INSTANCE PERMANENTE: LE CONCEPT DE L’AUTODÉTERMINATION DIVISE PEUPLES AUTOCHTONES ET CERTAINS GOUVERNEMENTS
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Instance permanente des Nations Unies
sur les questions autochtones
5e séance – matin
INSTANCE PERMANENTE: LE CONCEPT DE L’AUTODÉTERMINATION DIVISE PEUPLES AUTOCHTONES ET CERTAINS GOUVERNEMENTS
L’Instance permanente des Nations Unies pour les questions autochtones a poursuivi ce matin les travaux de sa cinquième session placée sous le thème « Objectifs du Millénaire pour le développement et peuples autochtones: redéfinir les objectifs ». Dans le cadre d’un dialogue avec les gouvernements, la question de l’autodétermination a fait l’objet d’un débat animé. Si certaines délégations ont souligné l’importance de reconnaître le droit à l’autodétermination des peuples autochtones, qui est selon eux une condition préalable à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), d’autres, comme la Nouvelle-Zélande, y ont vu la possibilité d’une menace pour l’unité politique et l’intégrité territoriale d’États Membres existants.
Pour la Nouvelle-Zélande, qui s’exprimait également au nom de l’Australie et des États-Unis, le projet de déclaration internationale sur les droits des peuples autochtones, finalisé en février dernier, contient des dispositions « inacceptables » sur la question des terres et des ressources. Elles ignorent, a dit le représentant, les réalités contemporaines, en demandant notamment que certaines terres -propriété d’autochtones mais aussi de non autochtones– reviennent de droit aux seuls autochtones. Il a aussi regretté que certaines des dispositions de ce texte laissent entendre que les droits individuels consacrés au plan international passent au second plan par rapport aux droits collectifs prévus par le projet de déclaration.
Cette intervention a soulevé de nombreuses réactions de la part des experts de l’Instance permanente qui ont, dans leur ensemble, demandé aux États d’adopter ce projet de déclaration à la première session du nouveau Conseil des droits de l’homme. Nombre de ces membres, dont M. Wilton Littlechild du Canada et M. Hassan Id Balkssam du Maroc, ont indiqué qu’un rejet de ce texte revenait à une négation pratique des droits des populations autochtones au niveau international. Le déni des droits collectifs de ces peuples, sur lesquels sont basés leurs modes de vie, mènerait à la négation de leurs droits individuels, ont-ils tous deux insisté. Pour sa part, Mme Nina Pacari Vega de l’Équateur a fait valoir que la reconnaissance des droits des autochtones devait aussi passer par une validation politique qui leur permette de prendre part aux processus de décisions.
La participation effective des peuples autochtones aux politiques qui les touchent a d’ailleurs été au cœur des autres déclarations des représentants des États Membres. Les représentants de la Norvège et de l’Australie ont estimé qu’il s’agissait là d’une question de bonne gouvernance, essentielle à la réalisation des OMD. Les représentants du Danemark et du Canada ont fait valoir que la deuxième Décennie internationale pour les peuples autochtones offrait une occasion unique de progresser davantage vers un partenariat réel avec les communautés autochtones. Partageant ce point de vue, le représentant de la Dominique a, lui, insisté sur l’importance d’aider les autochtones dans le domaine du renforcement de leurs capacités afin de leur permettre d’être de véritables acteurs de leur développement et d’obtenir des résultats tangibles.
Par ailleurs, les représentants nationaux ont regretté le manque de données statistiques sur les populations autochtones. C’est par cette collecte de données que nous pourrons redéfinir les OMD, ont-ils estimé. Le représentant du Canada a indiqué que son pays avait tenu, en collaboration avec l’Instance permanente, le premier atelier régional d’experts sur la question des indicateurs de pauvreté et de bien-être, en mars dernier à Ottawa.
Dans leur intervention, les représentants des États Membres ont également fait part de leurs efforts et initiatives pour préserver et promouvoir les droits des populations autochtones sur leur territoire national. Ainsi, le représentant du Brésil a affirmé que la tenue en avril 2005, à Brasilia, d’une conférence nationale des peuples autochtones avec plus de 800 délégués autochtones montrait, entre autres, l’engagement de son pays à promouvoir le dialogue avec les peuples autochtones. Il a aussi noté que le Brésil œuvrait pour une déclaration régionale des droits des populations autochtones. Le représentant de l’Espagne a, lui, noté que son pays s’était doté d’une Stratégie de coopération avec les peuples autochtones afin de contribuer à l’exercice efficace de leurs droits.
De même, le représentant du Danemark a fait observer que son pays possédait une Stratégie de soutien pour les peuples autochtones, développée en partenariat avec ceux-ci et qui visait à renforcer leur droit à l’autodétermination. Il a fait part des négociations continues entre le Groenland et le Danemark pour établir un gouvernement autonome au Groenland, estimant qu’il s’agissait là d’un progrès de taille dans le processus vers le droit à l’autodétermination. Quant au représentant du Canada, il a qualifié d’historique la rencontre, en novembre 2005, entre le Premier Ministre canadien, les Premiers Ministres provinciaux et les dirigeants autochtones. Il a expliqué que celle-ci visait à régler les causes profondes et les problèmes structurels qui sont à la base des écarts socioéconomiques entre autochtones et nationaux. Il a en outre indiqué que le Gouvernement avait prévu un financement de 3 milliards de dollars pour les questions autochtones dans son budget 2006 et que les sommes dédiées à ces programmes étaient en augmentation de 4,3% en moyenne par année.
S’agissant de ressources financières, le représentant du Guyana, qui est intervenu au nom du Groupe de Rio, a jugé qu’aux fins d’amélioration concrète des conditions de vie des peuples autochtones, il était urgent d’allouer les moyens nécessaires pour la réalisation des OMD. Il a souhaité que l’Instance collabore de manière plus active avec les gouvernements, en particulier sur les questions liées à la réduction de la dette ou à l’augmentation des investissements dans les services sociaux.
Le représentant de Fidji a insisté sur l’importance d’apporter une attention particulière aux femmes autochtones. Sur le plan de la santé, il a émis le souhait que le prochain dialogue de haut niveau sur le VIH/sida, qui se tiendra à New York à la fin du mois, mène à l’adoption d’une déclaration politique pertinente. Enfin, le représentant du Viet Nam a déclaré que les politiques nationales de son pays valorisaient la diversité culturelle et s’attachaient à réduire la pauvreté et l’isolement des groupes traditionnels les plus fragiles. L’accent est mis sur l’universalisation, d’ici à 2010, de l’éducation primaire pour les filles et les garçons, a-t-il noté en précisant que le Viet Nam utilisait le terme « minorités ethniques » pour définir les 53 peuples autochtones sur son territoire.
L’Instance permanente pour les questions autochtones poursuivra les travaux de sa cinquième session demain, jeudi 18 mai, à 10 heures.
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