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DEV/2610

LES NATIONS UNIES RENDENT HOMMAGE À MUHAMMED YUNUS, LAURÉAT DU PRIX NOBEL DE LA PAIX 2006, POUR AVOIR FAIT DU MICROCRÉDIT UNE ARME EFFICACE DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ

17/11/2006
Communiqué de presseDEV/2610
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

LES NATIONS UNIES RENDENT HOMMAGE À MUHAMMED YUNUS, LAURÉAT DU PRIX NOBEL DE LA PAIX 2006, POUR AVOIR FAIT DU MICROCRÉDIT UNE ARME EFFICACE DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ


Au cours d’une cérémonie présidée par Sheikha Haya Rashed Al Khalifa, Présidente de la 61e session de l’Assemblée générale, les États Membres de l’ONU, les représentants de la société civile, du secteur privé, des ONG et des fonds et programmes du système des Nations Unies ont rendu un vibrant hommage, cet après-midi, aux actions de lutte contre la pauvreté menées par le Professeur Muhammed Yunus, Fondateur de la Banque Grameen, du Bangladesh et Lauréat du Prix Nobel de la paix 2006.  Le Lauréat a salué le geste de l’ONU comme la reconnaissance du fait que le microcrédit est un outil efficace de lutte contre la pauvreté.  Cette reconnaissance s’est clairement manifestée quand l’Assemblée générale a décidé de faire de l’année 2006 l’« Année internationale du microcrédit », a relevé le Fondateur de la Banque Grameen, qui vient d’un pays de 149 millions de personnes où le niveau de pauvreté décroît désormais de 1% chaque année. 


En ouvrant la cérémonie, la Présidente de l’Assemblée générale a loué le rôle pionnier de la Banque Grameen et de son fondateur qui a littéralement « inventé la notion de microcrédit telle qu’on la connaît aujourd’hui ».  Les mots « microcrédit » et « microfinancement » sont synonymes de « Mohammed Yunus » et « Banque Grameen », a renchéri le Vice-Secrétaire général des Nations Unies, Mark Malloch Brown pour qui, la particularité du système de microcrédit tel qu’il est prôné par le Pr Yunus se trouve dans le fait qu’il a démontré que les pauvres peuvent être des débiteurs solvables quel que soit leur niveau d’éducation formelle. 


Contrairement à ce que disent les experts des différents organismes financiers internationaux qui embrassent aujourd’hui le microcrédit ou le microfinancement, le Pr Yunus n’a jamais posé la question de l’éducation comme une condition préalable à une lutte efficace contre la pauvreté, a précisé le Vice-Secrétaire général.  M. Yunus et la Banque Grameen ont démontré qu’en dehors des financements, les pauvres ont d’abord besoin de deux choses: qu’on leur rende leur dignité en reconnaissant leurs talents et qu’on leur fasse confiance. 


Au Bangladesh et ailleurs, là où existe le microcrédit, les pauvres ont fait la preuve que c’est entre leurs propres mains que se trouvent les solutions à leurs problèmes.  Ils démontrent chaque jour qu’avec des moyens modestes, ils peuvent rebâtir leur vie, sauver leur famille et améliorer leur condition de vie sans avoir à tendre la main constamment, a expliqué le Lauréat du prix Nobel de la paix de 2006.


L’idée du microcrédit et de la Banque Grameen est née du constat selon lequel trop de gens étaient exclus des services financiers et bancaires traditionnels, a poursuivi Muhammed Yunus.  Quand, au vu de la paupérisation galopante au Bangladesh et dans d’autres pays pauvres, nous avons rendu publique l’idée du microcrédit, un système de financement basé sur un lien de confiance entre un pauvre et une institution d’octroi de petits crédits à des personnes sans biens matériels à hypothéquer, les experts des institutions financières internationales nous ont exprimé à haute voix leur scepticisme et nous ont traité de rêveur, a-t-il rappelé non sans humour.  


À l’époque, le Bangladesh comptait officiellement 5 millions de foyers vivant en dessous du seuil de la pauvreté.  La Banque Grameen avait alors dit aux institutions de Bretton Woods qu’à travers le monde, il était possible de sortir 100 millions de personnes de la pauvreté grâce à des prêts destinés à financer des activités économiques répondant aux besoins essentiels des populations.  Les experts des grandes institutions financières et de développement ont jugé cette idée irréaliste.  Aujourd’hui la Banque Grameen a aidé des millions de Bangladais à sortir de la pauvreté.  Car au lieu de douter des capacités des individus et de nous contenter de les classer dans des catégories comme « solvables » et « non solvables », nous avons pris le risque de déclarer qu’en tout être humain sommeille un entrepreneur et que cet entrepreneur potentiel a simplement besoin qu’on lui tende la main, a dit Muhammed Yunus.


Ceux que l’on appelle couramment « pauvres » ou « mendiants » sont en fait les victimes de concepts et de politiques créés par des institutions nationales ou mondiales.  La pauvreté n’est pas un état naturel.  C’est une création humaine, a estimé le Lauréat du prix Nobel de la paix.  Au lieu de faire de l’argent avec les dépôts et les avoirs de ses clients, comme le fait le système bancaire traditionnel, la Banque Grameen a décidé de prêter de l’argent sur la base du projet à créer.  Parce qu’ils sont productifs quand on leur en donne la chance, les pauvres peuvent créer de la richesse.  Pourquoi donc leur exiger d’avoir un compte fourni et des garanties matérielles de remboursement?  À Grameen, nous estimons que la première étape à franchir est celle de la création d’un lien de confiance avec nos partenaires, notamment des femmes, qui sont une immense force de travail en sommeil. 


Grameen a décidé de leur donner confiance en leur propre capacité, en leur offrant la chance d’être autonomes.  Les petits prêts de 130 dollars que leur accorde la Banque ne sont pas en eux-mêmes, la clef de la réussite de Grameen.  Elle réside plutôt dans le changement d’attitude que le dialogue initié par Grameen permet d’opérer chez ces femmes, principaux agents de changements dans leurs familles et leurs communautés.  Notre message, a insisté Muhammed Yunus, est que la Banque Grameen appartient d’abord aux femmes avec lesquelles elle travaille.  Elles en sont à la fois les bénéficiaires et les actionnaires.  La Banque Grameen s’est rapprochée des femmes qui n’ont pas besoin de se rendre à la ville ou dans la capitale pour consulter leur banque.  Chaque village et chaque communauté du Bangladesh abrite un petit bureau de la Banque. 


Les succès obtenus ont fait spectaculairement reculer la pauvreté et Grameen reçoit désormais des fonds d’États Membres de l’ONU ainsi que des philanthropes et d’autres donateurs, ce qui lui permet de proposer ses opérations à d’autres pays et d’autres régions du monde.  Hôte de l’Académie Nobel, la Norvège a, par la voix de son représentant, félicité le Pr Yunus pour son action.  Nous reconnaissons tous aujourd’hui que la réduction de la pauvreté fait partie du combat que la communauté internationale doit mener constamment en faveur de la paix, a dit le représentant.

La pauvreté n’est pas une fatalité ni un état naturel de la vie humaine.  La Banque Grameen a fait mentir l’adage selon lequel « on ne prête qu’aux riches », s’est réjoui le représentant du Bénin, au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA). 


La Banque Grameen et son fondateur ont démontré le bien-fondé de la notion d’« autonomisation » qui peut faire sortir les pauvres du piège de la misère et promouvoir la sécurité humaine, s’est félicité, à son tour, le représentant du Japon.  C’est à travers la dignité que vous leur avez rendue que les femmes et le peuple du Bangladesh ont pu démontrer leur créativité, a encore salué le représentant japonais, en rappelant, convaincu par cette démarche, que son Gouvernement a décidé de verser des contributions financières à la Banque Grameen.


L’accès au microcrédit doit devenir « un droit de l’homme à part entière », s’est avancé le représentant du Chili avant que le Haut Représentant des Nations Unies pour les pays les moins avancés (PMA) les pays sans littoral et les petits États insulaires en développement ne clôture la cérémonie.  M. Anwarul Karim Chowdhury a conclu par ces mots: « l’hommage rendu aux actions menées par Muhammed Yunus et par la Banque Grameen est une reconnaissance de la souffrance des populations pauvres du monde entier et de la nécessité de les aider ».  Donner aux populations les plus défavorisées et les plus marginalisées le minimum dont elles ont besoin pour recouvrer leur dignité humaine, n’est pas seulement la bonne chose à faire mais aussi l’acte le plus pragmatique et le plus réaliste que l’on puisse poser, a estimé le Haut Représentant.  Se réjouissant que le prix Nobel ait été attribué à un homme qui lutte contre la pauvreté, il s’est félicité que la promotion de la paix et l’éradication de la pauvreté aillent désormais de pair, avant d’inviter les délégations à réfléchir à une nouvelle définition de la notion de paix. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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