En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/10280

TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DE FIN D’ANNÉE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, M. KOFI ANNAN, AU SIÈGE, LE 21 DÉCEMBRE 2005

21/12/2005
Secrétaire généralSG/SM/10280
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DE FIN D’ANNÉE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, M. KOFI ANNAN, AU SIÈGE, LE 21 DÉCEMBRE 2005


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Bonjour Mesdames et Messieurs.  Je voudrais tout d’abord souhaiter à chacun de joyeuses fêtes et une nouvelle année de paix et de prospérité.


L’année qui est sur le point de s’achever a été difficile, du tsunami aux événements au Liban et au Darfour et au-delà, je n’essaierai pas de résumer ici les défis complexes auxquels nous faisons face depuis 12 mois.  Vous les connaissez tous très bien.


Regardons plutôt l’avenir, voyons ce que nous pouvons et devons faire l’année prochaine et ce que nous pouvons faire à partir des résultats obtenus.


Le Sommet mondial de 2005 a permis d’avancer dans différents domaines, même s’il n’a pas répondu à toutes les attentes.  Je crois qu’un point important, c’est que nous avons établi pour la première fois une définition générale des menaces, telles que nous les concevons et cinq catégories: premièrement pauvreté, maladies infectieuses, dégradation de l’environnement; deuxièmement conflits armés à l’intérieur et entre les États; troisièmement, crimes organisés; quatrièmement terrorisme; cinquièmement armes de destruction massive.  Je crois que pour la première fois, nous avons défini clairement les menaces qui pèsent sur toutes les régions.


Un autre résultat important du Sommet a été que nous avons pu établir tout à fait clairement un lien entre le développement et la sécurité et les droits de l'homme et la primauté du droit.  Je crois qu’à l’issue de cette conférence, les représentants ont compris qu’il ne peut y avoir de développement sans sécurité ni de sécurité sans développement.  On ne peut avoir ni l’un ni l’autre en l’absence de respect des droits de l'homme et du droit.


Je crois que ce qui est important également, c'est que les efforts qui ont conduit au Sommet ont encouragé de nouvelles annonces de contribution pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qu’il s’agisse du calendrier de l’Union européenne pour la réalisation de la cible de 0,7 % du PIB ou qu’il s’agisse de la réduction de la dette pour les 18 pays les moins avancés, etc.  Je crois que ce sont là des accomplissements importants.


Le Sommet a également permis des progrès dans le domaine de la paix et de la sécurité, tous les États Membres ayant accepté leurs responsabilités de protéger leurs citoyens contre le génocide, le nettoyage ethnique et les crimes de guerre.  Le Sommet nous a donné un programme sérieux de réformes sur lequel travailler.  Cette réforme est désormais menacée si l’Organisation ne dispose pas de budget.  Je lance donc un appel à tous les États Membres pour qu’ils règlent maintenant leurs divergences en vue de trouver un accord sur un budget.


Nous avons maintenant un accord sur un fonds d’urgence nouveau et amélioré et une Commission de consolidation de la paix.  J’espère que dans l’année qui vient, les États Membres donneront suite à cette mesure en approuvant un Conseil des droits de l'homme efficace et impartial.  J’espère qu’ils se mettront d’accord sur un train de réformes de gestion, que je leur soumettrai en février.


Des sujets que j’ai mentionnés à l’instant concernent trois domaines prioritaires sur lesquels je me concentrerai l’année prochaine: la lutte contre la pauvreté et la maladie, la paix et la sécurité et la réforme de l’Organisation des Nations Unies.  S’il y a une chose que je souhaiterais transmettre à mon successeur lorsque que je quitterai mes fonctions l’année prochaine, c'est une Organisation capable d’assumer les tâches nombreuses et variées qui lui sont confiées aujourd'hui.


Voilà comment je vois l’année prochaine –qui sera ma dernière année en tant que Secrétaire général.  Je vous invite maintenant à poser vos questions.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, au nom de l’Association des correspondants à l’ONU, je vous souhaite la bienvenue et de joyeuses fêtes.  Vous avez parlé brièvement de la question des négociations sur le budget.  Ce n’est pas la première fois que des initiatives politiques ou des réformes politiques ont été bloquées en raison de questions budgétaires.  C’est presque un événement annuel.  Y aurait-il un moyen de court-circuiter ce processus pour que l’ordre du jour politique ne soit pas affecté par des différends budgétaires?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Vous avez raison, nous avons assisté à d’autres luttes budgétaires par le passé.  Cependant, cette fois-ci, c’est différent, dans la mesure où nous envisageons des réformes majeures pour l’Organisation.  Nous avons également des activités en cours qui doivent se poursuivre au début de la nouvelle année.  Différentes propositions ont été faites et ma préoccupation est que les États Membres ne prennent pas d’initiative ou de décision relative au budget qui porterait atteinte non seulement aux réformes, mais aussi aux activités en cours de l’Organisation.  J’ai indiqué que nous devons faire attention à ne pas créer une crise financière pour l’Organisation.  La situation financière est précaire, et je puis vous dire que nous allons sans doute terminer l’année avec 35 millions de dollars en caisse et qu’il y a aura bien sûr des réserves opérationnelles.  Toutefois, nous devrons avoir des mises en recouvrement et il faudra que des fonds entrent dès janvier.  J’ai lancé un appel aux États Membres pour qu’ils maintiennent la pression sur la réforme tout en approuvant, dans le même temps, un budget qui nous permette de poursuivre nos activités tout en continuant nos efforts de réforme.


Question (interprétation de l’anglais): J’ai deux questions.  Pourriez-vous évoquer plus avant le danger que présente l’absence d’un budget? Ces derniers jours apparemment, l’Union européenne, qui souscrit à votre cause, ainsi que le Groupe des 77, n’ont pas pu engager de dialogue. 


Deuxièmement puisque tout le monde dit qu’il n’y a pas de description de poste pour vos fonctions de Secrétaire général, à votre avis, qu’elle devrait être cette description de poste et avez-vous des conseils pour votre successeur? 


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Combien de temps ai-je pour répondre à la deuxième question?


Je voudrais dire concernant le budget que je sais qu’il y a eu des divergences entre le Groupe des 77 et d’autres groupes de pays, mais je crois qu’ils veulent tous la réforme et qu’ils veulent tous que l’ONU aille de l’avant.  Je suis optimiste et je pense qu’ils vont pouvoir parvenir à un accord sur un budget. 


Hier soir, ils étaient censés identifier les 5 priorités de chaque côté.  Je ne crois pas que cet exercice a été un franc succès, mais les discussions se poursuivent ce matin et j’espère qu’ils vont pouvoir réussir.  J’ai parlé ce matin au Président de l’Assemblée générale qui est très actif et moi-même, je vais parler à certaines délégations et je pense que nous allons pouvoir trouver une solution.  Je n’ai pas encore abandonné tout espoir.


Sur la question de la description de mes fonctions, bien sûr, le Secrétaire général est censé être le chef de l’administration de cette Organisation, ce qui est très général.  Bien sûr, le Secrétaire général en plus d’être le principal diplomate du monde, avec ses bons offices et tout le travail qu’il fait dans le domaine du maintien de la paix et son travail humanitaire, doit également assurer le bon fonctionnement de l’Organisation.  J’espère que les réformes que nous essayons d’introduire aideront mon successeur. 


Pour ce qui est des conseils que je pourrais lui donner, c’est une question intéressante.  Je crois qu’il est plus facile de donner des conseils lorsque vous connaissez la personne en question, lorsqu’il ou elle est en place et que vous connaissez sa personnalité.  Je crois que, comme un bon nombre de dirigeants et de politiciens d’expérience me l’ont dit, cette personne doit avoir les nerfs solides, un vrai sens de l’humour et rire beaucoup, à l’intérieur et à l’extérieur d’eux-mêmes.  Elle doit aussi pouvoir écouter chacun au sein de l’Organisation et au-delà et pouvoir travailler efficacement avec les dirigeants du monde entier.  Je crois que cela suffit.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, dans vos remarques liminaires, vous avez dit que la situation au Liban représente l’un des premiers défis pour l’ONU.  Dans une interview, la semaine dernière, M. Mehlis m’a dit clairement que les autorités syriennes étaient derrière l’assassinat de Rafik Hariri.  Lorsque j’en ai parlé à votre représentant, il a sous-estimé cette affirmation et a dit qu’en fait, il n’y avait rien de nouveau.  Cela veut-il dire que vous êtes d’accord avec les vues de M. Mehlis?  A votre avis, que faut-il faire maintenant du point de vue de l’enquête?  Cela ne complique-t-il pas en fait la tâche de son successeur que vous allez désigner prochainement?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je ne veux pas entrer dans les questions de fond.  Une enquête est en cours, qui pourrait conduire aussi à un processus judiciaire.  Je ne veux donc pas dire quoi que ce soit qui pourrait avoir un impact négatif sur l’enquête ou sur le processus judiciaire.  Je vais donc laisser l’enquête suivre son cours.  Vous avez raison, je suis sur le point de désigner un successeur à M. Detlev Mehlis.  J’ai un arrangement pratique avec lui et il n’y aura pas d’hiatus.  Il va continuer jusqu’à ce que son successeur arrive et j’espère qu’ils vont pouvoir travailler ensemble environ deux semaines afin que le témoin soit passé de façon appropriée et que son successeur puisse commencer son travail.  Nous prenons ces responsabilités et l’enquête tout à fait au sérieux et nous allons poursuivre nos efforts.  Je vais nommer un successeur tout à fait compétent à M. Mehlis.


Question (interprétation de l’anglais): Vous avez commencé en disant que l’année a été difficile pour le monde.  Je crois également que cela a été une année difficile pour vous, personnellement, en particulier étant donné le rapport Volcker sur le programme Pétrole contre nourriture.  Je voulais savoir si vous pouviez nous dire quels sont vos sentiments personnels en cette fin d’année très difficile pour vous.  Que pensez-vous laisser à l’Organisation?  Dans vos remarques liminaires, vous avez parlé des priorités clefs pour vous, ici à l’ONU, mais à votre avis quelles sont les questions globales qui attendent le monde l’année prochaine?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Lorsque j’ai dit que c’était une année difficile, je n’externalisais pas.  C’était une année difficile à la fois pour le monde et, bien entendu, pour moi et pour l’Organisation.  Vous avez mentionné le rapport Volcker, que nous avons tous vu et dont nous avons tiré les enseignements appropriés.  Nous prenons les mesures qui s’imposent pour remédier à la situation.


J’espère que vous, Mesdames et Messieurs de la presse, réfléchiraient également sur la manière dont vous avez couvert cet événement et dont vous avez permis que des fuites délibérées aient lieu pour orienter les choses et comment, en fin de compte, quand l’histoire est sortie une fois l’enquête terminée avec la publication de tous les documents relatifs aux pays concernés, vous êtes passés à côté des faits.  Mais je n’ai pas à vous dire comment faire votre travail.  Quelquefois, cependant, il faut assumer ses responsabilités et ne pas attendre que les gens ayant des arrières pensées vous donnent des directives.


Vous avez également demandé ce que je léguerai à l’Organisation.  Il revient aux autres de décider et d’évaluer cela, mais lors de mon mandat, j’ai fait tout mon possible pour l’Organisation dans le domaine du développement, de la lutte contre la pauvreté, le VIH/sida, des liens avec la société civile et le secteur privé, afin qu’ils établissent des partenariats avec nous.  Dans le domaine de la paix et de la sécurité, j’ai usé de mes bons offices.  Il y a encore beaucoup à faire, mais je pense que l’histoire me jugera équitablement.


Pour ce qui est des questions globales, je crois que le terrorisme et les armes de destruction massive seront des questions majeures pour nous, sans oublier, bien entendu, la situation au Moyen-Orient, et ici, je veux parler du Moyen-Orient en général, à savoir l’Iraq, le Liban, la Syrie et la question israélo-palestinienne.  Le Moyen-orient sera donc aussi une question majeure pour nous et je pense également qu’il faudra suivre de très près le Soudan, le Darfour et la République démocratique du Congo.


Question (interprétation de l’anglais):Je voudrais revenir sur l’année électorale l’année prochaine.  Est-ce que vous pensez que le prochain Secrétaire général devrait venir d’Asie?  Comme vous le savez, il y a un courant d’opinion selon lequel les règles non écrites pourraient être modifiées et qu’il se peut que ce soit le tour de l’Europe orientale.  Qu’en pensez-vous?  Deuxièmement, est-ce que vous regrettez d’avoir fait un deuxième mandat?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Il y a toujours une malédiction du deuxième mandat.  Ceux qui ont fait un deuxième mandat pourraient sans doute vous en parler.  Mais, de toute façon, il faut continuer.  Oui, le premier mandat a été plus facile que le deuxième, vous avez raison, mais j’avais toujours du travail à faire et j’aurai encore du travail à faire l’année prochaine.


Pour ce qui est de la question du prochain Secrétaire général, je crois que généralement il est accepté parmi les États Membres -je l’ai vu au cours de mes contacts avec eux- que c’est le tour de l’Asie.  Je sais que certaines délégations n’acceptent pas cela.  Mais il appartient aux États Membres de prendre une décision à cet égard.  Mais vous l’avez vu, théoriquement il y a un roulement et la plupart des États Membres auxquels j’ai parlé estiment que c’est le tour de l’Asie.



Question (interprétation de l’anglais):Ce n’est un secret pour personne que vous avez rencontré Serge Brammertz la semaine dernière.  Vous avez donc peut-être déjà désigné quelqu’un.  Je ne veux pas parler à l’avance mais une période de six mois a déjà été déterminée par M. Mehlis.  De même, au Moyen-Orient, on ne pense pas qu’il serait approprié qu’une personne vienne pour six mois, étant donné les nécessités de la période d’apprentissage.  Donc, au moment où cette personne comprend vraiment les subtilités du problème, cette personne doit partir.  M. Mehlis lui-même a dit qu’il faudrait peut-être des mois, voire des années, s’il n’y avait pas de coopération.  Est-ce que vous êtes d’accord sur un mandat de six mois pour un enquêteur de si haut niveau à la tête de cette Commission?  Deuxièmement, le peuple libanais appuie la création d’un tribunal international et nous aimerions savoir si vous appuyez vous-même une telle initiative?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais):Tout d’abord, je voudrais dire que Brammertz est l’un des candidats que je considère.  Bien sûr, il y a un certain nombre de questions à régler.  En général, il faut négocier pour obtenir la libération des procureurs hautement qualifiés dont j’aurais besoin pour ce genre de poste.  Le mandat du Conseil est de six mois.  D’ailleurs, à l’origine, lorsque la Commission a été créée, lorsque M. Mehlis a été nommé, nous pensions que le travail aurait pu être fait en six mois.  Maintenant, il y a une prorogation de six mois.  J’examine des candidats, je tiens maintenant compte de tous ces facteurs et je vais nommer le meilleur candidat disponible.  Le mandat est de six mois, je ne peux pas nommer quelqu’un pour plus de six mois, donc le mandat sera de six mois, comme prescrit par le Conseil de sécurité.  Bien sûr, s’il faut une prorogation, alors, ce sera une autre histoire et nous verrons.


Pour la question du tribunal à caractère international, le Conseil m’a demandé de consulter le Gouvernement libanais avec le Procureur, avec mon Bureau juridique et de faire rapport au Conseil.  J’ai l’intention de soumettre un rapport au Conseil sur la question du Tribunal et sur la question de l’assistance aux Libanais pour l’enquête sur tous les assassinats remontant à octobre 2004. Donc, je vais soumettre un rapport sur ces deux questions.


Question: INAUDIBLE


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais):Je crois que c’est une question que doit décider le Conseil de sécurité, je ne crois pas que mon appui personnel ou l’absence de mon appui fasse une différence.


Question (interprétation de l’anglais):Sur la réforme du Conseil de sécurité et sur l’élargissement essentiellement, est-ce que vous pensez toujours que cela pourrait renforcer le multilatéralisme et revitaliser l’Organisation internationale?  Comment établissez-vous les priorités pour la réforme du Conseil de sécurité?  Quelles sont vos priorités pour l’année prochaine?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais):Les États Membres ont un vaste agenda de réforme, y compris sur le Conseil de sécurité.  J’ai indiqué clairement que je souhaitais qu’ils abordent toutes ces questions de réforme.  J’ai également indiqué clairement que je fais partie de ceux qui estiment qu’une réforme de l’ONU ne sera jamais complète tant que nous n’aurons pas réglé la question du Conseil de sécurité et que le Conseil de sécurité devrait être réformé pour tenir compte de la réalité d’aujourd’hui.


Question (interprétation de l’anglais):Ceci est une conférence de presse de fin d’année, vous avez dit qu’il faut avoir les nerfs solides ou avoir la peau épaisse pour ce poste.


Vous avez donc parlé du Programme pétrole contre nourriture.  Ici, nous avons couvert l’ONU, d’autres journalistes ont parlé d’autres aspects.  Premièrement, Paul Volcker a dit qu’il a reçu vos témoignages lors de cette retraite lorsque vous avez entendu les questions des enquêteurs.  Est-ce que vous pourriez-nous dire ce qui s’est passé dans cette salle?  Stephanides exige des excuses et apparemment, il y a eu un bouc émissaire.  Pourquoi à votre avis, n’y aurait-il pas eu de bouc émissaire?  Comment répondez-vous aux nombreuses questions qui ont été posées sur cette Mercedes?  Donc, apparemment, votre Bureau a permis un rabais diplomatique pour votre fils de cette façon.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais):Tout d’abord, je voudrais dire que le rapport de la Commission Volcker est clair et vous avez tous lu le millier de pages de ce rapport.  Je ne vais pas répéter à l’infini ce qui est dit dans ce rapport.


Pour ce qui est de la question des conversations que j’ai eues avec M. Volcker et les enquêteurs, cela faisait partie de l’enquête.  Le rapport a été publié à la suite de toutes ces conversations et le rapport est clair.


Pour Stephanides, nous avons abrogé la décision visant à faire cesser ses fonctions pour lui permettre de prendre sa retraite, c’est-à-dire que la sanction a été jugée trop dure et nous l’avons admis, nous avons corrigé cela et nous lui avons écrit également en indiquant qu’elle était notre position.  Je ne pense pas que d’autres mesures aient été prises, quant à nous je pense qu’il pourrait faire appel au tribunal administratif, ce qui est également son droit.


[S’agissant de la voiture,] cela fait partie du rapport.  Je sais que vous êtes tous obsédés par la voiture.  Mon fils et ses avocats traitent de la question.  Si vous voulez en savoir davantage, veuillez adresser vos questions à ses avocats ou à lui-même.  Je ne suis ni son porte-parole ni son avocat.


Question (interprétation de l’anglais):Les gens qui ne connaissent pas bien l’Organisation des Nations Unies savent qu’il y a quelque chose qui s’appelle la Commission des droits de l’homme, et nous savons qu’il y a des violateurs des droits de l’homme qui siègent à la Commission.  Vous avez proposé maintenant la création d’un Conseil des droits de l’homme, vous dites que la Commission des droits de l’homme discrédite toute l’Organisation.  Voilà ma question, pour le moment on progresse très peu pour ce qui est du Conseil des droits de l’homme.  Des États Membres importants de l’Assemblée générale ont déclaré leur opposition et dit qu’ils voudraient garder la Commission des droits de l’homme.  Il semblerait que la Commission des droits de l’homme reprenne ses activités en mars et avril.  Est-ce que vous pourriez personnellement être impliqué ou est-ce que vous avez été personnellement impliqué?  Est-ce que vous avez parlé à ces pays pour leur dire que cela est inacceptable et qu’il leur faut céder?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais):Oui, je travaille dans les coulisses avec les délégations et avec les États Membres.  Et, comme vous le savez peut-être, depuis 10 jours ou deux semaines, j’ai parlé à tous les États Membres à titre individuel et en groupes.  Je me suis adressé à tous les groupes régionaux.  Je me suis adressé au Groupe des 77.  J’ai rencontré des petits groupes d’Ambassadeurs, et à titre personnel.  Les droits de l’homme font partie des questions que j’ai soulevées auprès d’eux.  Je n’ai pas renoncé à la perspective de création d’un Conseil des droits de l’homme.  Le processus est lent

mais j’espère encore que nous devrions pouvoir créer un Conseil des droits de l’homme si ce n’est à la fin de l’année, probablement au début de l’année prochaine.  Et je voudrais que ce Conseil soit établi avant que le groupe des droits de l’homme reprenne ses travaux à Genève en mars de l’année prochaine.


Question (interprétation de l’anglais): Vous avez un jour déclaré que le continent africain avait des problèmes à cause de la mauvaise gouvernance.  Est-ce que vous diriez maintenant, au vu de tous les problèmes, que ça s’est amélioré ou que, hélas, il n’y a pas de progrès?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Il y a eu des progrès dans certains pays; dans d’autres, il y a eu des reculs.  Donc, il y a toujours énormément de travail à faire.  On doit continuer à travailler avec les États Membres, avec la société civile, pour veiller à ce que la situation s’améliore.  Mais la question de la mauvaise gestion est une réalité dans certains pays.  C’est grave, ça complique la situation en Afrique, et donc, on doit tout faire pour aider ces gouvernements à corriger cette faiblesse.


Question (interprétation de l’anglais): Je ne sais pas si vous m’accuserez d’essayer de répandre le christianisme, alors: joyeux Noël !


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Vous écoutez une station de radio que je n’écoute pas.  Je vous souhaite de bonnes fêtes et j’accepte votre « joyeux Noël ».


Question (interprétation de l’anglais): Pour poursuivre un peu sur la question de Richard: l’an dernier, vous avez puni, peut-on dire, deux personnes: Stephanides pour l’affaire pétrole contre nourriture et quelqu’un d’autre pour une autre transgression, votre conseillère pour l’assistance électorale, Carina Perelli.  Or, certaines personnes citées dans le rapport Volcker pour des transgressions beaucoup plus importantes n’ont pas été punies, à commencer, bien sûr, par Benon Sevan, qui a été autorisé à quitter le pays, et Iqbal Riza, qui a demandé que l’on détruise des documents, et Abdoulie Janneh, qui a apporté son concours avec cette Mercedes-Benz en Afrique.  L’enquête sur l’affaire Dileep Nair se poursuit alors que l’échéance est passée depuis longtemps et hier soir, on nous a dit que votre Chef de Cabinet, Mark Malloch Brown, recevait deux salaires en même temps.  Je ne sais pas encore ce qu’il en est de la véracité de cette information; peut-être pourriez-vous nous éclairer à cet égard.  Il y a ce sentiment, au sein du personnel des Nations Unies, que l’on applique deux poids deux mesures aux Nations Unies en matière de sanctions.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je ne sais pas si c’est votre sentiment à vous ou celui du personnel, mais quoi qu’il en soit, nous avons réagi lorsqu’il fallait réagir.  Et certaines des choses que vous avez dites ce matin, pour un journaliste qui se respecte, sont tout à fait diffamatoires.  Je veux dire, lorsque vous posez une question sur le fait que mon Chef de Cabinet reçoit deux salaires; c’est tout à fait faux et vous devez savoir que ce genre d’histoire n’est pas même assez logique pour que vous l’acceptiez et que vous présentiez la chose sous forme de question.


Pour ce qui est de M. Riza, rien n’a été conclu contre lui.  C’est un fonctionnaire qui a bien servi l’Organisation.  Ce qui a été détruit, ce sont des documents additionnels que les fonctionnaires gardent souvent pour les besoins de leur travail, et qu’au titre du règlement, ils ont le droit de détruire après un an.  Les documents qui ont été détruits n’ont pas fait obstacle au travail de la Commission, alors, ne restez pas sur cette question.  Cela n’a rien à voir avec les huit minutes à la Maison blanche pendant l’ère Nixon.  Je pense que vous faites tous ce type de rapprochement mais je pense que vous devez comprendre et laisser cette question.  Nous avons traité les transgressions à l’Organisation conformément aux règles de l’Organisation et je me tiens à ce que nous avons fait; je n’ai rien d’autre à ajouter.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, les efforts de réunification à Chypre ont échoué l’année dernière au mois d’avril et vous avez dit que vous avez regretté que les Chypriotes grecs rejettent votre plan, mais les Chypriotes grecs ne veulent toujours pas entendre parler de négociations dans le cadre de votre plan.  En même temps, vous avez dit que vous étiez très déçu et vous avez demandé aux pays européens de vous aider à améliorer le sort des Chypriotes turcs.  Pourtant, ils sont encore isolés du monde, et en particulier de l’Europe.


M. Ibrahim Gambari doit se rendre bientôt dans la région où il va reprendre l’examen de la question et essayer de faire revenir les partenaires à la table de négociation.  Pourquoi les Grecs se rendraient-ils à la table de négociation: est-ce que vous allez présenter un nouveau plan pendant ces négociations, sous votre nom?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je crois que le nom sous lequel le plan est présenté n’est pas ce qui compte.  Ce qui importe, finalement, c’est qu’il y ait vraiment un plan qui puisse être accepté par les deux parties; pour que ces deux parties puissent vivre de façon unie et en paix.  J’ai signalé que, la dernière fois que je me suis entretenu avec les dirigeants – et pendant l’Assemblée générale, j’ai vu tant les dirigeants chypriotes turcs que grecs – que je continuais de mettre mes bons offices à leur disposition.  Mais bien sûr, il faudra que j’analyse si la situation est suffisamment mûre pour que nous puissions reprendre les négociations.  Il faut que nous voyions si les parties sont vraiment déterminées à accepter de faire des concessions réciproques susceptibles de mener à un règlement.


Pour le moment, je n’ai pas conclu que nous en étions arrivés là et j’ai également demandé, comme vous le savez, aux Chypriotes grecs et à l’Union européenne de faire quelque chose.  L’Union européenne a essayé d’aider les Chypriotes turcs et a approuvé une enveloppe importante destinée à contribuer au développement économique, mais il y a des questions d’ordre bureaucratique qui n’ont pas permis de procéder au décaissement.  J’espère que la question sera réglée sous peu.


J’ai également soumis un rapport au Conseil de sécurité pour indiquer que nous devrions essayer d’aider le Nord.  Le Conseil étudie encore le rapport; il n’a pas encore réagi.  Néanmoins, nous continuons de travailler sur cette question.  Je dépêcherai périodiquement des envoyés sur le terrain pour prendre le pouls, s’entretenir avec les dirigeants concernés afin d’évaluer le moment où la situation sera suffisamment mûre pour que nous puissions poursuivre le processus.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, pour me mettre au diapason, Shalom !  Dans l’esprit de ce que disait Edie, l’une des choses les plus importantes, du point de vue du Cabinet du Secrétaire général, la chose la plus sacrée, c’est l’autorité morale.  Le Cabinet du Secrétaire général a été particulièrement malmené cette dernière année.  Que pensez-vous pouvoir faire et demander à vos conseillers de faire pour redonner au Cabinet la hauteur qui permette au monde de profiter de votre autorité morale?


J’ai une autre question: il existe un fossé entre le monde en développement et le monde développé en matière de réflexion et de perception, etc. que l’on retrouve au niveau des pourparlers sur la réforme et la gestion.  Que peut-on faire pour surmonter ce problème et combler ce fossé?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Pour ce qui est de la première question, nous devons insister, nous devons accomplir le travail important qui nous attend et nous devons nous manifester et dire ce que nous pensons lorsqu’il faut le faire.  Je poursuis mon travail et je travaille avec les dirigeants du monde entier et il est intéressant de voir que beaucoup de dirigeants du monde, beaucoup d’États Membres, ont compris ce qui s’est passé cette dernière année.  Beaucoup d’entre vous savaient exactement, également, ce qui se passait.  Il n’y a pas eu de différence quant à la façon dont j’ai traité avec les uns et les autres; nous avons beaucoup de travail à faire et il faut avancer.


Pour ce qui est du fossé entre le Nord et le Sud, je crois que la seule façon d’y faire face est de dialoguer, entre eux, de s’asseoir autour d’une table, de se regarder dans les yeux, d’expliquer leurs positions et de travailler pour progresser dans un esprit de concessions réciproques afin de pouvoir vraiment progresser, en tenant compte, bien sûr, de l’intérêt suprême de l’Organisation.  S’ils s’attellent à la tâche; ils réussiront.


Question (interprétation de l’anglais): Bonnes fêtes, Monsieur le Secrétaire général !  À ce propos, pensez-vous que les négociations complexes sur le budget et la réforme, qui se tiennent au sous-sol, seront achevées avant Noël?  Ou est-ce que vous pensez qu’il faudra plutôt attendre autour du Nouvel An?  Je sais que vous-même, vos collaborateurs, avez consacré beaucoup de temps à la négociation sur ce sujet.  Pourriez-vous nous dire pourquoi, en ce moment critique pour la réforme des Nations Unies où c’est « maintenant ou jamais », comme vous l’avez dit, il existe une telle résistance ou une inaptitude, au sein des délégations, à conclure d’une façon ou d’une autre?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je dois dire que je préférerais que la question du budget et que les discussions sur la réforme aboutissent avant Noël.  Mais bien sûr, si nous ne réussissons pas à le faire, alors nous devrons revenir après Noël.  Je pense que les États Membres comprennent qu’ils n’ont pas beaucoup de temps, et qu’ils devront peut-être faire preuve d’originalité pour achever leurs travaux.  L’une des options envisagées est la suivante: au lieu d’adopter une résolution de 250 paragraphes, on pourrait avoir un document plus succinct sur lequel on pourrait se mettre d’accord, qui leur permettra d’achever leur travail et de poursuivre.  Sur les 250 paragraphes, seuls quatre d’entre eux avaient été approuvés hier.  Je ne vois pas comment ils parviendront à achever leur travail s’ils poursuivent dans cette voie.


Je crois que l’atmosphère est un peu tendue et, une fois de plus, je pense qu’ils ont besoin de se consulter.  Les esprits sont échaudés et il y a une atmosphère de méfiance, une impression d’opérer dans une atmosphère de menaces et d’intimidation, ce qui rend certains amers.  Franchement, je pense que la seule possibilité qui leur reste est de se réunir et de se parler honnêtement et sincèrement afin de parvenir à un accord.  Mais il importe que les États Membres considèrent les intérêts de l’Organisation en priorité – et non pas leurs propres intérêts.


Question (parle en arabe) (interprétation de l’anglais): Si vous ne savez pas ce que cela veut dire, cela veut dire « Heureuse bonne année » en arabe.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Mais ce n’est pas de l’arabe.


Question  (interprétation de l’anglais): J’avais inclus le mot « Mercedes » mais je viens de le supprimer.  Je voudrais soulever la question de la Mercedes avant de poser ma question.  Selon le rapport Volcker, une Mercedes a été achetée en votre nom.  En tant que propriétaire de cette voiture, pouvez-vous nous dire ce qu’il est advenu de cette Mercedes et où elle se trouve maintenant?


Il est vrai que nous avons manqué beaucoup d’histoires s’agissant du scandale du programme Pétrole contre nourriture et l’ONU ne nous a pas facilité la tâche.  Votre réponse d’aujourd’hui sur la Mercedes ne nous facilite pas la tâche.  Certaines histoires que vous nous avez racontées – votre propre version des événements – n’ont pas de sens.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Une petite minute.  Vous jouez les effrontés.  Écoutez-moi, James Bone.  Cela fait des mois, voire des années, que vous vous conduisez ici comme un mauvais écolier.  Vous mettez vos collègues dans l’embarras.  Je vous demande d’être sage.  Passons à un sujet plus sérieux.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, j’attendais cette question.  Je crois que je venais avant James Bone.  Mais, enfin, voilà ma question.  S’agissant du Kosovo – il semble que mon destin est de vous poser des questions sur les Balkans – est-ce que vous prévoyez, comme nous l’a dit votre Envoyé spécial hier – que la question du Kosovo sera en quelque sorte réglée pendant la dernière année de votre mandat, même si on nous dit que c’est « mission impossible »?  Et selon vous, si cette question est réglée, pensez-vous que cela améliorera ou aggravera le legs de l’ONU dans les Balkans?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): J’ai chargé un médiateur très chevronné, M. Ahtissari, de s’occuper de ce dossier.  Je me suis entretenu avec lui hier.  Il s’est déplacé dans la région et a consulté d’autres dirigeants.  Il s’est rendu dans des capitales européennes, ainsi qu’à Washington, et il va se mettre sérieusement au travail au mois de janvier.  De toute évidence, lorsque l’on entame des négociations de ce type, on essaye d’opérer avec une date butoir ou un cadre temporel.  Dans l’idéal, il aimerait achever son travail pendant l’année 2006.  Je ne peux préjuger de la décision finale ou des résultats de la médiation.  Mais si nous parvenons à trouver une solution – une solution qui ne crée pas de problèmes supplémentaires dans la sous région – et, bien sûr, nous devons aussi faire face à la question du Monténégro, qui prend de l’importance, alors l’ONU aura apporté une contribution.  Mais je ne saurais préjuger du résultat final.


Question (interprétation de l’anglais): Mais est-ce que vous pensez que ceci améliorera ou aggravera le legs de l’ONU, qui est très négatif dans les Balkans?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je pense que c’est une question maladroite de demander si la solution à la question aggravera ou améliorera le legs de l’ONU.  Nous verrons ce qu’il arrive avec la médiation.  Vous avancez un peu trop vite.


Question (interprétation de l’anglais): Étant donné que cela se trouve sous l’égide de l’ONU.


Le Secrétaire général  (interprétation de l’anglais): Je n’ai toujours pas compris votre question.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, étant donné qu’il est possible que nous commencions l’année avec une crise budgétaire, quel rôle pensez-vous qu’une Organisation dotée d’un si petit budget va avoir?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Cela perturberait beaucoup notre travail, et il nous faudrait prendre des mesures draconiennes.  Je ne suis pas sûr que l’on puisse allumer la lumière dans cette salle.  Mais j’espère de tout cœur que les États Membres comprendront les conséquences qu’une crise budgétaire pourrait avoir et qu’ils feront tout pour l’éviter.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, ce matin, l’Ambassadeur des États-Unis, M. Bolton, a décrit la situation concernant la réforme en ces termes: il a dit que les pressions exercées pour obtenir une réforme sont en butte à une culture d’inertie à l’ONU: un peu comme si une force irrésistible tentait de déplacer un objet inamovible.  On se demande qui va gagner.  Ma question est donc la suivante: souscrivez-vous à cette description de l’ONU comme celle d’une organisation générant une culture d’inertie, une force inamovible?  De même, pour ce qui est du discours de l’Ambassadeur Bolton sur certaines questions, notamment l’allégation selon laquelle vous auriez mal géré l’affaire de Carina Perelli et que les commentaires de Louise Arbour n’étaient pas justifiés?  Ce type de discours contribue-t-il à créer l’atmosphère d’intimidation et de craintes que vous venez d’évoquer?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): La réforme est une question qui incombe aux États Membres.  Il faut que les Membres se parlent et se convainquent d’aller de l’avant pour  progresser dans cette Organisation.  Les ambassadeurs les plus efficaces que j’ai connus sont ceux qui ont pu s’entretenir avec leurs collègues pour les convaincre d’agir.  Ce sont ceux qui ont pu bâtir des alliances à travers les régions et ont travaillé avec les ambassadeurs, qui partagent leurs vues, pour progresser en matière de réforme ou sur d’autres questions inscrites à l’ordre du jour.  Je suggère à tous les ambassadeurs qui veulent progresser de persévérer dans cette voie.


S’agissant des remarques de l’Ambassadeur Bolton, et de leurs conséquences sur d’autres délégations, je laisse les autres délégations dire quel a été leur impact.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, que pensez-vous de certaines critiques comme celles que nous avons entendues hier, notamment le fait que la Commission de consolidation de la paix permettra aux grandes puissances du Conseil de sécurité de renforcer encore plus leur main mise sur l’Assemblée générale?  Et, lorsque l’on voit ce que les Américains, les Français et les Britanniques, et peut-être d’autres, essaient de faire au Moyen-Orient et en Afrique, dans le sud du Sahara, pensez-vous qu’on assiste une fois de plus à une lutte pour la souveraineté et l’indépendance comme celle qui a eu lieu dans les années 50 et 60?  Ou êtes-vous plus positif quant à ce que ces puissances essayent de faire?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Vous parlez de l’Afrique?


Je pense qu’en ce qui concerne la Commission de consolidation de la paix, nous avons une Commission.  Certains aspects ne satisfont pas tout le monde et je pense que le problème réside dans le fait que les cinq membres permanents sont automatiquement membres de la Commission.  Certains gouvernements pensent qu’ils ont une position privilégiée au Conseil et qu’on n’a donc pas besoin de recréer cette dynamique dans un nouvel organe.  Mais on a pu trouver un compromis que tout le monde semble avoir accepté.  L’élément clef, en ce qui concerne la Commission de consolidation de la paix, est qu’il faut une Commission dotée de pouvoirs consultatifs.  Pour ce qui est de la composition, c’est une autre question.  Par exemple, si nous avions un groupe particulier pour Haïti, il y aurait les fournisseurs de contingents à Haïti, les pays qui ont apporté des contributions importantes à Haïti, la Banque mondiale, le FMI et d’autres.  La composition d’un groupe concernant le Soudan ou le Libéria serait très différente.  Cela dépendra de ceux qui sont présents sur le terrain.  C’est les comités axés sur des pays particuliers qui feront une grande différence.  Je crois que nous devons nous concentrer sur ces groupes-là, au lieu d’insister sur la Commission en elle-même, qui aura des pouvoirs consultatifs.


Voyant ce qui s’est passé auparavant, il est difficile de répondre.  À la fin de la guerre froide, par exemple, tout le monde pensait que le monde allait aborder une nouvelle phase.  Mais il faut aussi nous rappeler que certaines des guerres civiles les plus horribles ont été menées par procuration, en Afrique et ailleurs.  Les grandes puissances étaient en effet impliquées.  Elles avaient beaucoup d’influence.  Elles pouvaient fournir des armes, par exemple, ou elles pouvaient refuser de fournir des armes.  À la fin de la guerre froide c’était chacun pour soi, et certains groupes ou rebelles ont été soutenus par toutes sortes de groupes, ou bien ils ont exploité des ressources naturelles de leur propre pays pour soutenir et alimenter des conflits ou des guerres civiles.  Il existe une implication de l’extérieur, mais je ne veux pas dire que nous revivons maintenant l’ère coloniale.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, bonnes vacances.  Vous avez fait un effort en ce qui concerne la réforme des Nations Unies pendant les célébrations du soixantième anniversaire de l’Organisation.  Voilà ma question: quels sont les progrès les plus importants en matière de réforme des Nations Unies?  Est-ce que vous pouvez faire quelque chose de plus en faveur de la réforme avant de nous quitter en tant que Secrétaire général?  S’il y avait une seule chose que vous pouviez faire, laquelle serait-ce?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je ne sais pas si je peux choisir.  J’ai présenté un programme de réforme global et tous les aspects de ce programme sont liés les uns aux autres.  Je vais continuer de travailler sur ce programme et je ne veux pas maintenant mentionner un aspect du programme qui soit plus important que d’autres.  Je veux agir sur toutes mes propositions concernant la réforme.


Question (interprétation de l’anglais): M. le Secrétaire général, pour défendre James Bone, c’est un journaliste qui travaille beaucoup et qui essaie d’aller au fond des problèmes.  Il veut agir de façon transparente.  En tant que fonctionnaire vous comprenez qu’il est nécessaire d’être transparent.  Lorsque des questions liées à l’argent ou au comportement professionnel attirent l’attention, il faut bien sûr les examiner.  Mais, cela dit, j’ai deux questions à vous poser.  Après le scandale pétrole contre nourriture, après les épanchements de sang au Darfour, après les problèmes de mauvais comportements dans la Division des achats, des enquêtes se poursuivent.  D’après vous – alors, vous réfléchissez, vous tirez des enseignements, vous continuez de tirer des enseignements – est-ce qu’il y a des choses dans lesquelles les Nations Unies ne devraient pas être impliquées?  J’ai encore une ou deux questions.  D’après vous, quelle est la réforme la plus importante que vous voudriez voir au Secrétariat?  Et enfin, alors que vous réfléchissez sur l’année écoulée, est-ce qu’il y a une chose que vous souhaiteriez corriger, ou pour laquelle vous auriez suivi une voie différente?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): James sera heureux de savoir qu’il a un avocat dans la salle.  Malheureusement il est parti, mais peut-être que d’autres lui en parleront.


Pour ce qui est des questions que vous avez soulevées, comme vous l’avez dit, nous avons fait beaucoup de choses et pas uniquement pour ce qui est du rapport Volcker mais aussi pour tout ce qui est de la question des achats –vous en avez parlé dans votre question.  J’aimerais vous demander de mettre les choses en perspective et de regarder autour de vous.  Nous nous sommes soumis à un examen incroyable et je crois que très peu d’organisations, à ma connaissance, se sont soumises à ce genre d’examen.  Et j’oserais dire que, si une organisation le faisait, elle s’y opposerait.  Et vous verrez beaucoup de défauts: les organisations ne sont pas parfaites.  Regardez autour de vous, lisez la presse –vous découvrirez qu’il y a beaucoup de choses qui se poursuivent et qui n’ont pas fonctionné dans d’autres domaines, dans d’autres systèmes, dans d’autres gouvernements, dans d’autres institutions, qui sont en train d’être corrigés et qui devraient être corrigées.  Ce qui est important c’est que nous reconnaissions que certaines choses n’ont pas bien fonctionné et qu’il faut les corriger.


Pour ce qui est de votre question concernant l’aspect le plus important que l’on aurait pu corriger, voyons ce qui s’est passé ces dernières années.  Une chose que j’aurais voulu faire est que nous aurions dû faire tout notre possible pour éviter une guerre en Iraq. L’Organisation et la communauté internationale auraient dû agir.  Cela, c’est une des choses dont je dois dire que j’aurais voulu l’éviter, c’est un problème qui me hante toujours.  En tant que communauté internationale, en tant qu’Organisation nous n’avons pas pu éviter cette guerre.  Et puis nous avions nos inspecteurs, ne l’oubliez pas, mais malgré tout cela, malgré toutes nos conversations, nos négociations, nous n’avons pas pu éviter la guerre.


Question (inaudible) 


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): J’ai dit une chose très clairement: j’ai dit que le programme pétrole contre nourriture, qui était un programme sui generis – il n’était pas une activité normale des Nations Unies -, j’ai dit clairement que j’espérais que l’on ne nous demandera jamais de recommencer une opération comme celle-ci.  


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, j’aimerais ressusciter le fantôme du programme pétrole contre nourriture.  C’est un fantôme qui semble nous hanter.  Le site du programme dit que 10 milliards de dollars ont été remis au Fonds de développement pour l’Iraq.  La semaine dernière j’ai vu dans les journaux que des représentants américains recevaient 200 000 dollars de pots-de-vin par mois.  Le Conseil international consultatif et de contrôle qui a été chargé de voir comment ont été dépensés ces fonds, et les inspecteurs du Gouvernement des États-Unis, n’ont pas reçu d’informations pour ce qui est des 10 milliards de dollars, dont personne ne semble se soucier.  


Mais l’année dernière, votre plus grande réalisation consistait en la responsabilité de protéger, cependant au Darfour des gens continuent de mourir.  Mais est-ce que vous pensez qu’avant la fin de votre mandat on pourra pousser plus avant cette question de la responsabilité de protéger, que l’on protègera réellement, par exemple au Darfour?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): J’aimerais commencer par votre première question.  Le Conseil international consultatif et de contrôle est encore en train de faire son enquête.  Ils ont publié plusieurs rapports, mais il y en aura certainement d’autres.  Et il est important que chaque Gouvernement donne suite aux résultats qui seront publiés, et agisse.  Certains Gouvernements ont déjà agi, d’autres ont été moins actifs, mais tous devront recevoir les informations publiées.  


Vous avez raison de dire que la responsabilité de protéger était une grande réalisation.  On n’en a pas beaucoup parlé dans la presse, mais c’est l’une des grandes réalisations du Sommet.  Cela dit, j’espère que les États Membres, qui se sont solennellement engagés à protéger les populations en danger, honoreront cet engagement le moment venu.  
     

Vous avez mentionné le Darfour.  En fait, beaucoup de discussions se tiennent au niveau des Gouvernements.  Une mission d’évaluation a été envoyée sur le terrain.  Nous avons la présence de l’ONU, nous avons la présence de l’Union africaine.  L’un des mandats qui leur ont été confiés est de voir la façon dont nous pourrons renforcer la sécurité sur le terrain.  Nous nous occupons aussi de voir avec l’Union africaine comment nous pouvons donner une nouvelle énergie aux discussions politiques sur le Darfour qui se déroulent à Abuja, car je crois que c’est la seule façon d’avoir une stabilité à long terme au Darfour et au Soudan.  Le Gouvernement lui-même a fixé une date, la fin décembre, pour obtenir un accord sur le Darfour avec les rebelles.  Mais au rythme actuel je ne pense pas que l’on va pouvoir respecter cette date.  Ce qui est important, pourtant, c’est que la pression soit maintenue, tant sur le Gouvernement que sur les rebelles, pour qu’ils parviennent à un accord.  La situation est très difficile et je pense que l’ONU devra agir de façon beaucoup plus active, en passant par le Conseil.  Et l’année prochaine je pense qu’il sera nécessaire que le Conseil agisse et fasse quelque chose.


Question (interprétation de l'anglais): Monsieur le Secrétaire général, vous avez dépêché cette année un nouvel Envoyé spécial au Sahara occidental.  Il est censé présenter son rapport le mois prochain.  Pensez-vous que 2006 sera l’année où la question du Sahara occidental pourra être réglée?


Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais): Je crois que cette question est trop complexe pour 2006, mais nous persévérerons.


Question (interprétation de l'anglais): M. le Secrétaire général, c’est une question qui a évolué au fur et à mesure de la Conférence.  Au début, vous avez parlé d’avoir la peau dure.  Nous avons cependant vu un côté de vous que nous entrevoyons rarement.  J’ai deux questions.  Premièrement, quel est votre sentiment lorsque vous recevez des critiques bien intentionnées et parfois pointues sur vous, votre famille, vos politiques et l'ONU? Deuxièmement, étant donné ces critiques, vous attendez-vous à une année difficile en 2006?



Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais): Je n’ai pas peur des critiques.  Certaines critiques sont constructives et utiles et je les accepte.  Certaines sont hors propos et ne sont plus du domaine du raisonnable.  Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que quiconque ici accepte cela.  Comme je l’ai indiqué, je vous ai donné une idée du programme qui m’attend l’année prochaine.  J’ai beaucoup de travail à faire.  Je me concentrerai sur ce travail et accomplirai ma tâche.


Je crois que j’ai répondu à cette question en disant que certaines critiques sont justifiées, d’autres pas.  Je ne les accepte pas lorsqu’elles sont injustifiées.


Question: Merci de me donner la parole, j’étais le premier à arriver et le dernier à pouvoir poser une question.  


Pensez-vous que le programme nucléaire iranien sera bientôt examiné au Conseil de sécurité? Deuxièmement, les élections iraquiennes sont terminées, mais la violence continue.  Quelle est donc la signification des élections?


Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais): Pour la question nucléaire iranienne, je pense qu’elle est examinée à l’Agence internationale de l’énergie atomique à Vienne.  Le processus n’a pas encore abouti.  Il y aura bientôt une réunion entre les Iraniens et les Ministres des affaires étrangères européens.  J’ignore quel en sera le résultat, je ne sais pas s’il y aura effectivement des discussions ou simplement des pourparlers à propos de discussions.  Nous le saurons bientôt, mais je crois que tout le monde préférerait qu’ils négocient et qu’ils parviennent à une solution.  Bien sûr, si cela n'est pas possible, il faudra poursuivre le processus à l’AIEA avant que la question ne soit portée à l’attention de l’ONU, si cela est fait.


Pour l’Iraq, il faut être clair.  Les élections sont un événement important, mais ce n'est pas tout.  C'est un début, pas une fin.  Je pense que ce qu’il faut, en Iraq, c'est la réconciliation entre tous les groupes.  Nous disons depuis longtemps qu’il faut un processus politique inclusif, qui réunisse tous les groupes.  La plupart des gens se préoccupent des conflits ethniques et sectoriels mais apparemment, la division maintenant est entre les laïques et les religieux, c'est ce que l’on voit maintenant en Iraq.  C'est également quelque chose que l’Iraq devra considérer.


Maintenant que les élections sont terminées, le plus important pour nous est la formation du gouvernement et l’avancement du processus d’examen de la Constitution, qui doit prendre quatre mois.  J’espère que la Constitution sera modifiée de façon à faire participer toutes les parties et sera un élément d’unification, ce qui n’a pas été le cas jusqu'à maintenant.


Une fois que l’on aura obtenu une réconciliation grâce au processus constitutionnel et une fois que l’on aura fait en sorte que les Iraquiens travaillent ensemble, la violence prendra fin, mais on ne s’attend pas à ce que les élections, en elles-mêmes, mettent fin à la violence.


Question  (interprétation de l'anglais): Monsieur le Secrétaire général, joyeuses fêtes à vous également.  En cette 9e année de votre second mandat en tant que Secrétaire général de l’Organisation, comment vous sentez-vous physiquement et psychologiquement?  Une question connexe, quelle est votre position par rapport à la suggestion selon laquelle la République de l’Égypte et le Royaume de l’Arabie saoudite devraient être ajoutés au Quatuor?


Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais): Physiquement et psychologiquement, je vais bien.  Je suis en pleine forme, prêt à continuer mon travail l’année prochaine.  Je vous remercie.


Pour la deuxième question, l’Égypte, l’Arabie saoudite et la Jordanie ont joué un rôle important s’agissant de la situation au Moyen-Orient. D’ailleurs, pour ce qui est de la réforme de la sécurité palestinienne, Égypte a beaucoup fait, coopérant avec les Européens et les Américains pour la réforme des services de sécurité palestiniens.  Dans le passé, le Quatuor a élargi cette réunion.  Au cours d’une réunion, une fois, nous avons eu la présence des trois pays, Égypte, Arabie saoudite et Jordanie.  Cette question a été soulevée lors de notre dernière réunion en septembre.  On a dit que dans un avenir proche, on devrait peut-être permettre une discussion plus vaste, en permettant la participation de partenaires dans la région.  Je ne pense qu’il existe une intention d’élargir le Quatuor, mais ce dernier peut avoir des réunions élargies avec ces trois pays que vous avez mentionnés.  Je pense que cela n'est pas exclu.  Cela pourrait se faire cette année.


Question (interprétation de l'anglais): Au nom de l’Association des correspondants de l'ONU, je voudrais vous dire que James Bone ne nous a pas mis dans l’embarras.  C'est un membre de bonne réputation de l’Association.  Il a tous les droits de poser cette question.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Oui, je suis d’accord avec vous, il a le droit de poser ces questions, mais je crois qu’il faut comprendre que nous devons nous traiter les uns les autres avec respect.  Il y a différentes façons de poser des questions…  Vous savez ce qui s’est passé dans cette salle.  Vous savez comment mes porte-parole ont été persécutés, maltraités, insultés.  Ils ont conservé une attitude professionnelle, tout en endurant cela.  Vous auriez dû également soulever ce point avec ceux qui se comportent de cette façon.  Je n’ai aucun problème à répondre à des questions.  Vous avez le droit de poser toutes les questions que vous voulez.  J’ai le droit de refuser de répondre aux questions auxquelles je ne veux pas répondre.  Mais un certain comportement et un certain respect mutuel est de rigueur.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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