SG/SM/10257-HR/4877-OBV/533

LA TORTURE NE SAURAIT ÊTRE UN MOYEN DE LUTTER CONTRE LE TERRORISME PUISQU’ELLE EST ELLE-MÊME UN INSTRUMENT DE TERREUR, ESTIME KOFI ANNAN

08/12/2005
Secrétaire généralSG/SM/10257
HR/4877
OBV/533
Department of Public Information • News and Media Division • New York

LA TORTURE NE SAURAIT ÊTRE UN MOYEN DE LUTTER CONTRE LE TERRORISME PUISQU’ELLE EST ELLE-MÊME UN INSTRUMENT DE TERREUR, ESTIME KOFI ANNAN


On trouvera ci-après le message du Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à l’occasion de la Journée des droits de l’homme célébrée le 10 décembre:


Interdits depuis 57 ans par la Déclaration universelle des droits de l’homme, la torture et les peines et traitements cruels, inhumains ou dégradants demeurent bien trop répandus.  Récemment, certains pays se sont mis à déroger à l’interdiction de torturer en invoquant ce qu’ils considèrent comme les impératifs de leur sécurité nationale.  C’est extrêmement inquiétant. 


Soyons clairs: la torture ne saurait être un moyen de lutter contre le terrorisme, puisqu’elle est elle-même un instrument de terreur. 


L’interdiction de torturer est bien établie en droit international.  Elle est sans équivoque et absolue.  Elle s’impose à tous les États, dans tous les territoires sur lesquels ils exercent leur juridiction ou un contrôle effectif.  Elle s’applique dans tous les cas, en temps de guerre comme en temps de paix.  Et elle n’est pas fonction du vocable utilisé: tout traitement cruel ou inhumain est inacceptable et illégal, quel que soit le nom que l’on veut lui donner. 


Les États doivent respecter cette interdiction et lutter vigoureusement pour que ceux qui l’enfreignent soient punis.  Ni ceux qui conçoivent ou autorisent des actes de torture, quels qu’ils soient, ni ceux qui les commettent, ne doivent jouir de l’impunité.  Les États doivent aussi se garder de donner la moindre légitimité à des actes de torture commis par d’autres.  Ce qui signifie que nul ne doit être livré à un État tiers s’il risque d’être soumis à la torture. 


La communauté internationale doit s’élever avec force, et d’une seule voix, contre toutes les formes de torture.  Aujourd’hui, je demande à tous les États qui ne l’ont pas encore fait de ratifier la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que le Protocole s’y rapportant.  Et j’engage instamment tous les États à permettre au Rapporteur spécial sur la torture de communiquer avec les détenus placés sous leur contrôle: c’est absolument essentiel pour ces personnes que l’isolement expose à toutes sortes d’abus.  Ensemble, nous devons aider les détenus qui ont été maltraités, tout comme les victimes de la torture, à se faire entendre et à obtenir réparation.


L’humanité fait face aujourd’hui à de graves problèmes.  Le terrorisme est une menace réelle et immédiate.  Mais la peur des terroristes ne peut justifier que l’on adopte leurs méthodes.  Fermer les yeux sur la situation de tous ceux qui, dans nos sociétés, sont soumis à des traitements cruels et inhumains n’est pas acceptable non plus, d’autant plus que ce sont souvent les plus vulnérables qui sont touchés: les détenus, les marginaux, les démunis.  Chaque fois que ce fléau se manifeste, nous devons le combattre en réaffirmant les valeurs fondamentales de l’humanité.


La Journée des droits de l’homme est l’occasion pour nous de réaffirmer notre attachement aux principes énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et notre volonté de faire disparaître la torture à jamais.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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