LE CONSEIL DE SÉCURITÉ ENTEND UNE PRÉSENTATION DU CHEF DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SUR LA SITUATION EN AFGHANISTAN
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Conseil de sécurité
5369e séance – matin
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ ENTEND UNE PRÉSENTATION DU CHEF DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SUR LA SITUATION EN AFGHANISTAN
Réuni ce matin sous la présidence de M. John Bolton, Représentant permanent des États-Unis, le Conseil de sécurité a examiné la situation en Afghanistan et a, à cet égard, entendu une présentation de M. Jean-Marie Guéhenno, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix.
Faisant le point sur l’évolution de la situation en Afghanistan, M. Guéhenno a déclaré au Conseil que la Conférence internationale sur l’Afghanistan, organisée à Londres les 31 janvier et 1er février derniers, avait permis de parvenir à plusieurs résultats dont il faut se féliciter. Le « Pacte sur l’Afghanistan » a été adopté et lancé au cours de cette rencontre, a dit M. Guéhenno, et la Conférence a d’autre part réaffirmé l’unité de l’engagement de la communauté internationale à l’égard du pays. Plus de 60 représentants de haut niveau étaient présents à Londres, dont 23 Ministres des affaires étrangères, et une forte représentation des voisins de l’Afghanistan, a relevé M. Guéhenno Cette présence significative a envoyé un signal fort et sans équivoque de la détermination de la communauté internationale à soutenir l’Afghanistan à cette étape cruciale de sa transition.
Le Pacte sur l’Afghanistan a énoncé un agenda ambitieux pour la réalisation duquel les participants s’engagent de manière durable dans la construction de l’avenir du pays. C’est une vue réaliste de ce dont l’Afghanistan a besoin pour la consolidation des efforts de construction d’un État, a estimé M. Guéhenno. A cet égard, on peut citer le besoin de soutenir la stabilisation des institutions démocratiques naissantes, créées par le processus de Bonn, en vue de satisfaire les besoins de base de l’Afghanistan, faire face à l’insécurité, mettre fin à l’industrie des stupéfiants, stimuler l’économie, faire régner la loi, fournir des services de base à la population et protéger les droits humains des personnes et des populations. Le Pacte reconnaît, comme l’a fait le processus de Bonn, que le temps presse, et que l’occasion qui se présente actuellement pour la reconstruction de l’Afghanistan ne durera pas toujours. Le sens de l’urgence doit donc marquer les efforts des Afghans et de la communauté internationale, a souligné M. Guéhenno. A cet égard, a-t-il poursuivi, l’annexe du Pacte, qui a trait aux délais d’exécution des différents engagements et recommandations, est importante. Comme le Secrétaire général, M. Kofi Annan, l’a noté à Londres, l’ONU reste prête à aider le Gouvernement afghan et la communauté internationale à atteindre les objectifs identifiés dans le Pacte.
Des discussions de fond ont eu lieu sur chaque composante du Pacte pour l’Afghanistan, a ensuite indiqué le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix. Sur la question de la sécurité, les participants se sont félicités du rôle que joue la présence militaire internationale dans le pays, et les États susceptibles de contribuer en nouvelles troupes aux forces de l’ISAF, déployées par l’OTAN, ont été invités à le faire. Les participants à la Conférence de Londres ont d’autre part reconnu que la stabilité en Afghanistan ne pourra pas être imposée seulement par des moyens militaires, et qu’il faut mettre en place des forces nationales afghanes réellement opérationnelles. Un surplus d’assistance à la réforme du secteur judiciaire a également été souligné, tout comme a été l’importance de mettre en place des organes législatifs et de renforcer les capacités d’administration du territoire national.
Le Gouvernement de l’Afghanistan a d’autre part présenté sa stratégie provisoire de développement du pays, qui a été approuvée par les participants à la Conférence de Londres, a indiqué au Conseil M. Guéhenno. Il a été unanimement reconnu que les donateurs devraient faire plus d’efforts pour fournir un supplément d’aide internationale à travers le budget du gouvernement, a-t-il précisé. Les pays participant à la Conférence et les organisations présentes ont annoncé de nouvelles contributions financières à l’Afghanistan d’un montant de 10,5 milliards de dollars, ce qui démontre la confiance qu’ils ont envers le pays et le leadership du Président Karzaï, et envers la clarté de la vision contenue dans la stratégie provisoire de développement. La menace croissante posée par les trafics illicites de drogues a été discutée sous l’angle d’une question multisectorielle. A cet égard, a annoncé M. Guéhenno, le gouvernement afghan a lancé une nouvelle stratégie de lutte contre ce phénomène, et les donateurs ont annoncé de nouvelles contributions au Fonds de lutte contre les stupéfiants.
Abordant ensuite la situation en matière de sécurité, M. Guéhenno a indiqué au Conseil que les dernières semaines ont été marquées par une augmentation des attaques menées par des groupes d’insurgés dans les régions du Sud-Est et Sud-Ouest et par une aggravation des tensions entre factions dans les régions du Nord-Ouest. Par ailleurs l’affaire de la publication de caricatures du Prophète Mohamet a déclenché des manifestations de grande ampleur au cours de la dernière semaine. Si ces manifestations ont été pour la plupart pacifiques, certaines ont été entachées de violence dans les cinq provinces de Baghlan, Faryab, Laghman, Parawan et Zabul, a indiqué le Secrétaire général adjoint. Il a aussi dressé le bilan des incidents violents des récents jours qui se sont produits soit entre musulmans sunnites et shiites, soit entre forces de l’ordre et insurgés. Ainsi, le 2 février dernier, un homme déguisé en femme a commis un attentat à la bombe causant la mort de trois soldats de l’armée afghane et de cinq civils, et le 7 février un autre attentat suicide a été commis contre le siège de la police afghane.
Devant ces évènements, M. Guéhenno a réitéré qu’il était indispensable de maintenir les questions de sécurité au cœur des efforts conjoints du Gouvernement et de la communauté internationale. Comme le disait le Représentant spécial, M. Arnault, la réponse à apporter au problème de sécurité doit constituer une priorité à laquelle il faudra répondre par des moyens militaires et non militaires, dans la mesure où ces questions limitent la capacité de la communauté internationale et des Nations Unies de travailler dans l’ensemble du pays. L’amélioration de la sécurité est essentielle si l’on veut réaliser les promesses du Pacte pour l’Afghanistan, a conclu M. Guéhenno.
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