SG/SM/10199

L’IMPULSION EN FAVEUR DU CHANGEMENT DANS LE MONDE ARABE DOIT AVANT TOUT VENIR DE L’INTÉRIEUR, DIT LE SECRÉTAIREGÉNÉRAL LORS DU DÎNER DE LA FONDATION ROI HUSSEIN

3/11/2005
Secrétaire généralSG/SM/10199
Department of Public Information • News and Media Division • New York

L’IMPULSION EN FAVEUR DU CHANGEMENT DANS LE MONDE ARABE DOIT AVANT TOUT VENIR DE L’INTÉRIEUR, DIT LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL LORS DU DÎNER DE LA FONDATION ROI HUSSEIN


(Publié le 21 décembre – retardé à la traduction)


Allocution du Secrétaire général de l’ONU Kofi Annan lors du dînerinaugural de la Fondation Roi Hussein pour les artisans de la paix à New York, le 1er novembre 2005:


Je suis très heureux d’être ici. J’ai pu m’entretenir avec Sa Majesté de la Fondation et ce fut merveilleux de voir Sa Majesté, au fil des ans, en transformer l’action, qui aujourd’hui vient compléter notre action à l’ONU.


J’ai eu le grand plaisir aussi de collaborer avec feu votre époux. Rares sont ceux qui ont été appelés à servir leur pays à un si jeune âge. Plus rares encore sont ceux qui ont dû relever des défis aussi complexes. Peu de dirigeants, parmi ceux qui ont porté un tel fardeau pendant plus d’un demi-siècle, ont continué à jouir d’une grande estime chez leurs gouvernés et préserver la stabilité de leur société. L’héritage du Roi Hussein est réel, et il est tout naturel que vous cherchiez à le continuer grâce aux Fondations Roi Hussein et Noor Al Hussein, notamment par cette nouvelle distinction décernée pour des actions remarquables en faveur de la justice et de la paix dans le monde.


Les personnes honorées ce soir ont amplement mérité leur prix. Je les félicite et les remercie de leur apport.


Permettez-moi de noter avec une satisfaction toute particulière que vous avez reconnu le Rapport sur le développement humain dans les États arabes. Cette série phare, établie sous les auspices d’un groupe d’intellectuels, sociologues et spécialistes arabes, a touché une corde sensible dans toute la région. Elle a aussi suscité une controverse en appelant à une plus grande liberté et émancipation des femmes et en donnant l’alerte sur l’inégalité croissante du savoir entre les Arabes et le reste du monde. Ces rapports ont été d’une lecture pénible pour certains, mais ils témoignent de la richesse du capital humain dans le monde arabe, qui, une fois affranchi, sera la clef de l’avenir. Ces rapports reflètent aussi l’intime conviction que l’impulsion en faveur du changement doit venir principalement de l’intérieur, qu’elle doit répondre non pas aux voix du dehors mais aux aspirations du peuple arabe lui-même.


Dans tout projet qui s’annonce comme un virage – surtout lorsque différentes religions et traditions sont appelées à coexister ou à se réconcilier –, le dialogue et la compréhension mutuelle doivent être présents. Les événements de ces dernières années dans le monde ont creusé le fossé entre les sociétés, musulmane et occidentale notamment, et créé des clivages au sein des pays. Les extrémistes ont exploité et exacerbé cette situation.


L’antidote indispensable, c’est tisser des relations qui reposent sur la justice et l’égalité. Cela peut se faire au moyen de l’éducation, en permettant la libre circulation des informations et des idées, en encourageant les contacts personnels. Seule la multiplication de ces passerelles nous donne l’espoir de surmonter l’ignorance et la diabolisation, de dissuader les jeunes de se laisser entraîner dans l’engrenage qui mène de la violence verbale aux actes de violence. La Fondation Hussein est l’un des groupes qui ont fait des efforts admirables pour favoriser ces échanges au niveau local.


Il revient également aux dirigeants d’apporter leur contribution. Or nous en avons vu un contre-exemple la semaine dernière, lorsque le Président iranien a tenu des propos fort inquiétants à la télévision. Mais les dirigeants du monde sont capables aussi de gestes positifs. Lors du Sommet mondial en septembre, ils sont parvenus à un accord sans précédent sur la responsabilité collective qu’ils ont de protéger les populations contre le génocide et les crimes contre l’humanité. Ils ont pris des engagements importants pour faire progresser notre action en faveur des objectifs du Millénaire pour le développement. Ils ont fait savoir qu’ils condamnaient sans équivoque le terrorisme, je cite : « sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, quels qu’en soient les auteurs, les lieux et les buts ». Et ils sont convenus d’apporter des changements institutionnels à l’ONU elle-même, notamment en créant un nouveau conseil des droits de l’homme et une commission de consolidation de la paix. J’ajouterai que la Clinton Global Initiative a elle aussi été un grand succès rassemblant également de nombreux responsables industriels et politiques du monde entier pour réfléchir aux actions à mener pour faire reculer la pauvreté. Monsieur le Président, je suis très heureux que vous soyez présent aujourd’hui et que vous collaboriez avec moi pour aider les sinistrés des tsunamis.


Des idées intéressantes ont certes été laissées de côté dans les négociations. Nous n’avons pas obtenu tout ce que nous souhaitions, mais nous avons jeté des bases très prometteuses. Alors si parfois le fossé de l’incompréhension semble se creuser, si les progrès paraissent lents et pénibles, il reste que nous progressons. Lentement certes, mais nous allons de l’avant. C’est l’optimisme qui animait le Roi Hussein. Et c’est dans cet esprit que nous devons défendre la juste cause de la justice et de la paix.


Je félicite encore une fois les récipiendaires des prix et je remercie tous ceux ici présents.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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