SG/SM/9993

« PUISSIONS-NOUS TIRER LES LEÇONS DE SREBRENICA ET AGIR EN CONSÉQUENCE », DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL À L’OCCASION DE LA CÉRÉMONIE COMMÉMORATIVE

11/07/2005
Communiqué de presse
SG/SM/9993


                                                            SG/SM/9993
                                                            11 juillet 2005


« PUISSIONS-NOUS TIRER LES LEÇONS DE SREBRENICA ET AGIR EN CONSÉQUENCE », DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL À L’OCCASION DE LA CÉRÉMONIE COMMÉMORATIVE


On trouvera ci-après le texte du message du Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, délivré le 11 juillet 2005 à Potocari-Srebrenica par le Chef de Cabinet, M. Mark Malloch Brown, à l’occasion de la cérémonie marquant le dixième anniversaire du massacre de Srebrenica:


En ce jour, nous rendons hommage aux victimes d’un crime abominable, le pire commis sur le sol européen depuis la Deuxième Guerre mondiale.  À travers le monde, cette date est un sombre rappel de l’inhumanité de l’homme envers ses semblables.


Nous témoignons notre solidarité aux familles et aux amis de ceux qui ont brutalement perdu la vie il y a 10 ans, ainsi qu’à la population de la Bosnie-Herzégovine.


Nous partageons leur peine.


Et tandis qu’ils réclament la vérité et la justice, nous devons, aussi longtemps qu’il le faudra, poursuivre nos efforts pour que les responsables aient à rendre compte de leurs actes.


Notre premier devoir est d’établir toute la vérité sur ce qui s’est passé et d’y faire face


Pour nous qui sommes au service des Nations Unies, c’est une vérité à laquelle il est difficile de faire face.


Nous pouvons dire –et cela est vrai– que certaines grandes nations n’ont pas réagi de manière adéquate.


Nous pouvons dire –et cela est également vrai– qu’il aurait fallu davantage de forces militaires sur place et une volonté plus ferme de les utiliser.


Nous pouvons dire –et cela est indéniable– que la faute revient, en tout premier lieu, à ceux qui ont préparé et commis ce massacre ou à ceux qui les ont soutenus, ou encore à ceux qui les ont protégés et les protègent encore.


Mais nous ne pouvons pas nous soustraire à notre propre part de responsabilité.


Comme je l’ai écrit dans mon rapport en 1999, nous avons fait de graves erreurs d’appréciation, en nous fondant sur des principes d’impartialité et de non-violence qui, bien qu’admirables, n’étaient pas adaptés au conflit en Bosnie.  C’est pourquoi, comme je l’ai également écrit, « la tragédie de Srebrenica hantera à jamais notre histoire ».


Notre deuxième devoir est de contribuer à rétablir la confiance entre les peuples de cette région.  Nous ne pourrons y parvenir qu’en continuant à lutter pour que justice soit faite.


Sans justice, il ne peut y avoir ni réconciliation ni paix pour les familles des victimes et pour la société dans son ensemble.


Pourtant, notre quête de justice demeure inachevée.  Le Tribunal pénal international institué par les Nations Unies a œuvré sans relâche et certains responsables importants ont été jugés coupables.  Mais ceux que l’on accuse d’être les principaux ordonnateurs de ce massacre, Ratko Mladic et Radovan Karadzic, sont toujours en fuite.  Tant qu’ils n’auront pas eu à répondre des faits qui leur sont reprochés, nous ne pourrons pas prétendre avoir mis fin à l’impunité.


Pourtant, cela même ne suffit pas.  Tous les Bosniaques doivent rechercher la vérité et œuvrer pour la réconciliation.


Notre troisième devoir et le plus important, tandis que nous nous penchons sur les crimes du passé, est d’empêcher tout nouveau carnage systématique, où que ce soit à présent et dans l’avenir.  Le monde doit s’équiper pour agir collectivement contre le génocide, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité.  Au-delà des discours, nous devons donner corps au principe de la « responsabilité de protéger ».


Enfin, par notre présence aujourd’hui, nous nous engageons à aider la population de la Bosnie-Herzégovine, malgré toutes les difficultés, à reconstruire une économie viable et à s’assurer un avenir pacifique et prospère dans le concert des nations.


Nous partageons la peine de ceux à qui on ne pourra jamais rendre ce qu’ils ont perdu.


Et nous rendons hommage à ceux qui ont péri.


Puissent-ils reposer en paix.  Puissions-nous tirer les leçons de Srebrenica et agir en conséquence.


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