CS/8646

CONSEIL DE SÉCURITÉ: MISSION ACCOMPLIE, DÉCLARE LE PREMIER MINISTRE HAÏTIEN PAR INTÉRIM, AVANT D’IDENTIFIER LES DÉFIS DE LA PÉRIODE POST-ÉLECTORALE

22/02/2006
Conseil de sécuritéCS/8646
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CONSEIL DE SÉCURITÉ: MISSION ACCOMPLIE, DÉCLARE LE PREMIER MINISTRE HAÏTIEN PAR INTÉRIM, AVANT D’IDENTIFIER LES DÉFIS DE LA PÉRIODE POST-ÉLECTORALE


Un mois avant la prestation de serment du Président élu d’Haïti, René Préval, le Premier Ministre par intérim est venu devant le Conseil de sécurité « rectifier la mauvaise impression que suscitent parfois les gros titres des journaux trop habitués à projeter une image négative du pays et à occulter les changements réels et profonds qui sont en train de se produire dans ce pays ».  Deux ans après le début de la transition démocratique, Gérard Latortue a pu dire «mission accomplie» au regard du succès des élections malgré les menaces d’ordre institutionnel, organisationnel et sécuritaire. 


Soixante-cinq pour cent des électeurs inscrits ont élu par 51% des voix René Préval qui prendra ses fonctions le 29 mars prochain.  Le Premier Ministre par intérim a d’ailleurs invité les membres à venir célébrer cette « victoire de la démocratie » pour manifester l’appui de la communauté internationale au processus démocratique dans son pays.  Le peuple haïtien aura besoin du soutien de la communauté internationale pendant quelques temps encore, a-t-il prévenu en l’exhortant à ne pas abandonner Haïti, comme elle l’a fait il y a dix ans, une fois un Gouvernement élu installé.


L’assistance internationale doit se concentrer sur le renforcement des capacités des institutions démocratiques telles que le Parlement, les municipalités et les collectivités territoriales.  Elle doit surtout se concentrer sur le renforcement du système judiciaire et la professionnalisation de la police.  La priorité, a estimé le Premier Ministre par intérim, doit être accordée aux infrastructures de base indispensables au développement.


Exposé


M. GÉRARD LATORTUE, Premier Ministre par intérim d’Haïti, a commencé son intervention, en remerciant la communauté internationale pour n’avoir pas hésité à voler au secours de son pays.  Il a particulièrement rendu hommage au Conseil pour avoir adopté la résolution 1658.  Il a aussi salué les 43 pays qui contribuent à la stabilité d’Haïti et a présenté ses condoléances à ceux qui ont perdu des soldats.  L’attachement de la communauté internationale à la cause démocratique en Haïti a pris toute sa valeur au moment où les reproches se sont multipliées sur la qualité de la collaboration entre la Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH) et les forces de police haïtienne, a dit le Premier Ministre par intérim.  Il a estimé que le Représentant spécial du Secrétaire général a su créer avec les différentes couches de la population haïtienne des relations qui ont permis d’atteindre le plus haut niveau d’efficacité.


Après deux années de transition, a-t-il poursuivi, l’heure du bilan a sonné.  La tâche du Gouvernement de transition était d’organiser des élections libres, honnêtes, démocratiques et transparentes et surtout inclusives.  Cette mission a été remplie avec un succès qui dépasse de loin les espérances, s’est réjoui Gérard Latortue.  Il a rappelé les menaces qui pesaient sur la tenue des élections en raison des problèmes institutionnels et d’organisation, lesquelles ont fait douter de la possibilité de mener à bien le scrutin.  Les questions de  sécurité, a-t-il aussi rappelé, ont particulièrement fait craindre un faible taux de participation qui aurait entaché la légitimité du processus.  Or, s’est félicité l’intervenant, le pays a pu maintenir un niveau de sécurité qui a permis  à la population d’aller voter massivement.  Le Gouvernement de transition ayant réaffirmé sa neutralité, les Haïtiens savaient que leur vote allait compter et qu’il n’y aurait aucune tentative de manipulation.  Les Haïtiens l’avaient compris : l’unique façon de changer les choses était de se rendre aux urnes.


Les élections, a insisté le Premier Ministre haïtien par intérim, se sont passées de manière satisfaisante malgré les retards enregistrés au début qui étaient attribuables au manque de capacités organisationnelles que connaissaient toutes les institutions haïtiennes.  Les tensions qui ont suivi les élections étaient causées, a-t-il expliqué, par une mauvaise compréhension du concept des résultats partiels.  À Port-au-Prince, René Préval était le plus populaire mais au fur et à mesure que les bulletins de vote exprimés à l’intérieur du pays étaient dépouillés, son pourcentage baissait.  En outre, le Directeur du Conseil électoral provisoire s’est un peu avancé lorsqu’il a annoncé que les résultats pourraient être proclamés en trois jours.  En conséquence, la population a craint des fraudes et malgré un message sur la neutralité du Gouvernement de transition, les gens ont poursuivi leur manifestation avant que le Conseil électoral ne trouve une forme permettant de proclamer les résultats, en partageant d’une façon proportionnelle les votes blancs, et ce, conformément à une interprétation juridique de la Constitution.  Haïti attend maintenant les élections législatives prévues pour le 19 mars. 


Les élections, a souligné le Premier Ministre par intérim, ne sont qu’une première étape vers la stabilité, la démocratie et le développement économique et sociale.  Les élections doivent être suivies du renforcement des institutions démocratiques et c’est là que le besoin de la communauté internationale se fait ressentir pour rendre le processus irréversible.  Gérard Latortue s’est dit heureux de la décision du Conseil de proroger la MINUSTAH pour une nouvelle période de six mois.  Il a rappelé que l’ONU a sur le terrain une Mission qui étudie les changements à apporter en vue d’assurer un certain nombre d’activités visant à renforcer les capacités institutionnelles.  Il faudra aussi mettre sur pied un Conseil électoral permanent et pérenniser les acquis du processus en cours.  Haïti, a insisté le Premier Ministre par intérim, aura besoin de cet accompagnement dans le domaine de la justice qui demeure le point faible aujourd’hui tout comme la professionnalisation de la police nationale. 


Ce sont les deux points importants sur lesquels le Conseil de sécurité doit se pencher, a suggéré le Premier Ministre par intérim en se félicitant qu’à la réunion de la Banque mondiale sur l’avenir d’Haïti, qui s’est tenue hier à Washington, l’ensemble des bailleurs de fonds ont reconnu la nécessité de mettre en place des programmes pour soutenir la démocratie en Haïti au-delà des élections.  L’année dernière à Bruxelles, il a été convenu de proroger le cadre de coopération internationale au-delà de septembre 2006, soit jusqu’à décembre 2007, a rappelé Gérard Latortue.  Il faut, a-t-il prévenu, éviter le saupoudrage de petits projets et privilégier plutôt un plan global de développement, qui doit être discuté avec le Gouvernement élu.  Dans les prochains mois, les Haïtiens auront besoin de moins de militaires et de plus d’ingénieurs, d’hommes et de femmes engagés en faveur du développement économique et social du pays.  La racine des problèmes de l’instabilité en Haïti n’a pas que des solutions militaires.  Les causes originelles sont à chercher dans la pauvreté, le chômage et les inégalités sociales. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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