SG/SM/9762

L’ONU A LA « RESPONSABILITÉ SACRÉE DE SE BATTRE CONTRE LA HAINE ET L’INTOLÉRANCE », REMARQUE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AU MÉMORIAL DE L’HOLOCAUSTE À JÉRUSALEM

15/03/2005
Communiqué de presse
SG/SM/9762

L’ONU A LA « RESPONSABILITÉ SACRÉE DE SE BATTRE CONTRE LA HAINE ET L’INTOLÉRANCE », REMARQUE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AU MÉMORIAL DE L’HOLOCAUSTE À JÉRUSALEM


On trouvera ci-après les remarques faites aujourd’hui à Jérusalem par le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à l’occasion de l’inauguration du musée sur l’histoire de la Shoah au mémorial de Yad Vashem:


Je tiens à remercier le Gouvernement israélien et les responsables de Yad Vashem de m’avoir invité à cette cérémonie.


L’Holocauste occupe une place unique dans l’histoire de l’ONU.


Le nom même de notre Organisation a été choisi pour décrire l’alliance des nations qui se battaient en vue de mettre fin au régime nazi.


À la fin d’avril 1945, juste quelques jours après que les délégués se furent réunis à San Francisco pour rédiger la Charte de l’ONU, le camp de la mort de Dachau a été libéré.


La mort d’Hitler, la fin de la guerre en Europe, les premières bandes d’actualités montrant les survivants émaciés des camps de concentration – telles furent les dépêches quotidiennes qui ont encadré le travail des auteurs de la Charte.


C’est à la révulsion du monde entier face au génocide – à l’assassinat systématique de 6 millions de Juifs et de millions d’autres personnes – que nous devons la Déclaration universelle des droits de l’homme.


Notre mission mondiale de paix, de liberté et de dignité humaine a été forgée dans le feu – en fait le plus terrible des feux que l’humanité ait jamais connus.


Comme l’a écrit récemment Aharon Appelfeld, « un crime aussi énorme ne peut être commis que si l’on mobilise les ténèbres les plus noires de l’âme ».


Aujourd’hui, notre devoir le plus fondamental est de nous souvenir de ceux qui ont péri des villes détruites et des cultures disparues et de faire en sorte que leur histoire soit racontée et ne soit jamais oubliée.


C’est aussi de tout faire pour qu’une telle horreur ne se reproduise plus jamais, où que ce soit.


Le travail de mémoire est en outre aspiration à la sagesse.


Et surtout, il est tourné vers l’avenir, il se veut porteur d’une autre conception de l’existence à l’intention des générations futures.


L’ONU a la responsabilité sacrée de se battre contre la haine et l’intolérance.


Si l’ONU n’était pas aux premiers rangs de la lutte contre l’antisémitisme et les autres formes de racisme, elle renierait son histoire et compromettrait son avenir. 


Cette obligation nous lie au peuple juif et à l’État d’Israël qui est né, comme l’ONU elle-même, des cendres de l’Holocauste, comme elle nous lie à tous les peuples qui ont été ou pourraient être menacés d’un sort semblable.


L’ONU ne peut jamais baisser sa garde.


Le nombre de survivants de l’Holocauste s’amenuise très vite.


Nos enfants et nos petits-enfants grandissent tout aussi vite et ils commencent à poser des questions au sujet de l’injustice.  Qu’allons-nous leur répondre?


Allons-nous leur dire: « Ainsi va le monde »?


Ou allons-nous leur dire: « Nous faisons notre possible pour qu’il en aille autrement »?  Que ce musée témoigne des efforts que nous faisons pour qu’il en aille autrement.


Que Yad Vashem nous incite à continuer de faire notre possible, aussi longtemps que les plus noires ténèbres assombriront la face de la terre.


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