LE CONSEIL DE SÉCURITÉ EXPRIME SA PROFONDE GRATITUDE À KOFI ANNAN
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Conseil de sécurité
5607e séance – matin
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ EXPRIME SA PROFONDE GRATITUDE À KOFI ANNAN
Le Secrétaire général émet l’espoir que le Conseil sera réformé pour être plus représentatif et plus démocratique
Le Conseil de sécurité a rendu hommage, ce matin, au Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, en adoptant une résolution par acclamation dans laquelle il lui exprime sa « profonde gratitude » pour « son dévouement aux buts et principes énoncés dans la Charte et au développement des relations amicales entre les nations ». M. Annan a remercié les 15 membres du Conseil et a souligné qu’en dépit des critiques qui lui pouvaient être faites, le Conseil de sécurité avait cependant considérablement amélioré ses travaux ces dernières années.
Dans sa résolution 1533 (2006), le Conseil évoque les efforts soutenus entrepris par M. Annan pour apporter des solutions justes et durables aux conflits dans le monde. Il se félicite des réformes qu’il a engagées ainsi que des nombreuses propositions qu’il a présentées pour réformer les Nations Unies afin d’en renforcer le rôle et le fonctionnement.
Kofi Annan a remercié le Conseil pour avoir fait coïncider cette résolution lui rendant hommage avec l’adoption, dans la matinée, de celle prorogeant le mandat de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL). La Sierra Leone est sans aucun doute l’un des succès de notre travail commun, a estimé M. Annan. Le Secrétaire général a ensuite évoqué le travail du Conseil de sécurité, dont il a loué les réussites, tout en reconnaissant l’avoir critiqué à diverses reprises, particulièrement au sujet de sa composition, mais aussi lorsqu’il se montrait incapable d’agir. Il a émis le souhait que le Conseil de sécurité de l’ONU devienne plus démocratique et plus représentatif afin d’être encore plus légitime, ce qui, selon lui, ne pourra qu’être bénéfique au respect de son autorité.
M. Annan a néanmoins dressé un bilan positif du travail du Conseil qui, a-t-il noté, adopte désormais des mandats plus cohérents et plus solides en en surveillant mieux l’application. Il a à nouveau exprimé ses regrets de quitter son poste alors que le Moyen-Orient se trouvait dans une situation toujours aussi dangereuse et a espéré que le monde se porterait au secours du peuple du Darfour.
Prenant ensuite la parole au nom des 15 membres, le représentant du Qatar, Nassir Abdulaziz Al-Nasser, qui préside le Conseil de sécurité ce mois-ci, a rappelé que l’un des événements les plus importants du mandat de Kofi Annan, qu’il a qualifié de « premier diplomate du monde », avait été l’adoption des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il s’est dit convaincu que son successeur, Ban Ki-moon, apporterait, à son tour, des idées novatrices et ambitieuses et qu’il bénéficierait du soutien du Conseil de sécurité.
HOMMAGE AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU, M. KOFI ANNAN, À L’OCCASION DE SON DÉPART
Déclarations
S’exprimant au nom des autres membres du Conseil de sécurité, M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar), Président du Conseil pour le mois de décembre, a déclaré qu’au moment de rendre un hommage appuyé au Secrétaire général sortant, il était approprié de revenir sur la décennie que Kofi Annan aura passée à la tête du Secrétariat. Ces 10 années auront été marquées par l’apparition de nouvelles menaces auxquelles il aura su faire face. M. Annan aura guidé l’Organisation dans le nouveau Millénaire, a poursuivi M. Al-Nasser. Il a rappelé que l’un des évènements les plus importants avait été l’adoption, lors du Sommet du Millénaire, des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qui sont devenues des priorités pour le Secrétaire général. Cette période a aussi été caractérisée par de nombreuses évaluations et réévaluations qui ont conduit à la réforme dans laquelle l’ONU est désormais engagée. M. Annan a dirigé ce mouvement de réforme visant à renforcer les Nations Unies dans sa lutte contre les grands problèmes de notre époque, a affirmé le Président du Conseil. Saluant son dévouement, M. Al-Nasser a souligné en particulier les efforts du Secrétaire général en faveur du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Pendant son mandat, Kofi Annan s’est attaqué aux questions sociales, économiques, culturelles et environnementales de notre époque. Sa plus grande préoccupation aura été de satisfaire les besoins humanitaires des populations affectées par des catastrophes naturelles ou des conflits, a encore fait observer l’Ambassadeur du Qatar. Il s’est enfin déclaré convaincu que le successeur de Kofi Annan apporterait à son tour des idées novatrices et ambitieuses et qu’il bénéficierait du soutien du Conseil de sécurité.
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, s’est dit profondément honoré par la résolution lui rendant hommage. À moins d’une crise imprévue dans les neuf prochaines années –les neuf prochains jours, a-t-il rectifié sous les rires bienveillants des membres du Conseil– ceci sera ma dernière réunion avec vous en tant que Secrétaire général, a ajouté Kofi Annan dans un sourire. Je dois remercier le Conseil, pas seulement pour avoir adopté une résolution aussi généreuse, mais aussi pour l’avoir fait coïncider avec une autre décision que vous êtes sur le point d’adopter, celle prorogeant le mandat de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL).
La Sierra Leone est sans aucun doute l’un des succès de notre travail commun, a estimé M. Annan. Mais ceux d’entre nous qui se souviennent des jours difficiles de mai 2000 savent bien que c’était alors loin d’être acquis, a-t-il souligné. Le pays est stable mais encore fragile, a rappelé le Secrétaire général, et il a encore besoin de l’aide de la communauté internationale.
Kofi Annan a ensuite remercié les États Membres pour tout le travail accompli en faveur de la paix et de la sécurité dans le monde. C’est un bon exemple, selon lui, de ce qui peut être obtenu par l’ONU lorsqu’elle celle-ci travaille de concert. Il a rappelé avoir fait des remarques critiques sur le Conseil ces 10 dernières années, particulièrement concernant sur sa composition. Il a émis le souhait que celui-ci soit réformé afin de parvenir à un organe plus démocratique et représentatif, ce qui lui donnera une légitimité plus grande et son autorité sera plus largement respectée.
M. Annan a ensuite reconnu qu’il lui était arrivé de critiquer les actions du Conseil ou, plus souvent, son incapacité à agir. Et, je me suis efforcé, a-t-il ajouté, en suivant l’excellent conseil du rapport Brahimi, de dire au Conseil de sécurité ce qu’il devait savoir et non pas ce qu’il voulait entendre. Certes, la responsabilité première pour la paix internationale et la sécurité, comme le prévoit la Charte de l’ONU, n’est pas une tâche aisée à assumer. S’il est bien plus facile de critiquer le Conseil à l’extérieur que de prendre des décisions de l’intérieur, le travail du Conseil s’est beaucoup amélioré, a estimé Kofi Annan. Le Conseil vote désormais des mandats plus cohérents et plus solides, souvent accompagnés des ressources nécessaires. Et les membres du Conseil suivent avec une plus grande vigilance qu’auparavant l’application de ses résolutions, exigeant des rapports complets sur les missions mandatées par l’ONU et parfois se rendant sur place, a rappelé le Secrétaire général.
Le Conseil a aussi adopté des résolutions thématiques très importantes, a ajouté M. Annan en citant la résolution 1325 (2000) sur le rôle des femmes ; et il est généralement plus instruit de la nécessité de prévenir les conflits que d’attendre de réagir après qu’ils aient éclaté. Nous avons tous appris par le biais d’expériences amères qu’on ne pouvait pas toujours prendre les gouvernements au mot lorsqu’ils disent que tout va bien chez eux ou qu’ils contrôlent la situation, a-t-il noté. Nous avons aussi appris que le Conseil doit être pleinement informé des violations des droits humains, ceux-ci ne se produisant pas seulement au cours des conflits mais en étant souvent le signe avant-coureur.
Se refusant de faire preuve de complaisance, Kofi Annan a, à nouveau, exprimé sa tristesse de quitter son poste alors que le Moyen-Orient se trouve dans une situation aussi fragile et dangereuse. Il a émis l’espoir que le peuple du Darfour sera soulagé de ses souffrances. J’espère, a-t-il ajouté à ce sujet, que demain nous recevrons l’aval du Président Bachir pour un cessez-le-feu complet et pour des efforts renouvelés visant à réunir les parties dans le processus politique, ainsi que pour le déploiement de la force de maintien de la paix Union africaine/ONU afin de protéger la population. Mais après tant de déceptions, je ne tiens rien pour acquis, a-t-il reconnu.
Il n’y a pas de raison non plus d’être désespéré, selon Kofi Annan, un grand nombre de conflit ayant été résolus de façon pacifique, ou au moins circonscrits. Je crois, quoique que ce soit beaucoup plus difficile à prouver, qu’un grand nombre a été évité. Quelles que soient les circonstances, a-t-il ajouté, il s’agit d’un devoir sacré pour cette Organisation de protéger les générations à venir du fléau de la guerre. Je quitte cette tâche avec soulagement, a conclu Kofi Annan, et a dit prier pour que le Conseil parvienne à de plus grandes réalisations encore dans l’avenir.
Texte du projet de résolution (S/2006/1011)
Le Conseil de sécurité,
Ayant à l’esprit le rôle central que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a joué s’agissant de guider l’Organisation en exerçant les responsabilités que la Charte des Nations Unies met à sa charge,
Ayant également à l’esprit les efforts soutenus qu’il a fait pour apporter des solutions justes et durables à divers différends et conflits dans le monde entier,
Se félicitant des réformes qu’il a engagées et des nombreuses propositions qu’il a faites sur la restructuration du système des Nations Unies et le renforcement de son rôle et de son fonctionnement,
1. Prend note de la contribution que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a apportée à la paix, à la sécurité et au développement internationaux, des efforts exceptionnels qu’il a déployés pour résoudre les problèmes internationaux dans les domaines économique, social et culturel, et de l’action qu’il a menée pour répondre aux besoins humanitaires et promouvoir et encourager le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales de tous;
2. Exprime sa profonde gratitude au Secrétaire général, M. Kofi Annan, pour son dévouement aux buts et principes énoncés dans la Charte et au développement des relations amicales entre les nations.
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