SG/SM/10169-SC/8527

DÉCLARATION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DEVANT LE CONSEIL DE SÉRURITÉ SUR LA COOPERATION ENTRE L’ONU ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES POUR LE MAINTIEN DE LA PAIX

19/10/2005
Secrétaire généralSG/SM/10169
SC/8527
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DÉCLARATION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DEVANT LE CONSEIL DE SÉRURITÉ SUR LA COOPÉRATION ENTRE L’ONU ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES POUR LE MAINTIEN DE LA PAIX


On trouvera ci-après la déclaration faite par le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à la séance du Conseil de sécurité sur la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, le 17 octobre 2005:


Au sommet du mois dernier, les dirigeants du monde ont appuyé un renforcement des relations entre l’ONU et les organisations régionales, comme l’envisage le Chapitre VIII de la Charte.  Il suffit de voir la réalité des opérations de paix actuelles pour en comprendre la raison.


Au cours de la décennie écoulée, nous avons constaté une remarquable extension de l’éventail des partenariats existant entre les organisations régionales et l’ONU, destinés à appuyer les pays sortant d’un conflit.  Dans le domaine du maintien de la paix, ces partenariats ont revêtu de nombreuses formes différentes.


-- Nous avons constaté que certaines opérations régionales sont devenues des opérations des Nations Unies –comme au Libéria, avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)– et que certaines opérations des Nations Unies sont devenues des opérations régionales, comme en Bosnie-Herzégovine, avec l’Union européenne. 


-- L’ONU et les partenaires régionaux ont coordonné des missions distinctes, côte à côte, comme dans le cadre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord en Afghanistan et au Kosovo.  Au Kosovo, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et l’Union européenne ont également été intégrées dans les structures de la Mission des Nations Unies au Kosovo. 


-- Les organisations régionales ont fourni un appui dans le contexte d’une mission dirigée par l’ONU, comme dans le cas de l’Organisation des États américains en Haïti.


-- Les opérations régionales ont assuré un soutien jusqu’au moment où les Casques bleus de l’ONU ont reçu des renforts, comme en témoigne en 2003 l’opération de l’Union européenne en République démocratique du Congo.


-- Enfin, comme on l’a vu au Darfour récemment, l’ONU a appuyé une opération régionale, déployée dans ce cas par l’Union africaine.


Les mêmes tendances sont manifestes dans nos efforts et nos opérations de rétablissement de la paix. 


-- En d’importantes occasions, l’ONU a fourni un appui essentiel aux processus régionaux comme au Soudan, où l’ONU a contribué aux efforts de l’Autorité intergouvernementale en vue du développement –qui ont permis d’obtenir l’Accord de paix global– et elle appuie aujourd’hui les efforts déployés par l’Union africaine au Darfour.


-- En d’autres cas, les organisations régionales ont offert un appui politique et technique essentiel aux efforts de l’ONU, comme nous l’avons vu avec le vaste soutien accordé par l’Union européenne aux efforts récents de consolidation de la paix de l’ONU à Chypre.


En bref, nous nous appuyons de plus en plus sur les ressources et la légitimité d’un réseau de mécanismes multilatéraux –régionaux et mondiaux–afin d’apporter des réponses collectives aux problèmes d’aujourd’hui en matière de paix et de sécurité.


C’est la raison pour laquelle le Conseil de sécurité a souligné la nécessité d’une collaboration accrue entre l’ONU et les organisations régionales, et a établi la pratique consistant à se réunir avec elles tous les ans.  Pour appuyer ces efforts, les réunions de haut niveau entre le Secrétariat de l’ONU et les organisations régionales ont également lieu chaque année, et un Comité permanent a été créé pour maintenir une orientation stratégique et offrir des directives générales sur les mesures à prendre au niveau pratique.  Le Sommet mondial est venu étayer ces efforts.


Il nous appartient donc maintenant et à l’avenir de veiller à ce que les mécanismes de coopération fonctionnent le mieux possible.  Ils doivent être efficaces, efficients et synergiques.  Ils doivent être souples, répondre à un monde en intégration et évolution constantes, être compatibles avec la Charte, et en défendre les buts et principes.  J’espère que nous pourrons progresser dans quatre principaux domaines.


Le premier est la nécessité de renforcer les capacités.  Les exigences de l’édification, du rétablissement et de la consolidation de la paix sont élevées et continueront probablement de l’être dans un avenir prévisible.  L’accroissement des activités régionales, dans le cadre de la responsabilité principale du Conseil de sécurité, à savoir le maintien de la paix et de la sécurité internationales, sera une composante importante d’une meilleure réponse internationale aux conflits.


Cela est particulièrement vrai en Afrique.  Nous, au Secrétariat, voyons notre partenariat avec l’Union africaine en matière de maintien de la paix comme une priorité stratégique et je me félicite de l’engagement pris au Sommet mondial d’appuyer un plan décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine.  Nous attendons maintenant avec intérêt d’entamer avec l’Union africaine et avec d’autres partenaires régionaux un dialogue ouvert et productif sur la manière de mettre en oeuvre ce programme.


Deuxièmement, nous devrions exploiter nos points forts comparatifs.  Chacun d’entre nous a certainement soit des capacités particulières à répondre rapidement ou avec force, soit à entreprendre des activités qui nécessitent des ressources importantes ou qui requièrent un engagement à long terme.  Il nous faut veiller à être complémentaires les uns des autres, plutôt que d’entrer en concurrence les uns avec les autres.


J’espère que nous parviendrons, grâce à un dialogue régulier sur nos compétences particulières, à dresser un tableau plus clair de ce que chacun peut contribuer.  Nos arrangements devraient être reflétés dans des accords en bonne et due forme, comme le propose le Document final du Sommet.  Certains de ces accords pourraient même être signés au niveau opérationnel de nos organisations respectives afin d’aller de l’avant de manière pragmatique et de maximiser les résultats.


Troisièmement, nous devrions faire face aux conflits d’une manière globale.  Nous ne devrions pas nous concentrer que sur le maintien et la consolidation de la paix, mais également sur la prévention et sur le règlement des conflits.  L’Organisation des Nations Unies cherche à renforcer ses capacités de médiation, comme le prévoit le document final du sommet.  Plus nos capacités sont fortes, plus nous pouvons aider les médiateurs extérieurs à l’Organisation des Nations Unies, en particulier les partenaires des organisations régionales.


Nous devons également nous concentrer sur l’ensemble des composantes sociales et économiques de la paix, en mettant à profit la nouvelle Commission de consolidation de la paix pour rassembler les contributions de nombreux acteurs, notamment les organisations régionales, en appui aux stratégies communes de consolidation de la paix.


Quatrièmement, et c’est le plus important, nous devrions renforcer notre démarche collective en matière de sécurité.  Les partenariats de l’Organisation des Nations Unies avec les organisations régionales doivent fournir les moyens de nous acquitter de nos responsabilités au titre de la Charte, d’apporter une réponse internationale efficace aux conflits violents où qu’ils se produisent, plutôt que d’éviter ses responsabilités.


Une réponse régionale peut parfois être la meilleure manière de mettre fin à un conflit ou de construire la paix.  Mais, dans d’autres cas, la participation directe de l’Organisation des Nations Unies, seule ou avec les partenaires régionaux, peut être essentielle.  Lorsqu’elle l’est, l’Organisation doit être disposée à agir et en mesure de le faire.


Dans cet esprit, je me félicite chaleureusement de la recommandation adoptée par le Sommet mondial, à savoir que les organisations régionales doivent envisager de mettre à disposition leurs capacités de prévention des conflits ou de maintien de la paix dans le cadre du Système de forces et moyens en attente des Nations Unies.


De même, les pays fournisseurs de contingents les mieux équipés devraient se tenir prêts à se déployer là où ils sont nécessaires dans le monde, que ce soit par le biais des organisations régionales ou en appui à celles-ci, ou directement dans le cadre des opérations de maintien de la paix de l’Organisation des Nations Unies. Ce serait là une preuve concrète de notre engagement collectif à travailler en partenariat.


Je souhaiterais terminer en remerciant le Gouvernement roumain du vif intérêt qu’il a manifesté pour cette question au cours de son mandat au Conseil de sécurité.  J’espère que ces qualités d’organisateur seront transmises à un autre membre du Conseil afin que nous puissions progresser sur la base de cet élan qui a été généré pour la promotion de la coopération avec les organisations régionales au service des peuples des Nations Unies.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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