SOC/4663

COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL: LA PROMOTION DU PLEIN EMPLOI EST UN PRÉALABLE AU DÉVELOPPEMENT SOCIAL

10/02/2005
Communiqué de presse
SOC/4663

Commission du développement social

Table ronde sur le thème «Promouvoir le plein emploi»


COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL: LA PROMOTION DU PLEIN EMPLOI EST UN PRÉALABLE AU DÉVELOPPEMENT SOCIAL


« Le plein emploi et le travail décent sont la force motrice de la croissance, et partant, du développement social », a d’emblée fait remarquer le Président de la table ronde sur la promotion du plein emploi, Aart-Jan de Geus, Ministre des affaires sociales et du travail des Pays-Bas.  Étant donné que les conditions qui sous-tendent le marché du travail diffèrent d’un pays à un autre, il faut que chaque gouvernement choisisse la stratégie qui lui convient tout en s’inspirant des exemples de réussite des autres, a-t-il préconisé.


Cette table ronde de haut niveau était organisée comme deux autres, dans le cadre de la session annuelle de la Commission du développement social qui marque, en 2005, les 10 ans de l’adoption du Programme d’action adopté lors du Sommet du développement social à Copenhague.  Les chefs d’État réunis dans la capitale danoise avaient pris alors 10 engagements, dont celui de favoriser la réalisation du plein emploi.  La table ronde s’est attachée à examiner les manières dont cet engagement avait été honoré jusqu’ici et à formuler des suggestions pour mieux le réaliser.


En sa qualité de membre du Réseau pour l’emploi des jeunes, le modérateur de la table ronde, Allan Larson, a insisté, pour sa part, sur la nécessité de promouvoir l’emploi des jeunes qui devraient être considérés comme un atout et non comme un problème.


Constatant que l’objectif du plein emploi est loin d’être atteint, les participants ont souligné la nécessité de développer des politiques nationales ayant pour objectif de remédier à cette situation.  À cet égard, ont-ils affirmé, il est essentiel que l’on adopte des politiques macroéconomiques favorisant le plein emploi et le travail décent, encourageant la mobilité professionnelle et améliorant l’accès des femmes, des jeunes, des personnes âgées et autres catégories sociales vulnérables aux emplois productifs.


Si la spécificité de la situation et des politiques économiques de chaque pays a été suffisamment soulevée, le besoin de coordonner les efforts des institutions internationales et d’harmoniser les politiques nationales en faveur du plein emploi a largement été abordé.  Dans le même esprit, de nombreux intervenants ont exprimé leur appui aux propositions formulées par l’Organisation internationale du travail (OIT) sur la croissance, l’investissement et le plein emploi.


Constatant le lien étroit qui existe entre le chômage et la pauvreté, de nombreux participants ont plaidé en faveur de la promotion du plein emploi dans le respect des normes internationales du travail, comme l’a fait remarquer la représentante de l’OIT.  Il faut que l’être humain soit au cœur des stratégies nationales de développement et que les groupes vulnérables, notamment les jeunes, les migrants et les personnes âgées, puissent accéder à l’emploi productif.


Nombreux ont été les intervenants à regretter que les jeunes constituent actuellement 47% des 186 millions de personnes victimes de chômage à travers le monde.  Aussi, le Ministre du travail de la France, Gérard Larcher, a-t-il plaidé en faveur d’un « pacte pour la jeunesse » pour éviter une éventuelle « explosion sociale » des jeunes en proie au chômage.  Il a également affirmé que les politiques nationales doivent disposer de stratégies axées sur l’éducation et la formation des jeunes pour les préparer à la vie active.


L’économie informelle mérite d’être étudiée et structurée.  C’est ce qu’a affirmé un nombre de participants dont Mme Elsa Ramos, Directrice de la Confédération internationale des syndicats libres.  « Nous désirons que cette économie soit structurée pour garantir aux employés la sécurité sociale, les avantages sociaux et autres bénéfices professionnels qu’ils méritent », a-t-elle affirmé, en plaidant en faveur d’un partenariat mondial pour l’emploi.


Au cours de cette table ronde, l’accent a été particulièrement mis sur le lien entre la mondialisation et les pertes d’emploi dans les pays en développement.  Dans ce cadre, les difficultés d’accès aux marchés des pays développés, les contraintes tarifaires et la pression de la concurrence ont été citées comme quelques-uns des nombreux obstacles auxquels se heurtent les économies des petits pays dont la survie dépend souvent de l’exportation de produits agricoles.  À ces obstacles, la représentante de la Jamaïque a ajouté le non-respect des normes de travail par les investisseurs étrangers.  Elle s’est indignée contre l’emploi précaire qui exacerbe la marginalisation de la catégorie des travailleurs pauvres dans les pays des Caraïbes et a invité la communauté internationale à assouplir les politiques d’emploi et à appuyer des initiatives en faveur des petites et moyennes entreprises.


Certains intervenants ont regretté les politiques d’ajustement structurel qui ont prévalu dans les années soixante-dix et la priorité accordée à la croissance au détriment de l’être humain.  Au lieu de suivre à la lettre les politiques économiques qui se traduisent par davantage de sacrifices de la part des plus nécessiteux, nous avons choisi de placer le plein emploi au cœur de nos stratégies de développement, a affirmé le Ministre du travail de l’Argentine, Enrique Deibe.  Nous n’avons pas hésité à renforcer le rôle de l’État, augmentant le salaire minimum, offrant des programmes de formation aux jeunes et aux personnes non qualifiées.  L’État doit être l’employeur de dernière instance, a-t-il ajouté.


La majorité des intervenants ont insisté sur l’importance primordiale des politiques nationales pour ce qui est de la création d’emploi.  Ainsi, le Vice-Ministre de la protection sociale de la Colombie, Ramiro Guerrero, a-t-il noté que la croissance économique ne saurait à elle seule imprimer un élan à la création d’emploi.  Il incombe donc à l’État d’intervenir là où le besoin se fait sentir en élaborant des politiques d’emploi favorisant les femmes, les jeunes et les catégories vulnérables de la société.  Il a rappelé que pour surmonter la crise économique qu’elle a connue en 1999, la Colombie a créé de nouveaux emplois, élaboré de nouvelles législations visant à promouvoir l’emploi productif et encouragé les entreprises à embaucher les jeunes et les femmes.


Si le manque de coopération internationale a souvent été évoqué, le manque de transfert de technologie et de partage de savoir faire a été plus d’une fois soulevé.  Pour remédier à cette situation, le Ministre des affaires sociales et de la famille de l’Irlande, Seamus Brennan, a invité les pays développés à partager avec les pays en développement leur expérience dans les secteurs susceptibles de promouvoir le plein emploi, comme le tourisme.  C’est en tout cas ce que l’Irlande se propose de faire dans l’immédiat.  Après avoir connu un taux de chômage de 17% il y a 20 ans, l’Irlande est sur le point d’atteindre le plein emploi, a-t-il rappelé, en soulignant que l’augmentation de la main-d’œuvre devrait être considérée comme un atout et non un problème.


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