LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE DOIT RESTER ENGAGÉE AUX CÔTÉS DES AFGHANS, ASSURENT LES ÉTATS MEMBRES DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ
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Conseil de sécurité
5385e séance – matin
LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE DOIT RESTER ENGAGÉE AUX CÔTÉS DES AFGHANS, ASSURENT LES ÉTATS MEMBRES DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ
Le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui un débat public sur la situation en Afghanistan, sur la base d’un exposé du Représentant spécial du Secrétaire général Tom Koenigs, et au cours duquel la plupart des États membres présents ont affirmé la nécessité pour la communauté internationale de demeurer engagée auprès de la population afghane.
De nombreuses délégations, préoccupées notamment par la poursuite de l’insécurité dans le pays, ont appuyé les recommandations du Secrétaire général, dont celle en faveur d’une prorogation d’une nouvelle période d’un an du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).
Cette réunion du Conseil de sécurité avait lieu à quelques jours de l’expiration du mandat actuel de la MANUA, prévue le 24 mars 2006, et un mois et demi après le lancement à Londres du Pacte pour l’Afghanistan, un programme quinquennal ambitieux qui vise à consolider la paix en renforçant la sécurité, la gouvernance, l’état de droit et les droits de l’homme, le développement économique et social et la lutte contre les stupéfiants.
Le programme de travail du Gouvernement afghan et de la communauté internationale est très lourd, a déclaré M. Koenigs en ouverture du débat auquel avaient été conviés des États non membres du Conseil de sécurité. Selon le représentant, qui a présenté le rapport du Secrétaire général sur « la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales », la MANUA doit continuer d’être une mission intégrée et de planifier les activités humanitaires et de développement humain. Selon lui, l’application du mandat de la MANUA doit exiger la fourniture de moyens de sécurité supplémentaires et suffisants, notamment en matière d’appui aérien et d’évacuation médicale. Le Représentant spécial a invité le Gouvernement afghan à faire tout son possible pour répondre aux critères fixés et a encouragé la communauté internationale à remplir ses engagements et à se montrer généreuse au cours de cette étape importante du processus de paix.
Les délégations ont partagé le constat du Secrétaire général et de son Représentant spécial selon lequel, même si des progrès considérables ont été réalisés en matière de démocratisation et d’édification de l’État, la stabilisation du pays n’est pas encore acquise. La situation sécuritaire, comme l’illustre la multiplication des attentats-suicide, par exemple celui dont a été récemment la cible le Président de la Chambre haute, est le premier des problèmes qui se posent à l’Afghanistan, une insécurité alimentée par la présence de groupes armés illégaux, le développement des réseaux de trafiquants de drogue et les lacunes de l’administration. Selon le Secrétaire général, le renforcement de la sécurité exige en particulier le progrès du désarmement des groupes armés illégaux et la mise en place d’institutions de sécurité nationale crédibles et durables. Plusieurs pays ont en outre mis l’accent sur la nécessité d’assurer le développement économique du pays.
La culture, la production et le trafic de drogues constituent un autre défi important auquel l’Afghanistan est confronté, a insisté son représentant, rappelant que son pays avait présenté, lors de la Conférence de Londres, la mise à jour de la Stratégie nationale de contrôle des stupéfiants. Il est nécessaire que les pays de la région et la communauté internationale renforcent, dans ce domaine, leur coopération avec l’Afghanistan, a-t-il dit. D’une manière générale, l’appui constant de la communauté internationale et de l’ONU à l’Afghanistan est essentiel pour la pleine application du Pacte, a-t-il affirmé.
Les représentants de la Grèce, du Japon, de la République-Unie de Tanzanie, de la France, du Danemark, de la Chine, de la Slovaquie, des États-Unis, de la Fédération de Russie, du Pérou, du Royaume-Uni, du Congo, du Qatar, du Ghana, de l’Argentine, de l’Afghanistan, de l’Australie, de l’Autriche, au nom de l’Union européenne, de l’Islande, de l’Allemagne, de la République islamique d’Iran, du Kazakhstan, de la Norvège, de la Nouvelle-Zélande, de l’Italie, de la République de Corée, du Canada et du Pakistan se sont exprimés lors de ce débat public.
LA SITUATION EN AFGHANISTAN
Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (A/60/712-S/2006/145)
Le Secrétaire général fait notamment le point, dans son rapport, des activités de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) depuis son précédent rapport du 12 août 2005 et contient des propositions concernant l’ajustement du mandat de mission, lequel a été prorogé, le 24 mars 2005, jusqu’au 24 mars 2006.
Le Secrétaire général recommande une prorogation d’une nouvelle période de 12 mois du mandat de la MANUA. Les responsabilités premières de la Mission, souligne-t-il, seront de continuer à fournir aux dirigeants afghans et à leurs partenaires internationaux, y compris aux forces de sécurité, les conseils politiques et stratégiques dont ils auront besoin en abordant la phase de l’édification de l’État. En tant que coprésidente du Conseil commun de coordination et de suivi, la MANUA aidera aussi le Gouvernement afghan à acquérir de la visibilité par rapport aux activités d’assistance internationale et militera pour un travail général de reconstruction plus méthodique à l’appui de la mise en œuvre du Pacte pour l’Afghanistan. De même, la MANUA doit, selon lui, continuer d’aller à la rencontre de la population afghane et, si la situation le permet, renforcer son action dans ce sens.
Le Secrétaire général se dit néanmoins de plus en plus préoccupé par les menaces qui pèsent sur la sûreté et la sécurité du personnel des Nations Unies. Il affirme ainsi que la mise en œuvre du mandat de la MANUA dépendra de la fourniture de moyens de sécurité supplémentaires et suffisants, notamment de la garantie d’un appui aérien et à l’évacuation médicale.
Le Secrétaire général constate que les quatre dernières années ont vu se produire une transformation remarquable de l’échiquier politique afghan. L’achèvement du processus de Bonn, qui a abouti en décembre 2005 à l’installation d’une Assemblée nationale représentative et pleinement élue, est le meilleur exemple, selon lui, du chemin parcouru dans la mise en place des fondements d’une démocratie viable. Toutefois, les fondements de l’État restent faibles, écrit-il, précisant que celui-ci n’est pas encore en mesure de fournir à la majorité des Afghans les services de base dont ils ont besoin pour que leur vie quotidienne soit moins dure. Il souligne ainsi que l’Afghanistan reste aux prises avec d’énormes problèmes dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance, de l’état de droit et des droits de l’homme, du développement économique et social durable et de la lutte contre l’industrie illégale des stupéfiants.
Pour que l’État gagne en crédibilité et bénéficie de l’appui de la population, il doit absolument accomplir de véritables progrès dans chacun de ces domaines, note le Secrétaire général, pour qui l’Afghanistan aura encore besoin pendant un certain temps d’un important soutien politique et financier de la communauté internationale. Sans un soutien prolongé, observe-t-il, le risque de voir l’Afghanistan retomber dans la dynamique qui l’a entraîné dans des années de guerre et ressurgir les conséquences des années d’abandon, n’aurait rien d’invraisemblable.
Le Secrétaire général estime que la sécurité constitue le premier des problèmes qui se posent à l’Afghanistan. Selon lui, la notion de démocratie ne s’enracinera que si le peuple afghan acquiert la conviction qu’il n’existe pas de meilleure solution que celle qui lui est offerte à l’heure actuelle. Seul un gouvernement national crédible en mesure de reconstruire le pays comme il l’a promis est une condition indispensable à l’accomplissement de progrès réels dans d’autres domaines de la plus haute importance, comme l’exercice de la liberté démocratique et les droits des femmes, estime-t-il.
Le renforcement de la sécurité exige aussi le progrès du désarmement des groupes armés illégaux et la mise en place d’institutions de sécurité nationale crédibles et durables. Le Gouvernement ne pourra se passer de l’aide des forces de sécurité internationales pour promouvoir la sécurité et la stabilité dans toutes les régions du pays, poursuit le Secrétaire général. Jugeant encourageante l’expansion envisagée de la Force internationale d’assistance à la sécurité placée sous le commandement de l’OTAN, il engage les pays qui fournissent des contingents à envoyer sur place des forces militaires appropriées, avec des règles d’engagement communes et solides, un commandement renforcé et des arrangements de surveillance avec les Forces de la Coalition, ainsi que des objectifs communs pour les équipes de reconstruction dans les provinces.
Déclarations
M. TOM KOENIGS, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a rappelé que la Conférence de Londres sur l’Afghanistan, qui s’est tenue le 31 janvier et le 1er février, a réaffirmé l’engagement fort de la communauté internationale en faveur de l’Afghanistan pour les cinq prochaines années et au-delà. Deux priorités seront essentielles au succès de l’ordre du jour visant à améliorer la vie des Afghans, a-t-il dit, citant le renforcement des institutions afghanes à tous les niveaux et l’évolution de la stratégie visant à face aux graves difficultés de sécurité.
Le Représentant spécial a affirmé que l’ordre du jour politique était de plus en plus axé sur les questions liées à la justice. Le Président Karzaï a notamment exprimé sa détermination à renouveler la Cour suprême afghane et est favorable au lancement d’un Plan d’action sur la paix, a-t-il dit. Concernant l’évolution de la sécurité, il a indiqué que l’attentat à la bombe à Kaboul contre le Président de la Jirga et l’ancien Président Mojadeddi, il y a deux jours, démontrait que les ennemis de l’Afghanistan continuaient à vouloir saper par tous les moyens le processus démocratique.
Les mois d’hiver 2005-2006 ont vu augmenter les attaques des insurgés et des terroristes avec des moyens de plus en plus perfectionnés, a-t-il dit, notant que les auteurs s’en prenaient de plus en plus aux civils, aux agents du gouvernement et aux ouvriers travaillant pour la reconstruction. Selon le Représentant, toute résolution sur ce défi doit exiger la mobilisation des efforts internationaux pour démanteler les structures terroristes qui représentent une menace pour la sécurité de l’Afghanistan et du Pakistan. La réalisation des réformes dans le secteur de la sécurité demeure essentielle pour le processus de reconstruction de la paix. Le programme de démantèlement des groupes armés a gagné de l’élan au cours des dernières semaines, a-t-il également souligné. Il faut des efforts accrus, a-t-il néanmoins expliqué.
Le programme de travail du Gouvernement afghan et de la communauté internationale est très lourd, a poursuivi le Représentant. Le rapport souligne les propositions sur les moyens dont peut disposer la MANUA pour continuer à jouer un rôle en tant que mission politique spéciale, fournissant des conseils au Gouvernement de l’Afghanistan, dans le but notamment de renforcer les institutions d’État. La MANUA doit continuer d’être une mission intégrée et de planifier les activités humanitaires et de développement humain. La MANUA continuerait à assurer une plus grande cohésion dans les efforts de reconstruction en général, a-t-il dit. Il sera, selon lui, fondamental que le Gouvernement afghan étende son autorité aux zones mal desservies de l’Afghanistan. L’application du mandat exigera des ressources supplémentaires en matière d’appui aérien et d’évacuation aérienne médicale. Le Représentant spécial a invité le Gouvernement afghan à faire tout son possible pour répondre aux critères établis et encouragé la communauté internationale à remplir ses engagements et à se montrer généreuse au cours de cette étape importante de processus de paix.
M. ADAMANTIOS VASSILAKIS (Grèce) est revenu sur les développements positifs intervenus en Afghanistan –la tenue d’élections parlementaires et provinciales, l’inauguration du nouveau parlement- tout en reconnaissant que des menaces se posent encore à la paix et la sécurité dans l’ensemble du pays. Le représentant a convenu avec le Secrétaire général de la nécessité de compléter les réformes dans les domaines de la sécurité, de l’administration, de la justice, su secteur humanitaire, de la primauté du droit et du respect des droits de l’homme en particulier dans les régions qui sont aux mains des seigneurs de la guerre et où la culture du pavot continue. Nous sommes particulièrement préoccupés par l’escalade récente de la violence à l’encontre des travailleurs humanitaires, civils, des forces militaires afghanes, des forces de sécurité internationales, des politiciens modérés et employés du secteur public, a ajouté le représentant. Celui-ci s’est dit en faveur de l’expansion de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) dans le Sud et du renforcement des activités menées par les équipes provinciales de reconstruction. Il a également approuvé la recommandation du Secrétaire général visant à maintenir une présence des Nations Unies en Afghanistan en assignant de nouvelles responsabilités ainsi qu’une nouvelle structure et un nouveau mandat à la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA)
M. KENZO OSHIMA (Japon) s’est félicité de l’achèvement du processus de Bonn et du lancement du Pacte pour l’Afghanistan. Néanmoins de nombreux défis restent à surmonter pour l’avenir du pays, notamment dans le cadre de la lutte contre les stupéfiants et des bandes armées illégales. Le pays aura encore besoin de l’aide internationale. La prochaine phase de reconstruction et de réconciliation, pour être couronnée de succès, exigera des efforts déterminés pour la mise en œuvre de la Stratégie de développement national de l’Afghanistan. Nous lançons un appel à toutes les parties afghanes pour qu’elles fassent preuve de modération. Le démantèlement des forces armées illégales est une priorité qui exige l’aide de la communauté internationale pour ce qui est de la collecte des armes et de la réinsertion des anciens combattants. Le Japon accueillera prochainement une conférence sur cette question. Le représentant a fait part de son soutien aux recommandations du Secrétaire général tout en plaidant pour une approche graduelle qui encourage un sentiment d’appartenance pour le peuple et le Gouvernement afghan. Nous espérons pouvoir présenter un projet de résolution sur cette question d’ici le 23 mars, tout en tenant compte des avis des États membres et non membres du Conseil de sécurité.
M. AUGUSTINE P. MAHIGA (Répubique-Unie de Tanzanie) a affirmé qu’au cours des quatre dernières années, l’Afghanistan avait réalisé d’importants progrès pour construire un État démocratique et responsable. Soulignant l’importance de renforcer les structures gouvernementales, ainsi que les fondements de la bonne gouvernance, la justice et l’état de droit, les droits de l’homme, ainsi que de procéder au désarmement et au démantèlement des groupes armés illégaux, il a estimé également important que les dirigeants du pays s’attaquent à des questions sociales, comme le logement, l’autonomie des femmes et la réintégration des réfugiés venant des pays voisins.
Le Représentant a en outre mis l’accent sur la question de la sécurité. Le renforcement de la police nationale doit aller de pair avec la construction d’une armée nationale afghane opérationnelle, dont la première mission serait de démanteler les groupes armés illégaux, a-t-il déclaré. Le Gouvernement et le peuple doivent diriger ce processus et ont besoin de tout l’appui de la communauté internationale, a-t-il poursuivi. Avec l’appui de la communauté internationale, l’Afghanistan peut entamer les prochaines étapes de redressement, a-t-il conclu, appuyant le renouvellement du mandat de la MANUA
M. MICHEL DUCLOS (France) a affirmé que la stabilisation du pays n’est pas acquise. L’insécurité est alimentée par la présence de groupes armés illégaux, le développement des réseaux de trafiquants de drogue et la faiblesse de l’administration. Sur le plan politique, la consolidation des institutions démocratiques prendra du temps. La France estime que la communauté internationale doit rester engagée aux côtés des Afghans. La priorité doit aller au renforcement des institutions du pays, y compris en province. Pour ce faire, les principes contenus dans le Pacte pour l’Afghanistan, en particulier l’affirmation du rôle central des Nations Unies et de la responsabilité première des autorités afghanes, semblent pertinents, l’un des principaux enjeux étant de mieux coordonner les efforts en faveur du pays. Le mécanisme qui sera mis en place à cette fin devra associer l’ensemble des acteurs concernés par les différents volets du processus de stabilisation.
La France approuve les propositions contenues dans le rapport pour le renouvellement du mandat de la MANUA. Celle-ci devra assurer le rôle de coordination de l’aide et poursuivre son appui à la consolidation de la démocratie. Elle devra intensifier ses actions notamment dans le désarmement des groupes armés illégaux et la préparation des prochaines échéances électorales. La France est favorable à un développement de la présence de la MANUA en province si les conditions de sécurité le permettent. Enfin, la MANUA a aussi un rôle important à jouer dans l’établissement d’un climat de confiance avec les voisins de l’Afghanistan. Le représentant a rappelé que la France prendra le commandement de la province de Kaboul au sein de la FIAS à partir de l’été 2006, pour une période de huit mois. Son contingent passera alors de 600 à 1 000 hommes. Elle intensifie en outre son soutien à l’armée nationale afghane par le déploiement de 100 officiers au sein des équipes de formation de l’armée nationale, ce qui représente un doublement de sa contribution. En matière d’aide civile, elle consacrera 33 millions d’euros au développement rural et au soutien au développement du secteur privé.
M. LARS FAABORG-ANDERSEN (Danemark) a fait part de l’entier soutien de son pays au Pacte pour l’Afghanistan et a rappelé que le Danemark avait fait à cet égard une annonce de contribution d’un montant de 100 millions de dollars pour les efforts de développement. Le Gouvernement danois a aussi décidé d’augmenter la présence militaire danoise. Nous sommes également prêts à proroger le mandat de la MANUA pour 12 mois et convenons avec les recommandations du Secrétaire général concernant son mandat et ses priorités, a précisé le représentant. Pour nous, la MANUA devra continuer de soutenir les nouvelles institutions démocratiques, promouvoir les droits de l’homme et la réforme du secteur de la justice et étendre sa juridiction au-delà de Kaboul. Enfin, a relevé le représentant, la MANUA a choisi de maintenir une distinction entre ses activités politiques et ses activités de développement et de reconstruction. Toutefois, une telle distinction crée des doublons et exige que l’on réfléchisse à la coordination de telles activités. Le représentant a conclu en demandant instamment à la communauté internationale de procéder au recrutement de personnel hautement qualifié, en particulier dans les provinces. Il a également demandé instamment aux pays de la région de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour aider le gouvernement afghan à mettre un terme à la vague d’insurgés qui pénètrent dans le pays et à bloquer les flux financier parvenant aux Taliban et Al-Qaida.
M. WANG GUANGYA (Chine) a rappelé que l’Afghanistan avait achevé le processus politique tel que défini dans l’Accord de Bonn. L’économie nationale connaît une croissance soutenue, l’armée nationale et la police nationale ont des responsabilités accrues pour le maintien de la sécurité, a-t-il déclaré. Ces succès, a-t-il ajouté, n’auraient pas été possibles sans les efforts constants de la communauté internationale et le travail acharné de la MANUA.
Toutefois, le processus de reconstruction du pays connaît de grandes difficultés, a souligné le représentant. Selon lui, la question des stupéfiants et les activités des terroristes restent une menace pour la stabilité de l’Afghanistan. Le Pacte constitue une nouvelle phase pour la reconstruction du pays, a-t-il estimé. Le Gouvernement doit, à cet égard, commencer de s’engager de manière prioritaire sur la reconstruction et le développement. L’ONU doit continuer à jouer un rôle central dans cet effort, a-t-il ajouté, précisant que son pays était favorable à la prolongation d’un an du mandat de la MANUA avec un ajustement. La Chine, en tant que voisine de l’Afghanistan, a toujours suivi de près le processus de paix et de reconstruction du pays et est disposée à appliquer la Déclaration de Kaboul sur les relations de bon voisinage, ainsi que la Déclaration sur les stupéfiants.
M. PETER BURIAN (Slovaquie) s’est félicité de la mise en place du Conseil conjoint de coordination et de surveillance, par le Gouvernement afghan et le Représentant spécial du Secrétaire général, pour la mise en œuvre des mesures édictées dans le Pacte pour l’Afghanistan. Relevant l’importance de la sécurité, le représentant s’est dit préoccupé par les nombreux actes de violence et de terrorisme qui rappellent à tous que l’Afghanistan demeure un endroit précaire. Il a appelé la communauté internationale à mobiliser tous les moyens pour aider le Gouvernement et le peuple afghans à élargir l’autorité de l’État dans l’ensemble du territoire et à créer ainsi les conditions favorables à la reconstruction du pays. Il s’est donc félicité de la décision de renforcer la FIAS et d’élargir ses opérations au sud et à l’est du pays. Relevant aussi l’importance des droits de l’homme, le représentant a jugé essentiel que ceux des femmes et des enfants soient considérés comme une question multisectorielle. Il a conclu en appuyant la prorogation du mandat de la MANUA, avant de réitérer l’engagement de son pays à maintenir ses soldats de la paix dans le pays et à fournir une assistance dans les domaines de la police et de l’armée. La Slovaquie, a-t-il ajouté, vient d’approuver le budget de l’aide publique au développement (APD) en Afghanistan.
M. JOHN BOLTON (États-Unis) a dit appuyer sans réserve le renouvellement du mandat de la MANUA et a demandé aux autres pays de faire de même. Pendant tout le processus de Bonn, a ajouté le représentant, la MANUA a apporté une importante contribution à nos objectifs communs. Le rôle des Nations Unies dans la mise en œuvre du Pacte pour l’Afghanistan sera essentiel dans les cinq années à venir. Les responsabilités des Nations Unies vont augmenter et dans ce cadre il sera essentiel d’assurer un soutien financier et technique adéquat à la réalisation du Pacte. Celui-ci, a rappelé M. Bolton, repose sur le plein développement de la police, la bonne gouvernance, la primauté du droit, le respect des droits de l’homme, le développement d’une économie libre de toute corruption. Les États-Unis attendent avec impatience de travailler avec la MANUA à la mise en œuvre du Pacte. Pour M. Bolton, l’appui qu’il suscite montre que la communauté internationale est déterminée à appuyer les programmes en cours. Il a assuré que son pays demeurait engagé à long terme à l’égard de l’Afghanistan afin qu’il devienne un État pacifique, source de stabilité dans la région de l’Asie centrale.
M. ANDREY DENISOV (Fédération de Russie), qui s’exprimait au nom des États membres de l’Organisation du traité de sécurité collective, a rappelé que le Pacte pour l’Afghanistan fixait des délais précis pour que le Gouvernement afghan réalise, avec l’appui de la communauté internationale, et dans les cinq années à venir, de grandes tâches en matière de sécurité, de bonne gouvernance, de droits de l’homme, de développement, de lutte contre la drogue. Le Conseil de coordination et de suivi doit jouer un rôle important dans ce processus, a-t-il ajouté, et doit comprendre toutes les parties prenantes. Le représentant s’est également dit gravement préoccupé par l’augmentation des activités des Taliban et d’Al-Qaida. Il est urgent d’assurer, et notamment de la part du Gouvernement afghan, le strict respect du régime de sanctions introduit par le Conseil de sécurité, a-t-il assuré.
Le représentant a également constaté avec inquiétude que les efforts du Gouvernement afghan contre le trafic de stupéfiants ne donnent pas les effets escomptés. Il faut absolument des mesures résolues de la part du Gouvernement afghan et de la communauté internationale, a-t-il estimé. Il convient en outre d’élaborer, avec l’aide de la MANUA, une stratégie globale contre les trafics de drogue, a-t-il poursuivi. Selon lui, le programme d’aide à l’Afghanistan doit inclure les pays voisins. Les pays membres de l’Organisation du traité de sécurité collective sont ainsi disposés à participer au processus d’interaction régionale dans les domaines clés, a-t-il conclu.
M. OSWALDO DE RIVERO (Pérou) a déclaré que l’adoption du Pacte pour l’Afghanistan est un développement positif en ce qu’il organise les priorités dans quatre domaines: droits de l’homme, sécurité, désarmement et lutte contre les stupéfiants. Aujourd’hui toutefois, le Gouvernement du pays fait face à une situation paradoxale dans la mesure où le trafic de drogues et l’insécurité ont la capacité de réduire à néant les efforts des afghans et de la communauté internationale. Des tendances inquiétantes font le jour comme la recrudescence de la violence contre les forces internationales, les atteintes contre le système éducatif tandis que le trafic de stupéfiants continue d’être une réalité. Selon des experts internationaux, l’Afghanistan est aujourd’hui l’État le mieux organisé au monde pour la trafic d’opium, 87% du trafic mondial provenant d’Afghanistan tandis que 57% de son PIB est issu du trafic de drogues. Il est essentiel de promouvoir des cultures de substitution pour parvenir à éliminer complètement d’ici 2010 le trafic de stupéfiants. Une démocratie viable ne peut être dépendante de l’exportation d’héroïne. La démocratie et l’héroïne sont incompatibles. Le représentant a regretté que la lutte contre le trafic de drogues ne soit pas suffisamment mentionné dans le Pacte pour l’Afghanistan et a suggéré que cette lutte devienne un thème transversal qui fasse partie du nouveau mandat de la MANUA.
M. ADAM THOMSON (Royaume-Uni) a affirmé que son pays appuyait fermement la reconduction pour un an du mandat de la MANUA, y compris les modifications que propose le Secrétaire général. Le Pacte pour l’Afghanistan montre l’engagement déterminé de la communauté internationale pour la reconstruction du pays, a-t-il estimé. Le représentant s’est félicité de la robustesse de l’appui de la communauté internationale au Gouvernement afghan dans son engagement courageux pour construire une société pluraliste. Mais il faut agir vite pour maintenir l’élan de la Conférence de Londres, a-t-il estimé. Il a également appuyé la mise en place du Conseil de la coordination et de suivi qui permettra, a-t-il précisé, de réaliser les objectifs du Pacte.
Le représentant a mis l’accent, notamment, sur la menace extrêmement grave du trafic des stupéfiants. Éliminer la culture du pavot est indispensable à la sécurité du pays, et à l’établissement de la démocratie et de la bonne gouvernance. C’est un défi de taille, a-t-il dit, car les stratégies d’élimination des drogues à long terme sont amples. Il n’y a pas de solution immédiate et les Afghans ont, dans ce domaine, du pain sur la planche, a-t-il ajouté. Il faut aider encore le Gouvernement afghan à poursuivre ses actions en matière de lutte contre les stupéfiants, a-t-il dit, précisant que son pays s’y employait. Pour s’attaquer aux trafics des stupéfiants, il faut un engagement massif dans la reconstruction du pays, a-t-il déclaré, insistant sur une démarche d’ensemble.
M. PASCAL KAYAMA (République du Congo) a salué le processus en cours en Afghanistan et les avancées significatives réalisées par le pays et qui ont été confortées par l’adoption du Pacte pour l’Afghanistan qui dote le pays d’une stratégie intérimaire de développement pour les cinq prochaines années. Les promesses de dons annoncées lors de la Conférence de Londres sont de bon augure. La communauté internationale devrait à cet égard manifester la même solidarité envers tous les pays engagés dans la reconstruction. Le représentant a accordé son appui au renouvellement pour 12 mois de la MANUA conformément aux recommandations du Secrétaire général. Il sera nécessaire, a-t-il précisé, de doter la MANUA des moyens militaires nécessaires, notamment d’un appui aérien. La problématique de la sécurité est également une question centrale. Il est urgent que le Gouvernement afghan et la communauté internationale trouvent des solutions aux enjeux sécuritaires, à travers notamment le renforcement de la police et de l’armée nationale, le démantèlement des groupes armés illégaux, le renforcement de l’appareil judiciaire, l’élimination de la pauvreté et du trafic de stupéfiants. Tout effort de développement serait sapé à la base si la question centrale de la sécurité n’est pas traitée de manière appropriée.
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a affirmé que la communauté internationale avait parcouru un long chemin vers la stabilisation politique et économique de l’Afghanistan. Il a ajouté que son pays réitérait sa position de principes sur la nécessité d’oeuvrer en vue de la stabilisation de l’Afghanistan, tout en assurant sa pleine souveraineté et son unité. Il a indiqué que le 28 février 2006, le Qatar avait accueilli la deuxième Conférence de Doha sur la gestion des frontières de l’Afghanistan, laquelle s’est conclue par l’adoption d’une déclaration. La Conférence vise à renforcer la coopération étroite des pays de la région en matière, notamment, de police des frontières et de contrôle des frontières dans le cadre de la lutte contre les stupéfiants, a-t-il dit.
Un accent plus grand doit être mis sur le développement économique, les efforts de reconstruction et dans la lutte contre les trafics de drogues, a affirmé le représentant. Nous devons n’épargner aucun effort pour mettre un terme à la culture et aux trafics des drogues en Afghanistan, a-t-il assuré. La MANUA a joué un rôle considérable dans la sauvegarde de la sécurité et la stabilisation du pays, a-t-il poursuivi, notant que les propositions contenues dans le rapport du Secrétaire général étaient utiles. Le Qatar est favorable à une reconduction du mandat de la MANUA.
M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a, après avoir souligné les défis qui restent à relever en Afghanistan, déploré les derniers actes de terreur perpétrés par des groupes extrémistes. Il s’est particulièrement dit alarmé par le fait que leur tactique se soit améliorée. Il s’est néanmoins dit convaincu que les forces de la coalition et les forces de sécurité afghanes réussiront à supprimer ces éléments engagés dans la déstabilisation du pays. Il a appelé les Gouvernements pakistanais et afghan à mettre à plat leurs divergences et à coopérer pour améliorer la sécurité le long de leur frontière. Le représentant a aussi souligné la grave menace que représente le commerce de l’opium pour le processus de reconstruction du pays. Il a appelé le Ministère de la lutte contre les narcotiques à intensifier ses efforts, avant de se féliciter de ceux de la FIAS et de la MANUA pour étendre leur contrôle au-delà de Kaboul. Le représentant s’est également dit alarmé par la situation des droits de l’homme, en particulier ceux des femmes. En la matière, il a jugé impérative l’adoption du Plan d’action national pour la paix, la réconciliation et la justice. Compte tenu des défis, il a adhéré à l’idée du Secrétaire général de placer toutes les activités des institutions de l’ONU dans le cadre de la MANUA dont, selon lui, le mandat doit être prorogé.
M. CESAR MAYORAL (Argentine) a d’abord soulevé la question de la sécurité et s’est félicité de l’adoption par l’OTAN d’un nouveau plan opérationnel qui couvrirait le sud du pays. Il a ensuite cité comme autre défi la lutte contre les stupéfiants. Il argué qu’il ne suffit pas d’adopter des lois et des plans. Il faut encore que le Gouvernement afghan assume, avec l’aide de la communauté internationale, un leadership décisif dans ce domaine. La situation des droits humains est aussi une source de préoccupation, a poursuivi le représentant, en demandant au Secrétariat de fournir davantage de détails sur le Plan d’action national sur la paix, la réconciliation et la justice. Il a espéré que la justice ne sera pas sacrifiée sur l’autel de la réconciliation et que l’impunité sera vigoureusement combattue. Concernant la lutte contre le terrorisme, le représentant a, en sa qualité de Président du Comité contre Al-Qaida et les Taliban, dit sa détermination à appuyer le Gouvernement afghan dans tous les aspects de la mise en œuvre du régime des sanctions établi par le Conseil de sécurité pour, a-t-il précisé, résoudre les problèmes liés aux personnes inscrites sur la Liste récapitulative. Il a enfin appuyé la prorogation et l’ajustement du mandat de la MANUA.
M. RAVAN FARHADI (Afghanistan) a affirmé, rappelant l’adoption du Pacte pour l’Afghanistan il y a un mois à l’occasion de la Conférence internationale de Londres, que son pays était reconnaissant à la communauté internationale pour sa promesse de lui apporter, dans le cadre de ses efforts de reconstruction et de réhabilitation, une aide financière s’élevant à 10,5 milliards de dollars. La générosité manifestée par la communauté internationale à Londres est une claire indication de son engagement soutenu en faveur du développement et de la reconstruction de l’Afghanistan, a-t-il estimé. Il a assuré que son pays se tenait prêt à assumer ses responsabilités en vue de la réalisation des objectifs fixés par le Pacte. Il a ainsi informé les membres du Conseil de sécurité que le Gouvernement avait récemment nommé les Ministres des affaires étrangères, de la justice, des finances et de l’économie, ainsi que le Conseiller national à la sécurité comme membres du Conseil commun de coordination et de suivi.
Le représentant a ajouté que son pays continuait d’enregistrer des progrès importants pour l’installation et la consolidation de ses institutions d’État. Il a souligné que l’événement le plus important depuis le dernier débat ouvert du Conseil de sécurité sur l’Afghanistan était la formation de l’Assemblée nationale et des conseils provinciaux. Le Gouvernement continue de progresser pour développer de nouvelles capacités des instituions de sécurité, a-t-il par ailleurs dit. Il s’est dit néanmoins préoccupé par la poursuite d’activités terroristes des Taliban, d’Al-Qaida et d’autres groupes, notamment dans le sud et le sud-est du pays, lesquelles, a-t-il estimé, contribuent à remettre en cause la noble tâche de réhabilitation et de reconstruction de l’Afghanistan. Il a affirmé que l’attaque-suicide odieuse menée le 12 mars dernier contre le Président de la Chambre haute de l’Assemblée nationale est une tentative délibérée des ennemis de l’Afghanistan de déstabiliser la situation dans le pays. Il est évident que cette attaque provient de l’étranger, a-t-il dit, soulignant que les attaques-suicide n’étaient pas, historiquement, une pratique connue en Afghanistan.
Le représentant a en outre déclaré que la culture, la production et le trafic des stupéfiants constituaient un autre défi auquel son pays était confronté. Il a rappelé que l’Afghanistan avait présenté, lors de la Conférence de Londres, une version actualisée de sa Stratégie nationale de contrôle des stupéfiants. Le Gouvernement a adopté une nouvelle loi de lutte contre les stupéfiants en décembre 2005, a-t-il ajouté. Il est nécessaire que les pays de la région et la communauté internationale renforcent, dans ce domaine, leur coopération avec l’Afghanistan. Il a conclu en soulignant que l’appui constant de la communauté internationale et de l’ONU à son pays était essentiel pour la pleine application du Pacte pour l’Afghanistan.
Mme CAROLINE MILLAR (Australie) a appuyé les propositions faites par le Secrétaire général dans son rapport relatives au mandat de la MANUA. Elle a applaudi à la conclusion du processus de Bonn qui s’est traduit par l’adoption du Pacte pour l’Afghanistan en précisant que son pays a annoncé une contribution au Pacte pour les cinq prochaines années d’un montant de 150 millions de dollars. Ce montant vient s’ajouter aux 110 millions déjà consentis par le pays. La représentante a également dit l’inquiétude que lui inspirent les défis à la sécurité et à la stabilité et qui défient l’autorité de l’État afghan. Ainsi le désarmement des bandes armées illégales, la lutte contre le trafic de stupéfiants, la réforme et l’édification de la police afghane constitueront des critères de succès pour la stabilité du pays. Nous convenons également avec le Secrétaire général pour dire que la situation des droits de l’homme constitue encore un défi et encourageons le Gouvernement à maintenir ses efforts dans ce domaine, a ajouté la représentante. Celle-ci a assuré le Conseil de la détermination de son pays à rester engagé en Afghanistan et elle a donné son appui aux ajustements proposés pour que la MANUA puisse mieux remplir son mandat.
M. GERHARD PFANZELTER (Autriche), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a estimé important que les institutions politiques afghanes élargissent leurs capacités pour assurer la sécurité et fournir les services de base à toute la population du pays. L’Union européenne se félicite de la mise en place du Pacte, fondé, a-t-il dit, sur un partenariat avec le Gouvernement afghan, les Nations Unies ayant un rôle central de coordination. Il a en outre souligné l’appui constant de l’Union européenne à la souveraineté et à l’intégrité de l’Afghanistan. L’Union européenne appuie sans réserve les piliers d’activités déterminés par le Pacte que constituent la sécurité, la bonne gouvernance, les droits de l’homme. Elle soutient également la lutte contre les stupéfiants, a-t-il ajouté.
Les défis de la phase qui suit le processus de Bonn appellent à la consolidation des progrès déjà accomplis, a-t-il en outre observé. La lutte contre la drogue est une priorité transversale de l’Union européenne qui appuiera la mise en place d’institutions efficaces et vigoureuses de lutte, d’agences de justice pénale et d’ordre public. L’Union européenne fournira, à cet égard, un appui financier au Gouvernement afghan pour qu’il renforce les possibilités de gagner sa vie en milieu rural. Elle accordera une attention particulière à la bonne gouvernance et à la stratégie anticorruption, notamment au niveau provincial, a-t-il dit. L’Union européenne appuiera directement les activités civiles dirigées par les États membres de l’Union dans ce domaine, a-t-il poursuivi. Elle soutiendra également le développement économique et social de l’Afghanistan ainsi que ses efforts en vue de réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
M. HJALMAR HANNESSON (Islande) est revenu sur les progrès réalisés en Afghanistan tout en attirant l’attention sur les défis qui se posent en matière de sécurité, de renforcement de la primauté du droit, d’amélioration de la situation des droits de l’homme, de lutte contre le trafic de stupéfiants. Le représentant a précisé que son pays contribuait à l’heure actuelle une équipe mobile d’observation et qu’il fournira dès le printemps du personnel de soutien au fonctionnement de l’aéroport de Kaboul. L’Islande a également produit, à la demande du Gouvernement afghan, un plan permettant d’assurer le transfert des responsabilités relatives à la gestion des opérations de l’aéroport de Kaboul, qui sont placées pour l’instant sous l’autorité de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), à une direction afghane. Le représentant a précisé que son pays fournira une aide dans la mise en œuvre de ce plan de transition en fournissant des conseils et une aide technique. Il a assuré les membres du Conseil du plein soutien de son pays à la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et aux organisations internationales œuvrant dans le pays.
M. GUNTER PLEUGER (Allemagne) a déclaré que pour son pays, l’Afghanistan demeure une priorité. Il a rappelé que de 2002 à 2010, l’Allemagne a promis une contribution de l’ordre d’un milliard de dollars. Le pays est aussi disposé à prendre des mesures d’allègement de la dette dans le cadre du Club de Paris. Soulignant que la sécurité demeure d’une importance capitale, le représentant a rappelé le rôle directeur de son pays dans la réforme de la police. À la fin du mois de février, les Gouvernements allemand et afghan ont organisé, à Doha, une conférence sur la question. Dans cette ville du Qatar, l’Afghanistan et les pays voisins ont créé la base d’une gestion régionale des frontières, comme en témoignent les deux Déclarations adoptées à l’issue de la conférence. En outre, des promesses de contribution de l’ordre de 38 millions de dollars ont été faites pour la réforme de la police, a aussi dit le représentant, en précisant qu’il s’agit d’une initiative qui entre dans le cadre du Pacte pour l’Afghanistan.
M. JAVAD ZARIF (République islamique d’Iran) a, à son tour, exprimé sa préoccupation face aux problèmes d’insécurité et du trafic de drogues. Il s’est dit alarmé par le fait qu’en dépit de la présence toujours croissante des forces étrangères dans le pays, les éléments antigouvernementaux semblent avoir élargi le théâtre de leurs opérations dans l’ouest, le nord et le nord-est du pays. Il a jugé que la solution passe par l’élargissement de l’autorité du Gouvernement central à l’ensemble du pays et le transfert des responsabilités à la police et l’armée nationales.
Concernant la lutte contre le trafic de drogues, il a estimé qu’elle nécessite des efforts plus concertés et plus déterminés de la part du Gouvernement afghan, et une approche plus responsable de la part de la communauté internationale, en particulier les pays qui ont une large présence militaire. Rappelant que son pays se trouve sur la route de la drogue qui relie l’Afghanistan à l’Europe au nord, et au Golfe persique au sud, le représentant a jugé essentielle une coopération renforcée entre l’Afghanistan et les pays voisins.
En promettant une contribution de l’ordre de 560 millions de dollars à la Conférence de Tokyo, l’Iran, a poursuivi le représentant, joue un rôle de premier plan dans la reconstruction et le développement de l’Afghanistan. Il a, à cet égard, espéré que l’amélioration de la situation dans ce pays facilitera le rapatriement volontaire des quelque 3 millions d’Afghans que son pays a accueillis au cours des trois dernières décennies. Soulignant, une dernière fois, le caractère prioritaire de l’appropriation afghane dans les domaines politique, sécuritaire et économique, le représentant a conclu en appuyant la prorogation de la MANUA.
M. YERZHAN KAZYKHANOV (Kazakhstan) a déclaré qu’étant donné la position géographique de l’Afghanistan, pays d’Asie centrale, son pays accueillait avec une grande satisfaction les réalisations positives obtenues dans les domaines politique et socioéconomique. Il a fait part de la détermination sans faille du Kazakhstan à contribuer à la reconstruction de l’Afghanistan en partenariat avec les autorités afghanes et la communauté internationale.
En même temps, la situation en matière de sécurité est préoccupante et dans ce contexte nous soutenons pleinement le rôle central des Nations Unies pour aider le Gouvernement afghan à consolider la paix et forger la prospérité sur le long terme, a-t-il dit. Pour ce qui est du trafic de drogues, le représentant a estimé que la lutte contre ce fléau devait reposer sur le renforcement des stratégies existantes et la mise en œuvre de « ceintures de sécurité » antidrogues.
Passant au Pacte pour l’Afghanistan, M. Kazykhanov a précisé que son pays est disposé à conclure un accord dans le domaine de l’éducation et à lancer un programme de formation dans l’aviation civile. Il a également placé des espoirs importants dans l’établissement d’une commission commune Kazakh-afghane sur le commerce qui devrait stimuler l’interaction économique entre les deux pays. De notre point de vue, a également déclaré le représentant, l’accession de l’Afghanistan au Programme spécial des Nations Unies pour les économies d’Asie centrale devrait aussi contribuer à l’intégration économique régionale du pays.
M. JOHAN LOVALD (Norvège) a rappelé que l’Afghanistan fait encore face à des défis de taille. La Norvège est préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire mais cette situation ne mine pas notre soutien à l’Afghanistan et à la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), a ajouté le représentant. Nous renforçons notre présence au Nord, a-t-il précisé, avant d’ajouter que la primauté du droit doit s’imposer par le biais du renforcement de la police et du système judiciaire. La production et le trafic illégal de stupéfiants sont aussi une autre source d’inquiétude, a poursuivi M. Lovald, qui a plaidé en faveur d’une approche globale pour mettre un terme à ce fléau.
Le représentant a aussi estimé nécessaire de poursuivre les réformes administratives tandis que les autorités afghanes doivent renforcer leurs capacités à fournir des services de base au peuple afghan. La situation des droits de la femme est part ailleurs de la plus grande importance et dans ce cadre, M. Lovald a fait référence à la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité. La Norvège vient de mettre en œuvre un plan d’action afin de faciliter son application. Celui-ci s’est félicité dans ce contexte du Plan d’action national intérimaire pour les femmes afghanes qui s’inspire de la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) et la Norvège participera au financement de ce plan d’action par le biais de l’UNIFEM.
Mme ROSEMARY BANKS (Nouvelle-Zélande) a d’abord rappelé que son pays a été un des premiers à déployer des troupes en Afghanistan, ajoutant qu’au cours des quatre dernières années, la Nouvelle-Zélande a contribué à la formation de l’armée et de la police. Appuyant, par ailleurs, la prorogation du mandat de la MANUA, la représentante a annoncé la décision de son pays d’augmenter de 15 millions de dollars son aide, au cours des trois prochaines années.
M. MARCELLO SPATAFORA (Italie) a jugé d’emblée que concernant l’avenir, l’Afghanistan et la communauté internationale sont sur la bonne voie. L’appropriation nationale du processus de stabilisation et de reconstruction doit être appuyée par un effort soutenue et coordonné de la communauté internationale, a-t-il ajouté. Le représentant a dit tirer une fierté particulière dans le fait qu’alors que son pays était aux commandes de la FIAS en août dernier, les élections de septembre se soient déroulées sans incidents majeurs. Il s’est également dit fier que le Pacte pour l’Afghanistan s’appuie sur les trois piliers que son pays avait cités au cours de ce même mois d’août. Il a souligné, une nouvelle fois, la nécessité d’une approche intégrée pour faire avancer ces trois piliers. Aucun d’eux ne doit prendre le pas sur un autre au moment de définir les principes et les critères sur lesquels se fondra le suivi des mesures énoncées dans la Pacte pour l’Afghanistan, a prévenu le représentant. L’Italie, a-t-il dit, est prête à contribuer à ce processus en tirant le meilleur parti de l’expérience du contexte local qu’elle a acquise au cours de ces 10 dernières années. Le pays examine déjà les moyens de maintenir le niveau de ses efforts « extraordinaires » en termes de troupes déployées sur le terrain, en recourant, par exemple, ses « Carabinieri » et la « Guardia di Finanza » pour la formation de l’armée et de la police des douanes. Appuyant, à son tour, la prorogation du mandat de la MANUA, le représentant a appelé à la cohérence entre la structure de la Mission et l’organisation du Pacte. Il s’est donc félicité des propositions du Secrétaire général qui vont dans ce sens.
M. CHOI YOUNG-JIN (République de Corée) s’est félicité du lancement du Pacte pour l’Afghanistan, espérant qu’il sera appliqué sans écart. Il faut faire beaucoup encore, a-t-il jugé, évoquant l’augmentation de l’insécurité et le trafic des stupéfiants, qui, a-t-il précisé, mettent en péril la stabilisation de l’Afghanistan.
Le représentant a indiqué que son pays demeurait préoccupé par la menace accrue que constitue le trafic de drogues. La communauté internationale et le Gouvernement afghan doivent travailler de concert pour faire face à ce grave problème, a-t-il dit. Le représentant s’est en outre félicité de la mise à jour par le Gouvernement afghan de la Stratégie nationale de lutte contre la drogue. Des efforts actifs du Gouvernement afghan, dans un esprit d’appropriation nationale, doivent aller de concert avec une aide inlassable de la communauté internationale, a-t-il assuré. La République de Corée a toujours appuyé le processus de reconstruction de l’Afghanistan et va élargir son aide.
M. GILBERT LAURIN (Canada) a déclaré que son pays a pris l’engagement ferme de collaborer à l’émergence d’un pays sûr, stable et prospère. Depuis 2001, nous avons mobilisé 14 000 militaires dans le cadre de la FIAS et de l’opération liberté immuable. Nous savons que pour parvenir à nos objectifs il faut parallèlement un appui à la gouvernance et au développement du pays qui est à l’heure actuelle le plus grand bénéficiaire de notre aide en faveur du développement. Le représentant a appuyé la formation du Conseil commun de coordination et de suivi dont le Canada s’est fait le champion dès sa création et qui contribuera à assurer une plus grande cohérence dans la mise en œuvre du Pacte pour l’Afghanistan. La sécurité, la gouvernance et l’élimination de la pauvreté sont les trois axes d’intervention du Canada, a précisé son représentant. Les actes de violences récents montrent que ce n’est pas le moment de relâcher notre vigilance tant les Taliban et Al-Qaida continuent de défier la communauté internationale. Le trafic des stupéfiants mine le fonctionnement des institutions, l’argent de la drogue contribuant à l’érosion de la loi et au développement de la corruption. La MANUA a ainsi un rôle crucial à jouer dans la consolidation de toute nouvelle institution, notamment sur le front du renforcement de leurs capacités, a-t-il estimé. Pour cela, la Mission devra renforcer ses propres capacités d’intervention.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a affirmé que le Pakistan appuyait la poursuite par les Nations Unies de leur rôle en Afghanistan, ainsi que l’aide internationale à la sécurité du pays. Il a indiqué que le Pakistan et l’Afghanistan avaient des relations étroites, d’osmose, ancrées dans la géographie, l’histoire, l’ethnicité et une foi commune. Les destinées des deux pays sont liées de façon indissociable, a-t-il dit. Il a rappelé que trois millions d’Afghans vivaient encore au Pakistan, celui-ci ne les ayant pas contraints à renter dans leur pays contre leur gré. Ils devraient cependant pouvoir le faire, a-t-il précisé, estimant que les conditions de leur retour dans la dignité seraient bientôt en place.
Le représentant a également déclaré que le Pakistan s’attaquait avec succès au phénomène du terrorisme et de l’extrémisme. Le Pakistan a par exemple lancé de grandes opérations militaires dans les régions tribales pour éliminer des éléments terroristes étrangers et leur soutien, a-t-il expliqué. Pour répondre au défi du terrorisme et de la violence criminelle, il faut, selon lui, une démarche d’ensemble. Le succès de cette entreprise ne sera assuré que si les racines profondes de cette violence, l’extrémisme, le commerce de stupéfiants, les rivalités locales sont combattues sérieusement. Cette entreprise ne saurait réussir sans une collaboration étroite, et en temps réels, entre les services de renseignements, a-t-il poursuivi. Le Pakistan a pris des mesures supplémentaires, a-t-il affirmé, précisant par exemple qu’une partie de la frontière allait être clôturée afin d’éviter des infiltrations. Les opérations antiterroristes doivent être selon lui menées dans l’adhésion entière des principes du droit international, y compris ceux inclus dans la Déclaration de Kaboul liés au respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de la non-ingérence.
Répondant aux questions et commentaires formulés, M. KOENIGS a accueilli favorablement l’idée d’une mission de visite du Conseil de sécurité en Afghanistan. Tout les intervenants l’ont dit: nous avons des préoccupations communes qui portent sur l’insécurité, les violations des droits de l’homme, l’absence de parité entre les sexes et la culture du pavot qui constituent des défis majeurs pour les autorités nationales et les organisations internationales présentes dans le pays, y compris la MANUA.
Nous allons continuer à inscrire nos activités dans le cadre de l’appropriation afghane et nous resterons en marge, fournissant une aide en coulisses. Nous poursuivrons notre dialogue actif avec les autorités gouvernementales à l’échelle nationale mais également provinciale. Certaines régions ont été évacuées par certaines organisations et nous voudrions à l’avenir nous servir de ces locaux afin de donner plus de saillance à l’aide internationale et aux autorités afghanes ce qui pourrait mener à davantage de sécurité dans ces régions.
Le Représentant spécial a par ailleurs précisé que la distinction entre les deux piliers du mandat de la MANUA est d’ordre administratif mais non pas organique. Je donnerai la priorité au capital et ressources humaines, a-t-il ajouté, notamment dans le domaine politique car c’est là que se trouve la source essentielle du succès comme le montre l’adhésion du peuple afghan à son gouvernement.
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