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CS/8770

CONSEIL DE SÉCURITÉ: LES ÉLECTIONS GÉNÉRALES DU 30 JUILLET 2006 CONSTITUENT UN NOUVEAU RENDEZ-VOUS AVEC L’HISTOIRE QUE LA RDC NE PEUT MANQUER

6 juillet 2006
Conseil de sécuritéCS/8770
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

5482e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: LES ÉLECTIONS GÉNÉRALES DU 30 JUILLET 2006 CONSTITUENT UN NOUVEAU RENDEZ-VOUS AVEC L’HISTOIRE QUE LA RDC NE PEUT MANQUER


« Les élections générales du 30 juillet prochain en République démocratique du Congo (RDC) constituent un nouveau rendez-vous avec l’histoire que le pays ne peut manquer », a déclaré, aujourd’hui au Conseil de sécurité, le Représentant permanent de la RDC.  Outre le représentant congolais, le Conseil a entendu, les commentaires de ceux de la République du Congo, de la République-Unie de Tanzanie, de la Finlande, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, et de la Belgique, sur la mission qu’il a dépêchée en RDC, du 10 au 12 juin dernier.


Chef de la mission, le Représentant permanent de la France et Président du Conseil pour le mois de juillet a réaffirmé, une nouvelle fois, que les conditions sont réunies pour que les élections se déroulent en sécurité.  Il s’agit de ne pas hypothéquer les acquis actuels au travers des concertations politiques sans issue, a estimé, à son tour, le représentant de la RDC, en soulignant que les Congolais ont clairement exprimé leurs vœux de voir s’arrêter une transition sans fin.


Le Représentant permanent de la RDC et celui de la France n’ont toutefois pas caché les problèmes persistants.  Le représentant congolais a mis l’accent sur les efforts à déployer pour éviter que de nouvelles contraintes politiques et techniques n’empêchent l’organisation des scrutins dans les délais prévus; expurger de la campagne électorale des messages de haine et de division; et garantir le strict respect de l’ordre public sans préjudice des efforts de réconciliation nationale, de rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire et de la reconstruction du pays.


Ayant fourni une somme de 250 millions d’euros, soit 80% du coût total des élections, et prévoyant de déployer une mission d’observation électorale, l’Union européenne a, par la voix de la représentante de la Finlande, décrit les initiatives visant à contribuer à la sécurisation du processus électoral. Elle a cité le renforcement de la mission d’assistance à la police à Kinshasa; l’appui à la réforme du secteur de la défense dont le projet sur la chaîne de paiement des soldats; et la formation d’unités de police intégrées.


La représentante finlandaise a annoncé que l’Union européenne élabore une stratégie pour soutenir les forces de sécurité pendant la période postélectorale, lesquelles disposent déjà de neuf brigades intégrées formées et équipées par la Belgique, a rappelé son représentant, Alain Cools.


Le prochain programme de l’Union européenne se concentrera sur la lutte contre la pauvreté, la gouvernance, la réforme du secteur judiciaire et celle du secteur de la sécurité, a encore dit la représentante finlandaise, en faisant écho à celui de la Belgique qui a qualifié de « déterminant » l’engagement futur en RDC de la communauté internationale, en général, et des Nations Unies, en particulier. 


À l’instar du représentant de la RDC, Alain Cools a estimé que le maintien des troupes de la MONUC est nécessaire au rétablissement durable de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national et en particulier dans l’est du pays. Sur le plan du développement, les représentants du Congo et de la République-Unie de Tanzanie ont voulu qu’avec ses ressources naturelles considérables, la RDC devienne, grâce aux Nations Unies et aux institutions financières et de développement internationales, ce géant d’Afrique que la région des Grands Lacs et l’Afrique attendent.  Le Président du Conseil pour le mois de juillet a, à ce propos, traduit la volonté des membres de son instance de rester « en partenaires » aux côtés du peuple congolais pour l’aider dans le redressement de son pays.


MISSION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ SUR LE PROCESSUS ÉLECTORAL EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO


Déclarations


M. JEAN-MARC DE LA SABLIÈRE (France) a déclaré que les conditions étaient désormais réunies pour que les élections en République démocratique du Congo (RDC), qui marqueront la fin de la période de transition, se déroulent dans un environnement sécuritaire satisfaisant.  Néanmoins, le Conseil de sécurité a attiré dans son rapport l’attention sur les messages dangereux de division et d’exclusion propagés dans les médias et nous avons tous en mémoire les situations auxquelles ils ont conduit par le passé, a rappelé le représentant.  Des recommandations spécifiques ont donc été faites par le Conseil pour que les élections puissent être préparées et se dérouler dans un climat paisible.  Nous avons par ailleurs souligné la nécessité pour tous les acteurs politiques d’adopter une approche sans exclusive, a poursuivi M. de La Sablière.  En outre, devant la persistance des activités de milices dans l’est du pays, la mission a souligné dans son rapport l’importance de renforcer la sécurité et d’améliorer la gouvernance, pour que la nation congolaise puisse enfin profiter des richesses du pays. 


M. BASILE IKOUEBE (République du Congo) a rappelé que son gouvernement avait fait passer deux principaux messages en direction des acteurs politiques et de la société civile en République démocratique du Congo (RDC).  Tout d’abord, un message d’apaisement, à la suite des préoccupations exprimées au sujet du ton adopté dans les médias.  Un second message a été adressé à la communauté internationale, et notamment aux Nations Unies, pour qu’elle continue à accompagner la RDC au lendemain des élections.  Certes, celles-ci constituent une étape cruciale, mais il reste encore un long chemin à parcourir pour résoudre l’ensemble des problèmes qui se posent dans le pays, a fait observer le représentant.  Il y a six jours, a rappelé le représentant, la RDC avait célébré le 46e anniversaire de l’indépendance, date à laquelle ses problèmes avaient commencé.  Il est temps pour tout le monde, a-t-il affirmé, de réussir la sortie et de se réhabiliter en quelque sorte.  La mission du Conseil était donc bienvenue pour trouver d’accord sur la voie à suivre à l’avenir, a conclu le représentant. 


M. TUVAKO N. MANONGI (République-Unie de Tanzanie) a estimé que la mission du Conseil a été une initiative essentielle qui a montré l’appui du Conseil au processus de paix en RDC.  Il a espéré que les élections auront lieu comme prévu et que tous les électeurs pourront exercer leur droit démocratique d’élire leurs dirigeants.  Il a lancé un appel aux dirigeants actuels pour qu’ils acceptent le résultat de ce scrutin lorsqu’il sera établi que les élections se sont déroulées librement et dans la transparence.  Compte tenu de l’engagement massif de la communauté internationale en RDC, comme en témoignent les différentes opérations qui y ont été déployées, le représentant a estimé que le Conseil doit rester engagé dans la période postélectorale pour veiller à la consolidation des acquis.  La RDC devrait pouvoir continuer à jouir de la présence de l’ONU pour maintenir la paix, la sécurité et la stabilité, grâce aux réformes qui s’imposent dans les secteurs concernés.  Les défis sont énormes, mais ne sont pas impossibles à relever. 


Il est essentiel, a estimé le représentant, de redoubler d’efforts pour appuyer le peuple et le Gouvernement élu de la RDC, afin qu’ils puissent jouer le rôle d’acteurs stratégiques et important qu’ils méritent dans la région.  Il a dit attendre avec intérêt la date de la seconde Conférence sur la région des Grands Lacs.  Il a réitéré l’engagement de son pays à renforcer sa politique de bon voisinage.  Il s’est dit convaincu que la sécurité en RDC ne peut être réalisée que si des efforts conséquents sont faits pour éliminer la pauvreté abjecte dans laquelle vit la population.  Il est possible de faire en sorte que la population profite des ressources naturelles de son pays, s’il a la volonté politique des dirigeants et l’engagement ferme de la communauté internationale, dont les Nations Unies et les institutions financières et de développement internationales.  La RDC, a conclu le représentant, peut devenir ce géant économique que la région des Grands Lacs et l’Afrique attendent.  Elle doit répondre aux attentes de sa population qui veut la paix, le développement et la sécurité. 


M. ATOKI ILEKA (République démocratique du Congo) a rappelé que cette année, un accent particulier avait été mis sur la mise en œuvre du processus de transition engagé par l’Accord global et inclusif sur la transition du 17 décembre 2002.  De leurs entretiens avec de nombreux interlocuteurs, les membres du Conseil auront sans doute compris qu’un large consensus s’était dégagé en faveur de la tenue des élections et de la conclusion du processus de paix dans les meilleurs délais.  Ces élections constituent un rendez-vous avec l’histoire que la RDC ne peut manquer, a souligné le représentant, et le Président congolais, Joseph Kabila considère que plus rien ne peut en retarder l’organisation.


Sa délégation est cependant préoccupée au sujet de la tenue de ces élections.  S’agissant de leur organisation précisément, il a souligné que le nécessaire devait être fait pour permettre à la Commission électorale indépendante (CEI) de tenir les scrutins combinés dans les délais prévus.  Il est ensuite indispensable de veiller à expurger de la campagne électorale les messages de haine et de division, se félicitant à cet égard des mesures prises par la CEI et la Haute Autorité des Médias pour lancer des programmes de sensibilisation au processus électoral.  La formulation de nouvelles négociations ou concertations n’est pas nécessaire, a poursuivi le représentant, qui a rappelé que le référendum, la Constitution, la loi électorale et les prochaines élections découlaient de plusieurs consultations et dialogues politiques.  Les Congolaises et les Congolais ont clairement exprimé leurs vœux de voir s’arrêter une transition sans fin, a-t-il souligné, et ce, par la mise en  place de nouvelles institutions et dirigeants de leur choix.  Il faut donc veiller au respect de la volonté du peuple congolais et à ne pas hypothéquer les acquis actuels de la transition par le biais d’un dialogue politique sans issue, a estimé le représentant.  Enfin, devant la situation en matière de sécurité dans le pays, en particulier dans sa partie orientale, M. Ileka a souligné l’importance de s’assurer du strict respect de la loi et de l’ordre public sans préjudice des efforts de réconciliation nationale, de rétablissement de l’autorité de l’État et de la reconstruction du pays, efforts qui doivent se poursuivre durant le processus électoral.


La communauté internationale, et tout particulièrement les Nations Unies, est donc invitée à bien vouloir envisager le maintien de sa coopération à long terme, a déclaré le représentant, car cette paix et cette sécurité que le peuple congolais appelle de tous ses vœux sont des préalables non seulement pour le développement de la RDC, mais aussi de celui de la région des Grands Lacs dans son ensemble. 


Mme KIRSTI LINTONEN (Finlande), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a, à son tour, estimé que la République démocratique du Congo (RDC) se trouve à la croisée des chemins dans son histoire, qui s’achemine vers ses premières élections libres depuis 45 ans.  Ces élections doivent répondre aux aspirations profondes du peuple qui veut choisir ses dirigeants.  La représentante a invité toutes les forces politiques du pays à s’engager dans la campagne dans un esprit de paix et de réconciliation.  Toutes les mesures doivent être prises pour assurer le respect de la liberté d’expression, y compris par un accès équitable aux médias.  Ces derniers doivent, à leur tour, faire preuve de responsabilité, a-t-elle dit, en condamnant les appels à la haine et à la xénophobie.  Elle a appelé à la suppression des messages négatifs de « congolité ».  Soulignant la responsabilité de l’armée et de la police congolaises dans la sécurisation des élections, la représentante a rappelé l’appui qu’apporte à la MONUC l’Union européenne.  Elle a aussi indiqué que la mission d’assistance à la police de l’Union européenne à Kinshasa a été renforcée pour aider les forces de police à coordonner leurs activités.  Aussi un environnement plus sûr pourra-t-il être assuré.  Mais c’est aux autorités congolaises que revient la tâche d’assurer la sécurité de tous les candidats sur l’ensemble du territoire. 


Revenant sur l’aide donnée par l’Union européenne, la représentante a souligné qu’elle a fourni 250 millions d’euros soit 80% du coût total des élections.  Confiante dans la capacité de la MONUC à soutenir les autorités congolaises pour l’organisation de ces élections, la représentante a rappelé que pour assurer un climat de confiance pendant la divulgation des résultats des prochains scrutins, l’Union a déployé une mission d’observation qui travaillera aux côtés de celles de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et de l’Union africaine.  Les élections ne sont que le début d’un long processus de relèvement de la RDC, a-t-elle prévenu.  L’investiture des prochaines autorités n’est pas une fin en soi.  Un appui fort et permanent de la communauté internationale restera essentiel.  Il est important, a-t-elle insisté, que les résultats soient acceptés par tous les acteurs politiques, y compris ceux qui n’ont pas joint le processus électoral.  La clef de l’avenir résidera dans la manière dont la majorité traitera la minorité.  Un avenir dans lequel toutes les forces politiques doivent pouvoir participer à la bonne marche du pays.


Les forces de sécurité doivent se déployer sur tout le territoire, a encore dit la représentante, en rappelant que l’Union européenne a appuyé une réforme dans le secteur de la défense.  Dans un projet important, l’Union se concentre sur les chaînes de paiement de soldats.  Elle participe en outre à la formation d’unités de police intégrées.  Il reste encore beaucoup à faire et l’Union élabore une stratégie pour soutenir les forces de sécurité pendant la période postélectorale, a révélé la représentante, en appelant à l’intégration de l’armée et à la solution des problèmes de commandement, de discipline et budgétaires.  Les problèmes de l’est du pays doivent rester au centre de l’attention, a-t-elle voulu, avant de souligner le rôle crucial que les pays voisins doivent jouer et la nécessité d’une pleine mise en œuvre de l’embargo.  Elle a donc appuyé les recommandations du Secrétaire général sur la manière de face aux problèmes des groupes armés dans l’est de la RDC.  Elle a salué les mesures fermes de la CPI pour combattre l’impunité, en particulier l’inculpation des dirigeants de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA).  Elle a aussi félicité la MONUC pour son rôle dans le désarmement des groupes armés, en l’encourageant à continuer de jouer son rôle essentiel après les élections pour assurer un environnement stable dans l’est du pays. 


Sur le plan économique, l’exploitation illégale des ressources naturelles doit cesser, a préconisé la représentante, pour assurer un certain niveau de prospérité au peuple congolais.  La communauté internationale est un partenaire indispensable de la RDC et doit le rester au-delà de la période électorale, a-t-elle jugé, avant d’annoncer que le prochain programme de l’Union européenne se concentrera sur la lutte contre la pauvreté, la gouvernance, la réforme du secteur judiciaire et celle du secteur de la sécurité.  L’année 2006 sera l’année la plus importante de la RDC depuis l’indépendance, a-t-elle conclu, en affirmant que la tenue des élections constituera le premier pas vers un avenir plus brillant pour la RDC et l’ensemble de la région des Grands Lacs. 


M. ALAIN COOLS (Belgique) a déclaré que le processus électoral en RDC constituait un défi majeur.  Il nous incombe d’exiger des dirigeants et des candidats qu’ils souscrivent à un code de conduite imposant à tous un comportement rigoureux et respectueux à l’égard des autres candidats et des électeurs, a-t-il affirmé, soulignant qu’il faudrait refuser les restrictions à la liberté de la presse et promouvoir l’accès équitable aux médias.  Condamnant les discours haineux et xénophobes, la délégation belge a salué la mise en place d’un Comité des sages, qui contribuera à diminuer les tensions et éviter les dérapages découlant d’actions malvenues.  Elle a ensuite encouragé les élus à assumer leurs nouvelles fonctions dans un Congo démocratique et au futur parlement à donner tout son sens à la notion d’inclusivité.  Le représentant a ajouté que la question de l’engagement futur en RDC de la communauté internationale, et des Nations Unies en particulier, était déterminante.  Le maintien des troupes de la MONUC, a-t-il estimé, est nécessaire au soutien du pays pour l’aider à rétablir de manière durable l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national et en particulier dans l’est du pays.  Le représentant de la Belgique a ensuite exprimé son soutien en faveur des recommandations du Secrétaire général concernant la nécessité d’établir des mécanismes de consolidation de la paix en RDC, ainsi qu’en faveur des messages adressés par le Conseil sur l’importance d’améliorer la gouvernance.  Nous sommes en outre convaincus que des mécanismes structurels visant l’amélioration de la gestion des ressources naturelles pourront contribuer à faire progresser le pays de façon sensible et durable.  Enfin, M. Cools a indiqué que des efforts étaient indispensables dans le domaine de la réforme du secteur de la sécurité et de l’armée en particulier.  Son gouvernement s’est d’ailleurs fortement investi dans ce secteur, où il a participé à la formation et à l’équipement de neuf brigades intégrées des forces congolaises, a-t-il conclu.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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