SG/SM/9664

TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU, KOFI ANNAN, AU SIÈGE DES NATIONS UNIES, LE 3 JANVIER 2005

03/01/2005
Communiqué de presse
SG/SM/9664


TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU, KOFI ANNAN, AU SIÈGE DES NATIONS UNIES, LE 3 JANVIER 2005


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Bonjour Mesdames, Messieurs.  Nous sommes encore dans les jours de fête et je m’étonne de voir tant d’entre vous ici ce matin.


Pour commencer, j’ai le grand plaisir d’annoncer la nomination de Mark Malloch Brown, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), au poste de Chef de Cabinet –Chief of Staff– à partir du 19 janvier 2005.  Vous savez déjà tous que Mark est un gestionnaire, un responsable de haut niveau extrêmement capable et il nous aidera, moi, et la Vice-Secrétaire générale, Mme Louise Fréchette, à mettre au point et appliquer des réformes pour améliorer la gestion de l’ONU.  Vous savez en outre que Mark et moi sommes collègues depuis longtemps -près de 25 ans-, depuis notre travail conjoint sur une autre crise en Asie, celle des réfugiés d’Indochine.  Bien entendu, si la confiance est une qualité indispensable pour un Chef de Cabinet, l’expérience en matière de communication est également nécessaire.  Ces qualités, ajoutées au solide bilan de Mark au PNUD, me font envisager avec grand plaisir de l’avoir comme bras droit.


Comme je l’ai déjà dit plusieurs fois ces derniers mois, 2005 représente une occasion critique de faire avancer le nouveau cycle de réformes et de revitaliser le système des Nations Unies, pour le rendre mieux à même de relever les défis complexes du XXIe siècle.  L’examen quinquennal de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et de la Déclaration du Millénaire, en septembre prochain, sera un moment essentiel pour permettre aux chefs d’Etat et de gouvernement de parvenir à un accord sur la meilleure façon de procéder à cet égard.


Le travail accompli par Mark Malloch Brown dans la conduite des efforts pour la réalisation des Objectifs du Millénaire, indique qu’il y a de fortes synergies entre cet agenda et le rôle actuel de Mark.  Voilà pourquoi je lui ai demandé pour l’instant de garder pendant quelque temps son poste d’Administrateur du PNUD.  Dans l’immédiat, le PNUD et le Groupe des Nations Unies pour le développement, dont Mark est Président, vont jouer un rôle fondamental dans les efforts de réalisation des Objectifs du Millénaire.  Il est important que nous gérions bien cela.  Parallèlement, nous allons assumer le fardeau de la phase de relèvement dans la crise provoquée par le tsunami.  Il est nécessaire en ce moment d’assurer la continuité et je compte sur Mark pour continuer de superviser les activités du PNUD jusqu’à ce que j’aie nommé le prochain Administrateur du PNUD.  Compte tenu de la crise, il m’accompagnera comme Administrateur du PNUD en Indonésie lorsque je partirai ce soir pour l’appel de fonds d’urgence et la visite d’un grand nombre des zones les plus touchées en Indonésie, au Sri Lanka et aux Maldives.


Je me dois également de remercier un autre bon ami et collègue, Iqbal Riza, pour les sept années où il a été mon Chef de Cabinet, et où il m’a toujours été d’un conseil précieux dans toutes les crises.  Il mérite bien son repos, si longtemps repoussé.  Mais je sais pouvoir toujours compter sur ses sages conseils.


Mark, souhaitez-vous intervenir?


Mark Malloch Brown (interprétation de l’anglais): Oui, merci Monsieur le Secrétaire général.  C’est un énorme privilège pour moi que de pouvoir travailler avec vous et avec Louise Fréchette à ce poste et de reprendre le témoin à Iqbal Riza.


J’ai une immense loyauté, comme Iqbal Riza, envers vous et envers cette institution, et on ne peut cacher que nous traversons des moments difficiles.  Le tsunami vient juste après les propositions de réforme de haut niveau.  Vous avez mentionné les Objectifs du Millénaire qui nous permettront de parvenir à un équilibre entre sécurité et développement.  On a beaucoup dit que le moral des fonctionnaires n’est pas à son niveau le plus élevé, et nous aurons bientôt les recommandations du Groupe présidé par M. Volcker.


Lorsque nous étions collègues au HCR, nous avons eu à faire face à la crise des réfugiés de l’Indochine qui a permis à cette Organisation de se transformer d’une Organisation qui auparavant s’occupait de réfugiés qui cherchaient asile en Europe, en une Organisation à couverture mondiale, et je m’attends à ce que ces crises et ces problèmes nous permettent à tous de relever tous ces défis et bien entendu, en tant que Chef de Cabinet, je sais que vos priorités sont les miennes.  Il va falloir que je m’habitue à cette perte d’une partie de l’indépendance que j’avais au PNUD, mais je vous appuierai dans ces réformes pour qu’ensemble, nous fassions face à ces défis.


Question  (interprétation de l’anglais):Au nom de l’Association des journalistes des Nations Unies, je vous souhaite les meilleurs vœux et un bon voyage.  Est-ce que c’est maintenant que vous devriez détourner l’attention de l’Administrateur du PNUD sur d’autres questions?


Le Secrétaire général  (interprétation de l’anglais):Non, écoutez, comme je l’ai dit, la décision avait été faite avant que la crise du tsunami ne nous dépasse en quelque sorte, le 26 décembre.


Je lui ai demandé de conserver cette double responsabilité pendant quelque temps.  Il est clair qu’il va falloir que je trouve un nouvel administrateur et que ce que l’Administrateur actuel fait non seulement en ce qui concerne le tsunami, mais également pour ce qui est des Objectifs du Millénaire s’alignent de façon à ce que le nouvel Administrateur puisse reprendre le flambeau, mais il faudra quelque temps pour trouver son remplacement.  Donc, j’ai demandé à Mark d’assumer cette double fonction.  Mais nous avons suffisamment de hauts responsables au PNUD qui peuvent assurer la suite des travaux pour que cela n’ait pas d’incidences.


Question  (interprétation de l’anglais): Pourriez-vous nous dire comment il pourra s’acquitter de ces deux tâches?  Est-il vrai que M. Prendergast partirait bientôt pour le Moyen-Orient?


Le Secrétaire général  (interprétation de l’anglais): Écoutez, combien de temps est-ce que Mark assumera ces deux tâches?  Je vous ai dit qu’il y a non seulement la crise en Asie, mais aussi la préparation de la réunion de la Déclaration du Millénaire + 5.  J’examine quelques dossiers, mais il faudra du temps pour que je puisse décider.


En ce qui concerne votre question sur Kieran, celui-ci continue d’être Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, mais je dois vous avouer qu’il y aura de nouveaux changements qui seront annoncés, concernant des personnes ici au Siège et d’autres en dehors du Siège.  Voilà donc le premier changement annoncé dans une série de changements qui seront annoncés par la suite.



Question (interprétation de l’anglais): Il a été indiqué que M. Prendergast allait reprendre le flambeau de Roed-Larsen.  Est-ce que c’est un des changements auxquels vous réfléchissez?  Cet article dit que vous avez eu cette réunion secrète dans l’appartement de Richard Holbrooke.  Est-ce que cela pourrait réduire vos chances de redevenir populaire auprès du Gouvernement Bush car il n’est pas lui-même très populaire, ayant soutenu Kerry?


Le Secrétaire général  (interprétation de l’anglais): Première question: oui, je vais remplacer Roed-Larsen qui a fait un excellent travail et je dois saisir cette occasion pour lui rendre hommage pour sa contribution, son dévouement et son énergie.  Il a réellement permis d’avancer.  Je vais nommer un nouveau représentant dans la région.  Je n’ai pas encore décidé de qui il s’agira.  Mais je devrais pouvoir annoncer ces décisions dans les deux semaines à venir.  J’ai une longue liste de candidats.  Je peux vous assurer que j’ai une longue liste de candidats. 


Sur la question de cette réunion, comme vous avez dû le lire dans la presse, j’ai parlé à beaucoup de groupes, beaucoup de gens ici et ailleurs.  Ça fait partie des consultations.  J’ai parlé à des gens des deux partis et je ne pense pas qu’il faille s’occuper de savoir à qui je parle.  En fin de compte, c’est la décision qui importe.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, vous allez maintenant devoir trouver un remplacement à Mark au PNUD.  Est-ce que vous allez rendre ce poste aux Américains?  Et est-ce que ça représente pour vous une promotion ou pas?  Pourquoi est-ce que vous accepteriez d’abandonner ce poste?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): C’est vrai que les Américains ont tenu ce poste pendant 40 ans.  Mark est le premier non Américain à l’occuper.  Nous avons plusieurs agences, dont quatre principales.  Les Américains en ont deux en ce moment.  Les deux autres devraient aller à d’autres régions, d’autres nationalités.  Et j’ai l’intention de nommer d’autres nationalités, et pas un Américain.


Mark Malloch Brown (interprétation de l’anglais): J’ai prévenu le Secrétaire général que je n’étais pas un très bon bureaucrate.  Il va falloir qu’il l’apprenne.  Oui, mes amis pensaient que le titre d’Administrateur était inapproprié pour ma démarche à l’égard de la gestion.  Le Secrétaire général m’a demandé d’accepter ce transfert qui en surface n’est pas une promotion, car il souhaitait que cet ensemble de qualités qu’il vient de décrire en matière de communication et de gestion en ces temps difficiles soit à sa disposition.  Donc je lui ai dit que si c’est ce qu’il souhaitait que je fasse, c’est ce que je ferai.  Je lui dois toute ma carrière à l’ONU.  Je souhaitais bien lui faire comprendre qu’il n’aurait pas sous ses ordres un Chef de Cabinet qui soit un bureaucrate.  De toute façons, ce n’est pas ce que je voulais.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, le porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a indiqué que dans toutes les catastrophes, les gouvernements ne décaissaient pas les sommes d’argent annoncées.  Êtes-vous préoccupé par cet état de choses?  Pensez-vous que c’est ce qui risque de se passer?  Estimez-vous que les annonces de contributions ne seront pas suivies d’effets pour les victimes du tsunami?



Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Si on examine la situation passée, effectivement, c’est une situation préoccupante.  Nous en sommes à 2,5 milliards de dollars.  D’ailleurs, Jan est dans la salle, il pourra confirmer ces chiffres.  Nous avons reçu 2 milliards en annonces de contributions, mais au bout du compte, probablement, toutes ces sommes ne seront pas décaissées.  Vous avez entendu l’exemple du tremblement de terre de Bam (Iran).  Un grand nombre d’annonces de contributions avaient été faites, mais ces contributions n’ont pas été toutes versées.


Alors, bien sûr, dans le cadre de cette catastrophe, on voit à l’œuvre beaucoup d’énergie; la région est très active.  L’Asie est une région qui dispose de ressources, qui dispose de capacités et qui veut jouer, à l’échelon régional, le rôle qui est le sien.  Je vais participer à une réunion à Jakarta, qui permettra à tous les chefs d’État et de gouvernement de la région de discuter.  Je pense que cette fois-ci, nous aurons peut-être une meilleure chance de voir les sommes annoncées réellement décaissées.  Mais encore une fois, je ne serais pas surpris si toutes les promesses de contributions ne sont pas tenues.  Mais telle est la réalité dans laquelle nous vivons.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, est-ce que vous pourriez expliquer le pourquoi de ces remaniements à ce stade?  En général, il y a remaniement au moment de la prorogation d’un mandat.  Et est-ce que vous pourriez nous faire savoir également si certains Américains qui sont proches idéologiquement de l’Administration Bush seront nommés?  Vous avez également indiqué la semaine dernière qu’il n’était peut-être pas souhaitable que des personnalités éminentes se rendent dans les zones où s’est produite cette catastrophe, cela risquant de constituer davantage un obstacle qu’une solution…


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Pour ce qui est du remaniement, vous savez que dans toute administration, il peut y avoir des remaniements à tout moment et j’ai fait deux propositions particulièrement courageuses: premièrement, la proposition de réforme –nous travaillons également sur les propositions de réforme de la gestion; et deuxièmement, les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Par conséquent, au cours des deux années à venir, je pense qu’il est essentiel de se consacrer à la réforme de l’Organisation et il faut que le développement soit au centre de nos activités.  Il faut également nous assurer que nous essayons, tout en améliorant notre sécurité collective, de faire face également aux autres menaces: la pauvreté, le sida, etc.  Je vais donc m’efforcer de faire en sorte que l’Organisation se concentre sur ces questions au cours des deux années à venir et j’ai besoin d’une équipe qui puisse travailler avec moi sur ces sujets.


Pour ce qui est des nominations, nous avons des Américains qui appartiennent aux deux partis, au parti républicain ou au parti démocrate.  Et je suis sûr qu’au moment des nominations, nous garderons cette tradition d’équilibre.  Seront donc nommées des personnes appartenant aux deux partis.


Pour ce qui est de ma mission dans la région, vous vous rappellerez que j’avais annoncé que je lancerais le 6 janvier un appel urgent à partir d’ici, à New York.  J’ai ensuite discuté avec les dirigeants, avec les dirigeants de la région, surtout ceux des pays touchés tout de suite après le tsunami et après les tremblements de terre.  Nous avons maintenu les contacts et ils ont indiqué qu’ils souhaitaient qu’une conférence se tienne à Jakarta le 6 janvier.  J’ai par conséquent pensé qu’il n’était peut-être pas souhaitable de tenir une réunion à New York et une autre réunion à Jakarta.  Nous avons par conséquent décidé de mettre en commun nos efforts et je lancerai cet appel depuis Jakarta.  Une fois sur le terrain, je saisirai l’occasion pour voir comment se déroulent les opérations, pour voir s’il y a problème, de quel type de problème il s’agit et comment nous pouvons surmonter les problèmes.  J’en profiterai également pour me rendre dans les zones frappées par la catastrophe et je transmettrai également mes condoléances.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, vous avez dit que les Nations Unies souhaitaient aider les populations sur le terrain.  Est-ce que votre visite s’inscrit dans cette démarche?  Vous savez qu’il y a eu beaucoup de critiques sur le programme « pétrole contre nourriture »; vous avez toujours répondu aux questions des journalistes, et est-ce que vous avez essayé également de lutter contre les critiques qui visent les Nations Unies?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je pense que ma présence dans la région et les entretiens que j’aurai avec les dirigeants de la région permettront de faire passer deux messages.  Premièrement, un message de détermination de la part des dirigeants de la région et de la communauté internationale: nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider les populations et pour que celles-ci puissent trouver d’une façon ou d’une autre des moyens de subsistance.  Et deuxièmement, un message d’espoir: nous devons expliquer aux populations qu’elles ne sont pas seules, que leurs dirigeants sont là, mais également la communauté internationale et qu’ensemble, nous allons faire tous les efforts pour améliorer leur situation et les sortir du désespoir et de la misère.


M. Malloch Brown (interprétation de l’anglais): Pour ce qui est de la communication, Monsieur le Secrétaire général, je voudrais vous remercier d’avoir reconnu que je n’étais pas timide.  D’ailleurs, la presse n’a jamais profité assez de moi.  Maintenant que je vais parler de politique et de développement, vous m’accueillerez peut-être dans vos studios.  En général, c’est moi qui frappe à la porte et vous n’ouvrez pas la porte!


Plus sérieusement, je voudrais dire qu’une organisation mondiale moderne de ce type doit reconnaître qu’il y a un grand nombre de nouvelles qui tombent chaque jour et pour que votre message soit entendu, il faut être particulièrement énergique et rapide.  Il faut également avoir une relation ouverte, fondée sur la confiance avec tous les médias qui s’occupent de votre organisation.  Nous avons un excellent groupe avec Shashi Tharoor, Fred Eckhard, Stéphane et d’autres, nous devons travailler avec les médias et le fait est que je voudrais jouer un rôle beaucoup plus actif.  Je serai à l’occasion le porte-parole du Secrétaire général et le porte-parole de l’Organisation.  Moi, ce que je veux, c’est une réponse rapide à tous les problèmes, une réaction transparente, une réaction directe et c’est la tâche qui m’a été confiée, d’ailleurs.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je suis sûr que vous l’en tiendrez responsable.


Je vous remercie.


*   ***   *


À l’intention des organes d’information. Document non officiel.