de la presse à Mme May Chidiac du Liban qui a perdu une jambe et une main lors d’une attaque brutale menée contre elle au mois de septembre dernier. Elle est devenue depuis le symbole au Liban de la liberté d’expression.
Mme ANN COOPER, Directrice exécutive du Committee to Protect Journalists, a expliqué que les recherches menées par son Comité, qui célèbre cette année son 25e anniversaire, dresse la liste des journalistes qui ont été tués, emprisonnés ou censurés, au cours de l’année. Cette liste est un baromètre important de la liberté de la presse, laquelle doit être vue comme un élément essentiel de la démocratie. Évoquant le dernier rapport de son Comité, Anne Cooper a indiqué qu’il fournit la liste des 10 pays les plus censurés du monde. Dans ces pays, les médias sont une force puissante, non pas du changement, mais du maintien du statu quo. Ces médias publient des propagandes, étouffent les critiques et cachent les mauvaises nouvelles au public. La Corée du Nord est en tête de liste, a-t-elle confié en expliquant que là-bas, le public n’a aucune idée de l’ampleur de la crise alimentaire qui frappe le pays depuis si longtemps. Elle a cité comme autres pays le Myanmar, l’Ouzbékistan, la Guinée équatoriale et la Libye dont les ressortissants sont parfaitement isolés du reste du monde.
Même dans les pays où il existe des médias indépendants, a-t-elle alerté, les frictions avec les gouvernements ou les différents lobbies et mafias ne peuvent être évitées. Tous les mois de janvier, le Comité publie une liste de journalistes tués dans ces pays. Pour 2005, 47 assassinats ont été enregistrés, sans donner lieu à des poursuites judiciaires contre les responsables, comme c’est le cas en Colombie, en Bolivie ou en Fédération de Russie. Le mauvais fonctionnement de la justice représente la menace la plus grave pour les journalistes qui sont contraints, pour sauver leur vie, de s’autocensurer. Dans d’autres pays, c’est l’emprisonnement que risquent les journalistes comme en Éthiopie, à Cuba, en Chine.
Mme Cooper a affirmé que les pressions qu’exercent des organismes tels que son Comité peuvent vraiment faire la différence. Elle a appelé les gouvernements concernés à reconnaître que la détention de journalistes est une violation grave des droits de l’homme. Concluant sur la situation en Iraq, elle a rappelé que depuis le mois de mars 2003, 68 journalistes ont été assassinés. Elle a attiré l’attention sur les multiples cas de détention décidés par l’armée américaine.
M. GEOFFREY NYAROTA, Lauréat 2002 du prix de la liberté de la presse de l’UNESCO, a insisté sur les médias en tant que moteur du changement, en expliquant que dans tout environnement politique démocratique, les médias peuvent être un catalyseur du changement social, politique et économique. Ces garanties n’existent pas dans les pays autoritaires et la principale tâche des médias a été de trouver un canal libre d’information. Il est courant pour les gouvernements autoritaires de développer leur propre stratégie pour museler la presse. Si les habitants de la rue se voient refuser le droit à l’information, il est clair que la sécurité des journalistes est menacée. Dans ce cas, les publications indépendantes de pays où il n’existe pas de mouvement d’opposition, ces publications constituent en fait le mouvement d’opposition.
Il a cité l’exemple de la presse au Malawi et au Zimbabwe où le parti de Mugabe est au pouvoir depuis des décennies, ce qui a consolidé sa mainmise non seulement sur le pouvoir politique mais aussi sur les grands journaux, la TV et la radio. Le Daily News, qui était un journal indépendant a été proscrit en 2003. Au cours de ses quatre ans d’existence, le Daily News a montré comment il pouvait être un catalyseur du changement économique, social et politique en montrant les échec du pouvoir en place. En raison de la fermeture de tous les médias indépendants, les citoyens du Zimbabwe sont dans l’incapacité de prendre des décisions éclairées sur les questions touchant à leur vie quotidienne, compte tenu de la mainmise médiatique du Gouvernement et de sa propagande journalière. Des lois draconiennes qui rendent le métier de journaliste extrêmement dangereux ont été adoptées. Il existe actuellement trois stations de radio qui diffusent à partir de l’étranger. Seules des organisations de média puissantes seront les acteurs du changement.
Mme MARIANA SANCHEZ, Correspondante d’Al-Jazeera au Venezuela, a dit d’emblée que couvrir l’actualité est souvent quelque chose de dangereux, de frustrant, voire d’effrayant. Péruvienne de nationalité au fait des affres de la guerre civile, elle a expliqué que, malgré cela, elle a voulu devenir journaliste indépendante pour « être là et pouvoir témoigner de ce qui se passe ». Le métier est en fait de transmettre à une audience ce que c’est que d’être là. Cela en vaut-il la peine? Oui, a-t-elle répondu. Elle a mis en avant le droit et l’obligation d’informer pour contribuer à rendre la vie meilleure, en donnant, par exemple, la voix aux plus vulnérables, en pointant le doigt sur la responsabilité des gouvernements ou encore en jetant la lumière sur la pauvreté à travers le monde. Mais, il faut aussi un consensus entre journalistes sur la nécessité de travailler les uns et les autres et de lutter ensemble pour la défense des principes déontologiques. Lorsque les choses se passent comme cela, les risques sont vite oubliés et seule reste la satisfaction d’avoir sensibilisé le public à une situation.
Échange de vues
Abordant la question de l’Internet, Ann Cooper a expliqué que dans les pays oppresseurs, Internet est devenu une alternative à l’expression d’idées qui ne peuvent pas être exprimées dans les médias traditionnels. Malheureusement, la Chine, par exemple, est parvenue à mettre en prison 32 journalistes qui avaient eu recours à l’Internet en se concentrant au cours de ces dernières années sur une coopération avec de grands groupes américains qui les avaient aidés à identifier les blogueurs. À la suite des informations divulguées par Yahoo ou Microsoft, un jeune journaliste chinois a été condamné à 10 ans de prison. Il faut que ces entreprises fassent preuve de responsabilité et de respect des droits de l’homme. Ces entreprises doivent prendre conscience qu’elles ne peuvent pas être responsables de l’emprisonnement de journalistes. La représentante de l’UNESCO s’est dite convaincue que l’utilisation des nouvelles technologies est un outil puissant d’information. Geoffrey Nyarota a précisé que dans des situations de répression, Internet est devenu une source alternative précieuse d’informations. Malheureusement, Internet n’est pas facilement accessible aux citoyens des pays pauvres, moins de 5% de la population du Zimbabwe y ayant accès. Il a aussi évoqué une tendance des pays répresseurs à censurer Internet car ils se sont rendus compte du rôle puissant qu’il a. Mariana Sanchez a expliqué qu’Internet est également un outil puissant pour la démocratie tant l’information diffusée est infinie.
La représentante de la Colombie a répondu aux accusations portées contre son pays, en soulignant que la mort des journalistes n’est en aucun cas le fait du Gouvernement. Rejetant la responsabilité sur les « différentes mafias », elle a ajouté que le Gouvernement continue d’investir des ressources considérables pour renforcer le système judiciaire qui a lui-même été victime d’actes terroristes. Les cas non résolus et « regrettables » ont été confiés au système judiciaire dans lequel il faut avoir confiance en attendant, le temps proche, où la justice deviendra réellement une justice pour tous. Le représentant du Soudan a fait savoir, à son tour, que son pays a célébré comme il se doit la Journée mondiale de la liberté de la presse. Enfin, le représentant des Philippines a rappelé que son Gouvernement a dénoncé les assassinats des journalistes et commandité un rapport d’enquête à la police. Les Philippines sont fières de la liberté de leur presse gagnée, il y a 20 ans, dans la bataille pour la démocratie. Il faut espérer que le Gouvernement philippin rendra publiques les informations sur le cours des enquêtes, a commenté la Directrice exécutive du Committee to Protect Journalists.
Répondant à la question du représentant de l’Iran, la correspondante d’Al-Jazeera a argué qu’il n’appartient pas au Gouvernement de tracer les limites dans le travail des médias. Le métier de journaliste vise précisément à rendre compte au peuple de l’action des autorités qu’il a lui-même élues. Le métier consiste aussi à dénoncer le manque de déontologie des collègues, a ajouté la Directrice exécutive du Committee to Protect Journalists, en parlant des médias de la haine même si elle admis que, dans un contexte de liberté d’expression, ce concept est toujours délicat à définir. Nous ne tolérerons pas que l’on utilise les médias pour lancer des appels au meurtre, a renchéri la Directrice du Bureau de l’UNESCO à New York. S’agissant de l’affaire des caricatures du Prophète Mahomet, elle a indiqué que l’UNESCO a adopté une résolution appelant au respect de tous les symboles religieux et culturels.
Il est important que les médias se montrent sensibles aux sensibilités des uns et des autres, a ajouté la Directrice exécutive du « Committee to Protection Journalists », tout en soulignant que dans de nombreux pays arabes, des journalistes ont été menacés par leur gouvernement pour avoir relativisé l’affaire des caricatures. Dans des pays comme le Zimbabwe, a regretté le Lauréat de l’UNESCO pour 2002, de telles menaces contraignent les journalistes à l’autocensure. Toute offre d’assistance juridique est à saluer, a-t-il dit, en jugeant qu’elle pourrait se manifester sous la forme de fonds pour assurer la défense des journalistes devant les tribunaux. Elle pourrait aussi prendre la forme de programmes de formation des journalistes, en particulier, en matière de droit de la presse. À propos de la formation des médias, le Lauréat a confié qu’il a révisé, depuis longtemps, sa pensée sur le rôle de modèle qu’il attribuait aux médias américains. Il a dénoncé la nature «unilatérale» de certains de leurs reportages et leur «tactique autoritaire».
* Cette Journée mondiale de la liberté de la presse avait été proclamée par la décision de l’Assemblée générale 48/432 en date du 20 décembre 1993, réaffirmant, comme l’avait stipulé deux ans auparavant une résolution de l’UNESCO, qu’une presse libre, pluraliste et indépendante était essentielle à toute société démocratique.
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