JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME: LA PARTICIPATION DES FEMMES AUX PRISES DE DÉCISIONS EST ESSENTIELLE AU PROGRÈS DE L’HUMANITÉ
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Commémoration de la Journée
internationale de la femme
JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME: LA PARTICIPATION DES FEMMES AUX PRISES DE DÉCISIONS EST ESSENTIELLE AU PROGRÈS DE L’HUMANITÉ
Le monde est prêt à avoir une femme
Secrétaire générale des Nations Unies, déclare Kofi Annan
« Le monde est prêt à avoir une femme comme Secrétaire générale de l’ONU », a déclaré ce matin le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme. « Le succès obtenu par des femmes à des élections présidentielles au cours des 12 derniers mois porte avec lui ce message », a—t-il estimé. Cette célébration était organisée sur le thème de la participation des femmes aux processus de prise de décisions. Selon le Secrétaire général, « aucune autre politique ne pourra augmenter la productivité économique et réduire les taux de mortalités maternelle et infantile, et aucune autre ne permettra au monde d’améliorer la nutrition et la santé et de mieux faire face au VIH/sida ».
Regrettant d’avoir été si longtemps la seule diplomate arabe de haut niveau au plan international, la Représentante permanente du Koweït auprès des Nations Unies a elle aussi estimé judicieux qu’une femme soit nommée Secrétaire générale tout en relevant que les trois candidats actuellement déclarés sont des hommes. Les orateurs ayant pris part à cette célébration, qui était modérée par le Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information, Shashi Tharoor, ont regretté les obstacles socioéconomiques persistants que doivent franchir les femmes pour entrer dans l’arène politique. M. Tharoor a précisé que 37,2% des postes professionnels à l’ONU étaient occupés par des femmes.
La Vice-Présidente de l’Union interparlementaire et députée au parlement de la Namibie, a précisé que le poids des traditions, l’absence de politiques intégrant une perspective sexospécifique et l’absence de ressources financières retardent la marche des femmes en politique. Elle a toutefois relevé que le tableau de la représentation politique des femmes avait progressé. Ainsi, en 1995, les femmes représentaient 11,3% des législateurs dans les deux chambres des parlements du monde, alors qu’en 2000 ce chiffre est passé à 16,3. À ce rythme la véritable parité sera atteinte en 2040. En Norvège, a expliqué la Présidente du Conseil électoral de la Norvège, Anne Katherine Slunġard, le secteur privé se voit désormais imposer un quotas de 40% de représentation de femmes au sein des conseils d’administration au risque d’être dissous.
Défendant le point de vue des femmes autochtones, Noeli Pocaterra, Présidente de la Commission permanente des peuples autochtones à l’Assemblée nationale du Venezuela, a expliqué que ces dernières se heurtent à l’ignorance du reste de la population, aux politiques de développement à outrance et à la pauvreté extrême.
De son côté, Devaii Jain, économiste indienne de renommée internationale a suggéré que l’Assemblée générale institue un groupe de travail, composé d’expertes, qui soit chargé de donner des conseils sur la conduite de la réforme de l’Organisation afin de donner à l’ONU un point de vue féminin sur son devenir.
COMMÉMORATION AU SIÈGE DE L’ONU À NEW YORK DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME
Déclarations
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que la participation des femmes aux processus de décisions était essentielle au progrès de l’humanité tout entière. La communauté internationale commence à comprendre que les femmes sont affectées, au même niveau que les hommes, par les défis qui se posent aujourd’hui à l’humanité sur les plans économique et social, comme en matière de paix et de sécurité. Les femmes sont même davantage concernées et il est donc juste et nécessaire qu’elles participent à la prise de décisions dans tous les domaines, a dit M. Annan. Le monde commence à comprendre qu’il n’y a pas de politiques plus efficaces pour garantir le progrès que celles qui renforcent le pouvoir des femmes et des filles, a-t-il poursuivi. Aucune autre politique ne pourra augmenter la productivité économique et réduire les mortalités maternelle et infantile, et aucune autre ne permettra au monde d’améliorer la nutrition et la santé et de mieux faire face au VIH/sida. « Aucune politique n’offre à la prochaine génération de meilleures perspectives d’accès à l’école. Il n’y a pas de meilleure politique pour prévenir les conflits ou parvenir à la réconciliation après un conflit », a affirmé le Secrétaire général.
Au Secrétariat de l’ONU, nous avons fait des progrès en matière de promotion des femmes, a-t-il poursuivi. Il y a un quart de siècle, la proportion des femmes à des postes de la classe D-1 et supérieure était inférieure à 4%. Elle est aujourd’hui de 26%, a indiqué le Secrétaire général en notant cependant qu’il y a encore beaucoup à faire. Les femmes restent extrêmement sous représentées au niveau des États, a-t-il fait remarquer. Au rythme actuel, il faudra attendre 2025 pour atteindre une moyenne de 30% de femmes dans les parlements et 2040 pour parvenir à la parité. Le succès obtenu par des femmes à des élections présidentielles au cours des 12 derniers mois porte avec lui un message très clair, a estimé Kofi Annan. « Le monde est prêt à avoir une femme comme Secrétaire générale de l’Organisation des Nations Unies », a-t-il estimé.
Toutes les dimensions de l’action de l’ONU devraient être une source de pouvoir pour les femmes, a affirmé le Secrétaire général, qu’il s’agisse de renforcer nos mécanismes de défense des droits de l’homme, de formuler une stratégie globale contre le terrorisme, de mettre sur pied une Commission de consolidation de la paix ou de renforcer la cohérence et l’efficacité de l’action du système des Nations Unies au service du développement, de l’aide humanitaire et de l’environnement dans le monde. (Pour la version intégrale du discours, voir le communiqué de presse SG/SM/10370.)
Mme MARGARET MENSAH WILLIAMS, Vice-Présidente de l’Union interparlementaire et députée au Parlement de la Namibie, a fait part de son expérience en politique en précisant que les femmes doivent surmonter des obstacles socioéconomiques que les hommes ne connaissent pas, à savoir le poids des traditions, l’absence de politiques intégrant une perspective sexospécifique et l’absence de ressources financières. La représentation des femmes en politique est encore un défi, même si le tableau a changé au cours des dix dernières années. En 1995, les femmes représentaient 11,3% des législateurs dans les deux chambres des parlements du monde alors qu’en 2000 ce chiffre est passé à 16,3% en 2000. Le Rwanda est désormais en tête au niveau mondial avec 48,8% de femmes siégeant à des postes élus. En 2005, 20 pays avaient atteint, voire dépassé, l’objectif de Beijing à savoir 30% de représentation des femmes dans les parlements.
Il faut toutefois être plus ambitieux dans la mesure où à ce rythme la véritable parité sera atteinte en 2040, a estimé l’intervenante. Je vous demande de renforcer votre appui aux femmes qui veulent entrer en politique, a lancé Mme Williams à l’intention des délégations. Pour cela, il faut changer les attitudes et renforcer l’accès des filles à l’éducation. Les femmes transforment l’institution des parlements à divers niveaux. Elles influent sur l’infrastructure physique même des parlements, sur leur agenda et sur le discours institutionnel.
Mme NABEELA ABDULLA AL-MULLA, Représentante permanente du Koweït auprès des Nations Unies, a déclaré qu’il était temps que les femmes koweitiennes occupent des postes de responsabilité parlementaire dans leur pays. « Quant au poste de Secrétaire général de l’ONU, il serait judicieux que son prochain titulaire soit originaire de la région asiatique et soit, si possible une femme, bien que les trois candidats actuellement déclarés soient tous des hommes », a dit la représentante. Revenant à la région du Moyen-Orient, la représentante a souhaité que les femmes bénéficient de beaucoup plus d’opportunités d’éducation et de promotion dans la fonction publique et dans les affaires. À cet égard, elle a regretté d’avoir pendant longtemps été la seule diplomate arabe de haut niveau au plan international. Si les pays arabes veulent voir leurs doléances de justice satisfaites au niveau international, il faudrait d’abord qu’ils promeuvent leurs femmes au plan national, a-t-elle estimé. Trop d’obstacles et de discrimination existent encore contre les femmes, a estimé Mme Abdulla Al-Mulla. Parlant de son pays, le Koweït, elle a indiqué que les femmes y avaient fait beaucoup de progrès ces derniers temps en terme d’accession à des postes de responsabilité et a souhaité que ce mouvement s’accélère.
Mme NOELÍ POCATERRA, Présidente de la Commission permanente des peuples autochtones à l’Assemblée nationale du Venezuela, a évoqué les meurtres de centaines de femmes autochtones dans des pays comme le Guatemala et la Colombie, avant d’aborder la question de l’habilitation politique des femmes autochtones. Elle a aussi rappelé la lutte continue des peuples autochtones pour l’eau et les terres. Le capitalisme sauvage que l’on connaît à l’heure actuelle, est une source de perversion dans les négociations. Au Venezuela des structures interculturelles ont été mises en place de longue date. Depuis l’arrivée au pouvoir du Président Chávez, des possibilités de participation politique ont été offertes aux femmes autochtones. Le Président s’est en effet engagé à l’égard d’une plus grande représentation des peuples autochtones. Une nouvelles étape a alors été franchie avec l’inclusion des communautés autochtones au processus décisionnel politique. Aujourd’hui plus que jamais, les femmes vénézuéliennes autochtones défendent leur vision de la vie même si elles se heurtent à l’ignorance du reste de la population, aux politiques de développement à outrance et à la pauvreté extrême.
Mme DEVAKI JAIN, experte et économiste de nationalité indienne, a rappelé qu’elle était l’auteur de l’ouvrage « Les femmes, le développement et l’ONU: 60 années de quête pour l’égalité et la justice », qui sera dédicacé cet après-midi à la librairie des Nations Unies. Cet ouvrage met l’accent sur un certain nombre de questions, a dit l’experte. La première est celle du savoir. Au terme d’un certain nombre d’études, il est devenu clair que les femmes sont une source de pouvoir trop longtemps méconnue et qui doit aujourd’hui être reconnue comme un agent transformateur de la politique et de la gouvernance des États et de la communauté internationale, a-t-elle indiqué. Pour que la légitimité de leur action soit établie, il faut que les femmes agissent dans le sillage de luttes et de mouvements dont la pensée et l’action les concernent et influent sur leur devenir. Il est temps de mettre fin à la vue trop patriarcale du monde qui a jusqu’ici prévalu. À cet égard, a dit Mme Jain, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes est un outil irremplaçable, et les femmes doivent veiller à son respect. Elles doivent devenir plus visibles sur le terrain, étant donné que les principales victimes de la pauvreté, du VIH/sida et de nombreux abus sociaux sont des femmes. Nous suggérons que l’Assemblée générale institue un groupe de travail, composé d’expertes, qui soit chargé de donner des conseils sur la conduite de la réforme de l’Organisation et qui soit exclusivement constitué de femmes, afin de donner à l’ONU un point de vue féminin sur son devenir, a recommandé Mme Jain.
Mme ANNE KATHRINE SLUNĠARD, Présidente du Conseil électoral de la Norvège, a évoqué la situation du secteur privé en Norvège qui se voit désormais imposer un quota de 40% de représentation de femmes au sein des conseils d’administration. En effet, même si les Norvégiennes sont instruites, elles ne font pas partie des conseils d’administration sur un pied d’égalité. En décembre 2003, nous avons alors adopté une loi instaurant le quota mentionné. La loi stipule que si ces conseils n’arrivent pas à la parité en l’espace de deux ans, ils seraient dissous. Le problème n’est pas que nous ne disposons pas de femmes compétentes mais que nous n’utilisons pas pleinement leurs compétences. Il existe 491 sociétés dans le secteur privé mais à l’heure actuelle, seules 17,5% sont en conformité avec cette loi. Au sujet de sa propre expérience, y compris en tant que maire élue de la ville de Trondheim, elle a précisé que seules 11% des maires en Norvège sont des femmes. Lorsque j’ai eu ma fille, j’ai alors été le premier maire à bénéficier du congé de maternité. Il est aussi difficile de trouver des femmes candidates prêtes à relever le défi en raison de barrières culturelles.
Échange interactif
Des participantes à la célébration de la Journée internationale de la femme ont posé des questions sur la progression du rôle des femmes dans les processus de prise de décisions; sur la promotion des droits de santé génésique, et sur la place des femmes handicapées. Les panélistes ont répondu que les actions à entreprendre devaient d’abord s’orienter vers la conception de lois qui garantissent aux femmes le même accès à la vie publique qu’aux hommes. L’éducation doit être un des principaux domaines d’action, afin de donner les mêmes chances aux deux sexes et de faire en sorte que les femmes soient admises dans les différents champs de la connaissance. Il faut surmonter les divisions qui traditionnellement orientent les différents sexes vers certaines études et briser des tabous inconscients. Concernant l’augmentation et le renforcement du rôle des femmes dans la vie publique et la politique, il ne faudrait pas qu’elles y pensent en terme d’antagonisme contre les hommes, car c’est une lutte qui ne peut atteindre ses objectifs que si les hommes et les femmes en reconnaissent la légitimité et l’appuient.
À la question portant sur la place des femmes handicapées dans la société, la Présidente de la Commission permanente des peuples autochtones du Venezuela a estimé que tout être humain doit avoir la possibilité de participer à la vie publique. Un handicap physique ne doit pas être un obstacle aux contributions intellectuelles ou spirituelles qu’une femme handicapée peut apporter à sa communauté, a dit Noeli Pocaterra. Concernant les mesures qui pourraient être préconisées pour donner aux femmes une représentation plus juste dans la vie politique, les panélistes ont estimé que seules les idées promues et défendues par une candidate à une élection devraient être la base sur laquelle elle est jugée par les électeurs ou par la formation politique au sein de laquelle elle milite.
Une participante originaire du Canada a estimé que dans trop de pays, la vie politique est encore généralement « confisquée » par de petites élites généralement masculines. Une délégation de femmes des Caraïbes a quant à elle estimé que les progrès accomplis par les femmes de cette région étaient de plus en plus « menacés » par des groupes d’hommes se plaignant de « discrimination anti-masculine », tandis qu’une participante du Maroc demandait à l’ONU de soutenir les programmes visant le renforcement des ressources humaines en faveur du développement. Ces programmes devraient majoritairement bénéficier aux femmes, a-t-elle estimé. Après ces remarques, Mme Jain, experte économique de l’Inde, a relevé que les théories féministes pures et dures n’avaient pas dans le passé porté de fruits. Il ne faudrait donc pas aujourd’hui de nouveau tomber dans des positions extrêmes et qui pourraient être perçues comme prônant l’exclusion de femmes et d’hommes ayant des vues plus modérées. La promotion de la femme aux processus de prise de décisions doit être soutenue par les deux sexes, a-t-elle recommandé. Il est important d’assurer une égalité d’accès à la fois aux filles, mais aussi aux garçons, à l’éducation et à l’emploi, car des hommes de qualité ne se sentiront jamais menacés par les femmes, a déclaré pour sa part Mme Margreth Mensah, du Conseil national de la Namibie.
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