DE NOMBREUSES DÉLÉGATIONS SOULIGNENT DEVANT LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL LA NÉCESSITÉ DE RESPECTER LES ENGAGEMENTS EN MATIÈRE D’AIDE AU DÉVELOPPEMENT
Communiqué de presse SOC/4661 |
Commission du développement social
4e & 5e séances – matin & après-midi
DE NOMBREUSES DÉLÉGATIONS SOULIGNENT DEVANT LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL LA NÉCESSITÉ DE RESPECTER LES ENGAGEMENTS EN MATIÈRE D’AIDE AU DÉVELOPPEMENT
De nombreuses délégations qui participaient aujourd’hui à la première journée de la réunion plénière de haut niveau de la 43e session de la Commission du développement social, dont 20 à un rang ministériel, ont souligné la nécessité de respecter les engagements en matière d’aide publique au développement afin de relever le pari du Sommet de Copenhague.
Dans une allocution, la Vice-Secrétaire générale, Mme Louise Fréchette, a affirmé que la mondialisation, force contre laquelle il est difficile de s’opposer, pouvait profiter à tous. Si, 10 ans après le Sommet de Copenhague, des progrès ont été accomplis, il n’en demeure pas moins que les taux de pauvreté restent encore trop élevés, que le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme continuent de détruire des millions de vies humaines chaque année et que les inégalités sociales s’accroissent, a ajouté Mme Fréchette, pour qui les seules forces du marché ne pourront permettre le développement. Les pays en développement, a-t-elle estimé, doivent prendre des mesures pour promouvoir la bonne gouvernance et donner une priorité aux investissements publics dans les domaines de la santé, de l’éducation, et des services de base.
Mme Fréchette a en outre annoncé que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, présentera le mois prochain un rapport. Ce document proposera un agenda incluant des questions clefs sur lesquelles les États Membres devront prendre des décisions dans la perspective du Sommet de septembre 2005, lorsque les dirigeants du monde se réuniront pour évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et de tous les autres aspects de la Déclaration du Millénaire.
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. Stafford Neil (Jamaïque) a souligné l’importance de réaliser les objectifs fixés en matière d’aide publique au développement (APD) pour relever le pari de Copenhague et de la Déclaration du Millénaire. Selon lui, il est urgent d’entreprendre une action internationale qui exige des initiatives liées à la réduction de la dette, aux investissements dans les infrastructures, au renforcement des capacités, à l’accès aux marchés et à la lutte contre le VIH/sida et le paludisme.
Intervenant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), le Ministre des affaires sociales et du logement du Suriname, M. Samuel Pawironadi, a estimé de son côté que le risque de marginalisation de certaines régions demeurerait tant que les bénéfices du développement social et économique ne seraient pas étendus à tous. Il a donc lui aussi exhorté les pays développés à respecter leurs obligations au titre de l’APD et a souhaité que le Programme de travail de Doha se traduise en accords commerciaux concrets au profit des pays en développement.
En écho, le Ministre de l’emploi du Royaume-Uni, M. Chris Pond, a souligné la nécessité de débloquer tout de suite, et non d’ici à 2015, au moins 50 milliards de dollars par an pour l’aide au développement. Il a appelé les donateurs à se rallier à l’idée d’établir la Facilité financière internationale, décrite dans le Projet du Millénaire comme « la proposition la plus susceptible de générer une augmentation rapide de l’aide au développement ». Il a également affirmé que le développement humain et la justice sociale constitueraient la priorité de son pays lorsqu’il assumerait, l’année prochaine, les présidences de l’Union européenne et du G-8.
S’exprimant au nom de l’Union européenne, la Ministre de la famille et de l’intégration du Luxembourg, Mme Marie-Josée Jacobs, a estimé qu’il convenait de veiller à une bonne cohérence entre politiques économique, financière, commerciale, environnementale et sociale pour promouvoir le développement humain et le progrès social, et que le bien-être de la personne humaine devait se trouver au centre de toutes les politiques. Pour l’Union européenne, a-t-elle indiqué, les programmes de réduction de la pauvreté doivent articuler pleinement les dimensions économique et sociale.
Les Ministres de l’Afrique du Sud, de la Chine, de la République islamique de la République islamique d’Iran, du Qatar, de la Suède, de l’Irlande, du Maroc, d’Andorre, du Canada, du Pérou, du Brésil, du Zimbabwe, du Mexique, de Trinité-et-Tobago, de l’Espagne, de la Jordanie, de Maurice (au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe, SADC) ont également pris la parole.
La Commission du développement social poursuivra sa réunion plénière de haut niveau demain à partir de 10 heures. Elle entendra la présentation des conclusions des trois tables rondes qui ont été organisées simultanément ce matin sur les thèmes suivants: éliminer la pauvreté, promouvoir le plein emploi et favoriser l’insertion sociale. Elle devra ensuite adopter une déclaration.
EXAMEN DE LA POURSUITE DE L’APPLICATION DES TEXTES ISSUS DU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET DE LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Rapport du Secrétaire général
Ce rapport examine et analyse, selon une démarche synthétique et globale, et non au cas par cas, la mise en œuvre de chacun des 10 engagements pris dans la Déclaration de Copenhague sur le développement social. Quatre chapitres traitent du cadre de politique global pour un développement axé sur l’être humain, des perspectives actuelles de création d’un contexte propice au développement social tel qu’envisagé lors du Sommet, des grandes tendances du développement social depuis le Sommet de Copenhague en matière de pauvreté, d’emploi, d’intégration sociale, d’égalité des sexes, d’éducation et de santé, et de la façon de progresser au moyen de recommandations de politique générale.
Ces chapitres sont complétés par une annexe présentant un rappel historique du programme d’action international en matière de développement social jusqu’au Sommet mondial pour le développement social inclus, ainsi que par les 10 engagements de Copenhague et l’explication de l’importance de l’examen quinquennal de l’état de la mise en œuvre des engagements pris lors du Sommet de Copenhague et de la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale, mené à Genève, en 2000.
Dans son rapport, le Secrétaire général montre que les événements survenus au cours des 10 années écoulées ont eu des effets contrastés sur la création d’un environnement propice au développement social. Du point de vue positif, la démocratisation et le rôle de plus en plus important que jouent les organisations de la société civile ont aidé à promouvoir les principes de transparence et de responsabilité. L’économie est également devenue plus favorable au développement social dans la mesure où les réformes des marchés et les programmes d’ajustement structurel commencent à tenir compte du fait que le développement social est indispensable au succès durable de telles réformes. Néanmoins, l’application concrète de cette stratégie ne suit toujours pas et le cadre institutionnel prévu pour la prise de décisions aux niveaux national et international doit être renforcé pour mettre en pratique l’intégration des politiques sociales et économiques.
Les disparités qui marquent le processus actuel de mondialisation ont limité les effets positifs potentiels de la mondialisation sur le développement social, ajoute le Secrétaire général. Parmi les défis à relever pour créer un environnement national et international favorable au développement social, figurent, selon lui, la correction des disparités suscitées par la mondialisation et l’harmonisation des régimes du commerce international, des finances et du développement social.
Les ressources financières allouées au développement social demeurent insuffisantes, note également le Secrétaire général, précisant que la promesse non tenue des dividendes de la paix après la fin de la guerre froide, l’incapacité de la plupart des partenaires du développement à atteindre l’objectif de contribuer à l’aide publique au développement à hauteur de 0,7% de leur produit national brut et l’insuffisance de la croissance économique dans de nombreux pays en développement font partie des principaux obstacles à surmonter pour augmenter les ressources financières allouées au développement social. La situation en Afrique et dans les pays les moins avancés est particulièrement préoccupante, ajoute-t-il.
Le Secrétaire général constate en outre que la réapparition sur le devant de la scène nationale et internationale de problèmes liés à la sécurité constitue un élément nouveau et préoccupant du climat international en matière de développement social et que l’accent mis sur la lutte contre la violence internationale a détourné l’attention et les ressources humaines et financières du développement. Les préoccupations relatives à la sécurité nationale risquent de faire oublier les questions sociales, à l’échelle nationale et internationale, en particulier pendant les périodes d’alerte renforcée à la sécurité, observe-t-il.
Le rapport relève à la fois des progrès et de profondes déceptions eu égard à la situation sociale pour ce qui est des domaines prioritaires définis lors du Sommet, à savoir la pauvreté, l’emploi, l’intégration sociale, l’égalité entre les sexes et l’accès universel à l’éducation et aux soins de santé primaires. Même dans les domaines où les indicateurs mondiaux se sont améliorés, les progrès accomplis et le rythme des changements varient souvent considérablement entre régions, et davantage encore entre pays au sein des régions, fait-il remarquer. Ces différences sont patentes dans les domaines de la santé. Ainsi, si l’espérance de vie s’est améliorée à l’échelle mondiale, elle a encore baissé en Afrique subsaharienne où la pandémie de VIH/sida, et ses effets catastrophiques sur tous les aspects du développement social, ravage la région. Néanmoins, certains pays d’Afrique subsaharienne progressent dans leurs efforts et montrent qu’il existe des différences entre pays et que les politiques gouvernementales peuvent modifier la donne dans la lutte contre la maladie.
Dans plusieurs autres domaines, les progrès ont été marginaux, voire non existants, affirme le Secrétaire général. Le taux de chômage mondial a augmenté depuis le Sommet et les objectifs du plein emploi et de l’intégration sociale n’ont pas été pleinement pris en compte dans le discours général de développement en dehors des milieux qui s’intéressent au développement social.
Selon le Secrétaire général, la vision globale et exigeante du développement social, adoptée au Sommet mondial pour le développement social, à Copenhague, et réaffirmée à la 24e session extraordinaire de l’Assemblée générale, n’a pas encore reçu l’attention qu’elle mérite.
De l’avis du Secrétaire général, la contribution la plus importante de la 24e session extraordinaire a probablement été l’introduction de l’objectif concernant la réduction de moitié, d’ici à 2015, de la proportion de la population vivant dans un état de pauvreté extrême, un objectif qui, dit-il, continue d’occuper une place de premier plan parmi les Objectifs du Millénaire pour le développement et les objectifs de développement convenus à l’échelle internationale. Cette session a ainsi appelé à élaborer une stratégie internationale cohérente et concertée en matière d’emploi, appuyé la tenue d’une conférence mondiale sur l’emploi organisée par l’Organisation internationale du travail (OIT) et réaffirmé son appui aux instruments et programmes existants qui traitent des droits fondamentaux des travailleurs et des questions liées à la qualité du travail.
Le Secrétaire général note qu’après avoir examiné la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la 24e session extraordinaire de l’Assemblée générale, la Commission du développement social souhaitera peut-être réaffirmer la nécessité d’opter pour une politique du développement privilégiant l’être humain et devant être mise en œuvre de manière urgente et concrète par la communauté internationale selon un schéma coordonné et cohérent. Pour cela, il faut de nouveau explorer l’éternelle question de l’intégration des politiques économiques et sociales, notamment en s’interrogeant sur les liens existant entre les politiques macroéconomiques et les objectifs du développement social. Il convient également de mieux comprendre et mieux maîtriser les dimensions et répercussions sociales de l’interdépendance des nations dans une économie de plus en plus mondialisée, de reconsidérer les relations entre les sphères publique et privée et repenser le rôle des États, notamment la manière dont sont élaborées et mises en œuvre les politiques sociales.
Le Secrétaire général souligne enfin que la Commission souhaitera peut-être recommander à l’Assemblée générale, par l’intermédiaire du Conseil économique et social, de faire une juste place à la politique du développement axée sur l’être humain lorsqu’elle organisera, en 2005, sa réunion spéciale consacrée à l’examen quinquennal de la Déclaration du Millénaire.
Allocution de la Vice-Secrétaire générale
Mme LOUISE FRÉCHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a déclaré que bien qu’elle semble être une force contre laquelle il est difficile de s’opposer, la mondialisation peut profiter à tous. Il y a 10 ans, les États Membres de l’ONU se sont retrouvés à Copenhague dans ce but, a dit Mme Fréchette. Cent dix-sept chefs d’État et de gouvernement ont alors adopté 10 engagements en vue de faire face à trois questions essentielles, à savoir la pauvreté, l’emploi, et l’exclusion sociale. En 2000, lors d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale tenue à Genève, a poursuivi Mme Fréchette, les États Membres ont réaffirmé leur attachement en faveur des engagements pris à Copenhague et leur détermination à parvenir à l’édification d’une société pour tous.
Dix ans après le Sommet de Copenhague, des progrès ont été accomplis, a-t-elle estimé. La pauvreté a été réduite dans certaines régions, la démocratie s’est étendue, et l’éducation des garçons et des filles s’est accélérée. Mais les taux de pauvreté restent encore trop élevés, le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme continuent de détruire des millions de vies humaines chaque année, et les inégalités sociales s’accroissent entre les pauvres et les plus nantis. Il est alarmant que les pays les plus pauvres ne fassent pas beaucoup de progrès, a regretté Mme Fréchette. L’aide au développement a connu un déclin, et le pourcentage de leur PNB que les pays riches avaient promis de respecter à cet égard, et qui longtemps n’a pas été respecté, commence seulement à augmenter. Le système commercial multilatéral, a-t-elle poursuivi, reste miné par des inégalités dans l’accès aux marchés. Le rapport du Projet du Millénaire, publié le mois dernier, souligne que nous ne devons pas accepter la fatalité, a-t-elle indiqué. Le développement devrait constituer d’objectif commun, a déclaré la Vice-Secrétaire générale. Les seules forces du marché ne pourront permettre le développement, a-t-elle cependant noté.
Les pays en développement doivent prendre des mesures pour promouvoir la bonne gouvernance, et ils doivent donner une priorité aux investissements publics dans les domaines de la santé, de l’éducation, et des services de base qui peuvent permettre aux gens de participer à l’économie de marché. Il est aussi indispensable de réduire les inégalités et l’exclusion, a dit Mme Fréchette. Au mois de septembre prochain, les dirigeants du monde se réuniront pour évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et de tous les autres aspects de la Déclaration du Millénaire. Ils auront dans ce but entre leurs mains un rapport du Secrétaire général qui sera publié le mois prochain. Ce rapport proposera un agenda incluant des questions clefs sur lesquelles les États Membres devront prendre des décisions, a annoncé la Vice-Secrétaire générale. Le cœur de la Déclaration du Millénaire reste la réalisation des OMD, a souligné Mme Fréchette, en rappelant que ces objectifs ont été définis conformément aux recommandations des grandes conférences tenues au cours des années 1990. Il est dommage que les déclarations qui ont été faites et les engagements pris n’aient pas été respectés, a-t-elle dit. Il est donc important qu’au cours des années qui viennent, la communauté internationale remédie à ce déficit de mise en œuvre de ses engagements, notamment en renforçant le partenariat mondial pour le développement, qui est lui-même un des Objectifs du Millénaire pour le développement, a déclaré la Vice-Secrétaire générale.
Réunion plénière de haut niveau: débat général
Mme MARIE JOSÉE JACOBS, Ministre de la famille et de l’intégration de Luxembourg, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a souligné que depuis le Sommet de Copenhague, l’Union européenne avait développé des politiques sociales sur le plan interne, dont les objectifs visés dans les domaines de l’emploi, de la lutte contre la pauvreté, de la création d’emplois et de l’intégration sociale, ainsi que les engagements pris par les États Membres en exécution de ces politiques rejoignent sur un bon nombre de points les trois objectifs du plan d’action de Copenhague et les initiatives nouvelles adoptées à Genève en 2000. Selon la Ministre, l’Union européenne à 25 membres n’est pas à l’abri du chômage et de l’exclusion sociale. Le taux de chômage atteint 9% de la population active, tandis que 15% de la population est exposée au risque de pauvreté, a-t-elle précisé.
La Ministre a estimé qu’il convenait de veiller à une bonne cohérence entre politiques économiques, financières, commerciales, environnementales et sociales pour promouvoir le développement humain et le progrès social, et que le bien-être de la personne humaine devait se trouver au centre de toutes les politiques. Elle a affirmé que dans la mise en œuvre de la stratégie d’inclusion sociale, l’action des États Membres était guidée par les six priorités suivantes: promouvoir l’investissement, s’assurer que les régimes de protection sociale sont adaptés et accessibles à tous, développer l’accès des plus vulnérables et des personnes les plus exposées au risque d’exclusion sociale à des logements décents, à des soins de santé de qualité et à des possibilités d’éducation et de formation tout au long de la vie, mettre en œuvre un effort concerté pour prévenir l’abandon prématuré de la scolarité et encourager en douceur entre l’école et le travail, mettre l’accent sur l’éradication de la pauvreté et de l’exclusion sociale qui frappent les plus vulnérables, définir une politique de dynamique de réduction de la pauvreté et de l’exclusion sociale des immigrants et des minorités.
Elle a ajouté que l’Union européenne était consciente de la nécessité de promouvoir la solidarité avec les pays en développement et d’aider ces derniers en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, précisant que l’Union européenne était le principal partenaire du monde en développement, puisqu’elle fournissait 55% de l’aide publique internationale. Selon elle, les programmes d’aide au développement doivent se réaliser dans un esprit de partenariat et de respect de l’appropriation locale des actions menées. Pour l’Union européenne, a-t-elle par ailleurs indiqué, les programmes de réduction de la pauvreté doivent articuler pleinement les dimensions économiques et sociales. Elle a en outre noté que le prochain Agenda social européen, qui couvrira la période 2006-2010, conservera l’approche intégrée de celui de décembre 2000, lequel était fondé sur la perspective d’économie performante créatrice d’emplois de qualité, un niveau élevé de protection sociale, l’égalité des chances pour tous, l’éducation et le dialogue social.
M. STAFFORD NEIL (Jamaïque) a souligné l’importance de réaliser les objectifs fixés en matière d’aide publique au développement (APD) pour relever le pari de Copenhague et de la Déclaration du Millénaire. Après avoir passé en revue le rapport du Secrétaire général, le représentant s’est particulièrement dit préoccupé par la situation de l’Afrique et des pays les moins avancés (PMA). Il a souligné l’urgence d’une action internationale qui exige des initiatives liées à la réduction de la dette, aux investissements dans les infrastructures, au renforcement des capacités, à l’accès aux marchés et à la lutte contre le VIH/sida et le paludisme. L’impact des maladies et des catastrophes naturelles, a rappelé le représentant, a été maintes fois souligné par le Groupe des 77 et la Chine.
Le tsunami en Asie et les typhons dévastateurs dans les Caraïbes sont venus mettre en lumière la dimension critique de la vulnérabilité des pays en développement. Le représentant a donc salué la solidarité et la générosité de la communauté internationale qui, selon lui, renforce l’importance de consolider les partenariats entre pays riches et pays pauvres pour promouvoir le développement. Une approche de développement fondée sur l’être humain doit sous-tendre l’axe de nos délibérations, a préconisé le représentant, en appelant au renforcement de la Commission du développement social qui doit devenir l’organe principal de suivi et d’examen de la mise en œuvre des recommandations de Copenhague. La Déclaration qui sera adoptée à la fin de la présente session, a-t-il conclu, doit réaffirmer la volonté politique des gouvernements de mettre en œuvre des politiques et des programmes visant à réaliser les objectifs de Copenhague. À la veille du 60e anniversaire de l’Organisation, la Déclaration doit aussi être une contribution au renforcement de la coopération multilatérale.
M. ZOLA S. T. SKWEYIYA, Ministre du développement social de l’Afrique du Sud, a déclaré que la lutte contre la pauvreté a été et continuera d’être au centre des politiques que mène le Gouvernement d’Afrique du Sud. Le cadre tracé à Copenhague a servi d’étalon de mesure pour les progrès accomplis en Afrique du Sud en termes de réduction des écarts sociaux, d’amélioration de l’inclusion sociale des populations, et de promotion d’une société stable et plus équitable, a dit le Ministre. La politique menée par le Gouvernement en matière économique et financière a visé la réduction du service de la dette et de ses intérêts, les ressources ainsi dégagées permettant de mieux investir dans les services sociaux. Mais malgré ces accomplissements, la pauvreté n’a pas diminué, notamment du fait de la propagation et des impacts négatifs de la pandémie du VIH/sida, a dit M. Skweyiya. Cette pandémie, a-t-il relevé, affecte un trop grand nombre de Sud-Africains, et a des effets spécialement dévastateurs sur les femmes et les nouveaux-nés. L’Afrique du Sud ne pourra prétendre avoir restauré la dignité de son peuple tant qu’elle n’aura pas réussi à réduire l’impact de cette maladie.
À travers le Sommet national sur la croissance et le développement, organisé conjointement par le Gouvernement et le secteur public, avec le soutien de la société civile et des syndicats, nous avons pu parvenir à un consensus pour la mise en place d’un agenda national ayant à cœur le développement des capacités, la création d’emplois, et l’éradication de la pauvreté, a indiqué le Ministre sud-africain. Consciente de l’importance du Sommet qui se tiendra à l’ONU au mois de septembre prochain sur l’évaluation de la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire, l’Afrique du Sud pense que cette rencontre devrait consacrer de manière équitable ses travaux aux politiques de développement et aux questions de sécurité. Le Projet du Millénaire confirme que la réalisation des OMD est possible, et qu’elle est indispensable pour les populations de nombreux pays. Aussi, les États Membres doivent-ils respecter les engagements qu’ils ont pris à cet égard.
En ce qui concerne l’Afrique, le NEPAD est l’instrument qui pourrait permettre d’améliorer le sort de notre continent, a dit le Ministre. Le NEPAD, a-t-il souligné, a déjà réussi à mettre l’agriculture et les infrastructures au centre des débats sur le développement en Afrique. Il est donc impératif que les engagements financiers et les promesses avancés sur ces questions soient intégralement tenus. La pauvreté est une atteinte aux droits de l’homme et à la dignité, et elle est une incitation à la violence et à la déstabilisation, qui posent ensuite des menaces à la paix et à la sécurité internationales, a déclaré M. Skweyiya.
M. QIAO ZONGHUAI, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Chine, a souligné que le développement social faisait partie intégrante du développement de l’humanité. Afin de transformer le plus tôt possible dans les faits la Déclaration et le Programme d’action de Copenhague ainsi que les initiatives et programmes de la 24e Session extraordinaire de l’Assemblée générale, a-t-il estimé, les pays doivent travailler ensemble pour œuvrer à un environnement pacifique international, choisir la bonne voie du développement en respectant les conditions du pays, approfondir la coopération et bâtir des partenariats complets, et renforcer la coordination et la mise en œuvre efficace des plans d’action. Pour renforcer la coopération, il a appelé la communauté internationale à mettre en place rapidement un système d’alerte régional ou mondial pour prévenir les catastrophes naturelles et les maladies contagieuses.
Le Ministre a affirmé qu’au cours des dernières années, la Chine avait progressivement approfondi et enrichi sa perception du développement en faisant l’inventaire de l’histoire du développement humain et en tirant des leçons de l’expérience internationale, qu’elle soit positive ou négative. Il a assuré que la modernisation du pays ne pouvait être uniquement réalisée par un fort taux de croissance de l’économie, mais plutôt grâce à l’équilibre entre le développement économique et social par la voie d’une approche scientifique du développement qui soit centrée sur la personne, viable, coordonnée et durable. Le Ministre a indiqué que la pauvreté avait beaucoup baissé en Chine. Le Gouvernement chinois, a-t-il dit, est très attaché au développement social et a pris des mesures concrètes dans ce domaine.
M. GHOLAMALI KHOSHROO, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, a déclaré qu’un tableau mitigé se dégage de l’évaluation d’ensemble de la mise en œuvre des engagements de Copenhague. Le représentant a précisé que les développements positifs se sont manifestés dans les domaines touchant à l’éducation, à la santé, à l’égalité entre les sexes, la lutte contre le VIH/sida et la réduction de l’extrême pauvreté. L’Iran, a-t-il ajouté, s’est rapproché des Objectifs du Millénaire pour le développement pour ce qui touche à la lutte contre la pauvreté et la faim, à la réduction de la mortalité infantile et à l’amélioration des soins de santé. L’Iran cependant fait face à des défis importants pour réaliser les objectifs fixés d’ici à 2015. Notre effort collectif s’est vu entravé par un certain nombre de tendances mondiales, notamment les inégalités entre nations et continents. Nous ne devrions pas non plus sous-estimer l’impact socioéconomique énorme des catastrophes naturelles qui réduisent la capacité des États à fournir des services sociaux. Nous devons faire en sorte que les diverses sources de financement international identifiées dans le rapport du Secrétaire général n’affectent pas le développement des pays pauvres.
Le Vice-Ministre a plaidé en faveur de l’intégration des pays au sein du système commercial international. Il a également souhaité qu’une attention particulière soit accordée à certaines activités comme l’invasion et l’occupation qui ne font que saper la primauté du droit dans le monde et sont contraires aux obligations internationales et objectifs de Copenhague. Il a par ailleurs souhaité que la Commission du développement social, dans son prochain programme de travail, se penche sur la situation des groupes vulnérables comme les personnes âgées, les femmes, les jeunes filles et les jeunes. Nous convenons avec le point de vue du Secrétaire général quand il dit que la résurgence de problèmes liés à la sécurité constitue désormais une composante déstabilisante du développement social, a-t-il précisé. Nous sommes également d’accord pour dire que l’accent mis sur la lutte contre la violence internationale n’a fait que soustraire des ressources financières et humaines jusque-là consacrées au développement. Le Vice-Ministre a par ailleurs estimé que l’esprit de la Charte des Nations Unies, qui souligne l’indivisibilité de la sécurité, de la liberté et du développement économique, n’est pas reflété dans le rapport du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement.
M. HUSSAIN YOUSIF AL-MOLLA, Secrétaire adjoint du Ministère des affaires civiles et de l’habitat du Qatar, a déclaré que son pays attachait beaucoup d’importance à cette session de la Commission du développement social, qui se tient avant le Sommet d’évaluation de la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire, prévu en septembre à New York. Le Qatar espère que le développement social ne sera pas abordé comme une simple question subsidiaire au cours des travaux du mois de septembre, a dit le représentant. Depuis que Sheikh Ahmad Bin Khalifa a pris les rênes du pouvoir au Qatar, les questions sociales et de développement ont été placées au centre de toutes actions gouvernementales. La politique publique fait maintenant usage de procédures législatives afin d’améliorer la qualité de la vie publique au Qatar, a indiqué le représentant. Notre pays, a-t-il poursuivi, a été l’un des premiers dans sa région à organiser des élections législatives auxquelles ont pris part les femmes qatariennes. L’ouverture de la société civile et la participation des femmes à la vie publique sont une réalité dans notre pays, a dit le représentant. La santé, l’éducation et les équipements sociaux ont reçu une attention particulière de la part du Gouvernement, qui veut faire du Qatar un État moderne garantissant le bien-être de tous ses citoyens. Nous sommes soucieux du bien-être de nos handicapés et de nos personnes âgées, a souligné le représentant du Qatar. Notre pays, a-t-il poursuivi, s’est donné pour mission de mettre en place un système durable de protection sociale pour ses populations les plus vulnérables.
M. MIKAEL SJÖBERG, Secrétaire d’État au Ministère de la santé et des affaires sociales de la Suède, a insisté pour que le développement social soit placé dans la perspective des droits qui est elle-même fondée sur les conventions des droits de l’homme. Il a aussi souhaité que la définition du développement social, convenue à Copenhague, demeure la vision politique et la ligne directrice des politiques mondiales, régionales, nationales et locales. Placer l’être humain au centre du développement est une approche, a-t-il rappelé, qui considère la croissance économique comme un moyen, certes nécessaire, et non comme une fin en soi. Soulignant que depuis le Plan d’action de Madrid sur les personnes âgées, on est passé de la « société pour tous », prônée à Copenhague, à la « société pour tous les âges », le Secrétaire d’État a estimé qu’à l’heure actuelle, le plus grand défi est d’augmenter la participation des personnes âgées au monde du travail et de leur assurer une éducation permanente. Il a aussi estimé que donner aux enfants la possibilité de protéger leurs droits doit être une des tâches essentielles de la société. En la matière, la possibilité pour les familles de concilier vie active et vie familiale est un élément déterminant. Rappelant aussi le droit à la santé, le Secrétaire d’État a estimé que le travail le plus important aujourd’hui est de prévenir et de contenir la propagation du VIH/sida. Il a conclu sur l’importance de la coopération internationale dans la mise en œuvre des objectifs de Copenhague.
M. SEAMUS BRENNAN, Ministre des affaires sociales et familiales d’Irlande, a fait sienne la déclaration du représentant de l’Union européenne (UE). Il y a peu de défis plus grands que celui du développement social, a-t-il estimé. Il a rappelé que son pays a longtemps été synonyme de pauvreté et d’émigration massive et qu’aujourd’hui la situation s’est renversée. Le Ministre a expliqué que la croissance sans précédent que connaît l’Irlande depuis 10 ans résulte des politiques adoptées en application du Programme d’action de Copenhague. Ainsi, a-t-il poursuivi, l’Irlande s’est ouverte au commerce international de biens et de services en adoptant une des économies les plus libérales dans le monde. M. Brennan a ajouté que son gouvernement a beaucoup investi dans l’éducation des jeunes et dans d’autres services permettant d’améliorer la santé, le bien-être et la productivité. Il a précisé que le fait d’être membre de l’Union européenne a permis d’accéder à un vaste marché de biens et de services. Une des plus grandes priorités en Irlande a été de lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Une Stratégie nationale sur la pauvreté a été mise en place en 1997.
Au cours de la présidence de l’Union européenne par l’Irlande l’année dernière, a indiqué M. Brennan, une Conférence internationale sur les changements affectant la famille et la politique sociale européenne a été organisée pour célébrer le dixième anniversaire de l’Année internationale de la famille. En Irlande, a-t-il expliqué, des progrès substantiels ont été accomplis en matière de réduction de la pauvreté et d’amélioration des niveaux de vie. Pour le représentant, la plus grande réalisation en Irlande a été de réduire considérablement le niveau de chômage et d’augmenter la représentation des femmes sur le marché du travail. Une autre priorité est de promouvoir une plus grande insertion sociale, a-t-il poursuivi. De l’avis du Ministre, il reste beaucoup à faire pour atteindre le niveau de développement social désiré, tout en maintenant la concurrence économique. L’Irlande a presque doublé son aide publique au développement, a-t-il indiqué.
M. ABDERRAHIM HAROUCHI, Ministre du développement social, de la famille et de la solidarité du Maroc, a rappelé que la présente session se tenait juste après les forums de Davos et de Porto Allegre qui ont mis l’accent sur la lutte contre la pauvreté, le premier à travers une dimension économique et le second à travers une dimension sociale. Nous devons être à l’écoute des deux tendances, a-t-il affirmé, car la lutte contre la pauvreté et l’exclusion passe d’abord par une croissance économique soutenue créatrice d’emplois et de richesses. La réussite économique se mesure aux bénéfices qu’en retirent les pauvres, a-t-il souligné, ajoutant que la croissance, certes nécessaire, est insuffisante si elle n’est pas étroitement liée à une politique de développement social et de réduction des inégalités.
Le Ministre a déclaré que dans le domaine social, le Maroc avait mis en place dès 1995 une stratégie de développement social axée sur l’élargissement de l’accès des populations défavorisées aux services sociaux de base, l’accroissement des opportunités d’emploi et de revenu et le renforcement de l’intégration sociale des catégories vulnérables. Cette stratégie, a-t-il précisé, repose sur d’ambitieux programmes d’équipement rural, des programmes nationaux de lutte contre la pauvreté et l’exclusion, des programmes de proximité en partenariat avec la société civile et la coopération, le programme de logement social et de lutte contre l’habitat insalubre, le programme national pour l’emploi, ainsi que les réformes de ces 10 dernières années dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Parallèlement, le Maroc a amélioré son système de protection sociale, modernisé ses filets de sécurité et créé de nouvelles institutions sociales.
En dépit des efforts fournis par le Maroc, les déficits sociaux persistent, le taux de pauvreté relative atteint 13% et le taux de chômage 12%. Cette situation a conduit le Maroc à élaborer une nouvelle stratégie reposant sur une politique économique favorable à la réduction de la pauvreté et des inégalités sociales et favorable à la réduction des disparités régionales, des politiques sociales sectorielles atteignant mieux les pauvres et les catégories vulnérables, une politique transversale de développement social.
Intervenant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. SAMUEL PAWIRONADI, Ministre des affaires sociales et du logement du Surinam, a déclaré que les pays membres de la CARICOM estimaient que les engagements pris en 1995 à Copenhague et en 2000 lors de la 24e session extraordinaire de l'Assemblée générale pour éradiquer la pauvreté, promouvoir le plein emploi, et l’insertion sociale demeuraient la base de la promotion d’un développement social pour tous aux niveaux national et international. Dix ans après Copenhague, les obstacles qui subsistent sont immenses, a-t-il déclaré, en soulignant les défis que posent la lutte contre le VIH/sida, la mondialisation, l’impact des catastrophes naturelles et du poids de la dette. Même si nous avons réalisé des progrès en matière d’accès à l’éducation, la parité entre les sexes, la promotion de l’emploi, l’investissement dans le développement humain et social, nous sommes toujours confrontés à des facteurs externes qui mettent en péril la durabilité des progrès accomplis. Il a rappelé que plusieurs années d’investissements humains et financiers avaient été réduites à néant en quelques heures par l’ouragan qui a frappé les Caraïbes en 2004. Il a souhaité la mise en œuvre de la Stratégie adoptée le mois dernier à Maurice dans le cadre de la Réunion internationale chargée d’examiner l’application du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement, notamment les dispositions relatives aux catastrophes naturelles.
Par ailleurs, le Ministre a souligné le défi que pose la pandémie du VIH/sida aux gouvernements des Caraïbes pour atteindre leurs objectifs de développement social. Tout en reconnaissant la responsabilité première des États pour promouvoir le développement social, il s’est dit préoccupé par le fait que les possibilités de développement que devaient procurer la mondialisation ne se soient pas traduites en réalités. Il a estimé que le risque de marginalisation de certaines régions demeurera tant que les bénéfices du développement social et économique ne seront pas étendus à tous. Il a donc exhorté les pays développés à respecter leurs obligations au titre de l’aide publique au développement et souhaité que le Programme de travail de Doha se traduise en accords commerciaux concrets au profit des pays en développement. La CARICOM, a-t-il encore ajouté, réitère la nécessité pour la communauté internationale d’adopter une solution efficace au problème de la dette, qui constitue, selon lui, un grave obstacle à la croissance de nombreux pays en développement. Il a estimé inacceptable que le continent africain continuait d’être à la traîne en matière de développement social et économique, en réaffirmant tout le soutien de la CARICOM au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).
M. JULI MINOVES TRIQUELL, Ministre des affaires étrangères d’Andorre, a déclaré que depuis le Sommet de Copenhague, Andorre avait augmenté son aide publique au développement, qui atteint aujourd’hui 0,6% de son PNB. Ceci représente un don annuel de 30 euros par tête d’habitant à Andorre, a précisé le Ministre. Le Gouvernement d’Andorre a par ailleurs créé un département chargé de la coopération au développement au sein du Ministère des affaires étrangères, a indiqué M. Minoves Triquell. Le souhait de notre Gouvernement est de continuer à augmenter et améliorer ses contributions à l’aide au développement. C’est pourquoi, Andorre est devenue en 2004 membre de l’Organisation internationale de la Francophonie et membre de la Conférence ibéro-américaine, ces deux institutions ayant une expérience poussée du soutien au développement en Afrique et en Amérique latine, a dit le Ministre. Parlant des soutiens qu’Andorre apporte aux pays en développement, il a cité l’approvisionnement en eau de villages au Burkina Faso, le soutien à la Croix-Rouge dans le domaine de la santé en Équateur, et la promotion de la démocratie en Bosnie-Herzégovine en collaboration avec l’UNICEF.
Compte tenu de la situation actuelle, Andorre pense qu’il serait utile que la communauté internationale lance une réflexion approfondie pour pouvoir surmonter les difficultés qui se posent dans le domaine de la réalisation des engagements pris en faveur du développement social. Certaines personnalités, comme le Coprince d’Andorre Jacques Chirac, ont préconisé la création d’une taxe sur les transactions internationales pour financer une augmentation de l’aide au développement, en vue de lancer une espèce de « Plan Marshall » qui permettrait aux pays les plus pauvres de sortir de la pauvreté absolue, a fait remarquer le Ministre. Nous devons comprendre que l’usage des vieux mécanismes qui, à ce jour, n’ont jamais fait leurs preuves, ne peut être poursuivi, a dit le Ministre. La solidarité des pays riches doit cesser d’être le fruit de leurs calculs d’influence, et elle doit abandonner les conditionnalités qui l’accompagnent toujours, a-t-il estimé. Du côté des pays en développement, la démocratie doit permettre aux peuples de choisir eux-mêmes leurs dirigeants, de manière à avoir des gouvernements responsables, qui veillent au bien-être de leurs populations, a dit M. Minoves Triquell.
M. TONY IANNO, Ministre d’État, de la famille et aidants naturels du Canada, a déclaré que les mesures prises par le Gouvernement canadien afin d’éliminer le déficit et de réduire la dette nationale avaient permis des progrès économiques et sociaux exceptionnels. Il a indiqué que depuis 1997, le Canada se situait au premier rang des pays membres du G7 pour ce qui est de la hausse du niveau de vie. La création d’emplois est la plus rapide parmi les membres du G7 alors que le taux de chômage a baissé de près de 40 % par rapport à ce qu’il était il y a dix ans, a-t-il également précisé. Face au risque de voir certains groupes exclus de ces progrès, a-t-il ajouté, le Gouvernement souhaite garantir que personne ne sera défavorisé. Il a également souligné les efforts de son pays pour intégrer les 220 000 immigrants et réfugiés qu’il accueille chaque année en insistant que le Canada continuera de cibler les éléments susceptibles d’améliorer la vie des autochtones en veillant à ce que l’écart entre les autochtones et les autres canadiens se réduisent. Par ailleurs, il a indiqué le souci de son pays de veiller à respecter l’engagement pris à Copenhague en 1995 de prendre soin tout particulièrement des enfants. À cet égard, il a précisé que la Canada avait instauré en 1998 la Prestation nationale pour l’enfant dans le souci de permettre aux parents de passer de l’aide sociale à l’emploi. À titre d’illustration, il a indiqué que le pourcentage d’enfants vivant dans des familles à faible revenu avait diminué pour passer de 16,7% à 10,2% entre 1996 et 2002, soit une diminution de 40% en six ans.
En outre, le Ministre canadien a indiqué qu’en cherchant à répondre aux besoins de tous, le Canada a élaboré des programmes pour aînés, qui a permis de baisser la proportion des personnes âgées à faibles revenus de 20,8% à 6,9% entre 1980 et 2002, notamment en versant un supplément de revenu garanti aux personnes âgées pauvres. Il a également indiqué que le Canada qui participait à l’élaboration d’une convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées avaient mis en place des mesures pour aider ces derniers à trouver un emploi. Le Canada qui est fier de son système de santé universel, a-t-il encore déclaré, s’emploie à éliminer les obstacles à la formation et à l’emploi, en accordant des aides financières aux étudiants ayant de faibles ressources, des subventions aux populations marginalisées, et des formations continues aux travailleurs âgés. En s’attaquant aux enjeux sociaux du pays, le Canada a décidé de créer un ministère entièrement consacré au développement social. Au niveau international, l’Agence canadienne de développement international soutient des projets qui favorisent le développement durable en mettant l’accès sur l’égalité des sexes. C’est dans ce contexte, que le Canada a récemment proposé des mesures destinées à alléger le fardeau de la dette des pays les plus pauvres, dans le but de leur donner la possibilité d’investir des montants dans l’avenir de leur peuple. Enfin, il a défini les catastrophes naturelles et la pandémie du VIH/sida et d’autres maladies contagieuses, comme autant de freins au développement social.
Mme ANA MARIA ROMERO-LOZADA, Ministre des femmes et du développement social du Pérou, a affirmé que depuis 1995, son pays avait accru ses programmes de développement social en faveur de la santé, de la nutrition, de l’éducation ou de la protection sociale, représentant ainsi 45% du budget national. Néanmoins, la pauvreté n’a pas reculé sensiblement, et la croissance économique n’a pas affecté les secteurs susceptibles de créer des emplois, a-t-elle indiqué et les problèmes de réduction des inégalités et de redistribution des revenus n’ont pas été réglés. Selon la Ministre, pour réduire sensiblement la pauvreté, les solutions internes ne suffisent pas. Il faut notamment, a-t-il-dit, promouvoir un système financier mondial et diversifier les options de politique financière.
La Ministre a également mis l’accent sur la décentralisation du pouvoir de décision économique et politique entreprise au Pérou. Des programmes sociaux ont été décentralisés vers les municipalités, a-t-elle notamment indiqué. Par ailleurs, elle a rappelé que dans le monde, une personne sur 35 était un migrant. Pour répondre au défi de la migration internationale, il faut établir un système de dialogue et de concertation afin de réguler les effets positifs et négatifs, a-t-elle noté, précisant que son pays avait pris l’initiative d’organiser à Lima, au cours du deuxième semestre 2005, une conférence internationale réunissant des pays confrontés à des flux substantiels de migrants.
Mme MARCIA HELENA CARVALHO LOPES, Ministre du développement social et de la lutte contre la faim du Brésil, a déclaré que le Gouvernement brésilien est déterminé à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à travers la mise en œuvre de politiques et de programmes destinés à atteindre l’objectif de « Faim zéro » dont le Président Lula s’et lui-même fait le champion. Pour le Président brésilien, ce thème et celui de l’élimination de la pauvreté doivent être inscrits en priorité sur l’agenda international. Le Brésil estime qu’il y a urgence, la faim étant un fléau inacceptable. Le Brésil est aussi dans le peloton de tête de la lutte contre le VIH/sida, a dit Mme Carvalho Lopes en indiquant que son pays venait juste de devenir le siège du Centre international de coopération technique internationale d’ONUSIDA. Tous les malades atteints par la pandémie reçoivent gratuitement des structures de santé gouvernementales des médicaments anti-rétroviraux que le Brésil a décidé de produire sur place, a précisé Mme Carvalho Lopes.
Le Brésil adhère complètement aux engagements du Sommet de Copenhague, a dit la Ministre. Notre pays place le développement humain au centre de ses politiques économiques et sociales, et il y fait participer la société civile. Selon le PNUD, dans 46 pays les gens sont plus pauvres aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a 10 ans et dans 25 pays, on trouve plus de gens vivant de malnutrition permanente, a relevé la Ministre. Il est anormal qu’après l’évaluation à mi-parcours de la mise en œuvre de la Déclaration de Copenhague, a poursuivi Mme Carvalho Lopes, le commerce international, qui pourrait générer des ressources en faveurs des pays pauvres, soit encore paralysé par un accès inégal des produits du Sud sur les marchés du Nord. Nous devons trouver les moyens qui permettraient à la mondialisation de profiter à tous les peuples et à tous les pays, a-t-elle ajouté. Parlant ensuite de mesures prises par son pays pour favoriser la croissance et réduire la pauvreté, la Ministre a cité le concept de « Lumière pour tous », qui vise à mettre l’électricité au service de tous les habitants des zones rurales. Si les 12 millions de Brésiliens qui n’ont pas accès à l’énergie électrique pouvaient en disposer, a dit Mme Carvalho Lopes, ils deviendraient plus productifs. L’électricité doit être considérée comme un vecteur de développement économique et social qui peut contribuer à la réduction de la pauvreté et à l’augmentation du revenu familial, a dit la Ministre.
M. PAUL MANGWANA, Ministre des services publics, du travail et des questions sociales du Zimbabwe, a déclaré que son pays avait poursuivi un processus de démocratisation qui prend en compte ses réalités historiques, précisant qu’il était resté engagé à organiser des élections parlementaires régulières et des élections présidentielles, de même qu’à maintenir la coexistence de l’État et de la société civile. À un niveau mondial, le Zimbabwe estime, comme bon nombre de pays en développement, que la prochaine démocratisation des institutions internationales telles que les Nations Unies et leurs organes était de nature à créer un environnement favorable à la réalisation des engagements de Copenhague. Le Ministre a affirmé que son pays avait créé plusieurs réformes de libéralisation macroéconomique, des réformes qui, malheureusement, en raison notamment de rigidités structurelles, n’ont pu apporter les résultats escomptés pour la majorité de la population, voyant ainsi ses principaux indicateurs sociaux baisser de façon importante. La principale leçon à tirer de cette expérience, a-t-il dit, est la nécessité pour le pays de mettre en oeuvre des programmes de développement économique conçus d’une manière nationale.
Le Ministre a souligné que l’engagement à promouvoir le plein emploi était le plus difficile à respecter au Zimbabwe. Cependant, le Zimbabwe a entrepris un programme économique qui a commencé à donner des résultats, a-t-il précisé. Le Zimbabwe, a-t-il ajouté, a engagé des investissements importants pour promouvoir l’intégration sociale en favorisant une société stable, juste et fondée sur la promotion et la protection de tous les droits de l’homme, la non-discrimination, la tolérance, l’égalité des chances, la solidarité, la sécurité et la participation de tous, y compris les handicapés et les groupes et personnes vulnérables.
M. CHRIS POND (Royaume-Uni) a assuré que le développement humain et la justice sociale seront la priorité de son pays lorsqu’il assumera, l’année prochaine, les présidences de l’Union européenne et du G-8. Il s’est dit heureux que le Secrétaire général discute, aujourd’hui, de ces questions et de la situation de l’Afrique avec le Premier Ministre britannique et ses collègues. Pour le représentant, 2005 est une occasion unique mais les ressources financières ne sont toujours pas à la hauteur des défis. Il a donc réaffirmé l’engagement de son pays à réaliser les objectifs fixés en matière d’aide publique au développement (APD). Mais cela ne suffira, a-t-il dit, à l’adresse des membres du G-7. Il faut au moins 50 milliards de dollars par an maintenant et non d’ici à 2015, a rappelé le représentant. Tout en ne rejetant pas une analyse plus poussée des propositions relatives à une taxation mondiale, il a souligné l’importance de fournir les ressources additionnelles maintenant.
Le représentant a donc appelé les donateurs à se rallier à l’idée d’établir la Facilité financière internationale qui a été décrite dans le Projet du Millénaire comme « la proposition la plus susceptible de générer une augmentation rapide de l’aide au développement ». Il a indiqué que son pays, la France et la Suède, aux côtés de la « Global Alliance for Vaccines et Immunisation », travaillent à une proposition visant à mettre sur pied une Facilité financière internationale pour l’immunisation. Une Facilité de 4 milliards de dollars, a-t-il expliqué, pourrait sauver 5 millions de vie en 10 ans et 5 millions d’autres après 2015. Le 26 janvier dernier, a encore rappelé le représentant, le Royaume-Uni a fait une promesse de contributions de 1,8 milliard de dollars sur une période de 15 ans.
Mme JOSEFINA VAZQUEZ MOTA, Ministre du développement social du Mexique, a déclaré que les progrès technologiques ne servent à rien s’ils ne sont pas mis au service des populations qui vivent dans l’insécurité et la pauvreté. Le Mexique a voté des lois concernant le rôle de l’État dans la promotion du développement social. Ces textes qui ont récemment été adoptés par le Parlement, serviront à élaborer la feuille de route des actions visant à améliorer les services sociaux, l’habitat, et la santé des populations mexicaines. La promotion du développement social se fera aussi sur la base d’une meilleure gouvernance et d’une meilleure gestion des ressources publiques. Bien que le Mexique avance dans la réalisation des OMD, notre Gouvernement a décidé d’aller au-delà des buts énoncés dans la Déclaration du Millénaire, a dit la Ministre. Ainsi, au lieu de seulement promouvoir l’éducation primaire pour tous, le Mexique propose que l’on élève le seuil choisi, et que l’enseignement secondaire pour tous soit l’objectif à atteindre. Le Mexique propose aussi que la bonne gouvernance internationale de la migration et des bénéfices qu’elle peut apporter à la lutte contre la pauvreté soit inscrite comme une question à résoudre par la communauté internationale et qu’elle soit un OMD, a déclaré Mme Vazquez Mota.
M. MUSTAPHA ABDUL-HAMID, Ministre du développement social de Trinité-et-Tobago, a évoqué le Programme d’action de La Barbade (1994), qui reconnaît que les petits États insulaires partagent la même vulnérabilité sociale, économique et environnementale. En ce qui concerne la mise en œuvre dans son pays du Programme d’action du Sommet mondial pour le développement social, il a expliqué que la priorité est donnée à un environnement qui promeut le progrès social. Ainsi, a-t-il poursuivi, le Gouvernement a suivi un certain nombre d’objectifs, tels que l’éradication de la pauvreté et la réduction des inégalités, le renforcement de la concurrence pour faire face à la mondialisation et à la libéralisation, et la promotion d’une société harmonieuse. Les politiques adoptées concernent les personnes handicapées, le vieillissement, la jeunesse et la parité entre les sexes. Le Ministre a aussi exposé les initiatives prises en termes de développement social depuis le Sommet de Copenhague, une des priorités étant l’accès à l’éducation des personnes les plus pauvres.
Pour les groupes de personnes les plus vulnérables (parents célibataires, femmes, enfants, chômeurs, personnes handicapées), une vaste gamme d’opportunités de carrière est proposée, a ajouté M. Abdul-Hamid. S’agissant de l’insertion sociale, il a cité les initiatives prises par son pays, comme celles en faveur des personnes handicapées, ou encore les ex-détenus et les personnes déportées. Enfin, a-t-il exposé, des programmes d’action ont aussi été élaborés au sujet de l’égalité des sexes et de la santé. En conclusion, le Ministre a illustré le développement et la mise en œuvre de la politique sociale dans son pays en citant les mesures de décentralisation des services sociaux, ainsi que l’institutionnalisation des systèmes de contrôle et d’évaluation du secteur social.
Mme VALCARCE GARCIA, Secrétaire d’État aux services sociaux, à la famille et aux handicapés de l’Espagne, a souligné, citant le discours du Premier Ministre espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, lors du débat général de l’Assemblée générale, le 20 septembre 2004, que réduire la pauvreté est une obligation urgente, un défi qui concerne tous les Gouvernements et la société dans son ensemble. Nous devons nous attacher à fournir et maintenir la couverture sociale et économique pour toute la population, a-t-elle affirmé, soulignant la nécessité de créer des emplois stables et de qualité pour assurer une forte cohésion sociale.
La Secrétaire d’État a indiqué que son pays s’était notamment engagé à réduire de 2% le nombre d’habitants ayant un revenu inférieur à 60% du revenu moyen, à donner la priorité aux activités dans les zones d’habitations vulnérables, à favoriser les mesures destinées à promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes, à établir des foyers de débat avec les organisations non gouvernementales afin de promouvoir la cohésion sociale. Nous voulons éliminer la pauvreté en Espagne et l’éradiquer dans le reste du monde, a-t-elle déclaré. Elle a ajouté que son pays s’était engagé à doubler l’aide publique au développement (APD) pour arriver à 0,5% du PIB, le but étant d’arriver à 0,7% du PIB au cours des huit prochaines années.
M. RIAD ABUBAKARI, Ministre du développement social de la Jordanie, a déclaré que son pays adhérait totalement aux recommandations et aux engagements de Copenhague. La Jordanie a créé un Fonds national de la zakat pour venir en aide à ses couches de populations défavorisées, a indiqué le Ministre en notant que les ressources de ce Fonds servaient à soutenir les familles les plus pauvres. Les enfants de ces familles sont pris en charge médicalement et sur le plan scolaire, ils bénéficient de ressources tirées de ce Fonds, a précisé le Ministre. La Jordanie, a-t-il poursuivi, croit que l’initiative individuelle et les libertés publiques peuvent contribuer à la réduction de la pauvreté. C’est pourquoi, elle est en faveur de la libéralisation de la vie publique et du respect des droits de l’homme.
M. SAMIOULLAH LAUTHAN, Ministre de la sécurité sociale, de la solidarité, du bien-être des personnes âgées et de la réforme des institutions de Maurice, a rappelé que 70% des personnes vivant dans les 14 pays de la SADC vivent en dessous du seuil de la pauvreté. En sa qualité de représentant de la SADC, le Ministre a précisé que le VIH/sida est la cause première de décès dans la région tandis que dans cinq pays, l’espérance de vie est de 40 ans. Seulement 13% des routes sont goudronnées et moins de 3% de la population ont le téléphone. Malgré cela, la région dans son ensemble a été en mesure d’atteindre un niveau de développement social moyen. Certains membres de la SADC ont même enregistré des taux de croissance économique de 7%, ce qui est décisif pour réduire la pauvreté de moitié d’ici à 2015. Toutefois, nous sommes confrontés à des défis importants. Revenant dans le détail aux problèmes les plus importants que connaissent les pays de la région, le Ministre a également fait état des initiatives prises pour y faire face. La SADC a ainsi mis sur place un Plan stratégique régional qui met l’accent sur l’élimination de la pauvreté. Un cadre stratégique et un Programme d’action ont également été adoptés pour lutter contre le VIH/sida. Dans le domaine de l’emploi, les membres de la SADC ont reconnu l’existence de mode informel de protection sociale et cherchent à les renforcer et les rationaliser.
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