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DSG/SM/294-PKO/143

LORS D’UN ENTRETIEN AVEC LA PRESSE TENU LE 18 AOÛT 2006, LE VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRAL M. MARK MALLOCH BROWN, A FAIT LE POINT DE LA SITUATION DES TROUPES DEVANT ETRE DÉPLOYÉES AU LIBAN

18/8/2006
Vice-Secrétaire généralDSG/SM/294
PKO/143
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

LORS D’UN ENTRETIEN AVEC LA PRESSE TENU LE 18 AO Û T 2006, LE VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRAL M. MARK MALLOCH BROWN, A FAIT LE POINT DE LA SITUATION DES TROUPES DEVANT ETRE DÉPLOYÉES AU LIBAN


(Publié le 15 février 2007 – retardé à la traduction)


Le Vice-Secrétaire général: Avant de répondre à vos questions, permettez-moi tout d’abord de faire quelques observations.


Je voudrais simplement donner quelques précisions sur la réunion des États fournisseurs de contingents qui a eu lieu hier ainsi que sur l’exposé que je vous ai présenté à l’issue de cette réunion.


Tout d’abord, et comme je vous l’ai déjà indiqué hier, nous avons poursuivi nos efforts et avons été quelque peu soulagés de voir que ceux-ci n’avaient pas été compromis par quelques surprises de dernière minute en ce qui concerne les engagements pris en matière de déploiement.


Toutefois, durant les prochains jours, il sera très difficile de faire en sorte que ces engagements, à savoir déployer 3 500 hommes sur le terrain en l’espace de 10 jours, puissent être tenus.


Le premier problème tient au fait qu’un certain nombre de militaires ont demandé qu’ont leur communique les règles d’engagement ou concepts d’opérations – la balle est maintenant dans le camp de ces militaires auxquels nous avons présenté un compte rendu circonstancié, sur support papier ou électronique, afin qu’ils le transmettent à leurs capitales.  Les règles d’engagement et les concepts d’opérations leur seront communiqués intégralement aujourd’hui de façon que leur gouvernement puisse les recevoir ce week-end et que les autorités militaires qui, dans leurs pays sont chargées de la planification, disposent de tous les éléments dont ils affirment avoir besoin pour pouvoir prendre une décision finale.


En l’état actuel des choses, ce point nous paraît d’autant plus important que je tiens aujourd’hui à lancer un appel aux États européens pour leur demander de fournir des troupes pour le premier déploiement.


Comme bon nombre d’entre vous ont pu le constater, les réponses que nous avons reçues hier sont encourageantes.  Les pays qui ont pris des engagements fermes sont l’Indonésie, la Malaisie, le Bangladesh et le Népal.  Or, comme nous l’avons déjà dit hier et tenons à le répéter ce matin, bien qu’il s’agisse là de contributions importantes et extrêmement utiles, nous souhaiterions que la force que nous comptons déployer revête un caractère multinational et multilatéral de façon à pouvoir jouir de la confiance des deux camps.  Nous avons déjà dit qu’une force islamo-européenne ou si vous préférez européo-musulmane, pourrait, compte tenu de l’intérêt que les deux composantes portent à la situation, apporter à la force de déploiement une légitimité à même de satisfaire les deux parties au conflit.  Il importe au plus haut point que l’Europe se manifeste.  On a déjà relevé certains signes encourageants à cet égard – ce matin, on a appris qu’en Italie, le Gouvernement et les deux commissions du Sénat et de la Chambre des députés avaient donné leur accord et attendaient de prendre connaissance des fameuses règles d’engagement et des fameux concepts d’opérations pour nous dire exactement combien d’hommes ils pouvaient déployer et à quel moment.  La Finlande devrait elle aussi nous annoncer dans les prochaines heures quelques bonnes nouvelles.  Les engagements pris hier par l’Allemagne sont extrêmement importants.  S’ils constituent un apport non négligeable susceptible de contribuer pour une part décisive à la levée du blocus dans la mesure où ils concernent essentiellement la marine et les douanes, ils ne permettent pas d’étoffer les effectifs de la force de 3 500 hommes devant être déployée le long de la Ligne bleue.  En conséquence, nous lançons un appel à l’Europe pour lui demander de prendre des engagements plus fermes de sorte que nous puissions déployer, dans les 10 jours qui suivront, une force à la composition dûment équilibrée, qui soit légitime et politiquement efficace.  En outre, nous lançons également un appel à ce qu’il est convenu d’appeler les facilitateurs.  Nous avons toujours dit que nous avions besoin non seulement de troupes dûment armées et équipées, mais aussi d’hélicoptères et de spécialistes du génie – c’est ainsi qu’hier, les services de 200 ingénieurs français nous ont été proposés – mais il nous faut davantage de moyens.  Il nous faut rouvrir les axes routiers non seulement pour permettre l’acheminement des secours humanitaires, mais aussi pour donner à nos troupes les moyens de s’acquitter de leurs tâches de surveillance et de jouer le rôle de force d’interposition qui est si important.  Nous avons besoin de tous les éléments – soutien logistique, assistance médicale, appui des unités du génie et autres types d’aide, hélicoptères, etc. –, indispensables à l’accomplissement de notre mission.


Je voudrais maintenant conclure en abordant une question entièrement différente, à savoir la question du Darfour.


Nous sommes extrêmement inquiets – ainsi qu’en témoignent le mémoire présenté hier par le Conseil et la lettre que le Secrétaire général a adressée à cette dernière instance.  Nous sommes vivement préoccupés par la détérioration de la situation qui, tant sur le plan humanitaire qu’en matière de sécurité règne au Darfour, ainsi que par l’absence de voies politiques susceptibles de déboucher véritablement sur le déploiement d’une force de l’ONU dans cette région.  Certes, la question est à l’examen et un projet de résolution a été élaboré.  Mais je vous en conjure, Mesdames et Messieurs les journalistes, n’oubliez surtout pas le Darfour.  Certes, il nous est difficile, en tant que membres de la communauté internationale, tant les fonctionnaires du Secrétariat de l’ONU que les journalistes, de suivre deux questions d’actualité à la fois, mais il faut que nous nous intéressions de très près au Darfour où quelque chose d’épouvantable est en train de se tramer.


Mesdames et Messieurs je vous remercie.


Question: Mark, pourriez-vous nous donner davantage de précisions sur ce qu’a déclaré l’Italie? Les Italiens ont-ils pris des engagements fermes? Où en sont-ils exactement?


Le Vice-Secrétaire général: Ils ont pris des engagements fermes, mais sont pour le moment incapables de nous donner des chiffres précis.  Ils souhaiteraient mettre à profit le week-end pour examiner les règles d’engagement et les concepts d’opérations et pensent pouvoir ensuite nous dire exactement combien de soldats ils pourront déployer et à quel moment ces déploiements auront lieu.  Il est évident que des soldats italiens figureront parmi les premiers 3 500 hommes à être déployés au Liban, mais je ne puis vous dire quel sera leur nombre exact et s’il y en aura d’autres.  Quoi qu’il en soit, le Gouvernement italien a donné son accord ce matin.  La Chambre des députés et le Sénat ont fait de même, par la voie des commissions chargées d’approuver ce type de décisions lorsqu’ils ne siègent pas.


Question: Quel type d’unités l’Italie entend-elle déployer? Des unités d’infanterie, des unités du génie?


Le Vice-Secrétaire général: Je ne connais pas les détails exacts, mais je puis vous dire que ces unités comprennent un nombre non négligeable de soldats qui seront déployés sur la ligne de front.


Question: Dès hier, les Indonésiens vous ont fait une offre très généreuse.  Cette offre est-elle acceptable pour les Israéliens?


Le Vice-Secrétaire général: Bien, comme bon nombre de gens l’ont dit, il nous appartient de décider de ce qui est acceptable, et le déploiement aura lieu sur le territoire libanais et non sur le territoire israélien.  Cela étant, la règle veut qu’en matière de maintien de la paix, la composition d’une force soit acceptable pour les deux camps.  C’est la raison pour laquelle nous avons proposé que la force comprenne un noyau constitué d’un contingent européo-musulman.  En effet, je pense que le problème est un problème d’équilibre.  Plus la composition de la force sera diversifiée, et plus il sera facile de persuader les Israéliens de considérer cette force comme un tout au lieu de se concentrer sur certains des contingents qui la composent. 


Question: Avez-vous parlé aux Israéliens de l’Indonésie?


Le Vice-Secrétaire général: Nous avons parlé aux Israéliens.  La Ministre israélienne des affaires étrangères, Mme Tzipi Livni, a été informée lorsqu’elle était ici que le contingent indonésien allait probablement faire partie de la force de déploiement et je pense que son gouvernement réfléchit à la question.


Question: M.  le Vice-Secrétaire général, sur la question des engagements pris par d’autres pays – comme le Népal, le Bangladesh, la Malaisie et l’Indonésie – pourriez-vous nous dire lequel de ces pays serait en mesure de déployer des troupes dans les 10 jours qui suivront?


Le Vice-Secrétaire général: Bien, le Népal, par exemple, offre de déployer un bataillon qui vient juste d’achever son service au Soudan et qui, si nous trouvons les moyens de l’acheminer au Liban par voie aérienne, pourrait être déployé très rapidement.  C’est ce que le représentant du Népal a proposé et c’est précisément sur cette question que nous nous penchons actuellement afin de déterminer combien de temps il nous faudra pour pouvoir mettre ces troupes en position et les déployer sur le terrain.


Question: Les troupes népalaises sont-elles celles qui ont le plus de chances d’être déployées rapidement?


Le Vice-Secrétaire général: En tous les cas, ce sont les Népalais qui, à la réunion d’hier, nous ont donné des explications plausibles sur la façon dont leurs troupes pourraient être déployées très rapidement.  Les Bangladeshis m’ont dit que leurs soldats pourraient eux aussi être déployés rapidement mais je pense qu’il nous faut examiner chaque proposition séparément et comprendre les problèmes de logistique et de disponibilité propres à chaque pays.  Je ne voudrais pas trop m’attarder sur les cas d’espèce.


Question: Avez-vous reçu d’autres signes encourageants de la part de la France?


Le Vice-Secrétaire général: Pas depuis la réunion d’hier si ce n’est que lors de cette réunion¸ et c’est là un point qui me paraît capital, le représentant de la France a affirmé que son pays avait étudié attentivement les règles d’engagement et les concepts d’opérations – pour l’élaboration desquels il avait été consulté – et les avait jugés non seulement parfaitement acceptables et corrects, mais aussi conformes à l’esprit de la résolution dont il était, comme chacun le savait, l’un des auteurs.


Question: La résolution du Secrétaire général de lui faire rapport dans la semaine qui suivra, c’est-à-dire aujourd’hui au plus tard.  Ce rapport sera-t-il publié aujourd’hui? Que faut-il en attendre?


Le Vice-Secrétaire général: Vous allez être frustré car ce rapport ne sera pas publié à une heure commode pour vous.  Bien qu’il doive sortir aujourd’hui car nous tenons à respecter les délais fixés, ce ne sera que tard dans la soirée.  Il décrira les progrès accomplis dans les trois domaines suivants : politique, humanitaire et maintien de la paix.  Je pense qu’il a des choses à raconter sur ces trois aspects.  Sur le plan politique, nous avons déjà dépêché dans la région une première mission composée de M. Terje Roed-Larsen et de M. Vijay Nambiar qui devraient déjà avoir quitté l’Europe et volent actuellement vers Beyrouth où ils sont attendus aujourd’hui.


Dans le domaine de la reconstruction humanitaire, nous sommes parvenus avec succès, dans les jours qui ont suivi la cessation des hostilités, à assurer le passage de certains convois.  Les ponts ont été rouverts et les principaux axes routiers ont été débloqués.  Nous avons pu acheminer des secours par bateau sans nous heurter à des obstacles.  Nous avons donc fait du bon travail durant la semaine qui vient de s’écouler.  Dans le domaine du maintien de la paix, nous relaterons, comme vous pouvez vous l’imaginer, tout ce qui a été accompli.


Question: [inaudible] ce week-end.  Cela veut-il dire et qui peuvent décider s’ils peuvent les envoyer dans les prochains jours et avant mardi? Allez-vous malgré cela tenir une autre réunion pour y mettre la dernière main – d’accord, nous avons obtenu des engagements fermes et nous vous les envoyons…


Le Vice-Secrétaire général: Ils les obtiendront aujourd’hui, soit ils partiront de New York, ce matin.  À vrai dire, si nous avons attendu la réunion d’hier pour les rendre publics, c’était pour être sûr que l’on ne soulèverait aucune question qui pourrait nous contraindre à en revoir de nombreux aspects.  Or aucune situation de ce type ne s’est produite.  Cela n’a rien de surprenant car ces règles d’engagement et ces concepts d’opérations sont fidèles à l’esprit de la résolution, et les conseillers militaires des pays concernés ont participé activement aux discussions officieuses qui se sont tenues durant la semaine.  Aussi, je doute que les gouvernements, lorsqu’ils recevront ces documents aujourd’hui, aient des raisons de s’étonner. 


La question principale à laquelle les gouvernements doivent maintenant s’atteler est la suivante: faire en sorte que la force ait un caractère et des objectifscompatibles à l’esprit de la résolution, c’est-à-dire que ce soit non pas une force offensive envoyée au Liban pour y tenter un désarmement de large envergure mais plutôt une force chargée de surveiller l’application de l’accord politique devant être le prélude au désarmement préconisé par la résolution et qui doit donc recourir avec prudence à la force.  Les règles d’engagement stipulent clairement, comme le fait également la résolution, que si les combattants résistent par la force à une demande de désarmer émanant de la FINUL ou de l’armée libanaise, la FINUL peut, si nécessaire, recourir à la force pour contraindre les combattants au désarmement.  Je pense que nous avons été très clairs sur ce point.  La force que nous entendons déployer ne sera pas une force qui peut être qualifiée de force d’occupation, ni de force offensive destinée à désarmer le Hezbollah.  Ce sera une force qui, en matière de sécurité, donnera à Israël la garantie que l’accord politique, dont je viens de parler et qui prévoit un désarmement à plus ou moins brève échéance, est applicable.


Question: Y a-t-il des pays arabes qui se sont engagés à participer à la force? Nous croyons comprendre que le Maroc et l’Égypte auraient besoin de temps pour examiner les règles d’engagement.  Qu’en est-il de la Jordanie et de l’Arabie saoudite?


Le Vice-Secrétaire général : Bien, je pense que lors des discussions qui se sont tenues hier, le pays qui a paru envisager sérieusement de participer à la force, ou du moins qui l’a laissé entendre, est le Maroc.  Ceci ne veut pas dire que les autres États ont exclu une telle possibilité mais ce sont les Marocains qui nous ont paru les plus coopératifs.  Toutefois, et je vous mentirais en affirmant le contraire, le Maroc n’a pas pris d’engagements.  Son représentant a dit qu’il attendait avec intérêt les règles d’engagement, etc.


Question: Y aura-t-il une autre réunion des États fournissant des contingents? La Ligue arabe a demandé que se tienne une réunion, à l’échelle des ministres, du Conseil de sécurité, en vue de permettre l’envoi d’une délégation arabe chargée en quelque sorte de relancer l’ensemble du processus de paix au Moyen-Orient.  Le Secrétaire général est-il favorable à cette initiative?


Le Vice-Secrétaire général: Pour répondre à la première question, il y aura très certainement une deuxième, voire une troisième, une quatrième, une cinquième et beaucoup d’autres réunions de pays fournisseurs de contingents.  C’est ainsi normalement que l’on procède lorsqu’une force est constituée.  Je ne pense pas qu’il y ait de réunion durant les prochains jours.  Il y aura simplement des entretiens de suivi individuels avec les fournisseurs potentiels.  Mais une fois que ces derniers se seront engagés et que les choses seront plus certaines, nous leur demanderons, conformément à la procédure généralement suivie en pareil cas, de se réunir en groupe et de se pencher ensemble sur les problèmes communs auxquels ils seront confrontés.  Pour l’heure, les questions sont examinées au cas par cas.


Question: Est-il possible que la réunion dont vous avez parlé, la première, se tienne la semaine prochaine, une fois que les conditions que vous venez d’évoquer seront remplies?


Le Vice-Secrétaire général : Cela ne me surprendrait pas, mais pour le moment rien n’est prévu.  La question est de savoir si une telle réunion serait utile ou non.  Notre objectif est très clair – déployer 3 500 hommes sur le terrain le 28 août au plus tard, puis tenir des réunions, lancer des appels ou prendre toutes les sortes de contacts nécessaires pour atteindre cet objectif.


Par ailleurs, le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, M. Amre Moussa, a fait part de l’initiative arabe que vous venez d’évoquer au Secrétaire général, lequel a en retour, transmis à un certain nombre de membres du Conseil de sécurité, au nom de M. Moussa, les réflexions de ce dernier sur la question.  La question sera également examinée lors d’une réunion ministérielle qui aura lieu ce week-end.  Le processus est en cours.  Le Secrétaire général est certainement favorable à cette initiative dans la mesure où, comme vous devez le savoir, il a insisté auprès des auteurs de la résolution 1701 (2006) pour qu’ils veillent à inclure dans le dispositif de cette résolution un paragraphe final stipulant que même si nous ne pouvons pas régler le problème, nous devons être plus que jamais conscients de la nécessité d’avoir une paix globale au Moyen-Orient.  Par conséquent, toute démarche allant dans ce sens ne peut que rencontrer l’agrément de M. Annan.  Cela étant, je ne pense pas que ce dernier veuille, à ce stade, se prononcer sur les tenants et aboutissants des propositions qui, de toutes les façons, n’ont pas fini d’être élaborées.  


Je vous remercie.


Question: Quand la période des 10 jours commence-t-elle?


Le Vice-Secrétaire général: Elle a commencé hier.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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