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CS/8796

LE VICE-MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU LIBAN DEMANDE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ DE SE PRONONCER EN FAVEUR D’UN CESSEZ-LE-FEU

31/07/2006
Conseil de sécuritéCS/8796
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Conseil de sécurité

5505-e séance – après-midi


LE VICE-MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU LIBAN DEMANDE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ DE SE PRONONCER EN FAVEUR D’UN CESSEZ-LE-FEU


Le représentant d’Israël tient le Liban pour responsable de la crise, l’accusant d’avoir laissé prospérer des groupes terroristes sur son territoire


Arrivé d’urgence de Beyrouth, le Ministre de la culture et Vice-Ministre des affaires étrangères du Liban, Tarek Mitri, s’est adressé cet après-midi aux membres du Conseil de sécurité, qu’il a priés d’imposer un cessez-le-feu immédiat et d’ouvrir une enquête sur le bombardement du village de Cana, survenu hier, et qui a provoqué la mort d’une soixantaine de personnes.


Condamnant à l’instar de ses compatriotes libanais ce qu’il a qualifié de châtiment collectif injustifié, M. Mitri a déclaré que les enfants et les femmes qui ont péri dans les bombardements méritaient mieux que de simples regrets.  Fatigué d’entendre que ces pertes en vies humaines résultaient d’une erreur, il s’est demandé combien d’erreurs de ce type avaient été commises par Israël dans le passé?  Il s’agit au contraire, selon lui, de violations flagrantes du droit international, qui n’ont de surcroît jamais permis à Israël d’atteindre ses objectifs.


Conscient que le retour au statu quo ante est impossible, le Ministre a rappelé les sept points du plan proposé par son Gouvernement en vue de parvenir à une solution durable et négociée du conflit: instaurer un cessez-le-feu immédiat, procéder à un échange des prisonniers, assurer le retour dans leur foyer des personnes déplacées, imposer le retrait des forces armées israéliennes du territoire libanais, placer les fermes de Chebaa sous l’administration de l’ONU, demander à Israël de remettre le plan des champs de mines abandonnées au Sud-Liban, et garantir le respect de l'Accord d'armistice signé par le Liban et Israël en 1949.


Le représentant d’Israël a pour sa part démenti le fait que son pays soit en guerre contre le Liban, mais seulement contre les monstres qui ont pris ce pays en otage, comme la Syrie.  De l’avis de Dan Gillerman, une litanie de misères ne fait malheureusement pas une bonne politique et il a tenu le Liban pour responsable d’avoir fait le choix, dès le retrait d’Israël en 1999, d’offrir l’asile à des groupes terroristes.  C’est pour se protéger du pilonnage de ses villes par des milliers de roquettes lancées par les membres de ce groupe qu’Israël a lancé une offensive.  Sa délégation, a-t-il insisté, encourage vivement le Gouvernement et l’armée libanaise à reprendre le contrôle de leur territoire, afin d’éviter que les erreurs du passé ne se reproduisent.


LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT


Déclarations


M. TAREK MITRI, Ministre de la culture et Vice-Ministre des affaires étrangères du Liban, a déclaré qu’il arrivait de Beyrouth avec des images d’horreur et de souffrances dans la tête, dont il a espéré que les membres du Conseil ne les verraient pas à leur tour.


L’image et l’autorité du Conseil de sécurité sont en jeu, a-t-il dit, malgré la déclaration que les membres du Conseil ont adoptée hier.  M. Mitri a annoncé qu’il était venu pour demander un cessez-le-feu immédiat et exiger qu’une enquête soit menée sur le crime commis hier à Cana, le deuxième en 20 ans.  J’ai quitté mon pays en deuil et en criant ma rage devant tout ce que tous les Libanais voient comme un châtiment collectif injustifié, a-t-il dit, avant d’ajouter que les enfants et les femmes qui ont péri dans les bombardements méritaient mieux que de simples regrets.


Le Ministre s’est dit fatigué d’entendre que ces pertes en vies humaines étaient assimilées à des erreurs.  Combien d’erreurs de ce type ont été commises au Liban par Israël, en 1969, en 1978, en 1982, en 1996, en 1999 et aujourd’hui? Lorsqu’elles sont aussi nombreuses, les erreurs sont des crimes et des violations flagrantes du droit international.  Le massacre doit cesser, a-t-il insisté, rappelant qu’aucune de ces agressions n’avait permis à Israël d’atteindre ses objectifs passés.  Bien entendu, retourner au statu quo ante serait futile, c’est pourquoi le Gouvernement libanais a lancé un appel à la communauté internationale pour mettre en œuvre un plan en sept points.  Celui-ci prévoit un cessez-le-feu immédiat, un échange des prisonniers, le retour dans leur foyer des personnes déplacées, le retrait des forces armées israéliennes du territoire libanais, le placement des fermes de Chebaa sous administration de l’ONU, la remise par Israël du plan des champs de mines abandonnées au Sud-Liban, et le respect de l'accord d'armistice libano-israélien de 1949.


M. Mitri a également demandé que le personnel de la FINUL soit complété en effectifs, en mandat et en matériel, de manière à pouvoir aider les personnes déplacées à rentrer chez eux.  La communauté internationale doit s’engager par ailleurs à appuyer le Liban dans le domaine des secours et dans l’aide à la reconstruction du pays.  Nous devons trouver une porte de sortie honorable à la crise, qui ne permettra pas d’autres destructions.


Je suis venu ici au nom du Gouvernement libanais parler devant le Conseil, a-t-il affirmé, faire part de notre désir de vivre et de vivre dignement.  Le peuple libanais se trouve plongé dans une tragédie, mais grâce à notre unité, nous espérons pouvoir la surmonter.  Nous allons relever ce défi, une fois de plus.  Cela doit être également votre choix, a-t-il conclu en s’adressant aux membres du Conseil: ne permettrez pas à la haine, à la guerre et à la désolation de prévaloir!


M. DAN GILLERMAN (Israël) a affirmé que le discours du Ministre libanais était sans doute très sincère.  Il a déclaré être d’accord avec chacune de ses déclarations.  Israël n’est pas en guerre avec le Liban, a affirmé le représentant.  Israël n’a jamais eu la moindre revendication sur le territoire libanais.  Israël a toujours été en guerre avec les monstres qui ont pris le Liban en otage, comme la Syrie, qui considère le Liban comme la Syrie du Sud.  Malheureusement, une litanie de misères ne fait pas une bonne politique, a fait observer M. Gillerman, qui s’est demandé quand le Liban comptait prendre son sort entre ses propres mains.  Il a eu une occasion de le faire lorsqu’Israël s’est totalement retiré du Liban en 1999.  Il a eu alors le choix entre redevenir le pays prospère, brillant et cultivé qu’il était auparavant ou offrir le refuge à des terroristes.  Pourquoi Israël se trouve-t-il au Liban?  Pour se protéger du pilonnage de ses villes par des milliers de roquettes lancées par le Hezbollah, a répondu le représentant d’Israël. L’armée libanaise ne peut-elle pas agir et reprendre le contrôle de son territoire, ne serait-ce que pour éviter que les erreurs du passé ne se répètent, a conclu le représentant.


Reprenant la parole, le Ministre libanais de la culture et Vice-Ministre des affaires étrangères a déclaré qu’il y avait une généalogie de la violence; elle fait partie d’un cycle, et c’est précisément ce cycle que nous voulons interrompre.  Nous ne sommes pas disposés à écouter des sermons sur notre manière de gouverner, a-t-il poursuivi.  Le Gouvernement du Liban, a-t-il rappelé, est engagé dans un dialogue national et dans la recherche d’une solution pour étendre son autorité à l’ensemble du territoire.  Le Ministre a également souligné que la Conférence de Rome, qui a réuni de nombreux États et appuyé le Liban, a adopté une déclaration qui rappelle que la résolution 425, qui exige notamment le retrait des forces israéliennes du Sud-Liban, n’était toujours pas mise en œuvre.  Pour rompre le cycle de la violence, il faut d’abord du courage politique.  Le Gouvernement libanais n’épargne pour sa part aucun effort pour rester ouvert aux propositions constructives.  Nous sommes venus ici pour parvenir à un règlement politique de la crise, a ajouté M. Mitri, qui a cependant estimé qu’aucune issue au conflit ne serait possible sans un cessez-le-feu immédiat.


Reprenant la parole, le représentant d’Israël a déclaré que si le Liban voulait les fermes de Chebaa, il n’avait qu’à les demander à son voisin, la Syrie, qui prétend qu’elles lui appartiennent.  La violence est là parce que vous vous êtes laissé dominer par la violence, a souligné M. Gillerman.  Je crois qu’aucun enfant ne naît en voulant devenir un auteur d’attentat suicide.  Mais il le devient parce qu’il grandit dans une culture de haine. 


Intervenant une dernière fois avant la levée de la séance, le Ministre libanais de la culture et Vice-Ministre des affaires étrangères a rejeté pour sa part les accusations portées par son homologue israélien contre une prétendue culture de la haine dans son pays.  Mais la haine ressortira de cette guerre injuste, a-t-il affirmé.  Il a rappelé que ce n’est pas seulement le Liban qui a affirmé la nécessité d’instaurer un cessez-le-feu, de restituer les fermes de Chebaa et de libérer les prisonniers, mais la communauté internationale dans son ensemble.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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