LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX DOIT ÊTRE DOTÉE DES MOYENS FINANCIERS NÉCESSAIRES À SA MISSION
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Audition parlementaire conjointe ONU-UIP
Prévention des conflits et consolidation de la paix
Après-midi
LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX DOIT ÊTRE DOTÉE DES MOYENS FINANCIERS NÉCESSAIRES À SA MISSION
La réunion ONU-UIP met également l’accent sur la nécessité d’assurer la participation des femmes à la prévention des conflits
La Commission de consolidation de la paix (CCP) doit impérativement bénéficier des moyens financiers suffisants lui permettant d’effectuer ses missions, ont estimé plusieurs parlementaires lors de la deuxième session de la réunion conjointe Nations Unies - Union interparlementaire (UIP) qui s’est tenue, cet après-midi, au Siège de l’ONU à New York. Consacrée à la « Prévention des conflits et consolidation de la paix: renforcement du rôle essentiel des Nations Unies », cette séance était plus spécifiquement axée sur les défis et les attentes auxquels cette Commission va devoir faire face.
Il revient à la communauté internationale d’empêcher l’éclatement des conflits armés et d’assurer la consolidation de la paix, a affirmé M. Antoine Kolawole Idji, Président de l’Assemblée nationale du Bénin. Il a rappelé les trois axes de prévention des conflits: la prévention au niveau systémique par des mesures visant à renforcer les normes et les institutions au service de la paix à l’échelle internationale; les mesures structurelles au niveau des États pour y favoriser la démocratisation et le respect des droits de l’homme; la prévention au niveau opérationnel visant à promouvoir le dialogue et le règlement pacifique des différends, surtout en cas de conflit imminent. La communauté internationale doit apporter son aide aux pays en développement menacés par des conflits et les Nations Unies doivent pouvoir intervenir rapidement en cas de crise pour éviter l’éclatement de conflits armés, a-t-il insisté, avant d’appeler à l’établissement d’un Forum pour la prévention des conflits armés. M. Kolawole Idji a, par ailleurs, évoqué la création, au sein du système des Nations Unies, de la Commission de consolidation de la paix (CCP) ainsi que d’un Bureau d’appui à la consolidation de la paix et d’un Fonds de consolidation de la paix. Cette nouvelle structure concrétise les aspirations du Sommet mondial, a-t-il affirmé, permettant un partage équitable des responsabilités entre nations dans la consolidation de la paix et de la sécurité internationales, en vue d’assurer un développement durable. Organe intergouvernemental à caractère consultatif, la CCP bénéficie d’une composition équilibrée qui garantit la crédibilité de ses recommandations, a-t-il assuré, avant d’insister sur la nécessité de lui assurer un financement suffisant. Le Fonds doit notamment disposer des moyens nécessaires pour aider les pays sortant d’un conflit à se reconstruire et pour développer des programmes de démobilisation, désarmement et réinsertion au profit des anciens combattants. Enfin, il a souligné les bénéfices d’une collaboration entre l’Organisation et l’Union interparlementaire en matière de prévention des conflits.
En l’absence d’une réforme du Conseil de sécurité, la création d’une Commission de consolidation de la paix constitue l’aboutissement concret du Sommet mondial, a estimé, pour sa part, Graf Lambsdorff, membre du Parlement européen. Il s’est félicité que cette Commission soit orientée vers l’action, en s’appuyant sur une composition hybride qui mêle acteurs de la consolidation de la paix et membres destinés à garantir une représentation géographique équilibrée. Après avoir relevé que le personnel d’appui de la Commission était peu nombreux, il a appelé la Commission à adopter une approche globale, à démarrer ses travaux, à émettre des avis stratégiques et à coordonner son action avec les autres acteurs. Il s’est, par ailleurs, interrogé sur l’efficacité de la Commission dont le rôle semble ambigu. L’Union européenne est l’un des plus importants donateurs en faveur du développement mais son rôle n’a pas été pleinement reconnu puisqu’elle n’a pas été invitée en tant que donateur institutionnel, s’est-il étonné, en indiquant que l’UE ne continuerait à verser des contributions financières qu’à condition qu’elle soit représentée de façon adéquate au sein de la Commission et que celle-ci démontre son efficacité. Il a appelé la Commission à tenir compte de la dimension régionale pour examiner les questions de stabilité citant, en exemple, la région des Grands Lacs en Afrique. De même, la Commission doit appuyer l’état de droit, tenir compte des questions socioéconomiques et des problématiques de gouvernance, ce qui implique un soutien au pluralisme. Il a également attiré l’attention sur les questions sexospécifiques.
L’Union interparlementaire (UIP) a un rôle à jouer dans le travail de la Commission sur la consolidation de la paix, a affirmé, de son côté, le Président de la Commission de consolidation de la paix, Ismael Abraao Gaspar Martins. Il a évoqué, à ce sujet, les réunions qui ont abouti à la reconnaissance de l’éligibilité du Burundi et de la Sierra Leone au Fonds de consolidation de la paix et à la définition des domaines précis d’intervention. Les pays doivent s’approprier leur propre consolidation, a-t-il souligné, ce qui implique de déplacer la problématique d’édification de la paix sur le terrain. Il a remercié les Gouvernements du Burundi et de la Sierra Leone qui ont établi les institutions nécessaires pour faciliter le travail de la Commission. Il a affirmé que les 140 millions de dollars attribués au Fonds étaient un montant important mais insuffisant pour répondre aux besoins urgents des pays en situation de postconflit. La Commission ne sera pas jugée sur l’éloquence de ses interventions mais sur ses actions concrètes, a-t-il prévenu, avant de souligner l’importance d’entretenir un dialogue constant entre les acteurs. Il a rendu hommage au travail accompli en faveur de la consolidation de la paix par la société civile, les organisations non gouvernementales, les associations de femmes et le secteur privé. Enfin, il a affirmé que la prévention des conflits était moins coûteuse en termes de vies humaines et de ressources financières que leur règlement et il s’est félicité de la collaboration entre les Nations Unies et l’UIP.
À l’issue de ces interventions, 14 parlementaires de différents pays ont pris la parole. Ils ont réclamé que la Commission bénéficie de moyens financiers suffisants pour sa mission, évoquant le besoin de déterminer, le cas échéant, de nouveaux modes de financement. Plusieurs parlementaires ont également évoqué la participation des femmes à la prévention et à la résolution des conflits, y compris aux plus hauts niveaux. La question de la représentation des organisations régionales et sous-régionales à la Commission a également été abordée ainsi que la nécessité, pour la Commission, de coordonner les actions des différents acteurs du maintien de la paix. Par ailleurs, une parlementaire a déploré la faible représentativité de la composition de la Commission ainsi que sa dépendance à l’égard du Conseil de sécurité.
Après ces interventions, M. Pier Ferdinando Casini, Président de l’Union interparlementaire, a insisté sur le rôle des parlements en tant qu’interlocuteurs démocratiques. Ceux-ci jouent un rôle essentiel dans le maintien et la consolidation de la paix, a renchéri M. Antoine Kolawole Idji, Président de l’Assemblée nationale du Bénin, qui a appelé la Commission à ne pas s’enfermer dans un système bureaucratique mais à travailler directement sur le terrain et à coopérer avec d’autres acteurs tels que la société civile. L’avenir de la paix et de la sécurité a beaucoup à gagner de la coopération entre les Nations Unies et l’Union interparlementaire, a-t-il estimé. Il a enfin insisté sur l’absolue nécessité de fournir un financement adéquat à la Commission.
Aucun pays ne doit être exclu de la coopération en matière de consolidation de la paix, a assuré, pour sa part, Graf Lambsdorff, membre du Parlement européen, avant d’évoquer la nécessité d’entretenir une vision globale. Nous ne devons pas faire confiance uniquement aux gouvernements, a-t-il expliqué, mais il faut aussi prendre en compte le secteur privé et la société civile puisque la Charte des Nations Unies parle de « Nous, les peuples », et non des gouvernements. Il a ensuite évoqué la nécessité de traiter de la question de la reprise des conflits et d’apporter un vibrant appui aux parlements.
La Commission de consolidation de la paix constitue un nouvel organe et les sages conseils prodigués aujourd’hui par des parlementaires rendent sa tâche plus légère, a assuré le Président de la Commission de consolidation de la paix, Ismael Abraao Gaspar Martins. Il a reconnu le besoin d’appuyer les parlements pour prévenir la reprise des conflits. Par ailleurs, il a estimé qu’on ne pouvait pas reprocher à la Commission d’agir de façon bureaucratique. Enfin, il a rendu hommage à la Norvège, plus important contributeur au Fonds de consolidation de la paix, et il a rappelé que la prévention des conflits consommait moins de ressources que leur résolution.
La réunion ONU-UIP se poursuivra demain matin, mardi 14 novembre, à 10 heures, autour du thème « Bonne gouvernance et lutte contre la corruption: outils clés de la consolidation de la paix et de la prévention des conflits ». La réunion s’achèvera demain après-midi après un débat consacré au thème « Renforcer la dimension parlementaire des Nations Unies ».
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel